Bible Commentaries
Matthieu 16

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versets 1-28

Ch. 16 v. 1-12

Le chap. 16 va plus loin que la simple gr�ce de Dieu. J�sus r�v�le ce qui devait se former dans les conseils de cette gr�ce o� il �tait reconnu, en montrant que les orgueilleux du peuple de Dieu sont rejet�s, que Dieu les abhorre (Zach. 11 [v. 8]), comme ils l�abhorrent. [16:1] Fermant les yeux (par la perversit� de leur volont�) aux signes merveilleux et bienfaisants de sa puissance, qu�il accordait sans cesse aux pauvres qui le cherchaient, les pharisiens et les sadduc�ens � frapp�s cependant malgr� eux de ce qui se manifestait en Lui, bien qu�incr�dules de volont� et de coeur � demandent un signe du ciel. [16:2] Le Seigneur leur reproche cette incr�dulit� [16:3] en leur montrant que s�ils savaient bien distinguer l�apparence du ciel (v. 2-3), les signes des temps �taient bien autrement frappants. [16:4] Ils �taient la g�n�ration adult�re et m�chante qui �tait devant Lui, et il les laisse : expression significative de ce qui se passait alors en Isra�l. [16:6] J�sus pr�vient ses disciples oublieux contre les ruses de ces subtils adversaires de la v�rit� et de Celui que Dieu avait envoy� pour faire conna�tre cette v�rit� (v. 5-12). Isra�l comme peuple est d�laiss� dans ses chefs. [16:11] En m�me temps, dans une gr�ce patiente, il rappelle � ses disciples ce qu�il leur avait expliqu� par ses paroles.

Ch. 16 v. 13-17 � Qui est J�sus ?

[16:13] Ensuite J�sus questionne ses disciples sur ce que les hommes disent de Lui (v. 13 et suiv.). [16:14] Toutes les pens�es des hommes n��taient que des opinions, non la foi; c�est-�-dire l�incertitude qui tient � l�indiff�rence morale, � l�absence de ces besoins sentis de l��me, qui ne se reposent que dans la v�rit�, dans le Sauveur qu�on a trouv�. [16:15] Puis J�sus demande aux disciples ce qu�ils disaient eux-m�mes de Lui. [16:17] Pierre, � qui le P�re avait daign� se r�v�ler, [16:16] d�clare sa foi, en lui r�pondant : � Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant �. Point d�incertitude ici, point de simple opinion, [16:17] mais l�effet puissant de la r�v�lation, faite par le P�re lui-m�me, de la personne de Christ, au disciple qu�il avait �lu pour jouir de ce privil�ge.

Ici ressort d�une mani�re remarquable l��tat du peuple, non � l��gard de la loi, comme dans le chapitre pr�c�dent, mais � l��gard du Christ qui leur avait �t� pr�sent�. Nous le voyons en contraste avec la r�v�lation de sa gloire � ceux qui l�avaient suivi. Nous avons ainsi trois classes : [16:4] premi�rement, les pharisiens arrogants et incr�dules; [16:14] ensuite, les personnes sentant et reconnaissant qu�il y avait en Christ une puissance divine et une autorit�, mais qui restaient indiff�rentes; [16:17] enfin, la r�v�lation de Dieu et la foi donn�e divinement.

Dans le chap. 15, [15:28] la gr�ce envers celui qui n�a d�espoir que dans la gr�ce, est mise en contraste [15:3] avec la d�sob�issance et avec la perversion hypocrite de la loi, par laquelle les scribes et les pharisiens cherchaient � couvrir cette d�sob�issance sous pr�texte de pi�t�.

Le chap. 16, [16:4] en jugeant l�incr�dulit� des pharisiens � l��gard de la personne de Christ, [16:6] et en mettant de c�t� ces hommes pervers, [16:18] introduit la r�v�lation de cette Personne comme fondement de l�Assembl�e qui devait remplacer les Juifs comme t�moin de Dieu sur la terre; et puis il annonce les conseils de Dieu � l��gard de l��tablissement de cette Assembl�e. [16:19] Il nous montre, conjointement avec ceci, l�administration du royaume tel qu�il s��tablissait alors sur la terre.

Ch. 16 v. 16-18 � La r�v�lation de J�sus

Consid�rons premi�rement la r�v�lation de la personne de Christ.

