Bible Commentaries
Jérémie 23

versets 1-40

Malheur aux pasteurs : aux rois de Juda, � qui Dieu avait confi� le peuple de l�ancienne alliance pour pr�sider � toute son �ducation religieuse et morale et le conduire enfin � son Messie.

Qui perdent : voir J�r�mie 22:13-14; qui dispersent : en les menant d�infid�lit� en infid�lit� sur le chemin de l�exil. Ils les dispersent en obligeant Dieu � les disperser.

Vous les avez chass�s : m�me explication que verset 1. Il faut remarquer la r�p�tition de ce verbe au verset 3 : o� je les aurai chass�es; expression qui fait intervenir Dieu plus directement encore.

Veill� sur elles. Ce mot signifie proprement : faire la revue du troupeau pourvoir s�il y manque quelque pi�ce. Mais il peut se prendre aussi en mauvaise part, dans le sens de visiter pour punir. Ce double sens rendait possible le jeu de mots que nous avons cherch� � rendre dans ces deux propositions : Vous n�avez pas veill� sur elles; je vais veiller sur vous. En d�autres termes : Vous avez oubli� les brebis que vous deviez pa�tre; je n�oublierai pas, moi, ces mauvais pasteurs au jour du jugement.

Le pasteur fid�le conna�t un � un les membres de son troupeau.

Le reste : un reste seul sera sauv�; cette id�e est constante chez les proph�tes.

Des pasteurs : tous les hommes de Dieu qui, depuis le retour de la captivit�, ont concouru � la restauration du peuple de Dieu, par exemple : Zorobabel et N�h�mie. Mais le regard du proph�te porte plus haut et plus loin; au milieu de cette pluralit� d�individus, son regard cherche le personnage unique qui ach�vera ce que tous ses pr�curseurs, et David lui-m�me, n�avaient fait que commencer.

Un germe juste. Ce terme proph�tique appara�t pour la premi�re fois �sa�e 4:2; apr�s J�r�mie, Zacharie le reprend � son tour et le d�veloppe, J�r�mie 3:8; J�r�mie 6:12. C�est ainsi que la tradition proph�tique se continue et s�enrichit d��l�ments toujours nouveaux. On peut bien dire du fleuve de la proph�tie : crescit eundo, il s�accro�t en marchant. Tout le contexte nous prouve qu�il s�agit ici d�j�, non pas d�une collectivit�, comme plusieurs interpr�tes le pensent, mais d�un personnage unique qui se d�gage dans l�horizon proph�tique de ceux qui lui faisaient cort�ge, les pasteurs du verset pr�c�dent.

Il sera sage, autant qu�habile; le mot h�breu r�unit ces deux id�es.

L��ternel notre justice. Ce nom du Messie ne signifie pas que le Messie m�me sera l��ternel, bien que l�identit� du Messie et de J�hova soit �tablie dans plusieurs oracles de l�Ancien Testament. En effet, ce nom est donn� J�r�mie 33:16 � la J�rusalem nouvelle, la cit� du Messie. Nous devons donc entendre ce nom dans ces deux textes comme suit : Aux jours du Messie et dans la nouvelle J�rusalem, J�hova donnera la justice � son peuple, parce qu�il sera lui-m�me la justice de son peuple. Dans ces temps d�injustice, c��tait de justice que les �mes fid�les sentaient le plus le besoin.

7 et 8

M�me pr�diction que J�r�mie 16:14-15; mais l� sous forme de menace, ici comme promesse.

J�r�mie 23:9-40. Aux proph�tes : Ces mots sont le titre de tout ce morceau. Les proph�tes de mensonge sont pris � partie apr�s les mauvais rois (chapitre 22).

• Tableau de la conduite des faux proph�tes, versets 9 � 15
• avertissement donn� au peuple � leur sujet, versets 16 � 22
• annonce du jugement qui mettra fin � leurs mauvaises �uvres, versets 23 � 32
• r�ponse du proph�te � ceux qui le raillent, versets 33 � 40.

