Bible Commentaries
Genèse 19

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versets 1-38

Le Seigneur, dans sa gr�ce, use de deux m�thodes pour d�tourner le c�ur de l�homme des choses de ce monde: d�abord, il r�v�le le prix et l�immutabilit� des choses qui sont en haut; ensuite il fait conna�tre la vanit� et la nature p�rissable des choses qui sont sur la terre (Col. 3:1-2 cl 3.1-4). La fin du chapitre 12 de l��p�tre aux H�breux nous offre un magnifique exemple de chacune de ces deux m�thodes. Apr�s avoir �tabli cette v�rit�, que nous sommes venus � la montagne de Sion, � toutes les joies et � tous les privil�ges qui s�y rattachent, l�ap�tre poursuit en disant: �Prenez garde que vous ne refusiez pas celui qui parle: car si ceux-l� n�ont pas �chapp� qui refus�rent celui qui parlait en oracles sur la terre, combien moins �chapperons-nous, si nous nous d�tournons de celui qui parle ainsi des cieux, duquel la voix �branla alors la terre; mais maintenant il a promis, disant: �Encore une fois je secouerai non seulement la terre, mais aussi le ciel�. Or ce �Encore une fois� indique le changement des choses muables, comme ayant �t� faites, afin que celles qui sont immuables demeurent�. Or, il vaut mieux �tre attir�s par les joies du ciel, qu��tre pouss�s en haut par les chagrins de la terre. Le croyant ne devrait pas attendre que le monde l�abandonne pour abandonner le monde; il devrait laisser les choses de la terre, par la puissance de la communion des choses qui sont en haut. Quand, par la foi, on a saisi Christ, il n�est pas difficile de laisser le monde; la difficult� alors serait plut�t de rester attach� au monde. Un balayeur de rues, devenu possesseur d�une grande fortune, ne continuerait pas longtemps son m�tier. De m�me, si nous saisissons par la foi la valeur et la r�alit� des biens immuables qui sont dans les cieux et la part que nous y avons, nous n�aurons pas de peine � abandonner les joies trompeuses de la terre.

Portons maintenant notre attention sur la partie solennelle de l�histoire sacr�e � laquelle nous sommes arriv�s. Lot est �assis � la porte de Sodome�, la place d�autorit�. Il a fait des progr�s; il a �fait son chemin dans le monde�, il a eu du succ�s, au point de vue humain. Au commencement, il avait �dress� ses tentes jusqu�� Sodome�; plus tard, il p�n�tra jusque dans la ville et y habita; et maintenant nous le trouvons �assis � la porte�, dans ce lieu o� se tenaient les hommes influents. Combien tout ceci diff�re de la sc�ne par laquelle s�ouvre le chapitre pr�c�dent! La cause, cher lecteur, en est h�las! �vidente: �Par la foi, Abraham demeura dans la terre de la promesse, comme dans une terre �trang�re, demeurant sous des tentes�. On ne pourrait dire: Par la foi, Lot s�assit � la porte de Sodome. H�las! non; Lot n�a point de place dans les nobles rangs des confesseurs de la foi, cette grande nu�e des t�moins de la puissance de la foi. Le monde fut pour lui un pi�ge, et les choses pr�sentes sa perte. Il ne tint pas �ferme, comme voyant celui qui est invisible� (H�b. 11:27 hb 11.24-28). Ses regards �taient fix�s sur �les choses qui se voient et qui sont pour un temps�, tandis que les regards d�Abraham restaient attach�s sur les choses qui ne se voient pas et qui sont �ternelles (2 Cor. 4:18 2cr 4.16-18). La diff�rence entre ces deux hommes �tait immense et, bien qu�ils eussent commenc� leur carri�re ensemble, ils arriv�rent � un r�sultat diff�rent, du moins pour ce qui touche � leur t�moignage. Sans doute Lot fut sauv�, mais ce fut �comme � travers le feu� (1 Cor. 3:15 1cr 3.11-15), car son �uvre fut br�l�e. Abraham, au contraire, obtint une riche entr�e dans le royaume �ternel de notre Seigneur J�sus Christ (2 Pierre 1:11 2p 1.3-11). En outre, nous ne voyons nulle part qu�il soit accord� � Lot de jouir des honneurs et des privil�ges dont jouit Abraham. Au lieu de recevoir sous sa tente la visite du Seigneur, il �tourmentait de jour en jour son �me juste� (2 Pierre 2:8 2p 2.7-8); au lieu de jouir de la communion du Seigneur, il est � une distance d�solante de lui; au lieu, enfin, d�interc�der pour les autres, c�est tout ce qu�il peut faire que d�interc�der pour lui-m�me. Dieu reste avec Abraham pour lui communiquer ses pens�es, tandis qu�il n�envoie � Sodome que ses anges, et encore ceux-ci ne consentent-ils qu�avec peine � entrer dans la maison de Lot et � accepter son hospitalit�: �Non, disent-ils; mais nous passerons la nuit sur la place�. Quel reproche! combien cette r�ponse est diff�rente de celle que le Seigneur adresse � Abraham, en lui disant: �Fais ainsi, comme tu l�as dit!�

