Bible Commentaries
2 Rois 5

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versets 1-27

Naaman

La sc�ne change. Pendant l�apostasie de la nation, �lis�e s�occupe des gentils et devient le moyen de leur salut et de leur purification. Si le chapitre 2 est comme le r�sum� typique de toute l�histoire future d�Isra�l, ne perdons jamais de vue que les r�cits subs�quents, si pleins d�actualit� pour nos c�urs et nos consciences, sont en m�me temps des ��crits proph�tiques�, dont l�application typique ne peut �tre n�glig�e. � un moment donn�, quand l�Esprit proph�tique aura r�uni autour du nom du Messie, le r�sidu fid�le d�Isra�l, les nations, repr�sent�es ici par Naaman, seront forc�es de rechercher le peuple de Dieu qu�elles avaient opprim�. Elles n�auront pas d�autre ressource que le Dieu d�Isra�l, pour �tre gu�ries de leur l�pre et de leur souillure. Les croyants de la fin, ces captifs des nations, comme la petite fille d�Isra�l, dont parle notre chapitre, leur montreront le chemin de la gu�rison, les adresseront au proph�te, aux oracles de Dieu donn�s au peuple, leur feront conna�tre l��ternel, Dieu d�Isra�l, comme leur unique moyen de salut. Cet immense �v�nement proph�tique nous est pr�sent� sous l�image d�un seul homme. Naaman, comme jadis, lors de la conqu�te de Canaan, une seule femme, Rahab, �tait l�image de l�admission des gentils parmi le peuple de Dieu. La raison en est que ce sujet n�est encore d�voil� qu�incidemment, et pour ainsi dire myst�rieusement, dans l�histoire du peuple d�Isra�l et de ses rois. Les proph�tes le d�veloppent plus tard en son entier. Pour le moment, il est intercal� � sa place dans le r�cit de la carri�re d��lis�e. Le r�le futur des nations n��tant qu�indiqu� ici, nous n�y insisterons pas davantage1.

1 Indiquons aussi qu�en Luc 9:27, Naaman est un exemple de la gr�ce d�passant les limites �troites d�Isra�l, ne reconnaissant plus les droits de l�ancien peuple de l��ternel, et agissant envers les gentils sur le pied de l��lection, L�histoire de Naaman correspond donc aussi � nos b�n�dictions actuelles.

Reprenons maintenant en d�tail ce r�cit, si souvent comment�, si pr�cieux pour pr�senter l��vangile aux �mes, mais o� nous nous appliquerons � faire ressortir les v�rit�s qui nous ont frapp�s personnellement.

�Naaman, chef de l�arm�e du roi de Syrie, �tait un grand homme devant son seigneur, et consid�r�, car par lui l��ternel avait d�livr� les Syriens; et cet homme �tait fort et vaillant, mais l�preux�. Naaman �tait un h�ros selon le monde; ses grandes qualit�s lui avaient acquis un nom parmi les hommes. Ceux-ci dressent des statues aux hommes qui les d�passent. Il �tait en haute estime aupr�s de son roi et jouissait de la consid�ration de son peuple. Sa vaillance et sa force �taient connues de tous; bien plus, il avait �t� un instrument providentiel entre les mains de l��ternel, comme lib�rateur de sa nation. Que lui manquait-il? Rien, dirait le monde; tout, r�pond le croyant. Les dons les plus remarquables de l�homme, la position la plus �lev�e qu�il puisse atteindre, les avantages les plus grands auxquels il puisse pr�tendre, sont g�t�s, annul�s par une seule chose, le p�ch�. Cet homme �tait l�preux; sa personne portait une souillure manifeste. � quoi lui servaient les insignes de sa dignit�, toute la gloire ext�rieure de sa puissance, sinon � faire ressortir l�abjection dans laquelle sa maladie l�avait plong�? Des v�tements somptueux sur un cadavre mettent en relief la corruption qu�ils recouvrent. Pouvait-il avoir un moment de vraie satisfaction avec la l�pre qui rongeait ses chairs et le vouait, en fin de compte, � une mort certaine? Heureux ceux qui, comme Naaman, ont conscience de leur �tat devant Dieu! Trop souvent les hommes se contentent de se cacher � eux-m�mes et aux autres, en couvrant leur souillure de vains oripeaux, et vont ainsi, fermant les yeux sur leur �tat, au-devant d�un sort inexorable.

