Bible Commentaries
Ésaïe 42

Bible annotéeBible annotée

versets 1-25

1 � 9 le serviteur de J�hova

C�est Dieu lui-m�me qui parle; versets 1 � 4, il parle de son serviteur, pour le pr�senter au monde; versets 5 � 7, il s�adresse ce serviteur; versets 8 et 9, il se tourne vers le peuple d�Isra�l.

Le titre de serviteur de l��ternel, qui se pr�sente ici pour la seconde fois dans cette partie du livre d��sa�e (voir �sa�e 41:8), n�est pas une expression qui appartienne en propre � ce proph�te. Ce titre est accord� dans l�Ancien Testament � tout �tre auquel Dieu confie une t�che � accomplir pour lui. Il est donn�, par exemple aux anges (Job 4:18). Il est appliqu� � des personnages rev�tus pour Dieu d�une mission purement temporaire, comme N�bucadnetsar (J�r�mie 25:9; J�r�mie 27:6), mais plus souvent � des hommes qu�il s��tait particuli�rement choisis pour en faire les instruments de son r�gne, � Abraham en premi�re ligne (Gen�se 26:24), puis � Isaac et � Jacob (Deut�ronome 9:27), � Mo�se (Deut�ronome 34:5; Exode 14:31 : Ils crurent � l��ternel et � Mo�se, son serviteur; parole remarquable, o� Mo�se est tellement identifi� avec l��ternel, qu�il devient un homme en qui on doit croire). Plus tard, ce m�me titre est donn� � des hommes tels que Josu� ou David (Josu� 24:29; �sa�e 37:35). Isra�l, comme peuple, a aussi �t� l�objet d�une divine �lection : il est le fils de Dieu, son �lu parmi les peuples (Exode 4:22; Deut�ronome 8:6; Os�e 11:1); sa vocation nationale est de servir J�hova (Deut�ronome 10:12; Deut�ronome 10:20). Aussi tous les membres de ce peuple sont-ils appel�s serviteurs de l��ternel, et ce nom constitue pour eux une dignit� particuli�re, en vertu de laquelle ils ne doivent jamais �tre vendus comme esclaves (L�vitique 25:42; L�vitique 25:55; 1 Chroniques 16:13). Mais il est tout sp�cialement accord� aux hommes consacr�s � Dieu, comme les pr�tres (Psaumes 134:1), les proph�tes (�sa�e 20:3; J�r�mie 7:25), les fid�les (Job 1:8; �sa�e 65:8-15). Ces derniers le revendiquent comme un privil�ge (Psaumes 86:16). �sa�e, le premier, appelle le peuple d�Isra�l dans son ensemble le serviteur de l��ternel. C�est ce peuple, en effet, qui est d�sign� par ce titre �sa�e 41:8; �sa�e 42:19, et dans un grand nombre d�endroits de la proph�tie chapitres 40 � 66. Mais il en est autrement dans le passage qui nous occupe. Il est impossible de voir dans le serviteur de �sa�e 42:1-9 la personnification d�Isra�l ou de la partie fid�le du peuple, ou encore de l�ensemble des pr�tres et des proph�tes, comme on l�a souvent propos�. Si ce titre d�signait ici le peuple, il y aurait une contradiction insoluble entre ce qui est dit de lui versets 1 � 7 et ce qui est dit d�Isra�l versets 18 � 25. Au verset 6 et ailleurs (voyez surtout �sa�e 49:5-6), ce serviteur est clairement distingu� d�Isra�l et oppos�, comme un individu particulier, � la masse de la nation. Il en est de m�me au chapitre 53. On a quelquefois pens� que c��tait le proph�te lui-m�me ou quelque autre juste souffrant; mais le serviteur accomplit des �uvres qu�aucun proph�te ne s�est jamais attribu�es (voir verset 3 et 4 et chapitre 53). Nous n�h�sitons donc pas � reconna�tre en lui le Messie, qui est l�organe parfait de la r�v�lation de Dieu et l�ex�cuteur de ses desseins, le serviteur de l��ternel par excellence (Ce titre est donn� au Messie dans Zacharie 3:8).

