Bible Commentaries
Deutéronome 6

Commentaire biblique intermédiaireCommentaire biblique intermédiaire

versets 1-25

�Et ce sont ici les commandements, les statuts, et les ordonnances que l��ternel, votre Dieu, a command� de vous enseigner, afin que vous les pratiquiez dans le pays dans lequel vous passez pour le poss�der; afin que tu craignes l��ternel, ton Dieu, pour garder, tous les jours de ta vie, toi, et ton fils, et le fils de ton fils, tous ses statuts et ses commandements que je te commande, et afin que tes jours soient prolong�s. Et tu �couteras, Isra�l! et tu prendras garde � les pratiquer, afin que tu prosp�res, et que vous multipliiez beaucoup dans un pays ruisselant de lait et de miel, comme l��ternel, le Dieu de tes p�res, te l�a dit. �coute, Isra�l: L��ternel, notre Dieu, est un seul �ternel� (Chap. 6:1-4).

Ici nous est pr�sent�e cette grande v�rit� cardinale, que la nation d�Isra�l �tait sp�cialement responsable de retenir et de confesser, savoir l�unit� de la divinit�, v�rit� formant la base m�me de l��conomie juda�que, le centre autour duquel le peuple devait se rallier. Aussi longtemps qu�ils la maintenaient, il y avait pour Isra�l, bonheur, prosp�rit� et fertilit�; mais cette v�rit� une fois abandonn�e, tout disparaissait. C��tait, pour ainsi dire, le grand rempart national qui les s�parait de tous les autres peuples de la terre; ils �taient appel�s � confesser cette glorieuse v�rit� � la face d�un monde idol�tre, et de ses �plusieurs dieux et plusieurs seigneurs� (voyez 1 Cor. 8:5).

Leur p�re Abraham avait �t� appel� hors du centre de l�idol�trie pa�enne, pour devenir le t�moin du seul Dieu vivant et vrai, se confier en Lui, marcher avec Lui, s�appuyer sur Lui, et Lui ob�ir.

Le lecteur trouvera dans le dernier chapitre de Josu�, une expression tr�s frappante de l�importance que l��ternel attache � ce fait, lorsqu�il s�adresse pour la derni�re fois au peuple: �Josu� assembla toutes les tribus d�Isra�l � Sichem, et il appela les anciens d�Isra�l, et ses chefs, et ses juges, et ses magistrats; et ils se tinrent devant Dieu. Et Josu� dit � tout le peuple: Ainsi dit l��ternel, le Dieu d�Isra�l: Vos p�res, T�rakh, p�re d�Abraham et p�re de Nakhor, ont habit� anciennement au-del� du fleuve, et ils ont servi d�autres dieux; et je pris votre p�re Abraham d�au-del� du fleuve, et je le fis aller par tout le pays de Canaan, et je multipliai sa semence je lui donnai Isaac� (Josu� 24:1-3).

Ici Josu� rappelle au peuple que leurs p�res ont servi d�autres dieux � fait tr�s solennel et dont le souvenir leur aurait rappel� le profond besoin qu�ils avaient de veiller sur eux-m�mes, de peur d��tre entra�n�s de nouveau dans l�idol�trie, hors de laquelle Dieu, dans sa gr�ce souveraine, avait �lu et appel� leur p�re Abraham. C�e�t �t� sagesse de leur part de consid�rer que, m�me ce mal dans lequel leurs p�res avaient v�cu autrefois, �tait justement celui dont ils se rendraient coupables eux-m�mes.

Apr�s avoir pr�sent� ce fait au peuple, Josu� retrace avec une force remarquable tous les principaux �v�nements de leur histoire, depuis la naissance de leur p�re Isaac, jusqu�au moment o� il s�adresse � eux, puis il r�sume son discours par l�appel suivant: �Et maintenant, craignez l��ternel, et servez-le en int�grit� et en v�rit�; et �tez les dieux que vos p�res ont servis de l�autre c�t� du fleuve, et en �gypte, et servez l��ternel. Et s�il est mauvais � vos yeux de servir l��ternel, choisissez aujourd�hui qui vous voulez servir, soit les dieux que vos p�res qui �taient de l�autre c�t� du fleuve ont servis, soit les dieux de l�Amor�en, dans le pays duquel vous habitez. Mais moi et ma maison, nous servirons l��ternel� (Josu� 24:14, 15).

Remarquez cette allusion r�p�t�e au fait que leurs p�res avaient ador� des faux dieux; et, en outre, que le pays dans lequel l��ternel les avait amen�s avait �t� souill�, d�une extr�mit� � l�autre, par les abominations de l�idol�trie pa�enne.

Ainsi, ce fid�le serviteur de l��ternel, �videmment inspir� par le Saint Esprit, cherche � repr�senter au peuple le danger qu�il court d�abandonner la grande v�rit� fondamentale d�un seul Dieu vivant et vrai, pour retourner au culte des idoles. Il insiste sur la n�cessit� urgente pour eux d�une d�cision absolue. �Choisissez aujourd�hui qui vous voulez servir�. Rien n��gale une d�cision du c�ur franche et compl�te pour Dieu; c�est ce que nous lui devons en tout temps. Quant � Isra�l, Dieu lui avait donn� des preuves �videntes que Lui-m�me �tait pour eux, en les rachetant de la servitude d��gypte et en les conduisant � travers le d�sert pour les �tablir au pays de Canaan; pour cette raison, une cons�cration compl�te � l��ternel n��tait de leur part qu�un service raisonnable.

Les paroles de Josu� prouvent combien il en sentait profond�ment l�importance pour ce qui le concernait: �Mais moi et ma maison, nous servirons l��ternel�. Pr�cieuse d�cision, qui nous montre que, quelle que soit la d�ch�ance de la religion nationale, celle de la famille, et l��me individuellement peuvent, par la gr�ce de Dieu, �tre maintenues en tout temps et en tous lieux.

Puissions-nous ne pas l�oublier! �Moi et ma maison� est la r�ponse claire et pr�cieuse de la foi � ces paroles de Dieu: �Toi et ta maison�. Quelle que puisse �tre, en un temps donn�, la condition du peuple de Dieu ostensible et professant, tout homme de Dieu sinc�re et fid�le poss�de le privil�ge de pouvoir adopter ce principe: �Mais moi et ma maison, nous servirons l��ternel�, et d�y conformer tous ses actes.

Il est vrai que cette sainte r�solution ne peut �tre mise en pratique que par le secours incessant de la gr�ce de Dieu; mais nous pouvons �tre assur�s que, si notre c�ur est d�termin� � suivre enti�rement le Seigneur, toute gr�ce n�cessaire nous sera fournie jour apr�s jour, car ces paroles seront toujours vraies �Ma gr�ce te suffit, car ma puissance s�accomplit dans l�infirmit� (2 Cor. 12:9).

Consid�rons maintenant l�effet apparent produit par l��mouvant appel de Josu� � la congr�gation ne semble-t-il pas devoir �tre consid�rable?

�Et le peuple r�pondit, et dit: Loin de nous que nous abandonnions l��ternel pour servir d�autres dieux! Car l��ternel, notre Dieu, c�est lui qui nous a fait monter, nous et nos p�res, du pays d��gypte, de la maison de servitude, et qui a fait devant nos yeux ces grands signes, et qui nous a gard�s dans tout le chemin par lequel nous avons march�, et parmi tous les peuples, au milieu desquels nous avons pass�. Et l��ternel a chass� de devant nous tous les peuples, et l�Amor�en qui habitait dans le pays. Aussi nous, nous servirons l��ternel, car c�est lui qui est notre Dieu� (Jos. 24:16-18).

Tout ceci sonnait tr�s bien et donnait grand espoir, car le peuple paraissait avoir une claire intelligence du fondement moral des droits de l��ternel � une ob�issance implicite de leur part. Ils �taient en �tat de faire un r�cit exact de toutes ses �uvres de puissance � leur �gard, de protester s�rieusement, en toute sinc�rit�, contre l�idol�trie et avec tout cela de promettre l�ob�issance � l��ternel, leur Dieu.

Cependant, il est �vident que Josu� n�avait pas une confiance particuli�re en cette profession, puisqu�il dit au peuple: �Vous ne pourrez pas servir l��ternel; car il est un Dieu saint, il est un Dieu jaloux: il ne pardonnera pas votre transgression et vos p�ch�s. Si vous abandonnez l��ternel, et si vous servez des dieux �trangers, alors il se retournera et vous fera du mal et vous consumera apr�s vous avoir fait du bien. Et le peuple dit � Josu�: Non, car nous servirons l��ternel. Et Josu� dit au peuple: Vous �tes t�moins contre vous-m�mes que c�est vous qui vous �tes choisi l��ternel pour le servir. Et ils dirent: Nous en sommes t�moins. Et maintenant, �tez les dieux �trangers qui sont au milieu de vous, et inclinez votre c�ur vers l��ternel, le Dieu d�Isra�l. Et le peuple dit � Josu�: Nous servirons l��ternel, notre Dieu, et nous �couterons sa voix� (Josu� 24:19-24).

Arr�tons-nous ici pour m�diter sur l�aspect sous lequel Josu� pr�sente Dieu � la congr�gation d�Isra�l, puisque notre but en nous occupant de ce passage est de montrer la place �minente assign�e dans le discours de Josu�, � la v�rit� de l�unit� de la divinit�; v�rit� � laquelle, comme nous l�avons vu, Isra�l �tait appel� � rendre t�moignage devant toutes les nations de la terre, et dans laquelle se trouvait leur sauvegarde morale contre les influences s�ductrices de l�idol�trie.

Or cette v�rit� m�me fut celle qu�ils abandonn�rent la premi�re, de la mani�re la plus signal�e. Les promesses, les v�ux et les r�solutions prises sous l�influence des paroles de Josu�, se trouv�rent �tre semblables � une ros�e du matin qui s�en va (Os�e 6:4). �Et le peuple servit l��ternel tous les jours de Josu�, et tous les jours des anciens dont les jours se prolong�rent apr�s Josu�, et qui avaient vu toute la grande �uvre de l��ternel, qu�il avait faite pour Isra�l. Et Josu�, fils de Nun, serviteur de l��ternel, mourut, �g� de cent dix ans� Et toute cette g�n�ration fut aussi recueillie vers ses p�res; et apr�s eux, se leva une autre g�n�ration qui ne connaissait pas l��ternel, ni l��uvre qu�il avait faite pour Isra�l. Et les fils d�Isra�l firent ce qui est mauvais aux yeux de l��ternel, et servirent les Baals. Et ils abandonn�rent l��ternel, le Dieu de leurs p�res, qui les avait fait sortir du pays d��gypte; et ils march�rent apr�s d�autres dieux, d�entre les dieux des peuples qui �taient autour d�eux, et se prostern�rent devant eux; et ils provoqu�rent � col�re l��ternel, et abandonn�rent l��ternel, et servirent Baal et Ashtaroth� (Juges 2:7-13).

Quel avertissement solennel pour nous tous! Une v�rit� si grande, d�une telle importance, sit�t abandonn�e! Se d�partir du seul Dieu vivant et vrai, pour suivre Baal et Astart�! Tant que Josu� et les anciens vivaient, leur pr�sence et leur influence avaient gard� Isra�l d�une apostasie ouverte, mais � peine ces digues morales sont-elles �t�es, que le sombre courant de l�idol�trie les envahit et emporte le fondement m�me de la foi nationale. L��ternel, le Dieu d�Isra�l, �tait remplac� par les divinit�s m�les et femelles. L�influence humaine est un pauvre appui, une faible barri�re; il nous faut �tre soutenus par la puissance de Dieu, autrement, t�t ou tard, nous succomberons. La foi, maintenue simplement par la sagesse des hommes et non par la puissance de Dieu, sera s�rement d�montr�e faible et sans valeur; elle ne r�sistera pas au jour de l��preuve, ne supportera pas la fournaise, et d�faillira in�vitablement.

