Bible Commentaries
Daniel 7

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versets 1-28

Nous arrivons maintenant � la seconde grande division du livre. L�Esprit de Dieu ne nous y pr�sente pas simplement l�histoire ou les visions de personnages pa�ens, Nebucadnetsar et d�autres, mais les communications faites au proph�te lui-m�me de la part de Dieu. De l� vient que le sujet pr�dominant des pens�es de l�Esprit est ce qui est relatif aux Juifs, objets de la faveur sp�ciale de Dieu � cette �poque l�, et plus particuli�rement ce que Dieu tient en r�serve pour eux pour le jour de la b�n�diction qui est bien proche. Daniel �tait le canal appropri� pour de telles r�v�lations. En cons�quence, l�Esprit reprend le sujet des quatre grands empires Gentils, aussi bien que celui du cinqui�me empire, le royaume des cieux, qui doit �tre introduit par le Seigneur J�sus. Mais les choses sont pr�sent�es ici d�un point de vue diff�rent, quoiqu�en parfaite harmonie avec ce qui pr�c�de. Ici ce n�est point une grande statue commen�ant par ce qui est splendide, l�or et l�argent, et descendant par une d�t�rioration manifeste et progressive au ventre et aux cuisses d�airain, puis aux jambes et aux pieds d�argile. Ici nous avons des b�tes sauvages f�roces. Elles repr�sentent bien les m�mes puissances, mais sous un autre angle. La statue convenait fort bien pour une pr�sentation faite au grand chef de l�empire Gentil, de leurs mutations et relations respectives; mais maintenant, voici le point de vue de Dieu sur ces m�mes puissances, ainsi que leurs relations avec son peuple.

Cette simple consid�ration nous donne la cl� des diff�rentes mani�res selon lesquelles ces puissances sont d�peintes. Dans les d�tails, nous trouverons la sagesse habituelle de ce qui proc�de de la pens�e de Dieu.

Dans sa vision, le proph�te voit une masse d�eau agit�e par les vents des cieux. De cette mer troubl�e sortent quatre b�tes sauvages, successivement; car il est �vident qu�il en est des empires pr�sent�s ici comme de ceux figur�s par les m�taux du chapitre 2: ils ne sont pas contemporains, mais ils se succ�dent l�un � l�autre pour gouverner le monde, selon la providence de Dieu. �La premi�re �tait comme un lion, et elle avait des ailes d�aigle�. Sans aucun doute, nous avons l� l�empire de Babylone. Ce n�est pas non plus nouveau de voir le Saint Esprit appliquer � Nebucadnetsar la figure d�un lion ou celle d�un aigle. J�r�mie l�avait d�j� fait: �Le lion est mont� de son fourr�, et le destructeur des nations s�est mis en chemin� (J�r�mie 4:7). �z�chiel, comme J�r�mie, l�a aussi repr�sent� sous la figure d�un aigle. En J�r�mie 49:19, 22, il est m�me mentionn� � la fois sous l�image du lion et de l�aigle. Dans la vision de Daniel, le Saint Esprit r�unit les deux figures dans un m�me symbole pour repr�senter d�une mani�re appropri�e ce que l�empire babylonien �tait dans la pens�e de Dieu.

Mais, outre ces symboles de la grandeur et de la rapidit� des conqu�tes qu�allait faire la b�te babylonienne, nous trouvons dans la description du proph�te l�indice d�un changement remarquable qui allait affecter cette b�te, et dont, humainement parlant, on ne voyait alors aucun indice. Mais tout est d�couvert aux yeux de Dieu, et son intention, en donnant la proph�tie, est que son peuple voie � l�avance ce qu�il voit lui-m�me. Dans la parfaite sagesse et la parfaite bont� de sa nature, Dieu a trouv� bon d�accorder une mesure de connaissance de l�avenir selon qu�il juge convenable � sa gloire; et un enfant ob�issant �coute et garde la parole de son P�re.

Puis il fait conna�tre au proph�te l�humiliation qui devait atteindre l�empire de Babylone. Il n�allait pas �tre enti�rement d�truit comme nation, mais sous peu, il allait perdre sa position de puissance dirigeante dans le monde. C�est le sens des ailes arrach�es � la b�te, laquelle se dresse ensuite sur ses pieds comme un homme, ce qui lui �te sa force, bien s�r. Si une telle attitude est parfaitement adapt�e pour l�homme, il est �vident que, pour une b�te f�roce, c�est plut�t une humiliation. En harmonie avec cela, nous lisons aussi qu��un c�ur d�homme lui fut donn�. C�est une sorte de contraste avec ce qui arriva � Nebucadnetsar, � qui fut donn� un c�ur de b�te. Ce roi orgueilleux ne regardait pas vers Dieu, ce qui est �videmment le devoir sacr� de toute �me d�homme. Celui qui ne reconna�t pas que Dieu lui a donn� l�existence, veille sur lui et le comble de bienfaits chaque jour, celui-l� n�est pas proprement un homme. Dieu r�clame l�ob�issance de la conscience, et cela seul peut op�rer la conversion du c�ur. Nebucadnetsar nous montre l�homme occup� de lui-m�me. Le don m�me que Dieu lui avait fait de la domination universelle avait �t� perverti par la puissance de Satan, au point que c��tait son moi qui �tait le centre de ses pens�es, non pas Dieu. Selon l�expression vigoureuse de l��criture, son c�ur n��tait pas un c�ur d�homme, regardant en haut, et reconnaissant un �tre au-dessus de lui; mais c��tait un c�ur de b�te, regardant en bas, et ne cherchant que son plaisir et la satisfaction de ses instincts. Tel �tait le cas de Nebucadnetsar, et c�est pourquoi il fut l�objet personnel d�un jugement tr�s solennel. Mais la mis�ricorde de Dieu intervint apr�s un certain temps d�humiliation, et il fut restaur� comme roi. C��tait l� un signe avant-coureur de la condition o� les puissances Gentiles allaient �tre r�duites pour n�avoir pas reconnu le vrai Dieu; mais c��tait aussi un t�moignage � leur restauration et � leur b�n�diction futures, lorsque, bient�t, ces puissances reconna�tront le royaume des cieux. Dans le cas de notre chapitre, le lion tomba dans un �tat de faiblesse apr�s avoir eu la puissance comme b�te. Cela eut lieu effectivement quand Babylone perdit sa supr�matie dans le monde, ce qui semble bien �tre le sens de la derni�re partie du verset. Nous avons donc d�abord Babylone dans la pl�nitude de sa puissance, et ensuite le grand changement op�r� � son �gard lorsqu�elle fut d�pouill�e de l�empire du monde.

