Bible Commentaries
Daniel 9

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versets 1-27

1 � 3 Introduction

Darius, voir Daniel 6:1, note. C�est le personnage qui porte le nom de Cyaxare dans X�nophon. Celui-ci le fait fils d�Astyage, tandis que Daniel nomme ici son p�re : Assu�rus. Cette diff�rence peut s�expliquer par le fait que les deux noms d�Astyage et d�Assu�rus paraissent �tre les titres honorifiques des rois m�do-perses plut�t encore que des noms propres. Le premier nom Astyage (Ajis-dahaka ou Ashdahak) signifie le serpent mordant et a �t� port� par plusieurs souverains m�des : D�joc�s, le fondateur de la dynastie, Cyaxare I, son petit-fils, et Astyage, fils de celui-ci. La signification du second, Assu�rus (en perse Kschajarscho, de Kschaja : l�empire), semble �tre simplement : l�empereur. Il n�y a donc pas dans cette diff�rence des noms des p�res une raison suffisante contre l�identification du personnage de Darius le M�de et de Cyaxare II.

Fut fait roi. Cette expression indique une sorte de passivit� : il n�avait pas conquis lui-m�me la Chald�e. C��tait Cyrus qui avait command� l�arm�e. Comparez Daniel 6:1 note.

La premi�re ann�e� En 538, au moment o� le second empire venait de renverser le premier. C��tait un moment solennel pour le proph�te; ce fut probablement cette m�me ann�e qu�eurent lieu les �v�nements racont�s chapitre 6. On comprend comment, apr�s avoir re�u l�exaucement de son ardente supplication, Daniel fut encourag� � pers�v�rer dans ses pri�res (Daniel 6:10).

En lisant les livres. On a appliqu� parfois cette expression � tout le recueil de l�Ancien Testament, form� longtemps apr�s l��poque de Daniel, et on y a trouv� ainsi une preuve contre la composition de ce chapitre par Daniel. Mais dans ce cas, le faussaire aurait �t� plus maladroit qu�il n�est permis de le supposer. On peut remarquer que, dans le temps des anciens proph�tes, chacun d�eux cite plus ou moins textuellement les �crits de ses devanciers; ainsi Jo�l cite Abdias; Amos, Jo�l; �sa�e, Mich�e, J�r�mie, un grand nombre des proph�tes ant�rieurs. Ils poss�daient donc un recueil des �crits proph�tiques pr�c�dents et pourquoi n�en aurait-il pas �t� ainsi de Daniel ? Il est donc naturel de penser que par l�expression : les livres, il d�signe les �crits proph�tiques, et peut-�tre plus sp�cialement celui de J�r�mie.

Soixante-dix ans. Les deux proph�ties de J�r�mie o� il est question de ces soixante-dix ans se trouvent en J�r�mie 25:11, J�r�mie 29:10. Le point de d�part de cette p�riode est pour J�r�mie la premi�re arriv�e de N�bucadnetsar � J�rusalem, la quatri�me ou au plus tard la cinqui�me ann�e de J�hojakim (606-605 avant J�sus-Christ). C�est ainsi que l�auteur du livre des chroniques (2 Chroniques 36:21) et de celui d�Esdras (Esdras 1:1) ont aussi compris J�r�mie. Ce fut, il est vrai, en 588 seulement que J�rusalem fut r�duite en ruines et la masse du peuple emmen�e en captivit�, mais le ch�timent commen�a d�s le moment o� le pays fut ravag�, et une partie des vases sacr�s transport�s � Babylone. C�est cette m�me ann�e (606-605) que Daniel lui-m�me fut exil� de son pays, et il n�est pas douteux qu�il ne fix�t dans sa pens�e le commencement des soixante-dix ans � cette ann�e-l�. Quant au terme de ces soixante-dix ans, d�apr�s le chapitre 25 de J�r�mie, il devait �tre marqu� par la chute de la puissance chald�enne, �v�nement qui avait eu lieu sous les yeux de Daniel (Daniel 5:30). Mais, d�apr�s le chapitre 29 de ce m�me proph�te, cette chute devait �tre signal�e par le r�tablissement d�Isra�l, fait qui n�avait pas encore eu lieu, car, en r�alit�, il s�est �coul� deux ans entre la chute de Babylone (538) et le retour des Juifs (536). Il y avait l� une cause d�ind�cision et d�angoisse pour le proph�te, qui contribua sans doute � le pousser � la pri�re.

Me disposant� litt�ralement pour chercher la pri�re. La pri�re vivante et efficace est un don de Dieu (Zacharie 12:10) que Daniel cherchait � obtenir par le je�ne et l�humiliation.

Le sac et la cendre. Comparez �sa�e 20:2; J�r�mie 6:26.

4 � 19 La pri�re

4 � 14

Confession des p�ch�s; et cela en commen�ant par le pr�sent, versets 4 � 10, et en remontant au pass� qui a toujours �t� semblable, versets 11 � 14.

Qui gardes� � ceux qui gardent. Comparez Deut�ronome 7:9. Cette id�e de r�ciprocit� est exprim�e encore Psaumes 18:26-28.

P�ch� : proprement : manqu� le but.

Commis l�iniquit� : proprement : �t� retors.

Et� m�chants : ce troisi�me terme marque une disposition hostile envers l�auteur de la loi.

Rebell�s. C�est ici la r�volte ouverte, le p�ch� � main lev�e (Nombres 15:30), le plus haut degr� de la perversit�.

Tes serviteurs, les proph�tes : comparez J�r�mie 25:4.

Nos chefs : ce sont les principaux en Isra�l, tant dans l�ordre civil, les magistrats, que dans l�ordre religieux, les sacrificateurs : comparez J�r�mie 44:17; N�h�mie 9:32; N�h�mie 9:34; �sa�e 43:28.

La confusion de face : D�apr�s le terme h�breu et le contexte, ce mot d�signe la honte r�sultant du ch�timent qui les a publiquement frapp�s; comparez Esdras 9:7.

Habitants de J�rusalem : ceux qui formaient l�ancienne population de la capitale, � qui les proph�tes ont autrefois parl�. Comparez par exemple J�r�mie 35:13. J�rusalem est maintenant � Babylone.

Tout Isra�l : ce terme comprend avec les habitants de J�rusalem et du pays de Juda ceux des dix tribus, d�s longtemps captifs.

Les compassions, les pardons : Ce pluriel est � remarquer. Il exprime une abondance de r�demption. Nous en avons besoin, car nous avons p�ch�. Ou bien plut�t : Il faut que tu pardonnes, car un p�ch� comme le n�tre, la r�bellion ouverte, ne peut �tre effac� que par un acte de gr�ce; non, comme le simple d�lit ou le p�ch� involontaire, par une peine ou un sacrifice.

