Bible Commentaries
Jean 13

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versets 1-38

Le lavage des pieds

(v. 1-11) � Le service du Seigneur �tait achev� au milieu des Juifs; il avait parfaitement accompli tout ce qui devait �tre fait pour les amener � croire en lui. D�s lors, il pense � ceux qui avaient cru, c�est d�eux seuls qu�il va s�occuper jusqu�� l�heure de sa mort et dans la gloire o� il entrera.

�Or, avant la f�te de P�ques, J�sus, sachant que son heure �tait venue pour passer de ce monde au P�re, ayant aim� les siens qui �taient dans le monde, les aima jusqu�� la fin� (v. 1). Pr�cieuse d�claration! L�amour de J�sus, repouss� par le monde, demeurait actif en faveur de ceux qui l�avaient re�u. Il les aima jusqu�� la fin: jusqu�� la fin de son s�jour ici-bas, et jusqu�� la fin du temps pendant lequel ils auraient besoin de ses soins sur la terre, c�est-�-dire jusqu�� son retour, car il savait dans quel monde souill� il allait les laisser. C�est pourquoi il leur pr�sente, dans les chapitres 13 � 17, les ressources et les encouragements n�cessaires durant son absence.

J�sus �tait � table avec ses disciples, pour le souper de la P�que o� il institua la c�ne, fait qui n�est pas rapport� dans cet �vangile. Judas Iscariote �tait pr�sent, Satan ayant d�j� mis dans son c�ur la pens�e inique de livrer son Ma�tre. Le Seigneur le savait et son c�ur en souffrait douloureusement. Il savait aussi que son P�re �avait mis toutes choses entre ses mains, et qu�il �tait venu de Dieu, et s�en allait � Dieu�.

Mais ni la douleur que lui causait la trahison de Judas, ni la connaissance du pouvoir que le P�re lui confiait, ni la perspective de la gloire dans laquelle il allait entrer, ne d�tournaient ses pens�es des disciples qu�il allait laisser. Sur le point de les quitter, J�sus veut qu�ils jouissent de la part qu�ils auraient avec lui dans la nouvelle position o� il les placerait, une fois �lev� dans le ciel. Il savait que ce qui les priverait de cette jouissance, c�est le p�ch�, qui s�attache non � la position du croyant, puisqu�elle r�sulte de l��uvre de Christ � la Croix, mais � sa marche au travers d�un monde souill�. Lorsque nous serons dans la gloire, semblables au Seigneur, nous nous y trouverons dans une perfection absolue, foulant la rue de la cit� d�or pur transparent (Apoc. 21:21), � l�abri de toute souillure, mais les disciples n�y �taient pas encore, ni nous non plus. En attendant, le Seigneur, qui est mort pour nous acqu�rir une place avec lui dans la gloire et une part avec lui actuellement, s�occupe aussi de nous, afin que nous jouissions de cette faveur merveilleuse; communion que nous perdons chaque fois que nous p�chons. C�est ce pr�cieux service que le lavage des pieds symbolise. J�sus �se l�ve du souper et met de c�t� ses v�tements; et ayant pris un linge, il s�en ceignit. Puis il verse de l�eau dans le bassin, et se met � laver les pieds des disciples, et � les essuyer avec le linge dont il �tait ceint� (v. 4, 5). En se levant et en mettant de c�t� ses v�tements, J�sus quitte, en figure, la position qu�il avait prise sur cette terre au milieu des disciples. Il ne pouvait demeurer plus longtemps avec eux; l��uvre qu�il avait � faire dans ce monde allait �tre accomplie. Il s�en allait au P�re; mais l�, quoique dans la gloire, il conserve la position de serviteur qu�il a prise ici-bas, et m�me celle du plus humble serviteur, qu�il ne quittera pas. Lorsque tous les siens seront dans la gloire, son service d�amour se continuera, puisqu�il les fera jouir de tout ce qu�il leur a acquis par sa mort (Luc 12:37). En Orient, lorsqu�un voyageur arrive, les pieds couverts de la poussi�re de la route, un esclave les lui lave, avant qu�il n�entre dans la maison. Autrefois m�me, si l�on recevait un h�te de distinction, le ma�tre de la maison accomplissait lui-m�me cet office et s�abaissait aux pieds souill�s du voyageur. Le Seigneur se sert de cette coutume, bien connue alors, pour montrer � ses disciples ce que lui le �Seigneur et Ma�tre� (v. 14) fera pour qu�ils entrent pratiquement dans le lieu o� ils peuvent jouir de sa communion dans la pr�sence de Dieu. L�eau vers�e dans le bassin repr�sente la Parole de Dieu, qui applique la mort au vieil homme et aux fruits qu�il produit. Car rien de cette nature ne subsiste devant Dieu. C�est pourquoi Christ dut mourir. De son c�t� perc� sortit du sang et de l�eau. Le sang expie les p�ch�s et l�eau purifie de tout ce qu�est l�homme en Adam; la Parole de Dieu n�en laisse rien subsister. Ainsi lorsqu�il se produit une souillure, ce fruit de notre mauvaise nature, il faut l�application de la Parole au c�ur et � la conscience pour juger ce p�ch� et en �tre pleinement purifi�. Tel est le service que le Seigneur accomplit, de la gloire o� il se trouve. Il fait valoir sa Parole, par la puissance du Saint Esprit, pour amener � juger le mal et � le confesser afin d�en �tre purifi�. �Si nous confessons nos p�ch�s, il est fid�le et juste pour nous pardonner nos p�ch�s et nous purifier de toute iniquit� (1 Jean 1:9).

