Bible Commentaries
Ésaïe 57

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versets 1-21

Le juste a disparu. Le sort des justes dans un pareil temps forme un parfait contraste avec la vie que m�nent ces chefs indignes. Pendant que ceux-ci passent leur temps en festins, ceux-l� meurent, et nul ne comprend la menace que renferme cette mort pr�matur�e; nul ne se dit qu�ils �taient les colonnes de l��difice social; qu�eux disparus, il va crouler; et que si Dieu les retire, c�est pour les �pargner et les soustraire au jugement que la corruption r�gnante ne peut manquer d�attirer. Comparez 2 Rois 22:20, Josias retir� avant les ch�timents annonc�s, et Gen�se 18:23 � 19.29 : la pr�sence de dix justes e�t sauv� Sodome; le seul qui s�y trouve est �loign�, avant le jugement.

Il : le juste (verset 1).

Il est dit verset 21 : Pas de paix pour les m�chants ! Le juste mourant trouve au contraire dans la tombe le repos apr�s lequel il a en vain soupir� sur la terre : il est recueilli en Dieu � l�abri du jugement.

Sur leurs couches : c�est-�-dire dans leurs tombes.

Le terme de paix par lequel le proph�te caract�rise l��tat des justes ne peut avoir un sens purement n�gatif et renferme l�id�e d�un bien-�tre r�el dont ils jouiront.

3 � 14

Apr�s avoir censur� les chefs, rassur� les fid�les, �sa�e s�adresse � la masse du peuple, vou�e � l�idol�trie. Il la lui reproche comme un adult�re commis � l��gard de J�hova.

Approchez. Le Seigneur les invite � compara�tre pour leur faire entendre la peine qui les attend.

L�enchanteresse : J�rusalem, vou�e aux pratiques de magie et de sorcellerie qui se rattachaient au paganisme. La loi les interdisait formellement (Deut�ronome 18:10-12). Comparez Babylone la magicienne �sa�e 47:9.

La prostitution est une d�signation figur�e et tr�s usit�e de l�idol�trie; comparez �sa�e 1:21; Os�e 2:2-5 et le, tableau d�velopp� de l�infid�lit� d�Isra�l �z�chiel 23:1-49.

Qui est le p�re, d�sign� sous le nom de l�adult�re ? Probablement le dieu pa�en quelconque auquel Sion s�est donn�e apr�s avoir abandonn� son mari, l��ternel. La g�n�ration pr�sente, idol�tre, est repr�sent�e comme issue de cette union monstrueuse de la Sion du Dieu vivant avec les faux dieux. Les fils ont naturellement les sentiments de leur m�re.

De qui� ? Contre qui� ? La r�ponse sous-entendue est la m�me que celle qui est donn�e � une question semblable �sa�e 37:23. Les railleries et les outrages que le proph�te subit de la part du peuple remontent jusqu�� celui qui l�a envoy�, le Saint d�Isra�l.

Race de menteurs, c�est-�-dire race d�infid�les, d�idol�tres (comparez �sa�e 1:4). On peut aussi entendre : race fausse, b�tarde, sens qui ferait ressortir tout ce qu�ont d�odieux et de ridicule leurs injures � l�adresse de ceux qui sont les vrais fils de J�hova.

Cette description de l�idol�trie (versets 5 � 6) ne convient pas au temps de l�exil. Chaque trait nous transporte en Palestine et sous le r�gne de quelque prince impie, comme Achaz ou Manass�.

Les ter�binthes �taient probablement les arbres sacr�s d�Astart�.

Tout arbre verdoyant. Locution tr�s usit�e pour d�signer les bosquets des idoles. Comparez �sa�e 1:29.

Le terme : qui vous �chauffez�, est emprunt� � l�image de l�adult�re sous laquelle l�idol�trie est d�crite ici. Peut-�tre fait-il aussi allusion aux c�r�monies impures qui accompagnaient r�ellement le culte des idoles.

L�immolation des enfants fut pratiqu�e par les isra�lites avant l�exil en l�honneur de Moloch, dansla vall�e de Hinnom, et de Baal, sur les hauts-lieux. Voyez par exemple 2 Rois 23:10; J�r�mie 7:31; J�r�mie 19:5; �z�chiel 16:20 et suivants, etc. Ce culte horrible, auquel se rattachaient sans doute certaines c�r�monies myst�rieuses, se c�l�brait dans des endroits �cart�s et sauvages (ravins, grottes).