J�sus est le Christ, le Messie

[16:16] Pierre confesse que J�sus est le Christ, l�accomplissement des promesses de Dieu et des proph�ties qui en annon�aient la r�alisation. Il �tait Celui qui devait venir, le Messie promis de Dieu.

J�sus est le Fils de Dieu � Ps. 2

De plus, il �tait le Fils de Dieu. [Ps. 2:2] Le Ps. 2 avait annonc� que, malgr� les complots des chefs pervers du peuple et l�inimiti� orgueilleuse des rois de la terre, [Ps. 2:6] le Roi de Dieu serait consacr� sur la montagne de Sion. [Ps. 2:7] C��tait le Fils, engendr� de Dieu. [Ps. 2:11] Les rois et les juges de la terre1 sont appel�s � se soumettre � Lui, [Ps. 2:9] de peur d��tre frapp�s du sceptre de sa puissance lorsqu�il prendrait les nations pour son h�ritage. Ainsi le vrai croyant attendait le Fils de Dieu, n� dans le temps convenable sur cette terre. [16:16] Pierre confesse que J�sus est le Fils de Dieu. Nathana�l aussi l�avait fait : � Tu es le Fils de Dieu; tu es le roi d�Isra�l � (Jean 1:49). Marthe le dit de m�me plus tard [(Jean 11:27)].

1 L��tude des Psaumes nous a fait comprendre que ceci est en rapport avec l��tablissement du r�sidu juif en b�n�diction aux derniers jours.

J�sus, Fils du Dieu vivant, a la puissance de vie en lui pour b�tir son Assembl�e

Pierre cependant, sp�cialement enseign� par le P�re, ajoute � sa confession un mot simple, mais puissant : � Tu es le Fils du Dieu vivant �. J�sus n�est pas seulement Celui qui accomplit les promesses et qui r�pond aux proph�ties; c�est du Dieu vivant qu�il est le Fils, de Celui en qui est la vie et le pouvoir de donner la vie.

Il h�rite de cette puissance de vie en Dieu, que rien ne peut vaincre ni d�truire. Qu�est-ce qui peut vaincre la puissance de Celui � de ce Fils � qui �tait issu de � Celui qui vit � ? Satan a l�empire de la mort; c�est lui qui tient l�homme sous la domination de cette affreuse cons�quence du p�ch�; et cela par le juste jugement de Dieu, qui fait la force de cette domination. [16:18] L�expression du v. 18, � les portes du had�s �, du lieu invisible, se rapporte � cet empire de Satan. C�est donc sur cette puissance, qui laisse sans force la forteresse de l�ennemi, que l�Assembl�e est b�tie. La vie de Dieu ne sera pas d�truite. Le Fils du Dieu vivant ne sera pas vaincu. Ce que Dieu fonde sur ce rocher de la puissance immuable de vie dans son Fils ne sera donc pas renvers� par l�empire de la mort. Si l�homme a succomb� et s�il est tomb� sous la puissance de cet empire, Dieu, le Dieu vivant n�y succombe pas. C�est sur ce fondement que Dieu b�tit son Assembl�e. Elle est l�oeuvre du Christ, fond�e sur Lui comme Fils du Dieu vivant, et non du premier Adam, ni fond�e sur lui; elle est fond�e sur son oeuvre accomplie selon la puissance que cette v�rit� r�v�le. La personne de J�sus, Fils du Dieu vivant, en est la force. Cette force, la r�surrection l�a d�montr�e. L� il est d�clar� Fils de Dieu en puissance [(Rom. 1:4)]. Aussi, ce n�est pas pendant sa vie, mais lorsqu�il est ressuscit�, que J�sus commence cette oeuvre. La vie �tait en Lui; mais c�est apr�s que le P�re a bris� les portes du had�s m�me (c�est Lui qui, par sa divine puissance, avait fait cela et �tait ressuscit�) que, mont� en haut, il commence, par le Saint Esprit, � b�tir ce que la puissance de la mort ou de celui en qui elle avait d�j� �t� vaincue, ne pourra jamais d�truire. C�est sa personne qui est en vue ici, et c�est sur sa personne que tout est fond�. La r�surrection est la preuve qu�il est le Fils du Dieu vivant et que les portes du had�s ne peuvent rien contre Lui; leur puissance est d�truite par la r�surrection. Par cela, nous voyons que l�Assembl�e (bien que form�e sur la terre) est beaucoup plus qu�une dispensation; le royaume ne l�est pas.