Lorsque J�sus vint � Pierre, celui-ci lui dit: �Seigneur, me laves-tu, toi, les pieds? J�sus r�pondit et lui dit: Ce que je fais, tu ne le sais pas maintenant, mais tu le sauras dans la suite. Pierre lui dit: Tu ne me laveras jamais les pieds. J�sus lui r�pondit: Si je ne te lave, tu n�as pas de part avec moi� (v. 6-8). Par d�f�rence pour son Seigneur, Pierre s�oppose � l�accomplissement d�un service humiliant dont il ne comprenait pas alors la signification; mais il ne tarda pas � en conna�tre la n�cessit�; il fut le premier � en faire l�exp�rience. Si le Seigneur ne s��tait pas occup� de lui, que serait-il devenu apr�s la souillure horrible de son reniement? D�j� un regard du Seigneur dans la cour du souverain sacrificateur (Luc 22:61, 62) fit jaillir les pleurs de Pierre dans le sentiment de sa faute et l�emp�cha de s�abandonner au d�sespoir, comme Judas. Puis J�sus le rencontra le premier de tous, le jour de sa r�surrection (Luc 24:34), et enfin la pleine restauration eut lieu par l�entretien rapport� au chapitre 21 de notre �vangile. Alors Pierre sut ce que J�sus voulait lui enseigner par le lavage des pieds.

Pierre s�oppose encore en disant � J�sus: �Tu ne me laveras jamais les pieds. J�sus lui r�pondit: Si je ne te lave, tu n�as pas de part avec moi� (v. 8). Voyant qu�il ne peut emp�cher le Seigneur d�accomplir son office, Pierre lui dit: �Non pas mes pieds seulement, mais aussi mes mains et ma t�te. J�sus lui dit: Celui qui a tout le corps lav� n�a besoin que de se laver les pieds; mais il est tout net; et vous, vous �tes nets, mais non pas tous. Car il savait qui le livrerait; c�est pourquoi il dit: Vous n��tes pas tous nets� (v. 9-11). Au chapitre 15:3, J�sus leur dit aussi: �Vous, vous �tes d�j� nets, � cause de la parole que je vous ai dite�. La foi en la parole du Seigneur, re�ue par les disciples, les pla�ait dans le m�me �tat de nettet� que la foi en son �uvre accomplie. Pierre �tait net de cette mani�re. Son objection donne ainsi au Seigneur l�occasion de d�finir la qualit� ou la position de ceux dont il s�occupe. Ils sont nets en vertu de son �uvre. Ceux-l� seuls se salissent les pieds. Purifi�s par le sang de Christ � la croix, ils sont l�objet de ses soins. Ceux qui ne sont pas nettoy�s de leurs p�ch�s par la foi au sang de Christ sont enti�rement souill�s; il serait inutile de leur laver les pieds; ils ont besoin de l��vangile qui leur apprend ce que le Seigneur a fait, pour sauver le p�cheur et le rendre propre pour la pr�sence de Dieu. Le Seigneur ne lave donc pas les pieds des inconvertis; il leur pr�sente le salut et leur offre d��tre enti�rement lav�s de tous leurs p�ch�s. Judas n��tait pas net, car sa conscience n�avait jamais �t� touch�e par la parole qu�il s��tait habitu� � entendre; elle n�avait produit aucun effet sur lui.

