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Genèse 12

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versets 1-20

L�histoire de sept hommes remplit en grande partie le livre de la Gen�se, ce sont: Abel, �noch, No�, Abraham, Isaac, Jacob et Jos�ph. Je ne doute pas que l�histoire de chacun d�eux ne repr�sente une v�rit� particuli�re. Ainsi, par exemple, en Abel nous trouvons en figure la r�v�lation de cette v�rit� fondamentale, que l�homme peut s�approcher de Dieu par le moyen de l�expiation, re�ue par la foi. �noch nous montre la part et l�esp�rance propres � la famille c�leste, tandis que No� nous apprend quelle est la destin�e de la famille terrestre; �noch fut enlev� au ciel avant le jugement; No� fut port� au travers du jugement sur la terre restaur�e. Chacun de ces hommes nous repr�sente une v�rit� distincte, et en cons�quence une phase distincte de la foi. Le lecteur peut poursuivre l��tude de ce sujet dans toute son �tendue en liaison avec le chapitre 11 de l��p�tre aux H�breux, et ce travail ne sera pour lui, ni sans int�r�t, ni sans profit.

Mais c�est Abram qui se pr�sente maintenant � nous, et c�est de lui que nous allons nous occuper.

En comparant les versets 1 du chapitre 12 et 31 du chapitre 11 avec les versets 2-4 du chapitre 7 du livre des Actes, nous apprenons une v�rit� d�une immense valeur pratique pour l��me. �L��ternel avait dit � Abram: Va-t�en de ton pays, et de ta parent�, et de la maison de ton p�re, dans le pays que je te montrerai� (v. 1). Telle est la communication que Dieu fit � Abram, communication parfaitement d�finie, et par laquelle Dieu voulait agir sur le c�ur et la conscience de celui � qui elle �tait adress�e. �Le Dieu de gloire apparut � notre p�re Abraham lorsqu�il �tait en M�sopotamie, avant qu�il habit�t en Charan� et de l�, apr�s que son p�re fut mort, Dieu le fit passer dans ce pays o� vous habitez maintenant� (Actes 7:2-4). Le r�sultat de cette communication se trouve au verset 31 du chapitre 11 de la Gen�se: �Et T�rakh prit Abram son fils et Lot, fils de Haran, fils de son fils, et Sara�, sa belle-fille, femme d�Abram, son fils; et ils sortirent ensemble d�Ur des Chald�ens, pour aller au pays de Canaan; et ils vinrent jusqu�� Charan, et habit�rent l�� et T�rakh mourut � Charan.� De tous ces passages, pris collectivement, nous apprenons que les liens de la nature emp�ch�rent que le c�ur d�Abram r�pond�t enti�rement � l�appel de Dieu. Bien qu�appel� � se rendre en Canaan, il s�arr�ta � Charan jusqu�� ce que la mort e�t rompu le lien de la nature qui le retenait aupr�s de son p�re; et ensuite, sans se laisser arr�ter davantage dans sa route, il se rendit au lieu o� �le Dieu de gloire l�avait appel�.

Tout ceci est significatif. Les influences de la nature sont toujours contraires � la pleine r�alisation et � la puissance pratique de �l�appel de Dieu�. Nous sommes, malheureusement, enclins � nous contenter d�une portion moindre que celle que cette vocation place devant nous. Il faut une foi bien simple et bien int�gre pour que l��me puisse s��lever � la hauteur des pens�es de Dieu, et s�approprier les choses qu�il nous r�v�le.

