Bible Commentaries
Jean 18

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versets 1-40

18.28 � 19.16 J�sus devant Pilate

Isra�l a rejet� et condamn� � mort son Messie, son Sauveur, et, comme depuis que ce peuple est sous la domination romaine, il a perdu le droit d�ex�cuter des sentences capitales (verset 31), il a la honte de le livrer � l�autorit� pa�enne alors repr�sent�e par Pilate.

Le pr�toire (Matthieu 27:27) �tait � Rome le lieu o� le pr�teur rendait la justice. Dans les provinces, on appelait de ce nom le palais du gouverneur. � J�rusalem, c��tait, selon les uns, l�ancien palais d�H�rode dans la partie occidentale de la ville haute; selon d�autres, un �difice attenant � la citadelle Antonia, o� logeait la garnison romaine, � l�angle nord-ouest du temple. Bien que le Gouverneur r�sid�t � C�sar�e, il venait � J�rusalem durant les grandes f�tes, afin de pr�venir les troubles qui s�y produisaient souvent.

C��tait le matin, car la nuit s��tait �coul�e d�abord chez Anne, puis devant le sanh�drin, o� J�sus venait d��tre condamn� � mort. Pilate, sans doute pr�venu d�s la veille, consentit � donner cette audience matinale (comparer sur ce proc�s devant Pilate Matthieu 27:11-30, Marc 15:1-20; Luc 23:1-25, note).

Dans le r�cit qu�il fait de celle-ci, Jean est plus complet que les synoptiques, et il a seul conserv� plusieurs traits d�une grande importance.

M. Godet r�sume ces transactions dans les termes suivants :

Les Juifs demandent � Pilate de confirmer sans examen leur sentence (verset 30). Celui-ci s�y refuse : c�est la premi�re phase des n�gociations : versets 38-32. Alors ils articulent une accusation politique : il s�est fait roi. Pilate juge cette accusation non fond�e; puis il fait deux tentatives infructueuses pour d�livrer J�sus avec l�appui du peuple, c�est la seconde phase : verset 33 � 19.6. Les Juifs avancent alors un grief religieux : Il s�est fait Fils de Dieu. � l�ou�e de cette accusation, Pilate s�efforce de plus en plus de d�livrer J�sus, c�est la troisi�me phase : versets 7-12. � ce moment, les Juifs voyant leur proie pr�te � leur �chapper, mettent de c�t� toute pudeur et emploient le moyen odieux de l�intimidation personnelle pour faire plier la conscience du juge. Sur cette voie, ils se laissent entra�ner jusqu�au reniement de leur plus ch�re esp�rance, celle du Messie : ils s�inf�odent � C�sar; c�est la quatri�me phase : versets 12-16.

Les chefs du peuple, qui venaient livrer J�sus � Pilate, refusent d�entrer dans le pr�toire, afin de ne pas se souiller. Effrayante hypocrisie dans ces ministres de la religion, qui, la haine au c�ur, vont commettre le plus odieux des crimes et se font scrupule d�entrer dans une maison pa�enne o� il y avait du levain !

C�est ici le passage principal de notre �vangile sur lequel se fondent les interpr�tes qui admettent que Jean, contrairement aux synoptiques, place la mort de J�sus au 14 Nisan (voir Jean 13:1, note).

Nous voyons, en effet, les Juifs craindre de se souiller et de ne pouvoir manger la P�que.

Cette expression manger la P�que signifie ordinairement manger l�agneau pascal.

Ceux qui pensent que nous sommes au 15 Nisan s�efforcent d��tendre cette expression � la c�l�bration de la f�te tout enti�re. Mais les passages cit�s (Deut�ronome 16:2-3; 2 Chroniques 30:22; 2 Chroniques 35:7-9) sont peu concluants.

Donc, en cons�quence de ce que les chefs du peuple ne voulaient pas entrer dans le pr�toire.

Cette condescendance pour des scrupules qui devaient lui para�tre absurdes et peu respectueux pour lui, montre, d�s l�abord, chez ce gouverneur, une certaine crainte qu�il avait des Juifs, � cause des accusations qu�ils pouvaient porter � Rome contre lui; et c�est cette crainte qui finit par triompher de sa conscience (Jean 19:12-16).

