Bible Commentaries
Daniel 10

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versets 1-21

Les chapitres 10, 11 et 12 forment manifestement un sujet unique continu, et nous font voir dans quelles circonstances Daniel re�ut cette derni�re proph�tie, qui est, sous quelques rapports, la plus remarquable de toutes celles qui lui furent accord�es. Dans toute l��tendue du livre divin, il n�y a aucun expos� de faits historiques aussi d�taill�, aussi circonstanci� que celui que nous avons l�, sans compter qu�il embrasse toute la dur�e allant de la monarchie Perse sous laquelle Daniel eut sa vision, jusqu�au temps o� toutes les puissances du monde seront oblig�es de se courber devant le nom du Seigneur. Ce n�est pas pour autant qu�il n�y a point d�interruption dans cette proph�tie depuis l��poque de l�empire des Perses jusqu�au r�gne de Christ: ce serait m�me contraire � l�analogie de tout le reste de la parole de Dieu. Mais nous y trouvons, avant tout, un expos� des faits, � la fois concis et clair, jusqu�� ce que nous arrivions � un personnage remarquable qui est le type de celui qui sera, � la fin du si�cle, le grand chef des adversaires du peuple de Dieu. Apr�s nous avoir conduit jusque l�, la proph�tie s�interrompt, franchit d�un coup l�intervalle, et nous donne (ensuite seulement) �le temps de la fin�; cela nous permet de comprendre le pourquoi de cet intervalle de discontinuit�. Pour le moment je dois m�arr�ter au point o� l�interruption commence. Ult�rieurement, Dieu voulant, j�esp�re pouvoir reprendre l��tude de la crise de la fin, � laquelle se rapportent les types, et qui commence au verset 36 du chapitre 11. Nous verrons qu�elle ne se borne pas � quelque mal particulier; mais la fin du chapitre traite des conflits entre les chefs de cette �poque, en Terre sainte et aux environs. Puis le chapitre 12 nous montrera les voies de Dieu avec Son peuple jusqu�� ce que ce peuple et Daniel lui-m�me soient �tablis dans leur lot � la fin des jours. Ceci, c�est-�-dire la b�n�diction du peuple de Dieu, ou du moins du r�sidu fid�le, forme le grand but final.

�La troisi�me ann�e de Cyrus, roi de Perse, une chose fut r�v�l�e � Daniel qui est appel� du nom de Belteshatsar etc.�. Daniel n�avait donc pas profit� du d�cret que Cyrus avait rendu deux ans auparavant pour donner aux Isra�lites la libert� de retourner dans leur pays, selon la proph�tie: il se trouvait encore sur le th��tre de la captivit� des Juifs. Mais au-del� de cela, l�Esprit de Dieu attire notre attention sur l��tat d��me du proph�te. Ce n�est pas dans la joie qu�il passait ses jours sur la terre �trang�re, mais bien dans le deuil et dans le je�ne, et cela au milieu de circonstances o�, bien s�r, il avait tout � sa disposition. Il fut trouv�, ne mangeant point de pain agr�able au go�t, �et, comme il le dit lui-m�me, la chair et le vin n�entr�rent pas dans ma bouche; et je ne m�oignis point, jusqu�� ce que trois semaines enti�res fussent accomplies�. S�rement ce n�est pas pour rien que l�Esprit de Dieu nous a montr� Daniel dans une telle attitude devant l��ternel, non seulement avant le d�cret de Cyrus, mais aussi apr�s. Nous pouvons tous comprendre qu�� l�approche du moment o� le petit r�sidu allait quitter Babylone et retourner au pays de ses p�res, on aurait d� trouver le saint et pieux proph�te l��me p�n�tr�e d�une profonde affliction devant Dieu, et passant en revue le p�ch� � l�occasion duquel un ch�timent si terrible �tait tomb� sur le peuple de la part de l��ternel; quoique en cela il f�t pr�cis�ment le contraire de ce que la chair aurait fait dans de telles circonstances. Car lorsqu�il est accord� une grande b�n�diction ext�rieure, c�est plut�t l�occasion pour l�homme de donner libre cours � ses sentiments de joie. Mais nous voyons le contraire en Daniel. Il prit l�attitude de la confession, et confessa non pas seulement les p�ch�s d�Isra�l, mais ses propres p�ch�s: il les avait tous devant lui. Il n�y avait qu�un homme marchant dans la saintet� qui p�t avoir un sentiment aussi profond du p�ch�. Mais la m�me �nergie du Saint Esprit, qui produit une r�elle humiliation, rend aussi capable d�entrer en amour dans la triste et abjecte condition du peuple de Dieu. Des pens�es de cette nature semblent avoir rempli l��me de Daniel quand il d�couvrit, par la proph�tie de J�r�mie, que la d�livrance d�Isra�l allait bient�t arriver. Il n�y eut chez lui ni transports de joie au sujet de la chute d�un ennemi, ni cris de triomphe � cause de la lib�ration du peuple, quoique Cyrus lui-m�me regard�t comme un grand honneur d�avoir �t� choisi de Dieu pour �tre l�instrument de ces deux �v�nements. Un homme de Dieu pouvait fort bien arr�ter sa pens�e sur les effets que le p�ch� avait produits, quand l��ternel ne pouvait pas m�me parler d�Isra�l comme Son peuple, quoique la foi dont Daniel �tait anim� ne le f�t qu�insister d�autant plus fortement aupr�s de Dieu sur le fait qu�Isra�l �tait son peuple dans Sa bont� qui demeure � toujours.

