Bible Commentaries
Jean 15

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versets 1-27

1 � 17 L�union des disciples avec Christ et entre eux

Les interpr�tes se sont demand� quelle circonstance ext�rieure pouvait bien avoir amen� J�sus � se pr�senter � ses disciples sous l�image d�un cep de vigne.

Les uns pensent que ce fut la vue de la coupe avec laquelle il venait d�instituer la c�ne, en pronon�ant cette parole : �?Je ne boirai plus de ce produit de la vigne�;?� (Matthieu 26:29) d�autres qu�une treille ornait les parois ext�rieures de la chambre haute et que ses rejetons entraient par les fen�tres.

Les ex�g�tes qui admettent que ce discours fut prononc� en plein air, sur les pentes du C�dron (Jean 14:31, note), se repr�sentent J�sus passant le long d�une vigne. Mais puisque l��vang�liste a gard� le silence sur ce d�tail, nous pouvons nous r�signer � l�ignorer, et nous ajouterons, avec R. Strier, qu�il y a quelque chose de mesquin � penser que J�sus devait n�cessairement avoir sous les yeux l�objet mat�riel dont il fait une image.

Mais ce qui est digne de toute notre attention, c�est l�admirable parabole par laquelle il figure son union avec les siens, cette union dont il venait de leur parler (Jean 14:18-23), cette union qui devait �tre aussi vivante, aussi intime, aussi organique que l�est celle des sarments avec le cep dont ils tirent la s�ve, la vie, la fertilit�.

Il est le vrai cep, le v�ritable, celui qui, dans la sph�re spirituelle et morale, et dans ses rapports avec les �mes, r�alise pleinement l�id�e du cep dans la nature.

Le mot cep, remarque M. Godet, comprend ici le tronc et les branches, comme le terme le Christ, 1 Corinthiens 12:12, d�signe Christ et L��glise.

Le cep de vigne est une plante sans apparence (�sa�e 53:2) et sans beaut� (J�sus ne prend pas pour image le c�dre du Liban), mais elle est vivace et produit des fruits exquis un vin g�n�reux. Une telle plante donne lieu � une comparaison pleine de v�rit� de richesse et de beaut�.

Mon P�re est le vigneron, grec le cultivateur, ajoute J�sus. C�est Dieu, en effet, qui a plant� ce cep au sein de notre humanit�, en envoyant son Fils au monde, et qui, par l�effusion de l�Esprit, provoquera sa croissance; c�est Dieu qui am�ne les �mes � la communion avec le Sauveur (Jean 6:37-64); c�est Dieu enfin qui, par le travail incessant de sa gr�ce, purifie et sanctifie ceux qu�il a attir�s au Sauveur (verset 2).

On peut traduire : tout sarment qui est en moi, reli� en apparence au cep, et qui ne porte pas de fruit; ou bien : tout sarment qui ne porte pas de fruit en moi par son union organique avec moi.

Il y a, dans les ceps de vigne, des rejetons sauvages qui ne portent jamais de fruit; le vigneron les retranche, afin qu�ils n�absorbent pas inutilement la s�ve. Un homme peut, de diverses mani�res, appartenir ext�rieurement � J�sus-Christ en se rattachant � son �glise, en professant la foi chr�tienne sans avoir part � la vie sanctifiante du Christ.

T�t ou tard, il se verra retranch�, exclu de cette communion apparente avec le Sauveur. Mais les vrais sarments portent du fruit. Ceux-ci, Dieu les nettoie, les purifie, ou selon la plupart de nos versions, il les �monde.

Nous adoptons le premier de ces termes pour faire ressortir, comme dans le grec, la relation de cet acte avec les mots qui suivent : D�j� vous �tes nets (verset 3).