En second lieu, la foi ne suffit pas, il doit y avoir un lien vivant entre l��me et Dieu. Nous devons avoir affaire avec Dieu pour nous-m�me, individuellement, autrement lorsque le temps de l��preuve surviendra nous succomberons. L�exemple et l�influence de l�homme sont bons � leur place; il �tait bon de consid�rer comment Josu� et les anciens suivaient le Seigneur; cette parole est vraie: �Le fer s�aiguise par le fer, et un homme ranime le visage de son ami� (Prov. 27:17). Il est tr�s encourageant d��tre entour� de c�urs r�ellement d�vou�s; tr�s doux d��tre soutenu par le courant d�une fid�lit� collective � Christ, � sa personne et � sa cause. Mais si c�est tout, si la source profonde d�une foi et d�une connaissance personnelles n�existe pas; s�il n�y a pas le lien form� et maintenu en Dieu dans une communion individuelle avec Lui, lorsque le courant de l�influence humaine d�cline, que les appuis humains manquent, lorsqu�en un mot, la d�cadence g�n�rale commence, alors, en principe, nous serons semblables � Isra�l qui suivait l��ternel, tous les jours de Josu� et des anciens, et qui finit par abandonner la confession de son Nom, pour retourner aux folies et aux vanit�s de ce pr�sent si�cle � choses nullement meilleures, en r�alit�, que Baal et Ashtaroth.

Mais, d�un autre c�t�, quand le c�ur est fermement �tabli dans la v�rit� et la gr�ce de Dieu quand nous pouvons dire � et c�est le privil�ge de tout vrai croyant � �Je sais qui j�ai cru, et je suis persuad� qu�il a la puissance de garder ce que je lui ai confi�, jusqu�� ce jour-l� (2 Tim. 1:12), alors m�me que tous se d�tourneraient de la confession publique de Christ, que tout secours humain viendrait � manquer, �le fondement de Dieu� demeurerait aussi solide que jamais pour nous, et le sentier de l�ob�issance aussi distinct devant nous que si des milliers d��mes le foulaient avec d�cision et une sainte �nergie.

Nous ne devons pas perdre de vue le fait que, selon les d�crets divins, l��glise professante de Dieu doit retirer de profondes et saintes le�ons de l�histoire d�Isra�l, �car toutes les choses qui ont �t� �crites auparavant, ont �t� �crites pour notre instruction, afin que, par la patience et par la consolation des �critures, nous ayons esp�rance� (Rom. 15:4).

Cependant il n�est nullement n�cessaire, pour retirer cette instruction des �crits de l�Ancien Testament, que nous nous occupions � rechercher des analogies fantastiques, des th�ories extraordinaires ou des illustrations hasard�es. Combien d��mes, h�las! en faisant ainsi, ont �t� entra�n�es � de folles et vides conceptions, sinon � de mortelles erreurs, au lieu de trouver �la consolation des �critures�.

C�est avec les faits r�els rapport�s par les pages de l�histoire inspir�e, que nous avons affaire; il faut les �tudier avec soin, puisque de grandes le�ons pratiques peuvent en �tre retir�es. Ce fait, par exemple, que nous venons de faire ressortir dans l�histoire d�Isra�l, savoir l�abandon de la v�rit� m�me qu�ils avaient �t� sp�cialement appel�s � maintenir et � confesser, au sujet de l�unit� de la divinit�, ce fait, dis-je, est pour nous un avertissement de la plus grande importance. L�existence m�me d�Isra�l, comme nation, d�pendait de cette v�rit� glorieuse, et ils l�abandonn�rent. L�eussent-ils retenue fermement, ils auraient �t� invincibles, mais en l�abandonnant, ils perdaient tout et devenaient pires que les nations qui les environnaient, en tant qu�ils p�chaient contre la lumi�re et la connaissance, ayant les yeux ouverts, en d�pit des plus solennelles exhortations, et ajoutons encore, malgr� leurs protestations et leurs promesses d�ob�issance souvent r�p�t�es.

Oui, lecteur, Isra�l abandonna le culte du seul Dieu vivant et vrai, l��ternel �lohim, le Dieu de leur alliance; non seulement leur Cr�ateur, mais leur R�dempteur; Celui qui les avait retir�s d��gypte, conduits � travers la mer Rouge, le d�sert et le Jourdain, pour les �tablir triomphalement sur l�h�ritage qu�il avait promis � Abraham, leur p�re: �Pays ruisselant de lait et de miel, qui est un ornement entre tous les pays� (�z. 20:6). Ils se d�tourn�rent de Lui et s�adonn�rent au culte des faux dieux. �Ils le provoqu�rent � col�re par leurs hauts lieux, et l��murent � jalousie par leurs images taill�es� (Ps. 78:58). Combien cela para�t �tonnant, qu�un peuple qui avait autant vu et connu de la bont� et de la gr�ce de Dieu, qui avait �t� t�moin de ses actes de puissance, de sa fid�lit�, de sa majest�, de sa gloire, ait pu en venir � se prosterner devant une b�che de bois! Leur histoire enti�re, depuis les jours du veau d�or, au pied du mont Sina�, jusqu�au temps o� Nebucadnetsar r�duisit J�rusalem en ruines, toute cette histoire est marqu�e par un esprit d�invincible idol�trie. Ce fut en vain que l��ternel, dans sa patiente mis�ricorde, leur suscita des lib�rateurs pour les soustraire aux terribles cons�quences de leur p�ch� et de leur folie. Plusieurs fois, dans sa bont� in�puisable, il les d�livra de la main de leurs ennemis, leur suscitant un Othniel, un �hud, un Barak, un G�d�on, un Jephth�, un Samson, tous ces instruments de sa puissance et de sa mis�ricorde, t�moins de son tendre amour et de ses compassions envers son peuple rebelle. � peine chacun de ces juges avait-il disparu de la sc�ne, que la nation se plongeait de nouveau dans l�idol�trie.

Au temps des rois, nous voyous la m�me affligeante histoire. Nous d�couvrons, il est vrai, quelques points brillants, quelques �toiles lumineuses � travers les tristes t�n�bres de l�histoire d�Isra�l nous avons un David, un Asa, un Josaphat, un �z�chias, un Josias, � autant d�exceptions b�nies et rafra�chissantes � la funeste r�gle. Mais ces hommes m�me ne purent extirper du c�ur de la nation, cette racine d�idol�trie. Au milieu des splendeurs sans pareilles du r�gne de Salomon, cette racine produisit des rejetons sous forme de hauts lieux, �lev�s � Ashtaroth, d�esse des Sidoniens, � Milcom, l�abomination des Ammonites; et � Kemosh, l�abomination de Moab.

Arr�tez-vous un instant, lecteur, et repr�sentez-vous l��crivain de l�Eccl�siaste et des Proverbes, se prosternant dans le temple de Moloch! Est-il possible de se repr�senter le plus sage et le plus glorieux des monarques d�Isra�l, br�lant de l�encens, et offrant des sacrifices sur l�autel de Kemosh? N�y a-t-il pas l�, pour nous, quelque instruction � retirer? Le r�gne de Salomon fournit une des preuves les plus frappantes du fait qui nous occupe maintenant, savoir l�apostasie compl�te d�Isra�l quant � l�unit� de la divinit� � leur esprit invincible d�idol�trie. La v�rit� qu�ils auraient d� maintenir avant tout, fut abandonn�e la premi�re.

Nous ne voulons pas rechercher d�autres preuves, ni nous arr�ter � l��pouvantable description du jugement de la nation, cons�quence de son idol�trie. La condition actuelle de ce peuple est celle dont parle le proph�te Os�e: �Car les fils d�Isra�l resteront beaucoup de jours sans roi, et sans prince, et sans sacrifice, et sans statue, et sans �phod ni th�raphim� (Os�e 3:4). �L�esprit immonde d�idol�trie est sorti d�eux� pendant ces �beaucoup de jours�, pour retourner bient�t avec �sept autres esprits plus m�chants que lui-m�me� (Luc 11:24-26) � la perfection m�me de la m�chancet� spirituelle. Et alors surviendront des jours de tribulation incomparable pour ce peuple si longtemps �gar� et r�volt�, �le temps de la d�tresse pour Jacob� (J�r. 30:7).

Mais, Dieu soit b�ni, la d�livrance viendra. Des jours de bonheur sont r�serv�s � la nation restaur�e, � �jours du ciel sur la terre�, � comme nous dit aussi le proph�te Os�e: �Ensuite, les fils d�Isra�l retourneront, et rechercheront l��ternel, leur Dieu, et David, leur roi, et se tourneront avec crainte vers l��ternel et vers sa bont�, � la fin des jours� (Os�e 3:5). Toutes les promesses de Dieu � Abraham, Isaac, Jacob et David, s�accompliront; toutes les brillantes pr�dictions des proph�tes, d��sa�e � Malachie, auront un glorieux accomplissement, car �l��criture ne peut �tre an�antie� (Jean 10:35). � la longue nuit, succ�dera le plus glorieux jour qui ait jamais brill� sur la terre; la fille de Sion se r�chauffera aux rayons du �soleil de justice�; et �la terre sera pleine de la connaissance de la gloire de l��ternel, comme les eaux couvrent le fond de la mer� (Hab. 2:14).

Il serait fort int�ressant de reproduire ici les beaux passages des proph�tes, concernant l�avenir d�Isra�l; mais notre d�sir �tait seulement d�attirer l�attention sur l�application pratique du fait solennel de l�abandon si prompt et si complet que fit Isra�l de cette v�rit� ��coute, Isra�l: L��ternel, notre Dieu, est un seul �ternel�.

On demandera peut-�tre: �En quoi ce fait peut-il int�resser l��glise de Dieu?� Notre conviction est qu�il a pour elle une port�e des plus solennelles; et nous croirions manquer � notre devoir envers Christ et envers son �glise, en n�gligeant de signaler cette application.

En consid�rant l�histoire de l��glise de Dieu, comme t�moin public de Christ sur la terre, nous voyons qu�� peine �tablie dans toute la pl�nitude des b�n�dictions et des privil�ges qui ont marqu� le d�but de sa carri�re, elle commen�a � laisser �chapper les v�rit�s m�mes que le chr�tien �tait sp�cialement responsable de maintenir et de confesser, et qui devaient caract�riser le christianisme et le distinguer de tout ce qui avait pr�c�d�. Comme Adam au jardin d��den, comme No� sur la, terre restaur�e, comme Isra�l en Canaan, l��glise, � peine �tablie comme dispensateur responsable des myst�res de Dieu, commen�a son d�clin et sa chute. Sous les yeux m�mes des ap�tres, des erreurs et des maux surgirent, travaillant � miner les fondements m�mes du t�moignage de l��glise.