Ici le d�cret avait �t� rendu selon son attente. Le monarque persan avait ouvert la porte aux prisonniers de l�esp�rance pour quitter Babylone; et ceux auxquels il avait plu de le faire, �taient retourn�s dans leur pays. Daniel n�en �tait point. Au lieu de se concentrer d�sormais sur de brillantes perspectives de gloire imm�diate, on le trouve plus que jamais, dans l�attitude d�humiliation devant Dieu. La r�v�lation du motif de ce je�ne prolong� nous fait p�n�trer dans les rapports du monde visible avec le monde invisible. Et le voile n�est pas seulement lev� quant � l�avenir, comme le fait toute proph�tie; mais l��nonc� de la vision donne un �clairage int�ressant sur ce qui nous entoure, mais qui est invisible. Il fut permis � Daniel de le voir et de l�entendre afin que nous en ayons connaissance, et que nous ayons personnellement conscience, qu�outre les choses qui se voient, il y a des choses invisibles, beaucoup plus importantes pour le peuple de Dieu que ce � quoi l�homme regarde.

S�il y a des luttes sur la terre, elles d�coulent de luttes qui viennent de plus haut, � les anges luttant avec ces �tres m�chants, instruments de Satan, qui cherchent sans cesse � contrecarrer les conseils de Dieu par rapport � la terre. Cela appara�t ici d�une mani�re remarquable. Nous savons que les anges s�occupent des saints de Dieu, mais peut-�tre n�avons-nous pas si bien discern� qu�ils ont aussi � faire avec les �v�nements ext�rieurs de ce monde. Dans cette portion du livre de Daniel, la lumi�re de Dieu brille sur ce sujet pour nous rendre capables de comprendre qu�il n�y a pas un mouvement du monde qui ne se rattache aux voies Providentielles de Dieu. Et les anges sont les instruments pour ex�cuter Sa volont�: il est dit d�eux express�ment qu�ils font son bon plaisir [Ps. 103:20-21]. D�un autre c�t�, il y a ceux qui s�opposent � Dieu en permanence: les mauvais anges ne manquent pas. Ceux qui ne r�alisent pas ces choses font une perte certaine parce que cela fait sentir beaucoup plus vivement la n�cessit� d�avoir Dieu pour Sa force. S�il ne s�agit que de probl�mes entre des personnes, on pourrait comprendre que quelqu�un, conscient de sa force ou de sa sagesse ou de toute autre ressource, n�ait point de crainte d�autrui. Mais si en fait, on a � combattre avec des puissances qui nous sont immens�ment sup�rieures quant � l�intelligence et � la force (car les anges �excellent en force�, comme il est �crit), il est clair que, pour vaincre, nous n�avons pas d�autre issue que de nous en remettre au soutien d�Un Autre plus puissant que tout ce qui peut �tre contre nous. La foi qui compte ainsi sur Dieu, d�livre de l�inqui�tude � l��gard de tout ce qui est et se passe dans le monde. Car quoiqu�il y ait des esprits malins, et que les hommes ne soient que comme les pi�ces qu�ils font mouvoir sur l��chiquier de cette vie, de fait n�anmoins, il y a derri�re la sc�ne, inconnue aux acteurs, une Volont� et une Pens�e souveraines qui dirigent tous les mouvements. Cela donne un caract�re beaucoup plus solennel � nos pens�es sur tout ce qui arrive ici-bas.