Recevoir l�hospitalit� chez quelqu�un est un acte tr�s significatif et l�expression d�une enti�re communion avec celui duquel on la re�oit. �J�entrerai chez lui, et je souperai avec lui et lui avec moi.� �Si vous jugez que je suis fid�le au Seigneur, entrez dans ma maison et demeurez-y� (Apoc. 3:20 ap 3.20 et Actes 16:15 ac 16.14-15). La r�ponse que les anges font � Lot renferme donc une condamnation positive de la position que celui-ci occupait � Sodome: ils aiment mieux passer la nuit dans la rue que d�entrer sous le toit de quelqu�un qui se trouve dans une fausse position. De fait, leur unique but en allant � Sodome �tait, semble-t-il, de d�livrer Lot, et cela � cause d�Abraham, ainsi qu�il est �crit. �Et il arriva, lorsque Dieu d�truisit les villes de la plaine, que Dieu se souvint d�Abraham et renvoya Lot hors de la destruction, quand il d�truisit les villes dans lesquelles Lot habitait� (v. 29). Cette d�claration prouve que ce fut pour l�amour d�Abraham que Lot fut �pargn�. Le Seigneur ne sympathise pas avec un c�ur mondain: et c�est cet amour du monde qui entra�na Lot � s��tablir au milieu de la corruption de la criminelle Sodome. Ce ne fut ni la foi, ni l�esprit du ciel, ni �son �me juste�, mais bien l�amour de ce pr�sent si�cle mauvais, qui entra�na Lot, d�abord � �choisir�, ensuite � �dresser ses tentes jusqu�� Sodome�, et finalement � s�asseoir �� la porte de Sodome�. Quel choix, h�las! Une �citerne crevass�e�, qui ne pouvait point contenir d�eau; �un roseau cass�, qui lui per�a la main (J�r. 2:13 jr 2.13; �s. 36:6 es 36.4-6). C�est une chose am�re que de vouloir, en quelque mani�re, se gouverner soi-m�me; on ne peut ainsi que commettre les fautes les plus graves. Il vaut infiniment mieux laisser � Dieu le soin de nous tracer notre route; lui remettant, comme de petits enfants, tout ce qui nous concerne, parce qu�il est celui qui peut et qui veut prendre soin de nous selon sa sagesse et son amour infinis.

Nul doute que Lot croyait bien faire ses affaires et celles de sa famille en allant � Sodome; mais la suite prouva combien il s��tait tromp�, et la fin de son histoire fait retentir � nos oreilles un avertissement solennel de prendre garde aux premiers mouvements de l�esprit du monde en nous, pour ne pas lui c�der. Soyez �contents de ce que vous avez pr�sentement� (H�b. 13:5 hb 13.5-6). Pourquoi? Est-ce parce que vous �tes � l�aise dans le monde; parce que les d�sirs vagabonds de vos c�urs sont satisfaits; parce qu�il n�y a pas dans vos circonstances une seule br�che qui puisse susciter en vous un d�sir? Serait-ce l� ce qui doit �tre le fondement de notre contentement? Non, en aucune mani�re: mais ce que �lui-m�me a dit: je ne te laisserai point et je ne t�abandonnerai point�. Bienheureuse part! Si Lot s�en f�t content�, jamais il n�e�t recherch� les plaines bien arros�es de Sodome.

