Le premier morceau comprend, d�abord, le tableau de la beaut� et de la puissance de Tyr (versets 2 � 14), puis celui de son immense commerce (versets 12 � 25).
2 � 11
L��tat de Tyr, repr�sent� sous l�image d�un navire merveilleux pour la construction et l�embellissement duquel le monde entier a r�uni tout ce qu�il produit de plus excellent. Cette image d�un navire est emprunt�e � la situation de Tyr, b�tie sur une �le, d�o� elle dominait les mers. Le proph�te y reste fid�le d�un bout � l�autre du morceau, sauf dans quelques traits de d�tail (versets 11 : murailles, tours).
Aux abords de la mer. L��le de Tyr avait deux ports, l�un au nord, du c�t� de Sidon, l�autre au sud, du c�t� de l��gypte; un bras de mer de dix minutes de largeur seulement, la s�parait du continent; il avait deux sorties, au nord et au sud.
Des �les nombreuses : les contr�es riveraines de la M�diterran�e.
Tu as dit. Ce premier mot signale le sentiment d�orgueil qui am�nera la chute de cette reine des mers.
Ton domaine� D�autres peuples r�gnent sur les continents; mais les mers sont le domaine de Tyr.
T�ont construite� ici commence l�all�gorie.
Dans les versets 5 � 7 est d�crite la construction du navire. Et d�abord sa coque : toutes tes parois. Elle est du bois le plus inaccessible aux insectes et � la pourriture, celui du cypr�s de S�nir.
S�nir �tait le nom amorrh�en de l�Anti-Liban, la chaine parall�le au Liban, du c�t� de l�est; il d�signait sp�cialement le Hermon, cette montagne magnifique, le Mont-Blanc de la Palestine, qui termine l�Anti-Liban au sud (Deut�ronome 3:9). On a retrouv� r�cemment ce nom de S�nir dans les inscriptions assyriennes.
Un m�t. Il est fait du bois le plus r�put�, de celui des c�dres du Liban.
Tes rames� Les ch�nes de Basan sont au nombre des arbres les plus robustes (�sa�e 2:13).
Tes bancs : peut-�tre le mot h�breu d�signe-t-il le pont du vaisseau. L�usage d�incruster l�ivoire dans le buis est constat� par Virgile (En�ide : X, 137 : Ebur per artem, inclusum buxo).
Kittim (�sa�e 23:1, �sa�e 23:12) Ce nom d�signe proprement la ville de Cittium, port c�l�bre dans l��le de Chypre, puis l��le de Chypre en g�n�ral (J�r�mie 2:10). On trouve parfois le nom de Cittiens appliqu� aux Mac�doniens et m�me aux Romains.
La voilure et la tenture. La premi�re est faite de ces magnifiques tissus de lin �gyptiens, brod�s de fleurs et de figures de toutes couleurs, qui �taient l�un des produits les plus c�l�bres de l�industrie de ce peuple.
Les tentures qui recouvrent le pont sont teintes en violet et en �carlate. Cette couleur rouge est celle de la pourpre d�Elisa. Elisa �tait l�un des fils de Javan (Gen�se 10:4), l�anc�tre des Grecs. Ce nom d�signe le P�lopon�se (Elide). Le coquillage qui fournissait cette couleur pourpre se recueillait en abondance sur les rivages de la Laconie.
Le proph�te passe � l��quipage du vaisseau. Et d�abord les rameurs; ce sont les habitants d�autres villes ph�niciennes, exerc�s d�s l�enfance � la navigation.
Sidon, plus ancienne que Tyr, �tait maintenant subordonn�e � celle-ci.
Arvad : l��le et la ville d�Aradus, sur les c�tes de la Ph�nicie (aujourd�hui Ruwad, au nord de Tripoli). Strabon dit que les Aradiens passaient de son temps pour les plus excellents marins; ils ont encore aujourd�hui cette r�putation.
Mais tandis que Tyr confiait les rames de ses vaisseaux aux habitants de ces villes vassales, elle se r�servait l�honneur de fournir les pilotes.
Gu�bal : le Byblos des Grecs, c�l�bre par son culte d�Adonis; aujourd�hui Dj�beil, sur la c�te au nord de Beyrout.
Tes radoubeurs : ses habitants �taient d�j� c�l�bres comme charpentiers sous le roi Salomon (Guibelim, 1 Rois 5:18; texte h�breu, verset 32).
Dans la fin du verset, on voit le navire typique abord� par les vaisseaux de tous les autres peuples pour trafiquer avec lui.