Outre ces anges, un autre personnage appara�t sur la sc�ne: �Un homme v�tu de lin, et ses reins �taient ceints d�or d�Uphaz�. Celui dont nous trouvons au verset 6 une description si magnifique, vue seulement par Daniel, ne semble pas avoir �t� simplement un ange. On peut voir chez lui quelques traits de gloire ang�lique, mais je pense que c�est Celui qui appara�t souvent dans l�histoire tant du Nouveau que de l�Ancien Testament � le Seigneur de gloire lui-m�me. Ici il appara�t comme un homme, � comme quelqu�un qui �prouvait la plus profonde sympathie pour Son serviteur sur la terre. Tous les autres s��taient enfuis pour se cacher; Daniel �tait rest�: cependant, aucune force ne lui restait; � son teint frais �tait chang� en corruption. M�me un homme aim� de Dieu, un saint fid�le, doit faire l�exp�rience que toute sa sagesse pass�e �tait inutile; car il �tait maintenant tr�s �g�, et il avait �t� tout particuli�rement fid�le au Seigneur. � ce moment-l�, c��tait lui qui r�alisait le mieux la vraie condition d�Isra�l, car il voyait bien qu�il devait s��couler beaucoup de temps avant la venue du Messie, et l�ange qui avait �t� l�instrument de la r�v�lation avait annonc� que le Messie serait retranch� et n�aurait rien. Il n�y avait donc rien d��tonnant qu�il f�t dans le deuil. D�autres pouvaient �tre remplis de brillants espoirs sur la prochaine apparition du Messie, et sur l�exaltation qui en r�sulterait pour leur nation dans le monde; Daniel, lui, menait deuil et je�nait: et voil� que cette vision lui est accord�e, et que cette personne b�nie se r�v�le elle-m�me � lui.

N�anmoins, malgr� tout l�amour dont il �tait l�objet, malgr� toute sa connaissance des voies de Dieu, et malgr� la faveur qui lui avait �t� montr�e dans les visions pr�c�dentes, Daniel est rendu enti�rement conscient de son enti�re faiblesse. Toute sa force est r�duite en poussi�re en pr�sence du Seigneur de gloire. Ce fait est pour nous d�une grande importance morale. Quelle que soit la valeur de ce qu�a appris un saint, le pass� seul ne suffit pas � nous rendre capables de comprendre la nouvelle le�on de Dieu. Dieu lui-m�me est n�cessaire � chaque pas � et non pas simplement ce que nous avons appris d�j�. C�est l�, � mon avis, une v�rit� importante et tr�s pratique. Nous connaissons tous la tendance des hommes prudents � faire provision pour l�avenir, et je ne nie pas la valeur de la connaissance spirituelle de bien des mani�res, soit pour aider les autres, soit pour former une saine et sainte appr�ciation des circonstances au travers desquelles nous passons. Mais quand le Seigneur am�ne quelque chose que Daniel n�avait pas appris pr�c�demment, alors, malgr� tout ce qu�il avait pourtant d�j� connu, Daniel se trouve absolument impuissant. C�est dans cette derni�re vision qu�il est le plus abattu, et qu�il r�alise plus que jamais le sentiment du n�ant de tout ce qu�il y a en lui. Il est rejet� compl�tement sur Dieu, m�me pour avoir la force de se tenir debout et d�entrer dans ce que l��ternel allait lui faire conna�tre. On voit la m�me chose en saint Jean, qui avait repos� dans le sein du Sauveur lorsqu�il �tait sur la terre, et de tous les disciples, il �tait celui qui �tait le plus entr� dans Ses pens�es. Pourtant, quand le Seigneur se pr�sente devant lui dans Sa gloire, pour lui r�v�ler sa pens�e touchant l�avenir, que devint cet ap�tre Jean? Il a fallu que le Seigneur mette sa main sur lui, et lui commande de ne pas craindre. Il a fallu qu�Il l�encourage par ce qu�il est Lui-m�me � le Vivant qui a �t� mort, mais qui est de nouveau vivant, et qui a les cl�s de la mort et du had�s. C��tait l� ce que Jean avait � �couter avec la plus parfaite confiance, parce Christ �tait tout cela, et encore davantage. Il n�y avait pas de puissance qui ne d�t tomber devant lui.