Les preuves de ce fait abondent. �coutez les paroles de l�ap�tre, qui a r�pandu plus de larmes sur la ruine de l��glise qu�aucun autre homme: �Je m��tonne�, dit-il, �de ce que vous passez si promptement de celui qui vous a appel�s par la gr�ce de Christ, � un �vangile diff�rent, qui n�en est pas un autre�. �� Galates insens�s, qui vous a ensorcel�s, vous devant les yeux de qui J�sus Christ a �t� d�peint, crucifi� au milieu de vous?� �Mais alors, ne connaissant pas Dieu, vous �tiez asservis � ceux qui, par leur nature, ne sont pas dieux: mais maintenant, ayant connu Dieu, mais plut�t ayant �t� connus de Dieu, comment retournez-vous de nouveau aux faibles et mis�rables �l�ments auxquels vous voulez encore derechef �tre asservis? Vous observez des jours, et des mois, et des temps, et des ann�es�; f�tes soi-disant chr�tiennes, tr�s imposantes devant la nature religieuse, et satisfaisant la chair; mais dont la signification, d�apr�s le jugement de l�ap�tre et celui du Saint Esprit, �tait simplement d�abandonner le christianisme pour retourner au culte des idoles. L�ap�tre ajoute �Je crains quant � vous�, (et quoi d��tonnant, quand ces Galates avaient pu si promptement se d�tourner des grandes v�rit�s caract�ristiques d�un christianisme c�leste, pour s�occuper d�observances superstitieuses?) �que peut-�tre je n�aie travaill� en vain pour vous�. �Vous couriez bien, qui est-ce qui vous a arr�t�s pour que vous n�ob�issiez pas � la v�rit�? La persuasion ne vient pas de celui qui vous appelle. Un peu de levain fait lever la p�te tout enti�re� (Gal. 1:6; 3:1; 4:8-11; 5:7-9).

Tout ceci se passait au temps m�me de l�ap�tre. L�abandon de la v�rit� fut encore plus rapide que dans le cas d�Isra�l; car ils avaient servi l��ternel tous les jours de Josu�, et tous les jours des anciens qui lui surv�curent; mais, dans la triste et humiliante histoire de l��glise, l�ennemi r�ussit presque imm�diatement � introduire du levain dans la farine, de l�ivraie parmi le bl�. Avant m�me que les ap�tres eussent disparu de la sc�ne, une semence avait �t� jet�e, qui continuera d�s lors � produire ses fruits pernicieux, jusqu�� ce que des moissonneurs ang�liques viennent nettoyer le champ.

Cherchons des preuves de la chose dans l��criture. �coutons le m�me t�moin inspir�, �panchant, � la fin de son minist�re, son c�ur dans celui de son bien-aim� fils Timoth�e: �Tu sais ceci, que tous ceux qui sont en Asie, du nombre desquels sont Phygelle et Hermog�ne, se sont d�tourn�s de moi�. Et encore: �Il y aura un temps o� ils ne supporteront pas le sain enseignement; mais, ayant des oreilles qui leur d�mangent, ils s�amasseront des docteurs selon leurs propres convoitises, et ils d�tourneront leurs oreilles de la v�rit� et se tourneront vers les fables� (2 Tim. 1:15; 4:3-4).

Tel est le t�moignage de l�homme qui, en sage architecte, avait pos� les fondements de l��glise. Et quant � ses propres exp�riences personnelles, qu�en �tait-il? Comme son Ma�tre; il avait �t� abandonn�, d�laiss� par ceux qui, une fois, s��taient rassembl�s autour de lui, dans toute la fra�cheur et l�ardeur des premiers temps. Son c�ur large et aimant avait �t� bris� par des docteurs juda�sants, qui cherchaient � renverser les fondements m�mes du christianisme et la foi des �lus de Dieu. Il pleurait sur les voies de ceux qui, tout en faisant profession, �taient n�anmoins �ennemis de la croix de Christ�.

En un mot, l�ap�tre Paul, de sa prison � Home, pr�voyait la d�cadence et la ruine du corps professant, et un sort pareil � celui du vaisseau dans lequel il avait fait son dernier voyage.

Rappelons ici que nous ne sommes occup�s maintenant que de la question de l��glise, dans son caract�re de t�moin responsable pour Christ sur la terre; il importe d��tre au clair l�-dessus, pour ne pas laisser nos pens�es s��garer � ce sujet. On ne saurait �tre assez exact � faire la distinction entre l��glise comme corps de Christ, et l��glise comme luminaire ou t�moin de Christ dans le monde. Dans ce premier caract�re, il ne peut y avoir de d�ch�ance, tandis que dans le dernier, la ruine est compl�te et sans espoir.

L��glise, comme corps de Christ, unie � sa T�te vivante et glorifi�e dans les cieux, par la pr�sence et l�habitation du Saint Esprit, ne peut jamais, par aucun moyen faillir, � jamais �tre bris�e, comme le vaisseau de Paul, par les orages et les flots d�un monde hostile; l��glise, dis-je, est aussi � l�abri que Christ lui-m�me. La T�te et le corps sont un � indissolublement li�s. Aucune puissance sur la terre ou dans l�enfer ne pourra jamais toucher ou attaquer le plus faible ou le plus obscur des membres de son corps. Tous les membres ont la m�me position devant Dieu, tous sont sous son �il mis�ricordieux dans la pl�nitude, la beaut� et l�acceptation de Christ lui-m�me. Telle qu�est la T�te, tels sont les membres � tous les membres ensemble � chaque membre en particulier. Tous ont droit aux pleins r�sultats �ternels de l��uvre accomplie sur la croix. Il ne peut �tre question ici de responsabilit�. La T�te s�est rendue responsable pour les membres, a parfaitement r�pondu � toutes les obligations, et nous a d�charg�s de toute responsabilit�. Il ne reste rien qu�amour, � un amour aussi profond que le c�ur de Christ, parfait comme son �uvre, invariable comme son tr�ne. Toute question qui aurait pu �tre soulev�e contre quelque individu, ou collectivement contre tous les membres de l��glise de Dieu, a �t� d�finitivement r�gl�e, entre Dieu et son Christ sur la croix. Tous les p�ch�s, toute la culpabilit� de chaque membre individuellement, et de tous les membres collectivement, � oui, tout, et cela de la mani�re la plus enti�re et la plus absolue, a �t� mis sur Christ et port� par Lui. Dieu, dans son inflexible justice, et sa saintet� infinie, a �t� tout ce qui pouvait s�opposer au plein salut, et � la b�n�diction parfaite de chacun des membres du corps de Christ, de l�Assembl�e de Dieu. Chaque membre du corps subsiste par la vie de la T�te. Tous sont unis ensemble par la puissance d�un lien qui ne peut jamais �tre dissout.

Comprenons bien, en outre, que l�unit� du corps de Christ est absolument indissoluble; c�est l� un point essentiel qui doit �tre fid�lement maintenu. Mais �videmment, si l�on ne croit pas cette v�rit�, on ne peut ni la maintenir, ni la confesser; et � en juger d�apr�s certaines opinions �mises � ce sujet, on est tent� de se demander si cette belle v�rit� de l�Unit� du corps de Christ, � unit� maintenue sur la terre par l�habitation du Saint Esprit, � a jamais �t� saisie dans son sens divin, par les personnes qui expriment ces opinions.

Par exemple, nous entendons parler de �diviser le corps de Christ�, ce qui est une grave erreur, la chose �tant compl�tement impossible. Les r�formateurs furent accus�s de rompre ou de d�sunir le corps de Christ, lorsqu�ils tourn�rent le dos au syst�me romain. Cela revenait simplement � la monstrueuse pr�somption que cette vaste masse de mal moral, d�erreurs doctrinales, de corruption eccl�siastique et de superstition avilissante, devait �tre reconnue comme le corps de Christ! Comment, avec le Nouveau Testament en main, aurait-il �t� possible de consid�rer la soi-disant �glise de Rome et ses abominations sans nom et sans nombre, comme �tant le corps de Christ? Comment, avec la plus faible id�e de ce qu�est la vraie �glise de Dieu, quelqu�un penserait-il jamais � accorder ce titre au Romanisme, sombre amas de m�chancet�, le plus grand chef-d��uvre de Satan que le monde ait jamais contempl�?

Non, lecteur; il ne faut jamais confondre les syst�mes eccl�siastiques de ce monde, � anciens ou modernes, grecs, latins, anglicans, nationaux ou populaires, �tablis ou dissidents � avec la vraie �glise de Dieu, le corps de Christ. Il n�existe de nos jours et n�exista jamais un syst�me religieux, comme qu�il se nomme, qui poss�de le moindre droit d��tre appel� �l��glise de Dieu� ou �le corps de Christ�. Par cons�quent, on ne peut � juste titre et intelligemment appeler schisme ou division du corps de Christ, la s�paration d�avec de pareils syst�mes; au contraire, le devoir de toute �me qui d�sire maintenir fid�lement et confesser la v�rit� de l�unit� du corps est de se s�parer avec d�cision de tout ce qui s�appelle faussement une �glise. On ne peut appeler schisme que l�acte de se s�parer de ceux qui, clairement et incontestablement, se rassemblent sur le terrain de l�Assembl�e de Dieu.

Aucun corps de chr�tiens ne peut maintenant revendiquer le droit au titre de corps de Christ, ou d��glise de Dieu. Les membres de ce corps sont dispers�s partout; ils se trouvent dans toutes les diverses organisations religieuses du jour, except� dans celles qui nient la divinit� de notre Seigneur J�sus Christ, car impossible d�admettre l�id�e que quelque vrai chr�tien que ce soit, puisse continuer � fr�quenter un endroit o� son Seigneur est blasph�m�. Mais quoiqu�aucun corps de chr�tiens n�ait droit au titre d�Assembl�e de Dieu, tous les chr�tiens sont responsables de se r�unir sur le terrain de cette Assembl�e et sur aucun autre.

Et si l�on nous demande: �Comment reconna�tre et o� trouver ce terrain?� nous r�pondrons: �Lorsque ton �il est simple, ton corps tout entier aussi est plein de lumi�re� (Luc 11:34). �Si quelqu�un veut faire sa volont�, il conna�tra de la doctrine si elle est, de Dieu� (Jean 7:17). Il y a un sentier, � Dieu en soit b�ni, � �que l�oiseau de proie ne conna�t pas et que l��il du vautour n�a pas aper�u�. La vue naturelle la plus p�n�trante ne peut voir ce sentier; le lion ne l�a pas travers�. O� est-il donc? � l�homme, � chacun de nous, Dieu dit: �Voici la crainte du Seigneur, c�est l� la sagesse; et se retirer du mal est l�intelligence� (Job 28:7, 28).

Il y a une autre expression dont se servent assez souvent des personnes desquelles on pourrait attendre plus d�intelligence, savoir �retrancher les membres du corps de Christ�1. Ceci aussi est impossible. Pas un seul membre du corps de Christ ne peut �tre s�par� de la T�te, ou m�me �t� de la place dans laquelle le Saint Esprit l�a incorpor�, d�apr�s les desseins �ternels de Dieu, et en vertu de l�expiation accomplie par notre Sauveur. Les trois personnes divines en une, sont le gage de l��ternelle s�curit� du plus faible des membres du corps, et la cause du maintien de l�unit� indissoluble du corps tout entier.

1 L�expression �retrancher les membres du corps de Christ�, s�applique en g�n�ral aux cas de discipline, ce qui, est une fausse application. La discipline de l�assembl�e ne peut jamais toucher � l�unit� du corps. Un membre du corps peut manquer quant � la moralit�, ou s��garer de telle mani�re quant � la doctrine, que l�assembl�e soit appel�e � agir, en le privant de la C�ne; mais cela n�a rien � faire avec sa place dans le corps. Les deux choses sont parfaitement distinctes.

En un mot, il est aussi vrai aujourd�hui que lorsque l�ap�tre inspir� �crivait le chapitre 4 de son �p�tre aux �ph�siens, que �il y a un seul corps�, dont Christ est la t�te, dont le Saint Esprit est la puissance cr�atrice, et dont tous les vrais croyants sont les membres. Ce corps a �t� sur la terre depuis le jour de la Pentec�te; il est encore sur la terre et continuera d�y �tre, jusqu�au moment qui approche rapidement, o� Christ viendra l�introduire dans la maison de son P�re. Il en est de ce corps dans la succession continue de ses membres, comme, par comparaison, d�un certain r�giment de l�arm�e de la Reine ayant �t� � Waterloo, maintenant en garnison � Aldershot, et qui ne reste pas moins le m�me r�giment, quoique pas un des hommes dont il est compos� aujourd�hui n�ait exist� lors de la m�morable bataille de 1815.