Le P�re lui-m�me r�v�le qui est le Fils

[16:18] L�oeuvre de la croix �tait n�cessaire; mais ici il ne s�agit pas de savoir ce que le juste jugement de Dieu exigeait, ou de la justification d�un individu, mais de ce qui annulait la puissance de l�ennemi. [16:17] Il �tait donn� � Pierre de reconna�tre la personne de Celui qui vivait selon la puissance de la vie de Dieu. C��tait une r�v�lation particuli�re et directe du ciel, de la part du P�re. Sans doute, Christ avait donn� assez de preuves de qui il �tait; mais les preuves n�avaient rien prouv� au coeur de l�homme. La r�v�lation du P�re �tait le moyen de savoir qui il �tait, et cela allait bien au-del� des esp�rances d�un Messie.

[16:17] Ici, le P�re avait directement r�v�l� la v�rit� de la personne m�me de Christ, r�v�lation qui d�passait toute question de relation avec les Juifs. [16:18] Sur ce fondement, Christ b�tirait son Assembl�e. Pierre, d�j� nomm� ainsi par le Seigneur, re�oit, � cette occasion, une confirmation de ce titre. [16:17] Le P�re avait r�v�l� � Simon, le fils de Jonas, le myst�re de la personne de J�sus; [16:18] et secondement, J�sus aussi indique, par le nom qu�il lui donne1, la stabilit�, la fermet�, la durabilit�, la force pratique de son serviteur favoris� par la gr�ce.

1 Le passage (chap. 16:18) doit �tre lu : � Et moi aussi, je te dis �.

J�sus a autorit� pour placer les siens dans son Assembl�e qu�il b�tit

Le droit de donner un nom appartient � un sup�rieur qui peut assigner � celui qui le porte sa place et son nom dans la famille ou dans la position o� cet inf�rieur se trouve. Ce droit, quand il est r�el, suppose le discernement, l�intelligence de ce qui se fait : Adam donne des noms aux animaux (Gen. 2:19-20). N�bucadnetsar donne de nouveaux noms aux Juifs captifs (Dan. 1:7); le roi d��gypte, � �liakim, qu�il avait plac� sur le tr�ne (2 Rois 23:34). [16:18] J�sus prend donc cette place en disant � Pierre : Le P�re t�a r�v�l� cela, et moi aussi je vous donne une place et un nom qui se lie � cette gr�ce. C�est sur ce que le P�re t�a r�v�l� que je m�en vais b�tir mon Assembl�e1, contre laquelle (fond�e qu�elle est sur cette vie qui vient de Dieu) les portes de l�empire de la mort ne pr�vaudront jamais; et moi qui b�tis, et qui b�tis sur ce fondement in�branlable, moi je te donne la place d�une pierre (Pierre) en relation avec ce temple vivant. Par le don de Dieu, tu appartiens d�j� par nature au b�timent � pierre vivante et ayant la connaissance de cette v�rit� qui en est le fondement et qui fait de chaque pierre une partie de l��difice. Pierre �tait par excellence tel par cette confession; il l��tait par anticipation par l��lection de Dieu. [16:17] Le P�re lui fait la r�v�lation dans sa souverainet�. [16:18] Le Seigneur lui assigne en m�me temps sa place comme ayant, Lui, droit d�administration et autorit� dans le royaume qu�il allait �tablir.

1 Il est important ici de distinguer l��glise que Christ b�tit, non achev�e encore, mais que lui-m�me b�tit, et qui, manifest�e comme un tout dans le monde, est �difi�e, sous responsabilit�, par l�homme. En �ph. 2:20, 21, et en 1 Pierre 2:4, 5, nous avons cette construction qui cro�t et est �difi�e. Il n�est fait aucune mention du travail de l�homme, dans l�un ou l�autre de ces passages; c�est un travail divin. Dans 1 Cor. 3, Paul est un sage architecte; d�autres peuvent �difier du bois, du foin, du chaume. La confusion de ces choses a �t� la base de la papaut� et d�autres corruptions qui se rencontrent dans ce qu�on appelle l��glise. L��glise de Dieu, vue dans sa r�alit�, est une oeuvre divine que Christ accomplit, et dans laquelle il habite.