Au verset suivant (v. 5), vous trouvez une description de l�empire des Perses qui avait �t� repr�sent� dans la grande statue par �la poitrine, et les bras d�argent�. �Et voici une autre, une seconde b�te, semblable � un ours, et elle se dressait sur un c�t�. Trait remarquable qui, � premi�re vue, peut ne pas para�tre bien clair, mais qui se trouve expliqu� par cette consid�ration que ce n��tait pas un empire aussi uniforme que celui de Babylone. Il �tait compos� de deux peuples r�unis sous un seul chef. Voici un autre trait remarquable: celui de ces deux royaumes qui �tait inf�rieur � l�autre pr�domina. Les Perses pr�valurent sur les M�des. C�est ainsi que nous avons vu, dans le chapitre 5, Darius le M�de prendre le royaume; mais Cyrus lui succ�da bient�t, et � partir de ce moment ce furent toujours les Perses qui gouvern�rent, non pas les M�des.

Ceci est donc une nouvelle preuve de ce que nous avons dit plus haut, que nous n�avons r�ellement aucun besoin de l�histoire pour comprendre la proph�tie. C�est pour avoir m�connu cette v�rit�, que beaucoup de gens sont plong�s dans l�incertitude. Nous pouvons recourir � l�histoire comme par hommage rendu � la proph�tie; mais la confirmation par l�histoire de l�accomplissement de la proph�tie est une chose tr�s diff�rente de son interpr�tation. La proph�tie, comme toute l��criture, n�est expliqu�e que par l�Esprit de Dieu; Lui n�a pas besoin de laisser la Parole �crite ni de recourir � l�aide de l�homme pour expliquer ce qu�il a inspir�. Il n�y a que l�Auteur de l��criture qui soit r�ellement capable de l�expliquer. Je ne devrais pas avoir besoin d�insister sur cela, vu que c�est un principe de v�rit� �l�mentaire, mais aujourd�hui, on n�a jamais eu autant besoin d�insister sur les principes �l�mentaires de la v�rit�.

L��criture nous fournit donc ici ce fait manifeste que, tandis que le second empire se composait de deux parties, et que les M�des formaient la branche la plus ancienne de l�empire, c�est n�anmoins Cyrus le Perse qui allait pr�dominer. C��tait l� le c�t� sur lequel la b�te se tenait. �Elle avait trois c�tes dans sa gueule, entre ses dents�; signe bien clair, � mon avis, de la rapacit� extraordinaire qui a caract�ris� l�empire Perse. Si nous voyions devant nous diff�rents animaux selon un panorama, et que l�un d�eux soit repr�sent� en train de d�vorer beaucoup de proies, n�aurions nous pas tout de suite � l�esprit l�id�e d�un app�tit singuli�rement vorace? Tels �taient les Perses, qui eurent maintes fois � tenir t�te � des soul�vements caus�s par leurs extorsions et leur cruaut�. Il est vrai que, par leur moyen, la providence de Dieu op�ra en faveur des Juifs; mais cela ne faisait qu�un contraste d�autant plus marqu� avec leurs habitudes ordinaires; tandis que les Perses �taient extr�mement durs envers les autres peuples, ils se montr�rent doux et favorables � l��gard d�Isra�l; mais, je le r�p�te, ce n��tait qu�une exception. En g�n�ral, leur vrai caract�re �tait bien d�peint par l�image d�une b�te f�roce et avide. C�est ce qu�on a avec l�ours ayant trois c�tes dans sa gueule, entre les dents � une illustration directe de ses penchants voraces. �Et on lui dit ainsi: L�ve-toi, mange beaucoup de chair�. Ces paroles expliquent la vision; elles sont une allusion �vidente � leurs habitudes pillardes.

En troisi�me lieu, vient un l�opard avec quelques traits remarquables, bien qu�il ne faille pas chercher de la r�gularit� ou de l�homog�n�it� dans les descriptions. Chaque figure illustre certaines v�rit�s; mais si on veut harmoniser formellement tous les d�tails, on n�y arrive pas. Ainsi, pour ce l�opard, rien dans la nature n�y ressemble; mais Dieu emprunte � diverses choses existant s�par�ment des traits qu�Il combine pour donner une id�e de ce qu��tait ce nouvel empire. Aussi, tandis que le l�opard est d�j� remarquable par son agilit� dans la poursuite de ses proies, il est rajout�, en vue de faire penser � quelque chose d�extraordinaire, qu�il avait �quatre ailes d�oiseau sur son dos�. Si jamais il y a eu un cas o� l�imp�tuosit� du courage dans la poursuite de grands desseins ait �t� unie � la rapidit� d�ex�cution de conqu�tes en s�rie, c�est � coup s�r dans l�histoire d�Alexandre le Grand qu�on le trouve. Le royaume grec ou mac�donien porte un caract�re de rapidit� qu�aucun autre n�a jamais eu; c�est pour cette raison qu�il est symbolis� d�un c�t� par le l�opard et de l�autre par les quatre ailes d�oiseau.

