Bible Commentaries
Romains 5

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versets 1-21

1 � 11 Le salut final assur� � ceux qui ont re�u la justification par la foi

La particule conclusive donc lie intimement ce qui suit � l�expos� qui pr�c�de.

Jusqu�ici l�ap�tre a prouv� l�efficacit� du nouveau moyen de salut, la justification par la foi, en montrant :

  1. que le p�ch� universel la rend indispensable (Romains 1:18-3.20);
  2. que son fondement est la r�demption en J�sus-Christ (Romains 3 : 2126);
  3. qu�elle est d�accord avec la loi, (Romains 3:27-31)
  4. qu�elle est conforme � l�exemple d�Abraham (Romains 4).

Nous sommes donc tr�s certainement justifi�s par la foi quant au pass�; mais cette justification nous garantit-elle notre salut final ? nous donne-t-elle la certitude d��chapper � tout ch�timent quand nous compara�trons devant le tribunal de Dieu au dernier jour ? nous permet-elle de nous glorifier d�s maintenant de l�esp�rance d�avoir part � la gloire de Dieu (verset 2) ?

Voil� la question que l�ap�tre aborde maintenant, et qu�il doit traiter pour �puiser le sujet de la justification et pour montrer que le croyant re�oit gratuitement en J�sus-Christ un salut complet.

Nous avons la paix� la plupart des majuscules, et en particulier les plus anciens, portent : ayons la paix.

Les ex�g�tes, en majorit�, repoussent cette le�on, estimant qu�une exhortation ne conviendrait pas au d�but d�un d�veloppement tout didactique.

Grec : Nous avons paix par rapport � Dieu. Ainsi �nonc�e l�affirmation s�applique, moins aux sentiments qu��prouve le p�cheur justifi�, qu�� la relation toute nouvelle avec Dieu dans laquelle il a �t� introduit par sa justification.

Notre Seigneur-J�sus-Christ est le m�diateur de cette relation, par son sacrifice, comme par son intercession aupr�s de Dieu et son action actuelle sur le croyant. Comparer verset 10, note.

Le texte re�u porte : nous avons acc�s par la foi.

Ces derniers mots manquent dans Codex Sinaiticus, B, A, C, D.

Le terme que nous traduisons par acc�s signifie proprement l�acte d�amener, mais il a aussi le sens intransitif de : �?facult� d�approcher?�.

La gr�ce, dans laquelle nous nous tenons fermes (grec debout), est cette relation normale avec Dieu, qualifi�e de �?paix?� au verset pr�c�dent.

Les mots : et nous nous glorifions�, ne d�pendent plus de �?cette gr�ce dans laquelle nous nous tenons fermes?�, car la premi�re proposition du verset n�est qu�une incidente et elle est d�j� suffisamment allong�e.

Il faut donc les consid�rer comme une proposition parall�le � celle du verset 1 �?Nous avons la paix avec Dieu�, et nous nous glorifions de l�esp�rance de la gloire de Dieu?�.

Nous nous glorifions� L�ap�tre qui avait absolument refus� � l�homme tout sujet de se glorifier, tant qu�il �tait livr� � ses propres ressources, (Romains 3:27; Romains 4:2) lui accorde, maintenant qu�il est justifi� par gr�ce, de se r�jouir et de triompher humblement, dans le Seigneur, (1 Corinthiens 1:31) de l�assurance qu�il a de son salut et des perspectives infinies qu�ouvre devant lui l�esp�rance d�avoir part � la gloire de Dieu.

Se glorifier de l�esp�rance de la gloire de Dieu, c�est avoir et manifester la certitude de poss�der un jour pleinement cette gloire.

La gloire de Dieu, qui est le rayonnement de toutes les perfections divines, est accord�e au croyant d�s ici bas, dans la mesure o� l�image de Dieu est r�tablie en lui par la r�g�n�ration, et qu�il peut ainsi, de nouveau et en quelque mesure, r�fl�chir ses divines perfections.

Les afflictions, les tribulations de la vie, loin d��branler le croyant dans sa foi et son esp�rance, et de rendre incertaine � ses yeux l�issue de l��preuve, ne font que ranimer son esp�rance et fortifier son assurance.

La souffrance. sous ses mille formes diverses, est, comme tout mal, une suite et un ch�timent du p�ch� elle ne peut �tre, pour celui qui n�est pas en possession de la gr�ce de Dieu, qu�un sujet de terreur et une cause d�affaiblissement.

Mais pour le croyant la col�re de Dieu contre le p�ch� a fait place � la r�v�lation de son amour, qui s�est manifest� � lui dans le sacrifice de J�sus-Christ (Romains 5:8; Jean 3:16).

La souffrance, d�s lors, change de caract�re; elle devient pour l�enfant de Dieu un salutaire moyen d�humiliation et de renoncement, dont lui-m�me reconna�t le but et la n�cessit�.

Elle le rapproche toujours plus de Dieu, en �tant ce qui fait encore obstacle � une communion intime et compl�te avec lui; elle le d�tache du monde et de lui-m�me, et le pr�pare ainsi � la vie �ternelle; il peut donc se glorifier des afflictions. Il ne faut rien retrancher de la force de ce terme, si l�on ne veut diminuer l��nergie du sentiment exprim� par l�ap�tre (Romains 8:18; 2 Corinthiens 4:17; 2 Corinthiens 12:5; 2 Corinthiens 12:9; H�breux 12:6, etc.).

L�affliction produit la constance. Beaucoup de versions ont : �?la patience;?� mais le mot �?patience?� d�apr�s l��tymologie, n�est qu�une autre d�signation de la souffrance support�e avec r�signation, tandis que le mot grec vient d�un verbe qui signifie : �?tenir bon sous?�, et emporte l�id�e de fermet�, d�endurance, de pers�v�rance (comparez Luc 8:15; Luc 21:19; H�breux 12:1).

La pens�e de l�ap�tre est donc que l�affliction, loin d�abattre le chr�tien et de l��loigner de cette gr�ce � laquelle il a acc�s, l�affermit et assure la constance de sa vie int�rieure.

La constance produit l�exp�rience.

Beaucoup de versions portent : �?l��preuve?�. Cette traduction ne serait admissible que si le mot �?�preuve?� exprimait, non l�action d��prouver ou la condition de celui qui est �prouv�, mais le r�sultat de l��preuve.

Le terme grec d�signe proprement l��tat de ce qui a �t� �prouv� et qui est sorti victorieusement de l��preuve. Le terme d�exp�rience (adopt� par Luther) nous para�t rendre assez bien cette id�e. On pourrait traduire aussi : �?fid�lit� �prouv�e?�.

Dans Romains 14:18, l�adjectif de la m�me racine est employ� pour d�signer celui qui est �?approuv�?� des hommes. Dans 1 Pierre 1:7; Jacques 1:3 (voir les notes), nous avons un substantif de la m�me racine, qui signifie : �?le moyen par lequel on �prouve?�.

