Bible Commentaries
Ésaïe 23

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versets 1-18

Soyez muets. Ces mots s�adressent aux objets imm�diats de la catastrophe, les habitants de l��le; car cette �le est Tyr elle-m�me. La ville de Tyr se composait de deux parties : l�ancienne ville, situ�e sur le continent et appel�e Pal�tyrus; et la nouvelle, b�tie sur une petite �le, � un kilom�tre environ de la c�te. Cette derni�re �tait le si�ge du commerce tyrien; elle poss�dait deux ports, les meilleurs de la c�te de Syrie. Lorsqu�Alexandre, ma�tre d�j� des villes du littoral, assi�gea la nouvelle Tyr, il combla, au moyen d�une chauss�e, le canal qui la s�parait du continent. L��le est ainsi devenue une presqu��le; son extr�mit� est occup�e aujourd�hui par la petite ville de S�r (5000 habitants environ).

Sidon : ville ph�nicienne de la plus haute antiquit�, mentionn�e d�j� dans le Pentateuque (Gen�se 10:15) et souvent dans Hom�re, tandis qu�il n�y est pas encore parl� de Tyr. Sidon est appel�e la grande Josu� 11:8; aujourd�hui son nom est Sa�da; c�est une ville d�environ 10 000 �mes, situ�e sur la c�te, � trente kilom�tres au nord de Tyr. La nouvelle et peut-�tre l�ancienne Tyr elle-m�me �tait une colonie de Sidon.

Le bl� du Nil. Le bl� de l��gypte est appel� ainsi parce que ce pays devait au Nil son extr�me fertilit� (Gen�se 41:57; Gen�se 42:4 et suivants). L��gypte �tait le grenier du monde ancien, les Ph�niciens soutinrent avec elle, d�s les temps les plus recul�s, des relations de commerce tr�s �troites. Voir, sur le commerce de Tyr, �z�chiel 27.

Sidon, l�antique m�tropole de la Ph�nicie, est humili�e du d�sastre de l�une de ses filles (Tyr). Le commerce de l�une des deux villes ne pouvait �tre ruin� sans que celui de l�autre n�en souffrit.

La mer aussi est dans le deuil; car Tyr est comme sa fille; b�tie au sein de la mer, elle lui doit sa prosp�rit�.

La citadelle de la mer : Tyr, qui se croyait, imprenable dans son �le. Comparez �z�chiel 26:17.

� parl� Tyr est tellement priv�e de ses enfants, qu�elle parle comme si elle n�en avait jamais eu.

6 � 9

La cit�, fi�re de sa haute antiquit� et de ses colonies lointaines, et dont les marchands �galaient des princes, n�est plus. Cette ruine est l��uvre de Dieu.

Passez � Tarsis. Tout ce qui n�a pas p�ri � Tyr, doit chercher un refuge dans les colonies. Lors du si�ge de Tyr par Alexandre, les Tyriens firent passer � Carthage, la principale de leurs colonies, les vieillards, les femmes et les enfants.

Cit� joyeuse. Comparez �z�chiel 26:13.

Aux jours anciens. Les pr�tres de Tyr lui donnaient, au temps d�H�rodote, 2300 ans d�existence. C��tait, d�apr�s Strabon, la plus ancienne des villes de Ph�nicie, Sidon except�e.

Que ses pieds portaient au loin� Autant son origine remontait haut dans le temps, autant son empire s��tendait loin dans l�espace. Les pieds sont le symbole du mouvement.

Qui donnait des couronnes. Les colonies de Tyr �taient gouvern�es par des princes d�pendants de la m�tropole (Psaumes 72:10). Comparez �sa�e 2:10-12.

10 � 14 les colonies recouvrent leur ind�pendance, tandis que Tyr est renvers�e par les Chald�ens

R�pands-toi dans ton pays, comme le Nil. Les habitants de la colonie de Tarsis (la fille de Tarsis, comparez �sa�e 1:8, note) qui ont jusqu�ici exploit� les produits de leur pays pour le compte de Tyr, pourront d�sormais le poss�der et le parcourir librement, comme se r�pand le Nil quand il d�borde sur toute l��gypte (Amos 8:8).

