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Saturday, September 28th, 2024
the Week of Proper 20 / Ordinary 25
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versets 1-31
1 � 2 : Le chaos
Ces deux versets indiquent l�acte et l��tat primitifs qui ont servi�de point de d�part � l��uvre ordonnatrice d�o� est tir� l�univers tel que nous le contemplons actuellement.
Il n�y a pas de raisons pour admettre la construction d�apr�s laquelle le verset 1 formerait une proposition subordonn�e, suivie du verset 2 comme parenth�se, et dont la principale se trouverait au verset 3; dans ce sens : Au commencement, quand Dieu cr�a les cieux et la terre (or la terre �tait d�serte et vide�), Dieu dit�
Le style de tout ce document est plus simple, et des faits aussi importants que ceux qui sont mentionn�s au verset 2 ne pourraient �tre mis en parenth�se. Le verset 1 forme donc une proposition ind�pendante.
Le mot Bereschit (Au commencement) n�est pas ici, comme d�ordinaire, suivi d�un compl�ment, parce qu�il d�signe le commencement absolu (comparez Jean 1:1). C�est le commencement du temps, aussi bien que de tous les �tres qui se d�veloppent dans le temps.
Dieu : en h�breu Elohim, nom d�riv� d�une racine arabe, aliah, qui signifie trembler; c�est donc l��tre devant lequel on tremble, l��tre souverainement redoutable. Comparez une expression analogue : la frayeur d�Isaac dans Gen�se 31:42 et 53. Il ne para�t pas y avoir de rapport entre ce nom et celui de El, qui vient de la racine oul, �tre fort. Le nom Elohim est le pluriel de Eloah,�qui se trouve dans certains morceaux po�tiques (Job 12:6; Job 35:10; Habacuc 1:11; Deut�ronome 32:15; Psaumes 50:22) et dans l�h�breu post�rieur (Daniel 11:37-39; 2 Chroniques 32:15; N�h�mie 9:17).
Les p�res de l��glise ont vu dans ce pluriel une allusion � la pluralit� des personnes divines (comparez verset 26) : mais ce mot est emprunt� par l�auteur biblique au langage ordinaire. On pourrait plut�t y voir un vestige du polyth�isme r�gnant ce que confirmeraient deux passages o� ce nom est construit avec le verbe au pluriel (Gen�se 20:13 et Gen�se 35:7). En tous cas, si m�me cette supposition �tait fond�e, le verbe au singulier (bara; cr�a) qui accompagne ici ce sujet, suffirait pour montrer que l�auteur emploie ce terme dans un sens monoth�iste et que, s�il attache encore une valeur au nombre pluriel, il l�applique � la pluralit� des�perfections redoutables de l��tre supr�me. Quant � l�id�e�d�un pluriel de majest�, elle est sans appui dans l�Ancien Testament.
Cr�a. Le mot h�breu bara, que nous traduisons ainsi, signifie primitivement tailler et n�implique pas n�cessairement, comme notre mot cr�er, l�absence de toute mati�re d�j� existante : mais il faut observer que les id�es abstraites ne peuvent �tre �nonc�es dans le langage humain qu�au moyen de termes exprimant des notions sensibles; puis, quand ce verbe d�signe une action exerc�e sur une mati�re existante, il se met � une autre forme (pihel, b�r�)�et a pour sujet un �tre humain et pour r�gime la mati�re m�me sur laquelle le travail s�exerce (Josu� 17:15), tandis que dans la forme employ�e ici (kal) il a toujours pour sujet Dieu et pour r�gime le mot qui d�signe le r�sultat de l�action accomplie (�sa�e 43:1).
Du reste l�h�breu a d�autres expressions pour d�signer l�action de Dieu sur une mati�re existante : asa, faire (versets 7, 16, etc.), jatsar, former (Gen�se 2:7). Sur le rapport entre cr�er et faire, voir encore � Gen�se 2:3. Mis en relation, comme il l�est ici, avec l�id�e de commencement, ce mot ne peut d�signer que la formation m�me de la mati�re; autrement il faudrait admettre que, dans la pens�e de l�auteur, le chaos est apparu de lui-m�me ou qu�il est �ternel, deux suppositions qui seraient �videmment contraires � l�intuition de tout le r�cit.
Les cieux. Le mot h�breu Schama�m provient d�une racine arabe d�signant l��l�vation. Le pluriel fait allusion aux nombreux espaces c�lestes qui se superposent les uns aux autres (Comparez 1 Rois 8:27, les�cieux des cieux; 2 Corinthiens 12:2, le�troisi�me ciel). Il sera parl� dans ce qui suit du ciel des oiseaux et du ciel des astres, au-dessus desquels Dieu habite dans son ciel invisible. Les cieux et la terre : l�univers. Dieu posa la mati�re d�o� l�univers fut ensuite form�.
On pourrait assez naturellement penser que ce premier verset est le titre de�la narration qui va suivre dans ce chapitre. Mais il faudrait dans ce cas donner au mot cr�er les deux sens simultan�s et diff�rents de produire et d�arranger, ce qui n�est pas naturel; et surtout nous voyons imm�diatement apr�s, au verset 2, que la mati�re terrestre existe d�j� r�ellement, puisque l�Esprit de Dieu agit sur elle; le fait de sa cr�ation doit donc �tre renferm� dans le verset 1. Cela s�applique non seulement � la mati�re de la terre, mais aussi � celle des cieux; car l��uvre du quatri�me jour en suppose �galement�l�existence.
Le verset 1 est donc l�indication d�un fait positif qui a pr�c�d� l�organisation progressive de l�univers. Ce fait ne peut �tre que celui par lequel Dieu a pos� la mati�re d�o� sont proc�d�s�les cieux et la terre actuels (voir Gen�se 2:4).
On a suppos� parfois que le verset 1 renfermait l�id�e d�une cr�ation compl�te, achev�e et parfaite, qui aurait �t� d�truite�par un cataclysme r�sultant de la r�volte des anges, et auquel aurait succ�d� le chaos d�crit au verset 2. L��uvre des six jours serait ainsi un travail de restauration, non de cr�ation�proprement dite. On a all�gu� en faveur de cette opinion le terme tohou vabohou du verset 2, qui indiquerait un d�sordre r�sultant d�une destruction, un �tat anormal qui, pense-t-on, ne peut �tre sorti tel quel des mains du Cr�ateur.
Les partisans de cette hypoth�se expliquent ainsi les imperfections du monde actuel, qui seraient les restes de ce bouleversement primitif. Nous ne saurions d�monter l�impossibilit� de cette hypoth�se, mais nous ne croyons pourtant pas que le texte conduise naturellement � une telle id�e; la liaison entre les versets 1 et 2 para�t trop�imm�diate; le sens naturel est : Dieu cr�a, et de cet acte divin sortit l��tat de choses suivant (verset 2). Sur l�argument tir� de tohou vabohou, voir au verset 2.
L�id�e d�un commencement du monde exprim�e par notre verset est pleinement confirm�e par l��tude de la nature, qui prouve qu�il y a eu sur la terre une succession d��tres allant du plus imparfait au plus parfait, et qu�il y a eu m�me une �poque o� aucun �tre organique n�existait. Si le monde n�avait pas eu de commencement, ce progr�s ne serait pas possible. Dans un monde �ternel il n�y aurait pas de succession : l�univers serait achev� aussit�t que commenc�.