J�sus veut dire que ces sarments fertiles doivent �tre d�barrass�s de tout jet inutile, et m�me d�une partie de leur feuillage qui emp�cherait le fruit de m�rir. C�est Dieu encore qui poursuit, dans ses enfants, cette �uvre de purification et de sanctification continue, il l�accomplit par sa Parole (verset 3), par son Esprit, par tous les moyens de sa gr�ce. Et si cela ne suffit pas, le c�leste cultivateur emploie l�instrument tranchant et douloureux des �preuves, de la souffrance et des renoncements qu�il impose � ses enfants. Car ce qu�il veut � tout prix, c�est qu�ils portent plus de fruit.

J�sus, se tournant vers ses disciples, les rassure au sujet de ce mot s�v�re : il nettoie tout sarment qui porte du fruit.

D�j� ils sont nets, purs, dans le sens indiqu� au verset 2, c�est-�-dire qu�au moyen de la parole divine que J�sus leur a annonc�e, un principe imp�rissable de vie nouvelle a �t� d�pos� dans leur c�ur, et s�y d�veloppera peu � peu jusqu�� la perfection.

J�sus exprime ailleurs cette id�e profonde et consolante (Jean 13:10; Jean 17:8; comparez Jacques 1:18; 1 Pierre 1:23).

Des paroles pr�c�dentes qui d�peignent leur position de sarments unis au cep (en moi), d�coule pour les disciples un devoir absolu que J�sus formule ainsi : demeurez en moi, en renon�ant constamment � tout m�rite propre, � toute sagesse propre, � toute volont� et � toute force propres, ce qui est la condition d�une communion vivante avec moi. Si vous le faites, je demeurerai en vous, comme la source intarissable de votre vie spirituelle. Sinon, vous vous condamneriez � la st�rilit� du sarment s�par� du cep.

Cette cons�quence r�sulte avec �vidence de l�image m�me employ�e par J�sus. J�sus �tablit ainsi clairement la distinction entre la nature et la gr�ce.

Afin de rendre plus frappante encore la cons�quence n�gative qui pr�c�de, J�sus d�clare solennellement que c�est bien lui qui est le cep et que ses disciples sont les sarments; mais c�est pour conclure encore une fois qu�en lui, ils porteront beaucoup de fruit, mais que, hors de lui, ils n�en porteraient aucun, pas plus que le sarment s�par� du cep.

Cette seconde id�e, introduite par le mot car, parce que, semble donn�e comme une preuve de la premi�re affirmation, cela ne parait pas d�abord tr�s logique le fait que hors de Christ ils ne peuvent rien faire ne prouve pas que, en Christ, ils porteront beaucoup de fruit.

Mais ce fruit, qui le porte ? Celui-l� seul qui demeure en moi, dit J�sus; d�o� il r�sulte que c�est l�Esprit de Christ, qui, comme la s�ve du cep dans le sarment, fait seul porter du fruit � l�homme; c�est ce que confirme (car) le fait d�exp�rience que l�homme hors de Christ, comme le sarment d�tach� du cep, ne peut rien produire, rien de v�ritablement bon, rien qui supporte le regard du Dieu saint et qui lui soit agr�able.

Saint Augustin concluait de ce passage l�enti�re incapacit� morale de l�homme pour le bien. � quoi M. Godet r�pond, avec Meyer et les ex�g�tes modernes :

Le th�me ici formul� n�est pas celui de l�impuissance morale de l�homme naturel pour tout bien; c�est celui de l�inf�condit� du croyant laiss� � sa force propre, quand il s�agit de produire ou d�avancer la vie spirituelle, la vie de Dieu, en lui ou chez les autres.

Non seulement celui qui ne demeure pas en J�sus, dans une communion vivante avec lui, ne peut rien faire (verset 5), mais il va au-devant d�une succession de jugements terribles.

Le sarment s�par� du cep est d�abord jet� dehors, hors de la vigne qui repr�sente le royaume de Dieu, et il s�che n�cessairement, puisqu�il ne re�oit plus la s�ve du cep. Qu�on pense � Judas, par exemple dont J�sus venait d�annoncer la ruine (Jean 13:21 et suivants).