Mais comment le m�me terme peut-il servir, dans le m�me discours, � d�signer tant�t le Messie, tant�t le peuple d�Isra�l (verset 1 et verset 19) ? Il faut se rappeler ce qui vient d��tre dit de la vocation d�Isra�l. Dieu a choisi ce peuple pour en faire son serviteur. Isra�l n�est pas l� pour son propre salut seulement, mais pour accomplir une �uvre de Dieu en faveur et au sein de l�humanit�; sa mission est de propager parmi les nations la connaissance de Dieu et d��tre ainsi en b�n�diction � toute la terre (Gen�se 12:3). Mais il se montre rebelle, Dieu le livre donc au joug des pa�ens, afin qu�il connaisse la diff�rence entre le service de J�hova et l�ob�issance aux rois de la terre (2 Chroniques 12:8). Cependant la vocation d�Isra�l n�est pas annul�e pour cela (Romains 11:29). S�il est, pour le moment, incapable de la remplir comme peuple, il faut qu�il la remplisse par l�interm�diaire d�un de ses membres, charg� de la t�che d�daign�e par lui. Ce personnage est pr�cis�ment celui qu��sa�e nous pr�sente ici comme le vrai serviteur. Il n�est pas �tranger au peuple-serviteur : il sort de son sein, il en est le fruit le plus pur; il est en relations assez �troites avec lui pour �tre son repr�sentant; et il a pourtant une personnalit� � lui, qui lui permet de se placer en dehors du peuple et d�agir ind�pendamment de lui ou m�me de se trouver en antagonisme avec lui (voir chapitres 49 et 53). C�est en lui que s�incarne de la mani�re la plus parfaite l�id�e du serviteur de Dieu et que se r�alise par cons�quent le dessein de salut universel qui a pr�sid� � l��lection d�Isra�l (�sa�e 53:10). On comprend donc que le titre de serviteur puisse s�appliquer � la fois au peuple, non tel qu�il est r�ellement, mais tel qu�il est dans la pens�e divine et en vertu de sa vocation, et � celui en qui seul cette vocation a �t� pleinement accomplie.

Mon �lu, en qui� Voir Matthieu 3:17.

J�ai mis mon Esprit sur lui� Comparez �sa�e 11:2 , et pour la fin du verset voyez �sa�e 2:4.

Confiant dans la puissance de la v�rit�, il accomplira son �uvre sans ostentation et sans violence, par la douceur et la persuasion seules; il �tablira le droit, sans user de la force comme les rois de ce monde, et on viendra � lui attir� par sa douceur et sa bienveillance; celui qui est de la v�rit� entendra sa voix sans qu�il ait besoin de la hausser. Comparez le son doux et subtil qui signale la pr�sence de Dieu (1 Rois 19:12), et pour l�accomplissement de ce tableau dans la vie de J�sus, sa parole � Pilate sur son r�gne �tabli par la seule puissance de la v�rit� (Jean 18:36-37) et sa pr�occupation constante d��viter le bruit provoqu� par ses miracles (Matthieu 12:15-20).

Le roseau froiss� et le lumignon pr�t � s��teindre repr�sentent ceux qui sont abattus par la souffrance et qui sentent leurs forces d�faillir. La bienveillance envers les petits est un des traits habituels de la figure du Messie (�sa�e 11:4; comparez �sa�e 57:15; �sa�e 61:1; Psaumes 72:4; Psaumes 72:12-14). Comparez Matthieu 11:28-29; Matthieu 5:3-6.

Il est impossible de rapporter � Isra�l ce qui est dit au verset 3 de la conduite du serviteur � l��gard des malheureux : si Isra�l �tait le roseau, le lumignon devraient d�signer les pa�ens; mais ces m�nagements, de la part d�Isra�l envers eux, n�auraient aucun sens, puisque, ce sont en ce moment les pa�ens qui sont puissants et Isra�l qui est faible et opprim� par eux.

Il ne faiblira ni ne sera abattu, litt�ralement : il ne sera ni �teint ni froiss�; expressions �videmment sugg�r�es par celles du verset 3. Sa douceur ne sera pas de la faiblesse. Il aura la pers�v�rance, la patience, cette force des faibles, et il poursuivra son �uvre sans d�faillance jusqu�� ce qu�il l�ait achev�e.

Les �les (�sa�e 40:15) se confieront en sa loi. Il donnera une loi qui sera la sienne, une loi nouvelle; c�est dire qu�il sera le fondateur d�une nouvelle alliance, qui remplacera celle du Sina�; voir verset 6; J�r�mie 31:31-33; cette loi nouvelle remplira l�attente du monde pa�en (�sa�e 2:3). Ces traits ne peuvent pas plus s�appliquer � Isra�l qu�� un proph�te ou � un roi ordinaire.