Quel contraste entre la petite fille d�Isra�l (v. 2) et cet homme! Pauvre �tre insignifiant aux yeux du monde, s�par�e de ses appuis naturels et de toutes les b�n�dictions appartenant au peuple de Dieu, captive et esclave de la femme de Naaman, se tenant, dans cette humble position, devant sa ma�tresse, tandis que lui pouvait lever la t�te avec orgueil devant son roi! Qu�avait donc cette enfant? Le monde dit: Rien; le croyant r�pond: Tout! Elle connaissait le proph�te et la puissance de la parole de Dieu dont il �tait la bouche. �Oh�, dit-elle, �si mon seigneur �tait devant le proph�te qui est � Samarie!� Se plaint-elle de son sort? Elle n�y pense m�me pas, poss�dant un tr�sor que son bonheur est de pouvoir communiquer. Sa foi ne conna�t aucune incertitude, et c�est toujours le caract�re de la foi. Que Naaman puisse �tre mis en contact avec le proph�te, elle sait �qu�il le d�livrera de sa l�pre�. Cette enfant est une vraie �vang�liste. L��vang�liste ne peut sauver un p�cheur, mais il peut lui montrer le chemin du salut; il s�int�resse � son sort, et l�amour est son mobile pour agir. Il n�a pas d�yeux pour lui-m�me, quelque m�prisables que puissent �tre ses propres circonstances, mais, poss�dant un bonheur qu�il met au-dessus de tout, il comprend la mis�re des autres et leur offre avec une enti�re conviction ce qui peut les rendre heureux. �Pl�t � Dieu�, disait l�ap�tre au roi Agrippa, �que tu devinsses de toute mani�re tel que je suis, hormis ces liens�.

Bien plus encore que cette petite fille dont il se servait, Dieu lui-m�me s�int�ressait � Naaman. Ne l�avait-il pas employ� � son insu (v. 1), pour accomplir ses desseins? Seulement jusqu�ici Naaman ne connaissait pas Dieu, il avait donc tout � apprendre. Mais les paroles de l�enfant trouvent un �cho dans son c�ur, r�pondent � sa mis�re secr�te, �veillent un d�sir dont peut-�tre il se rendait compte � peine, tout en n�ignorant pas son �tat. Sa premi�re pens�e est de s�adresser � son seigneur qui saura peut-�tre lui ouvrir le chemin de la d�livrance.

�Va�, dit le roi de Syrie, �et j�enverrai une lettre au roi d�Isra�l�. Le monarque, compl�tement �tranger aux ressources divines, veut traiter de roi � roi le salut de son serviteur; exemple frappant de l�inintelligence du monde. Il ne lui vient pas m�me � la pens�e que Dieu puisse faire quelque chose; comme il est sans Dieu dans le monde, sa seule ressource est l�homme. La lettre qu�il �crit au roi d�Isra�l en fait foi. �Voici, je t�ai envoy� Naaman, mon serviteur, afin que tu le d�livres de sa l�pre� (v. 6).

