Bible Commentaries
Ésaïe 63

Bible annotéeBible annotée

versets 1-19

Cette question montre que la couleur �clatante (rouge), signal�e au verset pr�c�dent, n�est pas la teinte naturelle du v�tement, mais l�effet d�une cause extraordinaire.

Quand on foule au pressoir. Les raisins �taient foul�s dans la cuve par les pieds des pressureurs; ceux-ci s�aidaient dans ce travail au moyen de cordes auxquelles ils se tenaient suspendus. Le mo�t s��coulait de la premi�re cuve dans une seconde, situ�e au-dessous. Voil� l�image de l�acte de justice que vient d�accomplir le h�ros qui appara�t � �sa�e.

Le sang des peuples broy�s a jailli sur lui, comme le jus de la grappe sur les v�tements des travailleurs. Comparez Jo�l 3:13; Apocalypse 19:13-15.

Le proph�te distingue deux actes successifs de jugement : le premier, contre �dom; J�hova l�a ex�cut� � lui seul, aucun des peuples n�a voulu l�aider, car tous lui �taient hostiles. Le second, contre ces peuples eux-m�mes; il l�a accompli �galement par sa seule force.

Les peuples : tout le inonde pa�en. Isra�l (Isra�l fid�le tout au moins) est laiss� en dehors du tableau.

Les P�res de l��glise ont en g�n�ral cru qu�il �tait question ici du Christ et de son sacrice expiatoire. Cette id�e est absolument �trang�re au contexte. Il est tr�s clair qu�il s�agit ici de jugement, non de salut, et que le sang dont les v�tements du guerrier sont couverts n�est pas le sien propre, mais celui des peuples.

Voyez �sa�e 61:2 et �sa�e 34:8.

Reproduction de l�id�e du verset 3. Comparez �sa�e 59:16.

Je les ai enivr�s : la m�me id�e sous une autre image. Dieu leur a donn� � boire une coupe remplie de sa col�re (voir �sa�e 51:21-23).

Leur sang. Nous sommes forc�s de rendre ainsi le terme employ� par le proph�te, le m�me par lequel il a d�sign�, au verset 3, le jus du raisin.

Quand et comment s�est accomplie la proph�tie de la ruine d��dom ? Voici ce que histoire nous apprend � cet �gard. �dom eut � subir, aussi bien que la Palestine, l�invasion des Chald�ens (J�r�mie 27:3 et suivants; J�r�mie 49:7 et suivants). Mais N�bucadnetsar ne fit pas encore dispara�tre l��tat et le peuple idum�ens. Plus tard, Malachie 1:3-4 fait allusion � une d�vastation nouvelle dont le pays d��dom ne s��tait pas encore relev� de son temps; nous ignorons qui en fut l�auteur. Nous savons que, plus tard encore, vers 300 avant J�sus-Christ, les Nabat�ens (voir �sa�e 60:7, note) s�empar�rent de l�Idum�e proprement dite et de sa capitale, P�tra; il ne resta d�s lors aux �domites que le midi de Juda qu�ils avaient pr�c�demment conquis (voir au verset 1). Leur hostilit� pers�v�rante contre Isra�l r�tabli aboutit enfin, � l��poque des Maccab�es, � leur complet assujettissement. Le prince Jean Hyrcan (vers 426 avant J�sus-Christ) les incorpora � la nation juive et leur imposa la circoncision (Jos�phe, Antiquit�s 13.9). D�s lors �dom n�a plus exist� comme peuple; ses restes, soumis � Isra�l, ont partag� le sort que les Romains ont fait subir � ce dernier. Le nom m�me d��dom a disparu de l�histoire depuis l��poque de la guerre romaine.