La terre. L�auteur isole la terre, comme objet de son r�cit; il n�a pas � s�occuper du reste de l�univers; et s�il parle des cieux au quatri�me jour, ce ne sera encore qu�en rapport avec la terre. On peut se demander s�il se repr�sente la terre chaotique comme une masse enti�rement aqueuse, ou comme une masse aqueuse � sa surface, mais reposant sur un socle solide. Le verset 9 est plut�t en faveur du second sens, et c�est aussi de cette mani�re que le psalmiste para�t avoir compris notre passage (Psaumes 104:6).
D�serte et vide. C�est l� l�indication de la mati�re primitive; en h�breu : tohou vabohou. Le premier de ces mots provient de la racine taha, qui signifie �tre d�sert; il s�emploie, par exemple, pour d�signer une terre ou une ville d�vast�e (Job 12:24; Job 26:7; �sa�e 24:10). Le second, plus rare, vient d�une racine qui signifie �tre vide. Ce second terme sert plut�t � renforcer le premier qu�� exprimer une id�e nouvelle; ils forment en h�breu une locution unique dont le sens est absolument vide. Ces deux mots se trouvent aussi r�unis dans J�r�mie 4:23 pour d�signer un manque absolu d��tres et de lumi�re (retour au chaos), et dans �sa�e 34:11 o� ils sont le pendant l�un de l�autre dans deux propositions parall�les qui expriment une destruction totale.
Cette expression peut d�signer aussi bien une mati�re non encore organis�e qu�un �tat de choses boulevers�. C�est ici l��tat originaire dans lequel aucun �tre particulier ne se distinguait encore dans l�ensemble. Cet �tat n�est pas n�cessairement mauvais ou anormal; il est seulement inf�rieur et susceptible de progr�s : et rien n�emp�che qu�il ne soit sorti comme tel des mains du Cr�ateur.
Couvraient� reposait. On peut traduire d�apr�s les termes h�breux couvrant, reposant, en ce sens que les expressions employ�es indiquent moins des faits nouveaux que deux traits caract�risant l��tat de choses indiqu� plus haut.
Les t�n�bres n�impliquent pas n�cessairement l�id�e de mal (2 Samuel 22:12; Jean 9:4) : c��tait le point de d�part de l��uvre qui devait suivre.
L�ab�me. Ce mot n�est pas pris dans le sens qu�il a fr�quemment, celui d�un vaste espace vide, mais dans celui o� l�on dit l�ab�me en parlant de la mer immense et profonde. Le mot h�breu tehom vient de la racine houm, qui signifie bouillonner en grondant. Ce mot d�signe donc la masse des eaux. Ce qui confirme ce sens du mot tehom, c�est qu�il a pour parall�le dans la phrase suivante le mot les eaux. Mais cette nuit silencieuse n��tait pas celle de la mort; c��tait la nuit f�conde d�o� devait sortir la vie :
L�Esprit de Dieu planait sur cette vaste �tendue d�eau. Le mot rouach, que nous traduisons par esprit, signifie primitivement souffle, vent. On pourrait traduire ici, comme plusieurs commentateurs juifs : un vent puissant. Mais le participe qui suit indique plut�t un �tat de repos et comme une calme incubation.
Reposait. Le terme merach�pheth, que nous traduisons ainsi, d�signe, Deut�ronome 22:11, le mouvement de l�aigle qui �tend ses ailes sur ses petits pour les prot�ger. Ce n�est pas pr�cis�ment l�id�e de couver, mais celle de planer au-dessus, comme la colombe sur la t�te du Sauveur � son bapt�me.
L�Esprit de Dieu est envisag� ici comme le principe de la vie physique et morale qu�il va communiquer au monde. Nous trouvons dans ce verset les deux principes de l��tat primitif : la mati�re (l�ab�me) et la puissance organisatrice ou la force (l�Esprit). Mais de m�me que dans le premier l�auteur a plac� nettement Dieu en dehors et au-dessus du monde, il distingue ici non moins positivement le foyer divin de la vie d�avec la nature elle-m�me, deux choses qu�identifient les autres cosmogonies.
Les eaux. Ce terme sp�cifie ce qui avait �t� exprim� d�une mani�re abstraite par le mot l�ab�me. En raison de ce verset on a attribu� � l�auteur la th�orie neptunienne exclusive, qui fait sortir la terre de l�eau et qui rejette l�id�e de sa formation par le feu. Mais tout ce qui nous est dit sur l��tat ici d�crit, c�est qu�il est ant�rieur � la formation des �tres particuliers. Le fait est que la p�riode ign�e de notre globe a abouti � une p�riode aqueuse, qui a pr�c�d� l�existence actuelle du monde organique.
3-5. Le premier jour
Tandis que dans toutes les autres cosmogonies le monde est une �manation de l��tre ou de la pens�e de la divinit�, dans le r�cit de la Gen�se il est le produit d�un acte de la volont� de Dieu. C�est ce qu�indique l�expression : Dieu dit, qui revient huit fois dans ce morceau.
Comme c�est la parole qui dans l�homme est la manifestation ext�rieure de la volont�, l�auteur de notre r�cit a employ� cette image pour d�finir l�activit� cr�atrice comme un acte de la volont� divine. � cette id�e s�ajoute celle de la facilit� avec laquelle Dieu ex�cute l�acte cr�ateur : Il parle et la chose est, il commande et elle existe, Psaumes 33:9, dans ce m�me psaume, verset 6, la parole est �galement jointe � l�Esprit comme instrument de l��uvre cr�atrice. D�apr�s l�intuition de notre r�cit, l�Esprit de Dieu planant sur la face de l�ab�me sera l�agent tout-puissant qui ex�cutera au fur et � mesure les ordres �nonc�s par la parole cr�atrice.
Que la lumi�re soit. L�auteur ne peut penser � la lumi�re solaire qui ne para�t qu�au quatri�me jour. Cette lumi�re, dont l�apparition succ�de �. l��poque de t�n�bres par laquelle la terre vient de passer, n�est point pr�sent�e d�ailleurs comme provenant d�un corps ext�rieur � la terre. Il s�agit donc d�une lumi�re diffuse avec laquelle les aurores bor�ales pr�sentent peut-�tre une analogie �loign�e. Cette lumi�re �tait une condition de l��uvre qui allait suivre.
Litt�ralement : Et Dieu vit la lumi�re, qu�elle �tait bonne. L�expression : Dieu vit, accentue fortement le caract�re d�ind�pendance de la chose cr��e, non vis-�-vis de la volont� divine, mais vis-�-vis de l��tre divin; la mati�re existe r�ellement, puisqu�elle est l�objet de la perception divine.
Le jugement que Dieu prononce sur le r�sultat de son activit� cr�atrice suppose que la causalit� divine n�est pas seule � produire les �tres qui se succ�dent, mais que les causes secondes ont aussi leur r�le dans cette �uvre. Une fois l��uvre achev�e, Dieu constate que les forces mises en jeu ont bien r�alis� sa pens�e.
�tait bonne. La bont� de cette premi�re �uvre n�est pas de nature morale; elle consiste dans la parfaite adaptation de la lumi�re au but que Dieu se propose d�atteindre par son moyen. Dieu ne prononce pas le m�me jugement sur les t�n�bres, qui ne sont l� que comme condition n�gative des �uvres qui vont s�accomplir tandis que la lumi�re en est un facteur positif.