Mais de plus, �la b�te avait quatre t�tes; et la domination lui fut donn�e�. Ce trait ne nous montre pas simplement Alexandre, mais aussi ses successeurs. Les quatre t�tes signalent la division de son royaume en quatre parties apr�s sa mort. Nous avons donc ici des symboles de l�empire grec non seulement dans son �tat d�origine, mais aussi dans ses �tats ult�rieurs. C��tait vraiment l�empire lui-m�me qui �tait divis� en quatre. Il n�y a pas eu exactement quatre parties seulement, car � un certain moment, les g�n�raux d�Alexandre se sont divis�s, et six d�entre eux r�gn�rent sur six parties diff�rentes; mais peu � peu elles se ramen�rent � quatre. Nous l�apprenons par le chapitre suivant, et nous n�avons nul besoin de recourir � l�histoire pour cela.

Sans aucun doute, tout ce qui est fait ou science doit confirmer la parole de Dieu; mais en face d�eux, cette parole n�a pas � prouver qu�elle est divine. Autrement, qu�adviendrait-il de ceux qui ne comprennent rien � la science ou � l�histoire? Les personnes qui s�adonnent beaucoup � l�une ou � l�autre en vue de confirmer les �critures, n�ont jamais glan� que de mis�rables �pis, en comparaison de la moisson si riche qu�on peut faire dans l��criture. C�est tout autre chose, si se nourrissant de la Parole, et croissant dans la connaissance de l��criture, on est plac� devant ce que les hommes en disent au cours de l�accomplissement de nos obligations. Il n�y a rien, m�me dans les d�couvertes les plus r�centes de la science, qui ne rende involontairement hommage � l��criture. Le croyant qui se base fermement sur l��criture, qui compte sur Dieu et fait usage de tous les moyens de Sa parole et de Son Esprit, a un r�el avantage: sa confiance est en Dieu, et non dans les d�couvertes ou les pens�es des hommes. L�homme qui cherche ici-bas est expos� � toute l�incertitude et � tous les brouillards de ce bas monde. Mais celui qui s��claire � la lumi�re de la parole de Dieu, poss�de un soleil plus brillant qu�en plein midi; aussi ne court-il pas le risque de s��garer, pour autant qu�il reste soumis � cette lumi�re. Et l�Esprit de Dieu peut et veut produire en nous cette soumission. De fait, nous errons tous plus ou moins; mais la faute n�en est point � quelque d�faut entachant la parole de Dieu, ni � quelque manque de puissance du Saint Esprit pour enseigner. Toutes nos erreurs proviennent du manque d�une foi simple en la perfection de l��criture et en la direction b�nie de l�Esprit qui aime � nous conduire dans toute la v�rit�.

Avec le verset suivant (v. 7), commence une autre vision; car les six premiers versets constituent une m�me section ou vision, et les deux sont introduites par les m�mes mots: �Je vis dans les visions de la nuit�. Daniel contemple d�abord les quatre b�tes d�une mani�re g�n�rale; et si quelques d�tails sont donn�s, c�est sur les trois premi�res. Mais la quatri�me est �videmment celle qui occupait d�une fa�on plus particuli�re la pens�e du Saint Esprit, et en cons�quence le proph�te y revient: �Apr�s cela je vis dans les visions de la nuit, et voici une quatri�me b�te, effrayante et terrible et extraordinairement puissante, et elle avait de grandes dents de fer�. Ici, �videmment, la proph�tie nous donne une figure du quatri�me empire, ou empire romain. Je ne veux pas aborder maintenant les nombreuses preuves qui l��tablissent. Parmi les lecteurs de ces pages, il ne s�en trouvera gu�re pour combattre la pens�e que les quatre empires bien connus correspondent � la statue du chapitre 2 et aux b�tes du chapitre 7. Quelques-uns l�ont bien ni�, mais c�est une id�e tellement bizarre, qu�il n�y a pas lieu de s�y arr�ter.

Ceci �tant admis, la quatri�me b�te repr�sente donc ouvertement l�empire romain. Ce qui le caract�rise sous le rapport politique, c�est une force � laquelle rien ne r�siste. Il est figur� par un monstre sans pareil dans la nature. L�Apocalypse nous le d�crit plus compl�tement, parce que l�empire romain �tant �tabli alors, et sa destin�e future menant jusqu�� la fin du temps, il devenait l�objet exclusif de l�attention � c��tait v�ritablement la b�te. C�est pourquoi le chapitre 13 nous en fournit une description, et nous l�y trouvons repr�sent� comme �un l�opard, ses pieds comme ceux d�un ours, et sa bouche comme la bouche d�un lion�. Et cette cr�ature composite se distingue encore (v. 1) par le fait qu�elle a sept t�tes et dix cornes, et sur ses cornes dix diad�mes. C��tait la puissance sous laquelle, en ce m�me temps, Jean souffrait dans l��le de Patmos; et comme de plus grandes souffrances �taient en r�serve pour le peuple de Dieu, ainsi que des blasph�mes contre Dieu, nous ne nous �tonnons pas d�avoir une description d�taill�e de cette puissance.

Elle appara�t ici comme �une quatri�me b�te, effrayante et terrible et extraordinairement puissante, et elle avait de grandes dents de fer: elle d�vorait et �crasait; et ce qui restait, elle le foulait avec ses pieds�. Autrement dit, c��tait une puissance sans pareil pour faire des conqu�tes et s�agrandir, et pour fouler et g�ter pour les autres ce qu�elle n�incorporait pas � sa propre substance. �Elle �tait diff�rente de toutes les b�tes qui �taient avant elle�. Cet empire maintenait un sentiment profond de la volont� de l�homme � de la volont� du peuple; il combinait certains �l�ments r�publicains avec un despotisme de fer aussi absolu qu�aucun despotisme ayant jamais domin� dans ce monde. Chacun de ces deux principes, l��l�ment despotique et l��l�ment r�publicain fonctionnaient de mani�re distincte, mais en harmonie apparente.