Le lecteur �prouve-t-il encore quelque difficult� � comprendre tout ceci? Il se peut qu�il trouve difficile, en pr�sence de la condition actuelle si affligeante des membres de ce corps, de croire et de confesser l�unit� inviolable du corps. Il peut �tre tent� de limiter l�application de �ph. 4:4, aux jours o� l�ap�tre �crivait ces mots, lorsque les chr�tiens �taient manifestement unis; lorsqu�il ne pouvait �tre question d��tre membre de telle ou de telle �glise, parce que tous les croyants �taient membres de la seule �glise de Dieu1.

1 L�unit� de l��glise peut �tre compar�e une cha�ne jet�e travers une rivi�re; nous la voyons aux deux bords, mais elle plonge au milieu. Quoique cach�e dans l�eau, elle n�est pas rompue, et sans voir l�union du milieu nous y croyons n�anmoins. L��glise a �t� vue dans son unit� au jour de la Pentec�te; elle sera vue dans son unit� dans la gloire; et, quoique ne voyant pas cela maintenant, nous y croyons n�anmoins fermement.

Souvenons-nous aussi que l�unit� du corps est une grande v�rit� pratique fondamentale, dont une d�duction tr�s importante et pratique aussi, est celle-ci, que l��tat et la marche de chaque membre affectent tout le corps: �Si un membre souffre, tous les membres souffrent avec lui� (1 Cor. 12:26). Un membre de quoi? De quelque assembl�e locale? Non; mais un membre du corps. Il ne faut pas faire du corps de Christ une question de g�ographie.

Mais, nous demandera-t-on peut-�tre, une chose que nous ne voyons ni ne connaissons, peut-elle nous affecter? Oui, assur�ment. Pouvons-nous limiter la grande v�rit� de l�unit� du corps avec toutes ses cons�quences pratiques, la mesure de notre connaissance et de notre exp�rience personnelles? Loin de nous cette pens�e. C�est la pr�sence du Saint Esprit qui unit les membres du corps la T�te et les uns aux autres; de l� vient que la marche et les voies de chaque individu affectent tout le corps. M�me dans le cas d�Isra�l, dont l�unit� n��tait pas de corps mais nationale, lorsqu�Acan p�cha, il est dit: �Isra�l a p�ch�; et la congr�gation tout enti�re eut souffrir une humiliante d�faite cause d�un p�ch� qu�elle ignorait.

Il est des plus �tonnant de voir combien le peuple de Dieu para�t peu comprendre cette glorieuse v�rit� de l�unit� du corps, et les cons�quences pratiques qui en d�coulent.

En r�ponse � cette objection, nous devons protester contre l�id�e de limiter ainsi la parole de Dieu. Quel droit avons-nous de s�parer un membre de phrase d��ph. 4:4-6, et de dire qu�il s�applique seulement aux jours des ap�tres? Si une clause peut �tre limit�e, pourquoi pas toutes? N�y a-t-il pas encore �un seul Esprit, un seul Seigneur, une seule foi, un seul bapt�me, un seul Dieu et P�re de tous?� Quelqu�un mettra-t-il cette v�rit� en question? S�rement pas. Eh bien donc, il en r�sulte qu�il y a aussi s�rement un seul corps et un seul Esprit, qu�il y a un seul Seigneur et un seul Dieu. Tous sont intimement li�s ensemble, et vous ne pouvez toucher � l�un sans les toucher tous. Nous n�avons pas plus le droit de nier l�existence de ce corps, que de nier l�existence de Dieu, en tant que le m�me passage qui nous d�clare une de ces v�rit�s nous d�clare l�autre aussi.

Quelqu�un, sans doute, nous demandera encore: �O� peut-on voir ce seul corps? N�est-ce pas une absurdit� de parler d�une telle chose que l�unit�, en face des innombrables d�nominations de chr�tiens?� Nous r�pondons ceci: Conviendrait-il d�abandonner la v�rit� de Dieu, parce que l�homme a manqu� de la maintenir et cela d�une mani�re aussi signal�e? Isra�l n�a-t-il pas compl�tement manqu� � maintenir et � confesser la v�rit� de l�unit� de la divinit�? et cette glorieuse v�rit� a-t-elle �t�, en quelque mani�re, atteinte par ces manquements? N��tait-il pas aussi vrai qu�il n�y avait qu�un Dieu, lorsque les autels idol�tres �taient aussi nombreux que les rues de J�rusalem, et que de chaque toit de maison, un nuage d�encens �tait envoy� � la reine des cieux, que lorsque Mo�se pronon�a aux oreilles de la congr�gation enti�re, ces paroles: ��coute Isra�l: L��ternel, notre Dieu, est un seul �ternel?� Gr�ce � Dieu, sa v�rit� ne d�pend pas des voies infid�les et insens�es des hommes; elle demeure dans sa propre int�grit� divine; elle brille de son propre �clat c�leste, en d�pit des manquements les plus grossiers de l�humanit�. S�il n�en �tait pas ainsi, que ferions-nous? O� nous tournerions-nous, et qu�en adviendrait-il de nous? De fait, cela revient � ceci que, si nous ne croyions que la faible mesure de v�rit� pratiqu�e par les hommes dans leurs voies, nous l�abandonnerions avec d�sespoir, et serions de tous les hommes les plus mis�rables.

Mais comment cette v�rit� de l�unit� du corps peut-elle �tre maintenue pratiquement? En refusant de reconna�tre aucun autre principe de communion chr�tienne, aucun autre terrain de rassemblement que Christ. Tous les vrais croyants devraient se r�unir sur le simple terrain de communion du corps de Christ, et sur aucun autre. Ils devraient se r�unir le premier jour de la semaine autour de la table du Seigneur et rompre le pain, comme membres d�un seul corps, suivant ce que nous lisons en 1 Cor. 10:17: �Car nous qui sommes plusieurs, sommes un seul pain, un seul corps, car nous participons tous � un seul et m�me pain�.

Cela est aussi vrai et aussi pratique aujourd�hui que lorsque l�ap�tre s�adressait � l�assembl�e de Corinthe. Il est vrai qu�il y avait des divisions � Corinthe, comme il y en a dans la chr�tient�; mais cela n�alt�rait en aucune mani�re la v�rit� de Dieu. L�ap�tre bl�mait les divisions il les d�clarait charnelles. Il n�avait aucune sympathie pour cette mis�rable id�e �mise quelquefois, que les divisions sont une bonne chose pour exciter l��mulation. Il croyait au contraire qu�elles �taient une tr�s mauvaise chose � le fruit de la chair une �uvre de Satan.

L�ap�tre n�aurait pas non plus, nous en sommes certains, accept� cette explication populaire que les divisions dans l��glise sont comme autant de r�giments avec des drapeaux divers, mais combattant tous sous le m�me chef. Cela ne saurait �tre vrai d�aucune mani�re. Cela ne peut avoir aucune application quelconque, mais est plut�t en contradiction flagrante avec ce fait distinct et emphatique �Il y a un seul corps�.

Lecteur! c�est une v�rit� glorieuse et qui demande toute notre attention. Examinons la chr�tient� � sa lumi�re, ainsi que notre propre position. Est-ce que nous marchons d�une mani�re conforme � cette v�rit�? Est-ce que nous la proclamons � la table du Seigneur, chaque premier jour de la semaine, comme c�est notre devoir sacr� et notre pr�cieux privil�ge de le faire? Ne disons pas qu�il se pr�sente des difficult�s de toute esp�ce, des pierres d�achoppement, des faiblesses chez ceux qui font profession de se r�unir de la mani�re dont nous venons de parler. Tout cela, h�las! n�est que trop vrai, et nous devons nous y attendre. Satan met tout en �uvre pour nous aveugler, afin que nous ne percevions pas la gr�ce de Dieu envers son peuple; mais n��coutons pas ses suggestions. Il y a toujours eu et il y aura toujours des difficult�s � surmonter pour agir d�apr�s la pr�cieuse v�rit� de Dieu; l�une des principales se trouve peut-�tre dans la conduite inconsistante de ceux qui font profession de la pratiquer.

Mais il importe de faire une distinction entre la v�rit� et ceux qui la professent; entre le terrain et la marche de ceux qui l�occupent. Ils devraient �tre d�accord, mais ils ne le sont pas; et, par cons�quent, nous sommes appel�s � juger la conduite par le terrain et non le terrain par la conduite. Si nous voyions un agriculteur travailler d�apr�s des principes que nous savons �tre excellents, tout en �tant un mauvais agriculteur, que ferions-nous? Nous rejetterions sa mani�re de travailler, tout en maintenant les principes.

Il n�en est pas autrement relativement � la v�rit� qui nous occupe. Il y avait � Corinthe des h�r�sies, des schismes, des erreurs, du mal sous toutes les formes. Eh bien! la v�rit� de Dieu devait-elle �tre abandonn�e comme un mythe, comme quelque chose de tout � fait impraticable? Fallait-il y renoncer? Les Corinthiens devaient-ils se r�unir sur quelque autre principe? Devaient-ils s�organiser sur quelque nouveau terrain? Devaient-ils se grouper autour d�un autre centre? Non, Dieu en soit b�ni! Sa v�rit� ne devait pas �tre abandonn�e un seul instant, quoique l��glise de Corinthe f�t d�chir�e par mille sectes et son horizon assombri par mille h�r�sies. Le corps de Christ �tait un, et l�ap�tre d�ploie simplement � leurs yeux la banni�re portant cette inscription b�nie �Vous �tes le corps de Christ, et ses membres chacun en particulier� (1 Cor. 12:27).

Or ces paroles ne s�adressaient pas seulement � �l�assembl�e de Dieu qui est � Corinthe�, mais aussi �� tous ceux qui en tout lieu invoquent le nom de notre Seigneur J�sus Christ, et leur Seigneur et le n�tre�. Par cons�quent, la v�rit� de l�unit� du corps est permanente et universelle. Tout vrai chr�tien est appel� � la reconna�tre et � la pratiquer, et toute assembl�e de chr�tiens, en quelque lieu que ce soit, devrait �tre l�expression locale de cette grande et si importante v�rit�.

On demandera, peut-�tre, comment on pouvait dire � une assembl�e: �Vous �tes le corps de Christ?� N�y avait-il pas des saints � �ph�se, � Colosses et � Philippes? Sans doute, et si l�ap�tre leur e�t �crit sur ce m�me sujet, il aurait pu leur dire de m�me: �Vous �tes le corps de Christ�, en tant qu�ils �taient l�expression locale du corps, et non seulement cela, mais en s�adressant � eux, il pensait � tous les saints jusqu�� la fin de la carri�re terrestre de l��glise.

Mais nous devons nous rappeler que l�ap�tre ne pouvait donner ce titre � aucun ordre de choses humain, ancien ou moderne; et, si m�me toutes ces diverses organisations, quel que soit le nom qu�on leur donne, �taient fondues en une, il ne pourrait les appeler �le corps de Christ�. Ce corps est form� par tous les vrais croyants du monde entier. Si tous ne sont pas r�unis sur ce terrain, seul divin, c�est � leur perte et au d�shonneur de leur Seigneur. La pr�cieuse v�rit� �Il y a un seul corps�, subsiste tout de m�me, et c�est � cette mesure divine que doivent se mesurer toutes les associations eccl�siastiques et tous les syst�mes religieux sous le soleil.

Il nous semble n�cessaire d��tudier � fond le c�t� divin de la question de l��glise, afin de sauvegarder la v�rit� de Dieu, et aussi afin que le lecteur comprenne clairement que lorsque nous parlons de la ruine compl�te de l��glise, nous avons en vue le c�t� humain du sujet. C�est � celui-ci que nous revenons.

