Bible Commentaries
Écclésiaste 11

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versets 1-10

Ce chapitre continue sous d�autres rapports l�enseignement du chapitre pr�c�dent. Il nous montre quelle doit �tre l�activit� d�un fils de la sagesse en pr�sence des voies de la Providence qui lui sont cach�es. Ces voix sont repr�sent�es par les eaux, les nu�es, le vent et la lumi�re (1, 3, 4, 7), sur lesquels l�homme n�a aucun contr�le et dont la direction lui est inconnue. Aussi entendons-nous cette parole: Tu ne sais pas, tu ne connais pas (v. 2, 5, 6). Et ce chapitre se termine par la seule chose que le jeune homme e�t besoin de savoir (v. 9). L��tat d�esprit qui nous est d�crit dans ce chapitre est en accord avec toute la pens�e du Livre: L�homme plac� en pr�sence des ph�nom�nes de la Cr�ation qui tombent sous ses sens, est incapable d�en saisir les origines et se heurte � chaque instant � l�inconnu, aussi longtemps que Dieu ne lui a pas fait conna�tre les choses secr�tes, d�rob�es � l�intelligence la plus d�velopp�e.

Comme nous l�avons vu pour d�autres parties de ce Livre, les sentences de ce chapitre ne se bornent pas � mentionner des faits ext�rieurs, mais offrent un sens spirituel et cach� que l�Esprit seul peut nous r�v�ler et qui s�applique � tous les temps. Le borner au temps et aux circonstances de Salomon serait bien mal comprendre le but et l�application de la parole de Dieu.

De m�me qu�au commencement du chap. 7, les recommandations qui sont faites ici au fils de la sagesse sont au nombre de sept: un enseignement complet sur ce sujet particulier, enseignement auquel il ne manque rien.

1� �Jette ton pain sur la face des eaux, car tu le trouveras apr�s bien des jours� (v. 1).

L�enfant de la sagesse doit r�pandre sans distinction et en apparence sans but, son propre pain, ce qui sert � sa nourriture, sur la face des eaux. Ces derni�res semblent le milieu le moins appropri� pour cela, et l�on pourrait penser qu�en agissant ainsi le sage a perdu son pain. Ce proverbe s�applique manifestement � la Parole. L��tat confus du monde ne semble pas fait pour la recevoir; l�ignorance absolue o� nous sommes du lieu o� les eaux la porteront, pourrait nous engager � ne pas la r�pandre indistinctement, mais ce que nous avons � faire c�est de nous confier � la Providence divine, � une volont� qui a son but et sa direction et ne demande pas que nous les connaissions. Elle veut que nous r�pandions cette Parole de vie sans compter. Il arrivera apr�s bien des jours que cet acte d�ob�issance sera r�compens� et que nous trouverons � quoi Dieu l�avait destin�. Nous rentrerons en possession de ce que nous avions confi� � Celui qui fait �chouer sa Parole au bon endroit. Comme toujours, le Pr�dicateur ne d�passe pas ici un temps terrestre limit� et dit: �Apr�s bien des jours�. Nous pouvons compter autrement, car nous r�coltons pour l��ternit� le fruit de la Parole sem�e dans ce monde, sur la surface des eaux. C�est ainsi que Paul �tait certain de r�colter le fruit de son travail � la venue du Seigneur J�sus. Quoi qu�il en soit, nous trouvons ici le r�sultat de la confiance en la Providence de Dieu, car comment retrouverions-nous ce que nous avons jet� sur les eaux, si Dieu ne le ramenait pas?

2� �Donne une portion � sept, et m�me � huit; car tu ne sais pas quel mal arrivera sur la terre�.

Lorsque nous avons, en revanche, � distribuer nous-m�mes, leur nourriture aux hommes, avec l�intelligence de leurs besoins, nous avons � le faire lib�ralement. Il est �vident que cette parole d�passe le sens mat�riel, comme cela arriva lors de la multiplication des pains. Il faut que les sept, le nombre complet, re�oivent leur portion et, comme pour les 7000 hommes, qu�il y en ait de reste pour un huiti�me. Une puissance cach�e, une puissance divine est seule capable de rassasier les foules et de trouver encore dans ce qui reste la nourriture pour d�autres. Cette activit� de notre part, quant au service, est n�cessaire, urgente m�me, car le temps est court; nous ne savons � quel moment la famine arrivera sur la terre; le jugement est � la porte, peut-�tre beaucoup plus proche que nous ne le supposons et alors ceux qui n�ont pas re�u leur portion seront condamn�s � p�rir!