Mais ce jugement, moralement accompli d�s maintenant, aura au dernier jour son issue tragique que d�crivent les paroles suivantes : puis on ramasse ces sarments, et on les jette au feu et ils br�lent (grec ils ramassent, ils jettent); quel est le sujet de ces verbes ?

Dans la parabole, ce sont les serviteurs du vigneron; dans la r�alit�, ce sont les anges de Dieu (Matthieu 13:40-42).

Tous ces verbes sont au pr�sent, et ils rendent la sc�ne d�autant plus actuelle et vivante. La pens�e reste avec effroi sur ce dernier mot : ils br�lent (comparer Matthieu 3:10).

D, quelques majuscules et versions portent : ce sarment, on le jette au feu. Tischendorf adopte cette le�on.

Apr�s avoir prononc� ces redoutables paroles, J�sus revient avec tendresse � ses disciples qui demeurent en lui (le mot si n�exprime pas un doute), et il leur promet les gr�ces les plus pr�cieuses : toutes leurs pri�res seront exauc�es (Jean 15:16; Jean 14:13-14; Jean 16:23) et ils auront le bonheur de glorifier Dieu par des fruits abondants (verset 8).

La communion des disciples avec J�sus est ici exprim�e par ces deux termes : Si vous demeurez en moi et que mes paroles demeurent en vous, et non pas, comme le feraient entendre les verset 4 et 5 : et que je demeure en vous.

Les paroles de J�sus, qui sont esprit et vie, et qu�ils gardent dans leur c�ur, sont le lien vivant de communion avec lui. Inspir�s par elles, ils sont � la source de toutes les gr�ces divines, et leurs pri�res, qui ne seront plus que les paroles de J�sus transform�es en requ�tes, obtiendront toujours un exaucement certain.

Deux choses corr�latives : les paroles de J�sus auxquelles ils ob�issent, et leurs pri�res qui sont exauc�es.� Bengel

En ceci, ne se rapporte pas � ce qui pr�c�de, comme le veut Meyer, mais � ce qui suit : En ce que vous portiez beaucoup de fruits, le P�re est glorifi�.

Dieu, dans ses perfections, sa puissance, sa saintet�, son amour, se glorifie en reproduisant, dans le moindre de ses enfants, ces divers traits de sa ressemblance, plus que par toute la magnificence des �uvres de la cr�ation.

Portez beaucoup de fruit � la gloire de Dieu, ce sera la preuve certaine que vous �tes mes disciples et le moyen de le devenir toujours de nouveau.

Le grec porte : et vous deviendrez (B, D et que vous deveniez) disciples � moi, v�ritablement disciples et v�ritablement � moi.

Il faut toujours devenir disciple; on n�est pas tel une fois pour toutes.� Godet

Dans l�instruction qu�il a tir�e jusqu�ici de la parabole du cep et des sarments, J�sus n�a pas parl� express�ment de son amour pour ses disciples; mais chaque trait de cette belle image respire cet amour.

Que prouve l�insistance avec laquelle il leur recommande de demeurer en lui, et que signifie sa promesse r�p�t�e : Je demeurerai en vous, si ce n�est qu�il les aime ?

Maintenant, il le leur dit avec effusion. L�amour ineffable de son P�re pour lui est la mesure de son amour pour eux. Quel motif touchant de demeurer en son amour !

L�amour dont il parle n�est pas leur amour pour lui, mais son amour pour eux, qu�il leur ouvre comme une atmosph�re de lumi�re, de vie, de paix, dans laquelle ils pourront respirer, penser, aimer, agir.

Pourquoi ces verbes au pass� : mon P�re m�a aim�, je vous ai aim�s ? Parce que J�sus, qui touche � la fin de sa vie, jette un regard en arri�re et constate avec �motion que jamais l�amour de son P�re ne lui a fait d�faut (Jean 5:20; Jean 8:29; Jean 10:17), et que lui-m�me a toujours tendrement aim� les siens (Jean 13:1-34).