La pri�re de Paul, que nous trouvons en �ph. 1:15-23 ep 1.15-23, nous apprend � quel degr� il avait compris les difficult�s contre lesquelles l��glise aurait � lutter en cherchant � saisir quelles sont �l�esp�rance de l�appel de Dieu et les richesses de la gloire de son h�ritage dans les saints�. Il est �vident que nous ne pouvons marcher �d�une mani�re digne� de cet appel, si nous ne le comprenons pas. Il faut que nous sachions o� nous sommes appel�s avant que de pouvoir nous y rendre. Si Abram avait �t� pleinement sous la puissance de cette v�rit�: que c��tait en Canaan que �Dieu l�appelait�, et que l� �tait son h�ritage, il n�aurait pas pu s�arr�ter � Charan. Il en est de m�me de nous. Si, par le Saint Esprit, nous sommes amen�s � comprendre que l�appel dont nous sommes appel�s, est un appel c�leste, que notre demeure, notre part, notre esp�rance, notre h�ritage, sont l� �o� Christ est assis � la droite de Dieu�, nous ne nous occuperons jamais � chercher � maintenir une position dans le monde, ni ne rechercherons la r�putation, ou ne nous amasserons un tr�sor sur la terre. L�appel c�leste n�est pas un vain dogme ou une th�orie sans puissance: s�il n�est pas une r�alit� divine, il n�est absolument rien. L�appel d�Abram �tait-il une simple sp�culation de l�esprit, sur laquelle il pouvait raisonner et discuter, tout en demeurant � Charan? Assur�ment non: c��tait une v�rit� divine, puissante, pratique. Abram �tait appel� en Canaan, et il �tait impossible que Dieu p�t l�approuver de rester en arri�re. Et comme il en �tait d�Abram, ainsi en est-il de nous: si nous d�sirons jouir de l�approbation et de la pr�sence de Dieu, il faut que nous cherchions par la foi � agir conform�ment � l�appel c�leste; c�est-�-dire que nous devons chercher � arriver, en exp�rience, en pratique et en caract�re moral, � ce � quoi Dieu nous appelle, savoir, � une pleine communion avec son Fils unique: une communion avec lui dans sa rejection ici-bas, � une communion avec lui dans son acceptation dans le ciel. Mais comme pour Abram, ce fut la mort qui rompit le lien par lequel la nature l�attachait � Charan, de m�me, pour nous, c�est la mort qui rompt le lien par lequel la nature nous encha�ne � ce pr�sent si�cle. Il faut que nous r�alisions que nous sommes morts en Christ notre chef et notre repr�sentant; que notre place, dans la nature et dans le monde, est parmi les choses qui �taient, que la croix de Christ est pour nous ce que la mer Rouge �tait pour Isra�l, savoir: qu�elle nous s�pare pour jamais du pays de la mort et du jugement. Ce n�est qu�ainsi que nous pourrons marcher en quelque mesure, �d�une mani�re digne de l�appel dont nous avons �t� appel�s� (�ph. 4:1), haute, sainte et c�leste vocation, la �vocation de Dieu en J�sus Christ�.

Arr�tons-nous un moment ici, pour contempler la croix de Christ sous ses deux faces essentielles, savoir comme fondement de notre culte et de notre service, de notre paix et de notre t�moignage, de nos rapports avec Dieu et de nos rapports avec le monde. Si, convaincu de p�ch�, je regarde la croix du Seigneur J�sus, je vois, dans la croix, le fondement �ternel de ma paix; je vois que �mon p�ch� a �t� �t� quant � son principe et � sa racine, et je vois que �mes p�ch�s� ont �t� port�s; je vois que Dieu est bien v�ritablement �pour moi�, et qu�il est pour moi dans la position m�me dans laquelle je me vois quand ma conscience a �t� r�veill�e. La croix r�v�le Dieu comme l�ami du p�cheur; elle le r�v�le dans son caract�re merveilleux de juste justificateur du p�cheur le plus impie. La cr�ation et la providence �taient �galement impuissantes � cet �gard; en elles, sans doute, je puis apprendre la puissance de Dieu, sa majest� et sa sagesse. Mais ces choses, consid�r�es en elles-m�mes, d�une mani�re abstraite, sont toutes contre moi, parce que je suis un p�cheur, et que la puissance, la majest� et la sagesse ne peuvent pas �ter mon p�ch�, ni faire que Dieu soit juste, en me recevant � lui. � la croix, au contraire, je vois Dieu entrant en compte avec le p�ch�, de telle sorte qu�il se glorifie lui-m�me infiniment; je vois la manifestation glorieuse et la parfaite harmonie de tous les attributs divins; je vois l�amour, et un amour tel qu�il captive et persuade mon c�ur en l�affermissant et en le d�tachant de tout autre objet, � proportion qu�il r�alise cet amour; je vois la sagesse, et une sagesse qui confond les d�mons et �tonne les anges; je vois la puissance, et une puissance qui renverse tous les obstacles; je vois la saintet�, et une saintet� qui repousse le p�ch� jusqu�aux limites les plus recul�es de l�univers moral, et qui est l�expression la plus forte qui p�t �tre donn�e de l�horreur que Dieu a du p�ch�, je vois la gr�ce, et une gr�ce qui place le p�cheur dans la pr�sence m�me de Dieu, � bien plus, dans le sein de Dieu. O� pourrais-je voir ces choses ailleurs qu�� la croix? Regardez de tous c�t�s, vous ne trouverez jamais rien qui r�unisse d�une mani�re aussi pleine et glorieuse ces deux grandes choses: �Gloire � Dieu dans les lieux tr�s hauts� et �paix sur la terre�.

