Bible Commentaries
Ézéchiel 16

Bible annotéeBible annotée

versets 1-63

1 � 14

Ce passage d�crit l��tat mis�rable d�Isra�l au commencement de son existence nationale (versets 1 � 5), puis ce que Dieu dans sa mis�ricorde daigna faire de ce peuple (versets 6 � 14).

� J�rusalem. Le proph�te s�adresse � cette ville comme repr�sentant le peuple entier. Elle a �t� en effet le c�ur d�Isra�l, le centre de sa vie nationale. Dans son sort particulier se reproduisent toutes les fortunes diverses du peuple lui-m�me.

Ce verset et les suivants ne concernent pas sp�cialement la population de J�rusalem et ne lui attribuent point une origine j�busienne, c�est-�-dire amorrh�enne ou h�thienne, comme on l�a cru. Il s�agit d�Isra�l lui-m�me d�s l��poque de ses origines les plus recul�es, lorsque de Canaan il vint habiter en �gypte et y tomba dans la plus douloureuse servitude.

De la terre du canan�en. C��tait de l� que venait Isra�l; �z�chiel profite de cette circonstance pour reprocher au peuple d�avoir toujours eu, en quelque sorte, du sang canan�en dans les veines et de trahir, moralement parlant, une extraction pa�enne. Ce reproche n�a de valeur qu�autant que le proph�te sait parfaitement que l�origine du peuple, mat�riellement parlant, est toute diff�rente.

Les Amorh�ens et les H�thiens �taient les peuples du pays de Canaan du milieu desquels sortaient les Isra�lites au moment de leur �migration en �gypte.

Durant le dur temps de la servitude d��gypte, le peuple, qui naissait alors � la vie nationale (puisqu�� son arriv�e il n��tait qu�une famille), fut priv� de toute protection, semblable � un nouveau-n� � qui les premiers soins font d�faut.

Ton cordon� Serait-ce une allusion aux dispositions idol�tres et vicieuses qu�Isra�l avait apport�es de Canaan et auxquelles il ne renon�a point ?

Frott�e de sel. C��tait l�usage, dit J�r�me, de frotter de sel le corps des enfants nouveau-n�s pour les endurcir au froid.

Allusion � L�usage si fr�quent dans l�antiquit� d�exposer les enfants.

6 � 14 Les tendres soins que l��ternel prit de ce peuple mis�rable

Dans ton sang : qui coulait parce que le cordon n�avait point �t� attach�.

Vis dans ton sang. Tout moribond que soit cet enfant, Dieu lui ordonne de vivre et de vivre dans ce sang m�me dont il est tout souill� (voir verset 9). L�ordre est r�p�t� pour faire ressortir la solennit� du miracle sur lequel repose une telle existence. Ce miracle est, en effet, la base de tous ceux qui suivront.

Allusion � la prodigieuse multiplication du peuple en �gypte, en m�me temps qu�� son d�veloppement intellectuel et moral et � la haute culture dont son histoire subs�quente fait preuve. On peut dire de tout le peuple � certains �gards ce qui est dit de Mo�se : Qu�il fut instruit dans toute la sagesse des �gyptiens et devint puissant en �uvres et en paroles.

Allusion au moment o� l��ternel visita son peuple en lui suscitant Mo�se pour lib�rateur.

J��tendis sur toi. Comparez Ruth 3:9. Par cet acte symbolique, un homme d�clarait prendre une femme pour �pouse. C��tait l�embl�me de la protection dont il s�engageait � la couvrir d�sormais.

Je te fis serment. Ces paroles et les suivantes se rapportent � l�alliance qui fut conclue durant le s�jour au Sina� entre Dieu et le peuple, par le don de la loi. Ce fut comme l��poque du mariage de l��ternel avec son peuple. Comparez �sa�e 54:5; J�r�mie 31:32 avec Exode 19:5; Exode 24:8.

Je te baignai. C�est ici l�embl�me de la purification du peuple par le moyen de la loi, par son action morale sanctifiante ainsi que par les institutions cr��es par elle. �z�chiel a surtout en vue les sacrifices et les ablutions ordonn�es par la loi pour la purification des Isra�lites p�cheurs. Jusqu�alors, Isra�l �tait rest� couvert de son sang (verset 6), c�est-�-dire de sa souillure originaire.

