Bible Commentaries
Jean 5

Bible annotéeBible annotée

versets 1-47

19 � 47 Discours de J�sus

J�sus confirme la d�claration qu�il vient de faire (verset 17), mais en l�expliquant. Pour cela il �nonce d�abord une pens�e n�gative, puis une grande affirmation.

Dans la premi�re, il ne nie point qu�il n�ait, absolument parlant, de pouvoir � soi, mais il exprime l�impossibilit� morale o� il est de rien faire qui ne soit en pleine harmonie avec la volont� de son P�re, et cela pr�cis�ment parce qu�il est le Fils, son image, son r�v�lateur, son repr�sentant, qui ne peut agir que dans une communion parfaite avec lui.

Or, il a toujours une intuition imm�diate de tout ce que Dieu fait il ne peut rien faire � moins qu�il ne le voie faire au P�re (grec s�il ne voit le P�re faisant quelque chose). Comparer verset 10.

Il est, comme un fils, qui suit avec attention tout ce que fait son P�re, afin de ne jamais s��carter de la voie que le P�re lui montre. De cette union de nature, de volont� et d�amour, dans laquelle le Fils vit avec le P�re, il r�sulte que (grec) les choses, quelles qu�elles soient, que le P�re fait, le Fils les fait pareillement.

Cette d�claration est une confirmation expresse de la parole qui a scandalis� les Juifs (verset 17).

L�unit� d�action du P�re et du Fils (verset 19) ne r�sulte pas seulement de la relation de nature qui les unit en tant que P�re et Fils. J�sus a soin, dans l�explication (car) qu�il en donne, d�accentuer son caract�re moral : c�est un ineffable rapport d�amour (Jean 3:35), dans lequel le P�re se communique au Fils et lui montre tout ce qu�il fait.

Celui qui aime ne c�le rien.� Bengel

Les mots voir (verset 19) et montrer (verset 20) expriment des actes tout int�rieurs, tout spirituels. Le P�re ne montre pas au Fils des �uvres d�j� ext�rieurement r�alis�es et que le Fils n�aurait qu�� imiter. Et d�autre part, le P�re n�accorde pas seulement au Fils des visions passag�res, comme jadis aux proph�tes, des illuminations exceptionnelles dans les moments critiques de sa carri�re.

Non, l�action du P�re qui montre et celle du Fils qui voit sont des actions continues. Le Fils est l�objet de la part du P�re d�une initiation de tous les instants. Lui, le Fils unique, qui est �?dans le ciel?� (Jean 3:13), �?dans le sein du P�re?� (Jean 1:18), contemple les pens�es �ternelles de Dieu, qui sont d�j� virtuellement des �uvres, et il les accomplit, il les fait passer l�une apr�s l�autre � l��tat r�el. Mais cette initiation du Fils est progressive, et l�activit� qu�il d�ploie en vertu de cette initiation est de m�me soumise � une gradation.

C�est la v�rit� qu��nonce la seconde partie du verset 20 : il lui montrera des �uvres plus grandes que celles-ci.

Ce dernier mot se rapporte, suivant M. Godet, � la gu�rison de l�impotent et aux miracles du m�me genre que J�sus accomplissait, et dont les Juifs �taient alors les t�moins; suivant M. Weiss, il d�signerait les �uvres que J�sus accomplissait le jour du sabbat (verset 16), en pr�tendant r�gler sa conduite sur l�activit� de Dieu qui ne conna�t pas l�interruption du sabbat.

Il y a du vrai dans cette derni�re explication; elle n�est pas incompatible avec la premi�re, car si la gu�rison de l�impotent a provoqu� l��tonnement et le scandale des Juifs, c��tait surtout parce qu�elle �tait accomplie le jour du sabbat et affichait la pr�tention de J�sus d��tre ma�tre du sabbat (verset 1, note).

Les �uvres plus grandes qu�il accomplira dans l�avenir sont d�s lors des �uvres qui, plus encore que ce miracle fait un jour de sabbat mettront en relief sa souveraine dignit� et feront �clater sa gloire divine. J�sus va mentionner (versets 21-30) quelques-unes de ces grandes �uvres qu�il accomplira jusqu�� la fin des temps, mais auparavant il ajoute : afin que vous soyez dans l��tonnement. Afin que, tel est le dessein de Dieu; et comme J�sus parle � des hommes qui se sont montr�s incr�dules,

cet �tonnement sera celui de la confusion.� Meyer (comparer Actes 4:13)

D�autre part, comme ce mot signifie aussi �tre dans l�admiration, Bengel l�entend dans ce sens : �?Vous qui maintenant ha�ssez, vous rendrez hommage par votre admiration et votre foi?�. C�est ce qui eut lieu, au moins pour quelques-uns des adversaires (Jean 11:44-45).