Tel est donc pour le chr�tien le r�sultat des afflictions support�es avec constance : elles manifestent ce qu�il y a de r�el ou de non r�el dans sa foi, dans sa vie int�rieure.

Un homme a de l�exp�rience quand, soumis � une forte �preuve, il peut en parler comme y ayant d�j� pass�.� Luther

L�exp�rience produit l�esp�rance.

L�ap�tre ach�ve par ces mots de d�montrer son affirmation : (verset 2) �?Nous nous glorifions de l�esp�rance de la gloire de Dieu?�. En d�pit des afflictions, l�esp�rance, joyeusement profess�e par le croyant d�s le premier moment de sa justification, ne s��teint pas, mais devient plus vive et plus ferme � mesure que sa foi, �prouv�e dans la lutte, acquiert elle-m�me plus de certitude.

Avec sa justification, le croyant a re�u toute la vie nouvelle en germe; ce germe, en se d�veloppant, devient un arbre qui, secou� par les vents, enfonce ses racines toujours plus profond dans le sol, et peut produire d�autant mieux les fruits qu�il est destin� � porter.

L�esp�rance ne rend point confus; elle est de telle nature qu�elle s�accomplira s�rement.

Ce qui nous garantit sa pleine r�alisation, c�est que l�amour de Dieu est r�pandu dans nos c�urs par l�Esprit-Saint qui nous a �t� donn�.

L�amour de Dieu n�est pas notre amour pour Dieu, mais, comme le montrent clairement les versets suivants, son amour pour nous, l�amour qui l�a pouss� � nous donner son Fils, � le livrer � la mort de la croix, lorsque nous �tions ses �?ennemis?� (versets 8-10).

Cet amour peut seul nous rendre in�branlables et nous faire parvenir � la gloire esp�r�e. Or cet amour, l�homme naturel y reste �tranger, il n�y croit pas, jusqu�au moment o� il re�oit la gr�ce qui justifie (verset 1). Alors seulement, l�amour de Dieu est r�pandu dans son c�ur.

Le terme de l�original : est vers� hors de� implique l�image d�un flot qui s��chappe du c�ur de Dieu pour se r�pandre dans le n�tre. L�amour divin cr�e dans notre c�ur, et y entretient, un amour qui ne nous est pas naturel. Le moyen, l�agent de cette effusion de l�amour de Dieu dans l�homme r�g�n�r�, c�est l�Esprit-Saint, sceau et gage de la justification, qui, en sanctifiant l��me, la maintient dans une communion intime avec Celui qui est amour (Romains 8:15; Romains 8:16; 2 Corinthiens 1:22, note; Galates 4:6).

Il puise dans cette communion la certitude que l�esp�rance ne rend point confus; car, comme l�objet de cette esp�rance n�est autre que la parfaite possession de Dieu m�me, et comme Dieu est d�j� pr�sent et vivant dans son c�ur par l�Esprit Saint, qui lui a �t� donn�, il poss�de d�s maintenant, dans une mesure incompl�te, il est vrai, mais r�ellement, ce qu�il s�attend � poss�der un jour dans la pl�nitude (�ph�siens 1:13; �ph�siens 1:14; comparez, ci-dessous, verset 10, note).

Codex Sinaiticus, A, C, D, portent deux encore, dont l�un para�t �tre une r�p�tition de l�autre : �?car encore Christ, lorsque nous �tions faibles encore� ?�

B porte : �?S�il est vrai que Christ, alors que nous �tions encore faibles, est mort, au moment marqu�, pour des impies� ?� Avec cette le�on, il faudrait consid�rer les versets 7, 8 comme une parenth�se, pour trouver l�apodose au verset 9 �?� bien plus forte raison� ?�

La le�on : �?Car Christ?�, que pr�sentent tous les autres manuscrits, donne � la phrase une construction moins compliqu�e. Paul introduit, en ces termes, une argumentation qui se poursuit jusqu�au verset 10, et qui est destin�e � prouver le droit que nous avons de nous �?glorifier de l�esp�rance qui ne confond pas?� (versets 2, 5).

Christ est mort pour des impies comme nous l��tions alors (Romains 4:5, note); combien plus notre esp�rance est-elle assur�e maintenant que nous avons acc�s � la source de toute force, de toute vie, de tout amour !

Christ est mort (grec) selon le temps, ou au temps marqu� par l��ternel et immuable conseil de Dieu, et avant que nous eussions rien pu faire pour pr�venir et m�riter son amour. Notre esp�rance est d�autant plus certaine : elle est fond�e sur le ferme conseil de Dieu et sur la parfaite gratuit� de son amour.

D�autres traduisent : il est mort � temps, ou au moment favorable; ils se refusent � voir dans cette expression une allusion au d�cret divin.

D�autres encore relient cette locution � ce qui pr�c�de : �?quand nous �tions encore sans force, selon les conditions de l��poque o� le salut n�avait pas encore �t� manifest�;?� ou ils la rattachent � ce qui suit imm�diatement : pour des impies comme nous l��tions conform�ment � l��poque

Pour des impies signifie : en leur faveur, par amour pour eux, pour leur bien, et non : �?� leur place?�, ce qui serait exprim� par une autre pr�position grecque, employ�e Matthieu 20:28.

D�apr�s un certain nombre d�interpr�tes, il s�agirait d�abord d�un juste quelconque, d�un homme droit devant Dieu, c�est le sens ordinaire du mot; et l�ap�tre affirmerait qu�� peine quelqu�un voudrait mourir pour un tel homme.

Il s�agirait ensuite de l�homme de bien qui � cette justice, joindrait la bont�, une g�n�rosit� dont on aurait �prouv� les effets, un bienfaiteur, et Paul conc�derait que peut-�tre quelqu�un se r�soudrait (grec oserait, aurait le courage) � livrer sa vie par reconnaissance pour un tel homme.

On objecte � cette interpr�tation que, pour le bon ne peut signifier �?pour le bienfaiteur?�, le grec ayant un terme sp�cial pour exprimer cette id�e. Il vaut en effet mieux consid�rer la seconde proposition comme destin�e � corriger ce que la premi�re affirmation avait de trop absolu : �?encore que peut-�tre quelqu�un ira jusqu�� mourir pour ce juste?�, en consid�ration de sa valeur morale.

Un certain nombre de commentateurs traduisent : �?� peine quelqu�un mourra-t-il pour un juste; car pour le bien (pour le devoir, pour la patrie, pour quelque grande et noble cause) peut-�tre quelqu�un se d�ciderait-il � mourir?�.

Mais on ne voit pas comment l�attitude de cet homme qui meurt pour le bien pourrait �tre mise en contraste avec la conduite de J�sus mourant pour des impies; car en leur sacrifiant sa vie, Christ est aussi mort pour le bien.