Je t�oignis d�huile : allusion au sacerdoce d�Aaron.

De broderie. Est-ce une allusion aux tentures brod�es du tabernacle ?

De peau de blaireau, ou de veau marin. Le sens du mot h�breu (thachasch) est incertain. La couverture sup�rieure du tabernacle �tait faite de la peau de cet animal (Exode 26:14; Nombres 4:25); c�est probablement � ce fait que le proph�te fait allusion.

De lin. Le verbe employ� ici pour dire ceindre, s�applique ordinairement � la ceinture de t�te, au turban : Exode 24:17; Exode 29:9; L�vitique 8:13. C�est sans doute une allusion � la mitre des sacrificateurs.

Des tissus les plus fins. Le mot h�breu (m�schi) ne se retrouve nulle part ailleurs. � l�exemple des rabbins on le traduit ordinairement par soie. Mais ce sens n��tant qu�une supposition, nous avons rendu ce mot par une expression moins pr�cise.

Bracelets : Gen�se 24:22; Gen�se 24:24.

Un anneau � ton nez. Cet ornement, en usage aujourd�hui encore en Orient, faisait aussi partie d�s le temps patriarcal des pr�sents de fian�ailles.

Diad�me magnifique : ici comme simple ornement. La royaut� ne viendra que plus tard (verset 13).

Apr�s que le contenu des versets 9 � 12 a �t� r�sum� dans les premiers mots de ce verset, l��ternel rappelle en outre le soin qu�il a pris de la nourriture � offrir � sa fianc�e. Le froment, le miel, l�huile, �taient les produits exquis de la terre de Canaan.

Extraordinairement belle : par les institutions dont Dieu l�avait dot�e.

Tu arrivas jusqu�� r�gner. Cette expression ne peut s�appliquer qu�� l�institution de la royaut� qui �tait comme l�apanage du peuple entier; tout Isra�l r�gnait en la personne de son roi; comparez Exode 19:5-6 : Un royaume de sacrificateurs !

Tu fus renomm�e. Comparez ce qui est dit de la r�putation de l�empire isra�lite � l��poque de David et Salomon, 1 Rois 4:34; 1 Rois 10:1 et suivants. C�est ici le point culminant de la premi�re partie du chapitre.

Ce verset commence la seconde partie du tableau : la description de l�ingratitude d�Isra�l combl� de pareils bienfaits (versets 15 � 52). �z�chiel indique d�abord la cause de cette infid�lit� odieuse.

Tu te confias en ta beaut�. Isra�l s�attribua � lui-m�me sa sup�riorit� morale sur les autres peuples : il oublia de rendre gr�ces � celui de qui il tenait les biens temporels et spirituels dont il jouissait; ce fut le p�ch� qui le conduisit ensuite � l�idol�trie. Comparez ce qui est dit des pa�ens Romains 1:21-23 : oublier de rendre gr�ces au Cr�ateur, c�est le s�r moyen d�exag�rer le prix qu�on attache � la cr�ature, et d�en venir � l�adorer ext�rieurement ou moralement.

Tu te prostituas. Le culte des idoles est d�j� compar� � une prostitution Exode 34:16.

� tout passant : �z�chiel appelle ainsi chaque faux dieu ador�, chez les nations avec lesquelles Isra�l se trouvait en relation; comparez chapitre 8.

� qui voulait. Litt�ralement : Que cela soit � lui ! Ou : � qui en voudra ! Comme si la prostitu�e parlait ainsi d�elle-m�me.

On a entendu ce passage diversement. Il nous para�t qu��z�chiel veut parler d�un lit dress�, au moyen de ce qui composait la garde-robe de la fianc�e, lit auquel il donne le nom d�autel (litt�ralement hauts lieux) parce qu�il passe de l�image � la r�alit�. Il s�agit en effet des autels des faux dieux dress�s sous les rois idol�tres sur toutes les �minences de la Terre Sainte; comparez �sa�e 58:7-9.

Ce qui ne s��tait pas fait : le texte est tr�s obscur. Nous donnons le sens probable.

Des images d�homme : pour pr�senter l�idol�trie sous le jour le plus repoussant, �z�chiel la compare � la forme de prostitution, la plus monstrueuse qui se puisse imaginer.