Voil� ce qui nous est dit � l��gard de l�Assembl�e, nomm�e ici pour la premi�re fois, les Juifs ayant �t� rejet�s � cause de leur incr�dulit�, et l�homme convaincu de p�ch�.

Ch. 16 v. 19 � L�autorit� dans le royaume des cieux sur la terre

[16:19] Un autre sujet se pr�sente li� � celui de l�Assembl�e que le Seigneur allait b�tir; savoir, le royaume qui devait �tre �tabli. Ce royaume devait avoir la forme du royaume des cieux; il en �tait ainsi dans les conseils de Dieu; mais le roi ayant �t� rejet� sur la terre, le royaume allait s��tablir maintenant d�une mani�re sp�ciale.

[16:19] Tout rejet� d�ailleurs qu�il f�t, le Seigneur tenait les clefs de ce royaume, l�autorit� lui en appartenait. Il devait les confier � Pierre qui, lorsque Lui, Christ, serait parti, ouvrirait les portes du royaume, premi�rement aux Juifs, et puis aux gentils. Pierre devait exercer aussi l�autorit� dans le royaume, de la part du Seigneur; de sorte que ce qu�il lierait sur la terre au nom de Christ (le vrai Roi, quoique mont� au ciel), serait li� dans le ciel, et que, s�il d�liait quelque chose sur la terre, ce qu�il ferait serait ratifi� dans le ciel. En un mot, Pierre avait l�autorit� d�ordonner dans le royaume de Dieu sur la terre, ce royaume ayant maintenant le caract�re de royaume des cieux, car son Roi �tait dans le ciel, et le ciel marquerait de son autorit� les actes de Pierre. Mais le ciel sanctionnait ses actes terrestres, non le fait de lier ou de d�lier pour le ciel. L�Assembl�e, rattach�e au caract�re de Fils du Dieu vivant, et b�tie par Christ, quoique form�e sur la terre, appartient au ciel; le royaume, bien que dirig� du ciel, appartient � la terre � c�est l� qu�il a sa place et son service1.

1 Remarquez ceci dont j�ai parl� ailleurs : il n�y a point de clefs de ou pour l��glise ou l�Assembl�e. Pierre avait les clefs de l�administration dans le royaume. Mais l�id�e de clefs en rapport avec l��glise, ou le pouvoir des clefs dans l��glise est un pur sophisme. Il n�y a rien de semblable. L��glise est b�tie; les hommes ne b�tissent pas avec des clefs, et c�est Christ (non Pierre) qui la b�tit. En outre, les actes ainsi sanctionn�s �taient des actes d�administration ici-bas. Le ciel mettait sa sanction � ces actes; ils n�ont pas de rapport au ciel, mais � l�administration terrestre du royaume.

De plus, il faut noter que ce qui est conf�r� ici est individuel et personnel. C��taient un nom et une autorit�, conf�r�s � Simon, fils de Jonas.

Quelques autres remarques nous aideront � mieux comprendre la port�e de ces chapitres. Dans la parabole du semeur (chap. 13), la personne du Seigneur ne nous est pas pr�sent�e; il n�y est question que de semer, non de moissonner. Dans la premi�re similitude du royaume, il est Fils de l�homme, et le champ est le monde. J�sus est tout � fait en dehors du juda�sme. Le chap. 14 nous montre l��tat des choses, depuis le rejet de Jean jusqu�au temps o� le Seigneur, � son retour, sera reconnu l� o� il a �t� rejet�. Dans le chap. 15, c�est la lutte morale, et Dieu s�y voit en gr�ce en lui-m�me, comme �tant au-dessus du mal. Je ne m�arr�terai pas davantage sur ce sujet. Mais au chap. 16, nous avons la personne du Fils de Dieu, le Dieu vivant, puis l�Assembl�e et Christ le constructeur; au chap. 17, c�est le royaume avec le Fils de l�homme venant en gloire. Les clefs (quoique le ciel sanctionne l�usage que Simon en fait) �taient, comme nous l�avons vu, celles du royaume (non de l�Assembl�e); et cela, la parabole de l�ivraie le montre, devait se corrompre et se d�truire, irr�m�diablement. Christ, et non Pierre, b�tit l��glise (comp. 1 Pierre 2:4, 5).