Ces impies appellent, comme antith�se, un juste, un homme de bien.

Plusieurs interpr�tes r�cents consid�rent la seconde proposition du verset 7 comme une tr�s ancienne glose, comme une r�flexion d�un lecteur qui aurait fait ses r�serves sur l�affirmation de Paul; cette glose se serait gliss�e dans le texte.

On a suppos� aussi que Paul, en dictant sa lettre, s��tait repris et avait corrig� l�expression de sa pens�e, et que son secr�taire, par inadvertance, avait oubli� de tracer la premi�re expression; en ce cas, ce serait la premi�re proposition du verset 7 qu�il faudrait retrancher.

Dieu prouve (grec �tablit) son amour envers nous, en ce que, quand nous �tions encore des p�cheurs, Christ est mort pour nous.

L�amour du P�re et celui du Fils sont aux yeux de l�ap�tre un seul et m�me amour.

Par un raisonnement qui conclut du plus au moins, l�ap�tre d�montre dans les versets versets 9, 10, la certitude de notre esp�rance, (verset 5) fond�e sur la perp�tuit� de l�amour de Dieu.

Si Dieu a fait le plus pour des p�cheurs, pour des ennemis, en op�rant leur r�demption par la mort de son Fils, n�accomplira-t-il pas � plus forte raison le moins, c�est-�-dire ce qui reste � faire pour achever son �uvre d�amour � l��gard d�hommes qui sont maintenant justifi�s et r�concili�s avec lui ?

Ainsi, m�me � ceux qui ont d�j� obtenu la justification, l�ap�tre n�indique pas d�autre fondement de leur esp�rance que la libre gr�ce de Dieu envers eux.

Plus le rachet� de Christ est reconnaissant d�un amour qu�il n�a point m�rit�, plus il se fonde uniquement sur une gr�ce dont il se reconna�t compl�tement indigne, plus aussi il sent son angoisse et son d�couragement se transformer en la joyeuse assurance de son salut �ternel.

L�ap�tre confirme (car) sa conclusion sur l�assurance du salut, en faisant intervenir une id�e nouvelle, celle de notre r�conciliation avec Dieu.

Il nous pr�sente, non plus seulement comme des �tres �?sans force?�, comme des �?p�cheurs?�, mais comme des ennemis de Dieu; ce qui donne plus de poids encore � sa conclusion : � plus forte raison.

Ennemis de Dieu, nous sommes non seulement �?justifi�s?�, (verset 9) mais r�concili�s.

En outre, il appelle Christ le Fils de Dieu, ce qui fait ressortir le prix de sa mort, et il pr�cise l�id�e que nous sommes �?sauv�s par lui?�, (verset 9) en ajoutant : nous sommes sauv�s par sa vie.

Ennemis, nous le sommes par nature, non seulement en tant que nous avons, � l��gard de Dieu, la disposition hostile de r�volt�s, mais en tant que nous sommes les objets de la r�probation de Dieu et de sa �?col�re?�, (Romains 1:18, note) des �?enfants de col�re par nature?� (�ph�siens 2:3).

La r�conciliation, qui nous r�tablit dans la relation normale de �?la paix avec Dieu?�, (verset 1) consiste avant tout � enlever l�obstacle qui emp�che Dieu de donner libre cours � sa mis�ricorde envers nous. Dieu accepte le sacrifice que Christ a offert en mourant pour notre p�ch�. Et son amour immuable peut d�s lors, sans porter atteinte � sa saintet�, se d�ployer envers le p�cheur.

Cette r�conciliation avec Dieu op�re un changement radical dans les dispositions du p�cheur envers Dieu : son c�ur charnel, rebelle, ennemi de Dieu, se rend � discr�tion par la repentance, il accepte sa d�livrance comme une gr�ce. il revient � Dieu comme � son P�re, il est p�n�tr� de reconnaissance et d�amour; sa communion avec Dieu, d�truite par le p�ch�, est r�tablie.

Ce c�t� de l��uvre de la r�conciliation est d�peint dans l�inimitable parabole de l�enfant prodigue (Luc 15:11 et suivants).

On comprend d�s lors toute la force du raisonnement de l�ap�tre pour fonder l�assurance du salut : si, d�ennemis, nous avons �t� r�concili�s, � plus forte raison

Et ce contraste n�est pas le seul; il en est un autre, tout aussi frappant, celui de la mort de Christ et de sa vie.

Quelques interpr�tes limitent la port�e de ce dernier terme, en l�appliquant seulement � la vie glorifi�e dont Christ vit actuellement dans le ciel, et dans laquelle il doit introduire ses fid�les au dernier jour.

Mais Paul enseigne que Christ agit du haut du ciel sur les �mes de ceux qui croient en lui, qu�il vit en eux, qu�il des affranchit ainsi du p�ch� et les sanctifie.

Pourquoi cette action de Christ en nous ne serait elle pas mentionn�e ici � c�t� de l��uvre que Christ a accomplie en mourant pour nous ? Elle est un �l�ment capital du d�veloppement qui conduit le croyant au but glorieux de sa r�demption (comparez Romains 4:24; Romains 4:25, notes, et surtout Romains 6:4; Romains 8:2).

Le chr�tien, r�concili� avec Dieu par la mort de Christ, a besoin encore de forces nouvelles pour achever sa sanctification, d�une vie divine qui lui soit communiqu�e.

Or la source lui en est ouverte dans la r�surrection de J�sus-Christ, par laquelle le p�ch� et la mort ont �t� vaincus. Christ l�attire � lui, le fait entrer dans une communion vivante avec lui. sa vie devient la vie de chacun des membres de son corps. C�est l� ce qui leur assure la pleine victoire, le salut d�finitif.

Nous trouvons ainsi indiqu�e, d�j� dans notre passage, la pens�e profonde que l�ap�tre d�veloppera � Romains 6, o� il nous montrera le croyant uni � Christ par sa foi, de telle sorte que la mort, la s�pulture, la r�surrection de Christ et son entr�e dans la gloire deviennent autant de phases de l�exp�rience spirituelle de celui qui �?a �t� fait une m�me plante avec lui?� (Romains 6:1-11, notes).

Grec : Et non seulement cela, mais aussi nous glorifiant.

Nous serons sauv�s de telle mani�re que nous n�aurons pas seulement �chapp� au ch�timent, mais que nous pourrons nous glorifier de Dieu, parce que Dieu nous aura transform�s � son image et rendus participants de sa gloire.

Pour la troisi�me fois, l�ap�tre s��crie : Nous nous glorifions (comparez versets 2, 3).

La gradation marqu�e dans la r�p�tition de cette parole consiste � s��lever de la possession du salut � la possession de Dieu lui-m�me et, de l�esp�rance d�un salut futur, � la r�alit� actuelle de ce salut par la r�conciliation maintenant obtenue.