Les cailloux du torrent. Le proph�te fait allusion au culte des pierres qui �tait en usage chez les Ph�niciens et chez d�autres peuples de l�Orient. Les idoles des anciens Arabes �taient en g�n�ral des pierres brutes; ainsi la pierre noire de la Kaaba de la Mecque, qui para�t avoir �t� une idole de Saturne. Il �tait d�usage d�oindre d�huile ces pierres sacr�es, d�y d�poser des offrandes et d�accomplir � l�entour les c�r�monies du culte. On peut rapprocher de ce f�tichisme s�mitique les menhirs ou pierres sacr�es qui servaient au culte des anciens habitants de nos contr�es.

Les expressions du proph�te renferment un jeu de mots qu�on ne peut rendre dans notre langue : Le caillou (chalak) est ta part (ch�lek). Cette derni�re expression fait sans doute allusion aux nombreux passages o� l��ternel est appel� la part des fid�les; par exemple Psaumes 142:6. Des pierres informes, voil� ce qu�ils ont choisi, au lieu du Dieu vivant qui pourrait et devrait �tre leur portion !

Le peuple idol�tre est compar� � une �pouse adult�re (�sa�e 1:21). Ses amants sont naturellement les faux dieux. C�est sur les hauts-lieux que selon l�usage pa�en, il va offrir ses sacrifices. Le mot traduit par sacrifices sert souvent aussi � d�signer les repas qui accompagnaient ces c�r�monies, repas qui, dans les cultes idol�tres, d�g�n�raient en de v�ritables orgies. Comparez le tableau analogue Os�e 4:13.

Le mot h�breu ziccaron : m�morial) d�signe ici un objet destin� � rappeler l�homme � l�adoration du vrai Dieu. Les Isra�lites avaient diff�rents m�moriaux, dont quelques-uns prescrits par la loi (voyez le mot ziccaron employ� dans ce sens Exode 13:9). �sa�e fait allusion � l�ordre donn� par Mo�se (Deut�ronome 6:9; Deut�ronome 11:20) d�inscrire sur les portes des maisons les paroles de la loi sur l�unit� de Dieu. L�usage s��tait �tabli et existe encore aujourd�hui chez les Juifs, de renfermer ce passage dans un �tui que l�on suspend au poteau qui soutient les gonds de la porte; on ne peut entrer dans la maison sans le voir. �sa�e leur reproche d�avoir rel�gu� cet objet, qui leur rappelait les peines prononc�es contre les idol�tres, dans quelque coin obscur, loin de leur vue, pour pouvoir se livrer sans scrupules � leurs man�uvres criminelles.

�largi ton lit : pour y recevoir beaucoup d�amants, c�est-�-dire, sans image : multipli� tes idoles (voir verset 13).

Ton salaire : celui que re�oit une prostitu�e.

Souill� tes regards. Le texte h�breu renferme ici une expression dont on ne peut rendre en fran�ais toute la crudit�. �z�chiel n�est pas moins �nergique dans ses peintures all�goriques de l�idol�trie (par exemple, chapitre 23).

Le proph�te passe � une autre forme de paganisme, celle qu�on peut appeler l�idol�trie politique et qu�Isra�l a pratiqu�e en recherchant l�alliance des puissances pa�ennes, conduite qui impliquait l�abandon du vrai Dieu et la confiance dans les dieux de ces peuples (voyez �sa�e 7:4-13, notes; �sa�e 31:1-3; J�r�mie 17:5-6).

Le roi : le grand roi, le roi d�Assyrie (�sa�e 30:33) dont Isra�l a recherch� et obtenu l�alliance au prix de riches pr�sents (huile, parfums, produits les plus estim�s de la Palestine; voyez �sa�e 39:2) et en s�humiliant devant lui plus bas que terre (jusqu�aux enfers, expression hyperbolique, marquant le dernier degr� de l�abaissement). Voir les rapports d�Achaz avec Tiglath-Pil�ser 2 Rois 16:7 et suivants (comparez aussi l�alliance d��z�chias avec l��gypte, chapitres 30 et 31).

Description des d�marches nombreuses et des sacrifices consentis par Isra�l, sans qu�il s�en soit jamais lass�, pour obtenir la protection des rois pa�ens.

Qui craignais-tu ? R�ponse : des hommes impuissants, des dieux qui ne sont rien ! C�est pour eux que tu as abandonn� J�hova !

Dieu a longtemps assist� en silence aux d�bordements impies d�Isra�l : c�est-�-dire qu�il a tard� � punir. Mais on n�a fait qu�abuser de sa patience; il va donc parler le langage de ses jugements et mettre au jour l�infid�lit� de son peuple (verset 12).

