Bible Commentaries
Actes 26

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versets 1-32

1 � 32 Discours de Paul devant Agrippa

Paul, au moment de prendre la parole devant cette brillante assembl�e (comparez Actes 25:23, note), �tend la main, non pas, comme ailleurs (21.40), afin d�obtenir du silence, mais pour donner par ce geste plus de solennit� � son exorde.

L�occasion �tait grave en effet. L�ap�tre, qui en a appel� � l�empereur, sait qu�il ne sortira de sa prison que pour s�en aller � Rome et que c�est ici la derni�re fois qu�il peut rendre t�moignage � l��vangile de la gr�ce dans son pays et devant un roi de sa nation.

Aussi, tout en se justifiant des accusations dont il est l�objet, son discours montre-t-il qu�il a encore plus � c�ur de faire p�n�trer la v�rit� divine dans les �mes qui l�entourent.

Quant � la marche de ce discours, dont Luc nous a conserv� le r�sum�, voir l�analyse.

Ce court exorde est simple, digne, vrai, sans aucune trace de flatterie pour le royal auditeur, et tr�s compr�hensible pour le gouverneur romain et ses officiers.

Paul, qui avait d�j� comparu devant Festus, accus� par les Juifs (Actes 25:7) pouvait s�estimer heureux de parler en pr�sence d�un roi qui connaissait les coutumes des Juifs et les questions agit�es parmi eux, sans pourtant partager l�aveugle haine des pr�tres. Il pouvait esp�rer d�en �tre compris.

L�ap�tre jette d�abord un regard sur sa vie pass�e, et il en appelle au t�moignage de ces m�mes Juifs qui l�accusent.

Il rappelle qu�il a v�cu, d�s sa jeunesse, � J�rusalem, �tudiant sous Gamaliel; ses accusateurs le savent, et ils savent aussi qu�il a v�cu en pharisien selon la secte la plus exacte de la religion juive. De tels ant�c�dents devaient d�j� infirmer des accusations fausses.

Quelle criante contradiction ! �tre accus�, mis en jugement par des Juifs � cause de l�esp�rance de tout le peuple d�Isra�l, des douze tribus; une esp�rance sainte, fond�e sur la promesse de Dieu aux p�res (grec promesse survenue � nos p�res de la part de Dieu); une esp�rance enfin vers l�accomplissement de laquelle tendent de tous leurs v�ux (grec esp�rent la rencontrer) les �mes pieuses qui servent Dieu (grec : rendent leur culte � Dieu) continuellement, jour et nuit !

Or, cette esp�rance, Paul pr�chait qu�elle �tait accomplie dans le Messie, par sa vie, sa mort, sa r�surrection (Actes 26:8; Actes 13:32; Actes 23:6; Actes 24:14-15; Actes 28:20), en un mot par l��tablissement de son r�gne sur la terre.

Partout l�ap�tre maintient ainsi l�unit� de l�ancienne alliance et de la nouvelle, de la promesse de Dieu et de l��vangile; c�est pourquoi il pouvait, en toute v�rit� et dans tous ses discours, se consid�rer comme appartenant encore au peuple de Dieu.

Aussi se garde-t-il bien d�attribuer � tout ce peuple dont des milliers �taient devenus chr�tiens, les injustes accusations port�es contre lui; des Juifs, dit-il (versets 2, 7), et non les Juifs, selon un texte alt�r� (minuscule) ou des versions inexactes.

Il faut remarquer que ce discours s�adresse particuli�rement au roi Agrippa (verset 3), comme le prouvent ces mots : nos p�res et l�allusion aux esp�rances du peuple d�Isra�l.

Cette question abrupte prouve que Paul avait pr�sent� la r�surrection du Sauveur comme r�alisation de l�esp�rance (verset 7), et peut-�tre aussi qu�il voyait des signes d�incr�dulit� sur la figure de quelques auditeurs.