Quelle valeur n�a donc pas la croix � ce premier point de vue, comme fondement de la paix du croyant, de son culte et de sa relation �ternelle avec le Dieu que cette croix r�v�le d�une mani�re aussi glorieuse! Quelle valeur n�a-t-elle pas pour Dieu, comme �tant la base sur laquelle il peut avec justice d�ployer en plein toutes ses incomparables perfections, et agir � l��gard du p�cheur selon toute l��tendue de sa gr�ce! La croix a pour Dieu une valeur, telle que, comme l�a tr�s bien dit un �crivain moderne, �tout ce que Dieu a dit, tout ce qu�il a fait, d�s le commencement, prouve que la croix occupait la premi�re place dans son c�ur. Et faut-il nous en �tonner, quand nous savons que le Fils bien-aim� de Dieu devait �tre clou� � cette croix et, l�, �tre l�objet de la honte et de toutes les souffrances que les hommes et les d�mons pourraient amonceler sur sa t�te, parce qu�il prenait plaisir � faire la volont� de son P�re et � racheter les enfants de sa gr�ce? La croix sera le grand centre d�attraction, comme l�expression la plus parfaite de son amour pendant toute l��ternit�. Ensuite, comme base de notre service actif et de notre t�moignage, la croix r�clame, de notre part, la plus s�rieuse attention. Il est � peine n�cessaire de dire qu�� ce point de vue, la croix est aussi parfaite qu�au point de vue pr�c�dent. La croix, qui me met en relation avec Dieu, m�a s�par� du monde. Un mort en a fini avec le monde, et le croyant, �tant mort en Christ, est crucifi� au monde et le monde lui est crucifi� (Gal. 6:14 gl 6.12-16), et �tant ressuscit� avec Christ, il est uni � Lui dans la puissance d�une vie et d�une nature nouvelles. Ins�parablement uni � Christ, le croyant partage n�cessairement son acceptation aupr�s de Dieu et sa rejection de la part du monde. Ces deux choses vont ensemble: la premi�re nous constitue adorateurs et citoyens du ciel; la seconde nous constitue t�moins et �trangers sur la terre; la premi�re nous introduit au-dedans du voile; la seconde nous fait sortir hors du camp; et l�une est aussi parfaite que l�autre. Si la croix s�est plac�e entre moi et mes p�ch�s, et m�a mis en paix avec Dieu, elle s�est plac�e aussi entre moi et le monde, et elle m�associe � Christ le rejet� des hommes, faisant de moi un objet de leur inimiti�, tout en me constituant en m�me temps l�humble et patient t�moin de cette gr�ce pr�cieuse, insondable et �ternelle, qui a �t� r�v�l�e en elle.