Les faux proph�tes se retrouvent � toutes les �poques � c�t� des vrais (Deut�ronome 18:9; 1 Rois 22:12; �sa�e 3:2; �sa�e 9:14), mais jamais ils n�avaient �t� aussi nombreux qu�� la veille de la ruine de J�rusalem, comme le prouvent les fr�quentes remontrances que leur adressent J�r�mie et �z�chiel (�z�chiel 13:2; �z�chiel 14:9). Nous apprenons par ce chapitre m�me qu�ils aimaient � imiter les vrais proph�tes, leur empruntant, pour mieux en imposer aux foules, leurs formules de langage accoutum�es. Toute cette v�g�tation parasite, ce mouvement extraordinaire des esprits dans le domaine du proph�tisme, t�moignent de la vitalit� du vrai proph�tisme et du r�le extraordinaire qu�il a jou�.

Mon c�ur est bris�. Par sa sympathie pour son peuple � la fois si coupable et si malheureux, J�r�mie devient la premi�re victime des ch�timents qu�il annonce.

Comme un homme ivre : le message dont il est charg� lui donne le vertige. M�me image, employ�e dans un sens oppos�, Psaumes 78:65.

D�adult�res : au propre et au figur�; comparez J�r�mie 5:7-8; J�r�mie 9:2, et surtout J�r�mie 29:21-23, o� J�r�mie reproche ce m�me crime � deux faux proph�tes.

� cause de la mal�diction, dont la s�cheresse �tait l�effet; comparez chapitre 14.

Sont des profanes. Ce qui ajoute au crime de ces imposteurs, c�est qu�ils sont rev�tus d�un caract�re sacr� qu�ils profanent par leur conduite.

Dans ma maison m�me. C�est ici le degr� extr�me de la profanation. Ils souillent de leurs crimes m�me la maison de Dieu. Comparez J�r�mie 7:10-11.

Ils y seront pouss�s : Ils auront beau vouloir �viter le pr�cipice; le chemin qu�ils suivent les y conduit fatalement.

Le p�ch� de Samarie, d�s longtemps d�truite, a d�j� �t� mis en parall�le avec celui de J�rusalem J�r�mie 3:6-13. J�r�mie �tablit ici une comparaison entre les anciens proph�tes de Baal et les faux proph�tes de son temps qui se r�clament du nom de J�hova. Le mot h�breu qui caract�rise la conduite des proph�tes de Samarie, signifie proprement : chose fade, insipide. Le nom de Baal ne r�pondant � aucune r�alit�, la proph�tie faite au nom de ce Dieu �tait sottise, illusion pure, tandis que celle o� le nom de J�hova est m�l�, a un caract�re plus odieux et des effets plus funestes. Les actes des premiers faisaient piti�; ceux des seconds font horreur.

Ils fortifient� En employant les formes de la v�rit�, ils ne rassuraient que mieux les coupables.

Eaux empoisonn�es. Il s�agit ici, comme J�r�mie 8:14, d�un narcotique. C�est l�image d�un jugement qui �teint le dernier reste de lumi�re morale.

Car qui a assist� ? Le mot car rattache ce verset au commencement du verset 16 : N��coutez pas� La r�ponse � cette question est : les vrais proph�tes seuls; et ceux-ci se reconnaissent � ce qu�ils pr�chent la conversion (verset 22). Comparez Amos 3:7

Voir et ou�r : Dieu se r�v�lait aux proph�tes tant�t par des visions, tant�t par des paroles.

La temp�te : r�ponse aux propos des faux proph�tes qui criaient : paix, paix !

Les desseins de son c�ur. Les desseins de Dieu varient avec la conduite bonne ou mauvaise de l�homme; maintenant il ne s�agissait plus de sauver, mais de punir.