Les enseignements de Matt. 16:16-19

Quatre choses donc sont signal�es par le Seigneur dans ce passage :

1. [16:17] La r�v�lation faite par le P�re � Simon

2. [16:18] Le nom donn� � ce m�me Simon par J�sus qui allait b�tir son Assembl�e sur le fondement r�v�l� dans ce que le P�re avait communiqu� � Simon;

3. [16:18] L��glise b�tie par Christ lui-m�me, encore incompl�te, sur le fondement de la personne de J�sus reconnu comme Fils du Dieu vivant;

4. [16:19] Les clefs du royaume destin�es � Pierre, c�est-�-dire l�autorit� dans le royaume, donn�e � Pierre comme administrant ce royaume de la part de Christ, et y ordonnant ce qui �tait sa volont� et qui serait ratifi� dans le ciel. Tout ceci se rattache personnellement � Simon (en vertu de l��lection du P�re qui l�avait choisi dans sa sagesse pour recevoir cette r�v�lation), et en vertu de l�autorit� de Christ (qui lui avait conf�r� le nom qui le signalait comme jouissant personnellement de cette faveur).

Ch. 16 v. 20 � Le t�moignage � J�sus comme Messie est termin�

[16:20] Le Seigneur ayant ainsi communiqu� les desseins de Dieu � l��gard de l�avenir � desseins qui s�accompliraient dans l�Assembl�e et dans le royaume � il n�y avait plus lieu � sa pr�sentation comme Messie aux Juifs. Ce n�est pas qu�il abandonn�t ce t�moignage plein de gr�ce et de patience envers le peuple, t�moignage qu�il avait rendu pendant tout son minist�re. Non, ce t�moignage continuait de fait, mais ses disciples devaient comprendre que ce n��tait plus leur oeuvre de l�annoncer au peuple comme �tant le Christ. [16:21] D�s lors aussi il commence � faire comprendre � ses disciples qu�il devait souffrir, �tre mis � mort, et ressusciter (v. 21 et suiv.).

Ch. 16 v. 21-28 � Mortifier la chair est n�cessaire pour marcher � la suite de J�sus

[16:23] Or, quelque b�ni et honor� que f�t Pierre par la r�v�lation que le P�re lui avait faite, son coeur tenait encore charnellement � la gloire humaine de son ma�tre (et pour dire vrai � la sienne propre), et �tait loin de s��lever � la hauteur des pens�es de Dieu. H�las ! il n�est pas le seul. Autre chose est d��tre convaincu des v�rit�s les plus �lev�es et d�en jouir m�me sinc�rement comme v�rit�s, ou bien d�avoir le coeur form� � des sentiments et � une marche ici-bas qui soient en rapport avec ces v�rit�s. Ce n�est pas la sinc�rit� dans la jouissance de la v�rit� qui fait d�faut. Ce qui manque, c�est d�avoir la chair, le moi mortifi�s, c�est d��tre mort au monde. Nous pouvons jouir sinc�rement de la v�rit� telle que Dieu l�enseigne, et cependant n�avoir pas la chair mortifi�e, ni le coeur dans un �tat qui soit selon cette v�rit� dans laquelle il se meut ici-bas. Pierre ([16:17] nagu�re si honor� par la r�v�lation de la gloire de J�sus, [16:19] et constitu�, d�une mani�re toute particuli�re, le d�positaire de l�administration du royaume confi�e au Fils � ayant une place �minente dans l��tat de choses qui devait suivre le rejet de Christ par les Juifs) [16:22] Pierre fait maintenant l�oeuvre de l�adversaire � l��gard de la soumission parfaite de J�sus, � la souffrance et � l�ignominie qui devaient introduire cette gloire et caract�riser le royaume. [16:23] H�las ! la chose �tait simple; Pierre pensait aux choses de l�homme et non � celles de Dieu. Mais le Seigneur, dans sa fid�lit�, le repousse, [16:24] et enseigne � ses disciples que la croix est le seul chemin, le chemin arr�t�, n�cessaire; et qui voulait le suivre, devait entrer dans ce chemin qu�il prit. [16:26] D�ailleurs, que profiterait-il � un homme de gagner le monde entier, s�il fait la perte de son �me ? Car c��tait de cela qu�il s�agissait1, et non pas alors de la gloire ext�rieure du royaume.