Paul savait tr�s bien que la r�surrection des morts doit para�tre incroyable � quiconque n�a pas la foi au Dieu vivant et vrai. Aussi sa question s�adresse-t-elle encore au Juif Agrippa, qu�il consid�rait comme croyant au moins la r�v�lation divine (verset 27), c�est l� le sens du mot parmi vous.

Et m�me il pose la question de mani�re � venir au secours du doute. Il ne dit pas : Est-il incroyable � votre jugement que Dieu ressuscite des morts ? Mais (grec) si Dieu les ressuscite. Si r�ellement il le fait, le nierez-vous, en jugeant que cela lui est impossibles ? Un fait n�est-il pas plus fort que tous les raisonnements ?

Au lieu de traduire ce verset comme dans notre texte, beaucoup d�ex�g�tes et de versions le rendent ainsi : Pourquoi jugez-vous incroyable ? Le sens est au fond le m�me. Mais notre traduction est plus conforme au grec, qui porte litt�ralement : �?Quoi d�incroyable juge-t-on si Dieu ressuscite ??�

Les premiers temps de sa vie qu�il venait de rappeler (versets 4-7), �taient d�j� d�une grande force apolog�tique. Combien plus prouve-t-il la sinc�rit� de sa foi dans le juda�sme, et aussi la v�rit� divine de sa conversion, en exposant les pers�cutions qu�il avait exerc�es contre les chr�tiens !

Pour faire de ce pers�cuteur convaincu un ardent ap�tre de J�sus-Christ, il a fallu un miracle de la gr�ce, qui devait frapper m�me un Agrippa et qui, en tout temps, porte avec lui sa puissante d�monstration. C�est donc par une raison profonde que Paul retrace successivement ces deux tableaux (versets 9-11 et verset 12 et suivants).

Mais il faut remarquer, dans ce que Paul rapporte de ses actes d�inimiti� contre le nom de J�sus, divers traits qui ne se trouvent pas ailleurs.

Ainsi, � J�rusalem, il avait jet� en prison plusieurs des saints, c�est-�-dire des disciples de J�sus, auxquels il ne craint pas de donner ce beau nom de saints, m�me en pr�sence d�une telle assembl�e.

Ainsi encore, lorsqu�on les faisait mourir, il y donnait son suffrage. Le pluriel peut s�appliquer, par amplification, au seul cas d��tienne. Des meurtres semblables ne durent pas se r�p�ter souvent (Jean 18:31).

L�expression : j�y donnais mon suffrage, est figur�e et signifie : j�approuvais, car Paul n�avait pas � voter dans le sanh�drin (comparer Actes 8:1; Actes 22:20).

Enfin souvent, les poursuivant dans toutes les synagogues, et leur infligeant des punitions, il les contraignait de blasph�mer, il s�effor�ait de les faire abjurer ou maudire le nom de J�sus.

Et non content d�exercer ainsi � J�rusalem son extr�me fureur, il voulut la porter jusque dans les villes �trang�res.

Mais c�est ici que l�attendait le jour marqu� par Dieu. On con�oit avec quelle profonde douleur l�ap�tre rappelait ces choses (1 Corinthiens 15:9).

Voir sur ce r�cit Actes 9:3-9, notes et comparez Actes 22:6-11.

Cette troisi�me relation de la conversion de Paul est la seule o� se trouvent deux traits remarquables.

D�abord les mots : en langue h�bra�que. Paul, dans une assembl�e compos�e comme l��tait celle de C�sar�e (Actes 25:23), se servait sans aucun doute de la langue grecque; il �tait donc naturel qu�il fit remarquer que la voix lui parla en dialecte h�breu (Actes 21:40, note). Il n��tait pas moins naturel que le Seigneur, s�adressant � un Isra�lite, employ�t sa langue maternelle, celle de son enfance et de ses impressions religieuses les plus profondes (comparer Actes 22:2).

Ce d�tail, que l�ap�tre tient � relever, sert � montrer l�enti�re r�alit� du grand fait qu�il raconte, il n�en avait oubli� aucun trait.