J�sus justifie et explique (car) son affirmation que le P�re lui montrera des �uvres plus grandes, en nommant ces �uvres : ce sont la r�surrection et le jugement de l�humanit� (versets 21-29).

Ici se pose une question qui a divis� les interpr�tes, depuis les P�res de l��glise jusqu�� nos jours : De quels morts et de quelle r�surrection s�agit-il dans ce discours de J�sus ? (versets 21-29).

Les uns pensent que, dans tout ce passage, il est question de la r�surrection des morts au sens corporel et du jugement dernier (Plusieurs P�res, Bengel, Hengstenberg). Cette opinion est incompatible, d�abord avec les mots : �?ceux qu�il veut?�, puis avec les versets 23, 24, 25 (voir les notes).

D�autres, au contraire, entendent tout ce discours dans le sens exclusif d�une r�surrection spirituelle et du jugement int�rieur et moral qu�exerce l��vangile partout o� il est pr�ch�. Cette interpr�tation devient impossible en pr�sence des versets 28, 29.

Un troisi�me groupe reconna�t que le Sauveur parle d�abord de son action spirituelle et actuelle sur les �mes (versets 21-27), et qu�il annonce ensuite la r�surrection universelle du dernier jour (versets 28, 29).

Cette interpr�tation, pr�sent�e d�j� par Calvin, a �t� admise par la plupart des ex�g�tes modernes : L�cke, Tholuck, Meyer, etc.

On peut, par une analyse plus exacte encore du discours, y distinguer trois parties :

  1. J�sus parle d�une mani�re tout � fait g�n�rale de l��uvre de r�surrection et de Jugement qu�il accomplit (versets 21-23).
  2. Il caract�rise cette �uvre telle qu�il l�accomplit dans la sph�re morale (versets 24-27).
  3. Il d�peint la r�surrection des morts qu�il op�rera � la fin des temps et qui sera suivie du jugement dernier (versets 28-29).

Cette division, indiqu�e d�j� par de Wette, est adopt�e par MM. Asti� Luthardt, Weiss, Keil, Godet, etc.

Ressusciter les morts et les faire vivre, maintenir en eux la vie, apr�s les avoir arrach�s � la mort, est �minemment une �uvre de Dieu, source de toute vie (Deut�ronome 32:39; 1 Samuel 2:6; Romains 4:17).

Or le Fils d�clare solennellement que cette �uvre de Dieu est aussi la sienne. Les interpr�tes se demandent dans quelle relation l��uvre de vivification accomplie par le Fils se trouve avec celle que le P�re accomplit. R�soudre cette question revient � d�terminer le sens de la locution : comme� de m�me�

M. Godet estime que ce n�est pas tenir compte de cette locution que de dire : le Fils est l�organe du P�re; c�est par lui que le P�re ex�cute l��uvre de r�surrection qui rentrait dans son plan du salut.

En employant cette locution, J�sus penserait � une �uvre r�elle qu�accomplit le P�re et � laquelle r�pond la sienne. Cette �uvre serait l��uvre � la fois cr�atrice, conservatrice et r�paratrice que l�Ancien Testament attribue � Dieu. Dieu l�a accomplie jusqu�ici, mais J�sus s�en fait maintenant �?l�agent dans le milieu particulier o� il se trouve � chaque moment, ce milieu s��tendra toujours davantage, sa capacit�, � lui, pour l�op�rer, s�accro�tra dans la m�me mesure, jusqu�� ce que ce domaine soit l�univers et la puissance du Fils, la toute-puissance?� (comparer Matthieu 28:18).

Et M. Godet indique comme degr�s de cette croissance : les miracles isol�s de r�surrection corporelle et spirituelle, la r�surrection morale de l�humanit� par la communication du Saint-Esprit, la victoire sur la mort et la r�surrection universelle.

On a object� � cette explication, qui s�duit au premier abord par ses vues profondes sur l��uvre de J�sus-Christ et la part de v�rit� qu�elle renferme :

  1. que, d�apr�s l�enseignement du Prologue, le P�re n�a pas transmis au Fils � un moment donn� l�activit� qu�il aurait exerc�e jusque-l� seul, mais que d�s l�origine, l�activit� du P�re s�est exerc�e par l�entremise du Fils (Jean 1:3);
  2. que rien dans notre texte n�indique que cette transmission se soit faite d�une mani�re graduelle et progressive : la locution comme� de m�me� assimile enti�rement l��uvre du Fils � celle du P�re, sans rien statuer sur la mani�re dont ces deux activit�s se combinent, sans dire si elles s�exercent simultan�ment ou successivement, si l�une est subordonn�e � l�autre.

Le vague de la pens�e, � cet �gard, provient de ce que, dans tout ce passage (versets 19-23), le Fils ne d�crit pas encore son activit�, mais affirme, par des d�clarations g�n�rales et abstraites, son unit� et son �galit� avec le P�re, pour aboutir � la conclusion du verset 23.