Si nous avions besoin encore d�autres motifs pour nous engager � cultiver en nous le contentement d�esprit, nous les trouverions dans ce chapitre. Qu�est-ce que Lot a obtenu en fait de bonheur et de satisfaction? Bien peu de chose: les hommes de Sodome environnent sa maison, mena�ant d�en forcer l�entr�e; et il essaye en vain de les apaiser par la plus humiliante des propositions. Il faut que celui qui se m�le avec le monde, dans des vues d�agrandissement, prenne son parti de subir les f�cheuses cons�quences de sa conduite. Nous ne pouvons nous servir du monde en vue de notre int�r�t et, en m�me temps, t�moigner efficacement contre lui. �Cet individu est venu pour s�journer ici, et il veut faire le juge!� (v. 9.) Cela est impossible. On ne peut exercer d�influence sur le monde qu�en se tenant s�par� de lui, dans la puissance morale de la gr�ce, bien entendu, non dans l�esprit hautain du pharisa�sme. Entreprendre de convaincre le monde de p�ch�, tout en lui restant associ� dans des vues d�int�r�t, est vanit�: le monde attache peu d�importance � un pareil t�moignage et � de semblables r�pr�hensions. Il en fut de m�me du t�moignage de Lot aupr�s de ses gendres. �Et il sembla aux yeux de ses gendres qu�il se moquait� (v. 14). Il est inutile de parler d�un jugement qui approche, aussi longtemps que nous trouvons notre place, notre part et nos jouissances au milieu m�me de la sc�ne sur laquelle le jugement va tomber. Abraham �tait dans une position bien meilleure pour parler du jugement, car il n��tait pas descendu dans la plaine, et Sodome pouvait �tre en flammes sans que les tentes de l��tranger de Mamr� fussent en danger! Puissent nos c�urs rechercher avec plus d�ardeur les fruits bienheureux qui accompagnent la vie de ceux qui font profession d��tre ��trangers et voyageurs sur la terre�, afin que, au lieu d�avoir besoin qu�on nous fasse sortir du monde, comme le malheureux Lot, qui fut emmen� de force par les anges et mis par eux hors de la ville, nous courions avec un saint z�le dans la lice, �regardant au but� (Phil. 3:14 ph 3.12-16).

