Bible Commentaries
Habakuk 2

Bible annotéeBible annotée

versets 1-20

Il faut admettre, entre la question de Habacuc 1:17 et les paroles de Habacuc 2:1, une pause plus on moins longue. Apr�s avoir pos� sa question � Dieu, le proph�te s�encourage, dans le monologue du verset 1, � attendre la r�ponse d�en-haut, r�ponse qu�il se repr�sente sous la forme d�une remontrance, motiv�e par les plaintes qui se sont �chapp�es de ses l�vres au chapitre 1.

Ces expressions : me tenir � mon poste, me placer sur un lieu �lev�, ne doivent pas �tre prises au sens propre, comme si c��tait en un lieu �lev� et isol� que le poph�te e�t l�habitude de recevoir les r�v�lations divines; elles ont un sens figur� et spirituel, comme dans �sa�e 21:6. Ce passage d�Habakuk est un de ceux qui font le mieux comprendre l��tat dans lequel se trouve le proph�te de l��ternel au moment o� il va communiquer avec Dieu. Les images employ�es ici expriment un �tat conscient et voulu du proph�te, la pr�paration spirituelle n�cessaire pour comprendre la parole divine, le recueillement de l��me, l�isolement � l��cart des bruits et des pr�occupations ext�rieures.

Les tables, dont il est ici question, sont sans doute des tableaux de bois ou de pierre sur lesquels le proph�te devra graver soigneusement les paroles de l�oracle et qu�il exposera ensuite aux yeux du peuple, afin que tous en puissent prendre connaissance. Le mot employ� (luchoth) rappelle les tables de la loi (Exode 34:28). L�intention de l�ordre donn� au proph�te est �vidente : il faut que la promesse divine soit connue de chacun, pour qu�elle ne s�alt�re ni ne se perde, et qu�elle puisse, pendant les jours de l��preuve, entretenir dans les c�urs le courage et l�espoir.

Ce verset donne la raison de cet ordre. La pr�diction se rapporte � un temps fix� par Dieu pour son accomplissement, et qui est encore �loign�; elle a h�te d�arriver � son terme, qui est la fin des temps, les temps messianiques, s�il s�agit de sa compl�te r�alisation (Daniel 8:17-19; Daniel 11:35). Les expressions du proph�te personnifient la proph�tie et la repr�sentent comme anim�e du d�sir vivant de s�accomplir.

Si elle tarde. La foi � la parole qui va suivre, doit inspirer au fid�le la pers�v�rance n�cessaire pendant tout cet intervalle.

Ces paroles constituent l�oracle que le proph�te doit graver sur les tables; elles forment, en se rattachant � la fois � ce qui pr�c�de et � ce qui suit, le vrai centre de toute la proph�tie d�Habakuk. Si l�oracle qui commen�ait aussi par un Voici, Habacuc 1:6, �tait, pour Isra�l, plein de menaces, celui-ci est, pour le peuple de Dieu, rempli de promesses. On pourrait peut-�tre voir, dans ce verset 4, un contraste �tabli par l��ternel entre deux Isra�lites quelconques, dont l�un, rempli d�orgueil, oublie les promesses de l��ternel et quitte la voie droite pour suivre son propre c�ur, et dont l�autre demeure, au contraire, assur� en la parole divine et attend patiemment la r�alisation de cet oracle qui ne manquera pas. Mais il est beaucoup plus conforme � ce qui pr�c�de et � ce qui suit, de penser que la premi�re partie du verset d�signe le Chald�en (dont il va �tre exclusivement question � partir du verset suivant), tandis que la deuxi�me moiti� d�signe les justes d�entre le peuple de Juda, auxquels Dieu fait la promesse de la vie, parce qu�ils auront gard� au travers des �preuves la foi en l��ternel et la confiance dans ses paroles.

Il n�est pas dans le droit chemin, et par cons�quent p�rira.

Par sa foi. Le mot que nous traduisons par foi signifie fermet� et d�signe soit la fermet� de Dieu, c�est-�-dire la fermet� de ses promesses (Deut�ronome 32:4; Psaumes 89:34), soit la fermet� propre � l�homme, c�est-�-dire l��tat de celui qui s�attache � Dieu avec une ferme assurance, qui se repose sur lui comme sur un ferme fondement (comparez Psaumes 37:3; J�r�mie 5:3; J�r�mie 5:7). La foi, dont parle Habakuk, est celle que poss�de d�s maintenant tout Isra�lite fid�le � la loi de J�hova, et qu�il manifestera en attendant avec pers�v�rance l�accomplissement de la promesse, si tardif qu�il puisse �tre.