D�vers�es : comme un d�luge de feu. Comparez Gen�se 19:24; Nahum 1:6.

La mal�diction : les menaces de la loi contre le p�cheur.

L�impr�cation : le v�u r�clamant leur accomplissement.

Dans la loi de Moise, voyez L�vitique 26:16 et suivants, Deut�ronome 28:15 et suivants.

Les juges : ici, dans un sens g�n�ral, les sup�rieurs, Psaumes 2:10; Psaumes 148:14.

Cherch� � apaiser. litt�ralement : caress� la figure de l��ternel.

Ta v�rit� : la fid�lit� de Dieu � ses menaces comme � ses promesses.

Veill� sur le mal� : qu�il voulait faire. Dieu s�est appliqu� � l�amener au moment pr�cis et convenable. Comparez Deut�ronome 28:63, J�r�mie 1:12 note et J�r�mie 44:27.

La seconde partie du verset motive la premi�re. Dieu a fait venir le mal sur nous, car il avait promis de punir et nous n�avons pas us� du seul moyen de d�tourner l�accomplissement de la menace : nous convertir.

15 � 19 supplication

Et maintenant. Cette expression indique un changement de ton; Daniel va conclure, en demandant � Dieu non pas directement de pardonner les p�ch�s � son peuple, mais d�avoir piti� de lui-m�me et de sa gloire.

Qui as tir� ton peuple. Il s�appuie sur un fait �clatant de la puissance de Dieu dans le pass�.

Tel qu�il est aujourd�hui : Comparez J�r�mie 32:20.

Nous avons fait le mal : c�est un fait certain, mais qui ne doit pas t�emp�cher d�avoir souci de ton sanctuaire et de ta ville.

Selon toutes les justices. Le sens parait �tre celui-ci : Tu as justement puni nos p�ch�s qui ont attir� sur les lieux saints de tels ch�timents, mais ne sois pas injuste envers ces lieux saints et ton peuple eux-m�mes, ces objets de ton �lection; individuellement les membres de ton peuple ont besoin de gr�ce, car ils se sont r�volt�s, mais il en est autrement de ton sanctuaire et de ton peuple. Par une sainte habilet�, Daniel met ainsi la justice de Dieu de son c�t�.

Et maintenant : Redoublement d�instance dans la pri�re.

Pour l�amour du Seigneur : de Toi-m�me qui es ici en cause.

Nous d�posons. Daniel a commenc� par s�humilier au nom de tout le peuple; il en agit de m�me maintenant quant � la supplication.

� cause de tes grandes compassions. La libert� que peut prendre Daniel de faire appel � la justice de Dieu est elle-m�me un acte de compassion de la part de Dieu.

C�est ton nom que portent : comme une femme abandonn�e de son �poux ou un enfant de son p�re, mais qui portent toujours encore son nom. La pri�re aboutit � une s�rie de cris adress�s � la fid�lit� de Dieu.

Cette pri�re a des analogies avec celles d�Esdras chapitre 9 et de N�h�mie chapitre 9. La parent� de certaines expressions s�explique bien par la communaut� d�exp�riences et d�id�es, pendant et apr�s l�exil. Toutes les trois sont des confessions de p�ch� o� ceux qui prient s�identifient compl�tement avec leur peuple. Daniel, comme Esdras, souffre pour Isra�l du p�ch� dont il se sent solidaire et responsable (comparez verset 20, mon p�ch�) bien qu�il n�y ait pris ext�rieurement aucune part, Mais ce qui distingue profond�ment la pri�re de Daniel des deux autres, c�est que celles-ci en restent � la confession et au cri d�angoisse, tandis que la premi�re aboutit � une ardente et irr�sistible supplication. Ou bien, l�homme qui a compos� cette pri�re au nom de Daniel se faisait une id�e bien �lev�e de ce m�diateur entre Dieu et son peuple, ou bien il est Daniel lui-m�me, ainsi que le dit le texte (verset 2) et que nous le pensons. Du reste, la pri�re d�Azaria, d�j� mentionn�e chapitre 3, montre clairement par ses allusions transparentes ce qu�aurait �t� la pri�re de Daniel si elle e�t �t� compos�e sous les Maccab�es.

20 � 27 La r�ponse de Dieu

Mon p�ch�. Voyez verset 19, note.

Pour la sainte montagne. Ce que Daniel demande bien plus encore que le retour du peuple, c�est l��tablissement du r�gne parfait de la saintet� divine repr�sent� par la montagne du temple. Comparez �sa�e 2:2 et suivants. On comprend ainsi la r�ponse, verset 24.

Auparavant. Voyez Daniel 8:16 et suivants.

Vers le temps de l�oblation du soir : D�apr�s la tradition rabbinique, l�oblation devait �tre offerte vers trois heures et demie de l�apr�s-midi.

Je suis venu : litt�ralement : sorti�; d�aupr�s du Dieu en la pr�sence duquel Gabriel se tient (Luc 1:19).

Une parole est sortie� : de la bouche de Dieu. Cette expression ne peut se rapporter simplement � l�ordre que Dieu a donn� � Gabriel de se rendre aupr�s de Daniel. Car toute la valeur du message est celle de son contenu. Comparez aussi verset 23, o� Daniel est invit� � faire attention au sens de la parole. La parole est ici toute la r�v�lation accord�e a Daniel en r�ponse � sa pri�re (versets 24 � 27); comparez verset 25, note.

Homme favoris� : que Dieu juge digne de la faveur de recevoir et de communiquer aux autres ce message de gr�ce. Daniel a ob�i, a souffert, a pri�; la pr�f�rence que Dieu lui t�moigne, n�est donc pas arbitraire.

Ce verset d�crit l�accomplissement du salut messianique au point de vue spirituel; la destruction compl�te du mal et la r�alisation parfaite du bien. Mais ce sens g�n�ral permet trois applications diff�rentes, en relation avec les trois mani�res dont on comprend le passage suivant (versets 26 et 27) :

  1. Si l�on rapporte celui-ci aux pers�cutions endur�es par les Juifs sous Antiochus, plus d�un si�cle et demi avant J�sus-Christ, il faut supposer que l�auteur esp�re (� tort) que l�accomplissement du salut messianique, d�crit au verset 24 suivra de pr�s la mort d�Antiochus. Ce serait � cette derni�re �poque que devraient se terminer dans sa pens�e les soixante-dix semaines.
  2. La tradition de l��glise voit dans le salut d�crit ici l��uvre accomplie par la venue de J�sus-Christ. Dans ce cas, le point de d�part des soixante-dix semaines est le retour du peuple de captivit� et leur terme la vie et la mort du Messie avec toutes les cons�quences qui en doivent r�sulter.
  3. Quelques interpr�tes pensent que le verset 24 se rapporte � la destruction finale du mal et � l��tablissement d�finitif du r�gne de Dieu � la suite de la victoire du Seigneur sur l�Ant�christ � la fin des temps. Dans ce sens, les soixante-dix semaines doivent comprendre non seulement le temps entre Daniel et J�sus-Christ, mais encore l��conomie chr�tienne tout enti�re jusqu�� son terme futur. Nous ne pourrons nous d�cider entre ces interpr�tations qu�en �tudiant le morceau suivant.

