Bible Commentaries
Psaumes 51

versets 1-19

Au ma�tre chantre. Le fait qu�un homme en vue, comme l��tait David, ne s�est pas content� d�une humiliation secr�te, mais a voulu que sa pri�re dev�nt publique, en en faisant le sujet d�un cantique destin�, � �tre chant� dans les solennit�s religieuses, montre la r�alit� et la profondeur de sa repentance. Le p�ch� a �t� manifeste; la confession douloureuse doit l��tre aussi.

3 � 8 La confession

En demandant gr�ce, le coupable ne cherche pas � repr�senter sa faute comme l�g�re; il la sonde au contraire de plus en plus profond�ment. Il ne dit pas : Pardonne ma faute, car elle est excusable, mais au contraire : Pardonne mon iniquit�, car elle est grande (Psaumes 25:11; Psaumes 130:3-4). C�est en cela que consiste la grande diff�rence entre David et Sa�l (voir 1 Samuel 13:11-12; 1 Samuel 15:14-15; 1 Samuel 15:20-21).

Fais-moi gr�ce. C�est la pens�e fondamentale du psaume, exprim�e d�s le d�but. La demande de pardon ne s�appuie sur rien autre que la pure mis�ricorde divine. Mais cette mis�ricorde n�est pas imagin�e par l�homme, dans son propre int�r�t; elle s�est r�v�l�e comme le fondement m�me de l�alliance de Dieu avec l�homme (Exode 34:6). Aussi le p�cheur repentant peut-il y faire appel, en s�appuyant sur les d�clarations de Dieu lui-m�me.

Mes forfaits�, mon p�ch�. � mesure qu�il consid�re sa faute, le p�cheur y voit un assemblage de transgressions de toutes sortes, aboutissant � un acte horrible.

Car je connais�

Il ne faut pas comprendre le mot car, comme si le fait de reconna�tre un p�ch� imposait � Dieu l�obligation de pardonner, car le p�ch� est p�ch�, et, qu�on le confesse ou non, il est digne en tout temps de ch�timent : pourtant Dieu veut bien faire gr�ce � ceux qui reconnaissent leur p�ch�, mais � ceux-l� seulement� Luther

C�est l� ce qui encourage le psalmiste � implorer sa gr�ce.

Contre toi seul. Quel que soit le p�ch� commis, celui qui l�envisage en face y voit une offense directe contre Dieu, et m�me une offense telle que le tort fait au prochain est comme absorb� par l�injustice commise contre Dieu. En effet :

toutes les relations dans lesquelles l�homme peut se trouver ici-bas vis-�-vis de ses fr�res ou du monde en g�n�ral, n�existent que pour lui donner l�occasion d�affirmer la relation essentielle de d�pendance et d�amour qui l�unit � Dieu� Delitzsch

Violer ou troubler ces relations, c�est nier le lien fondamental, c�est faire ce qui est mal aux yeux de Dieu.

Afin que tu sois reconnu juste, non pas : en sorte que� Le monde moral est organis� de telle sorte que tout p�ch� envers l�homme ne s�arr�te pas � l�homme, mais atteigne Dieu, plus encore que l�homme, et cela afin que le coupable ne puisse faire autrement que de reconna�tre le droit de Dieu de le condamner. La parole : Que tu sois reconnu juste�, est cit�e Romains 3:4, mais dans le but sp�cial d�affirmer la fid�lit� de Dieu en opposition � l�infid�lit� d�Isra�l. Paul la cite d�apr�s les Septante.

Voil� : ce terme, r�p�t� au verset 8, indique de nouvelles constatations que fait le p�cheur. Il d�couvre que l�iniquit� remonte � la racine de son �tre, � tel point qu�avant la naissance d�j� le p�ch� nous environne et est comme notre nid� Calvin

Le p�ch� originel est affirm� ici de la mani�re la plus �nergique, non au point de vue philosophique, mais par un acte de condamnation que le p�cheur porte contre lui-m�me. Ce n�est point en effet pour att�nuer sa faute ou pour s�en d�charger sur ses parents que le coupable remonte si haut; c�est au contraire pour s�associer au jugement que Dieu porte sur la profondeur de sa corruption.

Nouvel aveu douloureux : Malgr� cette souillure originelle, Dieu avait entrepris l��ducation de David et lui avait enseign� la sagesse. La faute commise en devient ainsi plus personnelle, plus volontaire et plus grave. La pens�e n�est pas enti�rement exprim�e; le psalmiste a h�te de s��crier : Purifie-moi� (verset 9).

9 � 14

D�chu comme il l�est, le p�cheur ne saurait de lui-m�me reprendre sa position d�autrefois. Un acte de la gr�ce divine peut seul le purifier et le renouveler.

Purifie-moi : c�est l�accompagnement n�cessaire du pardon.

Avec l�hysope. Avant de d�clarer pur un l�preux gu�ri, on l�aspergeait au moyen d�une branche d�hysope tremp�e dans le sang d�une victime (L�vitique 14:4). L�hysope entrait aussi dans la composition de la cendre employ�e pour la purification de ceux qui avaient touch� un mort (Nombres 19:6-11). Le psalmiste assimile ainsi son p�ch� � l�une des souillures qui excluent de l�assembl�e d�Isra�l.