En disant : ceux qu�il veut, J�sus ne pr�tend point que jamais sa volont� puisse �tre ind�pendante de celle du P�re (verset 19), ni qu�il y ait dans cette volont� aucun arbitraire.

Calvin voit � tort dans ces mots l�id�e de la pr�destination ils expriment, d�une mani�re g�n�rale, l� puissance qu�a le Sauveur de donner la vie. Il voudrait la r�pandre sur tous; s�il y a une limite, elle n�est pas dans sa volont�, mais dans les hommes, selon qu�ils croient ou ne croient pas (versets 24, 25).

Ce verset explique (car) le pouvoir qu�a le Fils de vivifier ceux qu�il veut (verset 21),.

Ce pouvoir r�sulte du fait que �?le P�re (grec) non plus ne juge personne, mais a remis tout le jugement au Fils?� : Cette pr�rogative de juger, est impliqu�e dans la pr�c�dente : Celui qui donne la vie � qui il veut doit aussi exercer seul le jugement en vertu duquel il vivifie.

De l� cette d�claration que le P�re ne juge personne, mais laisse au Fils tout le jugement, le jugement sous toutes ses formes.

Il ne faut point entendre ce mot de jugement comme le font plusieurs ex�g�tes, dans le sens de condamnation, mais le prendre au sens le plus g�n�ral; il s�agit avant tout de ce jugement int�rieur et actuel qui s�accomplit en chaque �me, au moment o� elle entend la Parole de v�rit�, et qui deviendra d�finitif par le jugement du dernier jour (voir Jean 3:18, note). De l� ce verbe au pr�sent : ne juge personne.

La conjonction : afin que indique l�intention de Dieu lui-m�me en remettant tout jugement au Fils : c�est qu�il soit honor� de tous � l��gal du P�re (comme).

Or, honorer Dieu, avec tous les sentiments de v�n�ration et d�amour qui lui sont dus, c�est l�adorer, et cette adoration revient au Fils comme au P�re (Philippiens 2:9-11).

Le Sauveur confirme cette v�rit� par une d�claration n�gative qui la rend plus absolue encore : ne pas honorer le Fils, c�est ne pas honorer le P�re qui l�a envoy�, qui se r�v�le en lui seul et qui n�est connu qu�en lui (Matthieu 11:27; 1 Jean 2:23).

Quelle r�v�lation pour ces auditeurs de J�sus qui le ha�ssaient jusqu�� vouloir le faire mourir ! (verset 18; comparez Jean 15:23).

En v�rit�, en v�rit� ! ces mots marquent la solennit� de l�affirmation et l�importance de la v�rit� �nonc�e. J�sus aborde le second point de son discours (verset 21, note). Il d�crit, dans sa r�alisation historique et progressive au sein de l�humanit�, l��uvre de jugement et de vivification que le P�re lui a confi�e (versets 24-27).

J�sus ressuscite les morts par sa parole, dont la puissance divine cr�e en eux, tout ensemble, la foi et la vie, une vie imp�rissable de l��me, la vie �ternelle que poss�de d�s � pr�sent le croyant (a et non pas aura) et qui se d�veloppera jusqu�� la perfection (Jean 8:51).

Il faut remarquer encore qu��couter la parole de J�sus et croire en Dieu qui l�a envoy� est une seule et m�me chose, tellement le Sauveur est p�n�tr� de la pens�e que sa parole est la parole m�me de Dieu.

De la mort spirituelle � la vie �ternelle (voir 1 Jean 3:14, o� se trouve la m�me expression).

Le verbe est au parfait, indiquant un fait accompli et permanent. C�est la raison pour laquelle le croyant, qui est d�s ici-bas en possession de la vie �ternelle, ne vient point en jugement. Il a d�j� �t� jug� par la Parole divine (Jean 12:48), au moment o� elle a produit en lui la repentance, elle a op�r� int�rieurement le Jugement qui, au grand jour, atteindra l�incr�dule (1 Corinthiens 4:5),. Celui-ci, du reste, est d�s � pr�sent jug� par son incr�dulit� m�me (Jean 3:18; Jean 9:39).

Ce jugement moral n�est point en contradiction avec les passages de l��criture qui annoncent un jugement universel (Matthieu 25:31 et suivants; Romains 14:10; 2 Corinthiens 5:10); car ce dernier ne peut �tre que le classement d�finitif de chacun, selon son �tat int�rieur, l�un allant � la vie, l�autre � la mort, mais la vie ou la mort seront d�j� le partage d�un chacun, et le jugement ne fera que les constater.

C�est ce qui est indiqu� ici, par le temps m�me des verbes : ne vient point en jugement, est pass� de la mort � la vie.