Soixante-dix semaines. Isra�l, impatient de voir se r�aliser le bonheur attendu, doit apprendre qu�un espace de temps septuple de celui de la captivit� le s�pare encore de l�apparition du salut parfait. Il avait �t� r�v�l� � J�r�mie que la puissance babylonienne et la captivit� d�Isra�l dureraient soixante-dix ans; il est r�v�l�, maintenant � Daniel que le temps qui doit s�parer ce retour d�avec le salut messianique sera de soixante-dix semaines, litt�ralement septaines; il n�est pas dit si c�est de jours, de mois, d�ann�es ou de si�cles. C�est le rapport des nombres qui importe seul (70 fois 7). Sans doute, c�est � des ann�es que l�on pense le plus naturellement. Mais cette omission de toute indication pr�cise montre qu�il ne faut pas insister dans l�explication de cette proph�tie sur l�exactitude chronologique. Il s�agit de cycles dont la valeur est avant tout symbolique. Le culte isra�lite pr�sentait plusieurs cycles analogues : ainsi la p�riode de 7 fois 7 jours qui s�parait le jour de P�ques de la f�te de Pentec�te. De m�me celle des 7 fois 7 ann�es qui pr�c�daient chaque ann�e de jubil�. Mais on peut penser � une autre analogie plus remarquable encore : Toute purification d�un individu se faisait pendant 7 jours (L�vitique 12:2; L�vitique 13:4, etc.). Mais il s�agit ici d�un peuple entier. Son temps d��preuve et de purification avait �t� mesur� d�abord � 7 fois 10 ann�es. Il est �tendu maintenant, en vue d�une purification compl�te et d�finitive, � 7 fois 7 fois 10 ans.

Sont d�termin�e : par un d�cret divin.

Ton peuple et ta ville sainte. Daniel se les est comme appropri�s par la solidarit� qu�il a �tablie entre eux et lui dans sa pri�re d�humiliation, et Dieu les lui donne en quelque sorte.

Les six expressions qui suivent, d�crivent dans leur ensemble la pl�nitude du salut, au point de vue purement spirituel. Ce n�est plus ici, comme dans le tableau du chapitre 7, le royaume messianique dans sa gloire ext�rieure, tel qu�il doit succ�der aux monarchies terrestres; c�est le p�ch� an�anti dans le peuple de Dieu et la justice v�ritable �tablie pour toujours.

On peut r�partir ces six expressions en trois couples : le premier se rapportant � la destruction du p�ch�; le second � l��uvre de l�expiation; le troisi�me � l��tablissement de l��tat de saintet� finale. Mais peut-�tre vaut-il mieux les r�partir en deux groupes de trois : le premier annon�ant l�enti�re destruction du mal sous toutes ses formes (infid�lit�, p�ch�, iniquit�); le second, l��tablissement parfait du bien. Dans ce second cas, on peut ais�ment constater une corr�lation entre le premier terme et le quatri�me; entre le second et le cinqui�me; et entre le troisi�me et le sixi�me. Le nombre trois indique une �uvre divine et compl�te.

Pour enfermer l�infid�lit� : la rendre impuissante dans le peuple de Dieu dont une grande partie s��tait jusque-l� laiss� entra�ner par elle; comparez Zacharie 5:8; Apocalype 20.3.

Sceller les p�ch�s. C�est la continuation de l�image pr�c�dente. Comparez Daniel 6:17, o� la porte de la fosse dans laquelle Daniel est renferm�, est scell�e du double sceau du roi et de ses grands, afin qu�elle ne puisse l�galement se rouvrir.

Les p�ch�s sont les fruits multipli�s de l�infid�lit�.

Couvrir l�iniquit�. C�est-�-dire l�expier. Comparez Psaumes 32:1-2. L�an�antissement du p�ch� exige non seulement que le p�ch� soit r�duit � l�impuissance dans le p�cheur, mais que l�expiation compl�te ait �t� op�r�e et que l�aquittement du p�cheur ait �t� prononc� par Dieu. Cette expression est la transition au premier terme du second groupe.

Amener la justice �ternelle : Apporter, par l��uvre du Messie, l��tat de parfaite justice devant Dieu auquel l�humanit� est �ternellement destin�e, mais qu�elle ne peut produire par elle-m�me; faire ainsi succ�der � toutes les condamnations ant�rieures la justification divine qui doit durer � toujours. Comparez �sa�e 53:11 et �sa�e 51:6-8.

Sceller vision et proph�te. L�image de sceller a ici une port�e un peu diff�rente de celle qu�elle avait dans le second terme. Elle signifie que les promesses de Dieu �tant toutes accomplies d�une mani�re d�finitive, l��re des visions et de la proph�tie est close � toujours. L�abolition de la proph�tie r�sulte de son accomplissement m�me (Matthieu 5:17).

Oindre [le] Saint des saints. Le terme : Saint des saints, peut se rapporter � un lieu, � un objet ou � une personne. Dans le culte mosa�que, il d�signait la portion particuli�rement sacr�e du tabernacle, ordinairement appel�e dans nos versions Lieu tr�s saint; c��tait l� que se tenait la nu�e et que Mo�se conf�rait avec l��ternel. Mais ce terme est aussi appliqu� aux viandes et aux ustensiles sacr�s, � l�autel, � Aaron lui-m�me (1 Chroniques 23:13), et dans �z�chiel 43:12 au temple avec tout le terrain qui lui appartient.

Le terme de oindre fait penser ici � l�onction qui fut pratiqu�e � l��gard du tabernacle lors de son inauguration par Mo�se, ainsi qu�� l��gard d�Aaron lors de sa cons�cration (Exode 30:22 et suivants; Exode 40:1-16). Il est � remarquer que cette onction ne fut r�p�t�e ni � l�inauguration du temple de Salomon, ni � celle du temple de Zorobabel, ni lors de la purification du temple sous les Maccab�es, parce que ce n��taient pas l� de nouveaux sanctuaires, mais la continuation ou le renouvellement de l�ancien. Il en est autrement de celui dont parle ici le proph�te. Il annonce l�inauguration d�un nouveau Saint des saints, et par cons�quent d�un culte nouveau. Ce Saint des saints d�signe sans doute le sanctuaire et le souverain sacrificateur de l�alliance nouvelle dont avait parl� J�r�mie 31:31 et suivants et nous y voyons la sainte humanit� du Christ consacr�e � Dieu par le Saint-Esprit, et le corps spirituel qu�il se cr�e dans l�assembl�e de ceux qui sont consacr�s avec lui. C�est l� le temple vivant de la nouvelle alliance. Comparez Matthieu 12:6, et Jean 2:21 pour J�sus, et 2 Corinthiens 6:16; �ph�siens 2:20-22 pour l��glise. La r�alisation parfaite de ce temple spirituel est d�crite Apocalypse 21:1-3, quand il sera dit : C�est ici le tabernacle de Dieu avec les hommes.

