Bible Commentaries
Actes 24

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versets 1-27

Apologie de Paul devant F�lix

(v. 1-21). � Cinq jours apr�s l�arriv�e de Paul � C�sar�e, les Juifs descendirent de J�rusalem pour l�accuser. Ils prirent avec eux un certain orateur, nomm� Tertulle, dont le nom signifie �imposteur�, pour soutenir leur accusation aupr�s de F�lix. S�il faut un talent oratoire pour accuser un homme, cela signifie que les faits � sa charge ne suffisent pas pour convaincre les juges. Tertulle commen�a par des �loges flatteurs � l�adresse du gouverneur, �loges peu sinc�res de la part de ce peuple orgueilleux, toujours vex� d��tre sous la domination romaine: �Puisque nous jouissons par ton moyen d�une grande tranquillit�, et que par ta pr�voyance des mesures excellentes sont prises en vue de cette nation, tr�s excellent F�lix, nous l�acceptons, en tout et partout, avec une enti�re gratitude. Mais afin de ne pas t�arr�ter davantage, je te prie de nous entendre bri�vement selon ta cl�mence...� (v. 3, 4).

Alors commen�a l�accusation, qui ne fit pas plus d�effet sur le gouverneur que les flatteries, car il connaissait le caract�re juif. Tertulle insinua que Paul �tait une peste et qu�il excitait des s�ditions parmi les Juifs dans le monde entier. Cette imputation, si elle se v�rifiait, risquait d�influencer le gouverneur, puisqu�il s�agissait de r�volte, acte bien �loign� de la pens�e de Paul qui avait �crit aux chr�tiens de Rome: �Que toute �me se soumette aux autorit�s qui sont au-dessus d�elle; car il n�existe pas d�autorit�, si ce n�est de par Dieu; et celles qui existent sont ordonn�es de Dieu� (Romains 13:1).

En second lieu, Tertulle accusa Paul d��tre un meneur de la secte des Nazar�ens, � nom que l�on donnait alors aux chr�tiens � et qu�il avait tent� de profaner le temple. Cette accusation ne devait gu�re int�resser le gouverneur romain; il n�y avait rien l� de contraire aux lois romaines, ni rien qui d�t amener du trouble, sinon celui que les Juifs provoquaient en s�opposant � Paul dans tous les lieux o� il pr�chait l��vangile. Tertulle reconna�t que le crime de profanation �tait du ressort des Juifs et qu�ils avaient voulu le juger selon leur loi; mais, dit-il: �Lysias, le chiliarque, �tant survenu, l�a emmen� en l�arrachant d�entre nos mains avec une grande violence, donnant ordre que ses accusateurs vinssent aupr�s de toi; et par lui tu pourras toi-m�me, en l�interrogeant, arriver � la pleine connaissance de toutes ces choses dont nous l�accusons�.

(v. 8, 9). � Tout est faux dans cette d�claration, malgr� la confirmation all�gu�e par les Juifs. En r�alit�, Lysias avait fait conduire Paul � C�sar�e parce que les Juifs voulaient le tuer; il l�avait soustrait � leurs mains criminelles sans violence, accomplissant un acte juste et humain pour �viter le meurtre d�un innocent. Ils disent que F�lix arriverait � la pleine connaissance des choses dont ils l�accusaient; c�est le contraire qui eut lieu, de m�me que devant son successeur Festus et le roi Agrippa (chap. 26:30-32).