Ensuite, notre relation est la seule qui renferme les mots : Il t�est dur de regimber contre les aiguillons. Cette expression figur�e, employ�e aussi par les Grecs, est, dans son application � Paul, d�une v�rit� profonde. Ceux qui conduisent des b�ufs les stimulent au moyen d�un long b�ton termin� par une pointe en fer. Si l�animal r�siste, regimbe, l�aiguillon s�enfonce dans ses chairs.

Telle e�t �t� l�exp�rience de Paul s�il avait persist� dans sa r�volte contre son Ma�tre contre la v�rit�, contre sa propre conscience, apr�s avoir entendu l�appel de Dieu. Plus la r�sistance se prolonge, plus elle devient dure, elle doit finir pour la cr�ature morale et responsable par la soumission ou par la ruine.

L�ap�tre, ou peut-�tre Luc, r�sumant son discours, r�unit (versets 16-18) toutes les paroles qui furent adress�es � Paul, soit par le Seigneur lui-m�me, soit par Ananias (Actes 9:15), soit par une r�v�lation subs�quente (Actes 22:17; Actes 22:21). C�est la vocation authentique et compl�te de Paul � l�apostolat.

Nous avons � relever diverses expressions importantes : l�ve-toi, tiens-toi sur tes pieds, ces mots ont un sens moral, non moins qu�une signification litt�rale : prostern� dans la poussi�re du chemin, Saul doit se relever avec espoir et courage et prendre une attitude propre aux travaux et aux combats qui lui sont r�serv�s (�z�chiel 2:1-3).

En effet, le but de cette apparition �tait de l��tablir ministre (grec serviteur) et t�moin (Actes 1:8; Actes 22:15, notes), de quoi ? Tant des choses qu�il venait de voir (B, C portent : des choses pour lesquelles tu m�as vu; le�on adopt�e par Westcott et Hort, Weiss) que de celles que le Seigneur lui r�v�lera encore en lui apparaissant en d�autres occasions.

Quelques ex�g�tes traduisent ce verbe : choses que je te ferai voir; mais comme la forme est purement passive, elle ne peut signifier que : je serai vu de toi ou je t�appara�trai.

Le Seigneur appara�tra encore � son serviteur pour le d�livrer de tous les dangers, soit qu�ils lui viennent de ce peuple Juif ou de la part des pa�ens.

On a propos� de traduire : en te choisissant du milieu,�mais c�est contraire au sens constant de ce verbe dans notre livre (Actes 7:10-34; Actes 12:11; Actes 23:27), et d�ailleurs Paul n�a pas �t� choisi du milieu des pa�ens.

Ces mots : vers lesquels je t�envoie (J�r�mie 1:7), d�signent �galement l�un et les autres (comparer verset 20). En effet, Paul s�adressait partout d�abord � sa nation, et ne se tournait vers les pa�ens que lorsque les Juifs le repoussaient (Actes 13:5, note). Il convenait au but de son discours devant Agrippa de bien constater ce fait.

Le but de la vocation de Paul est magnifiquement expos� par lui dans ces paroles.

Il y a l� une cha�ne de gr�ces divines � laquelle ne manque pas un anneau, depuis le moment o� les yeux s�ouvrent � la lumi�re de l��vangile jusqu�� celui o� une �me sauv�e prend sa part parmi les bienheureux sanctifi�s (�sa�e 35:5; �sa�e 42:6-7; �sa�e 42:16).

Les mots si importants : par la foi en moi, indiquent le moyen d�obtenir la r�mission ou le pardon des p�ch�s, et par l� m�me le salut �ternel.

C��tait, pour les auditeurs de Paul, une invitation � prendre leur part dans toutes ces gr�ces divines.

Cette partie du discours ne renferme que des id�es et des expressions tr�s famili�res � notre ap�tre, preuve manifeste de la fid�lit� avec laquelle Luc les a recueillies (Colossiens 1:12 et suivants; �ph�siens 2:2; �ph�siens 5:8; 2 Corinthiens 4:4-6; Actes 20:32).