10 et 11 Enfin l�arm�e de Tyr, la partie militaire de l��quipage du vaisseau
Pour les guerres ext�rieures et la protection de ses colonies, Tyr poss�dait une arm�e de mercenaires, comme le faisaient aussi les Carthaginois. C��taient des hommes enr�l�s de bien loin. Le terme de Perses : Paras (on les retrouve comme auxiliaires dans l�arm�e de Gog, �z�chiel 38:5), peut difficilement d�signer ici le peuple asiatique ordinairement appel� de ce nom; peut-�tre s�agit-il de la peuplade des Pharousiens, que Pline et Strabon mentionnent comme habitant au nord de l�Afrique; c��taient d�excellents archers. Les deux peuples suivants, Lud et Put habitaient ces m�mes contr�es : Lud ou les Lydiens, non ceux d�Asie-Mineure (Gen�se 10:22), mais un peuple d�origine chamitique; ils servaient aussi comme auxiliaires ans l�arm�e �gyptienne (J�r�mie 46:9; comparez �z�chiel 30:5).
Put ou les Lybiens; ils occupaient la c�te septentrionale de l�Afrique jusqu�� l�Atlas (Gen�se 10:6).
L�usage de suspendre aux murailles et aux tours les boucliers et les casques para�t dater d�j� du temps de Salomon, qui l�avait peut-�tre emprunt� � Hiram, roi de Tyr; comparez 1 Rois 10:16-17; Cantique 4:4. Il existait encore au temps des Maccab�es (1 Maccab�es IV, 57). Il faut se repr�senter les parois du navire symbolique resplendissant au loin de l��clat de ces armes brillantes. Il ressort des d�couvertes de Ninive que l�on d�corait r�ellement de cette mani�re les vaisseaux.
Mais la garde de la ville elle-m�me n��tait confi�e qu�� des troupes indig�nes, � savoir aux fils d�Arvad et aux Tyriens (ton arm�e). Le titre d�hommes vaillants (gammadim) �tait sans doute un nom d�honneur r�serv� � ces troupes d��lite.
12 � 25
On peut faire rentrer le tableau suivant du commerce de Tyr dans l�all�gorie, en le consid�rant comme la description de la cargaison du navire.
Tharsis : l�ancienne colonie tyrienne de Tartessus, au midi de l�Espagne. Ce pays poss�dait de riches mines d�argent et d�autres m�taux (fer, plomb, �tain), comme l�attestent Pline et Diodore; comparez �sa�e 23:1, note; J�r�mie 10:9. Le proph�te part de l�extr�mit� de l�occident; puis il se rapproche de Tyr dans le verset suivant.
Javan : la Gr�ce, avec l�Ionie (en Asie-Mineure); Tubal, les Tibar�niens; M�sec, les Mosques; ces deux derni�res peuplades habitaient � l�angle sud-est de la mer Noire et au sud du Caucase, entre cette mer et la mer Caspienne (Gen�se 10:2).
Des �mes d�hommes. Encore aujourd�hui, c�est de ces derniers pays que l�on tire les plus beaux esclaves, hommes et femmes, pour les cours et les harems de l�Orient. Les Grecs faisaient le commerce des esclaves, particuli�rement des prisonniers de guerre, dont les fournissaient les Ph�niciens (Jo�l 3:6). Les montagnes de la Colchide (Tubal, M�sec) renferment des mines de cuivre in�puisables. On exploitait aussi ce m�tal en Eub�e et en Chypre.
Thogarma : l�Arm�nie (Gen�se 10:3); l�extr�mit� orientale, oppos�e � Tharsis. Ce pays �tait riche en chevaux (Strabon) et en �nes (H�rodote); on devait donc y �lever aussi des mulets. D�ici le proph�te se dirige vers le sud.
D�dan : tribu d�origine chamitique (Gen�se 10:7), �tablie en Arabie sur les bords du golfe Persique et qui entretenait le commerce des caravanes entre les pays de l�oc�an Indien et ceux de la M�diterran�e. Il est probable qu�il faut distinguer ce peuple de celui de m�me nom mentionn� au verset 20, �z�chiel 25:13 et J�r�mie 49:8, et. qui para�t avoir �t� d�origine s�mitique.
Des �les nombreuses. Ce terme d�signe ici les contr�es de l�Arabie, de l�Inde et de l�Afrique, situ�es sur les bords de l�oc�an Indien. De l� on exportait les dents d��l�phant (le naturaliste Pline les appelle cornes, comme, le proph�te, � cause de leur forme) et l��b�ne. Les anciens, dit Pline, tiraient ce bois de l�Inde et de l��thiopie (Abyssinie).