�sa�e 63:7 � 64.12 Dans les morceaux qui pr�c�dent, le proph�te a contempl� deux tableaux : celui de la gloire r�serv�e � Sion (chapitres 60 � 62), et celui du jugement final dont Dieu frappera les peuples (�sa�e 63:1-6). Cette vue de l�avenir est compl�te. Mais quel contraste entre cet avenir et le pr�sent, r�el ou id�al, dans lequel se meut l�esprit du proph�te, celui de la captivit� ! C�est � ce pr�sent qu�il revient maintenant. Il offre � Dieu une requ�te fervente, en faveur et au nom du peuple de l�exil, dont il expose les mis�res mat�rielles et morales. Cette pri�re est contenue dans le morceau suivant �sa�e 63:7 � 64.12. La r�ponse divine, qui est en m�me temps l�application de toute la proph�tie des chapitres 40 � 66, sera le sujet de la conclusion renferm�e dans les chapitres 65 et 66.

7 � 9 Ce que Dieu a �t� autrefois pour son peuple

La pri�re commence par l�action de gr�ces; car ce que Dieu a fait dans le pass� est un gage de ce qu�il fera dans l�avenir. Le souvenir de ses bienfaits anciens sert de base � l�appel qu�Isra�l fait ici � sa piti�. Comparez le d�but du Psaume 89.

Il a dit : lorsqu�il fit alliance avec eux, au Sina� (Exode 19:5-6).

Des fils. C�est sur cette qualit� de fils, donn�e � Isra�l lors de la conclusion de l�alliance (Deut�ronome 14:1), que se fonde la pri�re suivante (verset 16; �sa�e 64:8).

Qui ne me tromperont pas. Dieu a trait� Isra�l avec la confiance qu�un p�re t�moigne � ses enfants. Mais Isra�l n�a pas r�pondu � cette conduite g�n�reuse; voir �sa�e 1:2; �sa�e 30:9, o� l��ternel se plaint de l�infid�lit� de ses enfants. Il a �t�, comme on le dirait d�un simple homme, tromp� dans son attente. Cependant la parole divine doit conserver sa v�rit�. Et, en effet, malgr� ses r�voltes, Isra�l demeure le peuple de Dieu. Maintenant m�me, il reste fid�le � sa foi monoth�iste et � l�attente de son Messie; et nous savons (Romains 11:12; Romains 11:26) que sa r�jection actuelle aboutira � sa conversion nationale, qui sera pour les peuples d�j� chr�tiens la source des plus riches b�n�dictions.

Dans toute leur angoisse il a �t� en angoisse. C�est le sens qu�offre une forme du texte fort ancienne, connue d�j� de saint J�r�me et admise par les docteurs Juifs et par la plupart des traducteurs modernes. Le texte actuel des manuscrits ne pr�sente que des sens peu acceptables. Celui, qu�adopte M. Segond : Dans toutesleurs d�tresses, ils n�ont pas �t� sans secours, fausse le sens des mots. Avec la construction qu�il admet, il faut traduire :Dans toute leur angoisse, ils n�ont pas �t� en angoisse, ce qui n�a pas de sens. L�id�e qu�exprime notre traduction est celle de l�angoisse de Dieu, qui partage toutes les souffrances de ses enfants (Psaumes 103:13). Plus l�amour est grand, plus vive devient cette souffrance de la sympathie (voir �sa�e 42:14 une saisissante image pour peindre cette divine douleur). En s�exprimant, de la sorte, le proph�te avait proprement en vue les angoisses de la servitude �gyptienne, comme le prouve la suite du passage.

L�ange de sa face.Allusion � Exode 33:14, o� Dieu dit � Mo�se (qui lui demande quel est celui qu�il enverra avec Isra�l) : Ma face ira. L��tre ainsi d�sign� est celui qui apparaissait aux patriarches sous le nom d�Angede l��ternel. C�est l�agent supr�me des interventions divines dans l�Ancien Testament, l��tre dans lequel Dieu se rend visible aux cr�atures et qu�il caract�rise en disant : Mon nom (la r�v�lation de mon �tre) est en lui (Exode 23:21).

Soutenus : comme l�enfant faible ou fatigu�; port�s : comme l�enfant malade. Exode 19:4 : Je vous ai port�s sur des ailes d�aigle. Comparez �sa�e 46:3-4.