Tu pris� Le service, des faux dieux co�tait cher. Les encensements de Bel � Babylone se montaient annuellement, selon H�rodote, � une somme de mille talents. En Inde aujourd�hui encore, les adorateurs des faux dieux se privent du n�cessaire pour subvenir aux �normes d�penses de leur culte. Comparez Exode 32:1-4, Exode 32:25. Et tout cet or et cet argent ainsi employ�s �taient les pr�sents que J�hova avait faits � son �pouse (mon or, mon argent).

20 et 21

Ces versets se rapportent aux sacrifices sanglants offerts au dieu Moloch; comparez L�vitique 18:21; 2 Rois 3:27; 2 Rois 23:10; J�r�mie 32:35. Dans les cultes pa�ens, la cruaut� marchait de pair avec la sensualit�.

Mes fils : les enfants d�Isra�l appartenaient � Dieu; car ce peuple provenait de lui par la vocation d�Abraham et par la naissance miraculeuse d�Isaac, et tous les enfants isra�lites poss�daient dans la circoncision le sceau de l�adoption.

Le souvenir constant de ce que l�on �tait avant l�appel divin est le moyen de r�veiller sans cesse le sentiment de la reconnaissance; comparez �ph�siens 2:11 et suivants.

Toute nue� : Image de l��tat d�Isra�l dans la servitude d��gypte.

Les versets 23 � 32 d�peignent les derniers exc�s auxquels Isra�l s�est abandonn�. � mesure que les si�cles avaient march�, son idol�trie s��tait accrue. Ce n��taient pas seulement les faux dieux des peuples voisins, Canan�ens, Syriens (Baal, Astart�.), Ammonites et Moabites (Moloch), qui avaient �t� import�s dans le pays; c��taient aussi ceux des �gyptiens, des Assyriens et des Chald�ens, tellement qu�il ne semblait ne plus y avoir plus y avoir une place propice dans la terre de Juda qui ne fut occup�e par quelque autel idol�tre.

Malheur�, malheur�! Le proph�te, arriv� � la peinture des temps les plus r�cents et des derniers forfaits, s�interrompt par une exclamation d�indignation m�l�e de piti�.

Une vo�te : un �difice vo�t�; probablement un lieu de prostitution qui, conform�ment � l�image employ�e dans tout ce passage, est peut-�tre l�embl�me de ces retraites souterraines o� se pratiquaient en �gypte et en Assyrie certaines c�r�monies myst�rieuses en l�honneur des fausses divinit�s.

Voir J�r�mie, chapitre 44, qui montre avec quelle ardeur dans les derniers temps le peuple et surtout les femmes se livraient aux cultes �gyptiens qui appartenaient au mat�rialisme le plus grossier.

Ta portion assign�e : le bel et grand h�ritage que Dieu avait promis � Isra�l dans la terre de Canaan. Dieu ne lui en a point laiss� la compl�te possession, telle qu�il l�avait eue sous David et Salomon.

Les filles des Philistins : les cinq villes capitales des cinq royaumes dont se composait la conf�d�ration de ce peuple. Sur le r�le des Philistins d�s les temps d�Achaz, voir 2 Chroniques 28:18.

Honteuses� Les Philistins rougissaient de la conduite des Isra�lites; car eux-m�mes s�en tenaient � leurs dieux nationaux. J�r�mie 2:10 et suivants; �z�chiel 5:7.

L�introduction des cultes assyriens datait sans doute de l��poque ou Achaz entra en relations politiques avec Tiglath-Pil�ser, roi de Ninive.

C��tait comme une soif inextinguible, un vertige d�idol�trie qui s��tait empar� de ce peuple.

Exclamation analogue � celle du verset 23; au sentiment de la piti� s�ajoute celui du d�go�t.

L�che. Ce terme exprimerait, d�apr�s les uns, une honteuse impuissance morale; d�apr�s d�autres, l��puisement, r�sultat du vice; ou bien le trouble d�lirant de la passion. Peut-�tre toutes ces nuances sont-elles confondues dans ce terme destin� � justifier le sentiment de d�go�t qui r�gne dans le tableau suivant.

Vo�te; tertre; voir versets 24 et 25, note.

La prostitu�e fait de son genre de vie un m�tier, un moyen de lucre; mais tel n��tait pas le cas d�Isra�l.

