Bible Commentaries
1 Samuel 14

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versets 1-52

Ce chapitre forme un contraste absolu avec le pr�c�dent. Nous avons vu chez Sa�l la folie et la faiblesse de la chair: nous trouvons chez Jonathan la sagesse et la puissance de la foi.

La carri�re de Jonathan (13:2, 3) avait commenc� par une victoire, alors qu�il �tait encore associ� au syst�me militaire de Sa�l; mille hommes �taient avec lui et deux mille avec son p�re. Jonathan avait �t� vainqueur, mais, au lieu d��tre pour la gloire de l��ternel, sa victoire avait profit� � Sa�l. Il en est toujours ainsi de notre association avec le monde religieux; il s�en sert pour s�attribuer les r�sultats de notre lutte; ainsi la victoire de la foi est annul�e et le combat est � recommencer.

Il recommence, en effet, au chap. 14, mais la premi�re exp�rience n�a pas �t� perdue pour Jonathan. Il dit au jeune homme qui portait ses armes: �Viens, et passons jusqu�au poste des Philistins qui est l�, de l�autre c�t�; mais il n�en dit rien � son p�re�, car la foi n�attend aucun secours du monde. Il se s�pare, par son action individuelle, du monde politique et religieux; religieux, car le sacrificateur, l�arche. l��phod, l�autel, �taient avec Sa�l. Mais la foi a le secret de Dieu, que n�ont ni Sa�l, ni sacrificateur, ni peuple. Jonathan garde son secret pour lui, ne pouvant d�pendre de l�homme, quel qu�il soit. D�autre part, il s�associe en pens�e et dans toute son action, avec Isra�l. Sa�l faisait appel aux �H�breux� (13:3); Jonathan dit: �L��ternel les a livr�s en la main d�Isra�l� (v. 12). Jonathan est en grand progr�s dans ce chapitre. Sa confiance est en Dieu seul, nullement en lui-m�me. C�est une grande foi, mais il faut chercher le secret de sa force dans sa s�paration individuelle.

Les rochers de Botsets et de S�n�, dressant leurs sommets infranchissables vis-�-vis de Micmash et de Gu�ba, ne sont rien pour la foi. Elle a, en outre, une vue claire et nette du caract�re de ce monde: �Viens, et passons jusqu�au poste de ces incirconcis� (v. 6); elle a une vue tout aussi claire de ce qu�est Dieu, c�est-�-dire un Sauveur: �Rien n�emp�che l��ternel de sauver, avec beaucoup ou avec peu de gens�.

Jonathan agit contrairement � toute la sagesse du monde; il attend la direction du Seigneur; il n�est nullement incertain; il sait que, dans le chemin de la foi, nous pouvons �tre appel�s � nous porter en avant ou � nous tenir tranquilles: �S�ils nous disent ainsi: Tenez-vous l�, jusqu�� ce que nous vous joignions, alors nous nous tiendrons � notre place, et nous ne monterons pas vers eux; et s�ils disent ainsi: Montez vers nous, alors nous monterons, car l��ternel les aura livr�s en notre main; et ce sera pour nous le signe� (v. 9, 10).

Jonathan combat sans les armes humaines, oblig� qu�il est, pour monter au-devant des Philistins, de se servir des mains et des pieds (v. 13), et c�est ainsi qu�il remporte la victoire de Dieu.

Quant � Sa�l, rien ne lui manquait en apparence, mais tout lui faisait d�faut en r�alit�. Dieu n��tait pas avec lui. La sacrificature qui semblait le soutenir �tait jug�e d�avance (2:31; 3:13); lui-m�me rejet� comme roi (13:14). Il avait avec lui l�arm�e, c�est-�-dire la force, mais une force qui se fondait � l�approche des Philistins (13:8), et prouvait ainsi sa faiblesse.