Il est impossible de lire le Nouveau Testament avec attention et de ne pas voir que l��glise, en tant que t�moin responsable pour Christ sur la terre, a totalement et honteusement manqu� � sa mission. On remplirait un volume si l�on voulait citer tous les passages � l�appui de cette assertion. Mais examinons les chapitres second et troisi�me de l�Apocalypse, o� l��glise est vue sous le jugement. Nous avons, dans ces chapitres solennels, ce que nous pouvons appeler une histoire divine de l��glise. Sept assembl�es sont choisies comme symboles des diverses phases de l�histoire de l��glise, depuis le jour o� elle fut plac�e sur la terre avec sa responsabilit�, jusqu�au moment o� elle sera vomie de la bouche du Seigneur, comme quelque chose de parfaitement intol�rable. Si nous ne discernons pas que ces deux chapitres sont proph�tiques aussi bien qu�historiques, nous nous privons d�un vaste champ de pr�cieuses instructions. Aucun langage humain ne pourrait exprimer toutes les richesses que nous avons recueillies dans ces chap. 2 et 3 de l�Apocalypse, consid�r�s sous leur aspect proph�tique.

Toutefois nous ne mentionnons maintenant ces richesses que comme les derni�res preuves, parmi tant d�autres dans l��criture, � l�appui de notre th�se. Prenons l�adresse � �ph�se, cette m�me assembl�e � laquelle l�ap�tre Paul �crivit l��p�tre o� il d�couvre, d�une mani�re si b�nie, le c�t� c�leste des choses, les desseins �ternels de Dieu concernant l��glise � la position et la portion de l��glise accept�e en Christ, et b�nie de toute b�n�diction spirituelle dans les lieux c�lestes en Lui. L� aucun manquement ne peut �tre trouv�. Tout proc�de de Dieu. Le conseil est de Lui; l��uvre est de Lui. C�est sa gr�ce, sa gloire, sa toute-puissance, son bon plaisir; et tout cela, fond� sur le sang de Christ. Il n�est point l� question de responsabilit�. Les saints qui forment l��glise �taient �morts dans leurs fautes et dans leurs p�ch�s�, mais Christ est mort pour l��glise; il s�est plac� judiciairement l� o� elle �tait moralement, et alors Dieu, dans sa gr�ce souveraine, a paru sur la sc�ne et a ressuscit� Christ d�entre les morts, et l��glise avec Lui � chose glorieuse! Ici tout est d�finitivement r�gl�. Nous voyons l��glise dans les lieux c�lestes, en Christ, non l��glise sur la terre pour Christ. C�est le corps �accept�, non le chandelier jug�. Si nous ne savons pas voir les deux c�t�s de cette grave question, nous avons encore beaucoup � apprendre.

Mais il y a le c�t� terrestre, aussi bien que le c�leste; et c�est pourquoi, dans l�adresse judiciaire du chap. 2 de l�Apocalypse, nous avons des paroles solennelles telles que celles-ci: �J�ai contre toi que tu as abandonn� ton premier amour�.

Quelle diff�rence! Rien de semblable dans l��p�tre aux �ph�siens; tandis que dans l�Apocalypse nous ne trouvons rien contre le corps, rien contre l��pouse, mais il y a quelque chose � reprocher au chandelier. Alors d�j� la lumi�re s��tait obscurcie. � peine �tait-elle allum�e qu�il fallait employer des mouchettes.

Ainsi, d�s le d�but, des sympt�mes de d�clin se montraient � l��il p�n�trant de celui qui marchait au milieu des sept chandeliers, et lorsque nous arrivons au bout et consid�rons la derni�re phase de la condition de l��glise, telle qu�elle est repr�sent�e par l�assembl�e de Laodic�e, il n�y a plus un seul point favorable; le cas est presque sans espoir. Le Seigneur se tient dehors, � la porte. �Voici, je me tiens � la porte, et je frappe�. Ce n�est pas ici comme � �ph�se: �J�ai quelque chose contre toi�. Tout l��tat est mauvais. Toute l�assembl�e professante va �tre rejet�e. �Je vais te vomir de ma bouche�. Il attend encore, car il est toujours lent � quitter le terrain de la gr�ce pour entrer sur celui du jugement. Cela nous rappelle le d�part de la gloire au commencement d��z�chiel; elle marchait d�un pas lent et mesur�, comme regrettant de quitter la maison, le peuple et le pays. �Et la gloire de l��ternel s��leva de dessus le ch�rubin, et vint sur le seuil de la maison; et la maison fut remplie de la nu�e, et le parvis fut rempli de la splendeur de la gloire de l��ternel�. �Et la gloire de l��ternel sortit de dessus le seuil de la maison, et se tint au-dessus des ch�rubins�. Et enfin: �Et la gloire de l��ternel monta du milieu de la ville, et se tint sur la montagne qui est � l�orient de la ville� (�z. 10:4, 18; 11:23). Que c�est touchant! Quel contraste entre ce d�part retard� de la gloire, et sa rapide entr�e dans la maison au jour de la d�dicace de Salomon, en 2 Chr. 7:1. L��ternel �tait prompt � entrer dans sa demeure au milieu de son peuple, mais lent � la quitter. Il en fut, pour ainsi dire, chass� par les p�ch�s et l�imp�nitence inv�t�r�e de ce peuple insens�.

Il en est de m�me de l��glise. Nous voyons, au chap. 2 des Actes, de quelle mani�re rapide il entre dans sa maison spirituelle. Il vint comme un souffle violent et imp�tueux pour remplir toute la maison de sa gloire. Mais, au chap. 3 de l�Apocalypse, quelle est son attitude? Il est dehors. Oui, mais il frappe. Il s�attarde, non avec l�espoir d�une restauration en corps, mais pour le cas o� �quelqu�un entendrait sa voix et lui ouvrirait la porte�. Le fait qu�il est dehors, montre ce qu�est l��glise. Le fait qu�il frappe, montre ce qu�il est.

Lecteur chr�tien, il est de la plus haute importance que vous compreniez bien ce sujet. Nous sommes submerg�s de tous c�t�s par de fausses notions quant � l��tat actuel et � la destin�e future de l��glise professante. Nous devons les rejeter toutes avec une sainte fermet�, et nous en tenir scrupuleusement � l�enseignement de l��criture. Cet enseignement est aussi clair que le jour. L��glise professante est en ruines et le jugement est � la porte. Lisez l��p�tre de Jude; lisez 2 Pierre 2 et 3, et la seconde �p�tre � Timoth�e. Examinez attentivement ces passages solennels, et nous sommes assur�s que cette �tude vous prouvera infailliblement que la chr�tient� n�a rien au-devant d�elle sinon la col�re inflexible du Dieu Tout-Puissant. Son sort est prononc� dans cette courte, mais solennelle sentence de Romains 11: �Toi aussi, tu seras coup�.

Oui, tel est le langage de l��criture: �Coup�, �vomi�. L��glise professante a totalement failli en tant que t�moin de Christ sur la terre. Il en a �t� de l��glise comme d�Isra�l, elle a abandonn� la v�rit� m�me qu�elle �tait responsable de garder et de confesser. � peine les �crits du Nouveau Testament �taient-ils termin�s, � peine les premiers ouvriers avaient-ils quitt� le champ, que d��paisses t�n�bres se r�pandirent sur toute l��glise professante. De quel c�t� que l�on se tourne ou que l�on feuillette les gros volumes des �P�res�, comme on les appelle, on ne trouvera pas trace de ces grandes v�rit�s caract�ristiques de notre glorieux christianisme. Tout, tout avait �t� honteusement abandonn�. Comme Isra�l, en Canaan, abandonna l��ternel pour Baal et Ashtaroth, de m�me l��glise abandonna la pr�cieuse parole de Dieu pour des fables pu�riles et de dangereuses erreurs. Ce d�clin si rapide est des plus �tonnants. Mais c��tait pr�cis�ment ce que l�ap�tre Paul avait pr�dit aux anciens d��ph�se: �Prenez donc garde � vous-m�mes, et � tout le troupeau au milieu duquel l�Esprit Saint vous a �tablis surveillants pour pa�tre l�assembl�e de Dieu, laquelle il a acquise par le sang de son propre Fils. Moi je sais qu�apr�s mon d�part il entrera parmi vous des loups redoutables qui n��pargneront pas le troupeau; et il se l�vera d�entre vous-m�mes des hommes qui annonceront des doctrines perverses pour attirer les disciples apr�s eux� (Actes 20:28-30).

Quel tableau! Les saints ap�tres de notre Seigneur et Sauveur J�sus Christ, remplac�s presque imm�diatement par des �loups redoutables� et par des propagateurs de doctrines perverses; l��glise tout enti�re plong�e dans des t�n�bres �paisses; la lampe de la r�v�lation divine presque cach�e aux regards; la corruption eccl�siastique sous toutes ses formes; la domination sacerdotale avec toutes ses terribles cons�quences. Bref, l�histoire de l��glise � l�histoire de la chr�tient� � est l�histoire la plus effroyable qui ait jamais �t� �crite.

Il est vrai que Dieu s�est toujours suscit� des t�moins. De si�cle en si�cle il a appel�, ici ou l�, comme en Isra�l, des hommes pour proclamer sa v�rit�. M�me au milieu des t�n�bres les plus �paisses du moyen �ge, une �toile para�t parfois au-dessus de l�horizon. Les Vaudois et d�autres encore purent, par la gr�ce de Dieu, s�en tenir � sa Parole, et confesser le nom de J�sus malgr� la tyrannie et les cruelles pers�cutions de l��glise romaine.

Puis vint l��poque du seizi�me si�cle, o� Dieu suscita Luther et ses bien-aim�s compagnons d��uvre, pour pr�cher la grande v�rit� de la justification par la foi, et pour donner au monde le pr�cieux livre de Dieu en langue moderne. Le langage humain est trop faible pour exprimer tous les bienfaits de cette �poque m�morable. Des milliers d��mes entendirent la bonne nouvelle du salut � l�entendirent, la crurent, et furent sauv�es. Des milliers d��mes qui avaient g�mi longtemps sous le poids intol�rable des superstitions romaines, accueillirent avec une profonde reconnaissance le message c�leste. Des milliers s�abreuv�rent avec joie � ces sources inspir�es, qui avaient �t� scell�es pendant des si�cles par l�ignorance et l�intol�rance des papes. La lumi�re de la r�v�lation divine, si longtemps voil�e par la main de l�ennemi, put de nouveau jeter ses rayons au milieu des t�n�bres, et des myriades se r�jouirent � cette lumi�re c�leste.

Mais, tout en b�nissant Dieu pour tous les r�sultats glorieux de ce qu�on nomme ordinairement la R�formation, nous ne saurions y voir rien qui ressemble � un retour de l��glise � sa premi�re condition. Loin de l�. Luther et ses confr�res, � en juger par leurs �crits, � quelque pr�cieux qu�ils soient, � ne saisirent jamais la notion de l��glise, corps de Christ. Ils ne comprirent point l�unit� du corps, ni la pr�sence du Saint Esprit dans l�assembl�e et son habitation en chaque croyant. Ils ne connurent pas la grande v�rit� du minist�re dans l��glise, sa nature, sa source, sa puissance et sa responsabilit�. Ils en rest�rent toujours � l�id�e que le minist�re est bas� sur une autorit� humaine. Ils se taisent sur la vraie esp�rance de l��glise, savoir la venue de Christ pour son peuple � l��toile brillante du matin. Ils ne comprirent pas toute la port�e des proph�ties, et ne surent pas distribuer comme il faut la Parole de v�rit�.