Isra�l ressemblait � une femme infid�le qui, jouissant du domicile conjugal et d�un entretien assur�, commet le vice pour le vice, et en ajoutant � l�impudicit� l�adult�re. Et pour comble de honte, cette femme infid�le paie ses complices ! Sens : quoiqu�il poss�d�t le culte du vrai Dieu, Isra�l semblait tourment� par la manie d�y ajouter sans cesse des cultes nouveaux accompagn�s des s�ductions les plus honteuses.

Et cette conduite co�tait cher � Isra�l au lieu de lui rapporter quelque chose ! Quels sacrifices n�avait-il pas � faire pour obtenir l�alliance des grands peuples pa�ens, Assyriens ou �gyptiens, au moyen du laquelle leur idol�trie p�n�trait chez lui ! Comparez 2 Rois 16:7; 2 Rois 16:8.

Tandis qu�Isra�l �tait comme avide de l�assistance des autres peuples et de leurs idoles, les pa�ens ne recherchaient ni son alliance ni son culte, tant il �tait devenu m�prisable � leurs yeux.

Les versets suivants d�crivent le ch�timent de J�rusalem sous l�image de la punition inflig�e chez les Juifs � la femme coupable d�adult�re.

R�capitulation des crimes commis, comme consid�rant de la sentence suivante, verset 37 (voir versets 15 � 24).

Ton airain : expression obscure peut-�tre pour dire : ton avoir, ton argent. Isra�l n�avait plus � la fin que de l�airain � donner.

D�apr�s Nombres 5:18 lorsqu�une femme �tait soup�onn�e d�adult�re, elle �tait amen�e dans le temple (devant l��ternel) et le sacrificateur commen�ait par lui d�couvrir la t�te. C�est � ce traitement humiliant que semble faire allusion le verset 37, lors m�me que dans ce verset il est parl� de la personne tout enti�re. Ses repaires d�idol�trie (chapitre 8) seront d�couverts aux yeux de tous, amis ou ennemis, lorsque les peuples ex�cuteurs du jugement de Dieu d�truiront J�rusalem.

Avec ceux que tu as ha�s : les peuples qui ont pris part � sa ruine ne furent pas seulement ceux dont elle avait cherch� � acheter les bonnes gr�ces, mais aussi ceux qu�Isra�l avait toujours profond�ment d�test�s, comme les Ammonites, les Moabites et surtout les �domites; comparez 2 Rois 24:1-3 et Psaumes 137:7-8.

Je verserai ton sang. Cette expression s�applique et � la peine du meutrier (l��p�e) et � celle de l�adult�re (la lapidation); comparez verset 40. J�rusalem �tait en effet coupable de ce double chef.

Fureur et jalousie : le premier de ces termes porte sur le crime de meurtre; le second sur l�adult�re. Le terme de jalousie, revient plusieurs fois dans l�ordonnance Nombres 5:14-31, relative � la punition de la femme adult�re (l�esprit de jalousie, versets 14 et 30, le g�teau de jalousie, versets 15, 18, 25.)

Description figur�e du sac de J�rusalem.

Te lapideront : on voit par L�vitique 20:2; L�vitique 20:10 que le supplice de la lapidation �tait la peine des adult�res; comparez Jean 8:5-7.

Te perceront de leurs �p�es : Gen�se 9:6 ordonne la peine du glaive pour le crime de meurtre; et Josu� 6:21, pour les habitants d�une ville mise � l�interdit. Isra�l, meutrier des fils de J�hova (verset 21, note), a m�rit� le supplice des Canan�ens. Comparez L�vitique 20:1-5.

Une assembl�e : la r�union des peuples qui assi�geront et d�truiront J�rusalem est compar�e � l�assembl�e solennelle des Isra�lites lapidant un coupable.

Ce jugement s�ex�cutera avec une compl�te publicit�; le monde entier en sera t�moin. Dieu ne m�nagera pas son peuple.

Aux yeux de beaucoup de femmes, c�est-�-dire de beaucoup d�autres nations. Le comble de l�opprobre pour une femme est d�avoir � le subir en pr�sence de ses rivales.

Je ferai cesser� La captivit� d�Isra�l a mis fin � son idol�trie.

Tu ne feras plus de pr�sents : Comment, dans son exil, ach�terait-il encore l�alliance des �trangers ? La promesse et la menace sont r�unies dans cette parole.

Courroux et jalousie : voir verset 38.

