Bible Commentaries
Deutéronome 9

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versets 1-29

��coute, Isra�l: Tu passes aujourd�hui le Jourdain, pour entrer, pour poss�der des nations plus grandes et plus fortes que toi, des villes grandes et mur�es jusqu�aux cieux, un peuple grand et de haute stature, les fils des Anakim, que tu connais et dont tu as entendu dire: Qui peut tenir devant les fils d�Anak?�

Ces paroles: ��coute, Isra�l�, sont comme la clef du livre que nous �tudions, et en particulier de ces premiers discours qui nous ont occup�s jusqu�ici, et le chapitre qu�elles ouvrent, pr�sente, en effet, des sujets d�une fort grande importance.

Tout d�abord, le l�gislateur met sous les yeux des enfants d�Isra�l, en termes solennels, ce qui les attend � leur entr�e dans le pays. Il ne leur cache pas qu�ils auront � rencontrer de s�rieuses difficult�s et des ennemis redoutables. Ce n��tait point qu�il voul�t les d�courager; son but �tait de les avertir et de les pr�parer. Nous verrons bient�t quelle devait �tre cette pr�paration, mais le fid�le serviteur de Dieu sentait qu�avant tout, il �tait absolument n�cessaire de placer devant ses fr�res le v�ritable �tat des choses.

On peut envisager les difficult�s de deux mani�res � au point de vue humain, ou au point de vue divin; avec un esprit d�incr�dulit�, ou bien avec le calme et la paix d�une enti�re confiance en Dieu. Nous avons un exemple de la premi�re disposition d�esprit, dans le r�cit des espions incr�dules, en Nomb. 13, et un exemple de la seconde au commencement du chapitre qui nous occupe maintenant.

Nier que le peuple de Dieu ait � rencontrer de nombreuses difficult�s, ne serait pas de la foi, mais de la pr�somption, du fanatisme, ou le fruit d�un enthousiasme charnel. Il est toujours bon de savoir ce que l�on fait, et l�on ne doit pas se lancer aveugl�ment dans un chemin o� l�on n�est pas pr�par� � entrer. Un paresseux incr�dule dira: �Le grand lion est dans le chemin�; un aveugle enthousiaste s��criera: �Non, il n�y a rien de semblable�. L�homme de foi dira: �Quand m�me il y aurait des centaines de lions sur la route, Dieu est puissant pour les disperser�.

Mais comme grand principe pratique et d�une application g�n�rale, il est de toute importance pour les enfants de Dieu, de consid�rer s�rieusement et calmement toute ligne de conduite ou toute sph�re d�action, avant de s�y engager. Si cela se faisait davantage, nous ne verrions pas autant de naufrages spirituels autour de nous. Que signifient ces paroles si solennelles adress�es par le Seigneur aux multitudes qui l�entouraient? �Et se tournant, il leur dit: Si quelqu�un vient � moi, et ne hait pas son p�re, et sa m�re, et sa femme, et ses enfants, et ses fr�res, et ses s�urs, et m�me aussi sa propre vie, il ne peut �tre mon disciple. Et quiconque ne porte pas sa croix, et ne vient pas apr�s moi, ne peut �tre mon disciple. Car quel est celui d�entre vous qui, voulant b�tir une tour, ne s�asseye premi�rement et ne calcule la d�pense, pour voir s�il a de quoi l�achever? de peur que, en ayant jet� le fondement et n�ayant pu l�achever, tous ceux qui le voient ne se mettent � se moquer de lui, disant: Cet homme a commenc� � b�tir, et il n�a pu achever� (Luc 14:26-30). Paroles bien propres � faire r�fl�chir! Combien de tours inachev�es s�offrent � nos regards, quand nous contemplons le vaste champ de la profession chr�tienne, � que d�occasions de moquerie pour le spectateur! Que de gens qui se font disciples, par une sorte d�impulsion subite, ou sous l�action d�une influence humaine, sans bien comprendre ni bien peser tout ce qu�implique leur d�termination! Il s�en suit que quand les difficult�s viennent � surgir, que les �preuves se pr�sentent et que le sentier devient �troit, rude, solitaire, ils se d�tournent, prouvant par l� qu�ils n�avaient jamais r�ellement calcul� la d�pense, jamais pris ce chemin selon la pens�e de Dieu, jamais bien compris ce qu�ils faisaient.

De tels cas sont fort tristes. Ils font un grand tort � la cause de Christ, donnent � l�ennemi l�occasion de blasph�mer, et tendent � d�courager ceux qui ont � c�ur la gloire de Dieu et le bien des �mes. Mieux vaudrait ne jamais entrer sur ce terrain que d�y entrer pour l�abandonner ensuite par incr�dulit� ou par un esprit de mondanit�.