Daniel est entr� dans ces choses selon sa mesure. La mort de la chair doit toujours �tre r�alis�e avant qu�on puisse jouir de la vie de Dieu. Ceci est important en pratique. Dans la gr�ce qui apporte le salut, je n�ai pas � commencer par apprendre la mort, puis ensuite la vie. La vie en Christ vient � moi comme p�cheur, et cette vie manifeste la mort dans laquelle je suis. S�il me fallait r�aliser ma mort pour que cette vie v�nt � moi, cela reviendrait �videmment � dire que l�homme doit �tre mis dans sa v�ritable position, comme une pr�paration � la b�n�diction de Dieu. Ce serait la n�gation de la gr�ce. �Ce qui �tait d�s le commencement... ce que nous avons contempl� et que nos mains ont touch� concernant la Parole de la vie�. En d�autres termes, c�est la personne de Christ lui-m�me qui vient et apporte la b�n�diction. Apr�s quoi l��me apprend que �Dieu est lumi�re et qu�il n�y a en lui aucunes t�n�bres�. Elle apprend que si nous disons que nous avons la lumi�re ou la communion avec celui qui est lumi�re, et que cependant nous marchions dans les t�n�bres, nous mentons et ne pratiquons pas la v�rit�. Toute la connaissance pratique de ce que Dieu est et de ce que nous sommes, suit la manifestation qui nous a �t� faite de la vie dans la personne de Christ. S�il s�agit de l�ordre des choses pour un p�cheur, c�est la gr�ce souveraine qui communique la vie dans la personne d�Un Autre; mais s�il s�agit de l�ordre selon lequel le progr�s s�accomplit dans le croyant, il n�en est point de m�me. Le croyant ayant d�j� obtenu la vie, doit mortifier tout ce qui lui appartient simplement quant � la nature, afin que cette vie soit manifest�e et se fortifie. Cet ordre de choses est de toute importance pour le saint, comme l�autre ordre de choses l�est pour le p�cheur. L�homme, dans son �tat naturel, ne croit pas qu�il est mort, et il travaille � acqu�rir la vie. Mais il est d�pourvu de la vie; il ne l�a point. C�est Un Autre seulement, qui la lui apporte et la lui donne dans une gr�ce parfaite, � ne voyant que du mal en lui, mais venant seulement avec du bien et le lui apportant en amour. Tel est Christ. Mais dans le cas du croyant, comme il a d�j� trouv� la vie en Christ, il faut qu�il y ait jugement du mal, afin que cette vie nouvelle et divine se d�veloppe et croisse. De sorte que, tandis que pour l�un, pour le p�cheur, il y a besoin d�apporter la vie, laquelle fait ressortir la mort, et rencontre l�homme dans la mort et l�en d�livre; pour l�autre, le croyant, c�est la mortification pratique de tout ce qui a eu une existence naturelle en lui. Tout ceci doit recevoir sa sentence de mort, pour que la croissance et la manifestation de la vie soient sans emp�chement.