Solennelle r�p�tition de l�affirmation du verset pr�c�dent.

La voix du Fils de Dieu retentit maintenant au milieu des morts spirituels (�ph�siens 2:1; Matthieu 8:22), et ceux qui l�auront entendue, �cout�e et crue vivront d�une vie �ternelle (verset 24).

La voix du Fils de Dieu, c�est sa parole (verset 24), dont la puissance cr�atrice fait revivre les morts (Romains 4:17; comparez �z�chiel 37:1-14).

La liaison intime de ce verset avec le pr�c�dent, et surtout les mots : l�heure est (d�j�) maintenant, ne laissent subsister aucun doute sur le sens spirituel des termes : morts et vivront.

Ceux qui, malgr� ces preuves, les appliquent � la mort et � la r�surrection corporelle sont forc�s d�expliquer ce mot maintenant par les quelques r�surrections miraculeuses que J�sus op�ra au cours de son minist�re.

Mais il est �vident, comme l�observe Meyer, que, rappeler pour un temps � la vie terrestre certains morts qui pourtant mourront de nouveau, ce n��tait pas leur communiquer la vie dont parle J�sus dans ce discours.

Et si l�on veut appliquer ces paroles � la r�surrection universelle du dernier jour, que signifie cette distinction : ceux qui l�auront entendue ?

Ce qu�il y a de vrai dans l�opinion que nous r�futons, c�est que la r�surrection spirituelle dont parle ici le Sauveur renferme en elle-m�me tous les �l�ments de la r�surrection finale qu�il va annoncer (verset 29), et qui n�en sera que l��panouissement, par lequel l�homme tout entier, l�esprit, l��me et le corps, seront rendus � la perfection (1 Thessaloniciens 5:23; comparez Jean 6:39-40; Jean 6:44).

Cette grande parole explique (car) la puissance vivificatrice que le Fils s�attribue dans les deux d�clarations pr�c�dentes (versets 24, 25).

Le Fils de Dieu ne ressuscite les morts, ne r�pand la vie divine dans les �mes, que parce qu�il la poss�de en lui-m�me comme le P�re a la vie en lui-m�me.

Il faut remarquer la r�p�tition de cette formule : a la vie en lui-m�me, appliqu�e successivement au P�re et au Fils.

De m�me que le P�re est la source souveraine de toute vie (Psaumes 36:10), de m�me le Fils a la vie en lui-m�me et est, lui aussi, d�s le commencement, la source de la vie (Jean 1:4; Jean 11:25; Jean 14:6; 1 Jean 1:2), par lui � eu lieu la cr�ation de l�univers (Jean 1:3), par lui aussi s�accomplit la cr�ation nouvelle dans le monde moral.

Mais cette pr�rogative d�avoir la vie en soi et d��tre source de la vie, le Fils la poss�de comme un don : le P�re a donn� au Fils d�avoir la vie en lui-m�me. Il y a dans cette affirmation une apparente contradiction.

Mais, comme le remarque M. Godet,

nous voyons r�solue en nous-m�mes une contradiction analogue. Nous poss�dons comme donn�e, la facult� de nous d�terminer� Nous tirons � chaque instant de cette facult� des d�cisions morales qui nous appartiennent en propre� Ce que la libert� est pour l�homme, la facult� divine de vivre pour soi-m�me l�est pour le Fils� Par ce don de l�ind�pendance divine fait au Fils, le P�re lui a tout donn�; par sa subordination volontaire, le Fils rend tout au P�re. Tout donner, tout rendre, n�est-ce pas l�amour parfait ?

Comparer verset 22, note.

La raison indiqu�e dans les mots : parce qu�il est Fils d�homme, a �t� interpr�t�e : parce qu�il est le Messie.

Mais cette id�e n�explique pas pourquoi le jugement est remis au Fils et, dans ce cas, J�sus aurait dit le Fils de l�homme (comme toujours, avec les articles; comparez Matthieu 8:20, note), et non : Fils d�homme.

On a dit encore, en se rapprochant du contexte : Parce que c�est lui qui communique la vie et qu�il sait quels sont ceux qui la poss�dent. On a dit enfin : Parce qu�il est le Sauveur et que, la r�demption ayant eu son point de d�part dans notre humanit�, il en doit �tre de m�me du jugement qui en est l�accomplissement final.

Il y a du vrai dans ces interpr�tations. Mais le texte dit simplement : parce qu�il est Fils d�homme c�est-�-dire homme.

Il nous semble donc que l�explication de F. de Meyer, dans sa Bible annot�e, rend compte le plus simplement de ce terme du texte :

Parce que l�homme doit �tre jug� par son pareil et m�me par le plus humble et le plus aimant des hommes, qui a port� le p�ch� de l�humanit� et peut avoir compassion de ses fr�res. en sorte que c�est la gr�ce m�me qui juge (H�breux 2:17-18; H�breux 4:15). Par son abaissement volontaire, le Fils de Dieu s�est acquis la pr�rogative de juger ceux qu�il est venu sauver.