Le croyant devrait bien comprendre ces deux aspects de la croix de Christ, et �tre en �tat de les distinguer. Il ne devrait pas faire profession de jouir des b�n�dictions de l�un, tout en refusant d�entrer dans les conditions de l�autre. S�il a l�oreille ouverte pour entendre la voix du Christ en dedans du voile, il devrait l�avoir ouverte aussi pour entendre cette voix hors du camp. S�il saisit l�expiation qui a �t� accomplie sur la croix, il devrait aussi r�aliser de fait la rejection dont elle est n�cessairement accompagn�e. C�est notre heureux privil�ge, non seulement d�en avoir fini avec le p�ch�, mais aussi d�en avoir fini avec le monde. Tout est compris dans la doctrine de la croix; c�est pourquoi un ap�tre a pu dire: �Mais qu�il ne m�arrive pas � moi de me glorifier, sinon en la croix de notre Seigneur J�sus Christ, par laquelle le monde m�est crucifi�, et moi au monde� (Gal. 6:14 gl 6.12-16). Paul consid�rait le monde comme une chose qui devait �tre clou�e � la croix; et le monde, en crucifiant Christ, avait crucifi� tous ceux qui lui appartenaient. M�ditons s�rieusement ces choses; m�ditons-les sinc�rement et avec pri�re, et que le Saint Esprit nous en fasse r�aliser la puissance pratique.

Revenons maintenant � notre sujet. Il n�est pas dit combien de temps Abram s�arr�ta � Charan: cependant Dieu, dans sa gr�ce, attendit son serviteur jusqu�� ce que, libre de toute entrave, il ob��t en plein � son commandement. Toutefois, il n�y eut pas et il ne pouvait y avoir d�accommodement entre le commandement et les circonstances dans lesquelles Abram se trouvait selon la nature. Dieu aime trop ses serviteurs pour les priver du bonheur complet qui accompagne une enti�re ob�issance.

Il est bon de remarquer qu�Abram ne re�ut aucune nouvelle r�v�lation pendant son s�jour � Charan. Pour que Dieu nous donne de nouvelles lumi�res, il faut que notre conduite soit � la hauteur de la lumi�re qu�il nous a d�j� communiqu�e. �Il sera donn� � celui qui a�. Tel est le principe divin. Souvenons-nous toutefois que Dieu ne nous tra�nera jamais � la remorque dans le sentier de l�ob�issance et du vrai service; faire ainsi, compromettrait cette excellence morale qui caract�rise toutes les voies de Dieu. Dieu ne nous tra�ne pas; il nous attire, et nous fait marcher ainsi dans le chemin qui conduit au bonheur ineffable qui est en lui-m�me; et si nous ne comprenons pas qu�il est de notre int�r�t de renverser toutes les barri�res de la nature pour r�pondre � l�appel de Dieu, nous manquons � la gr�ce qui nous a �t� faite. Mais, h�las! nos c�urs comprennent peu ces choses: nous commen�ons par compter les sacrifices, les emp�chements et les difficult�s, au lieu de courir dans le chemin de l�ob�issance, pleins d�ardeur, parce que nous connaissons et aimons Celui dont l�appel a retenti � nos oreilles.

Chaque pas dans le chemin de l�ob�issance est accompagn� de b�n�dictions r�elles, parce que l�ob�issance est le fruit de la foi, et que la foi nous associe avec Dieu et nous introduit dans une communion vivante avec lui. En consid�rant l�ob�issance � ce point de vue, nous verrons sans peine combien elle diff�re du l�galisme dans chacun de ses traits. Le principe l�gal place l�homme, charg� de tout le poids de ses p�ch�s, sur le sentier du service pour servir Dieu en gardant la loi: il en r�sulte que l��me est toujours tortur�e, et que, loin de courir dans le chemin de l�ob�issance, elle n�y est point m�me entr�e encore. La vraie ob�issance, au contraire, n�est que la manifestation ou le fruit d�une nouvelle nature communiqu�e par la gr�ce. Dieu, dans sa bont�, donne � cette nouvelle nature des pr�ceptes pour la guider; et il est parfaitement certain que la nature divine, guid�e par les pr�ceptes divins, ne produit jamais le l�galisme. Ce qui constitue le l�galisme, c�est la vieille nature essayant de suivre les pr�ceptes divins; or, essayer de r�gler la nature d�chue de l�homme, par la pure et sainte loi de Dieu, est aussi inutile qu�absurde. Comment la nature d�chue pourrait-elle respirer un air aussi pur? Il faut que tous deux, et la nature et l�air, soient divins.

