Bible Commentaries
Jérémie 4

versets 1-31

La construction de la phrase est tr�s discut�e. Celle que nous avons adopt�e nous para�t r�pondre au mouvement naturel de la pens�e. � une premi�re condition : la vraie conversion � J�hova accompagn�e de la renonciation � l�idol�trie, r�pond la promesse qu�Isra�l ne subira plus un nouvel exil. � la seconde condition : la confession sinc�re du nom de J�hova, r�pond la promesse d�j� faite � Abraham Gen�se 12:1, qui s�accomplira enfin dans et par sa post�rit�.

Vagabond : comme Ca�n, le m�me mot est employ� Gen�se 4:12.

Comparez J�r�mie 5:2. Le parjure est un des vices des Juifs dans leurs relations avec les autres nations. Ils faisaient par l� blasph�mer le nom de l��ternel parmi les pa�ens (�z�chiel 36:20-23).

En lui : en l��ternel, qu�elles auront appris � conna�tre par la conversion d�Isra�l.

4.3 � 6.30 Une invasion �trang�re

Le proph�te revient au temps pr�sent et n�a par cons�quent plus devant lui que Juda; il lui annonce les jugements qui vont fondre sur lui, � moins qu�un renouvellement moral complet n�intervienne.

3 � 31

La description qui suit est extr�mement dramatique :

• on apprend d�abord la nouvelle de l�approche de l�ennemi, et l�on assiste � la fuite g�n�rale du peuple des campagnes vers les villes fortes, versets 3 � 12
• puis l�on entend la nouvelle que l�ennemi arrive de la montagne d��phra�m contre J�rusalem, verset 13 � 22
• le proph�te voit en vision la d�vastation du pays, versets 23 � 26.
• L�on entend enfin la sentence divine annon�ant la ruine, mais une ruinequi ne sera pourtant pas l�an�antissement, versets 27 � 31.

3 � 4

Ce renouvellement n�cessaire r�clam� par le proph�te, mais qu�il n�attend pas, est d�crit dans deux images, l�une emprunt�e � la nature (verset 3), l�autre au rituel de la th�ocratie (verset 4). La premi�re de ces images se trouve d�j� Os�e 10:12. Juda ressemble � un champ jadis cultiv� et redevenu sauvage; il a besoin non d�un simple labour, d�un amendement partiel, mais d�un nouveau d�frichement; car si le renouvellement du fonds m�me de sa vie morale n�avait pas lieu, les �pines (tous les vices enracin�s dans la nation) �toufferaient la semence qu�on jetterait dans ce mauvais terrain. Comparez Matthieu 13:7.

Isra�l est compar� ensuite aux pa�ens incirconcis. La circoncision morale �tait d�j� demand�e � Isra�l (Deut�ronome 10:16), et pr�dite comme devant �tre op�r�e par J�hova (Deut�ronome 30:6).

Circoncisez-vous pour l��ternel, et non plus seulement pour la forme et par coutume; enlevez de votre c�ur, et non seulement de votre chair, tout ce qui vous s�pare de Dieu.

Sans que personne �teigne. comparez �sa�e 1:31.

Quel est ce peuple ennemi venant du nord ? Pour tous les anciens interpr�tes et chr�tiens, ce sont les Chald�ens. Quelques modernes ont voulu y voir les Scythes, qui auraient envahi la Palestine en 626. H�rodote (I, 105) rapporte que ces peuples, qui habitaient le nord de la mer Noire et de la mer Caspienne, apr�s s��tre empar�s de la M�die, tent�rent une exp�dition en �gypte, puis, � leur retour, pill�rent le temple d�Ascalon. La Terre Sainte aurait subi leurs ravages, et ils auraient m�me laiss� leur passage dans le nom de Scythopolis (ville des Scythes), donn� par Jos�phe et les Maccab�es � la ville de Beths�an. Mais cette hypoth�se d�une invasion du pays de Juda par les Scythes ne s�appuie que sur des conjectures, sans t�moignage historique. Rien n�emp�che que le peuple annonc� par J�r�mie ne soit celui des Chald�ens; les diff�rents traits indiqu�s verset 13 leur conviennent; comparez Habacuc 1:1-17; et bien que ce peuple n�ait jou� son grand r�le qu�apr�s la ruine de Ninive, il avait d�j� eu des relations avec Juda au temps d��z�chias (2 Rois 20:12); Esaie 23.13 parle d�j� de leurs ravages. Il serait �trange que si J�r�mie avait eu en vue l�invasion des Scythes, il ne l�e�t jamais rappel�e ailleurs; au chapitre 25, o� il d�signe N�bucadnetsar comme l�ex�cuteur des jugements de Dieu, il ne parle point d�un ch�timent ant�rieur.