R. Stier, en adoptant cette explication, ajoute : �?Oui, tel est le jugement d�un Fils d�homme !?� (comparer Actes 17:31). Mais si ce jugement est plein de consolation et d�esp�rance pour ceux qui ont trouv� dans un tel juge leur Sauveur, il n�en est que plus terrible pour ceux qui repoussent sa gr�ce.

Au reste, pour comprendre cette explication de la parole de J�sus, il ne faut pas perdre de vue qu�il ne s�agit point exclusivement ici du jugement dernier, mais de ce jugement int�rieur, progressif, qui s�exerce dans la conscience, par la v�rit� divine, et dont le jugement �ternel ne sera que le dernier acte (voir verset 22 et verset 30).

J�sus lit sur la figure de ses auditeurs l�impression de l��tonnement, du doute de l�incr�dulit�, � l�ou�e des grandes choses qu�il vient de leur faire entendre, il leur dit alors : Ne vous �tonnez pas de cela, car voici de plus grandes choses encore; et il annonce le fait immense de la r�surrection universelle au dernier jour.

Les termes de ces deux versets (28, 29) sont tels qu�on ne peut les comprendre dans le sens d�une r�surrection spirituelle : tous les verbes sont au futur, en disant : l�heure vient, J�sus n�ajoute pas, comme au verset 25 : elle est d�j� maintenant; il n�y a plus ici de distinction entre ceux qui auront entendu sa voix et les autres (verset 25), mais tous l�entendent; enfin ces mots : dans les s�pulcres, en sortiront, ne souffrent aucune autre interpr�tation que celle d�une r�surrection corporelle.

La grande voix du Fils de Dieu qui, alors, se faisait entendre au milieu de ses adversaires et de tout le peuple, pleine de gr�ce et de v�rit�, retentira � l�heure de son retour glorieux et accomplira, par la puissance cr�atrice de Dieu, le plus grand miracle qui ait eu lieu depuis la cr�ation du monde, la r�surrection des morts.

Cette r�surrection est, en m�me temps, la s�paration de notre humanit� en deux parts : r�surrection de vie, pour ceux qui d�j� avaient la vie (versets 24, 25); r�surrection de jugement pour les autres. Les raisons de cette diff�rence sont dans la conduite qu�ils auront eue et qui alors para�tra au grand jour : ceux qui auront fait le bien, ceux qui auront pratiqu� le mal; �?l�arbre se reconna�t � ses fruits?�.

On aurait pens� que ces raisons seraient la foi ou l�incr�dulit�, la vie ou la mort spirituelles, et c�est bien l�, au fond, ce que J�sus entend par : le bien (grec les bonnes �uvres) ou le mal (grec les mauvaises �uvres), dans leur sens absolu; mais il emploie des termes plus g�n�raux qui comprennent, le premier, la droiture morale qui pr�c�de la foi (Jean 1:48; Jean 3:21; Jean 7:17) et les fruits de sanctification et d�activit� que la foi produit; le second, la corruption morale qui est tout ensemble la cause et la cons�quence de l�incr�dulit� (Jean 3:19-20).

Une r�surrection de vie est une r�surrection qui conduit � la vie parfaite et �ternelle; une r�surrection de jugement, celle qui conduit au jugement, mais il ne faut point traduire, avec Martin et Ostervald : r�surrection de condamnation (Matthieu 7:21 suivants; Matthieu 24:31 et suivants; Luc 14:14; Romains 2:7-8).

J�sus, apr�s avoir repouss� l�accusation port�e contre lui par ses adversaires (verset 18), en s��levant � une hauteur divine o� l�accus� est devenu le juge des accusateurs revient ici � son point de d�part (verset 19), c�est-�-dire � cette unit� parfaite avec Dieu hors de laquelle il lui est moralement impossible de rien faire.

Il l�affirme de nouveau en s�attribuant plus directement cette pr�rogative : il ne dit plus seulement : �?Le Fils ne peut rien faire?�, mais : �?Moi je ne puis rien faire?�. Tout ce qu�il fait a donc pour sanction l�autorit� de Dieu m�me; quand il juge (le verbe au pr�sent ne peut s�entendre du seul jugement � venir, verset 29, mais de toute son �uvre au sein de l�humanit�, Jean 5:22-27; Jean 3:18), son jugement est juste, parce qu�il ne fait qu�accomplir la volont� de celui qui l�a envoy�.

Cette pleine et constante harmonie de sa volont� avec la volont� de Dieu (Matthieu 26:39), c�est la saintet�, la victoire constante remport�e sur tous les efforts de l�ennemi; or la saintet� parfaite de J�sus-Christ sera toujours sa meilleure apologie.