Voir, sur Pilate, Matthieu 27:2, note.

Rien n��tait plus naturel que la question de Pilate (verset 29), mais les membres du sanh�drin le trouvent encore trop exigeant, ils entendent que le gouverneur les croie sur parole et ratifie leur sentence sans examiner leur cause.

Puisque vous ne voulez pas produire vos raisons, chargez-vous seuls de la cause et juger vous-m�mes l�accus� selon votre loi, bien entendu dans les limites de votre comp�tence.

Le sanh�drin n�avait plus le droit de mettre � mort, mais il pouvait excommunier, condamner � la peine du fouet, � la prison.

Pilate saisit avec empressement l�occasion de se d�barrasser de l�affaire, mais il n�autorise nullement les Juifs � mettre � mort J�sus sous leur responsabilit�. La situation est autre Jean 19:6.

La concession de Pilate ne fait pas le compte des Juifs. Ils ont condamn� J�sus � mort ils ont dans l�esprit le dessein arr�t� de l�ex�cuter sans d�lai, ils sont donc forc�s de se r�cuser, quelque p�nible qu�il leur soit d�avouer tout haut et de reconna�tre devant Pilate leur d�pendance (comparer verset 19.15).

J�sus avait pr�dit, � diverses reprises, qu�il serait �lev� sur la croix, crucifi�, et cela par la main des pa�ens (Jean 3:14; Jean 8:28; Jean 12:32; Matthieu 20:19).

S�il avait �t� condamn� par le sanh�drin, jouissant encore du droit de vie ou de mort, ou s�il avait �t� ex�cut� comme �tienne, contre l�ordre �tabli et � la faveur d�un mouvement s�ditieux, il aurait �t� lapid�, car c��tait, d�apr�s le Talmud le supplice r�serv� aux faux proph�tes.

Le supplice de la croix, au contraire �tait d�institution romaine. Or, l��vang�liste voit, avec raison, dans ce fait que les Juifs doivent se reconna�tre incomp�tents, une direction divine par laquelle la parole de J�sus �tait accomplie.

Grec : Toi, tu es le roi Les Juifs ?

Le ton de ces paroles �tait sans doute celui de l��tonnement et de l�ironie.

Mais cette question de Pilate que rien ne motive dans ce qui pr�c�de ne se comprend qu�en admettant que les Juifs, malgr� leur pr�tention du verset 30, ont fini par articuler leur accusation (comparez Matthieu 27:11, 1re note) qui, en effet, est tout enti�re rapport�e par Luc 23:2.

Le chef principal de cette accusation �tait que J�sus se disait �tre Messie, Roi.

L�iniquit� du proc�d� des Juifs consistait � transformer le grief religieux pour lequel ils avaient condamn� J�sus (Matthieu 26:63-65, note), en une accusation politique, qu�ils renfor�aient encore de cette calomnie. �?Il d�fend de payer le tribut � C�sar?� (Luc 23:2).

La question de J�sus a �t� diversement interpr�t�e.

Meyer pense que J�sus faisait simplement usage du droit qu�a tout accus� de conna�tre ses accusateurs, car il ne pouvait supposer que Pilate prit le titre de roi dans un autre sens que son sens politique. Mais quel eut �t� le but d�une telle question ? Demanderons-nous avec M. Godet. D�ailleurs, si J�sus voulait simplement se renseigner sur ses accusateurs, pourquoi demande-t-il � Pilate : Est-ce de toi-m�me que tu dis cela ?.

D�autres pensent que J�sus voulait rendre suspecte, aux yeux de Pilate, une accusation qui venait de ses ennemis.

Mais tout cela ne rend pas bien compte de la double question du Sauveur. J�sus fait �videmment ici une distinction importante : dans le sens politique qu�un Romain devait donner � ce titre de roi, il pouvait simplement le nier, mais, dans la signification th�ocratique et religieuse que les Juifs donnaient au nom de Messie, Roi, il se serait bien gard� de le refuser, car il se serait mis en contradiction avec ses propres paroles (Matthieu 26:64, note, comparez versets 36, 37).