La description revient droit au nord.
Aram. On serait bien tent� d�admettre ici une correction du texte et de lire �dom, puisque les �domites habitaient � l�ouest de la tribu pr�c�dente; ils formeraient ainsi la transition naturelle � Juda et � Damas (versets 17 et 18). Mais le proph�te ne suit pas un ordre g�ographique eux, et les objets de commerce mentionn�s conviennent mieux � la Syrie et � la M�sopotamie, ordinairement d�sign�es par Aram. C��tait de Damas, capitale de la Syrie, que provenaient les tissus les plus c�l�bres, comme l�indiquait (Amos 3:12, texte h�breu) et l�indique encore leur nom. Babylone (sud de la M�sopotamie) �tait le march� le plus riche du monde pour les pierres pr�cieuses et pour les tissus de fin lin teints en pourpre et bigarr�s (comparez Josu� 7:21).
Corail : ou peut-�tre perles.
Le pays de Juda �tait si riche en froment qu�il en fournissait la Ph�nicie (1 Rois 5:11; Actes 12:20). Outre cela, il faisait le commerce entre Tyr et le pays des Ammonites, qui produisait du bl� en abondance (2 Chroniques 27:5). C��tait dans ce dernier pays que se trouvait la ville de Minnith (Juges 11:33), dont le froment avait, para�t-il, une r�putation particuli�re.
Le mot pannag, que nous avons traduit par biscuit, est inconnu; on pourrait y voir le nom d�un pays ou d�une ville (du froment de Minnith et de Pannag). On l�a traduit aussi, d�apr�s un mot aram�en assez semblable, par g�teau, p�tisserie. Enfin, quelques rabbins y ont vu une herbe propre � fabriquer le savon.
Du baume : probablement le produit de l�arbre � baume, qui croissait � J�richo.
Damas: la capitale de la Syrie, situ�e au nord-est de la terre d�Isra�l. � deux lieues au nord de cette ville se trouve la vall�e de Helbon, o� l�on voit encore de fort grandes ruines. Cette vall�e est couverte de vignobles qui produisent le vin le plus exquis de l�Orient. Les rois de Perse, disait-on, ne buvaient que de ce vin-l�.
Laine de Tsachar; d�autres traduisent : laine �blouissante de blancheur.
V�dan et Javan. Ces deux districts ne sont nomm�s nulle part ailleurs dans l�Ancien Testament. On a rapproch�, non sans vraisemblance, le nom de V�dan de celui du port d�Aden, � l�entr�e de la mer Rouge. Javan ne d�signe point ici les Grecs, comme le montrent les mots suivants : de Ouzzal, ajout�s sans doute pour distinguer ce Javan du Javan ordinaire. Ouzzal d�signait primitivement la capitale de l�Arabie heureuse (ou Y�men); cette ville s�est nomm�e plus tard Sana (Gen�se 10:27).
Le fer travaill�. Cette contr�e de l�Arabie fournit encore aujourd�hui les lames d�acier les plus excellentes, au moins aussi appr�ci�es que celles de l�Inde.
La casse (cassia) �tait selon Pline, un arbre croissant en Inde et, appartenant au genre laurier; son �corce int�rieure, quand elle est s�ch�e, a un parfum tr�s doux et une saveur plus forte encore que celle de la cannelle ordinaire. Le roseau odorant est le calmus (acorus calamus) qui cro�t dans les endroits humides en Inde et en Arabie, et qui �tait connu comme l�un des parfums les plus agr�ables (Cantique 4:14; �sa�e 43:24). Tous deux entraient dans la composition de l�huile sainte (Exode 30:23, 24).
L�auteur revient au sud.
D�dan. Il s�agit probablement ici d�une tribu d�origine s�mitique, habitant dans le d�sert plus pr�s d��dom que les D�danites du verset 15; comparez �z�chiel 25:13. C��taient des Arabes b�douins. Les housses orn�es et brod�es sont un des signes distinctifs des chefs orientaux et un grand objet de luxe chez les tribus arabes.
K�dar : tribu arabe descendant d�Isma�l et habitant, comme la pr�c�dente, entre l�Arabie P�tr�e et la Babylonie (�sa�e 21:16, note). Pline les appelle Cedrei. Leur richesse consistait surtout en troupeaux (�sa�e 60:7).
