Bible Commentaries
Luc 11

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versets 1-54

Instruction sur la pri�re

1 � 13 La pri�re et son efficacit�.

Luc passe, sans d�termination de temps, � un nouveau r�cit. Il ne nous dit pas non plus quel est le lieu o� J�sus �tait en pri�re; il lui suffit de noter une fois de plus l�un de ces moments, si fr�quents dans la vie de J�sus, qu�il consacrait � l�acte de la pri�re, aux entretiens intimes avec son P�re (Luc 5:16, note).

Le disciple qui adresse � J�sus cette demande n��tait tr�s probablement pas l�un des ap�tres. Sa requ�te est provoqu�e par l�impression que produit sur lui la pri�re de J�sus. Or les ap�tres �taient trop habitu�s � le voir en pri�re pour �tre frapp�s de ce fait. J�sus les avait du reste depuis longtemps initi�s � l�esprit de la pri�re; ils n�avaient plus a lui demander une semblable instruction. Ce pouvait �tre plut�t l�un des soixante-dix disciples qui depuis peu l�avaient rejoints, ou l�un des disciples de Jean, comme semble l�indiquer l�exemple dont il s�appuie.

Cet enseignement donn� par Jean � ses disciples, concernant la pri�re, nous est enti�rement inconnu.

Luc assigne � la pri�re du Seigneur une place tout autre que Matthieu (Matthieu 6:9 et suivants) Selon ce dernier, elle fait partie du sermon sur la montagne, tandis que, d�apr�s notre �vang�liste, elle fut enseign�e plus tard � la demande expresse d�un disciple.

Un grand nombre d�excellents ex�g�tes (Calvin, Ebrard, de Wette, Olshausen, Neander, Godet) en ont conclu que Matthieu, selon son habitude de grouper certains enseignements homog�nes du Sauveur, avait librement introduit cette pri�re dans le discours sur la montagne, tandis que Luc lui assigne sa vraie place. Cette opinion peut s�appuyer sur plus d�un fait semblable. Mais est-il vrai que cette pri�re soit d�plac�e dans le sermon sur la montagne ?

Dans ces instructions sur les diverses manifestations de la pi�t�, l�aum�ne, la pri�re, le je�ne, apr�s avoir condamn� les pri�res hypocrites, faites avec ostentation, et en �?usant de vaines redites?�, n��tait-il pas tout naturel que J�sus ajout�t : �?Vous, mes disciples, priez ainsi?�, et que, au milieu de la foule qui l�entourait, les yeux lev�s vers le ciel, il pronon��t d�un ton p�n�tr� cette pri�re si profonde dans sa simplicit�, si riche dans sa bri�vet� ? Nul n�en aurait jamais dout�, sans le r�cit de Luc qui nous occupe.

Mais ce r�cit nous oblige-t-il � rejeter celui de Matthieu ? Nullement, � moins qu�on n�admette que jamais J�sus n�ait pu, en des circonstances diff�rentes, redire quelques-unes de ses paroles les plus importantes. Or, les �vangiles nous pr�sentent des exemples nombreux de paroles prononc�es � diverses reprises.

Pourquoi J�sus n�aurait-il pas r�pondu � ce disciple qui lui demandait de lui enseigner � prier, en r�p�tant cette admirable pri�re, qu�il pr�sente du reste dans une forme diff�rente et quelque peu abr�g�e ?

Ainsi l�ont admis Tholuck, Meyer, Stier, Gess et d�autres, qui voient une confirmation de leur opinion dans le fait que Matthieu seul nous a conserv� dans sa pl�nitude cet inimitable mod�le de pri�re.

Voir, sur la pri�re du Seigneur, Matthieu 6:9-13, notes.

C�est sous cette forme abr�g�e que Luc l�a rapport�e. Le texte re�u, qui la renferme tout enti�re, a �t� compl�t� d�apr�s Matthieu.

La formule de Luc pr�sente, en outre, quelques expressions qui diff�rent du texte de Matthieu. Ainsi : �?Donne-nous chaque jour, au lieu de aujourd�hui, notre pain quotidien?�. Le terme de Luc peut s��tendre � l�avenir, tandis que celui de Matthieu limite la demande au jour pr�sent.

Luc dit : �?Remets-nous nos p�ch�s?�, au lieu de nos dettes, terme qui, m�me dans Matthieu, ne peut naturellement s�entendre que des p�ch�s dont nous demandons le pardon; mais Luc conserve la m�me image dans ces mots : � quiconque nous doit.