Lot, �videmment, regrettait le lieu que la main des anges le for�ait � abandonner; car non seulement il fallut que ceux-ci le prissent par la main et le pressassent de fuir de devant le jugement suspendu, et pr�t � �clater, mais encore, quand l�un d�eux l�exhorta � sauver sa vie (la seule chose qu�il p�t sauver du d�sastre), et � s�enfuir sur la montagne, il r�pondit: �Non, Seigneur, je te prie! Voici, ton serviteur a trouv� gr�ce � tes yeux, et la bont� dont tu as us� � mon �gard en conservant mon �me en vie a �t� grande; et je ne puis me sauver vers la montagne, de peur que le mal ne m�atteigne, et que je ne meure. Voici, je te prie, cette ville-l� est proche pour y fuir, et elle est petite; que je m�y sauve donc (n�est-elle pas petite?) et mon �me vivra� (v. 19-20). Quel tableau! Ne dirait-on pas un homme qui se noie et qui tend la main vers une plume flottante pour s�y cramponner? Bien que l�ange lui ordonne de se sauver sur la montagne, il refuse, et s�attache encore � une �petite ville�, � un petit lambeau du monde. Il craint de rencontrer la mort dans un lieu que la mis�ricorde de Dieu lui indique; il appr�hende toute sorte de mal et ne voit d�esp�rance de salut que dans une �petite ville�, dans un lieu de son propre choix. �Que je m�y sauve et mon �me vivra!� Voil� ce que fait Lot au lieu de s�abandonner enti�rement � Dieu! Ah! c�est qu�il a march� trop longtemps loin de Dieu, et a trop longtemps respir� l��paisse atmosph�re d�une �ville�, pour pouvoir appr�cier l�air pur de la pr�sence de Dieu, ou s�appuyer sur le bras du Tout-Puissant. Son �me est troubl�e; le nid qu�il S��tait fait sur la terre a �t� brusquement d�truit, et Lot n�a pas assez de foi pour se r�fugier dans le sein de Dieu. Il n�a pas v�cu dans une communion habituelle avec le monde invisible, et maintenant, le monde visible lui �chappe. Le �feu et le soufre du ciel� allaient tomber sur toutes les choses sur lesquelles il avait concentr� ses esp�rances et ses affections. Le larron l�a surpris, et Lot semble avoir perdu toute �nergie spirituelle et tout empire sur lui-m�me. Il est � bout de ressources, et le monde, qui a pris dans son c�ur de profondes racines, le surmonte et le pousse � chercher un refuge dans �une petite ville�. Mais l� m�me, il ne se sent pas � son aise, et s�en va sur la montagne, faisant par crainte ce qu�il a refus� de faire d�apr�s le commandement du messager de Dieu. Aussi, quelle est sa fin! Ses propres enfants l�enivrent; et dans l��tat affreux dans lequel il est ainsi plong�, il devient l�instrument par lequel sont appel�s � l�existence les Ammonites et les Moabites, ces ennemis d�clar�s du peuple de Dieu. Que de solennelles instructions dans tout ceci! Quel commentaire que cette histoire de Lot, � cet avertissement si court, mais d�une si grande port�e: �N�aimez pas le monde, ni les choses qui sont dans le monde� (1 Jean 2:15). Toutes les Sodome et les Tsoar de ce monde se ressemblent; le c�ur ne trouve dans leur enceinte ni s�curit�, ni paix, ni repos, ni satisfaction durable. Le jugement de Dieu est suspendu sur la sc�ne tout enti�re; et Dieu seul, dans sa longue et mis�ricordieuse patience, retient encore l��p�e du jugement, ne voulant pas qu�aucun p�risse, mais que tous viennent � la repentance (2 Pierre 3:9 2p 3.8-10).

Effor�ons-nous donc de poursuivre une voie sainte, en dehors du monde et de tout ce qui s�y tient, nourrissant et ch�rissant l�esp�rance du retour de notre Ma�tre. Que les plaines bien arros�es de la terre n�aient aucun attrait pour nos c�urs; que nous envisagions ses honneurs, ses distinctions et ses richesses � la lumi�re de la gloire � venir de Christ; et que, comme Abraham, nous sachions nous �lever dans la pr�sence du Seigneur et, d�aupr�s de lui, voir cette terre comme un vaste champ de ruines et de d�solation, afin que, par le regard de la foi, elle soit pour nous une ruine fumante; car telle elle sera! �La terre et les �uvres qui sont en elle seront br�l�es enti�rement� (2 Pierre 3:10 2p 3.8-10). Toutes les choses pour lesquelles les enfants de ce monde se tourmentent et qu�ils recherchent avec tant d�ardeur, pour lesquelles ils combattent avec tant d�acharnement, toutes ces choses seront br�l�es. Et qui peut dire dans combien peu de temps? O� sont Sodome et Gomorrhe? O� sont les villes de la plaine jadis remplies de vie, d�animation et de mouvement? Elles ont pass�! Elles ont �t� balay�es par le jugement de Dieu, consum�es par le feu et le soufre du ciel! Eh bien, maintenant, les jugements de Dieu sont suspendus sur ce monde coupable; le jour est proche; en attendant, la bonne nouvelle de la gr�ce est annonc�e � plusieurs. Heureux ceux qui entendent et qui croient ce message! Heureux ceux qui se sauvent sur le rocher in�branlable du salut de Dieu, qui se r�fugient sous la croix du Fils de Dieu et y trouvent le pardon et la paix!

Que le Seigneur donne � ceux qui liront ces lignes de faire l�exp�rience de ce que c�est que d�attendre le Fils du ciel, avec une conscience purifi�e du p�ch� et des affections d�livr�es de l�influence corruptrice de ce monde!

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