Sous la loi nous avons aussi en figure ce que le Seigneur enseigne par le lavage des pieds, et ce qu�il dit � Pierre au verset 10. Lorsque les sacrificateurs �taient consacr�s, ils �taient lav�s tout entiers (Exode 29:4 et L�vitique 8:6). Leur cons�cration correspond � l�application de l��uvre de la croix au croyant, en vertu de laquelle il est purifi� de ses p�ch�s une fois pour toutes. Quand les sacrificateurs reprenaient leur service, ils n�avaient pas � �tre lav�s de nouveau tout entiers, mais ils ne pouvaient entrer dans le tabernacle sans se laver les mains et les pieds � la cuve d�airain (Exode 30:17-21). Ainsi le croyant qui a p�ch� n�a pas besoin de recourir � nouveau au sacrifice de Christ, il doit laisser agir sur sa conscience l�eau de la Parole que le Seigneur lui applique pour qu�il juge sa faute et les causes de son manquement, comme cela eut lieu pour Pierre au chapitre 21.

Le Seigneur, dans son amour infini, ne peut supporter de voir les siens priv�s des joies et des b�n�dictions qu�il leur a acquises � si grand prix; il veut que leur communion avec lui ne demeure pas interrompue lorsque le p�ch� est survenu. Il importe donc de se pr�ter � l�action de cette Parole en la laissant agir en nous pour nous restaurer chaque fois que nous en avons besoin et, d�une mani�re permanente, pour nous emp�cher de tomber.

Un exemple donn�

(v. 12-20) � Apr�s avoir montr� aux disciples ce qu�il ferait pour eux de la gloire dans laquelle il allait entrer le Seigneur se remet � table avec eux et les exhorte � accomplir ce service les uns envers les autres. Il leur dit: �Savez-vous ce que je vous ai fait? Vous m�appelez ma�tre et seigneur, et vous dites bien, car je le suis; si donc moi, le seigneur et le ma�tre, j�ai lav� vos pieds, vous aussi vous devez vous laver les pieds les uns aux autres. Car je vous ai donn� un exemple, afin que, comme je vous ai fait, moi, vous aussi vous fassiez� (v. 12-15). Si l�on poss�de la m�me vie que le Seigneur, il est possible d��tre anim� du m�me amour que lui; les croyants ont � se porter un int�r�t r�ciproque dont le mod�le est en lui. Tous doivent chercher � ramener leurs fr�res, souill�s par une faute quelconque, afin qu�ils jouissent � nouveau de la communion perdue. Pour cela, ils se serviront de la Parole, afin de produire chez le coupable la conviction de son p�ch� et de l�amener � le confesser � Dieu. Si c�est une offense personnelle, il la confessera aussi � celui envers lequel il a manqu�. Alors la restauration peut avoir lieu par la Parole qui, apr�s avoir montr� l�horreur du mal et l�avoir jug�, fait voir que, du c�t� de Dieu, rien n�a chang�; son amour est toujours le m�me; cela touche le c�ur et produit une vraie repentance et une pleine restauration. Tout est non seulement lav�, mais essuy�, comme le Seigneur le fit avec le linge dont il �tait ceint; il ne reste aucune trace de souillure.

�En v�rit�, en v�rit�, je vous dis: L�esclave n�est pas plus grand que son seigneur, ni l�envoy� plus grand que celui qui l�a envoy�. Si vous savez ces choses, vous �tes bienheureux si vous les faites� (v. 16, 17). En effet, si lui, le Seigneur et Ma�tre, conscient de toute sa gloire, mais toujours l�expression de l�amour divin, s�est abaiss� et s�abaisse au point de s�occuper de ses bien-aim�s, coupables de s��tre souill�s par le p�ch�, nous, ses heureux esclaves, demeurerions-nous indiff�rents en pr�sence des fautes les uns des autres, sans nous aider mutuellement � retrouver la communion perdue? N�irons-nous pas aux pieds de nos fr�res ou s�urs, en les consid�rant dans la haute position que le Seigneur leur a faite par son �uvre � la croix, en les estimant sup�rieurs � nous-m�mes, en les voyant comme Dieu les voit?