La description versets 1 � 4 a une couleur bien diff�rente de la plupart des tableaux que trace la proph�tie de l��uvre du Messie. Au chapitre 9, le Messie est un nouveau David; au chapitre 11, un prince juste et doux, un �z�chias. Ici, il n�est plus roi, ou, s�il le devient, c�est uniquement par la puissance de l�amour. Ce n�est pas davantage un proph�te; car il ne pr�che pas au peuple rassembl� dans le temple ou sur la place publique. Le personnage ici d�peint n�as pas d�analogue dans l�histoire th�ocratique. Isra�l n�avait pas vu encore un homme tel que celui-l�. C�est un type nouveau qui appara�t.

Le Messie se borne � dire la v�rit� et remet sa cause � l��ternel (versets 1 � 4). C�est donc Dieu qui sera sa force : cet homme sans apparence aura pour lui la toute-puissance du Cr�ateur (versets 5 � 7); ainsi, lorsqu�il est faible, il est fort (1 Corinthiens 1:27-29; 2 Corinthiens 12:10).

Le peuple : ici toute l�humanit�.

Avec justice, ou plus litt�ralement en justice; expression qui se dit de ce qui est fait bien compl�tement, bien r�ellement (voyez par exemple Os�e 2:19); le sens est : je t�ai appel� selon les r�gles, en forme, solennellement (nous dirions officiellement).

L�alliance du peuple, la lumi�re des nations. Le peuple, oppos� ici aux nations (go�m, les pa�ens), d�signe le peuple juif, comme le prouve d�ailleurs le passage parall�le �sa�e 49:6-8. Le serviteur est donc bien nettement distingu� d�Isra�l. Il est comme une nouvelle alliance personnifi�e entre l��ternel et son peuple. Comparez �sa�e 54:10; �sa�e 61:8; J�r�mie 31:31; l�expression ange de l�alliance, Malachie 3:1. Il ne fonde pas seulement cette alliance, il est l�alliance m�me, le trait d�union entre Dieu et le peuple. Il est donc plus qu�un nouveau Mo�se.

� Isra�l, d�j� �clair� par la r�v�lation, il apporte une alliance nouvelle; aux pa�ens, plong�s dans les t�n�bres, la lumi�re : il sera pour eux la parfaite manifestation de Dieu (Jean 8:12). Comparez la parole de Sim�on r�sumant ce que sera J�sus en ces deux mots : lumi�re des nations, gloire de ton peuple d�Isra�l (Luc 2:32).

Il apporte le salut � tous les malheureux, quels qu�ils soient. Comparez �sa�e 35:5-6; �sa�e 61:1-2.

Le nom de Dieu est le gage de l�accomplissement fid�le de ses promesses; son honneur serait compromis, sa gloire obscurcie, et les idoles triompheraient, si sa parole ne s�accomplissait pas.

C�est l� mon nom : le nom de J�hova qui exprime la souverainet� absolue et la vie infinie de Dieu (Exode 3:15).

Les premi�res choses d�j� accomplies : la captivit�, pr�dite par les anciens proph�tes; les choses nouvelles, dont les premi�res garantissent l�accomplissement : la d�livrance qu�op�rera Cyrus, et surtout l��uvre du serviteur de l��ternel qui vient d��tre d�crite (comparez �sa�e 43:19).

10 � 17

Tous les habitants de la terre sont invit�s � louer l��ternel; car il va para�tre pour juger et pour sauver.

Cette partie du discours, ainsi que la suivante, particuli�rement les comparaisons des versets 13 et 14, sont tout � fait dans le style des proph�ties de la premi�re partie.

Un cantique nouveau pour cette �uvre nouvelle (verset 9). Comparez Psaumes 96:1-13; Apocalypse 5:9; �sa�e 24:14-16.

K�dar: voir �sa�e 21:16, note.

S�la, la capitale d��dom (�sa�e 16:1, note); ses habitants sont invit�s � monter sur les hauteurs escarp�es qui la dominent, pour faire retentir au loin leurs cris de joie.

Ils : tous les pa�ens en g�n�ral.

M�me image Exode 15:3.

Il faut donner gloire au Dieu d�Isra�l, car il va triompher des ennemis de son peuple, qui sont les siens, c�est-�-dire des idoles et des idol�tres qui l�oppriment.

Depuis longtemps son peuple souffre, et son amour a eu peine � se contenir. Maintenant sa patience est � bout, et l�heure de la d�livrance va sonner. L��ternel est compar� � une femme en travail : sa compassion est si vive qu�elle est semblable � des maux d�enfantement qu�il souffrirait jusqu�� ce qu�Isra�l soit d�livr�. Cette comparaison est admirable et unique en son genre. Elle s�accorde bien avec la notion du Messie souffrant pour les p�ch�s de ses fr�res, tel que le d�peint le chapitre 53.