10 � 14

Voil� ce que Dieu a �t� pour eux (versets 7 � 9). Mais Isra�l a �t� infid�le, et l��ternel a chang� de conduite � son �gard. Et o� est maintenant leur Dieu Sauveur ?

R�sum� de l�histoire d�Isra�l depuis le temps de Mo�se jusqu�� l�exil.

Ils offens�rent son Esprit Saint. Dieu avait averti Isra�l et dit � l��gard de l�ange : Prends garde � sa pr�sence, et �coute sa voix, et ne lui r�siste point; car il ne pardonnera pas votre p�ch� (Exode 23:21). Le terme d�Esprit Saint ne se rencontre que trois fois dans tout l�Ancien Testament. L�ange (verset 9), c�est J�hova dans sa manifestation ext�rieure; l�Esprit c�est Dieu dans son habitation spirituelle et permanente au sein de la communaut� isra�lite. Il est remarquable de voir l�Ancien Testament pr�luder ainsi aux deux grandes formes de la manifestation divine dans le Nouveau, en la personne du Christ et par le Saint-Esprit. Cet Esprit est pr�sent� ici comme un �tre personnel, qu�ont attrist� les p�ch�s d�Isra�l, ses nombreuses r�voltes au d�sert et, plus tard, ses incessantes chutes dans l�idol�trie. Comparez �ph�siens 4:30.

Se changea en ennemi, leur fit la guerre : en envoyant contre eux les peuples pa�ens et les livrant � l�exil. Comparez �sa�e 28:21; �sa�e 29:2-3.

La traduction d�Ostervald : Alors il (Dieu) s�est souvenu des jours anciens de Mo�se� est grammaticalement possible, mais elle est en contradiction avec ce qui suit. C�est le peuple qui, livr� � ses ennemis, se souvient des jours d�autrefois et se plaint que Dieu ne lui fasse plus voir ses d�livrances.

Le berger : Mo�se (Psaumes 77:21). Ostervald, Sacy, traduisent : les pasteurs, d�apr�s plusieurs anciens manuscrits et traductions (la Vulgate, par exemple); ce seraient, dans ce cas, Mo�se, Aaron et Marie (Mich�e 6:4).

Qui mit au milieu d�eux son Esprit Saint : en tant que cet Esprit agissait en Mo�se, Aaron, les soixante-dix anciens, puis en Josu�. Comparez Nombres 11:17; N�h�mie 9:20.

12 et 13

Ces deux versets se rapportent encore au passage de la mer Rouge, ce prodige type, que les �crivains de l�Ancien Testament ne se lassent pas de c�l�brer, et auquel �sa�e lui-m�me revient si souvent. D�autres voient dans les versets 11 � 14 une r�capitulation compl�te de l�histoire du peuple au temps de mo�se : verset 11, le passage de la mer Rouge; verset 12, le s�jour au d�sert, l�eau jaillissant du rocher; verset 13, le passage du Jourdain; verset 14, l�entr�e en Canaan. Ainsi Reuss. Cette explication ing�nieuse ne se soutient pas quand on serre de pr�s le texte. L�expression devant eux, et les mots : pour se faire un nom �ternel, ne conviennent gu�re au miracle de l�eau sortant du rocher, mais s�appliquent bien au passage de la mer (comparez 2 Samuel 7:23, le verbe fendit est celui-m�me qu�emploie le r�cit, Exode 14:24.

Le terme les ab�mes, s�applique mal au Jourdain; il d�signe dans Exode 15:5; Exode 15:8 les profondeurs de la mer; de m�me Psaumes 106:9, o� l�on retrouve la comparaison de la plaine (le psalmiste a sous les yeux notre texte d��sa�e).

Belle image pour peindre le voyage au d�sert et l�arriv�e au repos, en Canaan (Deut�ronome 12:9; Josu� 1:13). Pour la comprendre, il faut se repr�senter un troupeau qui traverse d�abord une contr�e rocailleuse et aride et qui arrive enfin aux p�turages situ�s le long des eaux, dans la vall�e.

Ainsi : c�est ainsi que tu as agi dans le pass� ! Et maintenant, ne nous secourras-tu pas ?