Sonnez de la trompette. La trompette servait aux m�mes usages que nos cloches; elle conviait le peuple aux saintes assembl�es dans les grandes f�tes nationales et donnait le signal d�alarme. Elle doit avertir ici les habitants des campagnes de se r�fugier avec leurs biens dans les villes fortifi�es.

L��tendard du c�t� de Sion : on pla�ait probablement dans chaque r�gion du pays un signal qui indiquait la direction o� il fallait fuir pour arriver, par le plus court chemin � J�rusalem. Comparez J�r�mie 1:14.

Son fourr� : les halliers et les bois �pais sont les retraites des lions.

Destructeur des nations : �pith�te semblable donn�e � Babylone, J�r�mie 51:25.

Comparez J�r�mie 2:8; J�r�mie 2:26.

Le c�ur : chez les H�breux le si�ge de l�intelligence et de la volont�; ils perdront � la fois le sens et le courage.

Proph�tes : les faux proph�tes; comparez la sentence sur Hanania (J�r�mie 28:15-17).

Tu as tromp� ce peuple : par le moyen de ces faux proph�tes que Dieu envoie pour aveugler les p�cheurs endurcis (comparez 1 Rois 22:19). C�est un des plus grands jugements de Dieu sur les peuples qu�il va frapper de leur enlever les conseillers s�v�res mais utiles, en m�me temps qu�il leur envoie les ap�tres s�duisants, mais funestes; il n�y a rien l� qui contredise l�id�e d�un Dieu juste et saint. Les pa�ens m�mes avaient observ� ce ph�nom�ne du monde moral, et un po�te latin a dit que Jupiter frappe de folie ceux qu�il veut perdre.

Apr�s l�image du lion, celle du simoun; qui dess�che, br�le, suffoque.

Non pour vanner : s�parer la balle du bl�; ni pour nettoyer : enlever. la paille, de l�aire. Les Orientaux foulent leur bl� sur de grandes aires expos�es au vent, dont ils font ainsi leur auxiliaire. Le vent que Dieu va envoyer n�est pas un de ceux qui nettoient, mais qui balaient. Il appara�t d�abord � l�horizon comme une nu�e; mais cette nu�e est d�j� un ouragan, et cet ouragan est d�j� la d�vastation.

Le fl�au est annonc� au verset 11; au verset 12, il est d�sign� comme un fl�au de Dieu.

� mon tour. Litt�ralement : moi aussi; r�ponse aux jugements prononc�s sur Dieu par le peuple et par les chefs, J�r�mie 2:29; J�r�mie 2:35.

M. Reuss entend le vent br�lant du verset 11 de la conduite du peuple, et traduit : Un vent rude des pasteurs du d�sert : telle est la conduite de mon peuple� Un vent violent me vient de leur part; eh bien ! Moi aussi, je veux plaider ma cause contre eux.

Les mots : non pour vanner ni pour nettoyer, ne sont pas favorables � cette interpr�tation.

Allusion � Deut�ronome 28:49. Comparez Habacuc 1:8.

Les �v�nements ext�rieurs sont tellement li�s aux faits du monde moral, que le proph�te revient sans cesse des menaces aux exhortations. Comparez versets 1 � 5. Rien ne serait perdu encore s�il y avait conversion r�elle, compl�te.