Mais Dieu ne communique pas seulement au croyant une nature divine et ne le guide pas seulement par ses pr�ceptes divins, il place encore devant lui des esp�rances conformes � cette nature. Ainsi, pour ce qui concerne Abram, �le Dieu de gloire lui apparut�: et dans quel but? Dieu voulait placer devant lui un objet d�sirable, �le pays que je te montrerai�. Il n�y avait pas l� de la contrainte, mais Dieu attirait l��me. Selon l�appr�ciation de la nouvelle nature ou de la foi, le pays de l��ternel �tait bien meilleur que le pays d�Ur ou Charan; et quoiqu�elle n�e�t pas vu ce pays, la foi en appr�ciait la beaut� et la valeur, et estimait que, pour le poss�der, il valait la peine d�abandonner les choses pr�sentes. C�est pourquoi nous lisons que �par la foi, Abraham, �tant appel�, ob�it, pour s�en aller au lieu qu�il devait recevoir pour h�ritage; et il s�en alla, ne sachant o� il allait�, c�est-�-dire que �il marcha par la foi et non par la vue�. Bien qu�il n�e�t pas vu de ses yeux, il crut dans son c�ur, et la foi devint le grand mobile de son �me. La foi repose sur un fondement bien plus solide que l��vidence de nos sens, et ce fondement est la parole de Dieu � nos sens peuvent nous tromper, la parole de Dieu, jamais.

Le syst�me l�gal jette par-dessus bord la doctrine tout enti�re de la nouvelle nature, ainsi que les pr�ceptes qui la guident et les esp�rances qui l�animent. Il enseigne qu�il faut renoncer � la terre pour obtenir le ciel. Mais comment la nature d�chue pourrait-elle abandonner ce � quoi elle est unie? Comment pourrait-elle �tre attir�e par ce en quoi elle ne voit aucun charme? Le ciel n�a pas d�attrait pour la nature; c�est la derni�re place o� elle aimerait � se trouver. Elle n�a de go�t ni pour le ciel, ni pour ce qui occupe le ciel, ni pour les habitants du ciel. S�il �tait possible que la nature entr�t au ciel, elle y serait malheureuse. Elle est incapable de renoncer � la terre et incapable de d�sirer le ciel. Il est vrai qu�elle serait contente d��chapper � l�enfer et � ses tourments indescriptibles; mais le d�sir d��chapper � l�enfer et le d�sir d�obtenir le ciel, d�coulent de deux sources bien diff�rentes. Le premier peut exister dans la vieille nature, le dernier ne se trouve que dans la nouvelle. S�il n�y avait point d���tang de feu� et point de �ver� et de �grincements de dents� dans l�enfer, la nature ne le craindrait pas. Et ce principe est vrai � l��gard de tous les d�sirs et de toutes les poursuites de la nature. Le syst�me l�gal enseigne qu�il faut que nous abandonnions le p�ch� avant de pouvoir obtenir la justice; mais la nature ne peut pas abandonner le p�ch�; et quant � la justice, elle la hait positivement. Elle aimerait, il est vrai, une certaine mesure de pi�t�, mais dans la pens�e seulement et avec l�espoir que la pi�t� la pr�servera du feu de l�enfer: la nature n�aime pas le christianisme, parce qu�il introduit l��me dans la jouissance actuelle de Dieu et de ses voies.