Comme la purification des personnes souill�es (voir plus haut) se pr�parait pendant les six premiers jours de la semaine et s�accomplissait au septi�me, ainsi le salut, d�crit au verset 24, se pr�parera pendant le temps d��preuve des soixante-neuf semaines, pour se consommer en la soixante-dixi�me. Dans le passage suivant, le verset 25 r�sume en peu de mots le contenu des sept semaines et soixante-deux semaines, et les versets 26 et 27 d�crivent plus longuement celui de la soixante-dixi�me, la plus importante de toutes.

Depuis la sortie de [la] parole [ordonnant] de� Au verset 23, Gabriel avait employ� l�expression semblable : une parole est sortie, qui d�signait l�ordre divin dont le contenu �tait essentiellement le verset 21. Ici, il fait allusion par l�expression la parole ordonnant � un ordre humain qu�Isra�l attendait comme devant mettre fin aux soixante-dix ann�es de captivit�; c��tait l��dit du roi pa�en qui autoriserait le retour que J�r�mie avait pr�vu et annonc� d�s le commencement de la captivit�. Cette parole sortie, dont parle le verset 25, est par cons�quent le premier pas dans l�accomplissement du salut d�crit verset 24.

Ceux qui rapportent les versets 26 et 27 � l��poque des Maccab�es, cherchent naturellement � reculer le plus possible le point de d�part des soixante-dix ann�es et voient dans cette expression : la parole sortie, la proph�tie m�me de J�r�mie annon�ant le r�tablissement, telle qu�elle est renferm�e dans J�r�mie 30:18 et suivants, J�r�mie 31:38 et suivants. Ils supposent que ces proph�ties non dat�es furent prononc�es � l��poque de la ruine de J�rusalem, en 588, et arrivent ainsi � faire de cette ann�e-l� (et non de 536) la premi�re des soixante-dix semaines qu�ils identifient avec la premi�re des soixante-dix ann�es de l�exil. Mais nous devons dire ici d�j� que cette mani�re de compter nous para�t inadmissible :

  1. parce que les soixante-dix ann�es qui pr�occupaient Daniel en ce jour, ne sont pas m�me mentionn�es dans ces deux passages de J�r�mie
  2. parce que, de cette mani�re, le temps de l�exil est r�duit � 52 ans au lieu de 70
  3. parce qu�il est bien peu naturel de d�signer l�ann�e de la ruine de J�rusalem comme celle dans laquelle l�ordre a �t� donn� de la reconstruire.

Si l�on voulait r�ellement rapporter l�expression la parole est sortie, au moment o� J�r�mie a proph�tis�, il faudrait penser, non aux promesses des chapitres 30 et 31, mais � celles des chapitres 25 et 29 o� les soixante-dix ann�es sont express�ment indiqu�es, et dont la premi�re a �t� prononc�e en l�an 606. Mais ce point de d�part ne peut convenir � cette interpr�tation, comme on le verra.

D�autres rapportent la sortie de la parole � l�un des deux �dits du roi post�rieur Artaxerx�s soit � celui qui autorisa le retour d�Esdras (ann�e 457) soit � celui relatif � la mission de N�h�mie (445). Cela nous para�t �galement impossible, car ces deux faits le signalent point une �poque marquante, dans l�histoire du peuple de Dieu, et ne sont que le continuation de ce qui avait �t� fond� par l��dit de Cyrus. On objecte que dans l��dit de Cyrus (Esdras 1:1-4), il n�est question que de la restauration du temple, tandis qu�il est parl� ici de la reconstruction de J�rusalem. Mais il est clair que le temple ne pouvait �tre reb�ti sans la ville; et si le roi Cyrus s�exprime comme il le fait, c�est que ce qui lui importait, � lui, c��tait que la maison de l��ternel fut reb�tie. Il voulait, sans doute, s�assurer par l� la faveur de ce Dieu d�Isra�l dont il avait, aussi bien que les souverains babyloniens ses pr�d�cesseurs, reconnu la puissance. Comparez les paroles de Darius Esdras 6:10 : Afin qu�ils (les Isra�lites) offrent des sacrifices de bonne odeur au Dieu des cieux et qu�ils prient pour la vie du roi et de ses enfants; et celles d�Artaxerx�s, Esdras 7:20.

Jusqu�� [un] oint-chef. En rattachant �troitement ce verset au pr�c�dent, et en particulier au dernier des six termes, on est naturellement conduit � appliquer cette expression au personnage qui doit r�aliser le d�cret de salut, verset 24, au Messie. Le titre d�oint le d�signe comme un de ceux que Dieu a choisis et rev�tus de son esprit (comparez �sa�e 61:1 et suivants), et celui de chef (en h�breu nayid : celui qui est � la t�te), soit comme le chapitre du peuple, soit peut-�tre comme le premier entre tous les oints eux-m�mes, en tant que r�unissant en lui la royaut� et la sacrificature : Psaumes 110:1; Psaumes 110:4; Zacharie 6:12-13.

Ceux qui appliquent les versets suivants � l��poque des Maccab�es s�parent, comme nous allons le voir, les sept semaines des soixante-deux semaines et placent l�oint-chef � la fin des premi�res, en rapportant cette expression � Cyrus, le lib�rateur d�Isra�l qui, comme tel, est appel� dans �sa�e 45:1, maschiach, oint. C�est en raison de cette application qu�ils placent la sortie de la parole, non en 536 (�dit de Cyrus) ni en 606 (proph�tie de J�r�mie sur les soixante-et-dix semaines), mais en 588 (ruine de J�rusalem), afin d�obtenir par l� un espace de quarante-neuf ans (sept semaines) aboutissant � peu pr�s exactement au roi Cyrus. Nous avons reconnu d�j� l�impossibilit� de cette application. Et l�expression m�me de Daniel ne convient pas bien � Cyrus qui aurait d� plut�t �tre appel� : chef-oint, que oint-chef, car la premi�re qualit� qui frappe chez ce roi pa�en est celle de chef, et non celle de oint. Nous verrons d�ailleurs que cette interpr�tation forc�e se heurte encore � une grosse difficult� chronologique � l��gard des soixante-deux semaines.

