Bible Commentaries
Proverbes 30

Bible annotéeBible annotée

versets 1-33

Nous nous sommes astreints � traduire le texte h�breu tel quel. Mais il pr�sente un sens peu satisfaisant et beaucoup de difficult�s.

Paroles d�Agur, fils de Jak�. D�s les plus anciens temps, on a cru devoir prendre ces deux noms pour des d�signations figur�es. Pas plus que le livre de l�Eccl�siaste (Koh�leth) n�a pour auteur un homme qui port�t v�ritablement ce nom, pas plus, pensait-on, il ne faut songer ici � un personnage du nom d�Agur fils d�un nomm� Jak�. �tymologiquement, Agur signifie le collecteur, et Jak� l�homme pieux; notre chapitre aurait donc pour auteur l�un des pieux collecteurs des chapitres pr�c�dents.

C�est l� de beaucoup la plus raisonnable des explications qu�aient donn�es de ces mots les partisans de l�ex�g�se symbolique. Nous ne voulons point sans n�cessit� les suivre sur ce terrain. Nous pensons qu�Agur, fils de Jak�, �tait tout simplement un sage isra�lite, bien probablement, puisqu�il semble citer l�Ancien Testament (comparez. par exemple, verset 5 et Psaumes 18:31), mais qui ne nous est pas autrement connu.

La sentence (hammassa). Cette expression fait partie du vocabulaire proph�tique (2 Rois 9:25; �sa�e 13:1; �sa�e 15:1; Habacuc 1:1, etc.), et, en t�te d�une s�rie de proverbes, r�sultat de la r�flexion d�un sage, para�t suspecte, bien que, dans Proverbes 31:1 , les Massor�tes semblent l�avoir admise, dans le sens g�n�ral de sentence. Voir � ce passage. En outre, le mot de sentence, imm�diatement avant celui de d�claration : n�oum, a quelque chose de pl�onastique. Plusieurs prennent donc le mot de massa comme une d�signation g�ographique. Agur aurait �t� originaire de Massa, localit� du Hauran oriental d�apr�s quelques voyageurs, ou plut�t province de l�Arabie d�apr�s Gen�se 25:14, qui cite un Massa parmi les fils d�Isma�l, d�apr�s les inscriptions assyriennes, qui parlent d�un pays de Masa� dans l�Arabie septentrionale, et enfin d�apr�s Ptol�m�e, qui mentionne dans ces m�mes parages des Masano�. Mais contre la valeur g�ographique de ce nom, on fait observer que hammassa ne peut point signifier de Massa; il faudrait pour cela mimmassa ou bien hammassa�, le Massa�te. Pour toutes ces raisons, quelques interpr�tes se sont demand�, si ce mot embarrassant ne s��tait pas gliss� ici par erreur (de Proverbes 31:1).

� notre sens, la seule mani�re de justifier cette expression, serait d�y voir l�indication qu�avec la deuxi�me partie du verset commence d�j� la citation de l�ouvrage d�Agur et que les mots : D�claration de l�homme, ne sont pas l�apposition des mots : Paroles d�Agur, mais le titre particulier, du chapitre d�Agur qui va �tre cit� en tout ou en partie. Ce chapitre se serait appel� la sentence, parce qu�il aurait renferm� en quelque sorte le programme de tout l�ouvrage.

D�claration de l�homme � Ithiel, � Ithiel et Ukal. Ceci est ordinairement consid�r� comme faisant aussi partie de la suscription. L�homme serait Agur, et Ithiel et Ukal seraient deux de ses disciples, disciples r�els qui auraient vraiment port� ces noms (voir pour Ithiel N�h�mie 11:7), ou disciples fictifs, dont il faudrait prendre les noms dans leur sens �tymologique, Ithiel signifiant : Dieu est avec moi, et Ukal : J�ai pu (comprendre); Ithiel, le type des philosophes croyants; Ukal, celui des esprits forts (Mais pourquoi r�p�ter Ithiel et en revanche ne pas r�p�ter la pr�position devant Ukal ?). On a aussi quelquefois pris ces deux noms comme s�appliquant � un seul et m�me personnage, dont le nom complet aurait �t� Dieu est avec moi et j�ai pu ! Mais pourquoi ce disciple unique commencerait-il par s�appeler Dieu est avec moi tout court ? Et surtout, avec, ces diverses interpr�tations du verset 1, comment rendre compte du car du verset 2 ? Voil� de quoi rendre cette mani�re de lire le texte s�rieusement suspecte. Il convient, bien probablement, de prendre l�homme : haggu�ver dans un sens g�n�ral, au lieu de le rapporter � Agur : voil� ce que doit d�clarer tout homme. Et pour ce qui suit, il suffit de changer quelques voyelles, sans toucher aux consonnes, et de lire : La�thi, El; la�thi, El, va �kel, au lieu de : Leithiel le�thiel ve Ukal, pour arriver au sens de : je me suis fatigu�, � Dieu; je me suis fatigu�, � Dieu, et je me suis �puis�, qui pr�pare tr�s naturellement le verset 2. Avec le deuxi�me membre du verset 1 commencerait donc d�j� la citation de l�ouvrage d�Agur. Apr�s bien des recherches infructueuses, ce sage a constat� que l�on ne peut pas arriver par soi-m�me � la sagesse, et que, pour l�homme, la premi�re chose � faire est de reconna�tre les bornes �troites de ses lumi�res naturelles.