Daniel fit l�exp�rience que tel �tait effectivement le moyen pratique d�entrer dans les merveilles que l�Esprit de Dieu allait d�rouler devant lui, et d�en devenir le t�moin convenable. C�est pourquoi il devait r�aliser la mort dans son �me malgr� toute la faveur dont il �tait l�objet � il �tait m�me un �homme bien-aim�. �Et comme il parlait avec moi, disant cette parole, je me tins debout, tremblant. Et il me dit: Ne crains pas, Daniel, car d�s le premier jour o� tu as appliqu� ton c�ur � comprendre et � t�humilier devant ton Dieu, tes paroles ont �t� entendues, et moi, je suis venu � cause de tes paroles�. Il lui est alors donn� � conna�tre comment il se faisait qu�il y avait eu un tel d�lai: �Mais le chef du royaume de Perse m�a r�sist� vingt et un jours, et voici, Mica�l, un des premiers chefs, vint � mon secours: et je restai l�, aupr�s des rois de Perse�. Ici, je crois, c�est une autre personne qui parle: ce n�est pas le premier et glorieux personnage que Daniel avait vu, mais quelqu�un que celui-l� employait comme serviteur � un ange, de fait. Le dernier chapitre prouvera clairement qu�il y a plus qu�une personne envoy�e: et il est �vident, d�apr�s les termes de celui qui parle, qu�il est en position de subordination. Daniel est encourag� d�apprendre que, d�s le premier jour o� il avait appliqu� son c�ur � comprendre et � s�affliger en la pr�sence de Dieu, ses paroles avaient �t� entendues. Il ne re�ut la r�ponse ni le premier jour, ni le second. Celle-ci n�arriva qu�apr�s vingt et un jours; et cependant elle avait �t� envoy�e de Dieu d�s le premier jour. Bien s�r, Il aurait pu la donner sur le champ. Mais qu�en serait-il r�sult�? D�abord, on n�aurait pas compris aussi clairement la lutte terrible qui continuait � faire rage entre les instruments de Dieu et les �missaires de Satan; et ensuite aussi, la foi et la patience n�auraient pas eu leur �uvre parfaite (Jacq. 1:4).

Je n�oublie pas que le Saint Esprit a �t� envoy� ici-bas, pour demeurer d�sormais dans le c�ur des croyants d�une mani�re qui n��tait pas connue alors. Car quoique l�Esprit de Dieu f�t toujours � l��uvre dans les saints hommes et proph�tes, cependant l�habitation permanente du Saint Esprit n�a pas eu lieu et ne pouvait avoir lieu tant que J�sus n��tait pas encore glorifi�, et que l��uvre de la r�demption n��tait pas encore accomplie. C�est en vertu de cette �uvre que le Saint Esprit a �t� envoy� du ciel faire Son habitation dans le c�ur de ceux qui croient, � comme sceau de la b�n�diction qui est la leur en Christ. En sorte que, outre ces soins ext�rieurs et Providentiels de Dieu si magnifiquement pr�sent�s ici, nous, chr�tiens, nous poss�dons cette personne divine et b�nie, qui fait de nos corps le temple de Dieu. Mais les luttes ext�rieures n�en continuent pas moins. Ce qui emp�cha Daniel d�avoir la r�ponse manifeste � ses pri�res, peut nous emp�cher aussi d�avoir la r�ponse des circonstances. Nous devons toujours compter imm�diatement sur la r�ponse de la foi; mais pour ce qui concerne la r�ponse des circonstances que Dieu conduit pour en faire sortir une r�ponse manifeste, il se peut que nous ayons � l�attendre. C�est ce qui arriva � Daniel, il attendit, et la raison nous en est donn�e. Le verset 13 nous apprend que, quoique Dieu ait envoy� la r�ponse d�s le premier jour, le chef du royaume de Perse r�sista vingt et un jours, � exactement la dur�e du temps que Daniel avait pass� dans le deuil et le je�ne devant Dieu. �Et voici Mica�l, un des premiers chefs, vint � mon secours: et je restai l�, aupr�s des rois de Perse�. C�est clairement un ange qui parle. Ce serait manquer � ce qui est d� au Seigneur que de supposer que c��tait lui qui avait besoin d�aide d�un de ses propres anges. Mais il est fait ici mention de Mica�l, car il �tait bien connu comme l�archange veillant particuli�rement � la garde de la nation d�Isra�l. Les gens peuvent bien se moquer de la v�rit� sur les anges-gardiens et sur leurs interventions, mais l��criture n�en est pas moins parfaitement claire � ce sujet. Sans doute le Romanisme, comme nous le savons, a fait des anges des objets de culte; mais la v�rit� elle-m�me est particuli�rement int�ressante.