Nous pouvons ainsi comprendre la sagesse et l�utilit� des paroles qui ouvrent notre chapitre. Mo�se annonce fid�lement aux enfants d�Isra�l ce qui les attendait, non pas pour les d�courager, mais afin de les pr�server de la confiance en soi-m�me, qui laisse sans force au moment de l��preuve, et de les engager � s�appuyer sur le Dieu vivant, qui ne manque jamais au c�ur qui se confie en Lui.

�Et sache aujourd�hui que l��ternel, ton Dieu, c�est lui qui passe devant toi, un feu consumant: c�est lui qui les d�truira, et lui qui les abattra devant toi; et tu les d�poss�deras et tu les feras p�rir subitement, comme l��ternel te l�a dit�.

Voil� la solution divine de toutes les difficult�s, quelque grandes qu�elles soient. Qu��taient, devant l��ternel, les nations puissantes, les villes mur�es, les grandes cit�s? Comme de la poussi�re balay�e par le vent. �Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous?� Les choses m�mes qui effrayent et tourmentent le c�ur timide, sont des occasions pour Dieu de d�ployer sa puissance, et de triomphe pour la foi. La foi dit: �Si Dieu est devant moi et avec moi, je puis aller partout�. De sorte que la seule chose qui glorifie r�ellement Dieu, c�est la foi qui peut se confier en Lui, s�appuyer sur Lui et le louer; en m�me temps elle est la seule chose qui donne � l�homme la place qui lui convient, celle de compl�te d�pendance de Dieu, place qui assure la victoire et produit la louange.

Mais n�oublions pas que, dans la victoire m�me, il y a un danger moral, � c�est celui de tomber dans l�orgueil, � pi�ge terrible pour nous pauvres mortels. Dans la lutte, nous sentons notre compl�te impuissance, et il est bon pour nous que le moi et tout ce qui lui appartient soit enti�rement abaiss�, car nous trouvons alors Dieu dans toute la pl�nitude de ce qu�il est, pour nous donner une victoire s�re et certaine, et la louange en est le r�sultat.

Mais nos c�urs rus�s et mauvais sont enclins � oublier d�o� nous sont venues la force et la victoire. De l� la valeur et l�� propos des paroles d�exhortation suivantes, adress�es par le fid�le serviteur de Dieu aux c�urs et aux consciences de ses fr�res: �Ne parle pas en ton c�ur (c�est toujours l� que commence le mal), quand l��ternel ton Dieu, les aura chass�s de devant toi; disant: C�est � cause de ma justice que l��ternel m�a fait entrer pour poss�der ce pays. Mais c�est � cause de la m�chancet� de ces nations que l��ternel les d�poss�de devant toi�.

H�las! qu�il est terrible de penser que nous sommes capables de dire en nos c�urs des paroles comme celles-ci: �� cause de ma justice!� Oui, lecteur, nous en sommes tout aussi capables que les Isra�lites, vu que nous ne sommes pas meilleurs qu�eux, et les dangers ou les tentations contre lesquels l�Esprit de Dieu nous met en garde, ne sont pas imaginaires. Nous sommes vraiment capables de faire des dispensations de Dieu � notre �gard, une occasion de propre justice. Au lieu de voir dans les d�livrances qu�il nous accorde, un sujet d�actions de gr�ces, nous nous en servons pour nous glorifier nous-m�mes.

Pesons donc s�rieusement les paroles d�exhortation que Mo�se adresse au peuple; elles sont un souverain rem�de contre la propre justice, aussi naturelle � notre c�ur qu�� celui d�Isra�l: �Ce n�est point � cause de ta justice, ni � cause de la droiture de ton c�ur que tu entres pour poss�der leur pays; car c�est � cause de la m�chancet� de ces nations que l��ternel, ton Dieu, les d�poss�de devant toi, et afin de ratifier la parole que l��ternel a jur�e � tes p�res, � Abraham, � Isaac, et � Jacob. Et sache que ce n�est pas � cause de ta justice que l��ternel, ton Dieu, te donne ce bon pays pour le poss�der; car tu es un peuple de cou roide. Souviens-toi et n�oublie pas comment tu as excit� � col�re l��ternel, ton Dieu, dans le d�sert: depuis le jour o� tu es sorti du pays d��gypte, jusqu�� votre arriv�e en ce lieu, vous avez �t� rebelles contre l��ternel� (vers. 5-7).