Matthieu motive cette demande de pardon en disant : comme nous remettons, Luc : car nous remettons. Il ne veut pas dire qu�en pardonnant aux autres nous m�ritions le pardon de Dieu.

La tournure employ�e suppose, suivant M. Godet, un raisonnement semblable � celui que nous trouvons au verset 13 �?Si vous qui �tes mauvais,�combien plus le P�re c�leste�?� De m�me ici : �?Pardonne-nous nos p�ch�s, toi la Mis�ricorde supr�me, puisque nous aussi, tout mauvais que nous sommes, nous pardonnons?�.

L�expression absolue : � quiconque nous doit, ne s�accorde pas bien avec cette explication. Elle montre que le motif ajout� � la requ�te est un v�u, une r�solution prise pour l�avenir, et par laquelle celui qui prie manifeste des dispositions qui le rendent propre � recevoir le pardon de Dieu.

La formule de Luc a ainsi le m�me sens que celle de Matthieu (Matthieu 6:12, note).

J�sus enseigne l�efficacit� de la pri�re, soit par des analogies (versets 11-13), soit par des contrastes, comme dans la parabole versets 5-8 (comparer Luc 18:3 et suivants).

Cette parabole renferme � la fois une promesse et une exhortation, selon que nous consid�rons les deux hommes mis en sc�ne. La promesse pourrait se traduire ainsi : �?Si un homme, par pur �go�sme et pour se d�livrer d�un solliciteur, lui accorde sa demande, m�me au temps le plus inopportun (minuit), combien plus Dieu, qui conna�t tous vos besoins et qui est amour !?�

Quant � l�exhortation, c�est le solliciteur lui-m�me qui nous la fait entendre par son exemple : Puisque, dans les circonstances les plus d�favorables, mais press�s par vos besoins, vous ne craignez pas d�importuner avec insistance un homme que vous savez si peu g�n�reux, pourquoi ne faites-vous pas de m�me envers Dieu qui, dans sa mis�ricorde infinie, est toujours pr�t � vous accorder bien au-del� de toutes vos pri�res ? (comparer Matthieu 15:22 et suivants)

La pleine confiance qu�une telle requ�te ne sera pas vaine est exprim�e par ce verbe au futur : il lui donnera.

Matthieu 7:7-8, note.

Et moi, je vous dis. C�est par ces mots que J�sus introduit (versets 9-13) une admirable application de sa parabole, � laquelle il emprunte les images et les expressions m�mes dont il se sert.

Demandez, cherchez, heurtez, c�est l� ce qu�a fait l�homme de la parabole; il vous sera donn�, vous trouverez, il vous sera ouvert, telle a �t� son exp�rience; combien plus certainement sera-ce la v�tre aupr�s de Dieu !

Voir Matthieu 7:9-11, note.

Encore une preuve plus intime et plus persuasive que Dieu exauce la pri�re. Il faut remarquer cette progression : un ami (verset 5), un p�re (verset 11), le P�re c�leste (verset 13).

Parmi les dons que l�enfant demande � son p�re, Matthieu ne d�signe que du pain et un poisson : c��taient les provisions que l�on prenait d�ordinaire pour le voyage (Marc 6:38); Luc ajoute un �uf, qui faisait souvent aussi partie de ces provisions.

Notre h�te nous remet, au d�part, de quoi faire notre repas : des pains (je dis des pains, et non du pain, car on les fait ici fort petits, verset 5), des �ufs durs, comme toujours, plus quelques poissons frits. On voit que la nourriture est absolument la m�me que du temps de J�sus.� F�lix Bovet, Voyage en Terre Sainte, 7e �dition, page 361

� ces trois aliments sont oppos�s : une pierre, cruelle ironie; un serpent, tr�s dangereux; un scorpion plus nuisible encore.

Qui est le p�re qui r�pondra par de tels dons � la demande de son enfant ? Et cette question devient plus frappante quand, � la place d�un p�re quelconque, J�sus nomme le P�re c�leste.

Vous qui �tes mauvais :

Remarquable t�moignage du p�ch� originel.� Bengel

Quel contraste avec la bont� et l�amour du P�re qui est du ciel !