C�est beaucoup d��tre r�concili� avec son Dieu, c�est plus d�esp�rer de lui le salut �ternel : mais porter d�s maintenant dans le c�ur un fonds de paix, de confiance et de joie, par lequel le Saint Esprit nous rend t�moignage que nous sommes � Dieu par J�sus-Christ pour l��ternit�, c�est ce que fait l�amour de Dieu et la participation des souffrances de J�sus-Christ. C�est ce que saint Paul appelle se glorifier en Dieu par J�sus-Christ.� Quesnel

Plan

Le p�ch� et la mort s��tendent d�Adam sur tous les hommes

Par un seul homme, le p�ch� et la mort sont entr�s dans le monde et ont p�n�tr� dans tous�; d�o� il est r�sult� que tous ont p�ch�; car le p�ch� �tait dans le monde avant que la loi e�t �t� promulgu�e, et, bien que le p�ch� ne soit pas imputable en l�absence d�une loi, la mort a cependant atteint, dans la p�riode d�Adam � Mo�se, ceux qui n�avaient pas transgress� de d�fense expresse, comme Adam l�avait fait, ce type du Sauveur qui devait venir (12-14)

La justification qui donne la vie est assur�e � tous par J�sus-Christ

a) L��uvre de Christ est sup�rieure en puissance � celle d�Adam. Si la faute d�un seul homme a eu pour cons�quence la mort de tous les autres, � plus forte raison le don que Dieu, dans sa gr�ce, nous fait du Sauveur, aura-t-il une efficacit� encore sup�rieure, et procurera-t-il la justification � ceux qui ont encouru la condamnation par suite de la seule faute d�Adam. Si la faute d�un seul a fond� le r�gne de la mort, � plus forte raison ceux qui re�oivent la gr�ce sont-ils assur�s de r�gner dans la vie par J�sus-Christ (15-17)

b) La justification en J�sus-Christ oppos�e � la condamnation en Adam. Donc, comme par une seule faute tous ont �t� condamn�s, de m�me tous sont justifi�s par une seule d�claration de justice. Car si la d�sob�issance d�un seul a constitu� p�cheurs tous les autres, l�ob�issance d�un seul constituera justes tous les autres (18, 19)

Le r�le de la loi

Entre le r�gne du p�ch� et de la mort et celui de la vie, la loi est intervenue, pour que la faute d�Adam port�t tous ses fruits�; mais l� o� le p�ch� a abond�, la gr�ce a surabond�; et cela, afin que, comme le p�ch� a r�gn� en donnant la mort, la gr�ce r�gne par la justice, pour nous mettre en possession de la vie �ternelle par J�sus-Christ, notre Seigneur (20, 21)

Adam et Christ. 5.12-21

12 � 21 La puissance de mort, exerc�e par la faute d�Adam, garantit l�efficacit� de la gr�ce manifest�e en J�sus-Christ.

Jusqu�ici, Paul a montr� le p�ch� avec ses suites funestes (Romains 1:18-3.20) et la justification avec ses cons�quences r�paratrices (Romains 3:21-5.11).

Maintenant, embrassant d�un regard ces deux grands faits qui sont comme les deux p�les de l�histoire de l�humanit�, il va remonter � la source de ce double courant de mort et de vie, � Adam et � Christ, entre lesquels il �tablit un long parall�le (versets 12-21).

Il nous montre l�histoire de l�humanit� qui se partage en deux grandes p�riodes. Adam est � la t�te de la premi�re et la domine, Christ domine la seconde. L��conomie temporaire de la loi forme la transition de l�une � l�autre.

De plus, dans sa comparaison entre Adam et Christ, l�ap�tre se livre � un raisonnement par lequel il d�montre la sup�riorit� de l��uvre r�demptrice du Christ sur l��uvre destructrice qui a �t� la cons�quence de la chute d�Adam. Si la faute d�Adam a entra�n� tous les hommes dans le p�ch� et la mort � plus forte raison la r�demption accomplie par Christ doit-elle �tre une source de salut et de vie pour tous.

Cette conclusion est le but principal de tout ce d�veloppement par lequel l�ap�tre ach�ve de montrer la valeur de la justification op�r�e par Christ, et de prouver au croyant qu�il peut �tre assur� de son salut final.

L�ap�tre introduit son parall�le entre Adam et Christ par : c�est pourquoi, non qu�il l�envisage comme la conclusion logique de l�affirmation du verset 11; mais parce qu�il le rattache � tout l�enseignement pr�c�dent depuis Romains 1:18, et le pr�sente comme un regard en arri�re, par lequel il consid�re les deux faits du p�ch� et de la justification dans leur source et dans leurs effets.

Nous ne pouvons pas voir plus clairement ce que nous poss�dons en Christ que par la d�monstration de ce que nous avons perdu en Adam.� Calvin

Il est une mani�re de concevoir notre humanit�, contraire aux donn�es de l�exp�rience comme aux affirmations de l��criture sainte, qui ne permet pas de comprendre la pens�e que Paul va d�velopper, car elle ne tend � rien moins qu�� nier �galement les effets de la chute d�Adam et l��uvre r�demptrice du Sauveur; c�est la conception qui fait de l�humanit� une agr�gation d�individus ind�pendants les uns des autres, qui ne soit unis par aucun lien de solidarit�.

Dans cette id�e, Adam et J�sus-Christ n�ont exerc� d�influence sur les autres hommes, l�un pour les entra�ner au p�ch�, l�autre pour les conduire � la justice, que par leur exemple et nullement par une action r�sultant d�un lien organique entre eux et le reste des hommes.

L��criture, au contraire, nous pr�sente l�humanit� comme une famille dont chaque membre, tout en demeurant individuellement responsable, fait partie int�grante de l�ensemble et ne peut r�pudier La solidarit� avec tous les autres membres de la famille.

Diverses images sont employ�es dans l��criture pour mettre en lumi�re cette v�rit� : c�est la relation entre les membres du corps humain, (1 Corinthiens 12:20 et suiv) entre les sarments d�un m�me cep, (Jean 15:1 et suivants) entre les branches et le tronc de l�olivier (Romains 11:17 et suivants). Or, dans un arbre, il est plus d�une branche dont l�existence n�est pas n�cessaire � la plante; elles peuvent �tre retranch�es sans que l�arbre meure. Mais il est deux circonstances o� la destruction d�une faible tige entra�ne la mort de la plante : c�est d�abord quand la plante sort de son germe et est encore bien fragile; c�est ensuite quand, par l�op�ration de la greffe, une branche nouvelle a �t� entr�e sur le vieux tronc. La destruction de la tige ou de la branche greff�e an�antit la plante, ou rend vaine l�op�ration de la greffe. Il y a eu de m�me dans le d�veloppement de notre humanit� deux �tres dont l�existence a d�termin� la vie du corps entier Adam et Christ. Adam d�abord, duquel est sorti la race, s�il �tait mort sans descendants, aussit�t apr�s la chute, l�humanit� aurait p�ri dans sa personne, tandis que la blessure que le p�ch� lui a inflig�e a nui � tout le d�veloppement de la race, de m�me que l�arbre dont la tige a �t� courb�e, croit de travers. En second lieu Christ. Il est � la descendance d�Adam ce que la greffe est � l�arbre sauvage. S�il avait �t� retranch� avant que son �uvre e�t �t� accomplie, l�humanit� serait rest�e dans son �tat naturel, comme le sauvageon quand la greffe a �t� d�truite. Mais la greffe g�n�reuse subsiste; elle change la nature de toute la plante.� Olshausen