La fin des temps ne signifie pas ici, comment souvent ailleurs, le temps le plus �loign� auquel atteigne le regard du proph�te, mais le terme de la p�riode historique dans laquelle il vit, c�est-�-dire la captivit�.

Ne suis-je un Dieu que de pr�s ? Le Dieu vivant est � la fois infiniment pr�s de nous, car il compte les cheveux de notre t�te, et infiniment au-dessus de nous, car les cieux et m�me les cieux des cieux ne le peuvent contenir. La Bible est aussi �loign�e du paganisme ancien qui enferme Dieu dans la nature, que du d�isme moderne qui le s�pare de l�univers.

Est-ce que je ne remplis pas� ? Comparez 1 Rois 8:27. La triple r�p�tition de la formule solennelle : dit l��ternel, verset 23 et 24, est une protestation contre l�abus qu�en font les faux proph�tes et que J�r�mie va condamner.

Jusques � quand ? La construction de cette phrase, coup�e par l��motion et l�indignation, a �t� diversement comprise. Apr�s Jusqu�� quand, nous sous-entendons agiront-ils ainsi ?

Les mots : faire oublier, d�pendent � la fois des deux verbes : veulent-il ? et pensent-ils ?

Les uns aux autres. Ils racontent en public leurs r�ves auxquels ils ne croient pas eux-m�mes, et en encouragent d�autres � rassurer le peuple par des illusions pareilles.

Que le proph�te qui a eu un songe�. Que, le proph�te qui a eu r�ellement une r�v�lation, la rapporte sans y m�ler rien de son invention.

La paille : les imaginations et les pens�es humaines; le froment : la parole divine.

Ma parole est un feu�, un marteau : selon plusieurs : pour �prouver cette �uvre de mensonge et pour la r�duire � n�ant. Ou bien ces mots expriment simplement la toute-puissance de la parole de Dieu pour accomplir son �uvre, en opposition � l�impuissance de la parole des faux proph�tes (verset 16).

Qui d�robent mes paroles les uns aux autres. En se payant les uns les autres d�assurances imaginaires, ils se frustrent mutuellement des avertissements que Dieu leur donnait � tous pour leur salut par la bouche des vrais proph�tes.

Dit l��ternel. C�est la septi�me fois depuis le verset 23 que le proph�te r�p�te cette formule solennelle dans l�intention indiqu�e verset 24, note.

Qui remuent leur langue� Ils ont beau employer la formule la plus solennelle pour se donner de l�autorit�; leurs paroles ne sont que de vains sons.

Apr�s avoir �cart� la vraie parole de Dieu (verset 30) et annonc� qu�ils vont parler eux-m�mes de sa part (verset 31) ils d�bitent leurs propres imaginations (verset 32).

Leur l�g�ret�. Ce est pas eux qui auraient dit : Mon c�ur est bris� au-dedans de moi.

Charge; en h�breu massa. Comme ce mot, qui signifie aussi sentence, �tait tr�s souvent dans la bouche des proph�tes (voir �sa�e 13:1; �sa�e 15:1; �sa�e 17:1), les railleurs, jouant sur le double sens du mot, demandaient � J�r�mie : Quelle est aujourd�hui la charge de l��ternel ? J�r�mie accepte ce jeu de mots et oppose � cette raillerie frivole une raillerie terrible : Oui, c�est bien d�une charge qu�il s�agit dans la sentence de l��ternel. Car vous �tes vous-m�mes le fardeau dont il va se d�charger (verset 33, fin).

On ne se joue pas de Dieu. Chaque plaisanterie que l�homme fait sur ses jugements, est une sentence qu�il prononce sur sa propre personne.

Je vous oublierai. Il y a ici en h�breu un nouveau jeu de mots du proph�te, le mot qui signifie oublier ressemblant de tr�s pr�s au mot massa, charge, et au verbe d�o� il d�rive.

Qui ne s�oublieront jamais : Vous serez oubli�s de moi; mais il restera de vous quelque chose qui ne s�oubliera jamais : c�est votre honte.