L�amour selon Dieu ne consiste pas � se dire seulement des choses agr�ables, car il se r�jouit avec la v�rit�, et il y a des v�rit�s p�nibles � entendre, que l�on est oblig� de dire, pour �tre vrai en cherchant le bien d�autrui. Mais l�amour endure tout pour obtenir le bien chez son fr�re; il travaille au bien de tous en s�effa�ant lui-m�me. Nous savons cela, mais le Seigneur ne dit pas au v. 17: �Vous �tes bienheureux si vous savez ces choses�, mais bien, �si vous les faites�. Pour les accomplir, il faut jouir personnellement du grand amour du Seigneur, et penser que nous sommes continuellement des objets de gr�ce et de mis�ricorde. Si nous sentons notre faiblesse, nous rappelant combien de fois nous sommes tomb�s, nous serons pleins d��gards pour nos fr�res. Si nous apprenons que l�un d�eux a manqu�, nous irons � lui directement, craignant que son mal soit connu par d�autres, au lieu de le divulguer sans honte, comme cela nous arrive si souvent. Nous nous souviendrons que �l�amour couvre une multitude de p�ch�s�.

J�sus �prouvait douloureusement dans son c�ur le fait qu�il allait �tre livr� par Judas. Il dit: �Je ne parle pas de vous tous; moi, je connais ceux que j�ai choisis; mais c�est afin que l��criture soit accomplie: �Celui qui mange le pain avec moi a lev� son talon contre moi� (Ps. 41:10). Je vous le dis d�s maintenant, avant que cela arrive, afin que, quand ce sera arriv�, vous croyiez que c�est moi� (v. 18, 19). J�sus avait choisi Judas comme les autres disciples (chapitre 6:70); son c�ur en souffrait; mais il fallait que les �critures fussent accomplies. Il pr�vient les disciples, afin que, le voyant trahi par Judas, ils ne doutassent pas que J�sus f�t bien celui en qui ils avaient cru, mais, au contraire, que tout arrivait comme les �critures l�avaient annonc�. J�sus ajoute: �En v�rit�, en v�rit�, je vous dis: Celui qui re�oit quelqu�un que j�envoie, me re�oit; et celui qui me re�oit, re�oit celui qui m�a envoy� (v. 20). Ceux qui avaient re�u Judas auraient pu en avoir du regret; mais en le recevant comme envoy� de J�sus, on l�avait re�u lui-m�me, et en recevant J�sus, on recevait le P�re qui l�avait envoy�. On peut �tre tromp� en recevant quelqu�un au nom du Seigneur; mais ce qui est fait pour lui n�est jamais fait en vain. Ce que nous faisons pour nous-m�mes, pour notre propre satisfaction, ou avec des motifs charnels, n�a point de valeur. C�est une grande gr�ce de pouvoir recevoir le Seigneur et Dieu lui-m�me, en recevant ceux qu�il envoie.

Judas est d�nonc�

(v. 21-30) � �Ayant dit ces choses, J�sus fut troubl� dans son esprit, et rendit t�moignage et dit: En v�rit�, en v�rit�, je vous dis que l�un d�entre vous me livrera� (v. 21). Ce qui p�se particuli�rement sur le c�ur du Seigneur, c�est qu�il sera livr� par un de ses disciples, �l�un de vous�, dit-il. Nous lisons dans le Psaumes 55:13-15: �Ce n�est pas un ennemi qui m�a outrag�, alors je l�aurais support�; ce n�est point celui qui me hait, qui s�est �lev� orgueilleusement contre moi, alors je me serais cach� de lui; mais c�est toi, un homme comme moi, mon conseiller et mon ami: nous avions ensemble de douces communications; nous allions avec la foule dans la maison de Dieu�. Quelles souffrances le Seigneur n�a-t-il pas �prouv�es dans ce monde! Nous avons vu, au chapitre pr�c�dent, son �me troubl�e en pr�sence de la mort. Ici son esprit s��meut � la pens�e que l�un des siens le livrera. Il savait d�s le d�but, que Judas accomplirait cet acte; cependant il n�avait fait aucune diff�rence entre lui et les autres disciples; il lui avait prodigu� les m�mes soins, t�moign� la m�me bont�, la m�me confiance, puisque c�est � lui qu�il avait confi� la bourse. Mais la parole de J�sus n�avait atteint ni son c�ur, ni sa conscience.