La parole de Dieu est tr�s nette sur le fait que Dieu emploie les anges � des services particuliers. Au reste, ce n��tait pas l� une v�rit� r�ellement nouvelle. Jude mentionne comme une circonstance bien connue la dispute de Michel/Mica�l l�archange avec le diable, touchant le corps de Mo�se. La m�me v�rit� appara�t encore en cette vigilance soigneuse de Mica�l envers le peuple juif. Il savait leur penchant � l�idol�trie, et le d�sir qu�ils auraient de se faire une idole, apr�s sa mort, de l�homme contre lequel ils s��taient rebell�s durant sa vie. C�est pourquoi, Mica�l, en tant qu�instrument de la part de Dieu pour la b�n�diction d�Isra�l, entre en dispute avec Satan, pour faire en sorte que le corps de Mo�se ne soit point trouv� � la parole de Dieu d�clare que l��ternel l�a enseveli, bien qu�Il se soit servi de Mica�l comme instrument pour le faire.

Le passage que nous �tudions, jette un rayon de lumi�re int�ressant sur les circonstances terrestres. Les puissances de ce monde peuvent gouverner certes, mais les anges n�ont pas abandonn� leurs fonctions. Le diable et ses anges d�un c�t�, Michel et les saints anges avec lui de l�autre c�t�, viennent de nouveau sur la sc�ne dans le dernier livre de la Bible. Le fait que Christ soit venu et que le Saint Esprit ait �t� donn�, ne change pas ces interventions des anges. Au contraire, nous savons qu�il y aura � la fin un conflit des plus effroyables entre les saints anges et les mauvais anges, lorsque les cieux seront purifi�s pour toujours de ces puissances malignes qui les ont si longtemps souill�s. Tout cela est d�un tr�s grand int�r�t, faisant voir la parfaite patience de Dieu. Nous savons en effet que d�un seul mot il pourrait abattre le diable et toute son arm�e. Mais Il ne le fait pas. Il permet m�me � Satan de s�aventurer dans les cieux inf�rieurs, et m�me de les poss�der. C�est pour cela qu�il est appel� �le chef de l�autorit� de l�air� (�ph. 1:2), comme il est appel� ailleurs �le chef de ce monde� (Jean 12:31; 14:30) et �le dieu de ce si�cle� (2 Cor. 4:4). Mais je crois que c�est l� seulement qu�il est chef. Il n�est jamais dit dans l��criture que Satan soit chef en enfer. C�est un r�ve favori des grands po�tes, comme des petits; mais l��criture ne le dit jamais. Ce qu�elle nous enseigne, c�est que maintenant sa puissance s�exerce r�ellement dans les cieux et sur la terre; mais que, quand il sera bris�, d�abord quant � son usurpation c�leste, puis ensuite quant � sa puissance terrestre, alors il sera jet� en enfer, et au lieu d�y �tre roi, il y sera le plus mis�rable objet de la vengeance de Dieu. Ce qu�il y a de solennel, c�est qu�il r�gne ici-bas maintenant, et que les gens ne le r�alisent pas. Son pire r�gne est celui qu�il a acquis, � non pas celui qu�il avait auparavant. La mort de Christ, bien qu�elle soit le fondement sur lequel il perdra finalement tout pouvoir, a �t� pourtant le moyen par lequel il est devenu la grande puissance usurpatrice s�opposant toujours � Dieu et � Ses pens�es quant au monde.

Il y a l� pour nous une pens�e importante. Si Dieu permet quelque chose de pareil � s�il permet dans le ciel lui-m�me, la pr�sence de ce m�chant, l�ennemi de son Fils � si, � la suite de la crucifixion de Christ nous voyons Dieu d�ployer sa longanimit� la plus grande, au lieu de d�pouiller Satan de toute sa puissance, quelle le�on pour nous de ne pas nous inqui�ter � propos des circonstances! Aucun homme n�a jamais travers� ces r�gions inconnues; personne n�y a �t� pour nous en parler, sauf la parole de Dieu qui nous le r�v�le. Naturellement, nous ne savons pas tout; mais nous en savons assez pour voir qu�il y a cette redoutable puissance du mal oppos�e � Dieu, et que la puissance de Dieu est toujours et infiniment plus forte que la puissance du mal. Le mal n�est qu�un accident qui est entr� dans le monde par la r�bellion de la cr�ature contre Dieu. Par ce mot �accident� je veux dire que la cr�ature a interrompu pour un temps les desseins de Dieu, tandis qu�au fond, cela n�a servi qu�� manifester ces desseins et � les faire briller avec plus d��clat. Le plan de Dieu �tait de b�nir le ciel et la terre, et ce plan tiendra. Le mal sera banni de la sc�ne, et les m�chants souffriront les terribles cons�quences d�avoir rejet�, en Christ, le Seigneur, la seule Personne bonne et b�nie.