Naaman lui-m�me ignore compl�tement le moyen par lequel il peut �tre gu�ri: �Il alla, et prit en sa main dix talents d�argent, et six mille pi�ces d�or, et dix v�tements de rechange�. Tout cela n�a rien qui doive �tonner, venant d�un gentil idol�tre, mais que dire du roi d�Isra�l, aussi �tranger que ceux des nations aux ressources qui sont � sa port�e dans son royaume? Joram, comme nous l�avons vu, poss�dait une esp�ce de religion nationale qui, sans �tre le culte de Baal, ne valait gu�re mieux. La religion du vrai Dieu n�avait pas plus de prise sur sa conscience, qu�elle n�en avait sur son coll�gue de Syrie. �lis�e n�avait pas �gard � lui, et le lui avait fait savoir dans une occasion pr�c�dente (3:14). Joram lit la lettre, d�chire ses v�tements, et s��crie: �Suis-je Dieu, pour faire mourir et pour faire vivre, que celui-ci envoie vers moi pour d�livrer un homme de sa l�pre?� Dieu a la main en cela et met le t�moignage dans la bouche de ce roi impie, que Celui qui fait mourir et vivre, Dieu seul peut accomplir une telle �uvre. Que peut l�homme, en effet, contre la puissance de la mort, ou pour donner la vie? La preuve que l��ternel poss�dait ces deux pouvoirs avait �t� d�j� livr�e au milieu d�Isra�l; la Sunamite avait appris � le conna�tre sous ces deux caract�res, par le moyen du grand proph�te �lis�e. Il en est de m�me aujourd�hui. Ce monde a �t� le th��tre d�une puissance qui abolit la mort, cons�quence du p�ch�, et communique une vie de r�surrection par l�homme envoy� du ciel � cet effet.

Pas plus que le roi de Syrie, le pauvre roi d�Isra�l ne sait adresser Naaman au proph�te qui a fait de si grandes choses dans son propre pays. Une petite fille esclave en savait beaucoup plus que lui; elle s�int�ressait � Naaman, ce que Joram ne pouvait faire; sympathisant � son mis�rable �tat, auquel le roi �tait indiff�rent, elle connaissait la ressource, ignor�e du roi qui l�avait cependant � sa port�e.

�lis�e apprend que le roi a d�chir� ses v�tements en signe de d�sespoir. C�est alors et pas avant, que Dieu intervient, car, pour manifester sa gloire, il veut que l�impuissance de l�homme soit bien constat�e. �Pourquoi as-tu d�chir� tes v�tements? Qu�il vienne, je te prie, vers moi, et il saura qu�il y a un proph�te en Isra�l�; parole propre � atteindre la conscience du roi en le condamnant. Savait-il � qui adresser Naaman? Se doutait-il qu�il y e�t un proph�te en Isra�l, et n��tait-il pas responsable de cette ignorance? Sa profession sans vie l�exposait bien plus au jugement de Dieu que l�ignorance d�un monarque idol�tre. Mais la parole du proph�te va � une autre adresse et donne la connaissance du vrai Dieu � un malheureux qui l�ignore et y trouvera son salut. Elle condamne le roi d�Isra�l et apporte la gr�ce � Naaman. �Il saura�, dit �lis�e.

Ce grand homme ne sait rien encore. Il vient au proph�te �avec ses chevaux et avec son char�, t�moins de la puissance de l�homme, et se tient �� l�entr�e de la maison d��lis�e�, attendant de lui les signes d�une d�f�rence � laquelle il a droit selon le monde. Mais ni sa puissance, ni sa dignit�, ni ses m�rites, n�ont aucune valeur, s�il s�agit d�entrer en rapport avec Dieu, et c�est la premi�re le�on qu�il lui faut apprendre.