Si, comme nous venons de le voir, le sage est exhort� � mettre indistinctivement ses ressources au service de tous, la sagesse lui enseigne aussi que l��uvre de la gr�ce d�pend enti�rement de la Providence divine.

3� �Si les nu�es sont pleines, elles verseront la pluie sur la terre�. En Luc 12:54, 55, la nu�e qui verse la pluie sur la terre est l�image de la gr�ce, comme le vent du midi l�image du jugement. Malgr� toute la vanit� qui remplit ce pauvre monde, la gr�ce subsiste. De son c�t�, Dieu poss�de des r�servoirs qu�il remplit, des sources qui apportent la b�n�diction sur la terre. Quelque instrument que Dieu veuille employer dans ce but en faisant de lui un vase d��lection pour les hommes, il n�en reste pas moins vrai que l��uvre est enti�rement de Lui. Tous les r�veils en sont la preuve �vidente.

4� �Et si un arbre tombe, vers le midi ou vers le nord, � l�endroit o� l�arbre sera tomb�, l� il sera�.

Chaque chose a son but dans les desseins de Dieu. Qu�un arbre tombe vers le midi ou le nord cela peut para�tre pur hasard. Non, une volont� inconnue de l�homme a donn� la direction � sa chute. Cette protection est retir�e � celui qui pouvait en profiter. L�arbre reste o� il est tomb�. Qui en dira la cause? Du c�t� des nu�es le b�n�fice est visible, du c�t� de l�arbre le but est cach�.

5� �Celui qui observe le vent ne s�mera pas; et celui qui regarde les nu�es ne moissonnera pas. Comme tu ne sais point quel est le chemin de l�esprit, ni comment se forment les os dans le ventre de celle qui est enceinte, ainsi tu ne connais pas l��uvre de Dieu qui fait tout� (v. 4, 5).

Le vent et les nu�es ne sont pas sous le contr�le de l�homme; c�est Dieu qui les fait na�tre. C�est Lui qui fait tout. Nous ignorons le chemin du vent, les myst�res de la naissance, v�rit�s qui se relient � ce que nous avons dit au commencement de ce chapitre. Observer, regarder pour conna�tre le moment favorable aux semailles et � la moisson, c�est perdre le temps de l�action � laquelle Dieu nous appelle. Nous ne sommes que des instruments entre ses mains et nous oserions pr�tendre contr�ler le vent et les nu�es! �Le vent souffle o� il veut�, dit le Seigneur, �et tu en entends le son; mais tu ne sais pas d�o� il vient, ni o� il va: il en est ainsi de tout homme qui est n� de l�Esprit�. Nous ne connaissons pas �l��uvre de Dieu qui fait tout�, mais que cela ne nous emp�che ni de semer, ni de moissonner.

6� �Le matin, s�me ta semence, et, le soir, ne laisse pas reposer ta main; car tu ne sais pas ce qui r�ussira, ceci ou cela, ou si tous les deux seront �galement bons� (v. 6).

Cette sentence se lie intimement � la pr�c�dente. Nous avons � semer matin et soir, en temps oppos�s; � semer sans distinction de l�heure. L�un ou l�autre � et qui sait? Dieu le sait � peut-�tre m�me tous deux am�neront la moisson attendue. Agir ainsi n�est pas manque de pr�voyance, mais simple confiance dans la direction de la Providence, et d�pendance de l�action de la gr�ce.

7� �La lumi�re est douce, et il est agr�able pour les yeux de voir le soleil; mais si un homme vit beaucoup d�ann�es, et se r�jouit en toutes, qu�il se souvienne aussi des jours de t�n�bres, car ils sont en grand nombre: tout ce qui arrive est vanit� (v. 7, 8).