D�apr�s Matthieu, J�sus dit : votre P�re donnera des biens, ou de bonnes choses, � ceux qui les lui demandent.

Cette expression est plus simple, et plus en harmonie avec l�image qui pr�c�de, que les termes employ�s par Luc : donnera l�Esprit-Saint. Mais d�autre part, le Saint-Esprit est le plus pr�cieux des dons de Dieu et le gage de tous les autres.

Plan

L�occasion

Les discours que J�sus vient de tenir portent un pharisien � l�inviter � d�ner chez lui. J�sus entre et se met � table sans proc�der aux ablutions traditionnelles. Par cette omission, il excite l��tonnement de son h�te (37, 38).

Trois vices des pharisiens

a) L�hypocrisie. J�sus prend sur le fait l�hypocrisie des pharisiens : elle se montre dans le scandale que sa conduite a caus�. L�importance qu�elle donne aux purifications ext�rieures est folie en pr�sence de Dieu qui regarde avant tout � l��tre moral. Pratiquer la charit�, voil� le vrai moyen d��tre pur. L�hypocrisie des pharisiens se montre encore dans leur empressement � payer la d�me, joint � la n�gligence des obligations fondamentales de la loi (39-42).

b) La vanit�. Ils recherchent les premiers si�ges et les salutations (43).

c) L�influence occulte. Comme des s�pulcres cach�s, ils souillent les hommes sans que ceux-ci s�en doutent (44).

Trois reproches aux l�gistes

Un l�giste, se sentant atteint par ces paroles, proteste. J�sus s�adresse alors aux l�gistes et les censure

a) Ils pr�chent et ne pratiquent pas, chargeant les hommes de fardeaux qu�ils se gardent de remuer du doigt (45, 46).

b) Ils honorent les pers�cut�s et pers�cutent. B�tissant hypocritement les tombeaux des victimes de leurs p�res, ils se montrent anim�s du m�me esprit qu�eux. Dieu leur enverra encore des proph�tes � pers�cuter, afin que le sang de tous les martyrs soit redemand� � cette g�n�ration (47-51).

c) Ils d�tiennent la clef de la connaissance du salut et n�entrent ni ne laissent entrer (52).

Conclusion historique

Au sortir de la maison, J�sus est violemment pris � partie et assailli de questions insidieuses (53, 54).

37 � 54 J�sus � table chez un pharisien censure les pharisiens et les scribes

Les mots : comme il parlait, se rapportent au discours qui pr�c�de (verset 29 et suivants).

Comme ce discours �tait dirig� contre les pharisiens, on peut supposer que celui d�entre eux qui, apr�s l�avoir entendu, invita J�sus � prendre un repas chez lui, le fit dans une intention malveillante afin de l��pier et de pouvoir l�accuser (comparer 14.1).

C�est ce qui explique la s�v�rit� des paroles de J�sus (comparer verset 39, note).

Le mot que nous traduisons par d�ner, et que d�autres rendent par d�jeuner, d�signe le repas qu�on prenait vers le milieu du jour, tandis qu�un autre repas principal avait lieu vers le soir. Il en �tait ainsi chez les Juifs comme chez les Romains.

On peut traduire ce mot par d�ner ou d�jeuner, selon les usages du pays o� l�on parle.

J�sus s��tant mis � table d�s son entr�e, le pharisien s��tonne qu�il n�e�t pas d�abord fait d�ablution (comparer Marc 7:4).

Cet �tonnement pouvait para�tre d�autant plus fond� que J�sus revenait du milieu de la foule, o� il avait pu contracter des souillures l�gales et o� m�me il avait chass� un d�mon et gu�ri un malade.

Mais peut-�tre J�sus s�abstint-il de ces c�r�monies pr�cis�ment � cause de l�importance superstitieuse que les pharisiens y attachaient. Qui sait m�me si ce n��tait pas l� le point sp�cial sur lequel ils voulaient l��pier ?

Matthieu 23:25, note.

Eh bien oui�quelques interpr�tes prennent la particule grecque que nous traduisons ainsi dans son sens temporel, maintenant : �?les choses en sont maintenant venues chez vous � ce point, que vous nettoyez?�.

Mais rien ne prouve qu�il y e�t eu r�cemment dans l�hypocrisie des pharisiens un progr�s que J�sus p�t relever. Le sens logique est donc pr�f�rable.