En interpellant Agrippa par son nom, Paul s�adresse � la conscience du roi; il invite celui-ci � suivre l�exemple qu�il lui a donn� en ne r�sistant point � la vision c�leste.

Grec : Je ne devins pas d�sob�issant � la vision c�leste : cette expression marque �?la libert� de l�homme en face de l�appel du Seigneur?�, comme dit M. Barde (comparer Jean 20:27, note).

Dans la description qu�il fait de son activit� parmi Juifs et pa�ens, depuis le moment de sa conversion jusqu�� maintenant, Paul est forc� d�abr�ger, et de passer sous silence divers d�tails de ce qui eut lieu entre sa conversion et ses premi�res pr�dications, tant � Damas qu�� J�rusalem.

C�est donc � tort qu�on a voulu voir une contradiction entre ce rapide expos� et quelques passages de l��p�tre aux Galates (Galates 1:21-22, comparez Actes 9:19-20, notes).

Dire � Agrippa que l�objet de sa pr�dication �tait la repentance et la conversion, c��tait encore lui montrer le chemin du salut. Paul emploie ici quelques expressions qui rappellent la pr�dication de Jean-Baptiste (Matthieu 3:8). Ce souvenir ne pouvait-il pas aussi faire sur le roi une s�rieuse impression ?

L�ap�tre revient, en finissant, au moment o� il fut arr�t� dans le temple par des Juifs, qui voulaient le tuer (grec le tuer de leurs mains, Actes 5:30, note; comparez Actes 21:30-31), ce qui fut l�origine de son emprisonnement et de tout son proc�s.

Aussi aime-t-il � attribuer au secours de Dieu le fait qu�il subsiste jusqu�� aujourd�hui et peut rendre t�moignage � tous de la v�rit� divine, mais en se conformant � ce qu�ont annonc� � l�avance Mo�se et les proph�tes.

Tout l��vangile n�est, en effet, que l�accomplissement de leurs proph�ties (Luc 24:27-44), et cet �vangile se r�sume dans ces deux faits d�une port�e immense : les souffrances et la r�surrection du Christ (Luc 24:26). C�est de lui que resplendit la lumi�re divine sur le peuple (juif) et sur les nations (Luc 2:32; �sa�e 42:6; �sa�e 49:6).

Cette fin du discours est un magnifique t�moignage rendu � l��vangile, dans son harmonie profonde avec les promesses de l�Ancien Testament (�sa�e 53).

Il faut remarquer encore ici les pens�es et les expressions m�mes famili�res � l�ap�tre Paul : ainsi il nomme Christ (grec) le premier de la r�surrection des morts (voir 1 Corinthiens 15:20; Colossiens 1:18; et comparez Apocalypse 1:5).

Enfin, l�ap�tre ne dit pas directement, comme pr�diction des proph�tes, que le Christ devait souffrir, que le premier il ressusciterait d�entre les morts, mais (grec) si le Christ devait souffrir, si le premier, etc.

Paul emploie � dessein cette tournure pour faire comprendre � Agrippa que c��taient l� les sujets en question entre lui et les Juifs, ses accusateurs; car ceux-ci, dans leurs vues charnelles, attendaient, non un Messie souffrant, qui doit mourir pour les p�ch�s de l�homme et ressusciter pour sa justification et sa vie, mais un Messie glorieux et triomphateur selon le monde (1 Corinthiens 1:23).

Festus, Impatient� d�entendre des v�rit�s qui d�passaient l�horizon de son paganisme, peu touch� dans son froid scepticisme de l�ardente parole d�un ap�tre, d�sappoint� de ne pas trouver dans le discours de son prisonnier les informations juridiques qu�il attendait sur sa cause, s��crie � haute voix : Tu es hors de sens, Paul !

Et il attribue ce qui lui paraissait une exaltation d�esprit au grand savoir dans les lettres (sens de l�original grec), qu�il avait remarqu� dans les nombreuses citations que Paul faisait des �critures.