Mais ce n�est pas tout. La b�te a un autre caract�re tr�s marqu�: �elle avait dix cornes�. Il n�en �tait pas ainsi dans les autres empires. Apr�s la mort de son fondateur, l�empire grec se partagea progressivement entre quatre chefs; mais le trait particulier de l�empire romain, c�est d�avoir dix cornes. Il n�y a pas � chercher de d�veloppement historique dans cette vision, autrement les dix cornes ne seraient pas apparu dans la b�te romaine quand le proph�te la vit pour la premi�re fois: en fait ce n�est qu�apr�s plusieurs si�cles d�existence comme empire que Rome a eu plus d�un chef. Il est �vident que l�Esprit de Dieu, d�s la toute premi�re apparition de la b�te, introduit ses caract�res de la fin, non point ceux de son commencement. Elle �tait forte et orgueilleuse, elle d�vorait, elle foulait � ses pieds ce qui restait, elle �tait diff�rente de toutes les autres. Rome a pu r�aliser tous ces traits sous le r�gne des C�sars; mais alors, elle n�avait pas dix cornes. Impossible de pr�tendre les trouver avant la dislocation de l�empire; et apr�s, l�empire romain a plut�t cesser d�exister pour parler avec exactitude. Le titre d�empereur a pu �tre maintenu, mais c��tait une coquille vide. Comment pourrait-on consid�rer cette proph�tie comme accomplie, puisqu�aussi longtemps que l�empire a exist� dans sa forme non divis�e, il n�y a pas eu de cornes, et qu�inversement, l�empire, comme tel, a cess� d�exister une fois qu�il s�est disloqu� en plusieurs royaumes distincts? Comment concilier ces deux faits? Car il ressort clairement de ce que nous lisons ici qu�une b�te est tout autre chose qu�une corne. La b�te repr�sente l�unit� imp�riale. Or � Rome, tant que l�empire a subsist�, il n�y a pas eu dix cornes, et lorsque les royaumes distincts sont apparus, l�unit� imp�riale a disparu.

Comment se fait-il donc que la proph�tie r�unit ces deux choses? � mon avis, l�Esprit de Dieu visait � l�avance la derni�re phase de l�empire romain, quand ces deux traits appara�tront de nouveau, mais cette fois, r�unis. Cette derni�re phase se termine par un jugement divin, selon qu�il est �crit un peu plus bas: �Je vis jusqu�� ce que les tr�nes furent plac�s1, et que l�Ancien des jours s�assit. Son v�tement �tait blanc comme la neige, et les cheveux de sa t�te, comme de la laine pure; son tr�ne �tait des flammes de feu; les roues du tr�ne, un feu br�lant�. Il est �vident que nous avons l� une figure de la gloire divine dans l�exercice du jugement; ce n�est pas simplement quelque voie de la providence de Dieu sur la terre, mais c�est bien le processus de jugement que Dieu va mettre en place. �Un fleuve de feu coulait et sortait de devant lui. Mille milliers le servaient, et des myriades de myriades se tenaient devant lui. Le jugement s�assit, et les livres furent ouverts�. Quelque soit la p�riode � laquelle on estime que ces choses auront lieu, il est manifeste qu�il s�agit de jugement divin. �Je vis alors, � cause de la voix des grandes paroles que la corne prof�rait, � je vis jusqu�� ce que la b�te fut tu�e; et son corps fut d�truit et elle fut livr�e pour �tre br�l�e au feu�. La corne � laquelle il est fait ici allusion est la onzi�me, celle qui s��leva parmi les dix. C��tait cette petite corne qui commen�a par de petits commencements; puis, d�une mani�re ou de l�autre, elle trouva le moyen d�arracher trois des premi�res cornes, et ult�rieurement, elle devint le guide et le gouverneur de la b�te tout enti�re. �Je vis alors, � cause de la voix des grandes paroles que la corne prof�rait�, non pas �jusqu�� ce que la corne fut renvers�e�, mais �jusqu�� ce que la b�te fut tu�e�. De sorte que cela implique que cette petite corne �tait parvenue � gouverner toute la b�te.

1 traduction confirm�e par les meilleures traductions anciennes et modernes

Le verset que nous avons sous les yeux montre qu�un jugement divin et destructif devait atteindre cette petite corne et la b�te. Ce jugement a-t-il eu lieu? �videmment non. Il est manifeste, en effet, que, dans tout ce qui est arriv� � l�empire romain dans les si�cles pass�s, on ne voit rien d�autre que le cours ordinaire des choses dans la marche et le d�clin d�une grande nation. Les hordes barbares le d�chir�rent, et des royaumes distincts se form�rent; mais c�est d�une tout autre choses que la proph�tie nous parle: elle annonce un jugement qui s�ex�cutera sur la b�te d�une mani�re enti�rement diff�rente de ce qui a eu lieu pour les autres b�tes; ce jugement sera m�me en contraste avec celui des autres b�tes. �Je vis jusqu�� ce que la b�te fut tu�e; et son corps fut d�truit et elle fut livr�e pour �tre br�l�e au feu. Quant aux autres b�tes, la domination leur fut �t�e; mais une prolongation de vie leur fut donn�e, jusqu�� une saison et un temps�. Autrement dit, il existe encore maintenant des restes des Chald�ens, ou des races ainsi appel�es; la Perse est rest�e un royaume, et ces derni�res ann�es les Grecs en ont aussi constitu� un. Ces pays existent donc, mais non pas dans la forme de puissance imp�riale; ce sont des ethnies qui repr�sentent plus ou moins ces anciens empires, mais leur �tendue est moindre, et ils n�ont plus la domination qu�avaient ces empires. Tel est le sens du verset 12. La domination leur a �t� �t�e comme gouverneurs du monde; mais �une prolongation de vie leur fut donn�e, jusqu�� une saison et un temps�.

Il en est bien autrement pour le dernier empire quand arrive l�heure de son jugement. Les trois premiers, nous l�avons vu, perdent leur dignit� imp�riale; mais, on peut dire qu�ils existent encore. En ce qui concerne le quatri�me empire au contraire, la fin de sa domination et sa destruction ont lieu en m�me temps. �La b�te fut tu�e; et son corps fut d�truit et elle fut livr�e pour �tre br�l�e au feu�.