�Et �lis�e envoya vers lui un messager, disant: Va, et lave-toi sept fois dans le Jourdain, et ta chair redeviendra saine, et tu seras pur� (v. 10). Le proph�te, au lieu de venir en personne, lui envoie un message; il en est de m�me aujourd�hui de la Parole �crite. Ce message est pleinement suffisant pour gu�rir la l�pre. La Parole, �tant la r�v�lation de toutes les pens�es de Dieu, contient mille autres choses que ce message, mais celui-ci, adress� � l�homme p�cheur, n�en contient qu�une et des plus simples, le rem�de contre le p�ch�, et il n�y en a pas d�autre. �Va, et lave-toi sept fois dans le Jourdain�. Cet ordre r�duit � n�ant toutes les pens�es de Naaman. Il se met en col�re, s�en va... peu s�en faut qu�il ne rentre dans son pays aussi l�preux qu�il en �tait sorti. C�est qu�il pensait que le proph�te ferait de grandes choses pour le chef de l�arm�e de Syrie. �Il sortira sans doute, et se tiendra l�, et invoquera le nom de l��ternel, son Dieu, et il prom�nera sa main sur la place malade et d�livrera le l�preux�. Combien d�actes successifs n�accomplirait-il pas, selon Naaman, pour arriver au r�sultat d�sir�! Rien de semblable; le message est de la plus grande simplicit�. Le proph�te n�a pas besoin de venir en personne; sa parole a la m�me valeur que lui, car elle est la parole de Dieu. Bien plus, le rem�de n�est pas � trouver: il existe. C�est le fleuve du pays de Canaan dont la vertu coule toujours sans interruption, et qui est � la disposition d�un l�preux qui s�y plonge. Naaman pensait: �Le proph�te fera�; �lis�e lui envoie dire: �Dieu a fait�. �Va, et lave-toi�: il ne fait appel qu�� la foi. Naaman doit croire ce que Dieu lui dit... Est-ce parce que la chose est compr�hensible? Elle ne l�est pas. � Parce qu�elle est possible? pas davantage, mais parce que Dieu l�a dite. Cela d�route toutes les id�es de l�homme quant au salut. N�en �tait-il pas de m�me quand J�sus disait � l�aveugle-n�: �Va, et te lave au r�servoir de Silo�?

Qu�est-ce donc que ce Jourdain, dans lequel on est purifi� et o� l�on acquiert comme une nouvelle naissance? Nous l�avons vu dans le cours de nos m�ditations, le Jourdain, c�est la mort, mais la mort avec Christ, par laquelle il nous faut passer pour �tre d�livr�s du p�ch�. Il faut que toute la pl�nitude de cette mort (de l�, se laver sept fois), nous soit appliqu�e dans ce but; il nous faut y avoir trouv� la fin de nous-m�mes, en sorte que nous puissions dire avec l�ap�tre: �Je suis crucifi� avec Christ�. Naaman d�sirait autre chose, mais si Dieu avait fait ce que pensait Naaman, il aurait donn� du cr�dit � un l�preux. Voici donc un salut pour lequel dix talents d�argent, six mille pi�ces d�or, dix v�tements de rechange, et toutes les dignit�s que pouvait porter ce grand capitaine, avaient moins de valeur qu�une obole, un salut tout fait, auquel il ne fallait pour l�acqu�rir, que l�ob�issance de la foi!

La mort!... mais, dit Naaman, il y a des rivi�res � Damas, l�Abana et le Parpar; ne sont-elles pas meilleures que le Jourdain? Non, la mort qui ne coule pas dans le pays des promesses de Dieu, est impuissante � purifier un p�cheur. Bien loin d��tre sa d�livrance, elle serait sa condamnation, car ce qui attend les hommes, c�est de mourir une fois et apr�s cela le jugement. Le Jourdain, lui, n�est pas l�image de cette mort-l�, mais de la mort de Christ, de notre mort port�e par Lui pour nous en d�livrer, et que nous n�aurons jamais � subir. Et c�est aussi notre vie, car, comme nous sommes unis avec Lui dans sa mort, nous le sommes aussi dans sa r�surrection.

Il s�en est peu fallu, que le sort de ce malheureux ne f�t irr�m�diablement fix�. L��criture nous dit deux fois qu�il se tourna et s�en alla en col�re. Mais Dieu qui a tout dirig� jusqu�ici, veut le sauver; il emploie � cet effet l�exhortation des serviteurs de Naaman. Leur parole est juste: Dieu pourrait nous ordonner de faire de grandes choses, et si nous avons, comme Naaman, l�ardent d�sir d��tre d�livr�s, ne les ferions-nous pas? Pourquoi Dieu ne les ordonne-t-il point? C�est qu�elles n�ont aucune valeur pour Lui. Il lui a plu de se faire conna�tre par les, choses viles et m�pris�es, et celles qui ne sont pas, pour annuler celles qui sont. C�est la faiblesse de la croix, mais c�est la puissance de Dieu!