Mais, tandis que la certitude de tout cela a �t� r�v�l�e � la foi avant que Dieu ex�cute ses pens�es, il nous est permis de voir le grave conflit qui se livre dans le monde invisible. La foi est mise ainsi � l��preuve. Daniel devait continuer d�attendre, de mener deuil, de prier, de r�pandre tout devant Dieu. Nous voyons en lui la pers�v�rance de la foi � priant sans cesse. Et combien sa foi ne fut-elle pas r�compens�e! car lorsque l�ange vient, il lui r�v�le ce secret sur l�ordre de l��tre glorieux qui �tait premi�rement apparu � Daniel. C��tait le chef du royaume de Perse qui lui avait r�sist� vingt et un jours; mais Mica�l �tait venu � son aide.

Remarquons aussi que le verset suivant renferme une indication importante, relativement aux principaux objets que Dieu a en vue dans cette proph�tie. Seulement les personnes qui ont beaucoup lu savent combien ce chapitre a �t� tortur� par l�introduction de pens�es humaines, personnelles, cens�es apporter l�explication. Naturellement en toute premi�re ligne on y a introduit le pape. Ensuite on n�a pas manqu� non plus d�y trouver l�audacieux soldat des premiers jours de ce si�cle, Napol�on. En un mot, tout ce qui, dans le monde, a pu pr�senter un int�r�t extraordinaire, on s�est efforc� de le trouver dans le chapitre 11 de Daniel. Le verset 14 du chapitre 10 fait justice de toutes les id�es semblables: �Je suis venu pour te faire comprendre ce qui arrivera � ton peuple � la fin des jours; car la vision est encore pour beaucoup de jours�. Rien de plus clair que ces paroles. Elles sont mises comme une esp�ce de frontispice � la proph�tie, pour faire voir que le peuple juif constitue la grande pens�e de Dieu quant � la terre, et que le sujet principal de cette proph�tie est ce qui doit leur arriver dans les derniers jours. La suite de l�histoire nous y est pr�sent�e presque depuis les jours de Daniel jusqu�au Messie, mais les derniers jours en sont le sujet principal. En g�n�ral la proph�tie peut bien donner des arrhes [�chantillons d�accomplissement partiel] dans un avenir tout proche, mais nous n�en voyons jamais toute la port�e que dans le dernier jour; et alors les pens�es et le plan de Dieu ont toujours pour centre terrestre les Juifs et leur Messie.

Je n�entends point nier que l��glise soit une chose beaucoup plus �lev�e que les Juifs, ni que les relations de Christ avec l��glise soient plus �troites et plus profondes que Ses relations avec les Juifs. Mais vous ne perdez pas Christ et l��glise parce que vous croyez � Son lien avec Isra�l. Bien plus, si vous ne le croyez pas, vous confondez Ses relations avec les Juifs avec vos propres relations avec Christ, et les deux relations sont perdues, quant � une connaissance pr�cise et une pleine jouissance. Cela vient de ce qu�on ne consid�re pas l��criture comme un tout.