Comme par un seul homme le p�ch� est entr� dans le monde, comparez Gen�se 3:1 et suivants

Il ne faut pas entendre par le p�ch� le premier p�ch� envisag� comme action isol�e, ni le penchant � p�cher, ni m�me exclusivement la corruption de l�humanit�. Ce terme est pris dans sa plus grande g�n�ralit� : le p�ch� de l�homme, le fait qu�il est devenu �tranger � la communion avec Dieu, et en outre toutes les cons�quences de la chute, tous les p�ch�s consid�r�s dans leur ensemble comme un tout dont l�humanit� enti�re est responsable.

Le monde, ce sont les hommes en g�n�ral, l�humanit�, comparez Jean 3:16; l�expression est �quivalente � celle qui suit : tous les hommes.

Le p�ch� est entr� dans le monde, c�est-�-dire le principe du mal s�est implant� dans l�humanit�, o� il exerce d�s lors son action funeste. Le premier homme, en donnant par sa d�sob�issance acc�s dans son propre �tre � la puissance du mal, a infect� l�esp�ce enti�re, car c�est une nature corrompue qu�Adam a transmise � ses descendants.

Et par le p�ch� la mort : telle est la constatation � laquelle l�ap�tre voulait en venir, la suite montre qu�il lui importait moins de marquer l�origine du p�ch� que celle de la mort.

La mort peut �tre la mort physique, la mort spirituelle de l��tre moral, ou la mort �ternelle, la condamnation d�finitive du p�cheur. Le second sens est exclu, car la mort spirituelle ne saurait se distinguer du p�ch�. On ne saurait s�arr�ter au troisi�me sens, car l�ap�tre ne peut vouloir dire que, par la seule faute d�Adam, les autres hommes sont vou�s � la mort �ternelle (versets 15, 17).

Ce �?r�gne de la mort?�, dont il est question dans versets 14, 17, ne peut �tre que celui de la mort physique. L�homme, exclu de la communion de Dieu par le p�ch�, dut reconna�tre, � la mortalit� de son corps d�bile et � toutes les souffrances qui proc�dent sa dissolution, qu�il s��tait s�par� de la source unique de la vie.

Que la mort physique, avec toutes les mis�res qui l�accompagnent, ne fut point originairement dans le dessein de Dieu qu�elle n�est pas une n�cessit� inh�rente � la nature de l�homme, mais bien l�ex�cution de la sentence prononc�e sur le p�ch� (Gen�se 2:17; Gen�se 2:3.19) c�est l� une v�rit� que l�ap�tre suppose admise, qu�il se contente d�affirmer, parce qu�elle est clairement enseign�e dans l��criture sainte.

La r�demption par J�sus-Christ est destin�e � nous d�livrer de cet ennemi dont nous sommes devenus la proie (Romains 5:17; Romains 5:21; 1 Corinthiens 15:21-26, 1 Corinthiens 15:54-56; H�breux 2:15).

Et ainsi, apr�s qu�elle fut entr�e dans le monde par le p�ch� et parce qu�elle est le salaire du p�ch�, la mort a p�n�tr� dans tous les hommes, sur quoi tous ont p�ch�.

La plupart traduisent : parce que tous ont p�ch�; mais la locution employ�e n�est pas la conjonction qu�on rend habituellement par parce que, elle est form�e du pronom relatif et d�une pr�position qui signifie primitivement sur, puis par d�rivation �?dans?� et �?pendant?�.

On ne peut toutefois traduire avec la Vulgate : �?dans lequel, Adam tous ont p�ch�;?� ni : �?dans laquelle mort (spirituelle) tous ont p�ch�?�.

De l�avis de la grande majorit� des interpr�tes, le pronom relatif est au neutre, et selon qu�on le rapporte � ce qui pr�c�de ou � ce qui suit, il faut traduire : sur le fondement duquel fait (l�entr�e dans le monde du p�ch� et de la mort) tous ont p�ch�; ou : sur le fondement du fait que tous ont p�ch�.

Dans 2 Corinthiens 5:4 et Philippiens 3:12, la locution pr�sente ce dernier sens; mais Philippiens 4:10 peut �tre invoqu� en faveur du premier sens. La plupart cependant adoptent la seconde signification et traduisent : sur ce que, en raison de ce que, parce que.

Beaucoup de commentateurs estiment que le but de cette proposition est de pr�senter la mort de tous les hommes comme la cons�quence, non du p�ch� d�Adam, mais des p�ch�s par lesquels ils l�ont eux-m�mes m�rit�e : elle les atteint parce qu�ils ont tous p�ch�.

De m�me que le p�cheur doit s�approprier personnellement par la foi la justice que Christ lui a acquise, de m�me il n�encourt le ch�timent de la mort que parce qu�il p�che volontairement et s�associe ainsi d�une mani�re consciente � la r�volte d�Adam.

Cette interpr�tation se heurte � de graves objections.

  1. L�ap�tre contredirait dans cette derni�re proposition ce qu�il vient d�enseigner dans la premi�re partie du verset : �?par un seul homme, le p�ch� est entr� dans le monde et par le p�ch� la mort, et ainsi la mort a p�n�tr� dans tous les hommes?�. Il ressortait clairement de ces paroles que le p�ch� d�Adam est la cause de la mort universelle. Et c�est ce que confirment les d�clarations qui vont suivre : �?par la faute d�un seul, tous les autres sont morts :?� (verset 15) �?par la faute d�un seul la mort a r�gn� par ce seul?� (verset 17). Toute l�argumentation des versets versets 12-21 repose sur l�id�e que Christ seul est la cause de la justification, comme Adam seul a �t� la cause de la condamnation. Si celle-ci �tait motiv�e par les fautes individuelles des p�cheurs, la justification aussi devrait �tre, en partie du moins, l��uvre du croyant.
  2. La suite des pens�es dans versets 13, 14 ne peut s��tablir d�une mani�re naturelle si l�on admet que Paul consid�re la mort comme une cons�quence des transgressions individuelles. Il faudrait alors consid�rer verset 13 comme l��nonc� d�une objection : la mort a r�gn� avant la promulgation de la loi qui seule rendait le p�ch� imputable, et verset 14 comme la r�ponse � cette objection. Paul l��carterait par une fin de non recevoir justifi�e par la pens�e qu�il exprime ailleurs : (Romains 1:21; Romains 2:14; Romains 2:15) ceux qui n�ont pas de loi r�v�l�e ont cependant la loi �crite dans leur c�ur.