1 Dans la premi�re �p�tre de Pierre nous rencontrons fr�quemment ces pens�es � les mots � esp�rance vivante �, � pierre vivante �, � appliqu�es � Christ, puis aux chr�tiens. Et, conform�ment � notre sujet, le salut par la vie en Christ, le Fils du Dieu vivant, nous trouvons encore ceci : � Recevant la fin de votre foi, le salut des �mes �. Voyez aussi tous les versets dans lesquels l�ap�tre pr�sente ses instructions.

Les formes de l�incr�dulit�

Apr�s avoir examin� le chap. 16, comme �tant l�expression de la transition du syst�me messianique � l��tablissement de l�Assembl�e fond�e sur la r�v�lation de la personne de Christ, je d�sire attirer aussi l�attention sur les caract�res d�incr�dulit� qui s�y d�veloppent, soit au milieu des Juifs, soit dans les coeurs des disciples. Il nous sera utile d�observer un peu les formes de cette incr�dulit�.

Ch. 16 v. 1-4 � L�opposition de la volont� de l�homme aux �uvres du Seigneur

[16:1] D�abord elle prend une forme plus grossi�re, en demandant un signe du ciel. Les pharisiens et les sadduc�ens s�unissent pour montrer leur insensibilit� � tout ce que le Seigneur avait fait. Ils demandent une preuve pour leurs sens naturels, c�est-�-dire pour leur incr�dulit�. Ils ne veulent pas croire Dieu, soit en �coutant ses paroles, soit en consid�rant ses oeuvres. Il faudrait que Dieu content�t leur propre volont�, qui ne serait ni la foi, ni l�oeuvre de Dieu. [16:3] Ils avaient de l�intelligence pour les choses humaines bien moins clairement manifest�es; ils n�en avaient aucune pour celles de Dieu. [16:4] Aussi ne leur sera-t-il accord� d�autre signe qu�un Sauveur perdu pour eux, comme Juifs sur la terre. Il faudra qu�ils se soumettent, bon gr� mal gr�, au jugement de l�incr�dulit� qu�ils manifestaient. Le royaume leur sera �t�; le Seigneur les quitte. Le signe de Jonas se rattache au sujet de tout le chapitre.

Ch. 16 v. 5-12 � La faiblesse de la foi face aux signes du Seigneur

Ensuite, nous retrouvons cette m�me inattention pour la puissance manifest�e dans les oeuvres de J�sus; [16:7] mais ce n�est plus l�opposition de la volont� incr�dule, la pr�occupation du coeur pour les choses pr�sentes le soustrait � l�influence des signes d�j� donn�s. C�est la faiblesse, non pas la mauvaise volont�. [16:8] Toutefois, les disciples sont coupables, et J�sus les appelle � gens de petite foi �, non pas � hypocrites � [(15:7)] et � g�n�ration m�chante et adult�re � [(16:4)].

Ch. 16 v. 13-14 � L�indiff�rence quant � la r�v�lation de Dieu

[16:14] Puis nous voyons l�incr�dulit� se manifester sous la forme d�une opinion oiseuse, qui montre que le coeur et la conscience de ceux dont il est question ne s�int�ressent pas � un sujet qui devrait les dominer � sujet tel que si le coeur se pla�ait vraiment en face de lui et de son importance, il ne pourrait demeurer tranquille avant d�en avoir acquis une enti�re certitude. L��me n�a pas de besoins, et partant point de discernement. Quand l��me sent ces besoins, une seule chose y r�pond; et il ne peut y avoir de repos qu�en la trouvant. La r�v�lation de Dieu qui a cr�� le besoin ne laisse pas l��me tranquille jusqu�� ce qu�elle poss�de avec toute certitude ce qui l�a r�veill�e. Ceux qui n��prouvent pas de besoins, peuvent rester dans les probabilit�s, chacun selon son caract�re naturel, son �ducation, ses circonstances. Il y a assez pour r�veiller la curiosit� � l�esprit en est occup� et en juge. La foi a des besoins; elle a, en principe, l�intelligence de l�objet qui r�pond � ces besoins; l��me est exerc�e jusqu�� ce qu�elle trouve ce qu�il lui faut. Le fait est que Dieu est l�.