Jusqu�ici, dans ce discours, le Sauveur a affirm� ce qu�il est, maintenant, il va en appeler au t�moignage que Dieu lui rend et, � son tour, accuser l�incr�dulit� de ses adversaires en pr�sence de ce t�moignage (versets 31-47).

Par ces paroles, J�sus pr�vient une objection que, plus tard, les adversaires formuleront express�ment : �?Tu rends t�moignage de toi-m�me; ton t�moignage n�est pas vrai?� (Jean 8:13).

J�sus r�pondra alors : �?M�me si je rends t�moignage de moi-m�me, mon t�moignage est vrai; car je sais d�o� je suis venu et o� je vais?� (verset 14).

Ici, il admet le principe formel du droit selon lequel un homme ne peut pas t�moigner sur son propre compte, mais c�est pour en appeler imm�diatement � un autre qui rend t�moignage de lui (verset 32).

Qui est cet autre, au t�moignage duquel J�sus en appelle ? Plusieurs anciens interpr�tes ont r�pondu : C�est Jean-Baptiste, dont le Seigneur va parler. Mais cette application est pr�cis�ment �cart�e par les paroles des versets 33-36.

Non, celui qui rend ce t�moignage, c�est Dieu lui-m�me (versets 36-40); et J�sus sait, il porte en lui l�intime conviction, que ce t�moignage est la v�rit� souveraine.

Codex Sinaiticus, D, Itala portent vous savez. Cette variante que Tischendorf est seul � admettre provient de la fausse supposition qu�il s�agit du t�moignage de Jean-Baptiste.

Voir Jean 1:19 et suivants

Quand J�sus dit qu�un autre rendait t�moignage de lui (verset 32), ses interlocuteurs pens�rent aussit�t � Jean-Baptiste. J�sus parle donc du t�moignage rendu par son Pr�curseur, qui conserve sa valeur (verbe au parfait) malgr� la disparition du t�moin.

J�sus affirme que le t�moignage de Jean a �t� pleinement conforme � la v�rit�, et cependant, dans cette contestation avec les adversaires, ce n�est pas � ce t�moignage ni au t�moignage d�aucun homme qu�il en appelle, parce qu�il en a un plus grand (verset 36); s�il mentionne le t�moignage du Pr�curseur, c�est seulement dans l�int�r�t de ses auditeurs, afin qu�ils se souviennent des paroles de repentance et de v�rit� que Jean leur a fait entendre, et qu�ainsi ils soient sauv�s.

C�est encore une belle louange du Pr�curseur que J�sus prononce par ces paroles : Il �tait la lampe qui br�le et qui luit, l�unique lampe qui �claire la maison (Matthieu 5:15-16, note), le proph�te que Dieu avait destin� � �clairer son peuple et � l�amener au Sauveur.

Cette lampe s��tait d�j� consum�e; Jean n��tait plus, ainsi que l�indique le verbe � l�imparfait. En poursuivant cette image gracieuse, dans la seconde partie de ce verset, J�sus adresse � ses auditeurs un s�v�re reproche : au lieu de profiter, pour leur salut, de cette lumi�re fugitive, ils n�avaient pens� qu�� se r�jouir.

L�annonce du royaume messianique avait excit� leur curiosit� et leurs esp�rances charnelles; mais la pr�dication de la repentance, que Jean leur faisait entendre, les avait bient�t rebut�s.

Voil� le t�moignage divin dont J�sus a parl� (verset 32), et qui est plus grand que celui du Pr�curseur : ce sont d�abord les �uvres du Sauveur. Ce t�moignage est bien de Dieu, car c�est le P�re qui lui a donn� les �uvres qu�il fait, afin qu�il les accomplisse.

Ce dernier verbe signifie accomplir jusqu�� la perfection, et il est au futur, car J�sus a la certitude qu�il ach�vera ses �uvres jusqu�au bout. La preuve, pour ses auditeurs, c�est que d�j� il les fait (pr�sent).

Or, qu��taient ces �uvres ?

Avant tout, ses miracles, ces actes de puissance et d�amour qui r�pandaient la sant� et la vie, la consolation et l�esp�rance sur tant de malheureux.

C��taient encore ses paroles divines qui �clairaient et vivifiaient les �mes (versets 20-27); c��tait, en un mot, toute sa belle et sainte vie qui, dans son ensemble, constituait �?l��uvre de celui qui l�avait envoy�?� (Jean 4:34).

Voil� son t�moignage. Est-il �tonnant qu�il en appelle � lui si souvent ? (Jean 10:32; Jean 10:37-38; Jean 14:11; Jean 17:4).

S�agit-il, ici encore, du m�me t�moignage, celui des �uvres ? (verset 36) Plusieurs interpr�tes l�ont pens�.