Cette interpr�tation, on le voit, nous oblige de sous-entendre des pens�es importantes. Au contraire, si l�on admet que Paul voit dans la faute d�Adam la cause de la mort de tous, (verset 12) les versets versets 13, 14 pr�sentent la confirmation (car) de cette th�se dans le fait que la mort a r�gn� d�Adam � Mo�se, frappant ceux qui n�avaient pas p�ch� par une transgression positive comme celle du premier homme, et cela en d�pit du principe que le p�ch� n�est pas imput� quand il n�y a pas de loi.

Les interpr�tes qui se rendent � ces raisons expliquent de deux mani�res la proposition incidente : sur quoi ou parce que tous ont p�ch�. Ceux qui admettent la traduction : parce que tous ont p�ch�, sous-entendent : �?en Adam?�. Ils expliquent l�omission de ce compl�ment : �?en Adam?�, qui exprime pourtant l�id�e essentielle, en disant que la pens�e par laquelle d�butait le passage : par un seul homme, etc. remplissait tellement l�esprit de l�ap�tre qu�il n�a pas jug� n�cessaire de la r�p�ter.

Cette explication, si plausible qu�elle soit, n�est pourtant pas enti�rement satisfaisante. Elle revient, somme toute, � attribuer � Paul la doctrine augustinienne d�une participation effective de tous les hommes au p�ch� de leur premier p�re et d�une imputation de la faute d�Adam � ses descendants; tandis que la seule v�rit� clairement enseign�e dans notre passage, c�est que la mort de tous les hommes remonte � la faute du premier homme. Et il semble qu�en ajoutant : sur le fondement duquel fait tous ont p�ch�, l�ap�tre veut pr�venir des conclusions excessives qu�on courrait tirer de sa pr�c�dente th�se.

�tant donn�e la situation cr��e par la faute d�Adam, tous ont p�ch�, dit l�ap�tre, pour marquer la culpabilit� personnelle de tous ceux qu�atteint la sentence de mort, qui, par cons�quent, n�est pas moins justifi�e pour eux que pour le premier homme.

Nous adoptons donc, pour la locution si discut�e, la premi�re des deux significations indiqu�es, et nous rapportons le pronom relatif � l�ensemble des faits qui viennent d��tre affirm�s : par un seul homme le p�ch� est entr� dans le monde et par le p�ch� la mort et ainsi la mort a p�n�tr� dans tous les hommes, sur le fondement de ces faits, dans cet �tat de choses cr�� par la chute d�Adam, tous ont p�ch�; c�est un fait d�exp�rience.

Ces paroles sont admirablement choisies pour exprimer et la chute de l�humanit� en Adam et la responsabilit� individuelle, en vertu de laquelle chaque p�cheur n�est puni que pour les p�ch�s qu�il a commis, le sachant et le voulant.

Ce verset forme une phrase inachev�e. Le second terme de la comparaison serait : �?de m�me, par un seul homme, J�sus-Christ, la gr�ce et la vie sont entr�es dans le monde?� D�s la fin du verset 14, la comparaison est reprise, elle est compl�tement �nonc�e aux versets 18 et 19.

L�ap�tre, apr�s avoir affirm� que, par la faute du premier homme, le p�ch� et la mort sont venus sur tous les hommes, (verset 12) aurait d� passer imm�diatement au second terme de la comparaison, � Christ, source de la justice et de la vie. Mais il s�interrompt pour prouver que la mort a r�ellement coul� du p�ch� d�Adam comme de sa source.

Il raisonne ainsi : d�s avant la loi, le p�ch� �tait dans le monde, l�histoire l�atteste.

Mais dans cette p�riode ant�rieure � la loi, le p�ch� pouvait-il �tre puni de mort ? Non, puisqu�il n�est pas imput� (au m�me degr�) l� o� il n�y a point de loi, (Romains 4:15) de loi express�ment formul�e, qui, en faisant conna�tre � l�homme la volont� de Dieu, rend ses transgressions vraiment coupables.

Et toutefois, la mort a r�gn� depuis Adam jusqu�� Mo�se, durant cette p�riode o� il n�y avait point de loi; elle a r�gn� m�me sur ceux qui, n�ayant pas un commandement expr�s comme Adam, n�avaient pas p�ch� par une transgression semblable � la sienne (grec � la ressemblance de la transgression d�Adam).

Et la conclusion sous-entendue, c�est que la mort, qui n��tait pas pour ces hommes le ch�timent de leurs transgressions, devait r�sulter pour eux de la seule faute d�Adam.

La mention d�Adam �voque la pens�e du second Adam, qui devait r�parer le mal fait par le premier p�re de notre race. C�est pourquoi Paul ajoute : lequel est une figure (grec type) de celui qui doit venir (grec devenir).

�?Le myst�re d�Adam est le myst�re du Messie?�, a dit un rabbin.

Tous les autres; grec les plusieurs, les beaucoup, avec l�article signifie : la masse, l�ensemble ici tous les autres oppos�s � un seul.

Traduire : �?la plupart?� �?le grand nombre?�, c�est affaiblir le sens.

Revenant � sa comparaison entre l��uvre d�Adam et celle de Christ, et voulant prouver que la seconde est sup�rieure � la premi�re, l�ap�tre rel�ve un premier contraste entre le principe et les effets de l�action exerc�e par l�un et par l�autre.

Ce contraste ressort d�j� des termes qu�il choisit pour caract�riser cette double action : la faute et le don gratuit.

La faute (grec le faux pas, la chute, le fait de tomber en se heurtant � un obstacle) d�un seul a produit, en vertu du principe de la justice, la mort de tous, le p�ch� et la mort se propageant � tous par le cours naturel de la naissance selon la chair.

Le don de gr�ce est fond� sur un tout autre principe, sur le principe de la pure gr�ce de Dieu, du d�cret rendu par Dieu de toute �ternit� et accompli par le Fils, que le P�re nous a donn� et qui s�est lui-m�me donn� � nous.

Ce don n�agit en vertu de l�h�r�dit� naturelle, mais est accord� comme un don personnel � ceux qui croient en J�susChrist.

Si l�action n�gative de la faute a caus� la mort de tous, on peut � bien plus forte raison affirmer que l�action positive de la gr�ce de Dieu aura un effet non seulement �quivalent en �tendue et en puissance, mais sup�rieur, surabondant; car Dieu laisse agir plus volontiers sa gr�ce que sa col�re.

Pour mieux faire ressortir encore la grandeur et l�efficacit� du rem�de oppos� au mal, Paul d�signe ce qu�il a appel� d�abord un don de gr�ce ou �?don gratuit?� comme la gr�ce de Dieu et le don en la gr�ce d�un seul homme, J�sus-Christ.