Mais ce double amour est, de sa nature, permanent, �ternel. Luther, avec ce g�nie pratique qui devait faire de sa version un livre populaire, traduit hardiment par le pr�sent : �?Comme mon P�re m�aime, moi aussi je vous aime?�.

Tout croyant sinc�re et humble peut, en ce sens, s�appliquer l�admirable d�claration du Sauveur.

J�sus n�est demeur� dans l�amour de son P�re, il n�a joui de cet amour que par sa parfaite ob�issance; les disciples, non plus, ne peuvent se sentir heureux dans l�amour du Sauveur qu�� cette condition. Mais ce sera l� leur joie (verset 11).

Ces choses, c�est tout ce discours (versets 1-10) concernant la communion intime o� il les invite � vivre avec lui, en particulier le devoir de demeurer en son amour et de le suivre dans la voie de l�ob�issance (verset 10). Il leur a dit tout cela afin de pouvoir leur faire part de sa joie qui sera en eux.

Il ne faut entendre par l� ni la joie qu�il produira en eux, ni la joie dont il leur ouvre la source, ni la joie qu�il �prouve � leur sujet, ni la joie qu�ils ont en lui, mais bien sa joie (grec la mienne), la joie intime et profonde qu�il go�te lui-m�me dans l�amour de son P�re, et que ne peut lui �ter l�approche des souffrances et de la mort, parce qu�il sait que son sacrifice sera la r�demption du monde.

Cette joie, il veut leur en faire part comme de son amour (verset 10), comme de sa paix (Jean 14:27). Cette joie, elle sera en eux et elle grandira jusqu�� devenir une joie accomplie (comparer Jean 17:13).

L�ap�tre Paul connaissait bien cette joie qui subsistait pour lui au milieu de ses souffrances et qu�il recommandait si souvent � ses fr�res (2 Corinthiens 13:11; Philippiens 2:17; Philippiens 4:4).

C�est l�amour de J�sus vivant dans le c�ur de ses disciples qui est la source de leur amour mutuel.

Il insiste sur ce commandement, dont l�observation est l��me de la vie chr�tienne (versets 10, 17; comparez Jean 13:34).

La mesure de l�amour qu�ils doivent avoir les uns pour les autres est dans ce mot : comme je vous ai aim�s. Et J�sus va dire comment il les a aim�s (verset 13).

Donner sa vie pour ses amis, c�est la plus grande preuve d�amour qu�on puisse leur donner. Aussi, contempler J�sus mourant sur la croix sera toujours le meilleur moyen de se p�n�trer de la grandeur de son amour. Cette parole du Ma�tre resta profond�ment grav�e dans le c�ur de notre �vang�liste; il la r�p�tait, plus tard, en prenant � la lettre le devoir qui en r�sulte pour les disciples de J�sus, celui de donner aussi leur vie pour leurs fr�res (1 Jean 3:16).

On pourrait dire que, d�apr�s l�ap�tre Paul, J�sus a montr� un amour plus grand encore, quand il voulut mourir, non seulement pour ses amis, mais �?pour des p�cheurs?� (Romains 5:8).

De Wette r�fute cette objection, en disant :

  1. qu�ici J�sus ne fait pas cette diff�rence, parce qu�il a en vue l�amour fraternel qu�il veut inspirer � ses disciples, et
  2. qu�il est aussi �?l�ami des p�cheurs?� (Luc 7:34), et qu�en les aimant jusqu�� la mort il voulait pr�cis�ment faire d�eux ses amis.

J�sus vient de dire qu�il donne sa vie pour ses amis. Puis, se tournant avec amour vers ses disciples, il ajoute : Vous �tes mes amis !