Le gouverneur ayant fait signe � Paul de parler, celui-ci pronon�a son apologie avec la droiture que lui donnait sa bonne conscience devant Dieu et encourag� de le faire devant F�lix, le sachant gouverneur des Juifs depuis plusieurs ann�es. Il commen�a par dire que F�lix pouvait conna�tre qu�il n�y avait pas plus de douze jours qu�il �tait mont� pour adorer � J�rusalem; qu�on ne l�avait trouv�, ni dans le temple disputant avec quelqu�un, ni dans la ville; que ses accusateurs ne pouvaient soutenir leurs imputations; mais qu�il servait le Dieu de ses p�res; qu�il croyait toutes les choses �crites dans la loi et les proph�tes; qu�il avait esp�rance en Dieu, esp�rance que les Juifs avaient aussi, qu�il y aura une r�surrection tant des justes que des injustes (v. 10-15). Quant � ce que Paul avance comme objet de sa foi: la croyance en toutes les choses �crites dans la loi et les proph�tes, l�esp�rance en Dieu et la r�surrection, c��tait ce que tout Juif faisait profession de croire. S�il n�y avait eu que cela pour les exciter contre Paul, ils l�auraient laiss� tranquille; mais toutes les v�rit�s qu�il �num�re impliquaient celles du christianisme auquel ils s�opposaient. La loi et les proph�tes rendent t�moignage � Christ; il en est le grand sujet. Le Seigneur dit aux disciples qui allaient � Emma�s: �� gens sans intelligence et lents de c�ur � croire toutes les choses que les proph�tes ont dites! Ne fallait-il pas que le Christ souffr�t ces choses et qu�il entr�t dans sa gloire? Et commen�ant par Mo�se et par tous les proph�tes, il leur expliquait, dans toutes les �critures, les choses qui le regardent� (Luc 24:25-27). Lorsque le Christ vint, ils ne l��cout�rent pas et le crucifi�rent. Mais il est ressuscit�, et en vertu de sa mort et de sa r�surrection, il a fait proclamer l��vangile � toutes les nations; voil� ce que les Juifs n�admettaient pas, comprenant bien que, mis de c�t� en tant que nation, comme p�cheurs, il leur fallait le m�me Sauveur que les gentils qu�ils m�prisaient, le Sauveur qu�ils avaient crucifi�. Voil� pourquoi les Juifs ha�ssent l�ap�tre Paul. Apr�s avoir parl� de la r�surrection, que tout Juif orthodoxe admettait, il leur en indique la cons�quence pratique chez ceux qui y croient. Puisque tous doivent ressusciter, tant les justes que les injustes, c�est pour para�tre devant Dieu, o� il faudra voir, � la lumi�re divine, toutes les actions, bonnes et mauvaises, accomplies ici-bas, et en subir le jugement. Ceux qui auront cru au pardon des p�ch�s par la mort du Sauveur, participeront � la r�surrection de vie, parce qu�ils ont la vie par laquelle on peut faire le bien, comme le Seigneur le dit en Jean 5:29; ils jouiront dans le ciel d�un bonheur �ternel. Ceux qui sont morts sans avoir cru au Seigneur J�sus, ressusciteront en r�surrection de jugement et s�en iront dans les tourments �ternels. C�est pourquoi Paul dit: �� cause de cela, moi aussi je m�exerce � avoir toujours une conscience sans reproche devant Dieu et devant les hommes�. Il dit �moi aussi�, parce que les Juifs qui l�accusaient pr�tendaient avoir part aux m�mes b�n�dictions que lui, du moment qu�ils �taient Isra�lites. Puisque le croyant doit aussi �tre manifest� devant le tribunal de Christ, ainsi que Paul le dit en 2 Cor. 5:10, il doit s�exercer � ne faire dans ce monde que des choses qui soient approuv�es du Seigneur en ce jour-l�. Ce n�est pas le bien qu�il fait qui le sauve, mais c�est parce qu�il est sauv� qu�il fait le bien.

Paul continua son discours en disant qu�apr�s plusieurs ann�es, durant lesquelles il avait annonc� l��vangile chez les gentils, il �tait venu pour faire des aum�nes et des offrandes � sa nation, c�est-�-dire aux chr�tiens de nation juive, en leur apportant les dons des assembl�es de Mac�doine et d�Acha�e. C�est alors qu�ils le trouv�rent purifi� dans le temple sans attroupement et sans tumulte; mais les Juifs d�Asie soulev�rent la foule et l�arr�t�rent (chap. 21:27, 28). Ce sont eux qui auraient d� �tre pr�sents et accuser Paul, s�ils avaient quelque chose contre lui, ou bien les assistants pouvaient d�nommer ses actes injustes lorsqu�il comparaissait devant le sanh�drin. Mais il ne fit entendre qu�un mot: �C�est pour la r�surrection des morts que je suis... mis en jugement par vous� (v. 21), d�claration qui partagea la multitude et causa un tumulte tel que le chiliarque enleva Paul du milieu d�eux. Ainsi se termina cette comparution sans que les Juifs eussent gain de cause.

Paul et F�lix

(v. 22-27). � �Mais F�lix, ayant plus exactement connaissance de ce qui regardait la voie, les ajourna, disant: Quand le chiliarque Lysias sera descendu, je prendrai connaissance de votre affaire� (v. 22). Gouverneur de la Jud�e depuis plusieurs ann�es, sa femme �tant Juive, F�lix connaissait assez bien le juda�sme et le christianisme; il comprenait donc qu�il n�y avait rien de grave dans les accusations port�es contre Paul. Il ordonna au centurion �que Paul f�t gard�, et qu�il e�t quelque libert�, et qu�on n�emp�ch�t aucun des siens de le servir� (v. 23), c�est-�-dire des disciples qui l�avaient suivi de J�rusalem, ou des fr�res de C�sar�e.