Sch�ba et Raama. On voit par Gen�se 10:7 que c��taient des descendants de Cham; ils habitaient la partie sud-est de l�Arabie, l�Oman.
Une ville de Regma (Raama ?) �tait situ�e au fond d�une baie du golfe Persique. Les contr�es m�ridionales de l�Arabie abondent en pierres pr�cieuses, en or et en arbrisseaux � baume.
Ce verset nous ram�ne au nord, en M�sopotamie. Haran (Carrhae) : ancienne ville de M�sopotamie, au sud d�Edesse (�sa�e 37:12, note); l� mourut Th�rach p�re d�Abraham. C��tait le point de croisement de plusieurs routes de caravanes, allant du sud au nord (le long du Tigre et le long de l�Euphrate) et de l�est � l�ouest.
�den. Ce mot ne s��crit pas comme le nom du paradis; ce n�est pas non plus l��den qui est dans le Liban; c��tait un endroit situ� dans la M�sopotamie (2 Rois 19:12; �sa�e 37:12, note).
Sch�ba. On est �tonn� de retrouver ici le nom d�une contr�e d�Arabie; mais Pline nous apprend que les Sab�ens apportaient eux-m�mes leurs marchandises aux grandes foires annuelles de Haran et passaient de l� jusqu�en Ph�nicie.
Assour ne nous para�t pas pouvoir d�signer ici l�Assyrie; c�est probablement la ville de Sura, aujourd�hui Essurieh, � l�ouest de l�Euphrate, sur la route des caravanes de Palmyre (Tadmor) � Haran.
Kilmad : sans doute la ville de Charmande, dont parle X�nophon comme d�une grande cit� situ�e au-del� de l�Euphrate.
La traduction du nom des objets mentionn�s dans ce verset ne repose pour ainsi dire que sur des conjectures.
Cordes tress�es. On en faisait en Orient d�excellentes avec les fibres des feuilles de palmier ou celles du roseau papyrus.
Ce verset est le sommaire et la cl�ture de toute la description pr�c�dente. Les navires tyriens qui faisaient les voyages de long cours jusque sur les c�tes d�Espagne (vaisseaux de Tharsis), sont compar�s aux caravanes qui transportent les marchandises � travers les d�serts de l�Orient. Les derniers mots : au sein des mers, font ressortir la hardiesse des marins tyriens, qui ne se bornaient pas � la navigation c�ti�re. Ils forment le lien avec le morceau suivant et sont r�p�t�s par cette raison au verset 26.
26 � 36
Le second tableau, celui de la ruine de Tyr. Le navire qui repr�sente la ville et l��tat de Tyr, est surpris par un ouragan au milieu des grosses eaux qu�il a os� affronter, et il sombre soudain avec tout son �quipage et toutes ses richesses. � la vue de ce d�sastre, tous les autres navigateurs saisis de terreur, descendent sur le rivage le plus voisin et prononcent une complainte.
Le vent d�orient. Ce vent souffle d�une mani�re � la fois violente et saccad�e et fait ainsi courir aux navires lanc�s en pleine mer les plus grands dangers. Il repr�sente ici l�invasion subite des hordes sauvages de N�bucadnetsar.
R�capitulation de toute la description pr�c�dente, pour faire contraster encore une fois la grandeur de Tyr avec sa ruine.
L��quipage du navire pousse un cri terrible avant de dispara�tre.
L�effroi fait descendre les marins de leurs navires.
Poussi�re, cendre : signes de deuil (Josu� 7:6; 1 Samuel 4:12; Job 2:12).
Se raseront, se ceindront : voir � �z�chiel 7:18, note.
Tes marchandises sortaient des mers : sur les navires d�o� on les d�chargeait.
Tandis que ceux qui �changeaient leurs produits avec les commer�ants tyriens se d�solent, les rivaux et les concurrents de Tyr se rient de sa chute, comme elle s�est moqu�e de celle de J�rusalem (�z�chiel 36:2).
Trois observations :
Le tableau un peu prolixe, mais si int�ressant, du commerce de Tyr a sa grande �loquence quand on le met en face de la ruine compl�te dont cette ville est menac�e et que nous pouvons constater aujourd�hui apr�s 2500 ans.
Cette description est rendue plus remarquable par le contraste entre l�annonce non adoucie de cette chute et la promesse, plusieurs fois r�p�t�e dans ces morceaux m�mes, de la restauration d�Isra�l : Ils habiteront dans leur pays que j�ai donn� � mon serviteur, � Jacob�z�chiel 28:25.En ce jour-l� je ferai germer la force de la maison d�Isra�l (�z�chiel 29:21).