En entendant que c��tait l�un d�eux qui livrerait J�sus, �les disciples se regardaient les uns les autres, �tant en perplexit�, ne sachant de qui il parlait (v. 22). � dessein J�sus ne d�signe pas le tra�tre; il veut exercer la conscience de chacun des disciples. Tous poss�daient une nature capable de commettre un tel acte, et chacun de nous aussi, chers lecteurs. Mais il existe un moyen pour qu�elle ne manifeste pas ce qu�elle est; c�est l�action de la Parole de Dieu sur le c�ur et la conscience; elle nous fait porter constamment sur nous-m�mes le jugement que Dieu y porte: �Le c�ur est trompeur par dessus tout, et incurable; qui le conna�t? Moi, l��ternel, je sonde le c�ur, et j��prouve les reins� (J�r.. 17:9, 10). C�est par sa Parole que Dieu nous fait conna�tre ce que nous sommes: �Car la Parole de Dieu est vivante et op�rante, et plus p�n�trante qu�aucune �p�e � deux tranchants, et atteignant jusqu�� la division de l��me et de l�esprit, des jointures et des Moelles; et elle discerne les pens�es et les intentions du c�ur� (H�b. 4:12). Usons tous de ce moyen, veillant � ne manifester aucune des choses affreuses qui peuvent se trouver dans nos c�urs cach�es et inconnues � nous-m�mes!

En Marc 14:19, les disciples se demandent: �Est-ce moi? Est-ce moi? � Ils ne pensent pas que l�un soit moins capable que l�autre de livrer le Seigneur. Cette parole les sonde tous: �L�un d�entre vous me livrera�. Jean, appel� �le disciple que J�sus aimait�, �tait pr�s du Seigneur, �dans le sein de J�sus�, est-il dit. Pierre, plus �loign�, lui fit signe de demander duquel il parlait. Jean occupait la place o� l�on peut recevoir les communications du Seigneur, celle que Marie avait choisie. Si nous vivions tous aussi pr�s du Seigneur, il n�y aurait point d�ignorants parmi nous. Le sein du Seigneur est assez vaste pour que nous y soyons tous, et l� nous apprendrions ce que l�on ne peut apprendre ailleurs. Jean �s��tant pench� sur la poitrine de J�sus, lui dit: Seigneur, lequel est-ce? J�sus r�pond: C�est celui � qui moi je donnerai le morceau apr�s l�avoir tremp�. Et, ayant tremp� le morceau, il le donne � Judas Iscariote, fils de Simon� (v. 25, 26). S�il y avait eu encore une corde si peu sensible que ce f�t dans le c�ur de Judas, elle aurait vibr� � ce t�moignage de sinc�re amiti�, de confiance, que donnait autrefois le ma�tre de la maison � l�un de ses convi�s. Judas ne bronche pas. Tout �tait inutile: la parole du Seigneur demeure sans effet sur ce c�ur endurci par Satan. �Et apr�s le morceau, alors Satan entra en lui. J�sus donc lui dit: Ce que tu fais, fais-le promptement� (v. 27). Satan ayant pr�par� sa demeure en prit possession!

Rien de plus solennel que l�exemple de cet homme. Il a travaill� en compagnie du Fils de Dieu. T�moin de son minist�re d�amour, objet de sa bont�, il a entendu les enseignements confidentiels que J�sus donnait � ses disciples en dehors de la foule. Malgr� cela, son c�ur �tait plus sensible aux suggestions de Satan qu�� l�amour de J�sus, car l�amour de l�argent le caract�risait; il cultivait la passion de l�avarice. Aussi comprend-on que le dernier t�moignage d�amour que J�sus lui donnait par le morceau tremp�, le trouv�t insensible. D�s lors, il n�est plus son ma�tre. Satan le poss�de. �On est esclave de celui par qui on est vaincu� (2 Pierre 2:19). Apr�s l�avoir tromp�, Satan va le pr�cipiter dans les tourments �ternels. Voil� l��uvre de celui qui est menteur et meurtrier d�s le commencement. Quel avertissement s�rieux pour ceux qui ont le privil�ge d��tre en contact avec la Parole de Dieu, avec des chr�tiens et surtout avec des parents chr�tiens, afin qu�ils ne r�sistent pas � l�action de la Parole, pour s�exposer � devenir la proie de l�Ennemi; il sait travailler dans les c�urs avec une habilet� satanique, sans que l�on ait pu, ou voulu, s�en rendre compte, jusqu�au moment o� il est trop tard, m�me en ayant du remords comme Judas (Matthieu 27:3).