Qui peut mettre en doute qu�il s�agit l� de la m�me sc�ne que celle du chapitre 19 de l�Apocalypse, o� nous lisons: �Et je vis la b�te, et les rois de la terre, et leurs arm�es assembl�es pour livrer combat � celui qui �tait assis sur le cheval et � son arm�e�. Le proph�te-ap�tre �tait arriv� au temps de la derni�re b�te: les trois autres �taient ant�rieures dans la r�v�lation divine; elles avaient eu leur jour, et il ne restait plus que la derni�re. Par cons�quent, quand Jean dit: �la b�te�, nous devons comprendre �l�empire romain�. Cette b�te donc et les rois de la terre font la guerre au Seigneur. �Et la b�te fut prise, et le faux proph�te qui �tait avec elle, qui avait fait devant elle les miracles par lesquels il avait s�duit ceux qui recevaient la marque de la b�te, et ceux qui rendaient hommage � son image. Ils furent tous deux (remarquez cela) jet�s vifs dans l��tang de feu embras� par le soufre�. Or ceci est tr�s remarquable, parce que l��tang de feu de l�Apocalypse correspond en Daniel au jugement du feu br�lant le corps de la b�te; seulement l�Apocalypse nous expose la chose d�une mani�re plus compl�te; ce n��tait pas un simple contr�le exerc� sur les circonstances, mais un acte de la puissance divine qui les jette tout droit dans l�enfer, sans qu�un jugement pr�alable soit n�cessaire; car ce qu�il en �tait d�eux �tait parfaitement clair. Pris sur le fait en train de s�opposer ouvertement au Seigneur de gloire, ils sont jet�s dans l��tang de feu. A-t-on jamais rien vu de semblable avec l�empire romain? Bien s�r que non. Quoi donc? L�empire romain a disparu; car voil� mille ans et plus que c�en est fini de son existence, sauf sous forme d�un titre insignifiant que les ambitieux se sont disput�s. Plusieurs royaumes distincts se sont substitu�s � l�unit� de l�empire romain.

Mais que trouvons-nous ici? La r�apparition de l�empire romain. Et cela s�accorde parfaitement avec d�autres parties de la parole de Dieu. Il y a en Apocalypse une expression remarquable � laquelle on a fait allusion plus d�une fois. C�est en Apocalypse 17, v. 8 et suivants: �la b�te qui �tait, et qui n�est pas, et qui sera pr�sente�. Je ne sais pas comment des traducteurs ont pu dire: �Et qui toutefois est�. Cette expression n�a m�me pas de sens, et la pens�e r�elle de l��criture est particuli�rement simple. Il n�y a aucune �nigme � chercher ici. L�empire romain devait avoir trois phases: d�abord sa forme imp�riale originelle, lorsque Jean souffrit sous le dernier des C�sars. Ensuite, son �tat de non existence, � partir du cinqui�me si�cle, quand les Goths, les Vandales, etc., amen�rent sa dissolution: c�est sa condition actuelle. Mais il reste une troisi�me phase, la derni�re, sous laquelle il doit �tre en opposition ouverte contre Dieu et contre l�Agneau. Telle est la destin�e future de l�empire romain. Il doit �tre reconstitu�, et surgir de nouveau en tant qu�empire, et dans cette derni�re condition, il combattra contre Dieu, pour sa ruine. Et remarquez comment cela laisse place libre pour le point que je d�sirais �claircir. Nous n�aurions pas pu trouver dans le pass� les dix cornes, pas plus que la b�te; mais nous le pouvons dans l�avenir, et c�est ce que pr�sente la sc�ne d�Apocalypse 17: �Les dix cornes que tu as vues sont dix rois qui n�ont pas encore re�u de royaume�. Mais, est-il ajout�, �ils re�oivent pouvoir, comme rois, une heure avec la b�te�. De telle sorte que lors de la r�apparition de la b�te, on lui verra ce trait singulier: malgr� une grande t�te de l�unit� imp�riale, cela n�exclura pas pour autant des royaumes distincts. On trouvera encore les rois de France, d�Espagne, etc. Qu�on ne suppose point que parler ainsi, c�est vouloir faire le proph�te. Le vrai moyen d��tre gard� d�une telle pr�somption, c�est d��tudier la proph�tie. En �tudiant la proph�tie, on apprend ce que Dieu d�clare; en faisant le proph�te, on ne fait qu��mettre ses propres pens�es. Dans le passage qui nous occupe, il ne s�agit ni d�un empire sans les dix rois, ni de dix rois sans l�empire, mais la combinaison de ces deux choses. On y trouve l�unit� imp�riale qui correspond � la b�te, en m�me temps que ces rois distincts; c�est leur coexistence qui forme le trait caract�ristique de l�empire romain en sa derni�re phase: c�est vers cela que tout tend aujourd�hui.

Le proph�te vit la derni�re condition de l�empire avec ses dix cornes: �Je consid�rais les cornes, et voici une autre corne, petite, monta au milieu d�elles, et trois des premi�res cornes furent arrach�es devant elle. Et voici, il y avait � cette corne des yeux comme des yeux d�homme, et une bouche prof�rant de grandes choses�. Certains ont eu l�habitude d�appliquer tout ceci au pape. Sans aucun doute, le pape �tait extr�mement oppos� � quiconque appr�ciait la parole de Dieu. Mais nous devons toujours prendre garde, lorsque nous lisons l��criture, de ne pas trop chercher � appliquer la parole de Dieu � ce qui se rencontre sur notre chemin, ou � ce que nous pouvons juger �tre extr�mement mauvais, � comme le pape et le papisme le sont bien certainement. Il nous faut toujours rechercher soigneusement ce que Dieu veut dire dans Sa parole. Il est vrai qu�il y a une analogie notable entre la papaut� et la petite corne. Il peut avoir �t� l�intention de Dieu qu�� certaines �poques, ses enfants souffrant de la papaut� trouvent quelque secours et quelque encouragement dans cette interpr�tation de l��criture. Ce changement des saisons et de la loi en particulier, dont parle le verset 25, aussi bien que les grandes paroles et la pers�cution des saints, peuvent avoir eu un accomplissement dans ce qu�a fait la papaut�, notamment ses canons, ses bulles et son influence politique. Mais il reste toujours � demander si c�est l� la compl�te signification et la port�e propre de la proph�tie.