On ne pourrait pas tomber dans une pareille erreur, si on lisait le chapitre 10 comme �tant une introduction au chapitre 11. Mais certains lisent l��criture vraiment comme d�autres la pr�chent. On prend quelques mots, et on en fait le th�me d�un discours qui n�a peut-�tre aucun rapport avec le sujet du passage d�o� ces mots sont tir�s, � voire m�me aucun rapport avec aucun autre passage de la Bible. Il est possible que, consid�r�es en elles-m�mes, les pens�es que l�on exprime soient vraies, mais ce dont nous avons besoin, c�est une aide pour comprendre la parole de Dieu dans son ensemble, aussi bien que dans les d�tails. Si vous preniez une lettre d�un ami et que vous vous attachiez seulement � une phrase ou une partie de phrase tir�e du milieu du texte et dissoci�e du reste, comment pourriez-vous la comprendre? Et cependant, ce que renferme l��criture a une port�e et une �tendue infiniment plus vastes que tout ce que nous pourrions �crire nous-m�mes; et, en cons�quence, il devrait y avoir des raisons bien plus fortes de prendre l��criture dans sa port�e et ses relations effectives, que de le faire pour les petites productions de notre esprit. C�est l� la grande cl� des erreurs commises dans l�interpr�tation de l��criture par bien des personnes estimables. Il peut s�agir d�hommes de foi, mais il leur est difficile de s��lever au-dessus de leurs habitudes ordinaires. La proph�tie qui nous occupe montre l�importance du principe sur lequel j�insiste. Prenez les livres ordinaires sur cette proph�tie, � peu importe quand, o�, et par qui ils ont �t� �crits � et vous verrez qu�ils s�efforcent surtout de la rapporter � leur �poque et de la centrer sur elle. La r�ponse � toutes ces vues erron�es est toujours la m�me. Ni Rome, ni la papaut�, ni Napol�on, ne sont l�objet vis� par la proph�tie, mais bien �ce qui arrivera � ton peuple (le peuple de Daniel, les Juifs), aux derniers jours�.

Nous trouvons donc Daniel, exprimant avec humilit� d�esprit son incapacit� � recevoir de telles communications. D�abord, quelqu�un ayant la ressemblance d�un homme touche ses l�vres et il est instruit � parler au Seigneur. Il confesse sa faiblesse, et d�clare qu�il n�a conserv� aucune vigueur. Mais �comme l�aspect d�un homme me toucha de nouveau, et me fortifia, et il dit: Ne crains pas, homme bien-aim�; paix te soit! sois fort, oui, sois fort!� Les hommes sont absolument incapables de profiter de la proph�tie, jusqu�� ce qu�ils soient compl�tement �tablis dans la paix, jusqu�� ce que leurs c�urs connaissent la v�ritable source de la force. Nous voyons ici qu�il faut que Daniel soit mis sur ses pieds, que sa bouche soit ouverte, que ses craintes soient dissip�es avant que l��ternel puisse lui d�voiler l�avenir. Son c�ur doit �tre en parfaite paix dans la force de l��ternel et dans la pr�sence de son Dieu. L�anxi�t� de l�esprit, le manque d�une paix bien �tablie, jouent un r�le beaucoup plus grand qu�on ne le pense dans le peu de progr�s que l�on fait dans l�intelligence d�une bonne partie de la parole de Dieu. Il ne suffit pas d�avoir la vie et l�Esprit de Dieu, mais il faut que la chair soit bris�e et qu�on se repose simplement, paisiblement, dans le Seigneur. Daniel doit traverser toute cette sc�ne, pour �tre dans l��tat convenant � ce qu�il doit apprendre; et dans notre mesure, il en est de m�me de nous. Il faut que nous r�alisions cette m�me paix et cette m�me force dans le Seigneur. Si la venue du Seigneur est un sujet de terreur pour moi parce que je ne suis pas s�r de la position que j�aurai devant lui, comment puis-je sinc�rement me r�jouir qu�elle soit si proche? Il y aura dans mon esprit un obstacle � ce que j�arrive � comprendre clairement la pens�e de Dieu sur ce sujet. La raison de cette incomp�tence n�est pas faute d�avoir appris, mais de ce que l�on n�est pas enti�rement �tabli dans la gr�ce, � que l�on ignore ce que nous sommes en J�sus Christ. Peu importe tout ce qu�on a par ailleurs, rien ne suppl�era � cette triste lacune. Je parle de ceux qui sont vraiment chr�tiens, car quant aux simples savants qui se m�lent de ces mati�res, c�est aussi totalement hors de leur sph�re de comp�tence, que si un aveugle devait discourir sur les couleurs et les beaut�s d�un paysage qu�il ne peut pas voir. �L�homme animal ne re�oit pas les choses qui sont de l�Esprit de Dieu... et il ne peut les conna�tre, parce qu�elles se discernent spirituellement� (1 Cor. 2:14). Ce n�est qu�un scribe de ce si�cle se m�lant de ce qui appartient � un autre monde dont il ne conna�t rien.

Informations bibliographiques
bibliography-text="Commentaire sur Daniel 10". "Commentaire biblique intermédiaire". https://beta.studylight.org/commentaries/fre/cbi/daniel-10.html.