Car je suis plus stupide que personne, litt�ralement : Je suis une brute, de fa�on � n��tre pas un homme. Agur est sinc�rement pr�occup� du d�sir de conna�tre la v�rit�, mais il d�plore de n�avoir pas une raison capable de d�chirer le voile qui lui d�robe la vue des choses cach�es en Dieu (Job 11:7-9; Romains 11:33). Voir aussi Socrate disant qu�il n��tait sage qu�� proportion qu�il savait ne rien savoir (Diog�ne La�rte II, .5-7).

Non seulement je suis d�nu� de moyens naturels, mais je n�ai pas fait d��tudes.

Du Tr�s-Saint. Voir Proverbes 9:10, note.

Ce verset renferme la suite de la d�claration pr�c�dente de l�homme sinc�re qui n�a pu trouver Dieu aussi pleinement qu�il l�aurait d�sir�. L�homme est limit� dans ses investigations par sa nature cr��e elle-m�me; et il pr�tendrait parvenir � une connaissance parfaite de son Cr�ateur !

La r�ponse � ces cinq questions est facile � donner; aussi celui qui les pose ne la donne-t-il pas. Dieu seul peut monter aux cieux et, de l�, descendre pour communiquer avec sa cr�ature (Gen�se 28:12), pour juger (Gen�se 11:7), pour secourir (Psaumes 18:10); Dieu seul peut faire souffler et arr�ter la vent (Psaumes 104:7); enfermer l�eau dans les nuages dont il se rev�t (Job 26:8) ou la r�pandre � son gr� (Job 38:37). Lui seul a fix� les limites de cette terre qui nous para�t immense (Job 26:7).

Dans ses mains, litt�ralement : dans ses deux poings.

Son nom : le nom qui pourrait faire conna�tre dans son essence un �tre dont les �uvres elles-m�mes d�passent tellement notre entendement.

Le nom de son fils. Proverbes 8:30, nous avons vu la Sagesse personnifi�e collaborer avec Dieu dans l��uvre de la cr�ation. Ce m�me ouvrier (dans Proverbes 8:30, le mot am�n, que nous avons rendu par ouvri�re, est masculin) est pr�sent� ici comme un fils du Cr�ateur pour bien marquer l�intimit� de la relation qui existe entre Dieu et cette puissance m�diatrice. Comparez le passage du Rig-V�da : Qui a vu le Premier-n� ? O� �tait le sang, la vie, l��me du monde ? Qui est parvenu � demander cela � quelqu�un qui l�aurait su ?

5 et 6

Heureusement Dieu a parl� ! Il y a un livre de la Loi qui, tout entier, est une r�v�lation aussi certaine que sont incertaines les opinions humaines.

Eprouv�e au feu. Citation de Psaumes 18:31.

N�ajoute rien : Deut�ronome 4:2. Avertissement � l�adresse de la tradition qui chercha et r�ussit � acqu�rir en Isra�l une autorit� �gale et parfois sup�rieure � la Loi (Marc 7:13).

Jusqu�ici probablement s��tend la sentence (verset 1), la d�claration initiale du livre d�Agur. � partir du verset 7, ce sont des proverbes d�tach�s du corps m�me de son ouvrage.

7 � 9 Deux demandes adress�es � Dieu. Comparez Job 13:20-21. C�est peut-�tre l�objet de la premi�re (fausset�, paroles mensong�res, verset 8) qui a fait placer, ce proverbe � la suite du verset 6 (menteur).

Fausset�, litt�ralement : chose de n�ant, vanit�. Ce sont les pens�es vaines qui naissent dans le c�ur naturel.

Peut-�tre dans les paroles mensong�res faut-il voir celles que l�auteur serait expos� � entendre et auxquelles il pourrait �tre tent� de pr�ter l�oreille.

Cette premi�re demande, de nature spirituelle, n�est point motiv�e, comme le sera la seconde par le verset 9.