Le proph�te a certainement compos� ce morceau avant la ruine de Tyr. Car s�il e�t �crit apr�s coup, il n�e�t pas pr�sent� comme une ruine imm�diate et soudaine une d�cadence graduelle qui n�est arriv�e � son terme qu�apr�s une longue suite de si�cles.
versets 1-36
Le premier morceau comprend, d�abord, le tableau de la beaut� et de la puissance de Tyr (versets 2 � 14), puis celui de son immense commerce (versets 12 � 25).
2 � 11
L��tat de Tyr, repr�sent� sous l�image d�un navire merveilleux pour la construction et l�embellissement duquel le monde entier a r�uni tout ce qu�il produit de plus excellent. Cette image d�un navire est emprunt�e � la situation de Tyr, b�tie sur une �le, d�o� elle dominait les mers. Le proph�te y reste fid�le d�un bout � l�autre du morceau, sauf dans quelques traits de d�tail (versets 11 : murailles, tours).
Aux abords de la mer. L��le de Tyr avait deux ports, l�un au nord, du c�t� de Sidon, l�autre au sud, du c�t� de l��gypte; un bras de mer de dix minutes de largeur seulement, la s�parait du continent; il avait deux sorties, au nord et au sud.
Des �les nombreuses : les contr�es riveraines de la M�diterran�e.
Tu as dit. Ce premier mot signale le sentiment d�orgueil qui am�nera la chute de cette reine des mers.
Ton domaine� D�autres peuples r�gnent sur les continents; mais les mers sont le domaine de Tyr.
T�ont construite� ici commence l�all�gorie.
Dans les versets 5 � 7 est d�crite la construction du navire. Et d�abord sa coque : toutes tes parois. Elle est du bois le plus inaccessible aux insectes et � la pourriture, celui du cypr�s de S�nir.
S�nir �tait le nom amorrh�en de l�Anti-Liban, la chaine parall�le au Liban, du c�t� de l�est; il d�signait sp�cialement le Hermon, cette montagne magnifique, le Mont-Blanc de la Palestine, qui termine l�Anti-Liban au sud (Deut�ronome 3:9). On a retrouv� r�cemment ce nom de S�nir dans les inscriptions assyriennes.
Un m�t. Il est fait du bois le plus r�put�, de celui des c�dres du Liban.
Tes rames� Les ch�nes de Basan sont au nombre des arbres les plus robustes (�sa�e 2:13).
Tes bancs : peut-�tre le mot h�breu d�signe-t-il le pont du vaisseau. L�usage d�incruster l�ivoire dans le buis est constat� par Virgile (En�ide : X, 137 : Ebur per artem, inclusum buxo).
Kittim (�sa�e 23:1, �sa�e 23:12) Ce nom d�signe proprement la ville de Cittium, port c�l�bre dans l��le de Chypre, puis l��le de Chypre en g�n�ral (J�r�mie 2:10). On trouve parfois le nom de Cittiens appliqu� aux Mac�doniens et m�me aux Romains.
La voilure et la tenture. La premi�re est faite de ces magnifiques tissus de lin �gyptiens, brod�s de fleurs et de figures de toutes couleurs, qui �taient l�un des produits les plus c�l�bres de l�industrie de ce peuple.
Les tentures qui recouvrent le pont sont teintes en violet et en �carlate. Cette couleur rouge est celle de la pourpre d�Elisa. Elisa �tait l�un des fils de Javan (Gen�se 10:4), l�anc�tre des Grecs. Ce nom d�signe le P�lopon�se (Elide). Le coquillage qui fournissait cette couleur pourpre se recueillait en abondance sur les rivages de la Laconie.
Le proph�te passe � l��quipage du vaisseau. Et d�abord les rameurs; ce sont les habitants d�autres villes ph�niciennes, exerc�s d�s l�enfance � la navigation.
Sidon, plus ancienne que Tyr, �tait maintenant subordonn�e � celle-ci.
Arvad : l��le et la ville d�Aradus, sur les c�tes de la Ph�nicie (aujourd�hui Ruwad, au nord de Tripoli). Strabon dit que les Aradiens passaient de son temps pour les plus excellents marins; ils ont encore aujourd�hui cette r�putation.
Mais tandis que Tyr confiait les rames de ses vaisseaux aux habitants de ces villes vassales, elle se r�servait l�honneur de fournir les pilotes.