La gr�ce de Dieu est cette abondance d�amour divin qui est la source premi�re du salut.

L�ap�tre distingue cette gr�ce de Dieu du don en la gr�ce, d�un seul homme, J�sus-Christ, c�est-�-dire du don qui consiste dans la gr�ce que J�sus-Christ nous fait. Il veut marquer ainsi le caract�re personnel et spontan� du d�vouement de J�sus-Christ.

Si J�sus est le don de Dieu, il se donne � son tour (2 Corinthiens 8:9).

Le compl�ment : d�un seul homme, J�sus-Christ, indique le sujet qui fait le don, et non l�objet qui est donn�, il ne faut donc pas traduire : �?le don que Dieu nous a fait, dans sa gr�ce, d�un seul homme, J�sus-Christ?�.

La gr�ce de Dieu en Christ se r�pand incessamment comme une force divine et poursuit son action salutaire au sein de toutes les g�n�rations humaines.

Apr�s avoir compar� (verset 15) l��uvre d�Adam et l��uvre de Christ quant � la cause agissante dans l�une et dans l�autre (la faute, le don en la gr�ce), Paul les oppose dans leur point de d�part et dans le double r�sultat auquel elles aboutissent.

Grec : Et le don n�est pas comme ce qui est arriv� par un seul qui a p�ch� (D, majusc, Itala, Syr. portent : d�un seul p�ch�), car le jugement vient d�un seul p�ch� (ou p�cheur) en condamnation, mais le don de gr�ce vient de beaucoup de fautes en justification.

L��uvre de Christ, � la suite d�un grand nombre de fautes a abouti � la justification; tandis que, dans l��uvre d�Adam, le jugement, � la suite d�une seule faute a abouti � la condamnation.

D�un c�t�, une faute unique entra�nant la condamnation de tous; de l�autre, le don gratuit de la justification s��tendant � toute la multitude des p�ch�s commis par Adam et ses descendants.

La r�demption accomplie par J�sus-Christ s�applique � tous les p�ch�s particuliers que nous avons ajout�s au p�ch� d�Adam; elle les r�pare si parfaitement qu�elle substitue � la condamnation une enti�re justification.

Aussi vrai que la sentence de condamnation de tous a �t� provoqu�e par une seule faute, le don de la gr�ce est suffisant pour justifier de toute la multitude des fautes : cette hardie assertion du verset 16, l�ap�tre la prouve (car) en opposant, au r�gne de la mort universelle qui s�est �tabli par la faute d�un seul, le r�gne de la vie fond� par le seul J�sus-Christ, en faveur de tous ceux qui re�oivent l�abondance de la gr�ce et du don de la justice, c�est-�-dire qui s�approprient individuellement l��uvre r�demptrice.

Si, par la faute du seul Adam, le r�gne de la mort s�est �tendu sur tous les hommes, sans qu�ils eussent conscience d�avoir particip� � la faute de leur premier p�re, � bien plus forte raison le don de la justice que J�sus-Christ nous procure assure-t-il � ceux qui le re�oivent et s�en emparent par un acte de foi et de volont�, qu�ils r�gneront dans la vie.

Mais si la possession de ce r�gne dans la vie est garantie, c�est que l�acte de justification a port� sur leurs fautes individuelles, autrement ils ne sauraient �tre associ�s � ce r�gne. Cette justification des fautes individuelles �tait affirm�e au verset 16; ici, elle est d�montr�e; et en la d�montrant, l�ap�tre d�couvre les effets admirables de cette abondance de la gr�ce et de ce don de la justice, qu�il avait d�j� mentionn�s au verset 15.

La r�demption pas seulement l�homme de la domination du p�ch� et de la mort elle le met en possession de la vraie et pleine libert�, en sorte qu�il r�gne et r�gnera �ternellement dans la vie, dans cette vie qu�il poss�de par J�sus-Christ, dont il partage la gloire.

L�ap�tre dit de la mort : elle a r�gn�, parce que d�j� sa puissance �tait virtuellement bris�e mais il dit des h�ritiers de la vie : ils r�gneront, parce que la vie n�exerce point encore sur eux tout son empire, et surtout parce qu�elle n�est point parvenue encore � tous ceux qui doivent en �prouver l�influence.

Reste un dernier mot qui, plac� au terme de cette p�riode si riche et si puissamment construite, a une solennit� toute particuli�re : par le seul J�sus-Christ. Le seul, l�unique, oppos� � l�autre unique dans la premi�re proposition. Cette parole finale rappelle qu�il a �t� l�unique agent du don de la justice divine et que, si les croyants ont une justice � s�approprier, au moyen de laquelle ils peuvent r�gner, c�est celle que lui seul leur a acquise.� Godet

Dans l�original, il n�y a pas de verbe : comme par une seule faute pour tous les hommes en condamnation, de m�me aussi par un seul acte de justification pour tous les hommes en justification de vie.

Nous avons ici, plus nettement �nonc�e que dans les versets pr�c�dents l�antith�se dont le premier terme seul avait �t� exprim� au verset 12 : une seule faute entra�nant la condamnation de tous d�une part; de l�autre, un seul acte de justification rendant possible � tous une justification qui produit la vie.

Paul nomme la condamnation, ce que jusqu�ici il a appel� �?la mort?�.

L�acte de justification, c�est l��uvre de la gr�ce divine d�clarant juste (sens du verbe grec dont d�rive ce substantif) celui qui croit en J�sus.

La justification individuelle, qui en r�sulte pour tous ceux qui croient en lui, est appel�e (grec) justification de vie, parce qu�elle met le croyant en possession de la vie �ternelle, dans laquelle �?il r�gnera?� (verset 17).

� prendre � la lettre cette d�claration de l�ap�tre : �?il y a pour tous les hommes justification de vie?�, on pourrait conclure que tous seront justifi�s aussi n�cessairement qu�ils ont encouru la condamnation. Isol� de l�ensemble, ce passage fournirait un argument sans r�plique � ceux qui admettent le salut universel.

Mais l�ap�tre a d�j� indiqu� (versets 15-17) la diff�rence profonde qu�il y a entre la communication du p�ch� et de la mort dans la race d�Adam et celle du �?don de la gr�ce?� que Christ nous a acquis.

Dans le premier cas, il y a transmission fatale en vertu de la descendance charnelle; dans le second, c�est un �?don?� de la libre �?gr�ce de Dieu?�, qui sauve �?ceux qui le re�oivent?� (verset 17).

L�ap�tre enseigne (comme 1 Jean 2:2) que le sacrifice et les m�rites du Sauveur sont parfaitement suffisants pour la justification de tous; que Dieu a donn� son Fils pour le salut de tous les p�cheurs et qu�il veut que tous les hommes soient sauv�s (1 Timoth�e 2:4). Si tous ne le sont pas, c�est par suite de l�incr�dulit� et de l�endurcissement des p�cheurs.