Et Dieu s�para. Ce que Dieu avait en vue n��tait pas un m�lange de lumi�re et d�obscurit�, qui n�aurait produit qu�un demi-jour permanent. Au lieu de cela, il �tablit une alternance r�guli�re de la lumi�re et de l�obscurit�, qui permette � l�une d��tre pleinement lumi�re et � l�autre d��tre pleinement obscurit�. Zacharie 14:6-7, qui d�crit le moment o� l�ordre de choses actuel est sur le point de faire place � un monde renouvel� par la venue de l��ternel, nous montre le m�lange se substituant � l�alternance : un jour qui n�est ni jour ni nuit, et au soir duquel brille la lumi�re du matin. � cette crise succ�de le temps o� il n�y a plus de nuit et o� la lumi�re seule demeure � toujours (Apocalypse 21:23-25). C�est le terme vers lequel tend la cr�ation, l�antipode du chaos primitif.
Et Dieu appela. Une fois l�alternance de l�obscurit� et de la lumi�re �tablie, Dieu donne un nom � chacun de ces deux espaces de temps, ce qui signifie qu�ils doivent se succ�der d�sormais d�une mani�re r�guli�re et irr�vocable. L�auteur ne veut donc pas dire que Dieu cr�a les mots h�breux jour et nuit, mais qu�il fixa d�une mani�re stable les notions qui en H�breu, sont exprim�es par les mots employ�s ici.
Et il y eut un soir et il y eut un matin. Quelques interpr�tes ont pens� que le soir d�signe ici tout l�espace �clair� qui s�ach�ve avec le soir, et le matin, tout l�espace de temps t�n�breux qui s�ach�ve avec le matin; la journ�e s��tendrait ainsi de matin � matin. Mais il est difficile de comprendre comment le mot soir pourrait d�signer ce que nous appelons le jour, et le mot matin ce que nous appelons la nuit; autant vaudrait dire que le mot la mort peut d�signer la vie, parce que la vie aboutit � la mort. D�ailleurs il est constant que les Juifs faisaient commencer leur jour de vingt-quatre heures entre les deux soirs, c�est-�-dire au moment o� le jour faisait place � la nuit, et que par cons�quent la premi�re moiti� du jour de vingt-quatre heures �tait la nuit et la seconde le jour. D�apr�s cela, nous entendons par le soir la nuit chaotique qui a pr�c�d� l�apparition de la lumi�re, et par le matin l�apparition de la lumi�re avec le jour qui l�a suivie. Quoique cette nuit ne corresponde pas exactement � la notion de soir, puisqu�elle n�a pas �t� pr�c�d�e d�une p�riode �clair�e, elle re�oit cependant ce nom par analogie avec les soirs suivants.
Ces expressions de soir et de matin sont emprunt�es � la m�me image g�n�rale sur laquelle repose toute cette narration, celle d�une semaine de travail humain, o� l��uvre de chaque jour est suivie du repos de la nuit. Appliqu� au travail divin, ce symbole du soir et du matin d�signe � chaque fois le d�veloppement paisible de l��uvre pr�c�dente et le commencement de l��uvre nouvelle.
Ce fut un jour. On peut traduire aussi : Ce fut le premier jour. L�adjectif cardinal �tant souvent pris dans le sens de l�adjectif ordinal quand il s�agit du jour de la semaine ou du mois. L�auteur a-t-il voulu parler d�un jour de vingt-quatre heures ou d�une p�riode d�une dur�e incalculable ?
Il para�t bien en raison des six jours de travail, des six nuits de repos qui les s�parent et du jour de sabbat qui les termine, que l�auteur a eu devant les yeux comme type une semaine de travail humain; mais il ne peut avoir oubli� que l�ouvrier, ici, c�est Dieu m�me, et qu�un tel ouvrier n�a pas besoin de dormir toutes les douze heures, ni de se reposer tous les sept jours; or avec la notion de l�ouvrier grandit n�cessairement celle de jour de travail.
Comme dans la vision proph�tique Daniel voit des semaines qui ne sont pas des semaines de jours, mais des semaines d�ann�es, ainsi, pour l�auteur de la Gen�se, nos jours de vingt-quatre heures ne sont que l�image des grandes journ�es du travail divin. Ces journ�es, dans sa pens�e, ne sauraient �tre �quivalentes aux jours de vingt-quatre heures, d�abord parce que la nuit qui les pr�c�de et qui est pour lui le premier soir est par sa nature m�me d�une dur�e incalculable; ensuite parce que le soleil qui, par son lever et son coucher, d�termine nos nuits et nos jours de douze heures, n�existait pas encore, ou du moins n�exer�ait pas encore son influence p�riodique sur notre terre. Les trois premiers jours �tant par cons�quent ind�pendants de la mesure des vingt-quatre heures, les autres doivent l��tre aussi, puisque la semaine cr�atrice ne peut comprendre que des jours de m�me nature.
Enfin dans ce r�cit m�me (comme dans toute la Bible) le mot jour est employ� d�une mani�re tr�s �lastique; il d�signe : 1er le jour de vingt-quatre heures (verset 14); 2e la partie �clair�e de ce jour, comprenant douze heures (verset 18); 3e toute la p�riode de la cr�ation (Gen�se 2:4).
Nous trouvons de m�me, dans un passage des Nombres 3:1, le terme de jour appliqu� aux six semaines du s�jour de Mo�se sur le Sina�. Un jour peut donc d�signer une dur�e ind�finie ayant pour contenu une �uvre unique.
Nous concluons qu�en employant l�image de la semaine, l�auteur n�a pas �t� dirig� par une id�e de dur�e, mais plut�t par la notion d�une �uvre accomplie graduellement, avec des intervalles de travail et de repos et aboutissant � un �tat stable et permanent qui en est le terme. De plus il est bien manifeste que ce cadre a �t� choisi dans le but de faire ressortir la saintet� du sabbat.
6-8. Le second jour
Une �tendue. Le mot h�breu rakia, de strong>raka, frapper au marteau, �tendre en frappant, d�signe cette �tendue azur�e au-dessus de nos t�tes, que nous appelons le ciel. On a dit souvent, en pressant le sens �tymologique, que l�auteur se repr�sentait cette surface azur�e comme une vo�te solide dans laquelle les astres seraient clou�s. On a tir� cette notion de certaines expressions prises � la lettre chez les �crivains classiques; mais en tout cas ce n��tait pas la pens�e de l�auteur sacr�, car il conna�t les mouvements diff�rents des astres et ne peut par cons�quent se les repr�senter comme clou�s � une m�me vo�te solide (verset 44); et la comparaison de ce terme avec celui de cieux, qui en est donn� comme l��quivalent, montre que l�auteur se repr�sente l��tendue comme les H�breux se repr�sentaient les cieux, c�est-�-dire comme autant d�espaces superpos�s les uns aux autres.
Les expressions qui ont donn� lieu � ce malentendu (Job 26:11; Job 37:18; Amos 9:6; etc.) se trouvent toutes dans des morceaux po�tiques et n�ont pas plus de valeur pour discriminer la nature de l��tendue que lorsque nous parlons par exemple de la vo�te c�leste; qui voudrait conclure de cette expression que nous nous repr�sentons le ciel comme une vo�te solide ? L��tendue dont parle ici l�auteur d�signe donc l�enveloppe atmosph�rique de notre terre.