C��tait leur dire en m�me temps : Vous le prouverez, de votre c�t�, par l�ob�issance de l�amour (comparer verset 10, note).

J�sus voudrait leur faire appr�cier hautement ce beau titre d�ami qu�il vient de leur donner. Et, pour cela, il leur en explique le sens profond.

Je ne vous appelle plus serviteurs (grec esclaves), parce que le serviteur reste �tranger aux pens�es et aux projets de son ma�tre, mais je vous ai prouv� que vous �tes mes amis, parce que je vous ai fait conna�tre tous les desseins de mis�ricorde et d�amour que mon P�re m�a charg� d�accomplir pour le salut du monde.

C�est l� ce que J�sus exprime par ces termes familiers : toutes les choses que j�ai entendues de mon P�re.

Ces mots : Je ne vous appelle plus serviteurs ne sont en opposition ni avec le verset 20, qui �nonce un principe g�n�ral, ni avec le fait que les disciples continu�rent toujours � s�appeler �?serviteurs de J�sus-Christ?� (Actes 4:29; Romains 1:1; Galates 1:10, etc.); car, malgr� tout leur amour pour leur Ma�tre, ils ne purent jamais oublier qu�il �tait le Seigneur, et plus il les �levait jusqu�� lui. plus ils �prouvaient le besoin de s�abaisser en sa pr�sence (verset 16, note).

Bien que J�sus ait �lev� ses disciples jusqu�� ce rapport intime d�amour avec lui, ils ne doivent pas oublier qu�ici toute l�initiative est venue de lui. C�est lui qui les a choisis pour leur apostolat (Luc 6:13; Jean 6:70; Jean 13:18).

Le verbe grec est compos� d�une particule qui signifie �?choisir du milieu de?�. Il les a choisis du milieu du monde (verset 19), o� ils seraient rest�s sans la libre gr�ce du Sauveur.

C�est lui encore qui les a �tablis dans leur apostolat, et qui les a qualifi�s, par ses dons, pour cette grande et sainte vocation.

Tout cela, ajoute J�sus, je l�ai fait, afin que vous alliez (Matthieu 28:19) librement, joyeusement, � votre �uvre et que vous puissiez porter du fruit, un fruit qui sera permanent pour la vie �ternelle.

De ces mots : Je vous ai choisis et �tablis, d�pend encore le second afin que; ils sont, de ce fait, dans une position qui les assure que tout ce qu�ils demanderont au P�re au nom du Sauveur, il le leur donnera (Jean 14:13; Jean 16:23).

C�est ici la conclusion de cette partie du discours, depuis le verset 9.

Ces choses, ces paroles et ces instructions du Sauveur dans lesquelles tout est amour de sa part, il les a prodigu�es aux siens, afin qu�� leur tour ils s�aiment les uns les autres.

Il leur en fait une douce obligation, sur laquelle il insiste (Jean 13:34; Jean 15:12), aussi les ap�tres ont-ils compris l�immense importance de cet amour mutuel qui est l��me de L��glise dans sa communion avec le Sauveur (1 Jean 2:7 et suivants; Jean 3:11; Jean 4:20-21; Romains 13:8 et suivants).

15.18 � 16.4 la haine du monde

Quel douloureux contraste ! � tant d�amour de la part du Sauveur, le monde r�pond par la haine qu�il nourrit contre lui et contre ses disciples. J�sus le constate avec tristesse, � diverses reprises (Jean 7:7; Jean 15:24; Jean 17:14).

Et il veut que ses disciples le sachent, afin que, quand ils auront � souffrir de cette haine du monde, ils se rappellent qu�elle a �t� le partage de Celui dont la charit� �galait la saintet�, et qu�ainsi ils soient pr�serv�s du d�couragement et du doute (comparer 1 Jean 3:13; Jean 4:5-6).

J�sus indique ici � ses disciples la raison toute naturelle de cet �trange ph�nom�ne dont il leur parle.