Dans le premier �vangile, J�sus d�clare que la coupe et le plat eux-m�mes sont remplis de rapine, c�est-�-dire en contiennent les fruits (comparez Luc 20:47), tandis que Luc fait de la coupe et du plat l�image de l��tat moral de ses auditeurs. La r�daction de Matthieu n�exclut point ce sens, mais, au contraire, le suppose.

Ici se pr�sente une question de critique qui n�est pas sans difficult�. Luc rapporte un discours dont il indique avec pr�cision la sc�ne et les circonstances (verset 37). De son c�t�, Matthieu (Matthieu 23:1 et suivants) nous a conserv� un discours tr�s semblable, mais plus �tendu, qu�il place en un temps et en des circonstances tout autres.

Si l�on admet l�identit� des deux discours, il faut choisir entre les deux r�cits, et donner raison � l�un ou � l�autre �vang�liste, quant � la situation historique.

Plusieurs interpr�tes se d�cident pour Luc contre Matthieu, � cause de la pr�cision avec laquelle le premier d�crit l�occasion du discours.

Mais d�autres donnent la pr�f�rence � Matthieu :

  1. parce que, d�une part, il leur semble que ces vives censures jet�es par J�sus � la face d�un pharisien qui l�avait invit� � sa table eussent �t� peu biens�antes, et que, d�autre part, J�sus aurait ainsi violemment provoqu� ses ennemis et pr�cipit� la catastrophe, ce qui serait en contradiction avec tout ce que nous savons de sa conduite;
  2. parce que Matthieu en rapportant que ces censures furent prononc�es par J�sus tout � la fin de son minist�re, alors qu�il avait rompu avec les chefs de la th�ocratie et qu�il n�avait plus � les m�nager, qu�elles furent prononc�es dans le temple de J�rusalem, en pr�sence du peuple, leur assigne la seule place qui leur convienne. Ces consid�rations nous paraissent �videntes et suffisent � prouver que Matthieu place le discours de J�sus dans sa vraie situation historique, alors m�me que, selon son habitude, il y aurait introduit des paroles prononc�es dans d�autres occasions.

Matthieu (Matthieu 23:2, 1re note). Marc (Marc 12:38-40) et Luc lui-m�me (Luc 20:45-47) rapportent des paroles qui attestent que J�sus a fait un grand discours contre les pharisiens � J�rusalem.

Matthieu seul nous l�a conserv� en entier. Mais s�ensuit-il que le r�cit de Luc soit sans aucun fondement historique ? Nullement. On peut �tre certain que J�sus a fait entendre en plus d�une circonstance de vives protestations contre l�esprit du pharisa�sme. L�une de ces protestations fut provoqu�e par le formalisme hypocrite d�un h�te qui l�avait invit� � sa table.

Luc nous en a conserv� le souvenir. Seulement, on peut admettre qu�il pr�te � J�sus plus d�une parole puis�e dans la tradition apostolique, et qui, originairement, appartenait au grand discours de Matthieu.

Nous dirons avec Stier et d�autres ex�g�tes, que nous avons dans notre chapitre un pr�lude de ce discours.

Ces paroles font sentir la folie (insens�s) du proc�d� pharisa�que, relev� au verset pr�c�dent : vous nettoyez le dehors, tandis que l�int�rieur est plein de corruption; mais Celui (Dieu) qui a cr�� le dehors n�a-t-il pas aussi cr�� le dedans (l��tre moral), qui a beaucoup plus d�importance � ses yeux ?

C�est donc l� ce qu�il faut purifier avec le plus grand soin; car Dieu ne vous a prescrit certaines purifications ext�rieures que pour vous rappeler le devoir de la puret� morale. Or en n�gligeant celle-ci pour vous en tenir aux premi�res, vous an�antissez l�intention divine.

Il est �vident que les termes de cette sentence sont encore emprunt�s � l�image du verset pr�c�dent.

Dans Matthieu (Matthieu 23:26) se trouve une pens�e semblable, exprim�e en termes diff�rents.

Le contenu (grec ce qui est dedans), c�est-�-dire, d�apr�s le contexte, ce qui est dans les coupes et les plats. Ces mets et ces vins, faites-en part aux pauvres, avec une charit� qui provienne du c�ur, et vous comprendrez que la loi supr�me de l�amour est infiniment sup�rieure � toutes vos r�gles formalistes de purification; et voici, par le fait m�me, tous ces biens vous seront purs, ils le sont d�j� par la puissance de l�amour.