Saint Paul, en citant cette parole dont il a fait le texte de sa conception �vang�lique de la justification par la foi, dans les deux passages fondamentaux Romains 1:17 et Galates 3:11, retranche le pronom sa, de mani�re � prendre la notion de foi dans le sens absolu de la foi en g�n�ral; il fait sans doute d�pendre, tout comme Habakuk, les mots par la foi, non du mot le juste, mais du verbe vivra. Sa pens�e est que c�est en rendant le p�cheur juste que la foi le fait vivre, et cela est conforme au sens de la parole d�Habakuk, puisque le pieux Isra�lite n�a le caract�re de juste qu�en vertu de sa foi en J�hova. Les LXX paraissent avoir lu ma fidelit� : �mounathi au lieu d��mounatho, entendant par l� soit la fid�lit� de Dieu � ses promesses, soit la foi dont Dieu est l�objet.

Vivra. Comme l�expression : n�est pas dans le droit chemin, r�unit la ruine temporelle et la condamnation divine, de m�me dans le mot vivra se r�unissent les deux id�es de b�n�diction divine et de d�livrance temporelle et �ternelle.

Ce verset se rattache au premier membre du verset 4, dont il d�veloppe la pens�e en l�appliquant plus directement au Chald�en. Le vin est trompeur, perfide, puisqu�au lieu de donner la force et la vie � ceux qui s�y adonnent, il leur apporte la ruine (Proverbes 23:31-32). Nous savons par les �crivains anciens (H�rodote, Quinte-Curce, etc.) que les Babyloniens �taient tr�s adonn�s au vin, et ce fut, en effet, au moment m�me o� Belsatsar se livrait � tous les exc�s de son intemp�rance que Babylone tomba aux mains de Cyrus (Daniel chapitre 5).

6 � 20

Ces versets d�crivent la ruine du Chald�en dans un chant de menaces mis dans la bouche des nations et compos� de cinq strophes dont chacune comprend trois versets.

  1. Le Chald�en est d�sign� comme un conqu�rant avide et pillard, versets 6 � 8
  2. comme un chef orgueilleux de dynastie, versets 9 � 11
  3. comme un souverain cruel, abusant du travail et des forces des peuples vaincus, versets 12 � 14
  4. comme se r�jouissant de l�opprobre d�autrui, versets 15 � 17
  5. comme idol�tre, versets 18 � 20.

Tandis que les quatre premi�res strophes d�veloppent cette pens�e : le Chald�en est un tyran, un oppresseur des peuples, la cinqui�me et derni�re rel�ve le p�ch� capital du souverain ennemi, repr�sentant de la nation enti�re, son idol�trie, comme cause principale de sa ruine � venir.

Gages : Les biens que le Chald�en a acquis par la violence sont repr�sent�s comme des gages illicites que, semblable � un usurier sans entrailles, il a arrach�s aux peuples et qu�il devra restituer en son temps.

Ceux qui te mordront : ceux qui te feront restituer le fruit de tes exactions, ces gages dont tu t��tais jadis charg�. Le mot employ� ici et qui signifie en h�breu mordre : naschak, rappelle le terme qui signifie usure : n�schek.

Ne se l�veront-ils pas� ? Ces nations opprim�es et qui semblaient an�anties, surgiront de nouveau pour tirer vengeance de leur oppresseur.

Tout ce qui reste de peuples. Tout ce qui a surv�cu aux ravages commis par le Chald�en.

La terre n�est pas la Terre Sainte, mais la terre en g�n�ral; le Chald�en est pareillement appel� dans J�r�mie 50:23 un marteau de toute la terre; J�r�mie 51:7; J�r�mie 51:25, une coupe d�enivrement, un destructeur de toute la terre.

� cette soif de pillage se rattache naturellement une ambition effr�n�e, qui le pousse � rechercher la domination �ternelle et la stabilit� de sa dynastie.

Placer son nid bien haut, c�est l�image d�un empire fermement �tabli et assur� contre toute attaque. On pourrait penser ici aux constructions �lev�es par N�bucadnetsar pour fortifier Babylone, ainsi qu�� son ch�teau royal.

Ce verset indique le r�sultat, de ces gains iniques.

Tu as d�lib�r� Les d�lib�rations par lesquelles tu m�ditais la destruction des peuples, n�ont fait que pr�parer ta propre ruine.

La pierre, la poutre. M�me les mat�riaux inertes de ses constructions, qu�il a amass�s par ses rapines, prendront une voix pour protester contre la tyrannie du Chald�en. Comparez Luc 19:10.

Ce troisi�me Malheur ! se rapporte aux villes que le Chald�en construit avec les sueurs et le sang des peuples conquis; comparez J�r�mie 22:13.