C�est pourquoi il demande � Pilate s�il est arriv� par lui-m�me � le soup�onner d�aspirer � la royaut�; en ce cas, il aurait r�pondu par une simple d�n�gation, certain que ce titre de roi ne pouvait impliquer que des vis�es politiques. Mais si cette question a �t� sugg�r�e � Pilate par le sanh�drin, la franchise fait � J�sus un devoir de s�expliquer sur ce titre de Messie, qu�il a r�ellement revendiqu�, et sur le sens dans lequel il l�a pris.

Tel est, pensons-nous avec MM. Weiss et Godet, le vrai sens de la double question, qui prend ainsi une grande importance et para�t pleine de sagesse.

Cette r�ponse du fonctionnaire romain trahit quelque m�pris pour le nom de Juif et signifie : Est-ce que je puis entendre la moindre chose � vos subtiles distinctions juda�ques ?

Laissons cela, et puisque c�est ta nation et ses pr�tres qui t�accusent, r�ponds nettement : qu�as-tu fait ? quel est ton crime ?

Trois fois J�sus prononce avec solennit� ce mot mon royaume (comparez Matthieu 3:2, 2e note), ou mieux encore, ici, ma royaut�; et c�est pour d�clarer trois fois que cette royaut� n�est pas de ce monde, pas d�ici-bas.

Par son origine, par sa nature, par son esprit, par son but, elle n�a rien de commun avec les royaut�s de ce monde; elle n��mane point de l�humanit� d�chue et corrompue, ni d�aucune force qui soit en elle; mais elle vient d�en haut, du ciel.

La preuve que J�sus en donne, c�est qu�il r�pudie, pour �tablir cette royaut�, toutes les armes charnelles et terrestres; ses serviteurs n�ont point combattu pour sa cause; il n�agira que sur les c�urs, par la puissance de la v�rit� divine (verset 37).

Mais quels sont ces serviteurs ?

Ceux qu�il aurait eus, dont il n�aurait pas manqu� de se pourvoir, si son r�gne �tait de ce monde; ainsi r�pondent quelques ex�g�tes (L�cke, de Wette, Tholuck); mais, selon d�autres (Meyer, Weiss, Godet), J�sus entend par l� les serviteurs qu�il a r�ellement, ses adh�rents, ces multitudes qui l�acclamaient quelques jours auparavant, lors de son entr�e � J�rusalem, et qui, en effet, avaient voulu le proclamer roi (Jean 6:15).

Qui dira ce que J�sus, avec son pouvoir sur les masses, aurait pu faire d�elles, s�il avait voulu exciter leur enthousiasme et leurs passions nationales ? L�une et l�autre de ces interpr�tations sont admissibles.

Mais ce qui ne l�est pas, c�est d�entendre par ces serviteurs les anges, comme le font Bengel et Stier, sans doute d�apr�s Matthieu 26:63. J�sus aurait-il exprim� une telle pens�e en pr�sence de Pilate ?

Pilate conclut des paroles qui pr�c�dent que J�sus s�attribue r�ellement une royaut� quelconque, dont il ne comprend pas la nature et il s��crie avec �tonnement : Tu es donc roi ?

Parle-t-il encore avec ironie, ou avec m�pris ? Ou bien, impressionn� par les paroles et la dignit� du Sauveur, est-il devenu plus s�rieux, comme semble l�indiquer la suite de ces transactions ? Les interpr�tes sont partag�s sur ce point, difficile � d�cider.

Tu le dis est une affirmation directe qui signifie : oui, comme tu le dis (Matthieu 26:25-64).

J�sus ajoute avec solennit� : Je suis roi, et il explique dans quel sens il l�est, en rendant t�moignage � la v�rit�.

C�est � cette grande vocation que se rapporte dans l�original le mot deux fois r�p�t� : c�est pour cela. J�sus affirme donc avec solennit� que c�est pour rendre t�moignage � la v�rit� divine, que lui-m�me a r�v�l�e, qu�il est n� et qu�il est venu dans le monde.