Tous les autres, grec les plusieurs, Comparer verset 15, note.

Ce dernier trait du parall�le est d�une grande importance pour �tablir (car) l�affirmation du verset pr�c�dent : il montre la cause morale du double fait historique sur lequel porte cette affirmation.

La faute d�Adam, qui a entra�n� la condamnation de tous, n�a pas �t� un accident; elle a �t� caus�e par sa d�sob�issance, de m�me c�est l�ob�issance d�un seul, de Christ, qui a �t� la cause de la justification de tous ceux qui croient en lui.

L�ap�tre dit que, par la d�sob�issance d�Adam, tous les autres ont �t� constitu�s p�cheurs, et que, par l�ob�issance de Christ, tous les autres seront constitu�s justes.

La plupart traduisent : �?rendus?� p�cheurs, �?rendus?� justes. Mais le verbe signifie �?�tre mis dans la position de�?� L�id�e est qu�ils ont �t� plac�s devant Dieu dans la position de p�cheurs ou de justes.

Le terme dont se sert l�ap�tre ne tranche pas la question soulev�e par les th�ologiens : faute d�Adam a-t-elle �t� imput�e � ses descendants de telle sorte qu�ils en soient coupables aux yeux de Dieu, ou les descendants d�Adam ont-ils �t� constitu�s p�cheurs seulement par le fait qu�ils ont h�rit� de leur p�re la disposition � d�sob�ir ?

De l�ensemble du passage, (verset 12, note) il ressort que cette derni�re id�e est plut�t celle de Paul. La maladie morale, l�infection du p�ch�, s�est propag�e d�Adam � tous ses descendants par l�h�r�dit� naturelle. �?Ce qui est n� de la chair est chair;?� (Jean 3:6) or, �?l�affection de la chair est inimiti� contre Dieu;?� elle est �?la mort?� m�me (Romains 8:6; Romains 8:7).

De l�, l�universelle sentence, rappel�e au verset 12; de l� la condamnation venue sur tous les hommes (verset 18). En ce sens, le p�ch� d�Adam a donc �t� r�ellement le p�ch� de toute sa race, comme la source d�un fleuve est d�j� ce fleuve Cela ne para�t faux qu�au p�lagianisme qui voit le p�ch� dans les actes ext�rieurs seulement, dans le faire et non dans l��tre.

� la d�sob�issance, source du p�ch� et de la mort, l�ap�tre oppose l�ob�issance du Sauveur, source de la justice et de la vie. Il s�agit de sa parfaite ob�issance � Dieu son P�re dans sa vie enti�re, et surtout de cette �?ob�issance jusqu�� la mort de la croix?�, (Philippiens 2:8) dans laquelle Paul nous montre, en maint passage, le grand sacrifice qui a op�r� notre r�demption et a permis � Dieu de justifier ceux qui croient en J�sus (Romains 3:24-26).

Si l�ap�tre met le verbe au futur : seront constitu�s justes, ce n�est pas qu�il se reporte en pens�e au jugement supr�me, quand Dieu prononcera la sentence d�finitive; il veut plut�t indiquer que la justification de chaque p�cheur sera d�clar�e au moment o� il arrivera � la foi; que l�humanit� nouvelle, qui re�oit de Christ sa justice, est encore en voie de formation.

La conclusion de toute cette comparaison entre l��uvre d�Adam et celle de Christ est que les croyants retrouveront en Christ plus encore qu�ils n�avaient perdu en Adam. Leur justification implique la sanctification, la possession imp�rissable du ciel, � laquelle ils parviennent par leur union vivante avec Christ. Paul passera d�s le chapitre suivant � cette autre face de l��uvre de Christ.

En esquissant les destin�es de l�humanit�, de la chute � la r�demption, l�ap�tre n�avait mentionn� qu�incidemment (verset 13) la loi, qui avait jou� cependant un r�le important dans la pr�paration du salut (comparez Galates 3:19 et suivants).

Voici comment il caract�rise ce r�le.

La loi (la loi que Dieu avait donn�e � Isra�l par l�entremise de Mo�se et non la loi de la conscience), est intervenue (grec entr�e en passant � c�t�) dans ce r�gne de la mort, qui avait pour cause le p�ch�, et qui s��tendait sur toute l�humanit�, d�Adam � Christ. Elle est intervenue, afin que la faute abond�t que la faute d�Adam, dont les effets ont �t� expos�s, port�t encore plus de fruits de mort, et que l�homme, prenant conscience de toute sa mis�re, aspir�t d�autant plus ardemment au salut (Romains 3:20; 1 Corinthiens 15:56).

L�ap�tre reviendra plus tard � cette pens�e, (Romains 7:7 et suivants) mais pour montrer que la loi fait abonder le p�ch� en tout p�cheur, parce qu�elle excite la convoitise et pousse � la d�sob�issance.

O� le p�ch� a abond�.

La plupart voient dans l�humanit� en g�n�ral ce domaine o� le p�ch� a abond�. Quelques-uns pensent qu�il s�agit uniquement du peuple d�Isra�l, au sein duquel, par l�effet de la loi, le p�ch� a pris le caract�re de r�volte et a abouti au rejet du Messie envoy� de Dieu.

Toutefois la gr�ce n�a pas surabond� seulement en Isra�l, mais dans l�humanit� enti�re. C�est ce qui ne permet pas de limiter � Isra�l la sph�re o� le p�ch� a abond�. Il a abond� partout o� la loi a fait sentir directement ou indirectement son effet, en premier lieu sans doute dans le peuple � qui la loi avait �t� donn�e.

La gr�ce a surabond� en exer�ant une action sup�rieure en puissance � celle du p�ch� (comparez versets 15, 17, notes).

Ce afin que indique la raison pour laquelle il a fallu que la gr�ce surabond�t sur le p�ch�.

La domination du p�ch� �tait universelle, produisant partout la mort : il a r�gn� dans la mort, selon l��nergique expression du texte; c�est-�-dire que la mort est le fait dans lequel s�est manifest�, de la mani�re la plus frappante, ce r�gne du p�ch�.

Maintenant la gr�ce r�gne par la justice, par la justification qu�elle conf�re aux croyants comme un don (Romains 1:17; Romains 3:21-23). Et le but supr�me de cette dispensation de la gr�ce est de leur communiquer la vie �ternelle. Ils la poss�dent d�s ici-bas; elle se d�veloppe en eux jusqu�� ce qu�elle atteigne sa pl�nitude dans le ciel.

Tout cela, l�ap�tre ne se lasse pas de le r�p�ter, leur vient par J�sus-Christ notre Seigneur.

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Informations bibliographiques
bibliography-text="Commentaire sur Romans 5". "Bible annotée". https://beta.studylight.org/commentaries/fre/ann/romans-5.html.