Nous trouvons dans ce paragraphe deux grands principes que nous avons besoin de bien saisir. Premi�rement, Mo�se rappelle au peuple que leur entr�e en possession du pays de Canaan avait lieu en vertu de la promesse faite � leurs p�res. C��tait placer la chose sur un fondement que rien ne pouvait �branler.

Quant aux sept nations, c��tait � cause de leur m�chancet� que Dieu, dans l�exercice de son juste gouvernement, allait les chasser. Tout propri�taire a le droit de mettre dehors de mauvais locataires; or les nations canan�ennes non seulement n�avaient pas rendu � Dieu ce qu�elles lui devaient (voyez Rom. 1), mais elles avaient souill� le pays � tel point que Dieu ne pouvait plus les supporter, et c�est pourquoi il allait les chasser, sans que cela e�t rapport � ceux qui viendraient apr�s. L�iniquit� des Amor�ens �tait venue � son comble, et le jugement devait suivre son cours. Les hommes raisonnent sur le fait qu�un �tre tout bon p�t ordonner l�extermination de villes enti�res, avec leurs habitants; mais dans le gouvernement de Dieu, nous avons une r�ponse � tous ces arguments. Dieu sait ce qu�il doit faire, sans avoir � demander conseil � l�homme. Il avait support� la m�chancet� des sept nations jusqu�� ce qu�elle f�t devenue intol�rable; la terre elle-m�me ne pouvait plus l�endurer. Patienter plus longtemps aurait �t� sanctionner les plus honteuses abominations, et cela �tait moralement impossible. La gloire de Dieu exigeait l�expulsion des Canan�ens.

Mais la gloire de Dieu demandait aussi que les descendants d�Abraham fussent mis en possession du pays, pour l�occuper � toujours comme le tenant du Dieu Tout-Puissant et Souverain, possesseur des cieux et de la terre. La possession du pays de la promesse par Isra�l et le maintien de la gloire divine �taient intimement li�s ensemble. Dieu avait promis de donner la terre de Canaan � la post�rit� d�Abraham en possession �ternelle. N�en avait-il pas le droit? Les incr�dules mettront-ils en doute le droit de Dieu de faire ce que bon lui semble de ce qui est � Lui? Refuseront-ils au Cr�ateur et gouverneur de l�univers un droit qu�ils r�clament pour eux-m�mes? Le pays appartenait � l��ternel; il l�avait donn� � toujours � Abraham, son ami, et � sa post�rit�. Il ne pouvait manquer � sa promesse. Toutefois les Canan�ens ne furent point troubl�s dans leur possession de la terre en question jusqu�� ce que leur m�chancet� f�t devenue absolument intol�rable.

En second lieu, les Isra�lites n�avaient aucun motif de se vanter, comme Mo�se le leur montre bien nettement, en leur rappelant les principaux traits de leur histoire d�Horeb � Kad�s-Barn�a; � le veau d�or, les tables de l�alliance bris�es, Tabh�ra, Massa et Kibroth-Hattaava, et il termine par ces paroles bien propres � les humilier: �Vous avez �t� rebelles � l��ternel depuis le jour que je vous ai connus�.

C��tait parler franchement au c�ur et � la conscience. Mo�se leur d�voile clairement et par des faits, ce qu�ils �taient, r�v�lation humiliante! Il leur rappelle ainsi combien de fois ils avaient �t� pr�s d�une ruine compl�te. Avec quelle force accablante les paroles suivantes devaient-elles frapper leurs oreilles: �Et l��ternel me dit: L�ve-toi, descends promptement d�ici, car ton peuple, que tu as fait sortir d��gypte, s�est corrompu; ils se sont vite d�tourn�s du chemin que je leur avais command�, ils se sont fait une image de fonte. Et l��ternel me parla, disant: J�ai vu ce peuple, et voici, c�est un peuple de cou roide. Laisse-moi, et je les d�truirai, et j�effacerai leur nom de dessous les cieux; et je ferai de toi une nation plus forte et plus nombreuse qu�eux� (vers. 12-14).

Paroles bien propres � abaisser leur vanit� naturelle et leur propre justice; et combien leurs c�urs auraient d� �tre touch�s quand Mo�se leur rappelle ces mots sortis de la bouche de l��ternel: �Laisse-moi, et je les d�truirai!� Ils pouvaient voir par l� combien ils avaient �t� pr�s d�une enti�re destruction! Ils s��taient peu dout�s de tout ce qui s��tait pass� entre l��ternel et Mo�se, sur le sommet du mont Horeb! Ils avaient �t� au bord d�un affreux pr�cipice; un instant encore et ils y tombaient. Ils avaient �t� sauv�s par l�intercession de Mo�se, de celui-l� m�me qu�ils avaient accus� de s�arroger trop de droits sur eux. Oh comme ils s��taient tromp�s et l�avaient mal jug�! L�homme m�me qu�ils avaient accus� de chercher � �tre prince sur eux, �tait celui qui avait refus� l�occasion que Dieu lui offrait de devenir le chef d�une nation plus puissante et plus grande qu�eux! Et, en outre, ce m�me homme avait ardemment suppli� que s�ils n��taient pas pardonn�s et amen�s dans le pays, son nom fut effac� du livre.