Le premier de ces termes indique sa naissance humaine, le second sa venue d�en haut, du ciel, o� il existait avant sa naissance.

Telle est, dans notre �vangile, la signification de cette expression : venir dans le monde (Jean 9:39; Jean 11:27; Jean 16:28). Il est donc contraire au langage de cet �vangile d�entendre ces mots de l�entr�e de J�sus dans son minist�re, comme le veulent quelques interpr�tes. C�est pr�cis�ment parce que le Sauveur est venu du ciel, o� il a contempl� la v�rit� en Dieu m�me, qu�il peut en rendre t�moignage (Jean 3:11-32; Jean 1:7).

�tre roi par la v�rit�, c�est la seule royaut� v�ritable; on le comprend si l�on entend ce mot de v�rit� dans son sens le plus profond, le plus absolu; qui renferme la r�alit� �ternelle des choses, l�harmonie avec Dieu, la saintet�. Les disciples de J�sus sont appel�s � la haute destination de prendre part, avec lui, � cette royaut�.

�tre de la v�rit�, c�est en d�pendre, se sentir en harmonie avec elle (Jean 3:21) se soumettre avec joie � son influence (Jean 7:17), comme �tre de Dieu (Jean 8:47), c�est lui appartenir par le c�ur. J�sus d�signe ainsi ceux que le P�re attire � lui (Jean 6:44-65); et ceux-l� �coutent sa voix (Jean 10:4-16) et la reconnaissent avec bonheur.

Par ces paroles, J�sus s�est expliqu� clairement sur sa royaut�; il a d�clar�, d�une part, qu�il est roi, et avec quelle destination il l�est; d�autre part, quels sont les sujets de son royaume; et ainsi il a pleinement r�solu la question pos�e par Pilate.� Meyer

Pilate, dans cette question qu�il jette avec une superbe indiff�rence, sans attendre de r�ponse, manifeste toute la pr�somptueuse l�g�ret� de l�homme du monde, en m�me temps que la sagesse � courte vue de l�homme d��tat, qui ne croit qu�au r�gne de la violence et de la ruse.

Apr�s cela, Pilate, ne voyant plus en J�sus qu�un exalt� fort peu dangereux, le d�clare innocent quant � l�accusation politique formul�e contre lui.

Mais au lieu de le renvoyer libre, par crainte des Juifs, qu�il ne veut pas s�ali�ner davantage, il recourt � divers exp�dients pour le d�livrer. Le premier fut de renvoyer J�sus � H�rode (Luc 23:6 et suivants); le second fut d�offrir aux Juifs de leur rel�cher J�sus, en prenant occasion du privil�ge qu�ils avaient de demander, � la f�te de P�que, la lib�ration d�un prisonnier (versets 39, 40).

Voir, sur cet incident relatif � Barabbas, Matthieu 27:15-21; Marc 15:6-15; Luc 23:17-19, notes; comparez Actes 3:14.

Marc est celui qui le raconte avec le plus de d�tails. Selon lui c�est le peuple qui prit l�initiative, en r�clamant le prisonnier que le gouverneur rel�chait � la f�te, et qui excit� par ses chefs demanda la libert� de Barabbas.

Mais Pilate, d�sireux de lib�rer un accus� dont il reconnaissait l�innocence, saisit avec empressement l�occasion qu�on lui offrait ainsi.

Sur le titre roi des Juifs, que Pilate donne � J�sus, voir Marc 15:10, note.

Les Juifs manifestent, encore ici, les mauvaises passions qui les animent en r�clamant, par leurs cris, Barabbas, qu�ils pr�f�rent � J�sus. L��vang�liste juge leur attitude par cette simple remarque, que la situation rend tragique : Or Barabbas �tait un brigand.

Le mot : cri�rent de nouveau, �tonne dans le r�cit de Jean o� les chefs du peuple n�ont point encore fait entendre ces cris passionn�s. Jean suppose connues les relations de ses devanciers (voir Marc 15:8; Luc 23:5-10).

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bibliography-text="Commentaire sur John 18". "Bible annotée". https://beta.studylight.org/commentaries/fre/ann/john-18.html.