Mais ces mots solennels : le P�re lui-m�me et le verbe au parfait : a rendu t�moignage (tandis qu�il est au pr�sent dans le verset pr�c�dent), montrent �videmment que J�sus a en vue un t�moignage nouveau.

Quel est-il ? Les uns pensent qu�il s�agit de ce t�moignage int�rieur et imm�diat que Dieu rend dans les �mes (versets 24-26) en les attirant au Fils (6.44); ainsi de Wette, Tholuck, Asti�. Cette explication non plus ne tient pas compte du verbe au parfait.

D�autres (Chrysostome, Bengel) voient ici une allusion au t�moignage divin rendu � J�sus lors de son bapt�me (Jean 1:33 : Matthieu 3:17).

Cette supposition ram�nerait au t�moignage de Jean-Baptiste (verset 33). Elle est contredite par les mots qui suivent : �?Jamais vous n�avez entendu sa voix?�.

Nous pensons donc avec Calvin, L�cke, MM. Meyer, Luthardt Weiss, Keil et Godet (3e edition), que J�sus aborde ici le grand t�moignage que Dieu lui a rendu dans les saintes �critures de l�Ancien Testament et dont il va parler plus au long (versets 38-40). Ce t�moignage a �t� rendu dans le pass�, mais subsiste dans le pr�sent : c�est ce que signifie le verbe au parfait.

Malgr� toutes les r�v�lations et toutes les apparitions divines (th�ophanies) dans l�ancienne alliance, jamais vous n�avez su discerner la voix de Dieu et reconna�tre sa pr�sence dans les �critures.

Vous ne le connaissez pas parce que sa parole n�a jamais p�n�tr� dans vos c�urs, de mani�re � demeurer en vous. Ce qui le prouve avec �vidence, c�est que vous ne croyez point celui qu�il a envoy�, et auquel il rend un si �clatant t�moignage (versets 36, 37).

Tel est, d�une mani�re g�n�rale, le reproche que J�sus adresse � ses auditeurs (verset 38).

Mais les derni�res paroles du verset 37 prouvent qu�il ne pense pas seulement � la mani�re superficielle et l�g�re dont ils �tudiaient les �critures.

Ces termes caract�ristiques : Vous n�avez jamais ni entendu sa voix ni vu sa face ne signifient pas seulement : Vous ne connaissez pas Dieu, mais : Vous ne sauriez le conna�tre, si ce n�est en Celui qui le r�v�lait dans l�Ancien Testament, et qui, par sa pr�sence, le r�v�le maintenant � vos yeux. C�est exactement ce qui est dit Jean 1:18; Jean 6:46.

Or cet unique r�v�lateur de Dieu, les chefs du peuple le repoussent, ils ne croient pas en lui; donc ils restent dans l�ignorance et la mort (verset 39).

Telle est, � peu pr�s, l�interpr�tation de R. Stier, et c�est, nous semble-t-il, la seule qui rende bien compte de ce texte profond est difficile.

Les premiers mots du verset 39 ont �t� de tout temps compris et traduits de deux mani�res diff�rentes :

  1. Par l�imp�ratif : scrutez ou sondez les �critures, ce qui serait une exhortation � le faire (Ainsi, entre autres, Augustin, Luther, Calvin Tholuck, R. Stier, Hengstenberg, Keil et nos versions ordinaires). Mais une telle exhortation ne formerait plus, avec la suite du verset et surtout avec les derniers mots, la contradiction poignante que J�sus veut signaler � ses auditeurs entre ces �critures qu�ils connaissent et leur incr�dulit� � l��gard de J�sus.
  2. Pour cette raison, la plupart des interpr�tes : B�ze, Bengel, Olshausen, de Wette Meyer, MM. Weiss, Holtzmann, Asti� Godet, et toutes les versions r�centes adoptent l�indicatif : Vous scrutez les �critures.

C�est en effet ce que faisaient les Juifs, surtout depuis le retour de la captivit�, ils �tudiaient beaucoup les �critures, mais bien plus pour en compter les mots et les syllabes, que pour en p�n�trer le sens et l�esprit. Ils pensaient avoir, par la seule connaissance litt�rale de ces �critures, la vie �ternelle.

Sans doute, s�ils ne s�arr�taient pas � la lettre, s�ils savaient s��lever jusqu�� l�esprit (Jean 6:63; 2 Corinthiens 3:6), ils trouveraient cette vie v�ritable et �ternelle dans les �critures, car elles sont remplies du t�moignage rendu au Lib�rateur qui devait venir.

Mais malgr� la connaissance que vous avez de ces �critures, qui rendent t�moignage de moi, ajoute J�sus, vous ne voulez pas venir � moi pour avoir la vie !