Qu�on ne se m�prenne pas, nous aimons la m�moire des r�formateurs. Leurs noms nous sont chers et familiers. C��taient des serviteurs de Christ, d�vou�s et b�nis. Pl�t � Dieu qu�il y en e�t beaucoup comme eux dans ces jours de papisme et de basse incr�dulit�! Nous ne le c�dons � personne en amour et en estime pour Luther, M�lanchton, Calvin, Farel, Latimer et Knox. Ils furent des lumi�res brillantes en leur temps, et des milliers d��mes b�niront Dieu durant toute l��ternit� de ce qu�ils ont v�cu, pr�ch� et �crit. Et si on les consid�re dans leurs vies priv�es et dans leurs minist�res publics, ils font honte � beaucoup de chr�tiens qui ont le privil�ge de conna�tre toute une s�rie de v�rit�s, que nous cherchons en vain dans les �crits volumineux des r�formateurs.

Mais, en admettant tout cela, nous sommes n�anmoins convaincus que ces honor�s serviteurs de Christ ne saisirent point plusieurs des v�rit�s sp�ciales et caract�ristiques du christianisme, et par cons�quent ne les pr�ch�rent, ni ne les enseign�rent; du moins nous ne trouvons pas ces v�rit�s dans leurs �crits. Ils pr�ch�rent la pr�cieuse v�rit� de la justification par la foi; ils donn�rent les Saintes �critures au peuple; ils foul�rent aux pieds beaucoup de superstitions romaines. Ils firent tout cela, par la gr�ce de Dieu, et nous en b�nissons le P�re des mis�ricordes. Mais le protestantisme n�est pas le christianisme, et les �glises nomm�es �glises de la r�formation, qu�elles soient nationales ou dissidentes, ne sont pas l��glise de Dieu, loin de l�. Jetons un regard en arri�re sur les dix-huit si�cles �coul�s, et malgr� de soi-disant r�veils, malgr� les lumi�res brillantes qui ont lui de temps � autre sur l�horizon de l��glise, � lumi�res qui paraissaient d�autant plus vives par le contraste des t�n�bres profondes qui les entouraient, � malgr� les nombreuses manifestations de l�Esprit de Dieu, soit en Europe, soit en Am�rique, au si�cle pass� et dans celui o� nous sommes, malgr�, dis-je, toutes ces choses, pour lesquelles nous b�nissons Dieu, nous en revenons sans h�siter � notre assertion, savoir que l��glise professante a fait naufrage, que la chr�tient� descend rapidement la pente fatale qui m�ne aux t�n�bres finales, que ces contr�es favoris�es, o� la v�rit� �vang�lique a �t� pr�ch�e, o� les Bibles et les trait�s ont circul� par millions, seront couvertes de t�n�bres �paisses, et tomberont dans une �nergie d�erreur pour croire au mensonge.

Verra-t-on alors un monde converti? Non, mais une �glise jug�e. Les saints de Dieu, dispers�s dans la chr�tient�, tous les vrais membres du corps de Christ, seront enlev�s � la rencontre du Seigneur, � les saints endormis seront ressuscit�s, les vivants transmu�s en un instant, � et tous ravis en m�me temps pour �tre toujours avec le Seigneur. Alors le myst�re d�iniquit� se montrera en la personne de l�homme de p�ch�, du m�chant, de l�antichrist. Le Seigneur J�sus viendra, et tous ses saints avec Lui, pour ex�cuter le jugement sur la B�te, c�est-�-dire sur l�empire romain qui aura repris vie et sur l�antichrist; l�empire romain en Occident, le faux proph�te en Orient.

Ce jugement sera un acte sommaire de jugement guerrier sans proc�s juridique quelconque, vu que soit la B�te, soit le faux proph�te, seront trouv�s en r�volte ouverte et en opposition blasph�matoire contre Dieu et contre l�Agneau. Ensuite aura lieu le jugement des nations vivantes, tel qu�il est rapport� en Matt. 25:31-46.

D�s lors, tout mal ayant �t� d�truit, Christ r�gnera en justice et en paix pendant mille ans, � p�riode heureuse et b�nie, vrai sabbat pour Isra�l et pour toute la terre, � p�riode marqu�e par ces deux grands faits Satan li� et Christ r�gnant. Faits glorieux, dont la seule mention fait d�border le c�ur en louanges!

Mais, apr�s sa captivit� de mille ans, Satan sera d�li�, et il lui sera permis de faire encore un effort contre Dieu et contre son Christ. �Et quand les mille ans seront accomplis, Satan sera d�li� de sa prison; et il sortira pour �garer les nations qui sont aux quatre coins de la terre, Gog et Magog, pour les assembler pour le combat, eux dont le nombre est comme le sable de la mer1. Et ils mont�rent sur la largeur de la terre, et ils environn�rent le camp des saints et la cit� bien-aim�e; et du feu descendit du ciel de la part de Dieu et les d�vora. Et le diable qui les avait �gar�s fut jet� dans l��tang de feu et de soufre, o� sont et la b�te et le faux proph�te; et ils seront tourment�s, jour et nuit, aux si�cles des si�cles� (Apoc. 20:7-10).

1 Le lecteur distinguera entre les Gog et Magog d�Apoc. 20, et ceux d��z. 38 et 39. Les premiers sont post-mill�naires, les seconds anti-mill�naires.

Ce sera le dernier effort de Satan, suivi de sa perdition �ternelle. Ensuite, nous avons le jugement des morts, �petits et grands�, de tous ceux qui sont morts dans leurs p�ch�s, depuis les jours de Ca�n. Sc�ne terrible que rien ne saurait d�peindre!

Enfin nous voyons se d�rouler devant nous l��tat �ternel les nouveaux cieux et la nouvelle terre o� la justice habitera.

Tel est l�ordre des �v�nements que nous trouvons trac�s de la mani�re la plus claire dans les pages inspir�es. Nous venons d�en donner un court r�sum�, en rapport avec les v�rit�s qui nous ont occup�s, v�rit�s qui, nous le savons, ne sont point populaires; mais notre devoir est d�annoncer tout le conseil de Dieu et non pas de rechercher la popularit�. Nous ne nous attendons pas � ce que la v�rit� de Dieu soit populaire dans la chr�tient�; nous avons, au contraire, cherch� � prouver que, tout comme Isra�l abandonna la v�rit� qu�il devait garder, de m�me l��glise professante a laiss� �chapper toutes les grandes v�rit�s qui caract�risent le christianisme du Nouveau Testament. Notre d�sir est de r�veiller les c�urs de tous les vrais chr�tiens, au sujet de ces v�rit�s et de la responsabilit� qui leur incombe, non seulement de les recevoir, mais de chercher � les r�aliser mieux et � en faire une plus noble confession. Nous voudrions voir se lever nombreux, dans ces heures derni�res de l�histoire terrestre de l��glise, des hommes dou�s d�une v�ritable puissance spirituelle, pour proclamer avec ardeur les v�rit�s trop longtemps oubli�es de l��vangile de Dieu. Veuille le Seigneur, dans sa grande bont� envers son peuple, susciter de tels hommes et les envoyer. Puisse le Seigneur J�sus frapper de plus en plus fort � la porte, afin que beaucoup d��mes entendent et lui ouvrent, selon le d�sir de son c�ur, et qu�elles go�tent la douceur d�une communion personnelle avec lui-m�me, en attendant sa venue!

Il n�y a aucune limite aux b�n�dictions de l��me qui entend la voix de Christ et lui ouvre la porte; et ce qui est vrai pour une �me, l�est aussi pour des milliers. Mais soyons simples, sinc�res, reconnaissant notre faiblesse et notre n�ant, mettant de c�t� toute vaine pr�tention, ne cherchant pas �tre quelque chose, mais gardant la parole de Christ et ne reniant pas son nom, trouvant notre bonheur � rester � ses pieds, � nous nourrir de Lui, et notre joie � le servir en toutes choses. Alors nous cheminerons tous ensemble en bon accord et en amour, ayant notre centre commun en Christ, et pour but commun de faire avancer sa cause et conna�tre sa gloire. Pl�t � Dieu qu�il en f�t ainsi, de nos jours, pour tous les chers enfants de Dieu! Quel aspect diff�rent nous pr�senterions au monde! Le Seigneur veuille r�veiller son peuple!

Le lecteur trouvera peut-�tre que nous nous sommes bien �cart�s du sixi�me chapitre du Deut�ronome. Nous lui rappellerons, une fois pour toutes, que ce n�est point seulement ce que chaque chapitre renferme qui demande notre attention, mais aussi ce qu�il sugg�re. Et de plus, notre d�sir en �crivant est d��tre conduit par l�Esprit de Dieu � d�velopper certaines v�rit�s qui peuvent s�appliquer aux besoins de tous nos lecteurs. Pourvu que le cher troupeau de Christ soit nourri, instruit et consol�, peu importe que ce soit par des explications compl�tes et suivies, ou par des fragments d�tach�s.

Nous continuerons maintenant notre chapitre. Mo�se ayant pos� la grande v�rit� fondamentale, contenue au vers. 4: ��coute, Isra�l: L��ternel, notre Dieu, est un seul �ternel�, continue � enjoindre � la congr�gation, ses devoirs sacr�s envers cet �tre b�ni. Il n��tait pas seulement un Dieu, mais il �tait leur Dieu. Il avait daign� faire une alliance avec eux. Il les avait d�livr�s, port�s comme sur des ailes d�aigle et amen�s � Lui, afin qu�ils lui fussent un peuple et que Lui f�t leur Dieu.

Relation pr�cieuse! Mais il fallait qu�on rappel�t � Isra�l quelle �tait la conduite qui convenait � une telle relation et qui ne pouvait r�sulter que d�un c�ur aimant: �Tu aimeras l��ternel, ton Dieu, de tout ton c�ur, et de toute ton �me et de toute ta force�. C�est le secret de toute vraie religion pratique. Sans cela, tout est sans valeur pour Dieu: �Mon fils, donne-moi ton c�ur�. Lorsque le c�ur est donn�, tout va bien. On peut comparer le c�ur au balancier d�une montre qui r�gule la force du ressort, lequel pousse les aiguilles dans leur marche tout autour du cadran. Si votre montre va mal, il ne suffit pas de changer la position des aiguilles, il faut toucher le balancier r�gulateur. Dieu demande un travail r�el, venant du c�ur. Il nous dit: �Enfants, n�aimons pas de parole, ni de langue, mais en action et en v�rit� (1 Jean 3:18).

Comme nous devrions le b�nir pour des paroles si touchantes Elles nous r�v�lent si bien son c�ur aimant! Il nous aime en action et en v�rit�, et rien autre ne saurait le satisfaire, soit dans notre conduite envers lui, soit envers nos semblables. Tout doit proc�der directement du c�ur.

�Et ces paroles que je te commande aujourd�hui, seront sur ton c�ur�, � la source m�me de la vie. Tout ce qui est dans le c�ur sort par les l�vres et dans la vie. Combien donc il importe que le c�ur soit rempli de la parole de Dieu; tellement plein qu�il n�y ait plus de place pour les folies et les vanit�s de ce monde. Alors notre conversation sera toujours dans un esprit de gr�ce, assaisonn�e de sel. �De l�abondance du c�ur la bouche parle�. Nous pouvons donc juger, par ce qui sort de la bouche, de ce qui est dans le c�ur. La langue est l�organe du c�ur � l�organe de l�homme. �L�homme bon, du bon tr�sor, produit de bonnes choses, et l�homme mauvais, du mauvais tr�sor, produit de mauvaises choses� (Matt. 12:34-35). Quand le c�ur est r�ellement gouvern� par la parole de Dieu, toute la conduite le montre et il faut qu�il en soit ainsi, car le c�ur est le ressort principal de tout notre �tre moral; il est au centre de toutes ces influences morales qui gouvernent notre vie et dirigent notre carri�re individuelle.