Au contraire, la foi recherche ce qui r�pond � ses besoins

C�est le cas de Pierre. [16:17] Le P�re lui r�v�le son Fils. Quoiqu�il f�t faible, une foi vivante se trouvait en lui, et l�on reconna�t l��tat de son �me lorsqu�il dit : � Seigneur, aupr�s de qui nous en irions-nous ? Tu as les paroles de la vie �ternelle; et nous, nous croyons et nous savons que toi, tu es le Saint de Dieu � (Jean 6:68-69). Heureux l�homme � qui Dieu r�v�le de telles v�rit�s ! chez qui il r�veille de pareils besoins ! Il peut y avoir lutte, beaucoup � apprendre, beaucoup � mortifier; mais le conseil de Dieu est l� avec la vie qui s�y rattache. Nous en avons vu l�effet dans le cas de Pierre. [16:18] Chaque chr�tien a sa place � lui dans le temple dont Simon �tait une pierre si �minente. S�ensuit-il donc que le coeur soit en pratique � la hauteur de la r�v�lation qui lui a �t� faite ? Non; la chair, apr�s tout, peut n��tre pas mortifi�e du c�t� o� la r�v�lation touche notre position terrestre.

Ch. 16 v. 21-26 � La chair doit �tre mortifi�e pour pouvoir suivre Christ

[16:21] En effet, la r�v�lation faite � Pierre impliquait le rejet du Christ ici-bas � amenait n�cessairement l�humiliation de Christ et sa mort. C��tait l� le point essentiel. Substituer la r�v�lation du Fils de Dieu, de l�Assembl�e et du royaume c�leste, � la manifestation du Messie sur la terre, qu�est-ce que cela signifiait, sinon que J�sus devait �tre livr� aux gentils, �tre crucifi�, et ensuite ressusciter ? [16:22] Or Pierre n�en �tait pas l� moralement. Son coeur charnel, au contraire, profitait de la r�v�lation qui lui avait �t� faite et de ce que le Seigneur lui avait dit, pour s��lever � ses propres yeux. Il voyait donc la gloire personnelle de J�sus, sans en saisir les cons�quences morales. Il se met � reprendre le Seigneur lui-m�me et cherche � le d�tourner du chemin de l�ob�issance et de la soumission. [16:23] Le Seigneur, toujours fid�le, le traite en adversaire. H�las ! que de fois nous avons joui, joui sinc�rement d�une v�rit�, et manqu� cependant aux cons�quences pratiques qui en d�coulaient pour nous sur la terre. [16:24] Un Sauveur c�leste, glorifi�, qui b�tit l�Assembl�e, cela implique la croix sur la terre. La chair ne comprend pas cela. Elle �l�vera son Messie au ciel, si l�on veut; mais prendre sa part de l�humiliation qui suit n�cessairement, ce n�est pas ce qu�elle entend par un Messie glorieux. [16:25] La chair doit �tre mortifi�e pour prendre cette place. Il faut pour cela la force de Christ par le Saint Esprit. Un chr�tien qui n�est pas crucifi� au monde [(Gal. 6:14)] n�est qu�une pierre d�achoppement pour quiconque cherche � suivre Christ.

Telles sont les formes d�incr�dulit� qui pr�c�dent la vraie confession de Christ, et qui se trouvent, h�las ! en ceux qui l�ont sinc�rement confess� et connu (la chair n��tant pas mortifi�e, de mani�re � faire marcher l��me � la hauteur de ce qu�elle a appris de Dieu, et l�intelligence spirituelle �tant obscurcie par la pens�e des cons�quences dont cette chair ne veut pas).

Ch. 16 v. 27-28 � La gloire du Fils de l�homme

[16:27] Mais si la croix est la porte du royaume, la gloire ne tardera pas � se produire. Le Messie �tant rejet� par les Juifs, un titre plus glorieux et d�une port�e bien autrement grande est r�v�l� : le Fils de l�homme viendra dans la gloire de son P�re (car il est Fils de Dieu), et rendra � chacun selon sa conduite (v. 27). [16:28] M�me il y en avait de ceux qui se tenaient l�, qui ne go�teraient pas la mort (car on en parlait) avant de voir la manifestation de la gloire du royaume, qui appartenait au Fils de l�homme.

On peut remarquer ici le titre de � Fils de Dieu � pos� comme fondement; le titre de Messie est abandonn�, en tant que t�moignage rendu dans ce temps-l�, et remplac� par celui de � Fils de l�homme �, que J�sus prend en m�me temps que celui de Fils de Dieu, et qui avait une gloire lui appartenant de plein droit. [16:27] J�sus devait venir dans la gloire de son P�re, comme Fils de Dieu, [16:28] et dans son royaume, comme Fils de l�homme.