Jonathan avait conscience du jugement que le peuple avait m�rit�. �Peut-�tre�, dit-il � son jeune homme, �que l��ternel op�rera pour nous�; mais quand il ajoute: �Rien n�emp�che l��ternel de sauver�, il montre, en regard de ce jugement, qu�il conna�t la puissance et la bont� de Dieu.

N�oublions pas le compagnon de Jonathan. Sa foi se joint � celle du chef dont il conna�t l�affection pour l��ternel et pour son peuple. Le d�vouement de son ma�tre suffit � cet homme simple de c�ur et remplace pour lui tout raisonnement. Ne sont-elles pas belles, ces paroles: �Fais tout ce qui est dans ton c�ur; va o� tu voudras, voici, je suis avec toi selon ton c�ur�! (v. 7).

La foi n�use pas de dissimulation, ne craint pas de se montrer, de mettre au jour ses desseins. �Voici, nous allons passer vers ces hommes et nous nous montrerons � eux�. Tout en �tant d�une hardiesse qui, aux yeux du monde, est de la pure t�m�rit�, Jonathan se d�fie d�un chemin de propre volont� et cherche un signe de la volont� de Dieu. �Ce sera pour nous le signe� (v. 10).

Comment les Philistins pourraient-ils ne pas �tre aveugles quant au vrai caract�re des hommes de foi! �Voici�, disent-ils, �les H�breux qui sortent des trous� o� ils s��taient cach�s�. Les croyants sont pour le monde un sujet de m�pris et de moquerie.

Jonathan monte donc sans armes; il n�est, dans sa pens�e, que le repr�sentant du vrai Isra�l vis-�-vis du monde (v. 12). Les armes que son jeune homme porte derri�re lui ne servent qu�� affirmer la victoire de l��ternel. L��pouvante dont les ennemis sont saisis est le r�sultat de cette victoire, en apparence sur une vingtaine d�hommes, en r�alit� sur tout un peuple. Il en est souvent ainsi; nous n�avons qu�� livrer le combat qui est devant nous, que ce soit contre un ou mille ennemis, peu importe; les r�sultats, c�est Dieu qui les dirige; ils d�passeront l�attente et toutes les pens�es de l�homme. �Les sentinelles de Sa�l, qui �taient � Guibha de Benjamin, regard�rent, et voici, la multitude s��coulait, et s�en allait, et ils s�entre-tuaient� (v. 16).

En pr�sence de ce ph�nom�ne extraordinaire, Sa�l (v. 17-19), sans aucune foi, a cependant la pens�e de consulter l��ternel, mais y renonce devant le tumulte qui grandit. Pauvre Sa�l! Il sacrifiait � l��ternel quand il aurait d� attendre le proph�te pour le faire (13:9), et maintenant il estime inutile de le consulter ou de le chercher, quand la victoire est � la porte. En v�rit�, malgr� toutes les apparences, il n�y a pas chez lui une �tincelle de foi. Et tandis que la victoire de Jonathan rassemble les transfuges d�Isra�l (v. 21), les s�parant du monde auquel ils �taient asservis, pour en faire des soldats dans la cause de Dieu, tandis qu�elle encourage � la poursuite de l�ennemi les timides dont les c�urs ont �t� rassur�s (v. 22), leur roi, auquel manquent les �l�ments m�me de la religion, ne sait faire autre chose que d��tablir une ordonnance charnelle qui prive le peuple de Dieu d�une bonne part de sa force. Les ordonnances �tablies par le monde affaiblissent n�cessairement ceux qui s�y soumettent, car elles ont toujours un caract�re l�gal: �Maudit soit l�homme qui mangera du pain, jusqu�au soir, et jusqu�� ce que je me sois veng� de mes ennemis� (v. 24). �Maudit�, n�est-ce pas la loi! �Que je me sois veng�, n�est-ce pas la chair et l�homme! Quel contraste avec Jonathan qui ne voit dans la victoire que le salut de l��ternel pour son peuple!