Entre les eaux. Quelques interpr�tes ont cru devoir donner � ce mot les eaux le sens de fluides gazeux, et l�ont appliqu� � la mati�re dont sont form�s les astres et les n�buleuses. Ce qui pourrait autoriser ce sens : c�est l�expression du verset 7
Les eaux qui sont au-dessus de l��tendue. (des cieux); puis le fait qu�une expression analogue se trouve dans la cosmogonie �gyptienne. Mais les gaz lumineux dont sont form�s les astres pourraient-ils �tre d�sign�s ici du m�me nom que les eaux de la mer terrestre ? Si les eaux d�en-bas sont celles dont sont form�s les oc�ans, les eaux d�en-haut ne peuvent �tre que celles qui sont renferm�es dans les nuages. Sans doute les nuages ne sont pas au-dessus de l�atmosph�re absolument parlant, mais ils flottent en g�n�ral au-dessus du ciel inf�rieur, de la portion de l�atmosph�re qui enveloppe imm�diatement la terre. Comparez versets 20 et Gen�se 7:11.
On peut se repr�senter l��uvre de ce jour de cette mani�re : La terre �tait environn�e d�une atmosph�re �paisse, lourde, qu�un �crivain r�cent a compar�e � une atmosph�re d�usine et de laboratoire enveloppant le globe de ses tourbillons. Le moment arriva o� les substances gazeuses dont elle �tait satur�e se d�pos�rent � l��tat liquide ou solide et o� le globe ne fut plus entour� que de cette enveloppe transparente et l�g�re que nous appelons l�atmosph�re, l�air respirable; c�est l� l��tendue.
Au-dessus de la couche la plus rapproch�e de la terre s��lev�rent des vapeurs plus l�g�res que l�air, qui se condens�rent, en arrivant dans une r�gion plus froide, en dais de nuages environnant le globe (les eaux d�en-haut).
9-13. Le troisi�me jour
9-10
Le premier jour a donn� naissance � la lumi�re vivifiante par la s�paration de la lumi�re et des t�n�bres, le second � l�atmosph�re respirable par la s�paration des eaux d�en-haut et des eaux d�en-bas; dans le troisi�me nous voyons appara�tre le sol habitable par la s�paration de l�eau d�avec la terre. Le r�cit suppose que celle-ci existait d�j� et que l�eau, en se retirant, la laisse appara�tre. Le psalmiste (Psaumes 104:6-8) d�veloppe les intuitions renferm�es dans cette expression abr�g�e.
En un seul lieu : l�Oc�an, qui forme sur la surface du globe une �tendue continue. Que le sec paraisse, litt�ralement : soit vu.
Et Dieu appela. Encore ici ce nom donn� de Dieu implique que la limite entre les deux �l�ments ainsi signal�s ne sera point supprim�e, comme le dit po�tiquement l�auteur du livre de Job 38:8-11 : Quand je dis � la mer : Tu viendras jusqu�ici et tu n�iras pas au-del�.
�tait bon. Les versets suivants, qui d�crivent la cr�ation des plantes, montrent imm�diatement � quoi devait servir ce sol nouvellement apparu.
Versets 11 � 13
La formation des continents remplit la premi�re partie du troisi�me jour; la cr�ation des plantes, qui les rev�tent comme une parure, en remplit la seconde moiti�. C�est ici le point culminant de la premi�re partie de la semaine cr�atrice : c��tait � ce r�sultat que tendaient les �uvres pr�c�dentes, car la force organique est au-dessus de la mati�re brute.
L�apparition de ce premier �tre organis� est attribu�e � la puissance divine, Dieu dit, mais aussi � la terre, dont Dieu se sert pour produire cet �tre nouveau, que la terre fasse pousser. Dieu montre ainsi qu�il a dou� la nature d�une force qui lui appartient d�sormais en propre, et qui est comme l�avant-coureur de la libert� chez l�homme.
L�expression employ�e implique aussi que les plantes ne sont pas apparues toutes form�es, mais ont pass� de l��tat de germes � celui de plantes d�velopp�es. Les v�g�taux cr��s sont divis�s en trois classes :
La premi�re est simplement nomm�e; la seconde est caract�ris�e par les mots : portant semence; la troisi�me est d�sign�e comme portant fruit, et renfermant semence.
L�auteur parle �videmment des plantes telles qu�elles apparaissent au premier regard, sans se pr�occuper de les classer scientifiquement; de l� vient qu�il ne parle pas de semence dans la premi�re cat�gorie. Cette premi�re classe sert de nourriture aux animaux, la seconde en partie aux animaux (verset 30), en partie � l�homme (verset 29), et la troisi�me plus sp�cialement � l�homme (verset 29).
Portant semence, produisant du fruit. Encore ici nous voyons la cr�ature dou�e d�une force qui lui appartiendra en propre : Dieu cr�e les plantes capables de se reproduire par elles-m�mes.
Selon leur esp�ce. Ces mots ne sont appliqu�s qu�� la seconde et � la troisi�me cat�gorie de plantes, sans doute parce que l�herbe des prairies ne forme qu�une seule masse dans laquelle la diff�rence des esp�ces ne frappe pas au premier coup d��il.
L�auteur, en parlant d�esp�ces, part de l��tat de choses qu�il a sous les yeux, cet �tat de choses a pour caract�re la fixit� des esp�ces avec leurs formes plus ou moins invariables et h�r�ditaires. Si m�me on admettait que cette multitude de types sont provenus d�une cellule unique, il faudrait toujours reconna�tre que cette cellule poss�dait la pr�disposition �, se d�velopper en types permanents et tels que nous les contemplons actuellement dans la nature, et par cons�quent que cet �tat de choses exprime la volont� primitive du Cr�ateur.
Il va sans dire qu�en s�exprimant comme il le fait, l�auteur ne parle pas de toutes les esp�ces que la science botanique a cru pourvoir d�signer de ce nom; des types primitifs peu nombreux ont pu se multiplier ind�finiment.
Que cela �tait bon. C�est la seconde fois que Dieu prononce ce jugement dans cette troisi�me journ�e : le sol cultivable �tait bon en tant que base de tout travail humain et en tant que condition n�cessaire de l�existence des plantes; les plantes sont bonnes en tant que condition de toute vie animale : ce sont en effet les plantes qui tirent du sol les mati�res inorganiques et les transforment en mati�res organiques, seule forme sous laquelle elles puissent servir � l�entretien de la vie animale.
Le r�gne v�g�tal poss�de en outre des vertus de toutes sortes pour gu�rir, v�tir, r�jouir l�homme. Il renferme sans doute aussi des plantes v�n�neuses, mais elles ont �galement leur utilit�.
Dieu ne donne pas de noms aux plantes, ni m�me � la plante, comme plus tard il ne donne de noms ni aux astres ni aux animaux; il laisse aux hommes le soin de le faire, ne d�signant lui-m�me par un nom que les principes constitutifs du monde (versets, 5, 8 et 10).
Ce tableau du troisi�me jour, qui pr�sente la cr�ation v�g�tale comme ant�rieure � toute cr�ation animale, para�t �tre en d�saccord avec les d�couvertes scientifiques, qui prouvent que l�animalit� a exist� dans le sein des mers ant�rieurement � toute v�g�tation terrestre. Mais le r�cit de la cr�ation ne fait ressortir que les traits les plus saillants du d�veloppement de la terre, qui ont achemin�, comme des jalons, l�apparition de l�homme.