Combien �l��vangile de la gloire du Dieu bienheureux� est diff�rent � tous �gards de tout ce syst�me de l�galisme! Cet �vangile r�v�le Dieu lui-m�me, descendant en gr�ce, �tant le p�ch� de la mani�re la plus absolue par le sacrifice de la croix, sur le fondement de la justice �ternelle, Christ ayant souffert pour le p�ch�, car il a �t� fait p�ch� pour nous. Et non seulement Dieu �te le p�ch�, mais il communique une vie nouvelle, une vie de r�surrection qui est la vie m�me de son propre Fils, ressuscit� et glorifi�, une vie que tout vrai croyant poss�de en vertu de ce que, dans le conseil �ternel de Dieu il est uni � Celui qui fut clou� � la croix, mais qui est maintenant sur le tr�ne de la majest� dans les cieux. Cette nouvelle nature, comme nous l�avons d�j� fait remarquer, Dieu, dans sa bont�, la guide par les pr�ceptes de sa sainte parole, appliqu�e par le Saint Esprit; il l�encourage aussi en lui pr�sentant des esp�rances indestructibles; il lui r�v�le � distance �l�esp�rance de la gloire�, �la cit� qui a des fondements�, �un meilleur pays, savoir le c�leste�, les �plusieurs demeures� de la maison du P�re, des �harpes�, �des palmes� et �des robes blanches�, un �royaume qui ne peut �tre �branl�, une �ternelle union avec lui-m�me dans ces r�gions du bonheur et de la lumi�re, o� la douleur et l�obscurit� ne sauraient entrer, la faveur inexprimable d��tre conduit, pendant toute l��ternit�, �aux eaux paisibles et dans les verts p�turages� de l�amour r�dempteur.

Combien tout cela est diff�rent des id�es l�gales. Au lieu de m�appeler � d�laisser les choses de la terre que j�aime, pour obtenir le ciel que je hais; � d�velopper et � gouverner une nature d�chue, Dieu, dans sa gr�ce infinie et en vertu du sacrifice que Christ a accompli, me communique une nature capable de jouir du ciel et me donne un ciel dont cette nature peut jouir, et non seulement un ciel, mais lui-m�me, source intarissable de toute la joie du ciel.

Telle est la voie infiniment excellente de Dieu. C�est ainsi qu�il en a us� avec Abraham, avec Saul de Tarse, et c�est ainsi qu�il agit � notre �gard. Le Dieu de gloire montra � Abraham un meilleur pays que celui d�Ur et de Charan; il fit voir � Saul de Tarse une gloire si resplendissante que ses yeux furent ferm�s � toutes les splendeurs de la terre, et qu�il ne les estima d�s lors que comme �des ordures�, afin qu�il p�t gagner le Christ qui lui �tait apparu et dont la voix avait retenti jusque dans les profondeurs de son �me. Saul voyait un Christ c�leste dans la gloire, et pendant tout le reste de sa course ici-bas, malgr� la faiblesse du �vase de terre�, ce Christ c�leste et cette gloire c�leste remplirent toute son �me.

�Et Abram passa au travers du pays, jusqu�au lieu de Sichem, jusqu�au ch�ne de Mor�. Et le Canan�en �tait alors dans le pays� (v. 6). La pr�sence des Canan�ens dans le pays de l��ternel devait n�cessairement �tre une �preuve pour Abram, un appel � sa foi et � son esp�rance, un exercice de c�ur, une �preuve de patience. Il avait laiss� derri�re lui Ur et Charan pour se rendre au pays dont �le Dieu de gloire� lui avait parl�; et l�, il trouve �les Canan�ens�. Mais l� aussi, il trouve l��ternel. �Et l��ternel apparut � Abram, et dit: Je donnerai ce pays � ta semence� (v. 7). La liaison de ces deux d�clarations est d�une �mouvante beaut�. �Le Canan�en �tait alors dans ce pays�, et de peur que les regrets d�Abram ne s�arr�tassent sur ce peuple, possesseur du pays, l��ternel lui appara�t comme �tant celui qui lui donnait ce pays-l�, � lui, et � sa post�rit� pour jamais. Les pens�es d�Abram �taient ainsi tourn�es vers l��ternel, et non vers les Canan�ens: et il y a l� une instruction pr�cieuse pour nous. Le Canan�en dans le pays est l�expression de la puissance de Satan; mais, au lieu de nous occuper de la puissance de Satan, qui nous tiendrait loin du pays de notre h�ritage, nous sommes appel�s � saisir la puissance de Christ qui nous y introduit. �Notre lutte n�est pas contre le sang et la chair� mais contre la puissance spirituelle de m�chancet� qui est dans les lieux c�lestes� (�ph�siens 6:12). La sph�re m�me o� nous sommes appel�s est la sph�re de nos luttes. Devons-nous en �tre effray�s? Mais non, car Christ y est pour nous; Christ victorieux dans lequel nous sommes �plus que vainqueurs�. C�est pourquoi, au lieu de nous livrer � un esprit de crainte, nous entretenons en nous un esprit d�adoration. �Et Abram b�tit l� un autel � l��ternel, qui lui �tait apparu�. �Et il se transporta de l� vers la montagne, � l�orient de B�thel, et tendit sa tente� (v. 7, 8). L�autel et la tente nous r�v�lent les deux traits principaux du caract�re d�Abram: il a �t� adorateur de Dieu et �tranger dans le monde; il �n�a pas eu o� poser son pied� (Actes 7:5 ac 7.2-7), mais il poss�dait Dieu et cela lui suffisait.