Quelle contradiction ! Quel aveuglement ! Et c�est leur volont� d�prav�e qui en est la cause (verset 40). C�est avec une profonde tristesse que J�sus prononce ces paroles. Elles rappellent sa plainte sur J�rusalem : Vous ne l�avez pas voulu (Matthieu 23:37).

Dans cette troisi�me partie du discours (versets 41-47), J�sus ne fait plus que d�velopper le reproche qu�il vient d�adresser � ses auditeurs : Vous ne voulez pas !

Il montre d�abord d�o� provient leur mauvais vouloir (versets 41-44), puis il leur en d�voile les cons�quences (versets 45-47).

S�il leur reproche avec tant de force de ne pas croire en lui, ce n�est pas qu�il recherche en aucune mani�re la gloire qui vient des hommes (comparez verset 44); mais c�est parce qu�il les conna�t (Jean 2:24), et qu�il sait que leur c�ur est �tranger � l�amour de Dieu.

Telle est la premi�re et grande cause de leur incr�dulit�. S�ils avaient eux-m�mes une �tincelle de cet amour pour Dieu, ils le sentiraient dans chacune des paroles du Sauveur (comparer Jean 3:19-21).

Celui qui vient au nom de son P�re, qui est le vrai Messie, le Sauveur, ils ne le re�oivent point, parce que leur c�ur est incapable de sentir son amour; si un autre vient en son propre nom sans l�autorit� de Dieu que pourtant il invoquera faussement, ils le recevront.

Pourquoi ? Parce qu�il flattera leurs pr�jug�s, leurs passions, comme le font tous les faux messies et les faux proph�tes qui ne recherchent que leur propre gloire (verset 44).

Seconde raison d�incr�dulit�, que J�sus exprime vivement par une question directe et qui signifie : Il vous est impossible de croire, parce que, idol�tres de la gloire qui vous vient des hommes, vous n�avez aucun �gard � la gloire qui vient de Dieu seul et qui devrait dominer toutes vos pens�es (verset 41).

Voir sur cette idol�trie de l�approbation et de la gloire des hommes que J�sus reprochait ailleurs aux chefs du peuple, Matthieu 6:1-5, Matthieu 6:16-18; Matthieu 23:5-12; comparez Jean 12:43.

Apr�s avoir d�voil� � ses adversaires leur incr�dulit� et ses causes, J�sus leur �te enfin le fondement de la fausse esp�rance qu�ils mettent en Mo�se.

C�est par un z�le aveugle pour Mo�se et pour sa loi qu�ils ont accus� J�sus d�avoir viol� le sabbat (verset 17), accusation qui a donn� lieu � tout ce discours.

Or c�est pr�cis�ment Mo�se qui les accuse d�s maintenant (grec il est l�, celui qui vous accuse, Mo�se); en sorte que J�sus n�aura point � les accuser devant le P�re au jour du jugement.

Quelle situation tragique : trouver son accusateur en celui en qui on avait mis son esp�rance de salut ! Et J�sus va dire la cause de cette immense d�ception qui les attend (versets 46, 47).

La preuve que Mo�se les accuse (car), c�est que, tout en se glorifiant de lui, ils ne le croient pas, d�une foi �clair�e et vivante : Si vous croyiez Mo�se

Et leur incr�dulit� � l��gard de Mo�se est, � son tour, la cause pour laquelle ils ne croient pas J�sus.

En effet, les �crits de Mo�se sont remplis de lui.

Les mots : Il a �crit de moi ne doivent pas s�entendre seulement de certaines d�clarations proph�tiques telles que Gen�se 3:1; Gen�se 3:5; Deut�ronome 18:15-18 et autres; mais de tous les types, les sacrifices, les c�r�monies symboliques du culte, qui avaient en vue le futur Lib�rateur du peuple de Dieu. Il aurait m�me suffi de saisir la spiritualit� et la saintet� de la loi pour comprendre qu�elle ne serait jamais accomplie qu�en Celui qui devait venir (comparer Luc 24:27-44).

L�incr�dulit� envers Mo�se et ses �crits avait pour cons�quence n�cessaire l�incr�dulit� envers J�sus et ses paroles;

L�antith�se essentielle, comme le remarque M. Godet, n�est pas celle des substantifs �crits et paroles, mais celle des pronoms ses et mes

Endurcir sa conscience et son c�ur en pr�sence de la loi qui doit produire la repentance, c�est les endurcir aussi envers Celui qui annonce la gr�ce et le salut.

En un mot l�incr�dulit� est un �tat moral qui rend l�homme incapable de saisir aucune des manifestations de la v�rit� et de la mis�ricorde divines. Telle est la conclusion accablante de ce discours.

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Informations bibliographiques
bibliography-text="Commentaire sur John 5". "Bible annotée". https://beta.studylight.org/commentaries/fre/ann/john-5.html.