En parlant des plantes, l�auteur ne fait que mentionner ici leur riche et puissante apparition sur la terre; or, il est certain qu�un immense d�veloppement de v�g�tation a eu lieu dans les premiers �ges du globe; nous en poss�dons la preuve dans les formations de houille qui se trouvent dans les profondeurs de la terre. Il n�y a donc pas contradiction entre le grand fait que l�auteur signale comme ayant form� la cl�ture de la premi�re moiti� du travail cr�ateur et ce que la science actuelle peut constater. Mais ce qui est bien remarquable, c�est que l�auteur place ici ce d�veloppement v�g�tal primitif avant le jour o� selon lui, le soleil a commenc� � �clairer la terre. Il savait pourtant, aussi bien que nous par l�exp�rience journali�re combien l�action du soleil est n�cessaire pour la croissance des plantes. Il faut qu�il se soit repr�sent� la lumi�re du premier jour comme pouvant remplacer dans ce but celle du soleil, et nos connaissances actuelles ne d�mentent point cette id�e, car il est �tabli qu�il y a d�autres lumi�res que celle du soleil, la lumi�re �lectrique par exemple, qui suffisent � faire cro�tre la plante.
Il faut remarquer aussi que la v�g�tation colossale des terrains houillers n�a point encore ces vives couleurs qui ne peuvent proc�der que de la lumi�re solaire. Comme l�a dit un savant, en contemplant cette v�g�tation on reconna�t que le grand peintre de la nature n�avait point encore promen� ses pinceaux sur notre terre.
14-19 Le quatri�me jour
Ici commence la seconde moiti� de la semaine cr�atrice. Elle correspond exactement � la premi�re; celle-ci a racont� la formation des �l�ments du monde, la gen�se des pr�paratifs, comme on l�a dit; la seconde nous montre la formation des corps constitu�s ou organis�s qui s�y rattachent :
Premier jour, la lumi�re : quatri�me jour, les corps lumineux
Second jour, l�eau et l�air : cinqui�me jour, les poissons et les oiseaux
Troisi�me jour : le sol sixi�me jour, les animaux terrestres.
L�homme, dans la seconde partie du sixi�me jour, correspond � la plante dans la seconde partie du troisi�me, comme couronnement de la seconde moiti� de l��uvre et de l��uvre tout enti�re.
Qu�il y ait des luminaires. La pr�sence et l�action de la lumi�re sont d�sormais rattach�es � l�apparition des corps c�lestes, qui lui servent comme de foyers. On pourrait donner � l�ordre de Dieu le sens affaibli : Que les astres paraissent comme luminaires, en supposant qu�ils existaient d�j� et que c�est � ce moment seulement qu�ils ont pu luire sur la terre, l�enveloppe de nuages qui entourait celle-ci s��tant dissip�e.
Sans envisager ce sens comme impossible, nous ne pensons pas qu�il corresponde exactement � la force de l�expression du verset 16 : Dieu fit les deux grands luminaires. D�apr�s ce terme fit, l�auteur para�t r�ellement penser que c�est � ce jour-l� qu�ont �t� form�s les astres. Mais comment admettre que la formation de la terre ait pr�c�d� celle du soleil et des �toiles ?
On croit surprendre ici notre r�cit en flagrant d�lit d�erreur. Cependant il faut se rappeler qu�au verset 1 il a d�j� �t� parl� de la cr�ation des cieux, et nous avons reconnu que ce verset n��tait pas un simple titre, mais indiquait un fait. L�auteur suppose donc que le d�veloppement des cieux a march� parall�lement � celui de la terre et que c�est au moment marqu� par le quatri�me jour dans la formation de celle-ci que l�organisation actuelle des cieux a atteint son terme, et qu�en particulier l�apparition de la lumi�re est devenue d�pendante de celle du soleil et des astres.
Un savant, qui n�est nullement pr�occup� de justifier le r�cit de la Gen�se, s�exprime ainsi : Le soleil n��tait pas encore parvenu � la p�riode astrale qui lui donnera le disque lumineux, net et d�fini, sous lequel nous le connaissons � notre �poque� Deux cents fois plus large en diam�tre qu�il n�est aujourd�hui, il �tait peu lumineux; mais insensiblement, de si�cle en si�cle, il inaugurera son r�le d�astre illuminateur.
Comme l�a dit aussi un illustre physicien, le soleil remplit d�s ce moment � l��gard de l��ther, dont les vibrations constituent la lumi�re, le r�le de l�archet � l��gard de la corde sonore.
Dans l��tendue des cieux. Il est ais� de se convaincre par cette expression que l�auteur ne songe point � donner au mot �tendue le sens d�une vo�te solide : comment dans ce cas les luminaires pourraient-ils avoir chacun un mouvement distinct dans cette �tendue, comme le prouvent leurs r�les respectifs et diff�rents � l��gard de la terre ?
Pour s�parer le jour et la nuit. L�auteur, mettant les jours et les nuits de douze heures en rapport avec le mouvement des astres, ne peut, sans contradiction avec lui-m�me, avoir attribu� aux jours et aux nuits pr�c�dents cette dur�e de douze heures.
Et qu�ils servent de signes. Non pas de signes pour distinguer les �poques, les jours et les ann�es, comme on pourrait le croire d�apr�s les traductions ordinaires, mais, d�apr�s l�h�breu, de signes absolument parlant. Ce terme convient surtout aux �toiles, dont la position sert � orienter le voyageur dans le d�sert ou sur mer.
Qu�ils fassent les �poques. Le mot h�breu signifie un moment fix� � l�avance et s�applique surtout aux f�tes solennelles. Il sert probablement � d�signer ici les mois et les semaines, qui sont fix�s d�apr�s le cours de la lune, et d�o� d�pendent les temps de f�te.
Les jours et ann�es enfin, se rapportent au r�le du soleil.
On a vu dans cette relation d�utilit� �tablie par le r�cit entre les mondes qui peuplent l�univers et notre petite terre une preuve de l�horizon �troit dans lequel �tait enferm�e la pens�e de l�auteur. Mais avait-il donc � sp�culer sur le but que peuvent avoir, en vue de l�univers, les astres qui nous �clairent ? N��tait-ce pas de la terre uniquement qu�il s�agissait dans sa pens�e, et en vue d�elle seule qu�il avait � parler de ces astres ?
On peut m�me dire que cette relation d�utilit� qu�il fait ressortir se lie �troitement � son point de vue monoth�iste. Il montre par l� que les astres, ador�s par tous les peuples voisins des Juifs, sont de simples cr�atures au service de l�homme, et non des puissances que l�homme doive servir.
Les deux grands luminaires. Cette �pith�te leur est donn�e uniquement au point de vue de l�apparence sensible, l�auteur ne s�occupant nullement de ce qui en est au fond.
Dominer : r�gler le nombre, le cours et la dur�e.
Que cela �tait bon, r�pondant au but que Dieu s��tait propos� en vue de l�homme.
20-23. Le cinqui�me jour
Comme le second jour comprenait la formation de l�eau et de l�air, le cinqui�me donne naissance � deux esp�ces d��tres. C�est ici dans le r�cit le commencement de la vie proprement dite, et l�auteur marque cette entr�e d�un facteur tout nouveau dans l�existence en reprenant le terme de cr�er, (bara, verset 24) qu�il avait employ� en commen�ant.
C�est que la mati�re ne peut produire les ph�nom�nes vitaux; elle n�est, comme on l�a dit, que le subsbstratum de la vie, lui donnant uniquement ses conditions de manifestation. La vie est donc une nouvelle communication de Dieu � la nature.
La science objectera sans doute que des animaux existaient d�s longtemps simultan�ment avec les plantes; mais, comme nous l�avons d�j� dit, l�auteur �crit, non en savant, mais pour ainsi dire en spectateur. C�est � cet instant seulement que la vie animale appara�t � ses yeux comme trait saillant et dominant dans le d�veloppement de la terre.