Le r�sultat de la foi de Jonathan est que l��ternel sauve et op�re une grande d�livrance en Isra�l (v. 45); le r�sultat de l�ordonnance de Sa�l est que le peuple fut accabl� et tr�s fatigu� (v. 24, 28:31). L�ordonnance charnelle ne tarde pas � porter ses cons�quences: le je�ne et la fatigue impos�s au peuple l�am�nent � transgresser les premiers principes de la parole de Dieu; il �gorge sur le sol le menu et le gros b�tail et les mange avec le sang (v. 32). Sa�l voudrait bien que les choses n�allassent pas si loin et qu�Isra�l ne se m�t pas en contradiction avec l�ordonnance divine. �Vous avez agi infid�lement�, dit-il (v. 33); �ne p�chez pas contre l��ternel en mangeant avec le sang� (v. 34). Mais peut-il, en cherchant � l�att�nuer, rem�dier au mal qu�il a provoqu�? Puis, sur le lieu m�me de cette profanation, Sa�l b�tit son premier autel � l��ternel (v. 35), choisissant pour y rendre culte l�endroit o� le Seigneur a �t� d�shonor�!

Jonathan n�avait pas entendu le serment que Sa�l avait fait pr�ter au peuple; la foi est aussi �trang�re aux ordonnances charnelles, qu�� tout le syst�me religieux du monde, aussi continue-t-elle son �uvre dans la libert� de l�Esprit, et, profitant des encouragements que Dieu lui donne, elle boit du torrent par le chemin (Ps. 110).

Comment Jonathan qui re�oit les secours pr�par�s de Dieu pour la fatigue de la lutte et s�en pr�vaut, ne bl�merait-il pas ce qui paralyse le peuple, cette ordonnance n�faste, m�me sortie de la bouche de son p�re! �Mon p�re a troubl� le pays�. Oui, l�intervention de la chair n�est qu�un trouble et une entrave � la victoire.

Sa�l commence par d�cr�ter de poursuivre les Philistins de nuit, afin de les d�truire enti�rement. Le sacrificateur qui pr�c�demment avait retir� sa main (v. 19), a cependant le courage de dire: �Approchons-nous ici de Dieu� (v. 36). Sa�l interroge l��ternel qui ne lui r�pond pas. Dieu permet que tout, dans cette aventure, porte ses cons�quences extr�mes et soit conduit pour l�humiliation de Sa�l. Il demande �un sort parfait� (v. 41); il le re�oit enfin, mais la r�ponse condamne toute l�action du roi. Sa�l, lui, n�y voit autre chose que la condamnation de Jonathan! C�est ainsi que la chair interpr�te la parole de Dieu. L��ternel garde son serviteur fid�le, tandis que le roi selon la chair est jug�. Le peuple d�livre Jonathan, parce qu�il reconna�t qu�il a op�r� avec Dieu (v. 44-46).

L�homme charnel est capable d�un certain h�ro�sme pour maintenir sa religion et les ordonnances qu�il a �tablies. On le verra peut-�tre, comme ici, ne pas �pargner ses plus proches, mais au fond ce n�est qu�un effort de Satan pour an�antir les serviteurs de Dieu. Dieu veille sur les siens et les sauve, en leur faisant rendre t�moignage par la bouche m�me de l�assembl�e d�Isra�l, dont l�autorit� s�affirme ainsi contre les pr�tentions de la chair.

Malgr� tout cela, Dieu agit sans se lasser par le moyen de Sa�l, selon la promesse qu�il avait faite (9:16), et cela n�emp�che pas Sa�l de continuer � compter sur la chair pour battre les Philistins: �Quand il voyait quelque homme fort et quelque homme vaillant, il le prenait aupr�s de lui�.

Tout ce chapitre nous a donc enseign� que la chair et la foi, loin de se pr�ter mutuellement aide et secours, ne peuvent qu�entrer en conflit et en opposition l�une avec l�autre.

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