D�s que, par la simple foi en la parole divine, Naaman a �prouv� cette puissance, la reconnaissance l�am�ne devant le proph�te. Il est mis en rapport direct, non plus avec l��uvre, mais avec la personne qui l�a accomplie; il est amen� � Dieu. �Voici�, dit-il, �je sais qu�il n�y a point de Dieu en toute la terre, sinon en Isra�l�. Il conna�t Dieu, et, remarquons-le, il le conna�t dans un temps et dans un milieu o� tout est ruin� du c�t� de l�homme. Tout avait chang� dans l�histoire d�Isra�l, mais Dieu ne change pas; sa puissance et ses ressources sont aussi intactes qu�aux temps les plus prosp�res. La foi de Naaman reconna�t le Dieu d�Isra�l quand Isra�l lui-m�me le m�conna�t. Il s�approche et voudrait lui donner quelque chose, lui offrir un pr�sent. C�est le d�vouement d�un c�ur comprenant qu�il doit tout au Dieu qui l�a d�livr�; mais, malgr� ses instances, le proph�te refuse. Au commencement, Naaman voulait donner pour recevoir, maintenant il veut donner parce qu�il a re�u, mais cela ne se peut; il doit apprendre que, lorsque Dieu donne, c�est pour donner encore, car ses richesses sont in�puisables. Son �uvre �tant enti�rement gratuite, il ne souffre rien qui ait m�me l�apparence de lui attribuer un autre caract�re. Naaman, �clair� par la foi, le comprend bien vite. �Si cela ne se peut, qu�on donne, je te prie, de cette terre � ton serviteur la charge de deux mulets. Car ton serviteur n�offrira plus d�holocauste ni de sacrifice � d�autres dieux, mais seulement � l��ternel�. Il demande une petite chose, mais d�une grande importance pour lui, un don bien en accord avec celui qu�il avait re�u, car Dieu lui avait propos� une petite chose qui lui avait procur� un grand salut! Ne pouvant rester en Canaan, il d�sire emporter avec lui tout juste assez du pays de la promesse pour y �riger l�autel des sacrifices et y �tablir le culte du vrai Dieu. Dans cette �charge de deux mulets�, il prend Canaan avec lui et y trouve une place pour le culte et l�adoration, car le monde �loign� de Dieu ne lui offrirait pas la moindre place o� le vrai culte p�t �tre rendu. Ainsi, Dieu sera avec lui comme �un petit sanctuaire�. Il en est de m�me aujourd�hui pour les enfants de Dieu r�unis � la table du Seigneur; quoique laiss�s dans le monde, ils peuvent r�aliser le ciel, leur Canaan, l�autel, le souvenir du sacrifice et le culte. C�est l� que Naaman pourra rendre enfin quelque chose � Dieu; c�est l� que nous offrons le fruit des l�vres qui b�nissent son nom.

Naaman n�est cependant pas encore d�livr� de toute question. �Quand mon seigneur entrera dans la maison de Rimmon pour s�y prosterner, et qu�il s�appuiera sur ma main, et que je me prosternerai dans la maison de Rimmon, que l��ternel, je te prie, pardonne � ton serviteur en ceci, quand je me prosternerai dans la maison de Rimmon!� La vie du croyant ne peut �tre sans progr�s ni travail de conscience; il sent � bon droit sa faiblesse dans ses rapports avec le monde, et combien il pourrait y d�shonorer son Dieu par ses incons�quences et les difficult�s de sa position. Nous ne trouvons pas ici, sans doute, une grande foi, mais il y a int�grit� de c�ur chez ce nouveau converti. Il lui faudra apprendre que les difficult�s qu�il pr�voit n�existent pas pour Dieu et, quant � sa conduite, l��ternel veillera sur lui, lui fournissant journellement, pour chaque pas, la lumi�re n�cessaire. C�est une affaire de foi. Dieu ne nous instruit pas d�avance de chaque difficult� que nous rencontrerons. Souvent ce qui nous paraissait un obstacle in�vitable, s��vanouit devant nous; � Dieu de diriger les circonstances, et il n�en est aucune que ne puisse surmonter une foi simple et d�pendante. �Va en paix�, lui dit le proph�te. Ne te pr�occupe pas, ne te laisse pas enlever ta joie par la pens�e de ce qui pourrait t�arriver. Dieu est puissant pour pourvoir � tout. L�important, aujourd�hui, c�est de t�en aller en paix, sans une question entre toi et le Dieu qui t�a sauv�. Laisse � demain sa t�che. Quelle sagesse divine, quel r�confort pour l��me, dans cette simple r�ponse: �Va en paix!�

� peine Naaman a-t-il re�u le salut, la connaissance du vrai Dieu et la paix, que l�ennemi se met � l��uvre pour d�truire ce que Dieu a �difi�. L�instrument qu�il emploie est Gu�hazi, le serviteur m�me du proph�te. Caract�re ha�ssable! Cet homme n�avait donc rien appris � l��cole de son ma�tre! L�exemple de ce dernier n�avait produit aucun fruit dans son c�ur! Il avait accompagn� �lis�e, comme celui-ci, autrefois, �lie, lui rendant les m�mes services. �lis�e avait trouv�, dans ce chemin de d�vouement et d�abn�gation, la communion avec Dieu, la connaissance, la puissance, la double mesure du Saint Esprit. Et Gu�hazi? Cependant son ma�tre s��tait servi de lui, comme d�un instrument pour la b�n�diction de la Sunamite, l�introduisant m�me dans l�intimit� de son conseil, au sujet du bien qu�il voulait faire � cette femme; il avait port� le b�ton d��lis�e, avait �t� t�moin de la r�surrection de l�enfant, avait pr�par� le repas des proph�tes, avait servi d�interm�diaire, comme plus tard les disciples de J�sus, pour nourrir le peuple. Tout cela �tait oubli�, par les m�mes motifs qui pouss�rent Juda � trahir le Seigneur. Les int�r�ts du monde, la cupidit�, l�avarice, s��taient empar�s de lui. Jusque-l�, ayant � faire surtout aux pauvres, ses convoitises n�avaient pas �t� sollicit�es par la tentation des richesses, mais la vue de ce haut personnage et des tr�sors qu�il offrait si lib�ralement, devint le point de d�part ou plut�t la manifestation des choses enfouies jusqu�� ce jour dans le secret de son c�ur. � toutes les b�n�dictions pr�c�dentes, � celles qui auraient n�cessairement suivi les premi�res, car Dieu ne manque jamais, quand nous sommes fid�les, de nous accorder un surcro�t de richesses spirituelles, � toutes ces choses il pr�f�re l�argent, la richesse, sans penser un moment que sa convoitise attirera sur lui le jugement divin.

Mais l� n�est pas encore le c�t� le plus s�rieux de sa conduite. Il risque de d�shonorer, aux yeux de ce jeune croyant encore inexp�riment� et tout � la joie de sa gu�rison, ainsi qu�aux yeux de sa suite, le caract�re du Dieu que le proph�te repr�sente. C�est l�, tout chr�tien soucieux de la gloire de Christ le sentira profond�ment, le caract�re le plus odieux de l�acte de Gu�hazi. Il compromet le serviteur de l��ternel, et compromet aussi la gr�ce gratuite de Dieu; il pourrait, s�il ne tenait qu�� lui, ramener ce nouveau-n� � la pens�e l�gale de l�obligation, � un joug de servitude, en lui �tant la jouissance gratuite de son salut. Gu�hazi pr�f�re la s�duction des richesses au bien �ternel d�une �me; il est de ceux qui mettent une occasion de chute devant un de ces petits et dont il est dit: �Il serait avantageux pour lui qu�on lui e�t pendu au cou une meule d��ne et qu�il e�t �t� noy� dans les profondeurs de la mer�. Songeons-nous assez, que la mondanit� de notre marche peut faire un mal irr�m�diable aux petits enfants dans la foi? Comme cette pens�e devrait nous rendre attentifs � toute notre conduite!