Cette parole ne renferme aucunement l�id�e du m�rite des �uvres. J�sus serait-il retomb� dans le pharisa�sme au moment m�me o� il le pulv�risait ? L�amour, qui fait le prix du don, exclut, par sa nature m�me, la recherche du m�rite, qui est l�essence du pharisa�sme.� Godet

Voir Matthieu 23:23, 1re note.

Matthieu dit : Vous n�gligez le jugement (ou la justice), la mis�ricorde et la foi (ou fid�lit�).

Luc ne parle que du jugement, du discernement de ce qui est juste, �quitable dans les rapports avec le prochain, et de l�amour de Dieu, qui est la source de toutes les vertus.

Comparer Luc 20:45-47 et voir Matthieu 23:6.

Apr�s ce : Malheur � vous ! le texte re�u avec A, D, ajoute : scribes et pharisiens hypocrites, mots qui ne sont pas authentiques; en effet, J�sus ne s�adresse aux scribes qu�� l�occasion du verset 45.

Voir Matthieu 23:27-28, note.

Dans Matthieu, J�sus compare les pharisiens � des �?s�pulcres blanchis qui paraissent beaux au dehors, mais qui, au dedans, sont pleins d�ossements de morts et d�impuret�?�.

D�apr�s Luc, il emploie la m�me comparaison dans un sens tout diff�rent : les pharisiens sont comme des s�pulcres qu�on ne voit pas, parce qu�on a n�glig� de les entretenir et de les blanchir, et qu�ils sont recouverts de terre et de plantes.

On marche donc dessus sans s�en douter et l�on contracte involontairement la souillure (Nombres 19:16). Tels sont les pharisiens : on s�approche d�eux, on se livre � eux sans d�fiance, et l�on est bient�t infect� de leur esprit.

Jusqu�ici, J�sus avait adress� ses reproches aux pharisiens (v 39); mais il y avait dans ces paroles des v�rit�s qui atteignaient directement aussi les l�gistes, ces savants scrutateurs de la loi, que les �vang�listes nomment plus souvent scribes ou docteurs de la loi (voir Matthieu 23:2, 2e note).

Aussi l�un d�eux se sent offens� : Tu nous outrages, nous aussi. Par ce nous aussi, le l�giste se distinguait des pharisiens; mais J�sus, bien loin de nier l�intention qui lui est attribu�e, r�pond (verset 46) : Et � vous aussi, l�gistes, malheur !

� partir de cet incident, J�sus adresse aux scribes la suite de son discours (verset 52), mais sans perdre de vue les pharisiens, qui ont certainement leur part � ses reproches.

Dans Matthieu, J�sus s�adresse constamment, et en m�me temps, � l�une et � l�autre de ces classes d�hommes.

Voir Matthieu 23:4 note.

Matthieu 23:29-31, note.

Le reproche que J�sus adresse ici � ses auditeurs diff�re de celui qui se lit dans le premier �vangile.

B�tir les tombeaux des proph�tes �tait, dans leur intention, une �uvre r�paratrice de pi�t�; mais, par une ironie des faits que J�sus rel�ve, ils perp�tuent le souvenir de la conduite de leurs p�res en consommant leur �uvre.

Au lieu de laisser tomber leurs crimes dans l�oubli, ils en �l�vent les monuments; ils se constituent les t�moins du meurtre des hommes de Dieu (Deut�ronome 17:7; Actes 7:58) et ils l�approuvent; car eux, les ont tu�s, ajoute J�sus, et vous, vous b�tissez (le texte re�u ajoute : leurs tombeaux, ce qui s�entend de soi-m�me et affaiblit l�expression br�ve et �nergique de ce contraste).

Sans doute, les auditeurs de J�sus auraient pu r�pondre qu�en honorant les proph�tes martyrs, ils protestaient contre leur meurtre; mais comme, en pr�sence m�me de J�sus, le plus grand des proph�tes, ils se montraient remplis de haine contre la v�rit� divine, ils t�moignaient par l� que leurs soins pour les tombeaux des proph�tes n��taient qu�un acte d�hypocrisie. J�sus d�voile dans leur c�ur le vrai commentaire de leurs actions.