Je m�apaiserai. C�est la cons�quence du courroux satisfait. Le compte pr�c�dent est r�gl�. Il y a comme un moment de calme succ�dant � l�orage du ch�timent. Encore ici la promesse commence � se faire jour dans les termes m�mes de la menace.

De plus en plus, vers la fin de la menace, se trahit le r�veil du sentiment de la mis�ricorde.

Parce que tu ne t�es pas souvenue; voir le verset 22.

Tu n�ajouteras plus : on pourrait penser que les �normit�s sont des crimes contre-nature ajout�s aux vices ordinaires et sp�cialement � l�idol�trie (tes abominations); comparez L�vitique 18:17. Cependant il nous para�t plus naturel d�appliquer le terme d�abominations aux vices pr�c�demment �num�r�s, et celui d��normit� � la mani�re audacieuse et impudente en laquelle Isra�l s�y �tait livr�. D�autres traduisent : afin que je n�ajoute pas l��normit� � toutes tes abominations� dans le sens de L�vitique 19:29 o� un p�re est accus� d��normit� s�il tol�re, sans la ch�tier, l�inconduite de sa fille. Mais l�aggravation du crime doit plus naturellement �tre attribu�e � celui qui a commis le crime.

44 et 45

Ta m�re� Votre p�re : La population canan�enne (h�thienne et amorrh�enne), du milieu de laquelle Isra�l sortait en venant en �gypte et dont il avait pris le caract�re et les habitudes (verset 3).

Les s�urs sont les autres populations pa�ennes du voisinage, souvent �num�r�es dans la Gen�se.

�z�chiel accuse les nations d�avoir aussi bien qu�Isra�l, d�sert� leur mari et leurs enfants. Il envisage donc que les pa�ens appartenaient aussi originairement � l��ternel, ce qui assimilait leur infid�lit� � celle d�Isra�l; comparez Romains 3:2; Romains 1:18-25 o� l�origine du paganisme est expliqu�e par une ingratitude et une incr�dulit� volontaires.

De ses enfants�, de leurs enfants. Ce sont les enfants que ces peuples immolaient aux fausses divinit�s; comparez 2 Rois 3:27; 2 Rois 18:8; 2 Rois 18:17.

Samarie et Sodome sont appel�es ici s�urs de J�rusalem, parce qu�elles avaient �t� les capitales de deux districts appartenant au m�me pavs que Juda et qu�elles �taient anim�es du m�me esprit d�idol�trie et de corruption. Samarie est appel�e la grande s�ur, parce que son territoire �tait plus consid�rable que celui de Sodome. Elle est plac�e � la gauche et Sodome � la droite, parce qu�en tournant la face vers l�est, l�habitant de J�rusalem a la Samarie � sa gauche (au nord), la mer Morte � sa droite (au sud).

Leurs filles : les villes de leur ressort.

C��tait trop peu� Combl�e de gr�ces, comme J�rusalem l�avait �t�, c��tait trop peu pour elle, une fois qu�elle se livrait � l�infid�lit�, de p�cher comme Sodome et Samarie; elle devait p�cher davantage ! Plus il y a eu de gr�ces m�pris�es, plus la chute est profonde. De mauvais chr�tiens sont pires que les pa�ens.

48-50

Cette appr�ciation peut �tonner. Mais le proph�te remonte � la cause cach�e du p�ch�. Le p�ch� �tant essentiellement la r�volte �go�ste contre Dieu, sa gravit� r�elle se mesure moins aux actes proprement dits qu�aux dispositions int�rieures qui les produisent et � l��tendue des gr�ces re�ues. Voil� ce qui explique la s�v�rit� de la sentence prononc�e ici sur J�rusalem, quand on compare cette sentence � l�appr�ciation du p�ch� de Sodome. C�est aussi par cette raison qu�en mentionnant les crimes de Sodome, �z�chiel ne s�arr�te point � ceux auxquels le nom de cette ville est rest� attach�, mais aux dispositions orgueilleuses et sensuelles qui en �taient la source. Comparez une appr�ciation analogue dans la bouche du Seigneur Matthieu 11:21-24, parole qui contient sans doute une allusion � notre passage.

Tu as justifi� tes s�urs. L�infid�lit� de J�rusalem, en d�passant celle de ses s�urs, la faisait para�tre moins criminelle et plus pardonnable.