Prenez, par exemple, Matthieu 24: On y trouve le commencement de douleurs; puis l�abomination de la d�solation �tablie dans le saint lieu, et un avertissement � fuir J�rusalem; une tribulation sans pareille, etc. Je puis comprendre que tout cela peut trouver une application, dans une mesure, lors de la destruction de J�rusalem par Titus. Mais qui dira que cet �v�nement est tout ce que le discours de notre Seigneur avait en vue, et en r�alise la pleine signification? Il est impossible de le penser, pour peu qu�on examine attentivement ce chapitre. Lorsque Dieu donne une proph�tie, il permet tr�s souvent qu�il y ait une sorte de pr�lude � son accomplissement; mais nous ne devons jamais y voir l�ach�vement de la proph�tie. L�empire romain est tomb�, et de sa chute surgit une puissance, nouvelle et singuli�re, pleine de pr�tentions religieuses, et s��levant contre Dieu. Soutenir que c�est l� le plein accomplissement de la proph�tie, serait une aussi grande erreur que de supposer que Dieu n�y a jamais fait aucune allusion. Il devait y avoir l�Islam en Orient, et la papaut� en Occident; mais la question revient toujours: Est-ce l� tout le message du Saint Esprit? Je dis non, pour la raison d�j� donn�e, que si l�on consid�re l�histoire de la papaut�, la b�te avait disparu lorsque le pape a pris place.

Il y a plus encore: le pape n�a jamais acquis trois des dix royaumes. Il a pu recevoir le patrimoine de Pierre, mais il est toujours rest� politiquement un petit pouvoir, avec un territoire minime. Au lieu d�acqu�rir trois des dix royaumes, toute son importance est issue de la s�duction spirituelle qu�il a exerc�e sur les �mes des hommes. Il ressort donc clairement de ce que nous venons de dire que le Pape n�a jamais eu une puissance, petite dans ses commencements, puis s��levant et renversant trois puissances plus grandes, pour acqu�rir par l� toute leur domination. Ainsi donc, quoiqu�il existe quelque ressemblance entre le pape et la petite corne, il y a assez de diff�rence pour d�cider qu�elles sont tout � fait distinctes.

L�empire existe dans la pl�nitude de sa force au temps o� apparaissent les dix cornes et la petite corne. Plus tard, cette derni�re s�agrandit et gouverne la b�te tout enti�re. � l�oppos�, le pape a perdu depuis longtemps la moiti� de son influence en Europe, et il a �t� d�pouill� de la majeure partie de ses possessions italiennes; nul ne peut dire quel sera le r�sultat de tout le travail qui se fait maintenant dans les faits et dans les id�es.

La puissance que nous pr�sente ici la proph�tie est une puissance tr�s forte qui assujettit les dix cornes. L�Apocalypse nous apprend que l�ensemble des dix rois s�accordent pour donner leur puissance et leur force � la b�te. Dieu abandonne tout parce que c�est le temps o� il y aura une �nergie d�erreur, et o� les hommes croiront au mensonge. On peut en conclure, non pas que ceci est sans rapport avec la papaut�, mais plut�t que son plein accomplissement est encore futur. L��criture est claire que l�empire romain, qui a cess�, r�appara�tra, et sera un instrument du faux proph�te pour donner son support � la derni�re grande entreprise de Satan contre le Seigneur J�sus Christ.

Nous lisons dans Daniel que cette petite corne renverse trois puissances. Son caract�re moral nous est ensuite d�crit. Elle a des yeux semblables aux yeux d�un homme, et une bouche qui prof�re de grandes choses. C�est un personnage remarquable par son immense intelligence � non pas par sa force brutale. La description qui nous en est faite contraste avec celle que l��criture nous donne du Seigneur, et de l�Agneau immol� caract�ris� par sept cornes et sept yeux � c�est-�-dire la perfection de l�intelligence et de la puissance. Il n�en est pas ainsi de la b�te. Ext�rieurement, la puissance a l�air beaucoup plus grande. Elle a dix cornes au lieu de sept, un monstre au lieu d�une perfection. C�est une sorte d�exag�ration grotesque de la puissance et de la sagesse de Christ que s�arrogera ce m�chant, anim� par Satan. Vient alors sa destruction � cause de ses terribles blasph�mes contre Dieu.

Voil� maintenant une nouvelle vision (v. 13, 14) en contraste avec les puissances repr�sent�es par les b�tes f�roces. C�est un personnage �comme un fils d�homme�; cela rappelle la pierre d�apparence insignifiante du chapitre 2, qui frappa la grande statue, et la r�duisit en pi�ces, de la t�te aux pieds. Ici le �Fils de l�homme vint avec les nu�es des cieux, et il avan�a jusqu�� l�Ancien des jours, et on le fit approcher de Lui�. L�Ancien des jours repr�sente Dieu comme tel, �celui qui est haut �lev� et exalt�, qui habite l��ternit� (�s. 57:15). Dans l�Apocalypse, ces deux gloires [de fils d�homme et d�Ancien des jours] sont r�unies en un dans la personne de Christ. Le chapitre 1 d�Apocalypse nous montre quelqu�un comme le Fils de l�homme; mais lorsque nous arrivons � la description de sa personne, quelques-uns de ses traits sont exactement les m�mes que ceux attribu�s ici � l�Ancien des jours, dont il est dit que son v�tement �tait blanc comme la neige, et les cheveux de sa t�te �taient comme de la laine blanche, etc. Le proph�te juif voit Christ simplement comme homme; le proph�te chr�tien le voit comme homme, mais aussi comme Dieu.