Gu�bal : le Byblos des Grecs, c�l�bre par son culte d�Adonis; aujourd�hui Dj�beil, sur la c�te au nord de Beyrout.
Tes radoubeurs : ses habitants �taient d�j� c�l�bres comme charpentiers sous le roi Salomon (Guibelim, 1 Rois 5:18; texte h�breu, verset 32).
Dans la fin du verset, on voit le navire typique abord� par les vaisseaux de tous les autres peuples pour trafiquer avec lui.
10 et 11 Enfin l�arm�e de Tyr, la partie militaire de l��quipage du vaisseau
Pour les guerres ext�rieures et la protection de ses colonies, Tyr poss�dait une arm�e de mercenaires, comme le faisaient aussi les Carthaginois. C��taient des hommes enr�l�s de bien loin. Le terme de Perses : Paras (on les retrouve comme auxiliaires dans l�arm�e de Gog, �z�chiel 38:5), peut difficilement d�signer ici le peuple asiatique ordinairement appel� de ce nom; peut-�tre s�agit-il de la peuplade des Pharousiens, que Pline et Strabon mentionnent comme habitant au nord de l�Afrique; c��taient d�excellents archers. Les deux peuples suivants, Lud et Put habitaient ces m�mes contr�es : Lud ou les Lydiens, non ceux d�Asie-Mineure (Gen�se 10:22), mais un peuple d�origine chamitique; ils servaient aussi comme auxiliaires ans l�arm�e �gyptienne (J�r�mie 46:9; comparez �z�chiel 30:5).
Put ou les Lybiens; ils occupaient la c�te septentrionale de l�Afrique jusqu�� l�Atlas (Gen�se 10:6).
L�usage de suspendre aux murailles et aux tours les boucliers et les casques para�t dater d�j� du temps de Salomon, qui l�avait peut-�tre emprunt� � Hiram, roi de Tyr; comparez 1 Rois 10:16-17; Cantique 4:4. Il existait encore au temps des Maccab�es (1 Maccab�es IV, 57). Il faut se repr�senter les parois du navire symbolique resplendissant au loin de l��clat de ces armes brillantes. Il ressort des d�couvertes de Ninive que l�on d�corait r�ellement de cette mani�re les vaisseaux.
Mais la garde de la ville elle-m�me n��tait confi�e qu�� des troupes indig�nes, � savoir aux fils d�Arvad et aux Tyriens (ton arm�e). Le titre d�hommes vaillants (gammadim) �tait sans doute un nom d�honneur r�serv� � ces troupes d��lite.
12 � 25
On peut faire rentrer le tableau suivant du commerce de Tyr dans l�all�gorie, en le consid�rant comme la description de la cargaison du navire.
Tharsis : l�ancienne colonie tyrienne de Tartessus, au midi de l�Espagne. Ce pays poss�dait de riches mines d�argent et d�autres m�taux (fer, plomb, �tain), comme l�attestent Pline et Diodore; comparez �sa�e 23:1, note; J�r�mie 10:9. Le proph�te part de l�extr�mit� de l�occident; puis il se rapproche de Tyr dans le verset suivant.
Javan : la Gr�ce, avec l�Ionie (en Asie-Mineure); Tubal, les Tibar�niens; M�sec, les Mosques; ces deux derni�res peuplades habitaient � l�angle sud-est de la mer Noire et au sud du Caucase, entre cette mer et la mer Caspienne (Gen�se 10:2).
Des �mes d�hommes. Encore aujourd�hui, c�est de ces derniers pays que l�on tire les plus beaux esclaves, hommes et femmes, pour les cours et les harems de l�Orient. Les Grecs faisaient le commerce des esclaves, particuli�rement des prisonniers de guerre, dont les fournissaient les Ph�niciens (Jo�l 3:6). Les montagnes de la Colchide (Tubal, M�sec) renferment des mines de cuivre in�puisables. On exploitait aussi ce m�tal en Eub�e et en Chypre.
Thogarma : l�Arm�nie (Gen�se 10:3); l�extr�mit� orientale, oppos�e � Tharsis. Ce pays �tait riche en chevaux (Strabon) et en �nes (H�rodote); on devait donc y �lever aussi des mulets. D�ici le proph�te se dirige vers le sud.
D�dan : tribu d�origine chamitique (Gen�se 10:7), �tablie en Arabie sur les bords du golfe Persique et qui entretenait le commerce des caravanes entre les pays de l�oc�an Indien et ceux de la M�diterran�e. Il est probable qu�il faut distinguer ce peuple de celui de m�me nom mentionn� au verset 20, �z�chiel 25:13 et J�r�mie 49:8, et. qui para�t avoir �t� d�origine s�mitique.