Le pain de mon ordinaire : la nourriture de ma portion, ma ration quotidienne de nourriture (Gen�se 47:22).

Renie. Une vie facile favorise l�incr�dulit�. Comparez Deut�ronome 8:14-15; Job 21:14-16.

Et ne porte atteinte au nom de mon Dieu. La pauvret� a aussi ses dangers, mais plut�t pratiques.

Ce distique renferme une pens�e unique et sa justification.

Ne calomnie pas. La position d�un esclave est, en elle-m�me d�j�, assez p�nible : ne l�aggrave pas par des rapports faux ou exag�r�s. Ce malheureux lancerait contre toi une mal�diction m�rit�e et qui, par cons�quent, ne serait pas sans effet (Proverbes 26:2). Dans le livre �gyptien du Rituel (C. 125) un individu qui plaide devant Osiris, le juge des morts, dit dans sa d�fense : Je n�ai pas calomni� un esclave aupr�s de son ma�tre.

11 � 14

Nous verrons bient�t quatre choses insatiables (verset 15), insondables (verset 18), intol�rables (verset 21), petites et prudentes (verset 24), belles � voir (verset 29). Ici, sans que leur nombre soit indiqu�, nous avons aussi quatre choses juxtapos�es. Leur caract�re commun n�est pas non plus exprim�; il est facile � deviner : ce sont l� des sentiments �minemment odieux � l��ternel.

Cette priam�le se rattache � la sentence pr�c�dente par le mot maudit (d�buts des versets 10 et 11).

Il est une race� Sont-ce les compatriotes et les contemporains de l�auteur ? � chacun de s�examiner pour voir s�il fait partie d�une soci�t� pareille.

Qui maudit son p�re. Comparez Proverbes 20:20.

Et qui ne b�nit pas. Esp�ce de litote. Dans toute l��criture ne pas faire le bien, c�est faire le mal.

Point lav�e de sa souillure. Plusieurs pensent que cette souillure consiste � se croire pur (d�but du verset). Il est plus naturel d�y voir en g�n�ral des p�ch�s, sur lesquels on est aveugl�, en sorte qu�on se croit en r�gle avec Dieu, lors m�me qu�on ne les a pas abandonn�s.

Comparez Proverbes 6:17; �sa�e 2:11.

La phrase est bris�e. On est stup�fait en face de tant d�orgueil !

Comparez Psaumes 57:5; Psaumes 58:7.

Rapacit� qui ne recule devant aucun moyen pour s�emparer du bien d�autrui. L�chet� qui s�attaque aux gens qui ne peuvent pas se d�fendre.

La sangsue. Le mot alouka ne se rencontre qu�ici dans tout l�Ancien Testament; mais le sens en est suffisamment garanti par l�emploi qu�en fait le Talmud, qui dit dans le trait� de l�Idolatrie : Il ne faut boire de l�eau des fleuves ou des �tangs ni avec la main, ni directement avec la bouche, par crainte de la alouka.

Deux filles. Ces deux filles ne sont pas indiqu�es. Le texte ne donne que le mot qu�elles sont cens�es r�p�ter sans cesse. Que chacun indique � son gr� deux choses insatiables; avec la sangsue, cela fera trois. Moi, semble dire l�auteur, j�en dirai bien quatre, tant il y en a !

Cette pens�e se retrouve, avec plusieurs termes analogues, dans un proverbe hindou : Le feu n�est jamais rassasi� de bois, ni de fleuves l�oc�an, ni de vivants la mort, ni d�hommes les femmes aux beaux yeux.

Pour le s�pulcre, comparez Proverbes 27:20.

Les yeux sont choisis de pr�f�rence � toute autre partie du corps parce que, d�une part, ils sont d�une mani�re toute particuli�re le miroir de l��me, et que, de l�autre, ils offrent aux becs des corbeaux la proie la plus facile.

Ceci suppose, non pas tant l�ex�cution sur ce fils d�natur� de la peine �dict�e Exode 21:17, car dans ce cas il y aurait s�pulture, que bien plut�t quelque mort tragique � la fin d�une vie maudite. L�absence de s�pulture �tait aux yeux de toute l�antiquit� l�infortune supr�me.

18 et 19

Ce proverbe � nombre met en pr�sence quatre actes qui ne laissent pas de traces apr�s eux et qui ne sont pas constatables au premier coup d��il par l�homme. Le vol de l�aigle dans les airs se produit sans que rien n�indique par o� a pass� ce puissant oiseau; il en, est de m�me du serpent qui glisse sur la surface polie d�une roche, du navire dont le sillage dispara�t si promptement et du quatri�me exemple cit�. Et pourtant, que de myst�res dans ces mouvements, qu�ils aient pour th��tre l�air, la terre ou l�eau ! Que de myst�res surtout dans la naissance de l�enfant ! Voir Psaumes 139:13-15, o� se trouve sur le m�me sujet la m�me expression qu�ici (choses merveilleuses).