�Et on lui donna la domination, et l�honneur, et la royaut�, pour que tous les peuples, les peuplades et les langues, le servissent. Sa domination est une domination �ternelle, qui ne passera pas, et son royaume, un royaume qui ne sera pas d�truit�. Le royaume ne lui sera point �t�, et un autre royaume ne succ�dera point au sien. Ce sera un royaume �ternel, au sens qu�il durera autant que le monde; car, au sens strict, il ne s�agit pas d�une sc�ne �ternelle. Les proph�tes juifs montrent le mill�nium; mais ils ne r�v�lent pas, comme le Nouveau Testament, ce qui sera lorsque toutes choses auront �t� assujetties � Dieu, au P�re lui-m�me, quand Dieu sera tout en tous. Ceci �tait tenu en r�serve pour un autre temps, et l�Apocalypse en assure le suivi de la mani�re la plus b�nie au ch. 21 v. 1-8.

Pr�cis�ment, � ce sujet, remarquez, un point de quelque importance. La derni�re partie du chapitre comprend des explications; mais nous ne devons jamais supposer que les explications fournies par l��criture se bornent simplement � ce qui a d�j� �t� communiqu�. Ainsi font les hommes dans leurs ouvrages, mais les explications que Dieu donne apportent toujours quelque v�rit� nouvelle. C�est l� une consid�ration importante. Pour ne pas l�avoir compris, on a suppos� que le royaume de Christ �tait simplement la domination conf�r�e aux saints. Il doit y avoir le royaume du Fils de l�homme et le royaume de son peuple; mais assur�ment il faut bien nous garder de croire que cela signifie le r�gne des saints dans un sens figur�, � l�exclusion du Fils de l�homme. L�explication introduit les saints, ce que la vision ne fait pas. Si vous r�duisez l�explication � l��quivalent de la vision, vous ne faites rien moins que nier le r�gne personnel de Christ. Mais le principe est aussi faux que la d�duction qu�on en tire.

Au verset 17, la personne � laquelle s�adresse le proph�te lui dit: �Ces grandes b�tes, qui sont quatre, sont quatre rois qui surgiront de la terre�. Leur origine �tait purement terrestre. Il n�y a pas la moindre contradiction entre cette origine terrestre et ce dont nous informe le verset 2, savoir qu�elles montaient de la mer. La raison pour laquelle elles sont dites s��lever de l�, c�est que la mer est le symbole d�une masse d�hommes en �tat d�anarchie politique. Les empires s��l�vent du sein de telles conditions troubl�es et agit�es des peuples. Voyez-en un exemple dans l�empire fran�ais. Une r�volution avait renvers� l�ancien syst�me de gouvernement; vint ensuite un �tat de grande confusion semblable � celui de la mer boulevers�e par les vents, et il en sortit un empire. Les quatre grands empires ont eu une telle origine; ils sont sortis d�un �tat de choses pareil dans le monde. C�est aussi, � tr�s peu de chose pr�s � la m�me �poque qu�il faut faire remonter leurs commencements � tous quatre. Sans doute il y eut une diff�rence immense, quant au degr� du d�veloppement, entre les peuples de l�Orient et ceux de l�Occident. Comparativement, les puissances occidentales �taient seulement au berceau; mais on pouvait remonter au commencement de toutes ces diverses puissances, essentiellement � la m�me date, et au m�me �tat de confusion et d�anarchie. Il semble que ce soit l� le sens du fait qu�elles venaient de la mer.

Mais le verset 17 nous apprend qu�elles s��l�vent sur la terre. Elles n�ont pas une origine c�leste. La mer indiquait simplement qu�elles surgissaient d�un �tat pr�alable de trouble et de confusion dans la soci�t�: telle �tait leur origine sous le rapport des voies de la providence de Dieu. Mais ce verset-ci envisage leur origine morale comme �tant purement terrestre, en contraste avec le Fils de l�Homme qui vient avec les nu�es du ciel. Ce qui est dit dans le verset suivant, 18, rend cela encore plus manifeste: �Et les saints des lieux tr�s hauts recevront le royaume, et poss�deront le royaume � jamais, et aux si�cles des si�cles�. Cette expression �les lieux tr�s hauts� a donn� naissance � celle des �lieux c�lestes� que l�on trouve dans le Nouveau Testament. Elle est la m�me, soit qu�il s�agisse de nos b�n�dictions (�b�nis de toute b�n�diction spirituelle dans les lieux c�lestes en Christ� en �ph�siens 1:3), soit qu�il s�agisse des ennemis dans les �lieux c�lestes� (�ph�siens 6:12). Les saints des lieux c�lestes, c�est-�-dire probablement les saints de Dieu en connexion avec les lieux c�lestes, recevront le royaume. C�est l� que se trouve le contraste. S�agissant des quatre grandes puissances, ce qu�on pouvait en dire, quant � leur origine politique, c�est qu�elles s��levaient d�un �tat de choses confus et d�sordonn� dans le monde [la mer, 7:3]; ou, quant � leur origine morale, qu�elles n��taient pas du ciel [de la terre, 7:17]. D�un autre c�t�, vous avez dans �les saints des lieux c�lestes� ceux qui sont destin�s � recevoir le royaume qu�ils poss�deront � toujours.