Les premiers mots du verset sont ironiques : Tes m�rites, c�est moi qui qui vais me charger de les faire para�tre� !

Ce passage, comme plusieurs autres de ce morceau (comparez �sa�e 56:9; �sa�e 57:1), suppose qu�Isra�l n�a pas encore subi son ch�timent par l�exil.

Ce que tu as fabriqu� : tes idoles.

Un souffle fera dispara�tre tous ces dieux que tu as rassembl�s (�sa�e 41:29).

Les derniers mots du verset 13 et le verset 14 promettent aux fid�les le retour de l�exil et forment la transition � la strophe suivante.

Comparez pour cette image �sa�e 40:3-4.

15 � 21

Conclusion solennelle du discours et du second cycle tout entier. Comparez la p�roraison toute pareille � la fin du premier cycle �sa�e 48:16-22.

Le Saint : voir � �sa�e 6:3.

Le m�me Dieu qui a cr�� le ciel, s�jour de la saintet� parfaite, pour y avoir une demeure digne de lui, ne d�daigne pas d�habiter dans le c�ur m�me du p�cheur, s�il s�humilie. L�humiliation remplacera aux yeux du Seigneur la saintet� qui manque encore � l�homme, et sa pr�sence cr�era un ciel int�rieur de paix et de joie dans l��me auparavant priv�e de consolation. Comparez �sa�e 66:2; Matthieu 5:2-3.

La cr�ature ne pourrait longtemps supporter la col�re de Dieu. Or, il ne veut pas d�truire sa propre �uvre. C�est pourquoi il n�exige que ce que l�homme peut lui offrir : l�humilit�, non la saintet� parfaite; et il ne le d�courage pas par des reproches incessants; il sait de quoi nous sommes faits (Psaumes 104:29-30). Les deux mots esprit et �mes, pris dans leur sens propre, d�signent ce souffle de vie que le Cr�ateur a mis dans l�homme et qu�il peut � chaque instant lui retirer (Gen�se 2:7; comparez �sa�e 2:22; Psaumes 104:29-30).

Le proph�te fait l�application � Isra�l de ce qui vient d��tre dit de la piti� de Dieu pour la faiblesse humaine en g�n�ral.

La cupidit�, le seul vice qu�il lui reproche, tient lieu ici de tous les autres : c�est la convoitise. comme principe du p�ch� sous toutes ses formes; l�oppos� de la contrition qui ne r�clame rien parce qu�elle sent n�avoir point de droits.

Sens : Il �tait coupable; je l�ai frapp� et abandonn� � son sort. Mais il ne s�est pas converti. Je ne le laisserai pas aller plus longtemps sur ce mauvais chemin; j�ai vu (en opposition � : je me suis cach�) ses voies, c�est-�-dire : je me suis de nouveau occup� de lui pour le gu�rir.

Pass�s proph�tiques, le ch�timent comme la gu�rison �tant encore futurs au moment o� parle le proph�te.

Ses afflig�s : le peuple ne p�rira pas; il sera sauv� dans la personne de ses afflig�s, c�est-�-dire de ceux qui, humili�s, pleurent leur p�ch�.

Sur les l�vres la louange : litt�ralement le fruit des l�vres, c�est-�-dire l�action de gr�ces et la confession du nom de l��ternel (H�breux 13:15). Ce joyeux t�moignage sortira de la bouche de ceux m�mes qui pleuraient. Comparez le cantique d��z�chias gur�ri succ�dant � ses larmes, chapitre 38.

Celui qui est loin et celui qui est pr�s : les pa�ens et Isra�l, ainsi que l�entend saint Paul (�ph�siens 2:17).

Voir la menace semblable �sa�e 48:22. Contraste saisissant entre la paix de l�homme qui sur la voie de la contrition a re�u Dieu et trouv� le salut, et le sort de celui qui, n�ayant pas voulu s�humilier, vit sans Dieu et sans paix dans une agitation permanente. Cette menace s�est r�alis�e pour la masse du peuple d�Isra�l qui s�est ferm� � la pr�dication du salut. Pendant que les pa�ens et un petit nombre de fid�les isra�lites recevaient la bonne nouvelle, ce peuple dans sa majeure partie la repoussait et se voyait replong� dans l�agitation du c�ur irr�concili� de l�homme. Cette agitation est le caract�re constant des Juifs. Isra�l reste sans paix jusqu�� cette heure, parcequ�il a rejet� celui dont le ch�timent apporte la paix.

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Informations bibliographiques
bibliography-text="Commentaire sur Isaiah 57". "Bible annotée". https://beta.studylight.org/commentaries/fre/ann/isaiah-57.html.