On a propos� aussi de voir dans l�oint-chef Esdras, qui est rentr� en Palestine quatre-vingts ans apr�s le retour de l�exil. Mais ce sens de l�expression ne nous para�t pas soutenable.

Sept semaines et soixante-deux semaines. Ces deux p�riodes sont s�par�es par la ponctuation du texte h�breu, dans ce sens : jusqu�� l�oint-chef, sept semaines, puis, pendant soixante-deux semaines, elle reviendra� C�est l�interpr�tation suivie par ceux qui voient Cyrus dans l�oint-chef. La ponctuation h�bra�que ne peut dans un pareil passage avoir une grande autorit�; elle est de beaucoup post�rieure � l��re chr�tienne et peut avoir �t� influenc�e par le d�sir d��chapper aux cons�quences que les chr�tiens tiraient de notre passage en faveur de la dignit� messianique de J�sus. Rien dans le texte n�emp�che de r�unir les deux p�riodes dans ce sens : jusqu�� l�oint-chef sept semaines et soixante-deux semaines : et la phrase suivante d�crit alors le caract�re g�n�ral de ces deux p�riodes : un temps de r�tablissement, mais aussi de d�tresse permanente. Seulement on se demande dans ce cas � quoi bon s�parer cette p�riode uniforme en deux sous-p�riodes, l�une de sept, l�autre de soixante deux semaines ? Il nous parait qu�il faut envisager le premier cycle, celui de sept fois sept ans, comme repr�sentant symboliquement l��poque de la reconstruction de la ville, et de la fondation du nouvel �tat de choses. Le chiffre sept met � part ce temps de restauration et lui imprime un caract�re de saintet� et de gr�ce particuli�re. C�est une �poque de protection sp�ciale de Dieu, pendant laquelle Isra�l eut ses derniers proph�tes (Agg�e, Zacharie, Malachie) et les derniers envoy�s sp�cialement qualifi�s (Esdras, N�h�mie). Le cycle de soixante-deux repr�sente symboliquement tout le temps de la conservation du peuple depuis cette r�novation jusqu�� la consommation finale, figur�e par la soixante-dixi�me semaine. Ce chiffre de soixante-deux n�a rien de sacr�, il r�sulte simplement de la soustraction des deux chiffres r�unis : sept et un, de la somme totale : soixante-dix. Ainsi trois cycles : l�un de r�tablissement, l�autre de maintien, le troisi�me de consommation (l��re messianique). Il est certain que, dans l�explication que nous proposons ici, l�on n�arrive pas � une enti�re exactitude chronologique. Car, depuis le retour de la captivit� jusqu�au Messie, il s�est �coul� en r�alit� 536 ans, tandis que soixante-neuf semaines ne font que 481 ans; mais d�s qu�il est entendu que l�auteur parle ici en proph�te et non en historien, et qu�il d�crit des cycles symboliques cette divergence n�a pas de gravit�. Il en est autrement dans l�interpr�tation maccab�enne, d�apr�s laquelle l�auteur �crirait non en proph�te, mais en historien. Dans cette hypoth�se, il faut n�cessairement que les dates aient une certaine exactitude, et c�est ce qui n�est nullement le cas. Car du retour de l�exil en 536, o� commencent selon cette explication les soixante-deux semaines, jusqu�� la mort d�Antiochus, en 461, il ne s�est �coul� que 372 ans et non pas 431 ans (�quivalent des soixante-deux semaines). Cela fait 62 ans de trop, ou m�me 111, si l�on fait dater les 49 ans (�quivalent des sept semaines) du retour de la captivit�, comme il nous a paru que c�est le sens le plus naturel. Une si �norme erreur de la part d�un auteur �crivant au vu des faits et qui s�est montr� si bien instruit des coutumes et de l�histoire babylonienne, n�est-elle pas inadmissible ? Tous les exp�dients imagin�s pour �chapper � cette difficult�, comme de faire rentrer les sept semaines dans les soixante-deux ou de les placer chronologiquement apr�s les soixante-deux, sont d�une impossibilit� ex�g�tique qui saute aux yeux.

Il resterait la troisi�me explication, qui voit dans la soixante-dixi�me semaine l��poque finale de l�Ant�christ et du retour du Seigneur. � ce point de vue, l�on rapporte les sept premi�res semaines � tout le temps �coul� depuis le retour de la captivit� jusqu�� la venue du Christ (l�oint-chef) et les soixante-deux � tout le temps de l��conomie chr�tienne. Nous verrons si cette explication peut s�accorder avec les termes des versets suivants.

Elle reviendra. Le sujet sous-entendu est J�rusalem transport�e en Babylonie dans la personne de ses habitants. Cette expression se rapporte surtout � la p�riode des sept semaines, le moment de restauration o� avec Zorobabel, Esdras et N�h�mie sont revenues les diff�rentes troupes d�exil�s.

Sera reb�tie, places et enceintes. Pendant les soixante-deux semaines, J�rusalem est redevenue une ville consid�rable, l�une des capitales de l�orient.

Dans l�angoisse des temps. Durant toute cette p�riode, Isra�l n�a pas joui d�un moment de s�curit�. Il a pass� des mains des Perses � celles des Syriens, et bient�t des �gyptiens, puis de nouveau des Syriens, et apr�s l��poque des Maccab�es, dans celles des Romains.

Les versets 26 et 27 d�crivent la soixante-dixi�me semaine; selon nous, l��re messianique o� doit �tre op�r� le salut parfait d�crit verset 24. L��v�nement saillant de cette p�riode est mis en t�te dans les mots : (Un) oint sera retranch�. Ceux qui appliquent ces versets au temps d�Antiochus voient dans cet oint retranch� le souverain sacrificateur Onias III, qui fut assassin� � Antioche vers 172 ou 174 avant J�sus-Christ, par le lieutenant d�Antiochus. Il est racont� dans le second livre des Maccab�es que le grand sacrificateur Onias fut destitu� par Antiochus et remplac� par son fr�re Jason, que celui-ci � son tour subit le m�me sort trois ans apr�s par les intrigues de M�n�las. Ce dernier, devenu grand-sacrificateur, gagna le gouverneur d�Antioche o� Onias s��tait r�fugi� dans un lieu envisag� comme inviolable, et le fit assassiner. Ce fait, dit le livre cit�, produisit une grande sensation chez les Juifs et pa�ens, et il ne serait pas impossible qu�il e�t �t� mis en relief dans un livre compos� � cette �poque. On peut citer plusieurs passages, par exemple : L�vitique 4:3; L�vitique 4:5; L�vitique 4:16, o� l��pith�te de oint est donn�e au grand sacrificateur, et lors m�me qu�Onias �tait destitu� au moment de sa mort, il restait pourtant aux yeux des Juifs un personnage oint. Mais ce qui para�t contraire � cette explication, c�est que ce meurtre est rest� un fait isol�, sans la moindre relation morale avec l�invasion de J�rusalem et le pillage du temple, qui sont ici mises en connexion �troite avec le retranchement de l�oint (verset 26). Si l�on part de cette derni�re observation, on sera plut�t conduit � appliquer ces mots au retranchement du Messie qui a eu pour cons�quences la chute du temple et la ruine du peuple juif. Le terme solennel : sera retranch�, convient mieux dans ce sens, puisqu�il s�applique ordinairement � un retranchement exig� par la loi. Dans �sa�e 53:8, la mort violente du Messie est d�sign�e par une expression analogue. Il est donc naturel de voir dans cet oint celui du verset 25, dont la venue avait simplement �t� indiqu�e comme, date de la cl�ture des soixante-neuf semaines : Les sept semaines et les soixante-deux semaines vont jusqu�� un oint-chef�, et apr�s les soixante-deux semaines, l�oint sera retranch�.