Pleinement conscient de tout ce qui se passe et de tout ce qui l�attend, J�sus lui dit: �Ce que tu fais, fais-le promptement�. Son travail fut accompli quelques heures plus tard, que le Seigneur emploie � enseigner ses disciples en vue de son d�part, auquel nul ne songeait que lui seul.

Les disciples pensent que le Seigneur avait charg� Judas de donner quelque chose aux pauvres ou de faire quelques achats pour la f�te; car la f�te de P�que �tait suivie de celle des pains sans levain; elles n�en formaient donc qu�une, durant laquelle tout travail �tait interdit (Exode 12:16). �Ayant re�u le morceau, il sortit aussit�t; or il �tait nuit� (v. 30). La nuit r�gnait dans la nature; mais moralement, elle �tait plus profonde encore: nuit sur Judas, d�sormais nuit sur le monde, nuit morale qui dure toujours pour lui, puisqu�il a rejet� la lumi�re du monde, venue dans la personne de J�sus. Au chapitre pr�c�dent (v. 35), J�sus avait dit: �Marchez pendant que vous avez la lumi�re, afin que les t�n�bres ne s�emparent pas de vous�. Maintenant la lumi�re a disparu; les t�n�bres sont la part du monde jusqu�au jour o� J�sus appara�tra en gloire comme le soleil de justice, mais en jugement sur ceux qui ne l�ont pas voulu comme Sauveur.

Pendant le temps o� le monde est dans les t�n�bres, les croyants sont appel�s des �luminaires� qui brillent dans la nuit, semblables aux �toiles qui donnent leur lumi�re lorsque le soleil a disparu � l�horizon. Ils veillent durant cette longue nuit et attendent, non le lever du Soleil de justice, mais l�Etoile du matin, J�sus, qui vient enlever les siens dans la maison du P�re, afin qu�ils soient gard�s de l�heure de l��preuve qui vient sur la terre enti�re et qu�ils reviennent avec lui lorsqu�il appara�tra en gloire, mais dans un jour qui est �br�lant comme un four, et tous les orgueilleux, et tous ceux qui pratiquent la m�chancet� seront du chaume, et le jour qui vient les br�lera� (Malachie 4:1).

Le fils de l�homme glorifi�

(v. 31-33) � Lorsque Judas fut sorti, J�sus dit: �Maintenant le fils de l�homme est glorifi�, et Dieu est glorifi� en lui. Si Dieu est glorifi� en lui, Dieu aussi le glorifiera en lui-m�me; et imm�diatement il le glorifiera�. Par le d�part de Judas, la sc�ne qui termine si douloureusement le souper a pass�; le Seigneur �l�ve ses pens�es vers les cons�quences, glorieuses pour lui et pour Dieu, de l��uvre qu�il allait accomplir. Il voit la gloire qui r�sultera de la mort dont il s�approchait par la trahison de Judas, mais qu�il �tait venu accomplir pour la gloire de Dieu.

L�homme avait d�shonor� Dieu par le p�ch�, sous toutes ses formes; il avait, comme dit le fils prodigue, p�ch� contre le ciel et devant Dieu. La cons�quence en �tait le jugement de la part d�un Dieu juste et saint sur les coupables. Mais voici un homme, l�homme des conseils de Dieu, qui s�offre � Dieu pour le glorifier en se soumettant au jugement qu�avait m�rit� la race humaine coupable. Quelle gloire pour lui d�avoir �t� le p�ch� que le premier homme avait introduit, en satisfaisant � toutes les exigences de la justice et de la saintet� du Dieu d�shonor� par le p�ch�. Par cette �uvre il rendait possible que l�amour de Dieu f�t connu de ceux qui, sans lui, eussent �t� dans le malheur �ternel, loin de sa pr�sence! Ce qui fait la gloire du Fils de l�homme, c�est que Dieu est glorifi� en lui. Tout ce qu�est Dieu dans sa nature et dans ses attributs, a �t� pleinement �tabli et maintenu � la croix. Dieu dans son amour voulait sauver des p�cheurs; sa justice inflexible s�y opposait et maintenait son arr�t de mort. J�sus subit cette mort et satisfait la justice de Dieu. Dieu, qui a les yeux trop purs pour voir le mal, voulait ces p�cheurs dans sa pr�sence, sa saintet� parfaite s�y opposait et les repoussait. J�sus, sur la croix, subit l�abandon du Dieu saint � leur place. La majest� de Dieu exigeait que tous ses droits fussent maintenus. Tous l�ont �t�, parce que J�sus a subi le jugement sur la croix. Dieu est glorifi� en son Fils. C�est au Fils de l�homme que revient la gloire de cette �uvre que nul ne peut appr�cier � sa juste valeur que Dieu seul. Aussi Dieu le glorifie aussit�t. Il l�a fait en le ressuscitant et en le faisant asseoir � sa droite, en le couronnant de gloire et d�honneur, en attendant qu�il ait avec lui tous ceux qui sont le fruit de son �uvre, alors �il verra du fruit du travail de son �me� (�sa�e 53:11).