Tu n�as plus de cha�nes. La colonie est �mancip�e; elle prend le rang de cit� ind�pendante.

Il : l��ternel.

� �tendu sa main sur la mer : pour frapper la forteresse de la mer. Comparez Exode 14:21.

Les royaumes, celui d��gypte, par exemple (verset 5), comprennent, en voyant le sort de Tyr, celui qui les attend eux-m�mes.

Canaan. Comparez Gen�se 10:19. Ce terme d�signait non seulement le pays occup� par les Isra�lites, mais aussi la Ph�nicie. Les Juifs appelaient ordinairement les Ph�niciens Canan�ens, nom qui signifie marchands. Le jugement qui frappe Tyr s��tend � toute la Ph�nicie.

Fille de Sidon. La population de Sidon vaincue est compar�e � une vierge d�shonor�e.

Passe � Kittim. Comme Tyr a fui � Tarsis (verset 6), Sidon devra se r�fugier en Chypre. Mais l� m�me les fugitifs ne trouvent pas le repos : la colonie �mancip�e refuse de les accueillir. Les colonies ph�niciennes supportaient impatiemment le joug de leurs m�tropoles. Peu de temps avant le si�ge de Tyr par Salmanasar, le roi Elul�us avait d� r�primer une r�volte des Cypriotes.

Le texte h�breu de ce verset est obscur. Il nous para�t que le proph�te y annonce la destruction de Ninive par les Chald�ens. Cet �v�nement devait �tre pour Tyr le pr�sage du sort qui l�attendait.

Ce peuple qui n��tait pas. Cette expression, appliqu�e aux Chald�ens, est embarrassante; car leur empire est plus ancien m�me que celui de Ninive. Elle s�explique sans doute par le fait qu�au temps d��sa�e la Chald�e ne formait pas un empire ind�pendant; elle �tait divis�e en plusieurs �tats, la plupart vassaux de Ninive. Le proph�te voit surgir une monarchie chald�enne qui s�affranchit de la domination assyrienne et qui ex�cute enfin sur Ninive le jugement de Dieu. La tentative d��mancipation de M�rodac-Baladan, � l��poque d��sa�e (chapitre 39; voir introduction), fut le pr�lude de cette renaissance de la puissance chald�enne qui atteignit son apog�e sous le r�gne de N�bucadnestar.

Assur, il (le peuple chald�en) l�a livr� aux b�tes du d�sert, litt�ralement : il l�a fond� pour les b�tes sauvages. Cette phrase pourrait avoir le sens directement oppos� : Assur l�a livr� (a livr� les Chald�ens) aux b�tes du d�sert. Mais on ne saurait trop � quoi ces mots feraient allusion. Il est plus naturel de faire d�Assur l�objet et des Chald�ens le sujet de la phrase. �sa�e nomme ici le myst�rieux ennemi dont il a menac� la Palestine au chapitre pr�c�dent (�sa�e 22:1-14) et qui, apr�s avoir d�truit Ninive frappera Tyr. Ninive fut prise en 606 par le Chald�en Nabopolassar, alli� au M�de Cyaxare; elle devint d�s lors, � la lettre, la demeure des b�tes du d�sert. Comparez Sophonie 2:13 et suivants.

Ils : les Chald�ens.

Ses palais : ceux de Ninive. Les Chald�ens, qui ont pu abattre Ninive, sauront bien aussi r�duire Tyr, qui se vante de sa r�sistance victorieuse � Salmanasar.

Apr�s cette digression, �sa�e revient � Tyr. N�bucadnetsar assi�gea cette ville pendant treize ans. L�histoire ne dit pas positivement qu�il la prit. Mais cela ressort du passage �z�chiel 29:17-24 et du t�moignage des anciens d�apr�s lequel ce prince soumit toute la Ph�nicie. Tyr fut d�s lors assuj�tie aux Chald�ens; c�est de Babylone qu�on lui envoyait ses rois, des princes ph�niciens captifs. Il para�t donc que N�bucadnetsar la laissa subsister, ainsi que le fit plus tard Alexandre, qui s�en empara apr�s sept mois de si�ge. C�est au moyen-�ge seulement que Tyr a subi une v�ritable destruction. Le proph�te attribue aux Chald�ens la ruine qu�ils n�ont fait que commencer, et il la d�crit comme si elle devait se r�aliser d�un seul coup. Dans l��v�nement qui priva Tyr de son ind�pendance se concentre � ses yeux la s�rie des catastrophes qui ont consomm� sa chute.