Si vous �tiez du monde, si vous en aviez les principes et l�esprit, il vous aimerait, parce que vous seriez � lui, mais, parce que (grec) je vous ai choisis hors du monde, tir�s de son sein et soustraits � sa domination, pour vous attirer � moi et faire de vous ma propri�t�, il vous hait.

C��tait, pour les disciples, une consolation de savoir qu�ils n�appartenaient plus � ce monde qui allait crucifier le Saint et le Juste, mais tout entiers � ce Sauveur bien-aim�.

Ce mot de monde, r�p�t� cinq fois dans ce seul verset, a quelque chose de tr�s solennel et le tableau que J�sus retrace ici (jusqu�au verset 25) de l�opposition et de l�inimiti� du monde, fait de ces versets une peinture classique du caract�re que toute l��criture attribue aux adversaires de la v�rit� divine.

Il leur avait dit cette parole (Jean 13:16) pour les exhorter � l�humilit�; il la leur rappelle ici pour les encourager � souffrir avec patience (comparer Matthieu 10:24).

Puisque le serviteur n�est pas plus grand que son seigneur, les disciples ne doivent pas s�attendre � �viter les pers�cutions que leur Ma�tre a endur�es, il les en pr�vient, afin qu�ils ne soient pas d�courag�s quand elles se produiront (Jean 16:1-4).

Mais quel est le sens de ces derniers mots : s�ils ont gard� ma parole, ils garderont aussi la v�tre ?

Au premier abord, il para�t tout simple de consid�rer comme sujet de la proposition les individus bien dispos�s qui se sont s�par�s de la masse hostile : si, m�me au milieu de son peuple qui le rejetait, J�sus eut le bonheur de voir un petit nombre d��mes recevoir sa parole et s�attacher � lui, il en sera de m�me pour les disciples. Telle est l�interpr�tation d�Olshausen, Lange, M. Godet.

Mais on objecte � cette interpr�tation que le sujet de la seconde partie du verset 20 doit �tre le m�me que celui de la premi�re partie � savoir les Juifs pers�cuteurs, auxquels se rapportent du reste tous les verbes de ce discours (versets 20, 21, 22 et jusqu�au verset 25).

Il ne faut pas avec Grotius et Stier voir dans la seconde proposition une douloureuse ironie : ils ne garderont pas plus votre parole qu�ils n�ont gard� la mienne ! L�ironie ne convient pas au s�rieux et � la s�r�nit� de ce discours; et cette d�claration am�re ne serait pas exacte, car l�insucc�s de J�sus n�avait pas �t� complet.

Il faut laisser � la parole de J�sus son sens g�n�ral. L�accueil qu�il a re�u de la part du monde pr�sage aux disciples l�accueil auquel ils doivent s�attendre eux-m�mes : les uns les pers�cuteront, d�autres garderont leur parole; des troisi�mes, comme Saul de Tarse, passeront des rangs des pers�cuteurs � ceux des fid�les.

Le monde ennemi de Dieu n�est jamais toute notre humanit�; son opposition violente contre l��vangile ne se manifeste pas partout de la m�me mani�re absolue. Il reste toujours un vaste champ o� les disciples peuvent r�pandre la parole de vie avec la certitude de rencontrer des �mes qui la garderont. Telle est l�interpr�tation de Wette, Meyer, Luthardt, Weiss, Keil, Asti�.

Cette inimiti� du monde que J�sus annonce aux disciples pourra les �tonner et les amener � se demander s�ils ne font pas fausse route.

Mais, ajoute J�sus, ne vous laissez point arr�ter, cela est dans la nature des choses. Et il leur en donne deux raisons qui expliquent tout.

Ils vous feront tout cela � cause de mon nom, ce nom qu�ils ha�ssent, quoiqu�il soit l�expression de la v�rit� et de la saintet� de Dieu (comparer Actes 4:17; Actes 9:14; Actes 26:9; Matthieu 24:9).