Application sp�ciale � la femme adult�re du cas indiqu� dans 19. Elle se livre au mal et peut nier la chose. On pense assez g�n�ralement que ce verset est une adjonction post�rieure destin�e � illustrer la ligne pr�c�dente.

21 � 23

Quatre choses, intol�rables quatre bouleversements qui mettent tout sens dessus dessous l� o� ils se produisent.

Un esclave qui devint roi commettra des maladresses, ou, pour se venger de son long abaissement, des cruaut�s.

Un insens�. Quel mal ne fera pas un nabal, un sot, s�il n�est pas oblig� de travailler et si une grande fortune lui permet de satisfaire ses go�ts vulgaires ?

Qui devient l��pouse pr�f�r�e et qui peut tout � coup faire expier � ses rivales d�tr�n�es ses d�ceptions et ses amertumes.

Qui supplante sa ma�tresse : hautaine, �go�ste, provocante par les grands airs qu�elle se donne.

24 � 28

Apr�s quatre cr�atures humaines, que le succ�s et la puissance rendent insupportables, quatre animaux qui se distinguent par leur petitesse et leur grande prudence.

Peuple. Les anciens aimaient � se repr�senter les diverses cat�gories d�animaux comme formant des �tats distincts (Jo�l 1:6).

Les fourmis sont engourdies pendant l�hiver, mais il n�en est pas moins vrai que durant l��t� elles recueillent des provisions pour la mauvaise saison. Et elles le font avec un ensemble �tonnant (Proverbes 6:7-8).

Les gerboises. Voir L�vitique 11:5, note.

Qui placent leur demeure dans le rocher, comme les K�niens (Nombres 24:21) !

Les sauterelles frappent toujours par leur marche imperturbable (Jo�l 2:7). On les dirait command�es par un chef redout�.

Sans avoir de roi. Cause de faiblesse, qui correspond aux derniers mots de 25 et de 26.

Que tu prends avec la main. Le l�zard aussi est faible et inoffensif, mais, gr�ce � ce fait, on le laisse profiter de sa souplesse et s�introduire dans les plus belles demeures.

29 � 31 dernier proverbe � nombre

Quatre choses belles � voir marcher. Ici comme au verset 19, quatre se d�compose en 3 + 1.

Le lion, aussi fort que courageux. Voir �sa�e 31:4.

Le cheval aux reins bien trouss�s, �l�gants et vigoureux. Litt�ralement : le solidement ceint quant aux reins, expression qui d�peint tr�s heureusement la courbe souple et forte des flancs d�un cheval de race. On a aussi song� au l�vrier, ou en g�n�ral au chien de chasse. Mais l�Ancien Testament, en fait de chien domestique, ne parle que du chien de berger (Job 30:1). Partout ailleurs on ne parle du chien qu�avec m�pris (Proverbes 26:11; �sa�e 66:3).

Ou le bouc. Il semble que par ce ou l�auteur veuille laisser au lecteur la libert� de choisir entre ces divers animaux celui qui lui para�t r�pondre le mieux � l�id�e de la force et de la majest�. Qu�on se repr�sente un bouc marchant fi�rement � la t�te du troupeau.

Et le roi, alkoum imm�. On a souvent traduit en faisant de alkoum deux mots : al koum imm� : Ne pas se lever pour lutter avec lui; le roi auquel nul ne peut r�sister. Mais ce serait l� une tournure peu conforme aux usages de la langue. Le mieux est de songer, � propos de ce mot qui ne se rencontre qu�ici, mais qui existe en arabe o� il signifie peuple, � une arm�e en marche.

La morale, si l�on en r�clame une, est ais�e � tirer, tant pour le peuple que pour le roi.

32 et 33

Derni�re parole d�Agur.

Par folie : sans avoir � l�avance pens� de quelle mani�re tu pourrais te faire valoir.

Avec r�flexion : de propos d�lib�r�.

[Mets] la main sur la bouche ! (Job 21:5). Ne continue pas � parler dans ce sens ! Tu ne manquerais pas de d�plaire, d�irriter, de provoquer des contestations, des disputes. Tu en a d�j� trop dit; n�insiste pas, car la pression�

Il y a ici entre aph, nez, et appa�m, col�re, litt�ralement : les deux narines, un jeu de mots qu�on ne peut rendre en fran�ais.

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