Le Fils de l�homme vu dans Psaumes 2 � 8, et dans Matt. 16

Il est int�ressant de rappeler ici l�instruction qui nous est donn�e au commencement du livre des Psaumes. L�homme juste distingu� de l�assembl�e des m�chants a �t� pr�sent� dans le Ps. 1. [Ps. 2:2] Nous trouvons, au Ps. 2, la r�volte des rois de la terre et des princes contre l��ternel et contre son Oint (c�est-�-dire son Christ). [Ps. 2:7] Or l�-dessus le d�cret de l��ternel est d�clar�. [Ps. 2:4] Adona�, le Seigneur, se moquera d�eux du ciel. [Ps. 2:6] En outre, le Roi de J�hovah sera �tabli sur la montagne de Sion. [Ps. 2:7] Voici ce d�cret : � L��ternel m�a dit : Tu es mon Fils; aujourd�hui, je t�ai engendr� �1. [Ps. 2:12] Il est command� aux rois de la terre et aux juges d'embrasser le Fils.

1 Nous avons vu que Pierre allait plus loin que cela. Ici, Christ est envisag� comme le Fils, n� sur la terre dans le temps, non pas comme Fils �ternellement au sein du P�re. Pierre, sans recevoir la pleine r�v�lation de cette derni�re v�rit�, le voit comme Fils selon la puissance de la vie divine en sa propre personne; personne sur laquelle l�Assembl�e, par cons�quent, pouvait �tre b�tie. Mais ici, nous consid�rons ce qui se rapporte au royaume.

Dans les Psaumes suivants, toute cette gloire s�obscurcit. La d�tresse du r�sidu, � laquelle Christ a part, est racont�e. Puis, au Ps. 8, [Ps. 8:4] Christ est salu� Fils de l�homme, [Ps. 8:6] h�ritier de tous les droits conf�r�s en souverainet� � l�homme par les conseils de Dieu. [Ps. 8:9]Le nom de J�hovah devient excellent sur toute la terre. Ces Psaumes ne d�passent pas la partie terrestre de ces v�rit�s, sauf dans le passage : � Celui qui habite dans les cieux se rira d�eux � (Ps. 2:4); [16:27] tandis que, dans Matthieu 16, le rapport du Fils de Dieu avec cela, sa venue avec ses anges (pour ne rien dire de l�Assembl�e), nous sont pr�sent�s. C�est-�-dire que nous voyons que le Fils de l�homme viendra dans la gloire du ciel. Ce n�est pas que son s�jour dans le ciel soit la v�rit� annonc�e dans ce passage; mais le Fils de l�homme arrivant pour �tablir son royaume sur la terre est rev�tu de la gloire du ciel la plus �lev�e. [16:28] Il vient dans son royaume. Le royaume est �tabli sur la terre; mais il arrive avec la gloire du ciel pour le prendre. C�est ce que le chapitre suivant va nous montrer, selon la promesse du v. 28 de celui-ci.

La transfiguration, manifestation de la gloire de J�sus pour la foi

[16:28] Dans chaque �vangile qui en parle, cette promesse de ne pas go�ter la mort avant de voir le royaume du Fils de l�homme, est suivie imm�diatement de la transfiguration. Et non seulement cela, mais Pierre (dans sa seconde �p�tre, chap. 1:16), en parlant de cette sc�ne, d�clare qu�elle �tait une manifestation de la puissance et de la venue de notre Seigneur J�sus Christ. Il dit que la parole proph�tique leur avait �t� confirm�e par la vue de sa majest�; de sorte que les ap�tres savaient de quoi ils parlaient en annon�ant la puissance et la venue de Christ, ayant contempl� sa majest�. C�est dans ce sens effectivement que le Seigneur parle ici de sa venue, ainsi que nous l�avons vu : c��tait un exemple de la gloire dans laquelle il reviendrait pour confirmer la foi de ses disciples, en vue de sa mort qu�il venait de leur annoncer.

Informations bibliographiques
bibliography-text="Commentaire sur Matthew 16". "Commentaire biblique avancé". https://beta.studylight.org/commentaries/fre/cba/matthew-16.html.