Le souffle br�lant de J�hova, symbole du jugement dont il frappe les ennemis d�Isra�l. Comparez �sa�e 11:15; �sa�e 40:7.

Les aveugles : Isra�l coupable et priv� de la gr�ce de Dieu; il sera sauv� par des voies merveilleuses, dont Dieu seul a le secret; sa mis�re sera chang�e en b�n�diction (les t�n�bres chang�es en lumi�re); tout ce qui fait obstacle � cette �uvre dispara�tra (les lieux montueux chang�s en plaine; comparez �sa�e 40:4).

Le r�sultat de la r�v�lation de J�hova (versets 13 � 16), c�est la chute du paganisme; ainsi l�affranchissement spirituel des pa�ens eux-m�mes.

18 � 25 l�aveuglement d�Isra�l, le serviteur infid�le de l��ternel

Les sourds et les aveugles sont ici des sourds et des aveugles volontaires, car on les invite � �couter et � regarder; il s�agit d�Isra�l, dont le c�ur s�est jusqu�ici ferm� aux appels de Dieu (verset 20; �sa�e 43:8).

D�s ce verset, �sa�e fait l�application du discours pr�c�dent � Isra�l : s�il veut avoir part au salut (verset 16), qu�il profite de la terrible le�on qui lui est donn�e par le ch�timent de l�exil (versets 22 � 25) et soit docile � la voix de Dieu (verset 23; �sa�e 53:1). Il a �t� puni pour sa r�bellion � la premi�re loi; il lui arriverait pis, s�il repoussait la nouvelle, celle que lui donnera le serviteur de l��ternel (versets 1 � 7).

Ces mots ne peuvent s�appliquer au serviteur des versets 1 � 7; c�est �videmment � Isra�l que Dieu reproche ici son incr�dulit�. Nul autre peuple n�a �t� aveugle au m�me degr� que lui, car nul n�avait re�u d�aussi grands privil�ges (verset 21). Voir, sur Isra�l serviteur, la note verset 1 et �sa�e 41:8.

Isra�l a vu sans voir, entendu sans entendre. C�est � la fois sa faute et son ch�timent. Il est demeur� insensible aux reproches et aux menaces de ses proph�tes, et Dieu l�a frapp� de l�aveuglement qui l�a conduit � la captivit� (�sa�e 5:13). �sa�e avait pr�vu cet endurcissement comme le r�sultat de son propre minist�re (�sa�e 6:9).

� cause de sa justice : c�est-�-dire par fid�lit� aux promesses faites aux patriarches.

Grande et magnifique : aussi bien par la beaut� de son contenu que par les faits miraculeux dont la promulgation de cette loi a �t� accompagn�e. Comparez Deut�ronome 4:6-14.

Quel contraste entre la destination de ce peuple et sa condition pr�sente (la captivit�) ! Les traits sous lesquels la captivit� de Babylone est d�crite ici, ne se sont pas r�alis�s � la lettre. Le proph�te emprunte, pour peindre la servitude du peuple, ses couleurs � l�image de prisonniers jet�s dans les fers, etc. Comparez �sa�e 8:20-22 la description du peuple chass� dans les t�n�bres pour n�avoir pas saisi la loi et le t�moignage.

Remarquez les rapides changements de personne : nous, ils (�sa�e 33:2, note). En disant nous, le proph�te se rend solidaire du p�ch� du peuple (voir �sa�e 6:5). Comparez avec les derniers mots : �sa�e 5:24; �sa�e 28:12; �sa�e 31:6.

La col�re de Dieu, sous l�image d�un feu d�vorant : voir par exemple �sa�e 30:27; �sa�e 30:33. Elle s�est allum�e tout autour de lui (les invasions assyriennes), et il n�a pas compris;

Elle l�a consum� (destruction par les Chald�ens), et il n�y a point pris garde : dans beaucoup de passages (par exemple �sa�e 45:9-10; �sa�e 53:1 et suivants; �sa�e 64:7, etc.), le proph�te adresse au peuple de l�exil des reproches qui prouvent qu�il n�avait pas encore �t� am�lior� par le ch�timent; s�il est sauv�, ce sera donc par pure gr�ce.

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bibliography-text="Commentaire sur Isaiah 42". "Bible annotée". https://beta.studylight.org/commentaries/fre/ann/isaiah-42.html.