Quelques jours apr�s, F�lix, venu avec Drusille, sa femme, demanda � entendre Paul sur la foi en Christ qui distinguait pr�cis�ment le christianisme du juda�sme. Les chr�tiens croyaient en J�sus selon les �critures, � sa mort expiatoire, � sa r�surrection, � son exaltation dans la gloire et � toutes les glorieuses cons�quences de ces v�rit�s, tandis que les Juifs ne croyaient pas que J�sus f�t le Christ annonc� par les proph�tes. Mais la foi en Christ s�accompagne d�une marche pratique qui fait contraste avec celle de l�homme naturel, Juif ou gentil. C�est ce que Paul pr�senta aussi � F�lix: il lui parla de la justice, de la temp�rance et du jugement � venir (v. 24, 25). La justice, ici, est la justice pratique, savoir une marche qui convienne � Dieu; on a dit qu�elle consiste en �l�absence du p�ch� dans toutes nos voies�. La temp�rance est la capacit� de se gouverner soi-m�me pour demeurer dans ce qui est sain � tous �gards, sans se laisser aller � ses go�ts, ceux-ci risquant de d�g�n�rer en passions qu�on ne peut plus ma�triser. Il faut �tre sobre dans les choses l�gitimes et naturelles; ce qui d�passe la sobri�t� est p�ch�. Le jugement � venir est, comme nous l�avons vu plus haut, la comparution devant Dieu, o� les hommes rendront compte non seulement des grands p�ch�s qu�ils auront commis, mais, dit le Seigneur en Matthieu 12:36: �de toute parole oiseuse qu�ils auront dite�.

Entendant Paul discourir sur ces sujets, �F�lix tout effray� r�pondit: Pour le pr�sent va-t�en; quand je trouverai un moment convenable, je te ferai appeler�. L�effroi de F�lix s�explique. L�histoire nous apprend que la plupart de ces gouverneurs romains s�adonnaient � toutes sortes de p�ch�s. Son effroi aurait pu lui �tre salutaire, car, s�il avait compris que sa conduite �tait loin d��tre juste et que ce serait terrible de para�tre devant Dieu en jugement, il pouvait apprendre aussi que J�sus �tait venu pour porter le jugement � la place de ceux qui se reconnaissaient coupables. Mais il ne fallait pas s�en aller; la Parole aurait op�r� dans son �me une repentance � salut pour l�amener � la jouissance du pardon de ses p�ch�s. Ce travail de conscience fut arr�t� chez F�lix; la lumi�re divine lui fit peur; il comprit sur-le-champ que, s�il acceptait ce que Paul lui disait, cela comportait le changement de sa conduite et voulant encore jouir �des d�lices du p�ch� (H�breux 11:25), il dit � Paul: �Pour le pr�sent va-t�en; quand je trouverai un moment convenable, je te ferai appeler�. Il est � craindre que ce moment ne revint jamais. Il aurait d� profiter de celui qui se pr�sentait � lui dans cette heure m�me o� il entendait la voix de Dieu par Paul. �Voici, c�est maintenant le temps agr�able; voici, c�est maintenant le jour du salut� (2 Cor. 6:2). La Parole de Dieu ne dit jamais que demain est ce jour-l�; Satan seul l�affirme, car il admet bien qu�il faille �tre converti; mais il dit que c�est assez t�t demain, ou plus tard, lorsqu�on aura joui de ses jeunes ann�es. Celui qui pr�te l�oreille � de telles suggestions s�expose � entendre la voix de Dieu lui dire: �Insens�! cette nuit m�me ton �me te sera redemand�e� (Luc 12:20). Le raisonnement de F�lix et de tous ceux qui en tiennent de semblables, est celui d�un insens�. C�est folie que de croire disposer du temps qui est au-devant de soi; il n�appartient qu�� Dieu qui donne � chacun le pr�sent, aujourd�hui, pour accepter le salut offert gratuitement. On a dit avec raison que �la route tout � l�heure, conduit � la ville jamais�.

Ce qui emp�chait aussi F�lix d��tre atteint par la Parole que Paul lui pr�sentait, �tait le motif int�ress� qui le poussait � s�entretenir avec lui. Il venait � Paul dans l�espoir de recevoir de lui de l�argent, pour qu�il favoris�t son �largissement. Il ne comprenait gu�re ce qu�est la justice. Il en avait si peu souci qu�il laissa Paul en prison pendant deux ans pour gagner la faveur des Juifs (v. 27), autre c�t� de son int�r�t, car si Paul lui avait donn� de l�argent, il ne se serait gu�re inqui�t� de plaire aux Juifs. Chacun sera jug� d�apr�s les motifs qui le font agir.

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