Et cette haine, ils l��prouveront parce qu�ils ne connaissent pas Celui qui m�a envoy�. S�ils le connaissaient, ils recevraient avec empressement son envoy� (Jean 16:3).

Cette explication que J�sus donne � ses disciples devait �tre, et fut en effet pour eux, dans la suite, une puissante consolation; ils seront heureux de souffrir pour le nom de J�sus (Actes 5:41; Actes 21:13), ils se glorifieront de ces souffrances pour lui (Romains 5:3; 2 Corinthiens 12:10), parce qu�ils verront en elles un trait de leur ressemblance avec lui, un moyen de lui t�moigner leur amour.

En quoi consiste proprement le p�ch� des Isra�lites, pour lequel ils n�ont point d�excuses ?

Dans le fait qu�ils n�ont pas reconnu en J�sus le Messie. L�incr�dulit� et les innombrables r�voltes dont ils s��taient rendus coupables au cours de leur histoire ne leur eussent pas �t� imput�s comme p�ch�, s�ils avaient fini par accueillir le Sauveur. Sans doute, ils en �taient responsables; mais cette responsabilit� dispara�t, pour ainsi dire, devant le crime que J�sus leur reproche ici.

Il �tait venu � eux, ils avaient �t� t�moins de sa vie sainte, de ses �uvres (verset 24); il leur avait parl� de toute la mis�ricorde et de tout l�amour de son P�re, et, en pr�sence de cette manifestation divine, ils s��taient endurcis dans une incr�dulit� qui allait jusqu�� la haine.

Or cette haine contre le Fils de Dieu remontait jusqu�� son P�re, et elle allait s�assouvir par le meurtre du Saint et du Juste. L� �tait le p�ch� pour lequel ils n�avaient point d�excuse (grec point de pr�texte).

La parole : Celui qui me hait, hait aussi mon P�re, ne se justifie que si J�sus est le Fils de Dieu (comparer Jean 5:23; Jean 12:44; Jean 14:9).

� ses paroles qu�ils ont entendues (verset 22), J�sus a ajout�, et cela augmente leur culpabilit�, des �uvres qu�ils ont vues.

C��taient des �uvres qu�aucun autre n�a faites, car elles portaient le cachet de la divinit� (Jean 5:36; Jean 9:3-4; Jean 10:37-38; Jean 14:10).

M�me les moins intelligents, qui auraient pu ne pas comprendre ses paroles, avaient au moins des yeux pour voir ses �uvres. Et qu�est il arriv� ?

Grec : mais maintenant et ils ont vu et ils ont ha� et moi et mon P�re. L� est le p�ch� sans excuse et la cause de la condamnation.

Mais,� ce fait si �trange et si propre � scandaliser les disciples n��tait point impr�vu. Tout ce qui arrivait � J�sus �tait pr�dit dans les �critures. Leur loi, dit-il, comme ailleurs votre loi (Jean 8:17-18; Jean 10:34, note), cette loi sur laquelle ils s�appuyaient et dont ils se vantaient, c�est elle qui les accusait.

Le mot loi est pris ici dans un sens g�n�ral, o� il d�signe tout l�Ancien Testament, car la citation est tir�e du Psaumes 69:5 (comparer Psaumes 35:19).

L�, le juste, expos� � la haine gratuite de ses ennemis, est bien le type de Celui qui s�est charg� de nos douleurs; car de tout temps a exist� l�inimiti� du monde contre Dieu et contre ses serviteurs.

Plus J�sus fait pressentir � ses disciples les difficult�s et les luttes qu�ils auront � soutenir au milieu du monde plus il insiste sur la promesse de ce puissant aide, l�Esprit de v�rit�, dont ils auront un si pressant besoin (Jean 14:16-17; Jean 14:26; Luc 24:49).

Ici, il interrompt sa description de l�hostilit� du monde pour leur renouveler cette promesse, � laquelle il reviendra plus au long (Jean 16:7-15).