S�il place actuellement la cr�ation des poissons et des oiseaux, c�est que dans tout son r�cit, aussi bien sans doute que dans la r�alit� des faits, le mouvement va des �tres inf�rieurs aux �tres sup�rieurs.
D��tres anim�s. Le terme h�breu signifie litt�ralement d��mes vivantes. L��me est le souffle de vie qui anime l�organisme physique et le fait mouvoir. Les �mes sont diversement dou�es, mais ce terme d�signe le caract�re commun � tous les �tres vivants, depuis l�animal le plus inf�rieur jusqu�� l�homme, qui est aussi appel� �me vivante (Gen�se 2:7).
Sur la face de l��tendue des cieux. En volant, les oiseaux se d�tachent sur le fond bleu du ciel.
Les grandes b�tes aquatiques : les monstres marins. Le nom h�breu d�signe parfois le serpent, d�autres fois le crocodile ou les c�tac�s; ce sont sans doute ces deux derni�res classes qui sont d�sign�es ici, le serpent ou reptile, n�apparaissant qu�au sixi�me jour (verset 24).
� ces grands animaux, le r�cit joint toute la multitude des animaux marins en ajoutant le terme selon leur esp�ce, qu�il applique aussi apr�s cela aux oiseaux. Sur ce terme, voir verset 12.
Que cela �tait bon. Nous r�p�tons ici ce que nous avons dit d�j�, c�est que le bien moral n�a pas de place dans ce domaine et ne para�tra qu�avec l�homme. Le terme de bon s�applique donc � la convenance parfaite de ces �tres comme jalons pour arriver au terme final de la nature.
Dieu les b�nit. Ce terme exprime � la fois une communication de force et une promesse pour l�avenir. Dieu semble se r�jouir de cette abondance de vie qui va d�sormais enrichir la terre. Mais sa b�n�diction ne peut se d�ployer envers des animaux que sous la forme inf�rieure de la multiplication de l�esp�ce.
Cette b�n�diction n�avait pas �t� prononc�e sur la plante, parce qu'elle poss�dait en elle-m�me la facult� de se reproduire, tandis que pour la reproduction de nouveaux �tres vivants il faut cette action vivifiante que renferme la b�n�diction divine.
La formule : Et cela fut, n�est pas r�p�t�e, peut-�tre parce que la b�n�diction prononc�e ne sera r�alis�e que progressivement dans la suite des temps. Les d�couvertes g�ologiques prouvent sans doute que d�s les premiers temps de la formation de la cro�te terrestre les eaux furent habit�es par des multitudes d�animaux, mais elles n�en placent pas moins � une �poque post�rieure, qui a pr�c�d� l�apparition des grands animaux terrestres et de l�homme, l�av�nement des monstres marins qui, pendant un temps, peupl�rent les mers, et dont les derniers repr�sentants (crocodiles, requins) existent encore aujourd�hui. C�est � peu pr�s � la m�me �poque que l�on voit appara�tre les premiers �tres frayant la voie � la classe des oiseaux.
24-31. Le sixi�me jour
La cr�ation des animaux terrestres est plac�e la derni�re, ces �tres �tant les plus rapproch�s de l�homme; et l�une des plus grandes hardiesses de notre r�cit est sans doute d�avoir plac� celle de l�homme dans la m�me journ�e que celle de ces �tres si inf�rieurs � lui, et de telle sorte que son apparition soit comme une partie de celle du r�gne animal. De cette disposition ressortent avec force et la bassesse et la grandeur de l�homme.
En plein accord avec notre r�cit, qui place l�apparition de l�homme le m�me jour que les animaux terrestres, les d�couvertes r�centes prouvent qu�il a v�cu simultan�ment avec les grands quadrup�des dont l�apparition avait pr�c�d� sa venue.
24-25. Cr�ation des animaux terrestres
24. Que la terre fasse sortir. Cette expression, qui avait �t� employ�e par rapport aux plantes, repara�t ici appliqu�e aux animaux terrestres. Elle indique que c�est par l�interm�diaire de la terre et avec sa coop�ration qu�ils arrivent � l�existence et, de plus, qu�ils sont appel�s � vivre � sa surface et comme hors d�elle.
Rien de semblable n�avait �t� dit des animaux marins et a�riens, parce que la mati�re de leur corps est tout � fait h�t�rog�ne � celle de l�eau et de l�air, et qu�ils vivent plong�s dans ces �l�ments.
Ils sont d�abord indiqu�s d�une mani�re g�n�rale �tres anim�s (voir au verset 20), puis divis�s en trois classes, les deux premi�res bien d�termin�es, la troisi�me tout � fait g�n�rale.
Le b�tail. Le mot h�breu d�signe le mutisme et s�applique le plus souvent aux animaux domestiques, qui diff�rent de l�homme, avec lequel ils vivent, par la privation du langage. C�est le mot employ� dans le quatri�me commandement (ton b�tail). Il peut bien d�signer parfois les grands quadrup�des en g�n�ral, mais le sens restreint r�sulte ici de l�opposition au troisi�me terme.
Les reptiles : sp�cialement les serpents, qui forment un genre tout � fait � part, aussi bien que les animaux domestiques.
Les animaux terrestres : tout ce qui reste en dehors de ces deux classes, en particulier ce que nous appelons les animaux sauvages.
Selon leur esp�ce. Cette d�termination se rapporte aux trois classes. Voir au verset 12.
Les �tudes actuelles prouvent que l�apparition des premiers grands mammif�res a co�ncid� avec le grand d�veloppement de la classe des serpents.
Et Dieu fit� L�ordre est ici renvers� d�abord la classe la plus g�n�rale, puis plus sp�cialement les deux qui ont un caract�re particulier, il n�est pas dit que Dieu b�nit les animaux terrestres comme il avait b�ni les poissons et les oiseaux et comme il b�nira l�homme. C�est probablement parce que leur b�n�diction est implicitement renferm�e dans celle de l�homme comme chef des �tres qui partagent avec lui le s�jour de la terre.
26-27. Cr�ation de l�homme.
26. Et Dieu dit. Dans toutes les cr�ations pr�c�dentes la parole divine est adress�e � l��tre lui-m�me qui doit para�tre ou � l��l�ment d�o� il doit sortir; ici Dieu se parle � lui-m�me. Ce n�est pas un simple appel, c�est une d�cision prise int�rieurement, qui pr�c�de l�ex�cution.
Il y a dans cette forme une solennit� motiv�e par le fait que l��uvre arrive � son terme et que l��tre qui va para�tre appartient � une �conomie sup�rieure.
Faisons. Le Talmud et plusieurs interpr�tes juifs pensent que Dieu s�adresse aux anges. Mais les anges n�ont pas particip� aux actes cr�ateurs. Les P�res voient dans ce pluriel un indice de la Trinit� chr�tienne. C�est d�passer l�horizon du livre que nous expliquons. Plusieurs commentateurs modernes trouvent dans ce terme un pluriel de majest�, comme celui qu�emploient les souverains dans les allocutions � leur peuple : Nous�, savoir faisons. Mais cet usage est inconnu dans l��criture et dans la Gen�se en particulier. Voir la mani�re dont parle Pharaon, chapitre 41, versets 41 � 44.