Dieu n�a pas attendu la r�surrection de tous pour ressusciter son Fils. Glorifi� par lui, il le glorifia aussit�t quarante jours apr�s sa r�surrection. Par cet acte, Dieu montre sa pleine satisfaction de l��uvre parfaite de son Fils. Et par l�introduction du Christ homme dans la gloire, l�homme est admis dans la pr�sence de Dieu. L�homme en Adam, chass� du paradis terrestre, � jamais banni de la pr�sence divine, a pris fin dans la mort de Christ et un homme nouveau est introduit en Christ dans la gloire de la pr�sence de Dieu, agr�� par lui selon toutes les perfections de Christ, repr�sent� par lui, en attendant d��tre dans la m�me gloire que lui, semblable � lui.

Nous comprenons qu�en pr�sence de toutes les gloires qui rayonnaient de sa mort, le Seigneur, qui seul pouvait les contempler, dise � ses disciples: �Enfants, je suis encore pour un peu de temps avec vous: vous me chercherez; et, comme j�ai dit aux Juifs: L� o� moi je vais, vous, vous ne pouvez venir, je vous le dis aussi maintenant � vous� (v. 33). Pas plus que les Juifs (chap. 7:34-36), les disciples ne pouvaient aller o� J�sus allait. Lui seul pouvait subir une mort telle qu�il en jaillit une si grande gloire. Le Sauveur devait �tre seul pour porter le poids du jugement que nous avions m�rit�. Ce qui le conduisait � cette heure, c��tait l�amour pour son Dieu qui voulait sauver des p�cheurs. Si le Seigneur �tait mont� au ciel sans passer par la mort, il y f�t demeur� seul homme, jouissant de son Dieu, comme il l�avait fait durant l��ternit�. Dieu aurait eu devant lui un homme, un seul, qui dans sa marche de parfaite ob�issance, l�aurait glorifi� en contraste avec le premier homme d�sob�issant. Dieu n�aurait �t� glorifi� que dans le jugement des coupables, sans que ce qu�il est dans son essence, AMOUR, f�t connu. Mais le Seigneur n�aurait jamais brill� de la gloire qu�il s�est acquise en accomplissant l��uvre de la r�demption; jamais des myriades de myriades de bienheureux n�auraient pu refl�ter la gloire du Seigneur qui brillera sur eux de tout son �clat. Par eux, Dieu montrera �dans les si�cles � venir les immenses richesses de sa gr�ce, dans sa bont� envers nous dans le Christ J�sus� (Epha. 2:7).

� toi soit la gloire,
� Fils �ternel!
Ta mort, la victoire,
Nous ouvrit le ciel.
� toi qui nous aimes
Pour l��ternit�,
Louanges supr�mes,
Force et majest�.

Un commandement nouveau

(v. 34-38) � �Je vous donne un commandement nouveau, que vous vous aimiez l�un l�autre; comme je vous ai aim�s, que vous aussi vous vous aimiez l�un l�autre. � ceci tous conna�tront que vous �tes mes disciples, si vous avez de l�amour entre vous� (v. 34, 35). Centre et soutien de ses disciples, J�sus les avait gard�s autour de lui, les avait enseign�s, conduits, support�s avec un amour inlassable. Maintenant qu�il allait les quitter, ils auraient � agir les uns envers les autres avec l�amour dont ils avaient eu le mod�le en lui. Ils devraient se rejeter, pour ainsi dire, les uns sur les autres, puisqu�il les avait enseign�s et rendus participants de sa nature, ils auraient le privil�ge de s�aimer, de s�encourager avec le m�me amour. �Comme je vous ai aim�s, que vous aussi vous vous aimiez l�un l�autre�: commandement nouveau dont J�sus lui-m�me �tait l�expression et le mod�le, et non pas celui de la loi qui s�adressait � une nature �go�ste, incapable d�aimer. C�est l�amour de J�sus se reproduisant dans les siens, s�exprimant dans leurs rapports mutuels, comme J�sus l�avait fait envers eux; ils le pouvaient, parce que J�sus �tait leur vie. S�ils s�aimaient de cette mani�re, tous conna�traient en eux les disciples de celui qui avait �t� ici-bas l�expression de l�amour de Dieu. Un disciple ne re�oit pas seulement les enseignements de son ma�tre; il doit les adopter et les mettre en pratique. La nature de l�homme en Adam, essentiellement �go�ste, veut tout pour elle, rapporte tout � elle. L�amour de Dieu, tout � l�oppos�, ne pense qu�au bien d�autrui; si nous nous aimons l�un l�autre, notre vie pr�sentera un contraste absolu avec celle du monde; tous s�apercevront bient�t que nous ob�issons aux enseignements de celui qui a �t� ici-bas l�expression de l�amour. Pour qu�il en soit ainsi, il faut se nourrir du Seigneur, l��couter en lisant beaucoup sa parole et pratiquer ses enseignements.