15 � 19

Isra�l prie l��ternel de se souvenir de lui et se plaint qu�il l�ait trait� comme s�il n��tait pas son peuple.

Regarde des cieux� Le tabernacle de Mo�se et le temple de Salomon avaient �t� jadis le sanctuaire o� Dieu habitait et d�o� il agissait. Il a d�laiss� maintenant sa r�sidence et l�a livr�e aux Gentils (reviens, verset 17; foul� aux pieds, verset 18); il s�est retir� dans son s�jour c�leste (�sa�e 57:15). Isra�l l�invite � se manifester de nouveau pour le secourir. Comparez le cri du psalmiste d�crivant la vigne ravag�e par les pa�ens (Psaumes 80:15).

Ton z�le : ton amour jaloux pour ton peuple (�sa�e 26:11).

Le fr�missement de tes entrailles : l�expression de la sympathie la plus profonde (�sa�e 16:11); comparez le : il a �t� en angoisse, verset 9.

Moi : le peuple.

Dieu les a appel�s ses fils (verset 8); il est donc leur p�re; c�est le fondement de l�assurance avec laquelle ils le prient. Ce passage et �sa�e 64:8 sont les seuls de l�Ancien Testament o� Dieu soit appel� notre p�re dans une pri�re; l�Esprit d�adoption, qui a fait de ce titre le nom habituel de Dieu dans le Nouveau Testament (Galates 4:4-6), n�avait pas encore �t� donn� (comparez cependant cette expression dans la bouche de Dieu, J�r�mie 3:4). C�est de ce Dieu seul, p�re � toujours (�sa�e 9:5), qu�Isra�l peut attendre du secours; sans doute il a pour p�res Abraham et Jacob; mais ils ne veulent plus reconna�tre leurs enfants dans ce peuple d�g�n�r�, qui leur fait honte (�sa�e 29:22).

Isra�l est menac� d�un jugement plus terrible que l�exil : d�un endurcissement pareil � celui dont fut ch�ti� l�orgueil de Pharaon. Il le sent, il en tremble, et il demande lui-m�me de n��tre pas livr� � cet aveuglement, quoiqu�il l�ait m�rit� (Comparez �sa�e 6:9-10). Romains 11:7-10, Romains 11:25 prouve que ce ch�timent n�a pu lui �tre �pargn� plus tard.

Reviens (voir verset 15). La venue de Dieu est le grand objet de l�esp�rance d�Isra�l, le salut m�me (�sa�e 64:1; �sa�e 57:8, etc.).

Le motif invoqu� pour obtenir l�exaucement est l��lection de gr�ce qui a fait d�Isra�l l�h�ritage sp�cial de Dieu : il se doit � lui-m�me de venger et de d�livrer ses serviteurs (Deut�ronome 32:9; Deut�ronome 32:43).

Peuple saint, c�est-�-dire mis � part, consacr� � l��ternel (Deut�ronome 7:6).

Bien peu de temps : en comparaison de la possession perp�tuelle qui lui �tait promise.

Foul� aux pieds. Cette expression renferme l�id�e d�une profanation du saint lieu par les pa�ens. Comparez J�r�mie 12:10 et la proph�tie de J�sus : J�rusalem sera foul�e aux pieds par les nations (Luc 21:24), reproduite Apocalypse 11:2.

Depuis longtemps : la dur�e de l�exil. Le temps est long � celui qui souffre. Comparez �sa�e 59:9-11.

Un peuple�. ton nom. Isra�l n�a plus de sanctuaire; son Dieu s�est retir� de lui. Rien ne le distingue plus des pa�ens; il ne porte plus le titre de peuple de J�hova (�sa�e 43:7); car il n�est plus m�me un peuple ! C�est de cette situation d�sesp�r�e que sort le cri sublime qui ouvre le chapitre 65.

return to 'Top of Page'
Informations bibliographiques
bibliography-text="Commentaire sur Isaiah 63". "Bible annotée". https://beta.studylight.org/commentaries/fre/ann/isaiah-63.html.