C�est pourquoi aussi, afin qu�il apparaisse avec �vidence que les fils sont semblables aux p�res�

Luc introduit les paroles qui vont suivre par une formule qui fait attendre une citation de l�Ancien Testament; mais ce passage ne s�y trouve pas. On a cru le reconna�tre, soit dans 2 Chroniques 24:19, soit dans Proverbes 1:20-31, soit dans quelqu�un des livres apocryphes que J�sus ne cite jamais : rapprochements plus ou moins arbitraires qui, sans �tre inadmissibles, sont pourtant peu probables.

D�autres interpr�tes ont pens� que J�sus, s�appelant lui-m�me la sagesse de Dieu, d�clare, comme dans Matthieu, que c�est lui qui enverra des proph�tes et des ap�tres.

On pourrait admettre cette explication, vraie au fond, sans ce verbe au pass� : la sagesse a dit, qui �videmment suppose une citation. Pour �viter cette objection, d�autres ont pens� que J�sus rappelait une de ses propres d�clarations, faite dans une autre occasion, ce qui parait peu probable.

Enfin, on a suppos� que, dans la tradition apostolique, on s��tait habitu� � citer les paroles de J�sus qui vont suivre, avec cette formule : �?la sagesse divine a dit?�, et que Luc a simplement suivi cet usage. C�est l� une hypoth�se peu vraisemblable.

Hofmann, Bernhard Weiss, M. Godet appliquent le terme de sagesse de Dieu, comme Luc 7:35, au plan con�u par Dieu pour le salut : �?Dieu dans sa sagesse a dit?�.

Si l�on admet cette explication, la relation que Luc nous a conserv�e de ce discours est conforme � celle de Matthieu, o� J�sus dit sans formule de citation : �?C�est pourquoi, voici, je vous envoie des proph�tes?�, etc.

Quelque sens que l�on donne aux mots par lesquels Luc l�introduit, la parole m�me de J�sus est simple et lumineuse. Il allait, en effet, envoyer dans son �glise des proph�tes et des ap�tres (�ph�siens 4:11), qui devaient �tre pers�cut�s et mis � mort par leur g�n�ration.

Voir Matthieu 23:34-36, notes.

L�expression r�p�t�e : redemand� (versets 50, 51) correspond au cri de Zacharie mourant : �?Que l��ternel voie et redemande !?� (2 Chroniques 24:22)

Matthieu 23:13, note.

Dans le premier �vangile, ces paroles s�adressent � la fois aux scribes et aux pharisiens, comme tout le discours.

Dans le r�cit de Luc, elles ne concernent que les l�gistes auxquels J�sus parle depuis le verset 45.

Cette application est plus exacte, car, en effet, c��taient les docteurs de la loi qui avaient enlev� la clef de la connaissance ou de la science, c�est-�-dire, qui s��taient arrog� le droit d�interpr�ter les �critures, de les enseigner aux jeunes rabbins et de les appliquer au peuple, dans les diverses circonstances de la vie sociale (Matthieu 23:2, note).

La connaissance de Dieu et du salut est compar�e par J�sus � une maison ou � un temple que les scribes ont ferm� apr�s s��tre saisis de la clef.

Non seulement ces savants th�ologiens n�y sont point entr�s, mais ils ont emp�ch�, par leurs erreurs et leur opposition, ceux qui voulaient entrer. Il y a dans le grec le pr�sent : ceux qui entrent, par ou J�sus d�signe ceux qui, alors, voulaient s�attacher � lui et � son enseignement.

Les manuscrits pr�sentent sur ces versets plusieurs variantes. Le texte re�u avec A, D, majuscules, versions, porte : et comme il leur disait ces choses�cette sc�ne violente se serait donc pass�e encore dans la maison du pharisien (verset 37); ce qui est tr�s improbable d�apr�s la suite du r�cit (Luc 12:1).

C�est plut�t comme il sortait de l� (Codex Sinaiticus, B, C) que ses adversaires, c�dant � la violence de leur haine, ont d� se mettre � l�obs�der de questions insidieuses, auxquelles ils demandaient imp�rieusement des r�ponses, avides de surprendre quelque parole (grec quelque chose) de sa bouche.

Le texte re�u avec A, C, D, majuscules, versions, ajoute : afin de l�accuser, paroles qui sont parfaitement dans la situation, et qui expriment tr�s bien l�intention des ennemis du Sauveur, mais dont la suppression, dans Codex Sinaiticus, B, donne � la narration un tour plus simple.

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