Qu�il est merveilleux de voir ce que Dieu produit dans le c�ur de ses serviteurs! En repassant toutes les choses que Mo�se leur rappelle, les Isra�lites pouvaient comprendre quelle insigne folie il y aurait eu � dire: �C�est � cause de ma justice que l��ternel m�a fait entrer pour poss�der ce pays�. Comment ceux qui avaient fait une image de fonte auraient-ils pu parler ainsi? Ne devaient-ils pas plut�t reconna�tre qu�ils ne valaient pas mieux que les nations qui allaient �tre chass�es de devant eux? Car qui les avait fait �tre diff�rents? Et � quoi devaient-ils d�avoir �t� d�livr�s d��gypte, nourris dans le d�sert, et d��tre bient�t introduits dans le pays de Canaan? Uniquement � la gr�ce souveraine de Dieu et � la stabilit� �ternelle de l�alliance faite avec leurs p�res, �alliance bien ordonn�e et assur�e� (2 Sam. 23:5), alliance ratifi�e et scell�e par le sang de l�Agneau, en vertu duquel tout Isra�l sera encore sauv� et b�ni dans son propre pays.

Lisons maintenant les touchantes paroles par lesquelles se termine notre chapitre: �Et je me prosternai devant l��ternel, les quarante jours et les quarante nuits pendant lesquels je me prosternai devant lui; car l��ternel avait dit qu�il vous d�truirait. Et je suppliai l��ternel, et je dis Seigneur �ternel! ne d�truis pas ton peuple, et ton h�ritage, que tu as rachet� par ta grandeur, que tu as fait sortir d��gypte � main forte! Souviens-toi de tes serviteurs, d�Abraham, d�Isaac, et de Jacob; ne regarde pas � la duret� de ce peuple, et � sa m�chancet�, et � son p�ch�; de peur qu�on ne dise dans le pays d�o� tu nous as fait sortir: Parce que l��ternel ne pouvait pas les faire entrer dans le pays qu�il leur avait promis, et parce qu�il les ha�ssait, il les a fait sortir pour les faire mourir dans le d�sert. Or ils sont ton peuple et ton h�ritage, que tu as fait sortir par ta grande puissance et par ton bras �tendu�.

Quelle puissante intercession pour Isra�l! Quelle abn�gation � l��gard de lui-m�me! Mo�se refuse l�honneur qui lui est offert de devenir le fondateur d�une nation plus grande et plus puissante qu�Isra�l. Son seul d�sir est que l��ternel soit glorifi� et Isra�l pardonn�, b�ni et introduit dans la terre promise. Il ne pouvait supporter la pens�e d�un bl�me jet� sur ce nom glorieux, si cher � son c�ur, et il ne pouvait non plus consentir � voir la destruction d�Isra�l. C��taient l� les deux choses qu�il redoutait, mais quant � sa propre gloire, il ne s�en souciait aucunement. Ce bien-aim� serviteur ne s�inqui�tait que de la gloire de Dieu et du salut de son peuple, et quant � ce qui le concernait lui-m�me, il �tait dans une tranquillit� parfaite, assur� que sa b�n�diction personnelle �tait li�e d�une mani�re indissoluble � la gloire divine.

Combien cette intercession si vive et si pleine d�amour de son serviteur, �tait plus en harmonie avec les pens�es de Dieu, que l�accusation d��lie contre Isra�l, quelques centaines d�ann�es plus tard! Elle nous rappelle l�office b�ni de notre grand souverain sacrificateur, qui est toujours vivant pour interc�der pour nous.

Il est beau et vraiment touchant d�observer de quelle mani�re Mo�se insiste sur le fait que le peuple �tait l�h�ritage de l��ternel, et qu�il l�avait tir� du pays d��gypte. L��ternel avait dit: �Ton peuple, que tu as fait sortir d��gypte�. Mais Mo�se dit: �Ils sont ton peuple et ton h�ritage, que tu as fait sortir d��gypte�. Cette sc�ne n�est-elle pas de toute beaut�, et n�offre-t-elle pas le plus profond int�r�t?

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