Les peuples, les nations : ce sont les peuples assujettis par le Chald�en et condamn�s par lui aux p�nibles travaux de ses grandioses constructions. Ce travail, cependant, sera vain, car un jour l�incendie d�truira ces b�timents �lev�s au prix de tant d�efforts. L�histoire nous montre, en effet, les souverains de Babylone, depuis N�bucadnetsar � Belsatsar, constamment occup�s � de grandes constructions, et les d�tails que nous fournissent � ce sujet les historiens (B�rose, H�rodote) et les inscriptions cun�iformes, sont pleinement, d�accord avec les donn�es de la proph�tie (voir J�r�mie 51:58).

Ce r�sultat final, c�est-�-dire tout ce travail des peuples aboutissant � la destruction et au n�ant, est voulu de Dieu, car la terre doit un jour �tre remplie de la gloire de l��ternel (voir �sa�e 11:9, dont notre passage semble �tre la reproduction). Mais pour que ce glorieux avenir se r�alise, il faut que, l��ternel ait tir� vengeance des puissances terrestres qui s�opposent � ses desseins, et, par cons�quent, que l�empire chald�en ait �t� renvers�; il faut que la manifestation du jugement de l��ternel sur ses ennemis pr�c�de celle de sa gloire sur toute la terre.

Ce verset est donc tout � la fois une promesse pour Isra�l et une menace pour les Chald�ens.

Cruaut� du Chald�en � l��gard des peuples vaincus. La description des versets 15 et 16 est figur�e, et l�image est emprunt�e � ce qui se passe dans la vie ordinaire, lorsqu�on verse � boire � quelqu�un jusqu�� l�enivrer pour exercer ensuite sur lui toute sa m�chancet� et se r�jouir de sa honte.

L�impuissance d�un homme ivre gisant par terre, est l�image de la d�faite d�un peuple vaincu (Nahum 3:11) et la nudit� d�couverte est l�image du d�shonneur qui l�atteint (Nahum 3:5; �sa�e 47:3).

Cette all�gorie qui repr�sente la d�faite et la suj�tion des peuples sous l�image d�une coupe de col�re qu�on leur fait boire, se rapporte � la ruse et � l�astuce gr�ce auxquelles il les attirait dans son alliance pour les d�shonorer ensuite. Cette honte retombera sur lui-m�me.

Tu es rassasi� d�opprobre : de l�opprobre dont tu as abreuv� les peuples et qui, retombant sur toi, fera dispara�tre la gloire.

La violence faite au Liban. Il ne s�agit pas seulement ici du Liban au sens propre, et encore moins de la Terre Sainte en g�n�ral repr�sent�e par la montagne du Liban. Le discours conserve, d�apr�s ce qui pr�c�de, le caract�re all�gorique, et signifie que les ravages du Chald�en se sont port�s non pas seulement contre les hommes, mais encore contre la nature. Apr�s avoir massacr� les hommes, le Chald�en tuait sans piti� les animaux et ravageait les contr�es. Comparez �sa�e 14:8.

18 � 20 l�idol�trie, le p�ch� contre Dieu

Au lieu de commencer, comme les strophes pr�c�dentes, par le mot Malheur ! celle-ci l�introduit au moyen d�un verset, qui la rattache � la pr�c�dente par cette pens�e pr�paratoire : Le Chald�en, dans le jugement qui va fondre sur lui, ne doit compter sur aucun secours de la part de ses faux dieux.

L�idole est appel�e ici docteur mensonger, en raison des oracles qu�elle est cens�e rendre et qui �garent ceux qui les suivent. Comparez le verset 19. C�est l�oppos� du Dieu de v�rit� dont les r�v�lations conduisent s�rement ceux qui s�y confient.

Comparez le passage �sa�e 44:9-20, o� la m�me id�e est d�velopp�e au long.

Aux idoles muettes et sans vie est oppos� l��ternel, le Dieu vivant qui tr�ne dans son saint temple. Ce n�est pas son sanctuaire terrestre de J�rusalem, en g�n�ral, Habakuk ne pr�sente pas le cachet local, national, c�est plut�t le sanctuaire c�leste, le ciel comme le tr�ne de la majest� divine (�sa�e 6:1-5; �sa�e 66:1; Mich�e 1:2). C�est de l� que Dieu appara�tra lorsqu�il viendra juger le monde et manifester sa gloire sur la terre en d�truisant les puissances terrestres qui se sont �lev�es contre lui. � cause de cela, tous les habitants de la terre doivent se soumettre � lui et contempler son jugement.

Silence. C�est le silence de la crainte et de l�adoration dans l�attente de l�apparition divine et du jugement non seulement de Juda, puis des Chald�ens, mais de toutes les puissances terrestres en g�n�ral, qu�annonce ce livre.

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Informations bibliographiques
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