Dans toutes les pages du volume divin, nous voyons l�importance que Dieu attache � l��tat du c�ur vis-�-vis de Lui ou de sa Parole, ce qui est la m�me chose. Lorsque le c�ur est vrai pour Dieu, tout va bien; s�il devient froid et n�gligent pour la v�rit�, t�t ou tard un �loignement manifeste du chemin de la justice s�en suivra. Il y a donc une grande force dans cette exhortation, adress�e par Barnabas aux nouveaux convertis d�Antioche: �Il les exhortait tous � demeurer attach�s au Seigneur de tout leur c�ur (ou du propos de leur c�ur)�. (Actes 11:23).

Exhortation n�cessaire, maintenant comme alors. Ce �propos du c�ur� est pr�cieux � Dieu. C�est ce que nous osons appeler le grand r�gulateur moral. Il donne au caract�re chr�tien un s�rieux qui devrait �tre souhait� par chacun de nous. C�est l�antidote divin contre la ti�deur, la mort, le formalisme, toutes choses ha�ssables aux yeux de Dieu. La vie ext�rieure peut �tre correcte et les principes tout � fait orthodoxes, mais si le propos du c�ur manque, si tout l��tre moral ne s�attache pas avec amour � Dieu et � son Christ, tout le reste est sans valeur.

C�est par le c�ur que le Saint Esprit nous enseigne. C�est pourquoi l�ap�tre priait pour les saints � �ph�se, que �les yeux de leur c�ur (cardias) fussent �clair�s�, et encore �que le Christ habite par la foi dans vos c�urs� (�ph. 1:18; 3:17).

Ainsi donc nous voyons l�harmonie parfaite de toute l��criture avec l�exhortation contenue dans notre chapitre: �Et ces paroles, que je te commande aujourd�hui, seront sur ton c�ur�. S�il les e�t gard�es, combien Isra�l aurait �vit� d��garements, et surtout ce terrible p�ch� national de l�idol�trie dans lequel il retomba si souvent! Si les pr�cieuses paroles de l��ternel eussent trouv� leur place dans leur c�ur, ils n�eussent pas eu peur de Baal ou d�Ashtaroth. En un mot, toutes les idoles des pa�ens auraient �t� estim�es pour ce qu�elles valaient, si la parole de l��ternel avait �t� gard�e dans le c�ur d�Isra�l.

Remarquons ici comme tout cela est caract�ristique du livre du Deut�ronome. Il ne s�agit pas seulement ici de certaines observances religieuses, de sacrifices, de rites et de c�r�monies. Tout cela y a sans doute sa place, mais ce n�est nullement la chose principale. LA PAROLE est l�objet capital dans le Deut�ronome. C�est la parole de l��ternel sur le c�ur d�Isra�l. Le lecteur doit bien saisir cela, s�il d�sire avoir la clef du Deut�ronome. Ce n�est point un livre de c�r�monies; c�est un livre d�ob�issance morale. Il enseigne, presque � chaque page, que le c�ur qui aime, appr�cie et honore la parole de Dieu, est pr�t � tout acte d�ob�issance, soit pour offrir un sacrifice, soit pour observer un certain jour. Il pouvait arriver qu�un Isra�lite se trouv�t en un lieu ou au milieu de circonstances o� il ne pouvait adh�rer strictement aux rites et aux c�r�monies de sa religion; mais il ne pouvait jamais �tre plac� dans un milieu o� il ne p�t aimer, r�v�rer la parole de Dieu, et lui ob�ir. F�t-il emmen� captif aux bouts de la terre, rien ne pouvait lui enlever le pr�cieux privil�ge de r�p�ter ces paroles pr�cieuses et d�agir en cons�quence: �J�ai cach� ta parole dans mon c�ur, afin que je ne p�che pas contre toi�.

Dans leur court commentaire, ces paroles renferment le grand principe du livre du Deut�ronome, et nous pouvons ajouter le grand principe de la vie divine en tous temps, et en tous lieux. Il ne saurait jamais perdre sa force et sa valeur morales. Il subsiste � toujours. Il �tait vrai au temps des patriarches, pour Isra�l en Canaan, pour Isra�l dispers� jusqu�aux bouts de la terre, vrai pour l��glise enti�re, vrai pour chaque croyant individuel au milieu des ruines d�sol�es de l��glise. En un mot, l�ob�issance sera toujours le devoir sacr�, le grand privil�ge de la cr�ature � une ob�issance simple, imm�diate, � la parole du Seigneur. C�est l� une gr�ce pour laquelle nous pouvons b�nir sans cesse notre Dieu. Il nous a donn� sa Parole, et il nous exhorte � laisser cette Parole habiter dans nos c�urs, et gouverner toute notre vie et toute notre conduite.

�Et ces paroles que je te commande aujourd�hui, seront sur ton c�ur. Tu les inculqueras � tes fils, et tu en parleras, quand tu seras assis dans ta maison, et quand tu marcheras par le chemin, et quand tu te coucheras, et quand tu te l�veras et tu les lieras comme un signe sur ta main, et elles te seront pour fronteau entre les yeux, et tu les �criras aussi sur les poteaux de ta maison et sur tes portes�.

Tout cela est magnifique: la parole de Dieu cach�e dans le c�ur, et d�coulant du c�ur en douces instructions pour les enfants et en sainte conversation dans le sein de la famille; la parole brillant dans tous les actes de la vie journali�re, de sorte que tous ceux qui passaient par les portes ou entraient dans la maison, pouvaient voir que la parole de Dieu �tait la banni�re de tous ses habitants.

C�est ainsi qu�il en devait �tre jadis pour Isra�l, c�est ainsi qu�il en devrait �tre maintenant des chr�tiens. En est-il ainsi? Est-ce de la sorte que nous enseignons nos enfants? Nous effor�ons-nous toujours de rendre la parole de Dieu attrayante pour leurs jeunes c�urs? La voient-ils briller dans notre vie journali�re, influencer notre humeur, notre caract�re, nos habitudes, nos occupations, nos affaires? C�est ce que signifient ces expressions: �lier la Parole comme un signe sur la main et un fronteau entre les yeux�; �l��crire sur les poteaux de la maison et sur les portes�.

Il ne sert pas � grand-chose de nous efforcer d�enseigner la parole de Dieu � nos enfants, si nos vies ne sont pas gouvern�es par elle. Ce pr�cieux volume ne doit pas �tre un simple livre d��cole qu�il s�agirait d�apprendre comme une t�che. Nos enfants devraient voir que nous vivons dans l�atmosph�re de l��criture, et qu�elle forme le sujet de notre conversation dans nos moments de loisir, au sein de nos familles.

Mais n�avons-nous pas sujet d��tre humili�s, lorsque nous r�fl�chissons au caract�re habituel de nos conversations, soit � table, soit dans le cercle de la famille? Combien peu s�y trouvent les �l�ments de Deut�ronome 6:7! Combien, au contraire, de causeries oiseuses et de plaisanteries qui ne sont point biens�antes! Que de m�disances sur nos fr�res, nos voisins, nos connaissances! Que de babil futile!

D�o� cela provient-il? Simplement de l��tat de notre c�ur. La parole de Dieu, les commandements et les pr�ceptes de notre Seigneur et Sauveur J�sus Christ n�habitent pas dans nos c�urs, et par cons�quent, ils ne sont pas remplis, et ne d�bordent pas en fleuves de gr�ce et d��dification.

Quelqu�un dira-t-il que le chr�tien n�a pas besoin de consid�rer ces choses? Mais alors que signifie l�exhortation suivante: �Qu�aucune parole d�shonn�te ne sorte de votre bouche, mais celle-l� qui est bonne, propre � l��dification selon le besoin, afin qu�elle communique la gr�ce � ceux qui l�entendent�. Et celle-ci: �Soyez remplis de l�Esprit, vous entretenant par des psaumes et des hymnes et des cantiques spirituels, chantant et psalmodiant de votre c�ur au Seigneur; rendant toujours gr�ces pour toutes choses, au nom de notre Seigneur J�sus Christ, � Dieu le P�re� (�ph. 4:29; 5:18-20).

Ces paroles �taient adress�es aux saints � �ph�se, et assur�ment elles nous concernent aussi. Il se peut que nous ne nous rendions pas compte quel degr� nous manquons de maintenir notre conversation � un niveau spirituel. C�est dans nos familles et dans nos relations journali�res, que le manque de spiritualit� se remarque surtout. Aussi avons-nous grand besoin des paroles d�exhortation cit�es plus haut. Il est �vident que le Saint Esprit pr�vit ce besoin et y pourvut dans sa gr�ce. �coutez ce qu�il dit �aux saints et fid�les fr�res en Christ qui sont � Colosses�: �Que la paix du Christ, � laquelle aussi vous avez �t� appel�s en un seul corps, pr�side dans vos c�urs; et soyez reconnaissants. Que la parole du Christ habite en vous richement, � en toute sagesse vous enseignant et vous exhortant l�un l�autre, par des psaumes, des hymnes, des cantiques spirituels, chantant de vos c�urs � Dieu dans un esprit de gr�ce� (Col. 3:15, 16).

Quel tableau d�licieux de ce que devrait �tre toute vie chr�tienne! C�est le d�veloppement de ce qui se trouve dans notre chapitre, o� nous voyons l�Isra�lite au milieu de sa famille, la parole de Dieu d�coulant de son c�ur en tendres instructions � ses enfants, o� nous le voyons dans sa vie journali�re, dans toutes ses occupations au dedans ou au dehors, sous l�influence b�nie des paroles de l��ternel.

Ayons donc un c�ur rempli de la paix de Christ, de la parole de Christ, de Christ lui-m�me. Il ne faut rien moins que cela. Commen�ons avec le c�ur, et quand il sera enti�rement occup� des choses c�lestes, nous en aurons vite fini avec toute esp�ce de m�disances et de plaisanteries.

�Et il arrivera, quand l��ternel, ton Dieu, t�aura introduit dans le pays qu�il a jur� � tes p�res, � Abraham, � Isaac et � Jacob, de te donner: de grandes et bonnes villes que tu n�as pas b�ties, et des maisons pleines de tous biens que tu n�as pas remplies; et des puits creus�s que tu n�as pas creus�s, des vignes et des oliviers que tu n�as pas plant�s; et que tu mangeras, et que tu seras rassasi�; alors prends garde � toi, de peur que tu n�oublies l��ternel qui t�a fait sortir du pays d��gypte, de la maison de servitude� (vers. 10-12).

Au milieu de toutes les b�n�dictions de la terre de Canaan, ils devaient se souvenir de Celui qui les avait tir�s de la maison de servitude. Ils devaient se rappeler aussi que toutes ces choses leur �taient donn�es gratuitement. Le pays et tout ce qu�il contenait devenait leur partage, en vertu des promesses de Dieu � Abraham, � Isaac et � Jacob. Les villes b�ties, les maisons remplies, les puits creus�s, les vignes et les oliviers pr�ts pour la r�colte, tout �tait don gratuit de la gr�ce souveraine. Tout ce qu�ils avaient � faire, c��tait de prendre possession avec une foi simple, et de garder � toujours dans leurs c�urs le souvenir du tendre Donateur. Ils devaient penser � Lui et trouver dans son amour le vrai motif d�une vie d�ob�issance filiale. De quelque c�t� qu�ils tournassent leurs regards, ils voyaient les preuves de sa grande bont�, les fruits abondants de son amour merveilleux. Chaque ville, chaque maison, chaque puits, chaque vigne et chaque olivier leur parlaient de la gr�ce de l��ternel et leur offraient la preuve �vidente de sa fid�lit� inviolable � sa promesse.