Cette consid�ration ajoute une v�rit� importante au fait que le Fils de l�Homme obtient le royaume. Lorsque la domination lui est donn�e, il ne prendra pas le royaume tout seul: tous ceux qui, dans tous les �ges, auront attendu ce royaume, viendront avec lui. Ce sera le temps o� il manifestera ses saints ressuscit�s, le temps o� Abraham, �noch, David, tous ceux qui, quels qu�ils soient, l�auront connu par la foi, seront l� dans leurs corps chang�s et glorifi�s, et ils r�gneront avec lui. �Ne savez-vous pas, dit l�ap�tre, que nous jugerons le monde?� Il doit s�agir clairement du royaume du Fils de l�Homme. En effet, s�il n��tait question que d�aller au ciel pour �tre avec Christ, ce ne serait point juger le monde. Ainsi m�me s�il vrai que nous irons au ciel, ce n�est pas tout. �Ne savez-vous pas que nous jugerons les anges?� Si nous ne l�avons pas appris, d�o� cela vient-il? Le royaume a �t� oubli�, si cette v�rit� n�a pas �t� l�objet de notre attente. Et remarquez son importance pratique. Le fait m�me que vous ne la connaissez pas prouve qu�il vous manque quelque chose dont Dieu fait grand cas. Comment Dieu s�en sert-il dans la premi�re �p�tre aux Corinthiens? Il s�en sert pour reprocher aux saints le fait de porter leurs diff�rends devant le monde. Ne savez-vous pas, leur dit-il en raisonnant avec eux, que vous �tes appel�s � cette place de dignit�? Ce n�est pas simplement que vous l�aurez bient�t; mais Dieu veut la faire conna�tre de mani�re certaine � la foi, d�s maintenant. Comme un h�ritier d�un royaume est instruit et pr�par� pour le tr�ne qu�il doit occuper, de m�me Dieu �duque ses saints maintenant pour avoir part au royaume du monde qui, de droit, appartient � Christ. C�est une v�rit� de Dieu r�v�l�e que le royaume du monde sera celui de notre Seigneur et de Son Christ; mais quand il r�gnera, les saints r�gneront aussi.

Qui sont les saints des lieux c�lestes? Ceux dont le c�ur est en haut avec Christ � ceux qui seront convertis avant que Christ vienne et qu�il gouverne un peuple rassembl� sur la terre � ceux qui dans les �ges pass�s sont morts en Christ, ou qui maintenant attendent Christ � ceux aussi qui passeront par la grande tribulation. Tous ceux-l� sont des saints des lieux tr�s hauts. Ils sont en contraste avec d�autres; car lorsque Christ viendra pour r�gner, il y aura des saints qui seront b�nis sur la terre. Ce sera l� aussi une grande moisson, et le Seigneur introduira ces saints dans toutes les b�n�dictions promises pour son royaume. Mais quant � nous, nous sommes choisis en Christ avant la fondation du monde, et nous r�gnerons au-dessus de la terre. Ce royaume-l� est distingu� du royaume et de la domination sous tous les cieux. Il y a une certaine classe de saints qui se trouvent dans les cieux, mais il est parl� d�une autre qui est ici-bas. Le royaume sera donn� au peuple des saints des lieux tr�s hauts. Ce peuple comprend une partie des personnes sur lesquelles les saints r�gneront. �Ne savez-vous pas, dit l�ap�tre Paul en insistant l�-dessus, que les saints jugeront le monde?� Et en conformit� avec cette d�claration, nous avons dans cette proph�tie �le peuple des saints des lieux tr�s hauts� comme une classe particuli�re.

Ce chapitre renferme beaucoup de d�tails dans lesquels je ne suis pas entr�. Je dois pourtant dire quelques mots de la description de la conduite perverse de la petite corne, quoique ce ne soit pas dans l�ordre. Nous lisons au verset 20 qu�elle �avait des yeux, et une bouche prof�rant de grandes choses, et dont l�aspect �tait plus grand que celui des autres. Je regardais; et cette corne fit la guerre contre les saints, et pr�valut contre eux, jusqu�� ce que l�Ancien des jours vint, et que le jugement fut donn� aux saints des lieux tr�s hauts, et que le temps arriva o� les saints poss�d�rent le royaume�. Puis, dans un r�cit ult�rieur, il est ajout� (v. 25) que cette petite corne �prof�rera des paroles contre le Tr�s-haut, et il consumera les saints des lieux tr�s hauts� (il s�agit de pers�cutions), �et il pensera changer les saisons et la loi, et elles seront livr�es en sa main jusqu�� un temps et des temps et une moiti� de temps�.

Il est n�cessaire de comprendre ce que fera la petite corne. Le sens de ce que nous venons de lire est que le personnage en question d�truira le culte juif tel qu�il existera alors sur la terre. L�expression �les saisons� signifie les jours solennels ou les f�tes de ce culte. La petite corne les changera, comme fit J�roboam: �elles seront livr�es en sa main, etc.�. On a souvent suppos� que le mot �elles� d�signait les saints; mais c�est une erreur compl�te. Ce sont �les saisons et la loi� qui seront livr�es en sa main pour un certain temps de dur�e limit�e. Dieu la laissera aller son train. Elle pensera � le faire. Et le fait qu�elles seront livr�es en sa main, montre qu�elle r�ussira pour un temps � accomplir ses d�sirs. Mais Dieu ne veut jamais livrer ses saints dans les mains de ses ennemis, m�me pour un temps aussi court. Il les garde toujours dans ses mains � Lui. Job ne fut jamais davantage dans les mains de Dieu que lorsque Satan d�sira l�avoir pour le cribler comme le bl�. Les brebis sont dans les mains du P�re et du Fils, et jamais personne ne pourra les en arracher. Il n�y a pas trace dans la Parole de l�id�e que Dieu puisse les laisser ou les oublier. Il s�agit tout simplement ici des arrangements ext�rieurs relatifs au culte, dont les Juifs seront les repr�sentants sur la terre, et que Dieu laissera tomber pour un temps sous la coupe de ce personnage. Car il est manifeste qu�en ce temps-l�, il y aura des saints juifs qui confesseront Dieu, et J�sus aussi, en quelque mesure, comme il est dit (Apocalypse 14): �Ici est la patience des saints; ici sont ceux qui gardent les commandements de Dieu et la foi de J�sus�. Ces saints seront dans une position toute particuli�re: ils feront une sorte de combinaison de garder la loi, en reconnaissant J�sus dans une certaine mesure. C�est pendant cet �tat de choses qu�ils tomberont sous la coupe de cette petite corne �jusqu�� un temps et des temps et une moiti� de temps� � c�est-�-dire, pour une p�riode de trois ans et demi qui se terminera par la venue de Christ en jugement.

Informations bibliographiques
bibliography-text="Commentaire sur Daniel 7". "Commentaire biblique intermédiaire". https://beta.studylight.org/commentaries/fre/cbi/daniel-7.html.