Plus blanc que la neige. Comparez �sa�e 1:18.

Fais-moi entendre l�all�gresse. David pressent ce que seront, une fois que la certitude du pardon aura rempli son �me, les manifestations publiques de sa reconnaissance (chant, f�tes religieuses, musique sacr�e), aussi bien que sa joie intime, renouvelant m�me ses forces corporelles (les os). Comparez Psaumes 6:3; Psaumes 32:3.

D�tourne ton regard�, litt�ralement : Cache ta face de mon p�ch�, mais pas de moi (verset 13).

Cr�e en moi� Pour un �tat de p�ch� aussi profond que celui qui a �t� d�crit versets 3 � 8, une am�lioration partielle ne suffit pas (Jean 3:3; Matthieu 9:16). Il ne faut rien moins qu�une nouvelle cr�ation. La nouvelle naissance est ici pressentie, aussi bien que le don du Saint-Esprit, et cela ensuite de l�affirmation cat�gorique du verset 7 concernant le p�ch� originel. Aussi le Seigneur a-t-il pu dire � Nicod�me : Tu es docteur en Isra�l, et tu ne sais pas ces choses ! (Jean 3:10). Les termes du psalmiste dans ce passage sont d�j� ceux du Nouveau Testament, bien que l�esprit dont il parle, et dont il avait d�j� �prouv� l�efficace, ne soit encore que le pr�curseur de l�esprit d�adoption (Jean 7:39). Le soupir de David deviendra une promesse positive chez J�r�mie (J�r�mie 24:7) et chez �z�chiel (�z�chiel 9:9).

Renouvelle : m�me sens que Tite 3:5 : Il nous a sauv�s par le bapt�me de la r�g�n�ration et le renouvellement du Saint-Esprit.

Un esprit ferme : qui ne vacille plus entre le bien et le mal.

Dans trois versets successifs (12 � 14), le nom de l�Esprit est r�p�t� par le psalmiste, qui l�appelle en premier lieu un esprit ferme, en second lieu un esprit saint, en troisi�me lieu un esprit joyeux � Luther

Ne me rejette pas� Il n�y a pas d�autre alternative que celle d�un renouvellement complet ou d�un rejet d�finitif.

Ton esprit saint. David pense sans doute ici � l�esprit qui lui a �t� communiqu� par suite de l�onction en vue de la royaut� (1 Samuel 16:1). Il s��tait habitu� � vivre sous la direction de cet esprit, et il sent qu�il ne peut d�sormais se passer de lui.

15 � 19 V�ux pour l�avenir

La promesse trois fois r�p�t�e de louer Dieu publiquement est entrem�l�e de pri�res et justifi�e par le fait que Dieu pr�f�re aux sacrifices la louange venant d�un c�ur humble.

J�enseignerai� C�est le besoin du p�cheur pardonn� d�indiquer � d�autres le chemin du salut. David a tenu sa promesse en faisant chanter publiquement ce psaume m�me, puis en en composant d�autres, tels que le Psaume 32, qu�il a pr�cis�ment appel� Maskil, enseignement.

Du sang vers� : le sang d�Urie et de tous ceux qui avaient �t� tu�s avec lui (2 Samuel 11:17).

Ta justice. Dieu se montre juste, quand il pardonne, conform�ment � ses promesses (1 Jean 1:9).

Ouvre mes l�vres, en enlevant le sentiment de la condamnation. Avant le pardon, David avait les l�vres ferm�es.

Sacrifices. Comparez Psaumes 40:7; Psaumes 50:8. Pendant les mois qui s��taient �coul�s entre sa chute et son rel�vement, David avait sans doute continu�, comme par le pass�, � offrir des sacrifices, mais sans que sa conscience en f�t soulag�e (Psaumes 32:3-4). Il avait ainsi �prouv� la v�rit� de la parole de Samuel : Ob�issance vaut mieux que sacrifice (1 Samuel 15:22). M�me les souffrances de Christ restent sans efficace, si le p�cheur ne s�associe pas � la condamnation du p�ch�, r�alis�e en la personne du Seigneur. Quant aux sacrifices de reconnaissance dont il est question au verset 21, ils ne sont agr�ables � Dieu que s�ils sont l�expression des sentiments d�un c�ur humili�.

20 et 21 Pri�re du peuple captif

�difie les murs� Cette parole nous transporte au temps de la captivit� de Babylone. Dans la bouche de David, elle devrait se prendre dans le sens spirituel indiqu� par Calvin : Il n�avait pas tenu � lui que tout le r�gne de Christ ne vint � tomber bas� Il requiert toutefois que Dieu, par sa mis�ricorde, r�tablisse l��glise. M�me un sens tel que celui-l� introduit dans le psaume, si bien termin� par le verset 19 un �l�ment qui semble lui �tre �tranger. Surtout on ne comprend pas que le psalmiste �num�re diff�rentes sortes d�offrandes, au moment o� il vient de parler de sacrifices purement spirituels. Nous avons donc �videmment ici une strophe ajout�e post�rieurement au psaume. Le peuple captif, passant par une repentance analogue � celle de David, a chant� ce psaume, comme expression de sa propre repentance, mais il a senti le besoin d�y ajouter une pri�re appropri�e plus sp�cialement � sa situation de ce moment-l�.