Cette expression l�oint sera retranch� constitue l�objection la plus forte contre la troisi�me interpr�tation indiqu�e, celle qui rapporte ce passage au temps de l�Ant�christ. En effet, il faudrait lui faire signifier, non : sera retranch� personnellement, mais sera supprim� comme Messie, en tant que toute ob�issance lui sera refus�e alors sur la terre, et que pour un temps son �glise dispara�tra. Ce sens est certainement impossible.

Et personne pour lui. On a rendu ce texte de bien des mani�res; par exemple : Et il n�y est pour rien (comparez �sa�e 53:3; �sa�e 53:8). La traduction la plus litt�rale serait : Et rien pour lui; ce qui pour le sens ne diff�re pas de la n�tre, que nous avons pr�f�r�e pour plus de clart�. Une fois le Messie retranch�, son �uvre para�t an�antie; nul ne semble pouvoir la relever; ses adh�rents, les saints, ont comme disparu.

La cons�quence de ce retranchement de la personne du Christ et de son �uvre est indiqu�e dans les paroles suivantes. Une fois la th�ocratie priv�e de celui qui en �tait l��me, elle ne peut plus que crouler. Comparez Luc 13:31; Luc 13:35; Jean 2:19. Abattre le Messie, c�est abattre le temple et Isra�l lui-m�me.

Le peuple d�un chef. On pourrait traduire aussi : le peuple-chef, qui viendra. Ce serait le peuple du quatri�me empire, dominant alors sur toute la terre. Si l�on traduit, comme nous l�avons fait : le peuple d�un chef qui viendra, ce chef est le dominateur de cet empire, qui doit venir un jour pour accomplir ce jugement. La destruction est la r�tribution divine pour le meurtre du Messie.

D�truire la ville et le sanctuaire. Le terme de d�truire : schachat para�t bien fort pour d�signer ce qui se passa sous Antiochus-�piphane. Trois ans apr�s le meurtre d�Onias, mais sans relation aucune avec cet �v�nement, le temple de J�rusalem fut pill�, un grand nombre d�habitants de la ville massacr�s et un autel de Jupiter olympien, dress� sur l�autel des holocaustes. Mais ni le temple ni la ville ne furent d�truits.

Et sa fin sera en d�bordement. On peut rapporter les mots : sa fin, au sanctuaire; le sanctuaire ext�rieur est comme emport� par un d�bordement d�eau, afin de faire place au nouveau Saint des saints, annonc� verset 24. Mais cette expression peut aussi s�appliquer � l�ennemi dont il vient d��tre parl� : Et apr�s avoir d�truit ville et temple, il p�rira lui-m�me comme par un d�bordement. Peut-�tre y aurait-il allusion � Pharaon et � son arm�e (Exode 14:28). Quoi qu�il en soit, c�est une relation morale, plut�t que chronologique, que celle qui est signal�e ici, dans ce sens : le destructeur sera d�truit � son tour; comparez verset 27 et la relation �tablie verset 26 entre le retranchement de l�oint et la destruction de la ville et du sanctuaire. Le quatri�me empire (romain), apr�s avoir d�truit J�rusalem, sera d�truit � son tour, et cela par des invasions semblables � un d�bordement d�eau. Le mot d�bordement (sch�teph) est fr�quemment appliqu� aux invasions d�arm�es ennemies, et cela dans Daniel lui-m�me et ailleurs; comparez Daniel 11:20; Daniel 11:22; Daniel 11:26; Esdras 8:8, etc. Ceux qui admettent l�application � Antiochus voient ici l�indication de la mort de ce monarque. Mais comment expliquer l�expression en d�bordement ? Antiochus est mort tout simplement d�une maladie qui l�a atteint au retour d�une exp�dition contre la Perse.

Et jusqu�� la fin. On peut entendre : la fin de cette �poque d�termin�e. Le sens est dans de cas : La guerre ne cessera pas que la Terre Sainte n�ait �t� absolument d�sol�e. Ou bien l�on peut donner au mot la fin une port�e plus absolue : jusqu�� la fin de l�ordre actuel. La paix ne s��tablira plus d�une mani�re durable et solide; il y aura guerre entre la b�te et les saints jusqu�� la fin, cette guerre ne cessera pas que la grande d�solation qui doit pr�c�der l��tablissement du r�gne de Dieu ne soit arriv�e.

Sont d�cr�t�es : quelque impossible que cela puisse para�tre � ceux qu�il concerne, le d�cret de Dieu doit s�accomplir jusqu�au bout. C�est la seconde destruction d�Isra�l qui est ainsi annonc�e.

Au verset 26, la soixante-dixi�me semaine n�avait pas �t� mentionn�e : l�horizon proph�tique restait ind�fini. Ce verset renfermait tout ce qui devait suivre les soixante-neuf semaines jusqu�� la fin des temps. C�est l� ce qu�expriment les mots : et apr�s les soixante-deux semaines. Au verset 27, le proph�te mentionne express�ment la soixante-dixi�me semaine et indique les points essentiels de son contenu.

Il conclura. Plusieurs interpr�tes ont donn� pour sujet au verbe conclura le mot : une semaine, ce qui est peu naturel. Le sujet est certainement sous-entendu. On peut penser, selon les applications diverses des versets pr�c�dents, � Antiochus-�piphane avec lequel font alliance les Isra�lites apostats, ou bien au Messie qui durant la semaine �tablit l�alliance nouvelle. Mais peut-�tre le plus naturel est-il de penser � l��ternel lui-m�me qui pr�side � l��uvre messianique. C�est dans ce dernier sens qu�on s�explique le mieux l�ellipse.