Mais si Dieu r�pond � la foi, il l��prouve aussi. La foi a donc ses �preuves. Il ne faut pas s�imaginer que le croyant n�ait � parcourir qu�une voix facile et unie; loin de l�, au contraire, il rencontre sans cesse des mers houleuses et un ciel orageux; mais Dieu a voulu qu�il f�t ainsi une plus profonde et plus m�re exp�rience de ce que Dieu est pour le c�ur qui se confie en lui. Si le ciel �tait toujours serein, le sentier toujours uni, le croyant ne conna�trait pas aussi bien le Dieu auquel il a affaire; car nous savons combien le c�ur est enclin � prendre la paix ext�rieure pour la paix de Dieu. Quand tout va bien autour de nous, que nos biens sont en s�ret�, que nos affaires prosp�rent, que nos enfants et nos serviteurs se conduisent bien, que notre habitation est agr�able, que nous jouissions d�une bonne sant�, que toutes choses, en un mot, r�pondent � ce que nous pouvons d�sirer, combien ne sommes-nous pas dispos�s � confondre la paix qui repose sur un tel �tat de choses, avec celle qui d�coule de la pr�sence sentie de Christ! Le Seigneur le sait; c�est pourquoi, quand nous nous reposons sur les circonstances, au lieu de nous reposer sur lui, il nous visite et, d�une mani�re ou d�une autre, il �branle nos faux appuis.

Il y a plus; nous sommes souvent port�s � croire que telle voie est droite, parce qu�elle est exempte d��preuves et vice versa. C�est une grande erreur. Le sentier de l�ob�issance est souvent tout ce qu�il y a de plus �prouvant pour la chair et le sang. Ainsi Abram fut non seulement appel� � rencontrer les Canan�ens au lieu o� Dieu lui avait dit aller, mais encore �il y eut une famine dans le pays� (v. 10). Abram devait-il en conclure qu�il n��tait pas � sa place? Non, certainement, car il aurait jug� alors �sur la vue de ses yeux�, ce que ne fait jamais la foi. C�est sans aucun doute une �preuve pour son c�ur, quelque chose d�incompr�hensible pour sa nature; mais pour la foi, tout est clair et facile. Lorsque Paul fut appel� en Mac�doine, la prison de Philippes fut presque la premi�re chose qu�il rencontra. Un c�ur, qui n�aurait pas �t� en communion avec Dieu, aurait vu, dans cette �preuve, un coup mortel port� � sa mission. Mais Paul ne raft jamais sa position en question; et il fut rendu capable de �chanter les louanges de Dieu� au sein m�me de la prison, assur� qu�il �tait que toutes les choses qui lui arrivaient �taient telles qu�elles devaient �tre: et Paul avait raison; car la prison de Philippes renfermait un vaisseau de mis�ricorde qui, humainement parlant, n�e�t jamais entendu l��vangile, si ceux qui l�annon�aient n�eussent �t� jet�s au lieu m�me o� il se trouvait. En d�pit de lui-m�me, le diable fut l�instrument dont Dieu se servit pour faire parvenir l��vangile aux oreilles de l�un de ses �lus.