Il y a dans ce monde des choses agr�ables; le Pr�dicateur est loin de le nier. On peut se r�jouir de la lumi�re qui les met en �vidence et en valeur; mais � mesure que l�on avance en �ge on voit que notre pass� a eu des jours de t�n�bres en grand nombre. Ainsi l�on repasse soi-m�me sa vie dont le dernier mot est �Vanit�; chose inutile, dont rien ne subsiste, qui s�en va sans laisser de trace, ensevelie finalement dans l�oubli! Cette sentence nous am�ne au verset suivant.

v. 9. �R�jouis-toi, jeune homme, dans ta jeunesse, et que ton c�ur te rende heureux aux jours de ton adolescence, et marche dans les voies de ton c�ur et selon les regards de tes yeux; mais sache que, pour toutes ces choses, Dieu t�am�nera en jugement�.

Nous avons deux conclusions de tout le Livre de l�Eccl�siaste: ce verset forme la premi�re. Nous verrons la seconde aux vers. 13, 14 du chapitre suivant. Combien de fois le Pr�dicateur n�a-t-il pas r�p�t� la maxime qui semble pr�coniser la jouissance de la vie mat�rielle et ce que l�homme appelle �la joie de vivre�. Au milieu de l�amertume d�un c�ur sans illusion, qui voit les plus belles choses de ce monde g�t�es, tordues, fl�tries � par la violence, la corruption, le renversement des lois morales, la l�g�ret�, l�insouciance, la ruse, la folie; il y a pour l�homme certains biens, certaines jouissances, passag�res sans doute, certaines joies, certaines affections, certains objets aim�s, comme par exemple, �le chemin de l�homme vers la jeune fille� (Prov. 30:19), qui font la joie du jeune homme dans sa jeunesse. Le Pr�dicateur dont la sagesse a sond� toutes ces choses, lui dit: �Marche dans les voies de ton c�ur et selon les regards de tes yeux (voyez 2:24; 3:12; 5:18; 8:15; 9:7), mais �� Il y a un �mais� solennel au bout de ces jouissances: �Sache que, pour toutes ces choses, Dieu t�am�nera en jugement�. Dieu te demandera compte de chaque jouissance: pour qui et pour quoi as-tu v�cu? Tout ne se borne pas � la terre. Il y a un Dieu, et ce Dieu est un juge; c�est l�une des v�rit�s fondamentales de l�Eccl�siaste. Tu devras para�tre devant ton Juge. Ici, pas un mot de la gr�ce, mais n�est-il pas frappant que ce chapitre qui commence par nous parler en images de la gr�ce, chose presque unique dans l�Eccl�siaste, se termine par le jugement (d�j� mentionn� au chap. 3:17), jugement dont le Pr�dicateur parlera encore une fois pour terminer tout son Livre par ce mot terrible.

Cette parole est tr�s s�rieuse et caract�ristique. Le sage ne serait pas le sage si, au milieu de la vanit� dont il reconna�t que tout est frapp� sous le soleil, il ne reconnaissait que, d�une part, l�homme peut �tre l�instrument de la gr�ce au milieu du domaine du mal; d�autre part que, si Dieu semble laisser les choses suivre leur cours sans s�en occuper, il y a un moment o� il demandera compte � tout homme de sa vie et de ses moindres actes.

v. 10. ��te de ton c�ur le chagrin, et fais passer le mal loin de ta chair; car le jeune �ge et l�aurore sont vanit�.

Au v. 9, le Pr�dicateur a parl� au jeune homme de joie et de bonheur; montrant que tout finit par le jugement. Au v. 10 qui termine ce chapitre, il lui parle d��ter le chagrin de son c�ur et d��viter le mal � son corps � mais voici que l�enfance et la jeunesse sont vanit�, une chose sans but, sans dur�e, inutile, qui passe sans laisser de trace! Jugement d�un c�t�, vanit� de l�autre, tel est le sort de l�homme aux yeux de la sagesse. � L�aurore! Combien le jeune homme se trompe au d�but de la vie! Tout est si brillant! Y a-t-il rien de plus beau qu�un lever de soleil? Ne promet-il pas toutes les joies pour une longue journ�e? Mais au chap. 12, nous allons trouver la fin de la carri�re, toutes les d�sillusions, toutes les d�ceptions de la vie. Peut-�tre a-t-elle �t� longue et tr�s remplie; elle finit par un cercueil. Le Pr�dicateur n�est-il pas autoris� � dire, lui qui est arriv� au bout de ses exp�riences: �L�aurore est vanit��?

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bibliography-text="Commentaire sur Ecclesiastes 11". "Commentaire biblique intermédiaire". https://beta.studylight.org/commentaries/fre/cbi/ecclesiastes-11.html.