Une alliance ferme : celle dont J�r�mie avait, d�j� parl� en l�opposant � l�alliance de Sina� que les Juifs avaient rompue (J�r�mie 31:31 et suivants) . Le retour de la captivit� n�a �t� que la reprise de l�ancienne alliance, et non la fondation de la nouvelle.

Ce qui est nouveau dans cette proph�tie, ce n�est ni l�id�e d�une nouvelle alliance, ni celle du Messie mourant, peint d�j� dans �sa�e chapitre 53; c�est uniquement la relation �tablie entre ces deux faits.

Avec un grand nombre. La m�me expression (rabbim) avait d�j� �t� employ�e par �sa�e 52:14; �sa�e 53:11-12 : Mon serviteur juste en justifiera un grand nombre (comparez Matthieu 20:28; Matthieu 26:28). C�est la partie fid�le de l�ancienne alliance, le saint reste, qui devient le noyau de la nouvelle.

Pendant une semaine : la soixante-dixi�me, pendant laquelle s�accomplit le salut spirituel d�crit verset 26.

� la moiti� de la semaine. On peut traduire aussi : pendant la moiti� de la semaine; soit la premi�re soit la seconde moiti�. Dans l�application du passage � Antiochus, cette moiti� de semaine repr�senterait les trois ans et demi que dura la suppression du culte de J�hova, et en particulier de l�holocauste journalier. Sans doute depuis le 15 kislev 168 o� fut plac�, sur l�autel des holocaustes celui du Jupiter olympien, jusqu�au 25 kislev 165, o� le culte de J�hova fut r�tabli, il n�y a eu que trois ans et dix jours; mais on suppose que le culte de J�hova avait �t� supprim� quelques mois avant l��tablissement de celui de Jupiter (comparez Daniel 8:14, note). Il n�en est pas moins vrai que trois ans dix jours ne sont pas trois ans et demi, et que cette indication ne s�accorde pas avec celle du chapitre 8, qui, de l�aveu de tous, s�applique � la suppression de l�holocauste sous Antiochus-�piphane. Pourquoi, dans le m�me �crivain qui est suppos� parler ici comme historien, deux dates diff�rentes se trouveraient-elles appliqu�es au m�me �v�nement, surtout si l�on tient compte de la pr�cision extr�me du chapitre 8 (2300 soirs et matins) ?

Il r�sulte de l�, nous para�t-il, que la date d�une demi-semaine, qui correspond � celle de un temps, des temps et la moiti� d�un temps (Daniel 7:25), doit avoir comme celle-ci un caract�re et une signification symboliques plut�t que strictement chronologiques (voir Daniel 7:25, note) .

Il fera cesser sacrifice et oblation : toute offrande sanglante ou non sanglante. Dieu ne peut faire cesser le sacrifice de l�alliance ancienne qu�en consommant un sacrifice nouveau, fondement de l�alliance nouvelle. C�est donc ici qu�il faut placer l�immolation du Messie (verset 26). D�s ce moment, le culte juif perd sa valeur et son efficacit�, qui passent tout enti�res dans le sacrifice messianique. Le mot schabath : se reposer, cesser, employ� dans le texte, s�applique plus naturellement � une cessation de ce genre qu�� une suppression violente, telle que celle qui eut lieu sous les Maccab�es. Les c�r�monies l�vitiques ne sont plus d�s lors que des formes sans vie dont l�abolition ne peut tarder; sur le corps mort, les aigles s�assembleront. Le d�chirement du voile du temple au moment de la mort de Christ a �t� le symbole frappant du rejet et de la profanation du sanctuaire par Dieu m�me.

Sur l�aile des abominations� Ces mots sont tr�s obscurs. Les deux principales traductions sont : Sur l�aile viennent les abominations d�solatrices; ou du d�solateur; cette traduction n�est pas tout � fait correcte au point de vue grammatical. Ou bien celle que nous avons donn�e et qui est plus litt�rale.

Les abominations sont le terme employ� fr�quemment dans l�Ancien Testament (par exemple 1 Rois 11:5; 2 Rois 23:13; J�r�mie 7:30, note) pour d�signer les idoles.

Le mot traduit par aile a �t� appliqu� � la surface plane de l�autel des holocaustes, sur laquelle les Syriens avaient dress� l�autel de Jupiter olympien. Mais comment justifier cet emploi du mot aile ? On l�a pris aussi dans un sens figur� : Port� sur l�aile des abominations, c�est-�-dire par son exaltation idol�tre, viendra le d�solateur. Ou bien on l�a appliqu� aux aigles romaines qui souilleront un jour J�rusalem et le temple. Le mot h�breu signifie litt�ralement : une chose �tendue qui sert � couvrir. Il pourrait donc bien d�signer ici les deux pans du toit du temple (comparez le terme qui en grec signifie aussi aile, Matthieu 4:5). Le toit du temple serait appel� ici aile des abominations, comme servant d�abri, depuis la mort du Messie, � un culte sans vie et r�prouv� de Dieu. Le sens serait donc : Sur le temple de J�rusalem, priv� de la pr�sence de Dieu et r�duit ainsi � n��tre plus qu�un temple idol�tre, fond le d�solateur. C�est dans le m�me sens que, dans �z�chiel 43:7, le temple est appel� les hauts-lieux d�Isra�l. On sait par l�historien Jos�phe de quelles abominations le temple fut le th��tre pendant le dernier si�ge de J�rusalem.

Le d�solateur est la puissance romaine, d�sign�e d�j�, verset 26, par les mots : le peuple d�un chef qui viendra.

L�abomination de la d�solation. Cette expression est employ�e dans le premier livre des Maccab�es pour d�signer l�autel de Jupiter (1 Maccab�es 1.54). J�sus s�en sert aussi en annon�ant la profanation du temple par les Romains. Elle n�est pas tir�e directement de notre passage, mais plut�t de ceux Daniel 11:31, et Daniel 12:11 (voir les notes).

Et cela jusqu�� ce que� La d�solation du temple de J�rusalem dure encore. Elle ne cessera que lorsque le d�solateur deviendra un d�sol�. Le quatri�me empire qui d�truit le sanctuaire sera d�truit � son tour avec ses dix cornes (comparez Daniel 7:11).

Remarques sur le chapitre 9

R�sumons d�abord le contenu de la r�v�lation renferm�e dans le passage pr�c�dent.