Le mais, par lequel est introduite cette proposition (verset 26), manque dans Codex Sinaiticus, B. L��uvre que J�sus attribue � l�Esprit de v�rit� (Jean 14:17, note) est celle d�un t�moignage : C�est lui qui rendra t�moignage de moi. Comment ? Par la parole des ap�tres : Et vous aussi, vous rendrez t�moignage.

Il y a en grec le pr�sent : vous rendez, et non le futur.

J�sus les consid�re comme transport�s au moment o� l�Esprit rendra t�moignage. On pourrait aussi envisager ce verbe comme un imp�ratif : Et vous aussi t�moignez !

Le t�moignage de l�Esprit et celui des ap�tres sont-ils un seul et m�me t�moignage ? Non, J�sus les distingue d�abord par ces mots : et vous aussi, puis, surtout par ceux-ci : parce que vous �tes d�s le commencement avec moi.

Le Sauveur a �tabli ses disciples pour �tre des t�moins de son minist�re tout entier (Actes 1:8); ils devaient en �tre parfaitement instruits (Actes 1:21) afin de constater les faits, que le Saint Esprit n�enseigne pas directement, mais dont il r�v�le le sens et la port�e. En un mot, les disciples rendent t�moignage au Christ historique en racontant sa vie, tandis que le Saint-Esprit, f�condant leurs r�cits et cr�ant la foi dans les �mes, rend t�moignage au Christ vivant. L�ap�tre Pierre, dans un de ses discours, fait tr�s nettement cette distinction (Actes 5:32; comparez Romains 8:16).

Le verset verset 26 (ainsi que Jean 14:16-17) a toujours �t� consid�r� dans l��glise chr�tienne comme une r�v�lation compl�te de Dieu, P�re, Fils et Saint-Esprit. Mais cette doctrine est mise dans un rapport direct avec la vie pratique, le salut des �mes.

Ainsi elle r�pond aux profonds besoins de l�homme p�cheur, auquel il faut un P�re c�leste qui l�assure de sa mis�ricorde, un Sauveur qui le rach�te du p�ch� et de la mort, et l�Esprit-Saint qui l��claire, le r�g�n�re et le sanctifie (comparer Matthieu 28:19; 2 Corinthiens 13:13; 1 Pierre 1:2, note). Mais, d�s que l�esprit humain se jette, � ce sujet, dans des sp�culations m�taphysiques, il tombe dans l�incompr�hensible et l�insondable.

On sait, par exemple, � quelles luttes acerbes et prolong�es a donn� lieu, entre L��glise grecque et L��glise latine, cette simple parole : Je vous enverrai l�Esprit qui proc�de du P�re : la premi�re soutenant que l�Esprit ne proc�de que du P�re, la seconde ajoutant ce mot devenu si c�l�bre : et du Fils.

Ainsi une parole qui devait nous r�v�ler la puissance divine et lumineuse du t�moignage du Saint-Esprit est devenue l�objet de pol�miques aussi irritantes que st�riles !

La plupart des interpr�tes modernes estiment que les mots qui proc�de du P�re se rapportent � l�envoi du Saint Esprit aux disciples, et qu�il faut par cons�quent les traduire, comme le fait Rilliet : qui sort d�aupr�s du P�re. Il y a en grec la m�me pr�position que dans la phrase : Je vous l�enverrai de la part du P�re.

Mais M. Godet pense qu�ainsi comprise la proposition : qui proc�de du P�re ne serait qu�une r�p�tition oiseuse de la pr�c�dente, et il l�applique, comme les anciens interpr�tes de L��glise grecque, aux relations �ternelles et essentielles du P�re et de l�Esprit.

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Informations bibliographiques
bibliography-text="Commentaire sur John 15". "Bible annotée". https://beta.studylight.org/commentaries/fre/ann/john-15.html.