Tes pens�es de ruine; litt�ralement : les pens�es de ta ruine; les �pines du verset 3. Ce ne sont pas seulement des pens�es qui m�nent � la ruine; mais elles sont elles-m�mes des ruines morales, les ruines du dedans auxquelles r�pondront celles du dehors; de l� la r�p�tition du mot au verset 15.

Dan. La ville la plus septentrionale de la Palestine.

La montagne d��phra�m, par o� devait passer l�arm�e chald�enne. M�me mouvement oratoire �sa�e 10:27-33, o� le proph�te d�crit l�arriv�e de l�Assyrien d��tape en �tape.

Faites-le savoir aux nations : c�est ce que crie la voix de malheur du verset 15; elle invite toutes les nations voisines � se joindre � la grande cur�e que l�arm�e ennemie va faire � J�rusalem.

Comme des gardes des champs. Il y a une ironie dans cette image de paix rapproch�e de ces lugubres r�alit�s.

Nouveau retour aux causes morales de tous ces d�sastres mat�riels.

Cette identification du proph�te avec son peuple est d�une grande beaut�. Tous les proph�tes ont souffert les premiers du contenu de leurs sentences (�sa�e 16:9-11; �sa�e 21:3; �sa�e 21:4).

Tentes et pavillons : images pour d�signer les maisons.

M�mes plaintes du peuple J�r�mie 52:14. Le son de la trompette ennemie, les �tendards du conqu�rant se promenant �� et l� sans r�sistance : c�est la torture morale du patriote ajout�e � la ruine de la patrie.

Le proph�te r�pond au soupir du verset 24, que le ch�timent ne peut cesser tant que ses causes morales subsistent. La folie consiste � ne pas conna�tre Dieu; cette folie est toute morale, puisqu�elle s�allie avec l�habilet� dans le mal.

23 � 26 Quatre courts tableaux de la d�vastation du pays

Le pays reviendra � l��tat de chaos o� �tait la terre avant que f�t prononc�e la parole : Que la lumi�re soit ! Les mots thohou va bohou ne se trouvent que Gen�se 1:2 et dans notre texte.

Images de la commotion morale, produite par l�arriv�e de l�ennemi. Tous les fondements de l�ordre physique, social et moral para�tront �branl�s ensemble; la nature semble s�associer et concourir � la destruction g�n�rale. Tout ce morceau est d�une grande beaut�.

Verger : en h�breu carmel. Ce mot est tant�t nom propre, tant�t nom commun; cette derni�re acception convient mieux ici � cause du parall�lisme avec toutes ses villes.

Devant l��ternel : car les Chald�ens sont l�instrument de l��ternel.

La diff�rence entre le peuple de Dieu et les autres (�dom, Moab, Babylone, Sodome) consiste en ce que Dieu se r�serve toujours en Isra�l un reste auquel se rattacheront les grandes promesses faites aux p�res (comparez J�r�mie 5:10; J�r�mie 5:18; J�r�mie 30:11); et c�est ainsi que Dieu accorde sa justice avec sa fid�lit�. Mais nous n�avons ici qu�une �claircie fugitive, un rayon unique dans ce tableau aussit�t envahi de nouveau par les t�n�bres.

Le proph�te fait le tableau d�taill�, de la catastrophe dont les effets viennent d��tre d�crits.

D�vast�; elle l�est d�j� en id�e.

Que fais-tu ?� Derni�res tentatives diplomatiques des rois de Juda. Ces artifices de la courtisane, destin�s � s�duire encore ses vainqueurs, seront en pure perte; car ceux-ci ne veulent plus que la tuer. Comparez J�r�mie 2:24.

Les femmes se mettaient, sur le bord des paupi�res � l�int�rieur, un fard noir compos� de substances m�talliques, pour faire para�tre leurs yeux plus grands et plus brillants. Comparez le r�cit de la fin de J�zabel 2 Rois 9:30 et �sa�e 54:11.

La nation, atteinte au c�ur, n�a plus que la force de pousser une derni�re plainte avant de rendre le dernier soupir.