Cette parole de Festus n�est ni une plaisanterie ironique (Olshausen), ni l�expression de la col�re (Chrysostome, Meyer), mais une marque d�impatience manifest�e par une expression hyperbolique qui d�passait de beaucoup sa vraie pens�e.

Ce terme : Tu es hors de sens, ne doit pas �tre regard� comme une insulte, car il n��tait ni dans le caract�re ni dans la position du gouverneur d�outrager un prisonnier pour lequel, au fond, il avait de l�estime (Actes 26:31; Actes 25:25).

D�ailleurs le mot de l�original n�a jamais ce sens injurieux dans le Nouveau Testament, mais il exprime un Jugement exag�r� sur quelqu�un dont le langage para�t incroyable � ceux qui l��coutent (Jean 10:20; Actes 12:15; 1 Corinthiens 14:23).

La r�ponse calme et respectueuse de Paul montre assez qu�il ne se croyait pas insult�. Il savait bien, le grand ap�tre des pa�ens, que la pr�dication de Christ crucifi� est une folie pour les Grecs, mais il se servait pour le dire, d�un autre terme (1 Corinthiens 1:23).

Des paroles de v�rit� objective, divine et de bon sens en celui qui les prononce.

Quiconque pr�che l��vangile avec fid�lit� doit para�tre hors de sens � l�homme du monde, tandis que cet �vangile est pour lui-m�me le supr�me bon sens.

Le ton m�me de cette r�ponse de Paul �tait la meilleure r�futation du jugement de Festus.

Paul en appelle au jugement d�Agrippa qui, comme Juif, devait conna�tre les grands faits de l�histoire �vang�lique, que l�ap�tre venait de rappeler dans son discours.

C�est ce qu�il d�signe par ce mot : ces choses; Agrippa ne pouvait les ignorer, ajoute l�ap�tre, car elles ne s��taient pas pass�es en cachette (grec dans un coin), mais tr�s publiquement, dans la grande ville de J�rusalem.

Apr�s en avoir appel� au t�moignage d�Agrippa, Paul se tourne vers lui et, pouss� par son z�le apostolique, lui adresse une question directe pour l�obliger � prendre parti.

En ajoutant cette affirmation positive : Je sais que tu y crois, il en appelait � la croyance commune � tous les Juifs, car il n�est pas probable qu�il fut sp�cialement instruit des opinions personnelles de son royal auditeur.

On peut voir aussi dans ses paroles un bienveillant encouragement � retenir ces croyances et � les professer.

Codex Sinaiticus, B, quelques minuscules et versions ont : Tu me persuades de (me) faire chr�tien.

Cette le�on est adopt�e par Tischendorf, Weiss, Nestle. Lachmann et Blass pr�f�rent le texte de A : tu te persuades (verbe au moyen), c�est-�-dire tu crois me faire chr�tien. Cette le�on para�t �tre une correction, de m�me que celle des majuscules plus r�cents et de la plupart des minuscules qui est : tu me persuades de devenir chr�tien.

Le texte le plus autoris� : En peu tu me persuades de faire un chr�tien, r�sulte, comme le dit M. Wendt, de la fusion de ces deux id�es : tu vas me persuader de devenir chr�tien, et : tu vas faire de moi un chr�tien. Il doit donc se traduire : En peu tu vas en me persuadant faire de moi un chr�tien.

Mais quel est le sens des mots en peu dans cette parole d�Agrippa, en peuen grand�, dans la r�plique de Paul ?

Pour compl�ter cette locution, on peut sous entendre : temps ou discours. Ce dernier terme semble indiqu� par l�antith�se qui se trouve dans la r�ponse de Paul : en un grand.

Qu�on voie dans ces mots un circonstanciel de temps ou qu�on les entende du moyen employ�, le sens est au fond le m�me : il s�agit la promptitude ou de la facilit� avec laquelle serait op�r�e la conversion d�Agrippa au christianisme.

Une autre question, plus importante, mais plus difficile � r�soudre d�une mani�re certaine, est celle-ci : la parole d�Agrippa est-elle ironique ou non ?