  1. Dieu pr�pare � son peuple un salut spirituel parfait, � la fois abolition du mal et don de justice et de saintet�; verset 24
  2. Cet �tat de choses se r�alisera au terme de soixante-dix semaines compt�es � partir de l��dit qui ordonnera le retour du peuple et la restauration de J�rusalem; verset 25
  3. Jusqu�� l�apparition de l�oint-chef qui op�rera cette �uvre de salut, il s��coulera sept semaines et soixante-deux semaines; verset 25
  4. Par ce Messie, Dieu fera alliance avec un grand nombre de membres du peuple, verset 27
  5. Au milieu de son �uvre, verset 27, le Messie sera retranch�, verset 26
  6. Ce retranchement mettra fin au culte de la premi�re alliance; verset 27
  7. Le temple sera profan� et sur ce temple et la ville fondra un peuple ennemi venant comme un d�bordement d�eau
  8. Le d�cret de Dieu est que l��uvre de cet ennemi ne cesse que lorsque tout sera d�vast�,
  9. mais aussi que cet ennemi lui-m�me soit enti�rement d�truit � son tour.

L��tude impartiale de ce morceau ne nous permet pas de l�appliquer aux �v�nements qui ont eu lieu sous Antiochus �piphane, soit en supposant avec quelques interpr�tes que, pris dans ce sens, ce tableau ait �t� une v�ritable r�v�lation accord�e � Daniel, soit en pr�tendant y retrouver un expos� de cette histoire fait apr�s coup sous la forme d�une proph�tie. La premi�re supposition est le produit b�tard de l�explication actuellement en vogue et du d�sir de conserver � ce passage son caract�re proph�tique. Elle se heurte d�ailleurs � plusieurs des raisons que nous allons all�guer contre la seconde. Contre cette derni�re, voici nos raisons :

  1. L��norme erreur chronologique qu�elle suppose. Ce ne sont pas sept semaines et soixante-deux semaines, ou m�me seulement soixante-deux semaines, qui se sont �coul�es entre l��dit de Cyrus et l�av�nement d�Antiochus, autrement dit 481 ans ou 434 ans, mais seulement 362 ans. Cela fait une erreur de 119 ans ou au moins de 72. On all�gue, il est vrai, une faute semblable commise par l�historien Jos�phe � l��gard de la m�me �poque. Mais Jos�phe �crivait vers l�an 100 apr�s J�sus-Christ, tandis que notre po�te-historien est cens� vivre au temps des Maccab�es, � l�issue de la p�riode m�me dont il parle. Dans ces conditions, une erreur aussi colossale est difficile � comprendre. � cette premi�re erreur il en ajoute une seconde plus grave encore, puisqu�elle se rapporte aux temps m�me dont l�auteur doit avoir �t� t�moin. L�apostasie des Juifs qui ont trait� alliance avec Antiochus n�a pas dur� sept ans (une semaine, verset 27), mais dix ou onze ans, pendant tout le temps du r�gne d�Antiochus, 175-164. Elle a en tout cas commenc� avant l�ann�e 171.
  2. D�apr�s les termes du verset 26, l�ennemi d�Isra�l d�truira la ville et le sanctuaire, ce qui n�a pas �t� le cas d�Antiochus �piphane (voyez verset 26, note).
  3. Le salut messianique serait annonc� verset 24, et le Messie qui doit l�op�rer serait ensuite compl�tement pass� sous silence, tandis que deux autres messies (Cyrus et Onias) seraient d�sign�s, dont ni l�un ni l�autre ne sont celui qui op�re le salut promis et qu�on attend !
  4. Il est impossible de se repr�senter un moment de l�histoire des Maccab�es dans lequel on puisse raisonnablement placer la composition de ce passage. Les partisans de l�hypoth�se que nous combattons diff�rent sur le temps o� cette composition aurait eu lieu. Les uns en fixent la date aux temps qui ont pr�c�d� la purification du temple et la mort d�Antiochus, aux commencements du soul�vement maccab�en, entre 167 et 165. Mais, dans ce cas, comment se fait-il que l�auteur se risque � pr�dire que l�alliance d�Antiochus et des Juifs infid�les durera sept ans (une semaine) et la suppression de l�holocauste trois ans et demi (une demi-semaine) ? Puis, pourquoi cet enthousiaste, au lieu de diriger les regards de ceux qu�il avait � encourager dans la lutte sur la prochaine victoire d�Isra�l et d�employer pour la peindre les expressions magnifiques des anciens proph�tes, se contente-t-il de d�crire un salut purement moral et d�annoncer simplement que le d�solateur sera d�sol� ? D�autres, sentant ces difficult�s, placent la date de la composition de notre proph�tie apr�s la purification du temple et la mort d�Antiocbus, vers 163, alors que les Juifs �taient de nouveau ma�tres de J�rusalem et avaient remport� de brillantes victoires sur les arm�es d�Antiochus. Mais comment l�auteur ne ferait-il dans ce cas aucune allusion � ces glorieux faits d�armes et n�en tire-t-il pas son principal sujet d�encouragement pour la foi isra�lite, en vue du triomphe complet qui �tait encore � attendre ? Ainsi dans la premi�re de ces suppositions, l�auteur annonce trop de choses, dans la seconde trop peu. Enfin, quelle que soit celle de ces dates que l�on choisisse, le proph�te ne pouvait-il pas promettre le salut sans revenir aux soixante-dix ann�es de captivit� annonc�es par J�r�mie et sans traverser de nouveau tout ce pass� qu�il fait rentrer dans le cadre des sept semaines et des soixante-deux semaines ? Tout cela s�explique au contraire tout naturellement dans la situation de Daniel plac� entre ces soixante-dix ann�es de captivit� et ces soixante-dix semaines d��preuve. Comment un �crivain composant en face de la d�tresse maccab�enne, et s�adressant � des gens dispers�s et r�fugi�s dans des cavernes et jour et nuit sous les armes, serait-il ainsi revenu en arri�re ? Est-ce pour des gens r�duits � cette extr�mit� que l�on refait de sang-froid l�histoire sous cette forme �nigmatique ?
  5. Le lien qui unit la pri�re � la proph�tie ne permet pas qu�on les s�pare. Or, le caract�re de cette pri�re est profond�ment s�rieux, sobre et saint. Cela ne permet pas de supposer que l�une comme l�autre aient �t� compos�es d�une mani�re artificielle, et par un �crivain qui, trop timide pour proph�tiser en son nom, n�aurait pas craint d�attribuer ses �lucubrations � un saint homme disparu depuis trois si�cles et demi.

Voil� les raisons par lesquelles ces deux faits se sont de plus en plus impos�s � nous :

  1. Le morceau versets 24 � 27 est une vraie proph�tie.
  2. Cette proph�tie n�a pas trouv� son accomplissement au temps d�Antiochus et ne peut s�appliquer qu�au salut apport� par J�sus-Christ.

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Informations bibliographiques
bibliography-text="Commentaire sur Daniel 9". "Bible annotée". https://beta.studylight.org/commentaries/fre/ann/daniel-9.html.