Il y a ici comme un retour � la forme plurielle du nom Elohim. Mais il ne suffit pas pour expliquer ce fait de rappeler la richesse des perfections divines, car ces perfections ne peuvent �tre personnifi�es comme se parlant les unes aux autres. Le sens le plus simple serait que Dieu se parle � lui-m�me, ce qui en effet ne peut se faire � l�imp�ratif qu�en employant la premi�re personne du pluriel. Mais cette explication ne suffit pas pour rendre compte du mot notre deux fois r�p�t� dans les mots suivants, et il nous para�t que l�explication seule naturelle, en tant que ressortant du livre lui-m�me, c�est d�appliquer cette premi�re personne du pluriel � l��ternel et � son instrument dans toutes ses �uvres accomplies dans le monde visible, l�Ange de l��ternel, dont il est parl� plusieurs fois dans le livre de la Gen�se et quelquefois dans les autres livres de l�Ancien Testament. Voir � Gen�se 31:47.
Cet �tre myst�rieux est constamment envisag� � la fois comme un avec l��ternel et comme distinct de lui. Comme agent de l��ternel dans ses manifestations visibles, il est tout naturellement appel� � prendre part � la cr�ation de l�homme. C�est la m�me pens�e que saint Jean exprime dans ces mots : Au commencement �tait la Parole�; toutes choses ont �t� faites par elle.
L�homme. Le mot Adam d�signe ici l�esp�ce tout enti�re comme renferm�e dans son premier repr�sentant. L�origine de ce nom est expliqu�e de diff�rentes mani�res. La plupart le mettent en rapport avec le substantif adama (le sol), mot que l�on fait d�river soit de ad�m, �tre rouge, soit d�une racine arabe qui signifie joindre, en ce sens que la superficie du sol forme une couverture �troitement unie au corps de la terre.
Dans le premier cas, L�homme serait appel� ainsi � cause de la couleur de son corps; dans le second, en tant que tir� du sol qui recouvre la terre. Dans les deux cas, ce mot rappelle son humble origine, ce qui est conforme � l�esprit des H�breux, d�apr�s lequel le plus �lev� des �tres terrestres n�est que poussi�re en face de Dieu. Comparez Gen�se 3:19.
� notre image, selon notre ressemblance. Litt�ralement : Selon notre image, comme une ressemblance (un portrait) de nous. Le premier terme (ts�lem) signifie proprement ombre, d�o� contour, esquisse; il d�signe plut�t le mod�le, tandis que le second para�t plut�t d�signer la copie.
La r�union de ces deux termes accentue � la fois la ressemblance (� l�image) et la diff�rence (un portrait) : Au verset 27, le mot image est seul relev�. Voir au verset 3 pour le changement des pr�positions.
Le pluriel notre prouve que l�homme est dans cette relation avec les deux �tres divins renferm�s dans le sujet de faisons.
Plusieurs ont trouv� l�explication de l�image de Dieu chez l�homme dans les paroles suivantes, o� l�homme est install� comme souverain de la terre et par l� comme d�positaire ici-bas de la souverainet� divine.
Mais cette relation de l�homme avec la terre n�est que l�effet de sa relation avec Dieu exprim�e par le mot : � notre image, et ne peut servir � expliquer cette relation elle-m�me. D�autres ont pens� � la majest� empreinte sur la figure et dans toute la forme de la personne humaine. Mais le corps de l�homme est ce par quoi il diff�re de Dieu plut�t que ce par quoi il lui ressemble.
Le trait de beaut� physique qui distingue l�homme est un effet de sa ressemblance morale avec Dieu. C�est �videmment dans celle-ci qu�il faut chercher la vraie notion de l�image de Dieu dans l�homme. Elle consiste dans la possession de la personnalit�, privil�ge qui a pour essence la volont� libre, disposant d�elle-m�me, et qui suppose � la fois l�intelligence capable de distinguer les partis � prendre, et le sens moral, indicateur de celui qu�il faut choisir. C�est par l� que l�homme peut arriver � la saintet�, l�identit� avec le bien, qui est le trait fondamental de l�essence divine.
Cette image, l�homme ne l�a pas perdue par le p�ch�, car m�me dans son �tat de chute il reste toujours une personnalit� libre, capable d�aspirer au bien; comparez Gen�se 5:1; Gen�se 9:6; 1 Corinthiens 11:7; Jacques 3:9. Mais elle a �t� alt�r�e en ce sens qu�un penchant oppos� � l�amour du bien s�impose � l�homme comme une puissance qui le domine; voil� pourquoi saint Paul dit (�ph�siens 4:24) que le fid�le est renouvel� selon l�image de celui qui l�a cr��; sa volont� libre tend de nouveau au bien.
De ce caract�re de personnalit� libre et intelligente accord� � l�homme r�sultent et la noblesse imposante de sa figure et la domination qu�il exerce sur les animaux et sur le monde.
Qu�ils dominent. Dieu voit d�j� dans l�individu toute la race; de l� ce pluriel. L�homme dominera aussi bien sur l��uvre du cinqui�me que sur celle du sixi�me jour.
Sur toute la terre. C�est ici une expression abr�g�e pour dire : tous les animaux de la terre. On a suppos� que le mot : les animaux, avait �t� omis par une erreur de copiste, mais d�j� les traducteurs alexandrins ne le lisaient pas dans leur texte. C�est cette parole de la Gen�se qui a inspir� le psalmiste dans l�hymne du Psaume 8; comparez versets 7 � 9.
Et Dieu cr�a. Le mot cr�er revient ici pour la troisi�me fois. Il avait �t� employ� d�abord pour d�signer la cr�ation de la mati�re (verset 1), puis celle de la vie (verset 24); il est r�p�t� ici pour d�signer l�origine de la libert�. L�apparition de l��tre, l�apparition de l��tre vivant et l�apparition de l��tre vivant et libre, sont en effet les trois stages marquants dans le d�veloppement du monde, les trois commencements compl�tement nouveaux, dont les deux derniers rompent radicalement avec l��volution ant�rieure, et qui exigent une communication nouvelle provenant d�une source sup�rieure (l�Esprit divin, verset 2).
Le mot cr�a est employ� trois fois dans ce seul verset, parce que c�est ici la communication supr�me venant d�en-haut. La premi�re fois le verbe est � l�imparfait (h�breu), cr�a; les deux autres fois il est au parfait, a cr��, pour indiquer que l��tat ainsi inaugur� demeure.
Les trois propositions ont la solennit� du rythme po�tique. On peut supposer que c�est ici une r�flexion de l�auteur sur la gravit� du fait racont� : Oui, il l�a cr�� On sent en tout cas, par la r�p�tition, que l�auteur est �mu de la grandeur du fait qu�il exprime : Voil� enfin l��tre capable de repr�senter l�auteur invisible de toute cette �uvre, de conna�tre sa pens�e et de r�aliser sa volont� !
Dans la premi�re proposition, le mot saillant est cr�a; dans la seconde, c�est le r�gime : � l�image de Dieu; dans la troisi�me, l�auteur fait ressortir la distinction des sexes.
Nous voyons par cette derni�re proposition que la femme est cr��e � l�image de Dieu aussi bien que l�homme; c�est sans doute gr�ce � cette id�e que la femme occupait en Isra�l une position beaucoup plus �lev�e que chez les peuples voisins. Dans toute la Bible, la m�re est consid�r�e comme devant �tre respect�e par les enfants � l��gal du p�re. Comparez Exode 20:12; L�vitique 19:3.
L�auteur fait ressortir la distinction des sexes, non en ce sens que le premier homme les aurait r�unis tous deux en sa personne et qu�ils n�auraient �t� s�par�s que plus tard, comme on se l�est souvent figur�, mais comme ayant exist� d�s l�abord dans deux personnalit�s distinctes, car il dit : Il les cr�a, et non il le cr�a. Voir � 2.18 et suivants.