�Tu craindras l��ternel, ton Dieu, et tu le serviras, et tu jureras par son nom. Vous n�irez point apr�s d�autres dieux, d�entre les dieux des peuples qui seront autour de vous; car l��ternel, ton Dieu, qui est au milieu de toi, est un Dieu jaloux de peur que la col�re de l��ternel, ton Dieu, ne s�embrase contre toi, et qu�il ne te d�truise de dessus la face de la terre� (vers. 13-15).

Deux grands motifs sont plac�s, dans notre chapitre, devant la congr�gation: �l�amour�, au vers. 5, et la �crainte�, au vers. 13. Nous trouvons ces motifs dans toute l��criture, et on ne saurait leur donner trop d�importance comme mobiles de la vie et de la conduite du chr�tien. �La crainte de l��ternel est le commencement de la sagesse�. Nous sommes exhort�s � �tre �tout le jour dans la crainte de l��ternel� (Prov. 9:10; 23:17). C�est le refuge moral contre le mal. �Et il dit � l�homme: Voici, la crainte du Seigneur c�est l� la sagesse; et se retirer du mal est l�intelligence� (Job 28:28).

Le livre divin abonde en passages qui montrent la grande importance de la crainte de Dieu. �Comment�, dit Joseph, �ferais-je ce grand mal, et p�cherais-je contre Dieu?� Le chr�tien, qui marche habituellement dans la crainte de Dieu, est pr�serv� de commettre toute esp�ce de mal. La r�alisation constante de la pr�sence divine doit �tre une protection efficace contre toute tentation. Que de fois nous voyons la pr�sence d�un chr�tien spirituel, mettre un frein � la l�g�ret� et � la folie; et si telle peut �tre l�influence d�un de nos semblables, combien plus puissante doit �tre celle de la pr�sence de Dieu r�alis�e par une �me?

Lecteur chr�tien, effor�ons-nous de vivre comme �tant en la pr�sence imm�diate de Dieu; alors nous serons pr�serv�s du mal sous mille formes diverses; nous y sommes expos�s journellement, et nos dispositions nous y poussent. La pens�e que les yeux de Dieu sont sur nous, aurait sur nos vies et nos paroles une influence beaucoup plus puissante que la pr�sence de tous les saints sur la terre et que celle de tous les anges du ciel. Cette crainte de l��ternel, dont l��criture parle tant, deviendrait pour nous un rempart contre toute mauvaise pens�e ou action, contre tout ce qui est mal, quelle qu�en soit la forme.

Nous vivons, nous nous mouvons, et nous sommes peu en la pr�sence de Dieu (Actes 17:28). Si nous nous rappelions que Dieu nous voit, et qu�il entend chacune de nos paroles, qu�il conna�t chacune de nos pens�es, chacun de nos actes, comme nous nous conduirions diff�remment!

C�est alors que nous pourrons montrer la vaste influence de l�amour qui nous ��treint�. Nous entrerons dans la sainte activit� que cet amour produit toujours. �L�amour du Christ nous �treint�, dit l�ap�tre, �en ce que nous avons jug� ceci, que si un est mort pour tous, tous donc sont morts, et qu�il est mort pour tous, afin que ceux qui vivent ne vivent plus pour eux-m�mes, mais pour celui qui pour eux est mort et a �t� ressuscit� (2 Cor. 5:14-15).

Pl�t � Dieu que tout cela f�t plus pleinement r�alis� parmi nous, et que la crainte et l�amour de Dieu fussent continuellement dans nos c�urs avec leur puissance sanctifiante! Alors notre vie journali�re serait � sa louange et en b�n�diction pour tous ceux avec lesquels nous sommes appel�s � �tre en contact.

Le vers. 16 de notre chapitre demande une attention toute sp�ciale. �Vous ne tenterez point l��ternel, votre Dieu, comme vous l�avez tent� � Massa�. Ces paroles furent cit�es par notre Seigneur, lorsqu�il fut tent� par Satan � se jeter du haut du temple: �Alors le diable le transporte dans la ville sainte, et le place sur le fa�te du temple, et lui dit: Si tu es Fils de Dieu, jette-toi en bas, car il est �crit: Il donnera des ordres � ses anges � ton sujet, et ils te porteront sur leurs mains, de peur que tu ne heurtes ton pied contre une pierre� (Matt. 4:5, 6).

Ce passage est tr�s remarquable. Il prouve que Satan peut citer l��criture, lorsque cela lui convient. Mais il omet une clause importante: �De te garder en toutes tes voies�. Or il n�entrait point dans les voies de Christ de se jeter du fa�te du temple. Ce n��tait pas le chemin du devoir. Il n�avait pas re�u de commandement de Dieu � ce sujet, et, par cons�quent, il refuse de le faire. Il n�avait pas besoin de tenter Dieu, de le mettre � l��preuve. Il avait, comme homme, la confiance en Dieu la plus enti�re, la plus grande assurance en sa protection.

De plus, il n�allait pas quitter le sentier du devoir afin de se convaincre si Dieu aurait soin de lui; et cela nous enseigne une importante le�on. Nous pouvons toujours compter sur la protection de Dieu, tant que nous sommes sur le chemin du devoir. Mais si nous choisissons notre propre route, si nous recherchons notre plaisir ou notre int�r�t, c�est une coupable pr�somption que de dire que nous comptons sur Dieu.

Sans doute, notre Dieu est plein de gr�ce et d�amour et ses compassions sont sur nous, lors m�me que nous nous �cartons du chemin du devoir; mais cela ne touche en rien ce que nous avan�ons, savoir que nous ne pouvons compter sur la protection divine que lorsque nous marchons dans le sentier de l�ob�issance. Si un chr�tien expose sa vie en escaladant les Alpes simplement pour son plaisir, a-t-il le droit de croire que Dieu prendra soin de lui? Que sa conscience r�ponde. Si Dieu nous appelle � traverser un lac en tourmente pour aller pr�cher l��vangile; s�il nous ordonne de traverser les Alpes en vue d�un service sp�cial � lui rendre, alors, assur�ment, nous pouvons nous confier � sa main puissante pour nous prot�ger contre tout mal. Le grand point, pour chacun de nous, c�est d��tre trouv� dans le chemin du devoir. Il se peut qu�il soit �troit, rude et solitaire, mais il n�en est pas moins ombrag� par les ailes du Tout-Puissant, et illumin� par la lumi�re de sa face.

Avant de quitter le sujet sugg�r� par le vers. 16, remarquons ce fait int�ressant que notre Seigneur, dans sa r�ponse � Satan, ne fait aucune remarque sur sa fausse interpr�tation du Ps. 91:11. Au lieu de dire � l�ennemi: Tu as omis une clause importante du passage que tu viens de rapporter, il cite simplement un autre passage, comme faisant autorit� pour sa propre conduite. C�est de cette mani�re qu�il vainquit le tentateur et qu�il nous laissa un exemple b�ni.

Remarquons encore que le Seigneur J�sus ne vainquit pas Satan par son pouvoir divin. S�il en e�t �t� ainsi, il ne pourrait �tre un exemple pour nous. Mais lorsque nous le voyons, comme homme, se servir de la Parole seule pour arme, et par elle remporter la victoire, nos c�urs sont encourag�s et consol�s, et nous apprenons comment nous devons, dans notre sph�re individuelle, agir et r�sister aux tentations. L�homme Christ J�sus vainquit en se confiant simplement en Dieu et en ob�issant � sa Parole.

Fait rempli d�encouragement et de consolation pour nous! Satan ne pouvait rien sur Celui qui ne voulait agir que sur l�autorit� divine et par la puissance de l�Esprit. J�sus ne fit jamais sa propre volont�, quoique, nous le savons, cette volont� fut absolument parfaite. Il descendit du ciel, ainsi, qu�il nous le dit lui-m�me en Jean 6, non pour faire sa volont�, mais la volont� du P�re qui l�avait envoy�. Du commencement � la fin, il fut un serviteur parfait. Sa r�gle de conduite �tait la parole de Dieu, sa puissance pour agir �tait le Saint Esprit; son seul motif d�action, la volont� de Dieu; par cons�quent le prince de ce monde n�avait rien en Lui. Satan, avec toutes ses ruses, ne pouvait lui faire quitter le chemin de l�ob�issance ou la place de d�pendance.

Lecteur chr�tien, souvenons-nous que notre Seigneur et Ma�tre nous a laiss� un exemple, afin que nous suivions ses traces. Puissions-nous les suivre avec z�le, pendant le peu de temps qui nous reste, avec l�aide du Saint Esprit, comprendre davantage que nous sommes appel�s � marcher comme J�sus a march�! Il est notre grand mod�le en toutes choses. �tudions-le mieux, afin de le reproduire plus fid�lement.

Nous terminerons cette longue section, en vous priant de lire attentivement les versets 17 � 25 du chapitre qui vient de nous occuper; ce passage, d�une puissance, d�une pl�nitude et d�une profondeur remarquable, est aussi tr�s caract�ristique du livre tout, entier du Deut�ronome.

La parole de Dieu est plac�e devant l��me dans chaque page, dans chaque paragraphe de ce livre. C�est le grand sujet de tous les discours du l�gislateur et celui qui lui tient le plus au c�ur. Son but est de glorifier la parole de Dieu sous tous ses aspects, soit sous la forme de t�moignages, de commandements, de statuts ou d�ordonnances, et de d�montrer l�importance morale, l�urgente n�cessit� d�une ob�issance enti�re, compl�te et z�l�e, de la part du peuple. �Vous garderez soigneusement les commandements de l��ternel, votre Dieu�. Et plus loin: �Tu feras ce qui est droit et bon aux yeux de l��ternel�.

Nous voyons ici se d�rouler devant nos yeux ces principes �ternels qu�aucun changement de dispensation, de milieu, ou de circonstances, ne peut alt�rer. �Ce qui est droit et bon� sera toujours d�une application universelle et permanente. Cela nous rappelle les paroles de l�ap�tre Jean � son ami bien-aim� Ga�us. �Bien-aim�, n�imite pas le mal, mais le bien�. Il se pouvait que l�assembl�e f�t dans un triste �tat, que beaucoup de choses affligeassent le c�ur de Ga�us; Diotr�phe se comportait d�une mani�re impardonnable envers le v�n�rable ap�tre et envers d�autres; tout cela �tait vrai et il se pouvait qu�il y e�t des choses pires encore. Que devait faire Ga�us? Simplement imiter ce qui �tait droit et bon; ouvrir son c�ur, sa main et sa maison � tous ceux qui apportaient la v�rit�; chercher de toute mani�re � aider la cause de Christ.

C�est aussi ce que doit faire tout vrai disciple de Christ, en toutes circonstances. Il se peut que nous soyons en petit nombre, peut-�tre m�me presque seuls, mais n�importe; nous devons imiter ce qui est bon, co�te que co�te. Nous devons nous retirer de l�iniquit�, nous purifier des vases � d�shonneur, fuir les convoitises de la jeunesse, nous d�tourner des professants sans vie; puis, �poursuivre la justice, la foi, l�amour et la paix�. Dans l�isolement? Non, mais �avec ceux qui invoquent le Seigneur d�un c�ur pur� (2 Tim. 2:22). Je puis me trouver seul pour un temps; mais il ne peut y avoir d�isolement aussi longtemps que le corps de Christ est sur la terre, et jusqu�� ce qu�il vienne nous prendre. Nous pouvons donc toujours esp�rer de trouver ici ou l� des �mes qui invoquent le Seigneur d�un c�ur pur; c�est notre devoir de les chercher, et les ayant trouv�es, de marcher avec elles dans une sainte communion �jusqu�� la fin�.

Informations bibliographiques
bibliography-text="Commentaire sur Deuteronomy 6". "Commentaire biblique intermédiaire". https://beta.studylight.org/commentaries/fre/cbi/deuteronomy-6.html.