Si l�on y voit une fin de non-recevoir, empreinte d�ironie, il faut traduire : C�est en un temps bien court, ou en un bien bref discours (Rilliet : � peu de frais) que tu pr�tends me persuader de me faire chr�tien, mais il en faudrait beaucoup plus !

On fait remarquer, � l�appui de cette interpr�tation, que le mot de chr�tien, peu en faveur � cette �poque, doit avoir, dans la bouche d�Agrippa, un sens ironique. Telle est l�explication de la plupart des interpr�tes modernes (Meyer, Z�ckler, Weiss, Blass, Barde).

Mais on peut objecter � cette explication :

  1. l�assurance avec laquelle Paul a parl� de la foi aux proph�tes qu�il supposait � Agrippa;
  2. la r�ponse de l�ap�tre, r�ponse si cordiale, si engageante, qu�il n�aurait pu faire, si le roi s��tait exprim� avec ironie. Elle semble prouver que, dans cette parole, Agrippa reconnaissait la force de l�argumentation de Paul, qu�il �tait touch� par le r�cit que l�ap�tre �venait de faire de l�apparition de J�sus et qu�il voulait lui dire : Tu es bien pr�s de me persuader; il suffirait, pour atteindre ce r�sultat, que tu ajoutasses un peu � tes discours.

Cette seconde interpr�tation, qui nous para�t la plus probable, a �t� pr�sent�e d�j� par Chrysostome et les P�res; elle a �t� introduite par Th�odore de B�ze dans nos anciennes versions fran�aises. Calvin h�sitait entre les deux. Elle se trouve aussi dans la version anglaise et dans celle de Luther; le profond ex�g�te R. Stier la d�fend �nergiquement, et r�cemment M. Wendt l�a soutenue dans un expos� tr�s clair et convaincant.

Cette perspective m�me d��tre persuad� par l�ap�tre fait reculer Agrippa. Qu�il devienne un chr�tien, lui, le roi juif, c�est impossible ! Aussi sa r�flexion, bien qu�elle soit exprim�e avec �motion et qu�elle t�moigne de l�impression qu�il a re�ue, est-elle une mani�re de rompre l�entretien.

Mais sans se laisser arr�ter, Paul, dans son ardent amour des �mes, r�plique : (grec) Je voudrais prier Dieu que, et avec peu et avec grand, c�est-�-dire, qu�il suffise pour cela de peu de paroles, ou qu�il faille un grand discours, tu deviennes tel que je suis.

Puis il �tend ce v�u de son c�ur � tous ceux qui l��coutent.

Enfin, par un reste �mouvant et plein de d�licatesse, entendant ses mains charg�es de cha�nes, il ajoute : � l�exception de ces liens.

Jamais l�ap�tre Paul ne s��tait montr� plus grand que dans ce discours, en pr�sence du dernier des rois de son peuple.

M�me Meyer, qui voit dans la r�ponse d�Agrippa une ironie, reconna�t que la derni�re parole, si �mouvante, de l�ap�tre avait pu faire sur le prince une impression qu�il n�aurait pu cacher s�il l�avait �cout� plus longtemps, et qu�� cause de cela, il se l�ve et se retire, suivi de toute l�assistance.

Alors, se consultant ensemble, ces grands personnages sont unanimes � reconna�tre l�innocence de Paul, comme auparavant les gouverneurs F�lix et Festus.

Bien plus, le roi Agrippa �nonce express�ment son opinion en ces termes : Cet homme pouvait �tre mis en libert�.

La seule raison de le retenir prisonnier, c�est qu�il en avait appel� � C�sar.

Ainsi Festus �tait parvenu � son but, qui �tait d�obtenir l�avis d�Agrippa sur la cause du prisonnier (Actes 25:26); et cet avis �tait tout � fait favorable � l�ap�tre.

Tel fut l�un des r�sultats du dernier discours du grand ap�tre au milieu de son peuple. Ce puissant t�moignage rendu � l��vangile portat-il d�autres fruits dans les �mes ? L��ternit� le r�v�lera.

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