15 � 18

Apr�s soixante-dix ans d�abaissement, Tyr se rel�vera, et le produit de son trafic sera consacr� � l��ternel.

En ce jour-l� : celui de la prise de Tyr (versets 1 � 14).

Sera oubli�e. Elle perdra momentan�ment sa position de reine des mers. Le long si�ge et la prise de Tyr par N�bucadnetsar durent porter un coup fatal � son commerce.

Soixante-dix ans. Ces soixante-dix ans sont, d�apr�s le verset 13, comme dans J�r�mie, la p�riode de la domination chald�enne (J�r�mie 25:11-12; 2 Chroniques 36:21), qui dura depuis l�an 606, o� les Chald�ens prirent Ninive, jusqu�en 538, o� Babylone fut � son tour prise par Cyrus. Nous ignorons en quelle ann�e Tyr elle-m�me fut prise. 70 est un nombre rond, comme le montre l�expression suivante : la dur�e des jours d�un roi, qui signifie : ce que peut durer au maximum le r�gne d�un prince. Apr�s cette p�riode, Tyr se rel�vera.

La chanson. Nous trouvons ici un sp�cimen int�ressant de la po�sie populaire et profane au temps d��sa�e.

Tyr sera semblable � une courtisane d�laiss�e qui r�ussit par ses artifices � sortir de l�oubli o� elle �tait tomb�e. Ainsi, dans le but de s�enrichir, cette ville cherchera � renouer des relations avec tous les peuples et � les attirer chez elle.

Elle recevra de nouveau son salaire : son commerce recommencera � prosp�rer. C�est ce qui arriva sans doute apr�s la chute de la domination chald�enne. Tous les peuples opprim�s se relev�rent. Les Juifs rentr�rent en Palestine et reb�tirent leur temple; Tyr, sans recouvrer son ancienne puissance politique, redevint florissante. Au temps de la domination romaine, son commerce �tait encore tr�s prosp�re.

Tyr convertie, � la suite de son jugement, consacrera le fruit de son trafic � l��ternel et � ses serviteurs (comparez �sa�e 18:7). On pourrait trouver un accomplissement partiel de cette proph�tie dans le fait rapport� Esdras 3:7, o� nous voyons les Tyriens et les Sidoniens contribuer � la construction du nouveau temple, en amenant gratuitement du Liban � Jaffa les bois n�cessaires. Tyr avait jadis d�j� coop�r� � la construction du temple de Salomon; elle restait ainsi fid�le � son r�le. On pourrait aussi penser � la fondation de l��glise chr�tienne � Tyr (Actes 21:3 et suivants). Mais l�accomplissement absolu de la proph�tie du rel�vement ne peut avoir lieu qu�apr�s que le jugement lui-m�me est arriv� � son terme. De m�me que les �gyptiens et les Assyriens sont pr�sent�s au chapitre 19 comme les types de tout le monde pa�en, au point de vue de sa puissance et de sa civilisation en g�n�ral, de m�me Tyr convertie repr�sente l�activit� commerciale sanctifi�e et s�employant � l�avancement du r�gne de J�hova sur la terre. C�est ce qui arrivera � la fin des temps soit pour Tyr elle-m�me, soit pour cette branche du travail humain dont elle �tait l�incarnation au temps d��sa�e. Le proph�te n�indique que le point de d�part des ch�timents et des rel�vements qui se succ�dent dans l�histoire, et le terme auquel les uns et les autres doivent aboutir. La proph�tie n�est pas l�histoire; mais son accomplissement, pour �tre r�parti en une s�rie de phases confondues dans l�intuition proph�tique, n�en est pas moins r�el.

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Informations bibliographiques
bibliography-text="Commentaire sur Isaiah 23". "Bible annotée". https://beta.studylight.org/commentaries/fre/ann/isaiah-23.html.