Au lieu de suivre les exhortations du Seigneur, Simon Pierre pense � ce qu�il leur a dit au verset 33 et demande: �Seigneur, o� vas-tu? J�sus lui r�pondit: L� o� je vais, tu ne peux pas me suivre maintenant, mais tu me suivras plus tard. Pierre lui dit: Seigneur, pourquoi ne puis-je pas te suivre maintenant? Je laisserai ma vie pour toi. J�sus r�pond: Tu laisseras ta vie pour moi! En v�rit�, en v�rit�, je te dis: Le coq ne chantera point, que tu ne m�aies reni� trois fois� (v. 36-38). On voit en Pierre une nature ardente, aimant sinc�rement le Seigneur, mais il ne se connaissait pas; il se fiait � son amour pour lui dans l��nergie de son caract�re naturel, au lieu de sentir sa faiblesse et de chercher la force en dehors de lui, en Dieu lui-m�me, plus occup� de ce qu�il �tait pour le Seigneur que de ce que le Seigneur �tait pour lui et de ce qu�il lui avait dit. Il ignorait les pens�es de Dieu et la mort du Seigneur, surtout ce qu��tait cette mort. Ne lui avait-il pas dit, lorsque J�sus leur en parlait: �Seigneur, Dieu t�en pr�serve!� (Matt. 16:22). Il ne servait � rien de lui donner de nouveaux enseignements. Il avait � faire la douloureuse exp�rience sous l�action de Satan, de ce que valait sa force pour suivre le Seigneur, puisqu�il ne l�avait pas �cout�. Qu��tait devenue sa r�solution de laisser sa vie pour son ma�tre, lorsqu�il se trouva dans la cour du souverain sacrificateur comme nous le verrons au chapitre 18?

Si notre chair nous engage dans une voie quelconque, nous pouvons �tre s�rs qu�elle y sera consum�e. Nous constaterons avec humiliation ce qu�elle est, alors que nous aurions pu l�apprendre en �coutant la Parole, sans perte de temps et sans d�shonorer le Seigneur.

Le Seigneur a tenu compte du d�sir qu�avait son disciple de le suivre; il le suivit, en effet, comme il le lui dit ici: �Tu me suivras plus tard� et au chapitre 21:18, 19 et 22; mais pour cela il fallut deux choses: la victoire remport�e sur la mort par Christ qui en est sorti vainqueur: chez Pierre, la perte de toute confiance en lui-m�me pour suivre son Ma�tre dans le chemin de l�ob�issance qui doit caract�riser tout croyant et en a conduit un grand nombre � la mort, pour avoir ensuite la couronne de vie.

Dans les jours o� nous vivons, o�, par la gr�ce de Dieu, nous ne sommes plus expos�s au martyre, nous avons cependant � suivre le Seigneur dans le chemin de la mort au monde et � la chair, dans le renoncement � nous-m�mes, afin que la vie de J�sus puisse se manifester et que Dieu soit glorifi�. Pour cela, pensons � tout ce que nous avons co�t� au Seigneur, � ses souffrances pour expier nos p�ch�s. Nos c�urs �treints par son amour, nous ne vivrons plus pour nous-m�mes, mais pour celui qui pour nous est mort et a �t� ressuscit� (2 Cor. 5:14, 15).

Informations bibliographiques
bibliography-text="Commentaire sur John 13". "Commentaire biblique intermédiaire". https://beta.studylight.org/commentaries/fre/cbi/john-13.html.