Dont tu as charg� tes s�urs. J�rusalem, malgr� ses abominations, se croyait plus juste que Sodome et Samarie; elle jetait sur elles le m�me regard hautain que le pharisien sur le p�ager, qui �tait pourtant plus pr�s de la justification que lui (Luc 18:14).

53 � 63

Ici commence la troisi�me partie du discours, la promesse. Pour r�soudre les difficult�s qu�elle pr�sente, il faut se rendre compte de la nature du style proph�tique, qui est tout diff�rent du langage ordinaire. Les faits dont parle le proph�te n�ont pas de valeur propre; leur vraie importance est dans la loi du gouvernement divin qu�ils manifestent. C�est ainsi qu��z�chiel peut pr�senter comme un fait r�el le retour mat�riellement irr�alisable des captifs de Sodome. Il veut, en parlant ainsi, illustrer un principe moral en l��non�ant sous une forme aussi conc�te que possible, �trange m�me jusqu�au paradoxe. Aucun morceau des proph�tes ne donne, comme celui-ci, l�occasion d��tudier ce caract�re id�al et profond�ment spirituel du langage proph�tique.

Des habitants de Sodome et des villes environnantes, pas un n�avait surv�cu � la catastrophe. On a donc tent� de rapporter cette promesse aux deux peuples descendant de Lot (les Moabites et les Ammonites). Ce sens est �videmment inadmissible. On a pens�, aussi � la conversion de ces esprits retenus en prison, dont il est parl� 1 Pierre 3:19 et parmi lesquels se trouveraient les habitants des villes de la plaine. Nous pensons plut�t que, dans la pens�e du proph�te, le retour d�Isra�l apr�s la captivit� s�identifie avec le salut, au sens absolu du mot. Quand ce salut se r�alisera sur la terre, les p�cheurs de la nation la plus favoris�e spirituellement, comme Juda, ne devanceront en rien ceux qui paraissaient beaucoup plus corrompus, tels que ceux de Samarie, ni m�me les vicieux les plus d�grad�s, tels que les habitants de Sodome. Chaque jour les exp�riences faites dans l��glise, � l�occasion de la pr�dication du salut, sont la d�monstration de la v�rit� exprim�e, sous cette forme frappante par le proph�te. Comparez Matthieu 21:31; Matthieu 21:32; Luc 7:29; Luc 7:30; Luc 15:1-2. �z�chiel s��l�ve ici au point de vue de la plus pure spiritualit� �vang�lique. Si l�on cherche une explication plus litt�rale encore des expressions employ�es, en particulier de celle-ci : parmi les leurs, il faut se transporter en pens�e au moment de la fondation de l��glise, o� Juifs, Samaritains et pa�ens entraient tous ensemble et � la m�me condition de la foi, dans l�alliance de gr�ce; comparez le chapitre 47 o� �z�chiel, dans le tableau du torrent d�eaux vives sortant du nouveau temple, fait de la mer Morte la figure du monde pa�en; puis Actes 2:41; Actes 8:5-25; Actes 10:34-38, etc.

�tant pour elles une consolation : en ce qu�elles verront, d�une part, que tu as �t� encore plus coupable qu�elles et non moins s�v�rement punie, et, d�autre part, que tu es graci�e aux m�mes conditions qu�elles, sans qu�il reste rien de ces pr�rogatives particuli�res et de cette propre justice dont tu aimais � te glorifier vis-�-vis d�elles.

Encore ici que signifierait le sens litt�ral ? Que faudrait-il entendre � ce point de vue par le premier �tat de Sodome ? Comme, dans la promesse pr�c�dente, le proph�te s��lan�ait en avant vers le jour du salut, dans celle-ci il remonte jusqu�� un �tat id�al de pi�t�, de moralit� et de prosp�rit� ext�rieure qui aurait d� �tre le point de d�part de l�histoire des trois nations, mais qui n�a de r�alit� que dans l��tat primitif de l�humanit� en g�n�ral, ant�rieurement � sa chute. Les racines les plus profondes de toute existence humaine, individuelle ou collective, plongent dans cet �tat primitif o� l�homme vivait encore dans l�union avec Dieu et o� nous ram�ne l��uvre de Christ.