�Voici, mon ma�tre a �pargn� Naaman, ce Syrien, en ne prenant pas de sa main ce qu�il avait apport�; l��ternel est vivant, si je ne cours apr�s lui, et si je ne prends de lui quelque chose!� Ce malheureux invoque l��ternel, pour s�emparer des richesses, avec les m�mes paroles que son ma�tre avait employ�es (v. 16) pour les refuser. Il ment pour s�approprier le bien d�autrui (v. 22). Mais si le doute aurait pu s��lever dans le c�ur de Naaman au sujet du d�sint�ressement d��lis�e et du caract�re gratuit du don de Dieu, celui-ci montre qu�il a soin des petits enfants, et le r�sultat d�sastreux ne se produit pas. La cupidit� et le mensonge de Gu�hazi font au contraire ressortir la g�n�rosit� de cet homme et son d�sir de servir la famille de Dieu, les fils des proph�tes. �Consens�, dit-il � Gu�hazi, �� prendre deux talents� [90 kg?]. Gu�hazi cache toute cette richesse; c�est le r�sultat d�une mauvaise conscience engag�e dans des voies tortueuses que l�on cherche � dissimuler aux hommes, mais r�ussit-on � les cacher � Dieu?

Gu�hazi entra et �se tint devant son ma�tre�, comme Naaman s��tait tenu devant �lis�e (v. 15), comme �lis�e lui-m�me se tenait devant Dieu (v. 16). Audace inexplicable, s�il avait eu la moindre conscience d��tre connu et sond� par l��ternel. Il n�avait pas senti ni r�alis� que de loin les yeux du proph�te suivaient chacun de ses mouvements et voyaient ses pens�es. Bien plus, le c�ur d��lis�e �tait all�, �quand l�homme s��tait retourn� de dessus son char�. Ce qui importait plus que tout le reste au c�ur de l�homme de Dieu, c��tait le danger que courait l��me de celui qui venait de le quitter en paix. On peut en conclure que si son c�ur �tait all�, c�est qu�il avait suppli� ardemment l��ternel de pr�server ce nouveau-n� dans la foi. Il avait �t� exauc�.

Et maintenant, se tournant vers Gu�hazi, il lui adresse ces paroles solennelles: �Est-ce le temps de prendre de l�argent, et de prendre des v�tements, et des oliviers, et des vignes, et du menu et du gros b�tail, et des serviteurs et des servantes?..�. Oui, �tait-ce le temps, au milieu de la ruine d�Isra�l, quand d�j� le jugement final �tait suspendu sur le peuple; �tait-ce le temps, � la veille de la destruction de cette nation, d�acqu�rir quelque chose pour soi? �tait-ce donc le caract�re que devait rev�tir un serviteur du Seigneur? Question solennelle qui s�adresse aussi � nos consciences, car aujourd�hui la ruine de la chr�tient� correspond au temps de la ruine d�Isra�l. Si nous r�alisons ce fait, quels hommes ne serons-nous pas en sainte conduite, d�sint�ress�s comme �lis�e, afin que la gratuit� du don de Dieu n�en soit pas diminu�e et, comme lui, connaissant le temps, et n�acqu�rant pas des avantages dans ce monde, parce que nous savons que la fin de toutes choses est proche.

Le jugement de Gu�hazi ne se fait pas attendre: �La l�pre de Naaman s�attachera � toi et � ta semence pour toujours� (v. 27). C�est la l�pre de Naaman! La souillure de la chair qui caract�risait l�homme idol�tre, �tranger � Dieu, est la m�me souillure dont l��ternel charge le serviteur infid�le du proph�te. Il n�y a pas de diff�rence entre eux. L�horreur du p�ch� n�est pas mitig�e par le fait qu�on appartient au peuple d�Isra�l, que l�on a une position de proximit� et des relations sp�ciales avec l��ternel, tout en �tant moralement �loign� de Lui. Il en est de m�me de la profession chr�tienne sans la vie. Au lieu de la b�nir, Dieu la marque, pour ainsi dire, de son ex�cration, et toute sa descendance en est souill�e.

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