Cette expression, du reste, comme le passage tout entier, suppose la cr�ation d�un seul couple; c�est de ce fait que J�sus tire la loi de la monogamie (Matthieu 19:4) et saint Paul l�id�e de l�unit� physique et spirituelle de la race humaine (Actes 17:26). Sur l�unit� et l�origine de l�humanit�, voir � Gen�se 2:7.
28-30. Installation de l�homme comme roi de la cr�ation
28. Comme les animaux � leur premi�re apparition ont re�u une b�n�diction (verset 22), il en est de m�me de l�homme. Mais cette b�n�diction ne porte pas seulement sur l�augmentation de la famille et du peuple, qui est toujours consid�r�e dans l�Ancien Testament comme l�un des plus grands bienfaits temporels; � cette premi�re faveur de la f�condit�, que l�homme partage avec les animaux, s�en ajoute une seconde qui lui est propre : la souverainet� sur tous les autres habitants de la terre. Cette souverainet� est pour le moment toute pacifique; plus tard, apr�s le d�luge (Gen�se 9:2), elle se r�alisera par la force.
Il est manifeste que le troisi�me terme : tout animal qui se meut sur la terre, comprend les trois classes cr��es au sixi�me jour, comme ayant, en opposition aux oiseaux et aux poissons, ce caract�re commun d�habiter la terre avec homme.
Versets 29 � 30
Ces versets se rapportent � la nourriture de l�homme et des animaux apr�s la cr�ation et la propagation, l�alimentation.
Plusieurs interpr�tes ont vu dans ces paroles une limitation des pr�c�dentes, comme si Dieu voulait dire � l�homme qu�il lui donne la domination sur les animaux, mais que cette domination ne va pas jusqu�� lui conf�rer le droit de les mettre � mort pour les faire servir � son alimentation.
Mais les premi�res paroles du verset 29 : Et Dieu dit, s�parent bien nettement ces deux versets de tout ce qui pr�c�de et en font un morceau existant pour lui-m�me. C�est donc une autorisation plut�t qu�une limitation. Dieu autorise l�homme � se nourrir des plantes, qu�il a cr��es pour lui au troisi�me jour, et lui indique la partie du r�gne v�g�tal qui est abandonn�e aux animaux.
Le but de Dieu en cr�ant les plantes avait �t� de les faire servir � la nourriture de l�homme et des animaux; de l� le parfait : Je vous ai donn�, c�est-�-dire : Je les ai faites (au troisi�me jour) pour vous les donner (au sixi�me).
29. Dieu donne � l�homme les deux derni�res esp�ces de plantes mentionn�es au verset 11, c�est-�-dire les l�gumes et les c�r�ales, puis les fruits. On peut conclure de l� que, durant les premiers temps de son existence, l�homme ne devait pas, dans le dessein de Dieu, se nourrir de viande.
Peut-�tre la chute et l�expulsion du paradis ont-elles amen� un changement dans son mode d�existence. Quoi qu�il en soit, Dieu ne donne express�ment � l�homme la permission de se nourrir de viande qu�apr�s la r�volution du d�luge (Gen�se 9:3). Les deux passages Gen�se 3:21 et Gen�se 4:4 ne prouvent pas n�cessairement le contraire, car rien ne dit que la chair des animaux dont les peaux servirent � faire des v�tements pour Adam et �ve ait �t� mang�e, et les victimes d�Abel furent sans doute br�l�es enti�rement, comme les holocaustes.
L�exp�rience de plusieurs peuples prouve que l�homme peut vivre sans viande, et l�anatomie elle-m�me constate que la m�choire et le tube digestif de l�homme (comme du singe) sont constitu�s en vue d�une alimentation frugivore.
Partie du r�gne v�g�tal assign�e aux animaux
Les poissons sont omis comme vivant dans l�eau, et le b�tail n�est pas nomm�, probablement parce qu�il est compris dans l�expression tout animal de la terre. Dieu donne aux animaux toute herbe verte, litt�ralement toute verdure d�herbe, c�est-�-dire les parties vertes des plantes. Ce terme comprend les deux premi�res classes renferm�es au verset 11 : le gazon et les l�gumes.
On pourrait assez naturellement penser que par l� toute nourriture animale est exclue pour les animaux eux-m�mes. Mais le texte ne le dit pas express�ment, et le sens de l�expression peut �tre d�termin� simplement par l�opposition � la nourriture de l�homme : � l�homme les fruits, le bl�, les l�gumes; aux animaux les l�gumes et le gazon. Ces mots d�terminent la destination des plantes relativement aux deux classes d��tres vivants, mais ils ne disent rien sur les rapports des animaux entre eux.
Puis c�est pour l�homme que Dieu parle, et non pour les animaux; parler de la chair comme nourriture des animaux, soit pour l�autoriser, soit pour l�interdire, aurait donc �t� pour l�auteur sortir de son sujet.
Si l�on pensait au contraire que le r�cit a pour but d�exclure chez les animaux eux-m�mes la nourriture animale, alors il y aurait ici un conflit difficilement conciliable avec la science, qui prouve qu�il y a des animaux carnivores de nature et que longtemps avant l�apparition de l�homme les animaux se d�truisaient entre eux.
Ce verset cl�t le r�cit de l��uvre du sixi�me jour et des six jours. Et Dieu vit. Cette expression est tir�e de l�image de l�ouvrier qui, en contemplant son �uvre, se r�jouit de la voir de tous points r�pondant � sa pens�e.
C��tait tr�s bon. C�est ici la septi�me fois qu�intervient le jugement de Dieu sur son �uvre : nous le trouvons une fois au premier jour, deux fois au troisi�me, une fois au quatri�me, une fois au cinqui�me et deux fois au sixi�me; l�auteur l�a omis au second pour la raison indiqu�e plus haut et peut �tre aussi pour arriver au nombre sept, qui d�signe la perfection.
Maintenant que l��uvre cr�atrice est arriv�e � son terme et que l�homme, but de la cr�ation, a enfin paru, Dieu en contemplant son �uvre, dont toutes les parties correspondent parfaitement les unes aux autres et sont admirablement encha�n�es, de mani�re � tendre toutes au m�me but, peut affirmer non plus seulement que son �uvre est bonne, mais qu�elle est tr�s bonne.
Le mot bon s�applique � chaque �tre selon son esp�ce � la nature et aux animaux en tant qu�appropri�s � l�usage de l�homme, et � l�homme en tant qu�apte � la communion avec Dieu. Mais ce n��tait qu�une bont� initiale, un point de d�part parfaitement appropri� au d�veloppement qui allait commencer et au terme glorieux auquel il devait conduire.
On objectera peut-�tre qu�il y a dans la cr�ation une quantit� d��l�ments nuisibles qui ne peuvent pas �tre appel�s bons, puisqu�ils ne servent pas au bien de l�homme. Mais rappelons-nous que Dieu conduit l�homme � son bien r�el et d�finitif en faisant son �ducation par des dispensations quelque fois s�v�res; toutes ces choses qui paraissent mauvaises en elles-m�mes et dans leurs r�sultats imm�diats peuvent donc devenir bonnes par leur r�sultat d�finitif, le bien moral de l�homme.
Le but de l�auteur, on d�clarant que tout �tait tr�s bon, est �videmment d�affirmer que Dieu n�est pas l�auteur du mal, et de rejeter sur un autre la responsabilit� de l�introduction du p�ch� dans le monde.