Ta s�ur Sodome n��tait pas nomm�e. Quel Isra�lite aurait autrefois pens� � nommer Sodome comme une s�ur de J�rusalem, soit quant � la corruption, soit quant � la gr�ce ? Pour obtenir un pareil r�sultat, il fallait une r�volution compl�te. J�rusalem devait �tre amen�e � reconna�tre que sa d�gradation �galait pour le moins celle de Sodome. C�est de cette communaut� de mis�re et de honte que devait sortir le sentiment de la fraternit� �vang�lique.

Quand tu fus outrag�e. Le proph�te ne parle pas ici des Assyriens et Babyloniens, les principaux instruments du jugement qui d�voila toute la perversit� de Juda. Il nomme les petits peuples voisins qui furent les t�moins des ch�timents du peuple de Dieu et les aggrav�rent par leur outrages; comparez verset 41 (aux yeux de plusieurs femmes). Pour les Syriens, voir �sa�e 7:1 et suivants. Les inscriptions assyriennes nous appennent que les villes des philistins agrandissaient leur territoire aux d�pens de Juda par la faveur des conqu�rants assyriens.

Le proph�te n�avait pas enti�rement oubli� l��l�ment de la promesse dans les versets pr�c�dents. L�id�e essentielle �tait celle d�une compl�te �galit� dans le salut entre les trois s�urs, J�rusalem, Samarie et Sodome. Il revient plus explicitement � cette partie r�jouissante de son message. Le verset 59 forme la transition. Ce verset signifie : Je commencerai par te faire comme tu m�as fait. C�est la menace de l�exil o� l�alliance para�tra oubli�e de la part de Dieu, comme elle l�avait �t�, du c�t� du peuple.

Et� : Et apr�s cela. Apr�s avoir trait� Isra�l comme Isra�l l�a trait� (oubli de l�alliance), Dieu agira � sa mani�re : Je me souviendrai, moi. Il prendra l�initiative d�une relation toute nouvelle avec J�rusalem.

Dans un sens, cette alliance sera le renouvellement de la premi�re, en ce qu�elle continuera l��uvre commenc�e par celle-ci; dans un autre sens, ce sera une alliance nouvelle; car elle n�aura plus ce caract�re national et par cons�quent temporaire; elle sera universelle (verset 53) et �ternelle; ce qui suppose des bases toutes diff�rentes de celles de l�ancienne.

Quand tu recevras� Les Juifs croyants ont form� le noyau de l��glise auquel ont �t� et sont encore adjoints successivement les croyants des autres peuples. Comparez Romains 11:17-18.

Pour filles. L��glise apostolique de J�rusalem fut la m�tropole des �glises de la gentilit�; Paul n�avait rien de plus press�, apr�s avoir fait une mission, que de rattacher � J�rusalem les troupeaux qu�il avait form�s dans le monde pa�en.

Mais non en vertu� L�alliance particuli�re conclue jadis avec Isra�l ne sera pas le fondement de cette �uvre nouvelle qui embrassera le monde. Le salut offert dans l��conomie nouvelle reposera sur des faits divins tout nouveaux; et les pa�ens entreront dans le royaume de Dieu en vertu d�une autre alliance que celle que Dieu avait conclue sp�cialement avec Isra�l. Cependant J�rusalem aura aussi sa place ans cette alliance future, lors m�me que celle-ci ne sera plus la sienne.

Et de cette situation toute nouvelle r�sultera une profonde humiliation pour Isra�l, non seulement parce qu�il sera trait� sur le m�me pied que tout autre peuple, mais surtout parce que ayant p�ch� plus que tout autre, il sentira mieux aussi que les autres son indignit� et la gratuit� de sa mis�ricorde dont il aura �t� l�objet avec eux.

Quand je ferai expiation. Il s�agit ici du grand acte propitiatoire qui sera le fondement de l�alliance nouvelle, comme l�immolation de l�agneau pascal avait �t� celui de l�alliance th�ocratique.

On a parfois, dans les temps modernes, repr�sent� �z�chiel comme un esprit �troitement l�gal qui a fray� la voie au litt�ralisme sacerdotal dont l�empire s��tablit apr�s le retour de l�exil. Il suffirait de la fin admirable de ce chapitre pour r�futer cette appr�ciation. Le souffle proph�tique n�a dict� � aucun serviteur de Dieu des paroles d�un spiritualisme plus �lev� et plus glorieux.

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