Or, Abram aurait d� penser � l��gard de la famine, comme Paul � l��gard de sa prison. Il se trouvait dans la position m�me o� Dieu l�avait plac�, et il ne re�ut aucun ordre d�en sortir. La famine �tait l�, il est vrai; de plus, l��gypte �tait � sa port�e, lui offrant la d�livrance; mais le sentier du serviteur de Dieu �tait clair. Mieux vaut mourir de faim en Canaan, s�il le faut, que de vivre dans l�abondance en �gypte. Il vaut mieux souffrir dans la voie de Dieu, que d��tre � l�aise dans celle de Satan. Mieux vaut �tre pauvre avec Christ, que riche sans lui. Abram en �gypte �eut du menu b�tail et du gros b�tail, et des �nes, et des serviteurs et des servantes, et des �nesses, et des chameaux�, preuve �vidente, dira le c�ur naturel, qu�Abram fit bien de descendre en �gypte; mais, h�las! il n�eut en �gypte ni autel, ni communion avec Dieu. Le pays de Pharaon n��tait pas le lieu de la pr�sence de l��ternel, et Abram en y descendant perdit plus qu�il ne gagna. Il en est toujours de m�me; rien ne saurait jamais tenir lieu de la communion avec Dieu. La d�livrance d�une calamit� temporaire et l�acquisition des plus grands biens sont de pauvres �quivalents de ce que l�on perd en s��loignant, seulement d�un cheveu, du droit sentier de l�ob�issance. Sont-ils nombreux ceux d�entre nous qui peuvent ajouter leur amen � ceci? Combien n�y en a-t-il pas qui, pour �chapper � l��preuve et au travail ins�parables de la voie de Dieu, se sont d�tourn�s pour suivre le courant du pr�sent si�cle mauvais, et sont ainsi tomb�s dans un �tat de st�rilit�, de s�cheresse, de tristesse et de t�n�bres spirituelles! Il est possible que, selon l�expression vulgaire, ils aient �fait fortune�, qu�ils aient accumul� des richesses, gagn� la faveur du monde, aient �t� �bien trait�s� par ses Pharaons; mais toutes ces choses peuvent-elles compenser la joie en Dieu, la communion avec Dieu, un c�ur � l�aise, une conscience pure et sans reproche, un esprit d�adoration et de reconnaissance, un t�moignage vivant et un service efficace? Malheur � quiconque pourrait penser ainsi! et cependant on a vu souvent toutes ces b�n�dictions vendues pour un peu de bien-�tre, un peu d�influence, un peu d�argent.

Veillons contre cette tendance � nous d�tourner du chemin de l�ob�issance simple et compl�te; chemin �troit, mais toujours s�r, quelquefois rude, mais toujours heureux et b�ni. Soyons vigilants � garder �la foi et une bonne conscience�, que rien ne saurait remplacer. Si l��preuve survient, au lieu de nous d�tourner pour aller en �gypte, attendons-nous � Dieu; alors l��preuve, au lieu d��tre pour nous une occasion de chute, sera une occasion de montrer notre ob�issance. Et lorsque nous sommes tent�s de suivre le courant du monde, souvenons-nous de celui �qui s�est donn� lui-m�me pour nos p�ch�s, en sorte qu�il nous retir�t du pr�sent si�cle mauvais, selon la volont� de notre Dieu et P�re� (Gal, 1:4). Si tel a �t� son amour pour nous et tel son jugement du caract�re de ce pr�sent si�cle, qu�il se soit donn� lui-m�me pour nous, afin de nous en d�livrer, le renierons-nous en allant nous replonger de nouveau dans ce monde dont il nous a pour jamais d�livr�s par sa croix? � Dieu ne plaise! Que le Tout-Puissant nous garde dans le creux de sa main et � l�ombre de ses ailes, jusqu�� ce que nous voyions J�sus tel qu�il est, et que nous soyons comme lui et avec lui pour toujours!

Informations bibliographiques
bibliography-text="Commentaire sur Genesis 12". "Commentaire biblique intermédiaire". https://beta.studylight.org/commentaries/fre/cbi/genesis-12.html.