Des �les nombreuses. Ce terme d�signe ici les contr�es de l�Arabie, de l�Inde et de l�Afrique, situ�es sur les bords de l�oc�an Indien. De l� on exportait les dents d��l�phant (le naturaliste Pline les appelle cornes, comme, le proph�te, � cause de leur forme) et l��b�ne. Les anciens, dit Pline, tiraient ce bois de l�Inde et de l��thiopie (Abyssinie).
La description revient droit au nord.
Aram. On serait bien tent� d�admettre ici une correction du texte et de lire �dom, puisque les �domites habitaient � l�ouest de la tribu pr�c�dente; ils formeraient ainsi la transition naturelle � Juda et � Damas (versets 17 et 18). Mais le proph�te ne suit pas un ordre g�ographique eux, et les objets de commerce mentionn�s conviennent mieux � la Syrie et � la M�sopotamie, ordinairement d�sign�es par Aram. C��tait de Damas, capitale de la Syrie, que provenaient les tissus les plus c�l�bres, comme l�indiquait (Amos 3:12, texte h�breu) et l�indique encore leur nom. Babylone (sud de la M�sopotamie) �tait le march� le plus riche du monde pour les pierres pr�cieuses et pour les tissus de fin lin teints en pourpre et bigarr�s (comparez Josu� 7:21).
Corail : ou peut-�tre perles.
Le pays de Juda �tait si riche en froment qu�il en fournissait la Ph�nicie (1 Rois 5:11; Actes 12:20). Outre cela, il faisait le commerce entre Tyr et le pays des Ammonites, qui produisait du bl� en abondance (2 Chroniques 27:5). C��tait dans ce dernier pays que se trouvait la ville de Minnith (Juges 11:33), dont le froment avait, para�t-il, une r�putation particuli�re.
Le mot pannag, que nous avons traduit par biscuit, est inconnu; on pourrait y voir le nom d�un pays ou d�une ville (du froment de Minnith et de Pannag). On l�a traduit aussi, d�apr�s un mot aram�en assez semblable, par g�teau, p�tisserie. Enfin, quelques rabbins y ont vu une herbe propre � fabriquer le savon.
Du baume : probablement le produit de l�arbre � baume, qui croissait � J�richo.
Damas: la capitale de la Syrie, situ�e au nord-est de la terre d�Isra�l. � deux lieues au nord de cette ville se trouve la vall�e de Helbon, o� l�on voit encore de fort grandes ruines. Cette vall�e est couverte de vignobles qui produisent le vin le plus exquis de l�Orient. Les rois de Perse, disait-on, ne buvaient que de ce vin-l�.
Laine de Tsachar; d�autres traduisent : laine �blouissante de blancheur.
V�dan et Javan. Ces deux districts ne sont nomm�s nulle part ailleurs dans l�Ancien Testament. On a rapproch�, non sans vraisemblance, le nom de V�dan de celui du port d�Aden, � l�entr�e de la mer Rouge. Javan ne d�signe point ici les Grecs, comme le montrent les mots suivants : de Ouzzal, ajout�s sans doute pour distinguer ce Javan du Javan ordinaire. Ouzzal d�signait primitivement la capitale de l�Arabie heureuse (ou Y�men); cette ville s�est nomm�e plus tard Sana (Gen�se 10:27).
Le fer travaill�. Cette contr�e de l�Arabie fournit encore aujourd�hui les lames d�acier les plus excellentes, au moins aussi appr�ci�es que celles de l�Inde.
La casse (cassia) �tait selon Pline, un arbre croissant en Inde et, appartenant au genre laurier; son �corce int�rieure, quand elle est s�ch�e, a un parfum tr�s doux et une saveur plus forte encore que celle de la cannelle ordinaire. Le roseau odorant est le calmus (acorus calamus) qui cro�t dans les endroits humides en Inde et en Arabie, et qui �tait connu comme l�un des parfums les plus agr�ables (Cantique 4:14; �sa�e 43:24). Tous deux entraient dans la composition de l�huile sainte (Exode 30:23, 24).
L�auteur revient au sud.
D�dan. Il s�agit probablement ici d�une tribu d�origine s�mitique, habitant dans le d�sert plus pr�s d��dom que les D�danites du verset 15; comparez �z�chiel 25:13. C��taient des Arabes b�douins. Les housses orn�es et brod�es sont un des signes distinctifs des chefs orientaux et un grand objet de luxe chez les tribus arabes.
K�dar : tribu arabe descendant d�Isma�l et habitant, comme la pr�c�dente, entre l�Arabie P�tr�e et la Babylonie (�sa�e 21:16, note). Pline les appelle Cedrei. Leur richesse consistait surtout en troupeaux (�sa�e 60:7).
Sch�ba et Raama. On voit par Gen�se 10:7 que c��taient des descendants de Cham; ils habitaient la partie sud-est de l�Arabie, l�Oman.
Une ville de Regma (Raama ?) �tait situ�e au fond d�une baie du golfe Persique. Les contr�es m�ridionales de l�Arabie abondent en pierres pr�cieuses, en or et en arbrisseaux � baume.
Ce verset nous ram�ne au nord, en M�sopotamie. Haran (Carrhae) : ancienne ville de M�sopotamie, au sud d�Edesse (�sa�e 37:12, note); l� mourut Th�rach p�re d�Abraham. C��tait le point de croisement de plusieurs routes de caravanes, allant du sud au nord (le long du Tigre et le long de l�Euphrate) et de l�est � l�ouest.
Cann� : probablement Caln�, pr�s du Tigre (Gen�se 10:10; �sa�e 10:9, note).
�den. Ce mot ne s��crit pas comme le nom du paradis; ce n�est pas non plus l��den qui est dans le Liban; c��tait un endroit situ� dans la M�sopotamie (2 Rois 19:12; �sa�e 37:12, note).
Sch�ba. On est �tonn� de retrouver ici le nom d�une contr�e d�Arabie; mais Pline nous apprend que les Sab�ens apportaient eux-m�mes leurs marchandises aux grandes foires annuelles de Haran et passaient de l� jusqu�en Ph�nicie.
Assour ne nous para�t pas pouvoir d�signer ici l�Assyrie; c�est probablement la ville de Sura, aujourd�hui Essurieh, � l�ouest de l�Euphrate, sur la route des caravanes de Palmyre (Tadmor) � Haran.
Kilmad : sans doute la ville de Charmande, dont parle X�nophon comme d�une grande cit� situ�e au-del� de l�Euphrate.
La traduction du nom des objets mentionn�s dans ce verset ne repose pour ainsi dire que sur des conjectures.
Cordes tress�es. On en faisait en Orient d�excellentes avec les fibres des feuilles de palmier ou celles du roseau papyrus.
Ce verset est le sommaire et la cl�ture de toute la description pr�c�dente. Les navires tyriens qui faisaient les voyages de long cours jusque sur les c�tes d�Espagne (vaisseaux de Tharsis), sont compar�s aux caravanes qui transportent les marchandises � travers les d�serts de l�Orient. Les derniers mots : au sein des mers, font ressortir la hardiesse des marins tyriens, qui ne se bornaient pas � la navigation c�ti�re. Ils forment le lien avec le morceau suivant et sont r�p�t�s par cette raison au verset 26.
26 � 36
Le second tableau, celui de la ruine de Tyr. Le navire qui repr�sente la ville et l��tat de Tyr, est surpris par un ouragan au milieu des grosses eaux qu�il a os� affronter, et il sombre soudain avec tout son �quipage et toutes ses richesses. � la vue de ce d�sastre, tous les autres navigateurs saisis de terreur, descendent sur le rivage le plus voisin et prononcent une complainte.
Le vent d�orient. Ce vent souffle d�une mani�re � la fois violente et saccad�e et fait ainsi courir aux navires lanc�s en pleine mer les plus grands dangers. Il repr�sente ici l�invasion subite des hordes sauvages de N�bucadnetsar.
R�capitulation de toute la description pr�c�dente, pour faire contraster encore une fois la grandeur de Tyr avec sa ruine.
L��quipage du navire pousse un cri terrible avant de dispara�tre.
L�effroi fait descendre les marins de leurs navires.
Poussi�re, cendre : signes de deuil (Josu� 7:6; 1 Samuel 4:12; Job 2:12).
Se raseront, se ceindront : voir � �z�chiel 7:18, note.
Tes marchandises sortaient des mers : sur les navires d�o� on les d�chargeait.
Tandis que ceux qui �changeaient leurs produits avec les commer�ants tyriens se d�solent, les rivaux et les concurrents de Tyr se rient de sa chute, comme elle s�est moqu�e de celle de J�rusalem (�z�chiel 36:2).
Trois observations :