Bible Commentaries
Jean 18

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versets 1-40

J�sus se livre

(v. 1-11) � J�sus avait achev� son service, soit au milieu des Juifs, soit au milieu de ses disciples. Il arrivait � l�heure redoutable pour son �me pure et sainte, mais pour laquelle il �tait venu.

Le r�cit de la mort de J�sus est en parfait accord avec le caract�re sous lequel cet �vangile nous le pr�sente. En Matthieu, comme en Marc, la mort du Seigneur pr�sente surtout le caract�re du sacrifice pour le p�ch�. En Luc nous voyons beaucoup les angoisses du Fils de l�homme en pr�sence de la mort. En Jean cette mort rev�t le caract�re de l�holocauste: J�sus s�offrant lui-m�me � Dieu. On le voit toujours dans la d�pendance de l�homme ob�issant, unie � toute la dignit� de sa divinit�. J�sus domine les hommes et les circonstances dans une sc�ne o� chaque acteur se manifeste sous son vrai caract�re, montrant ce qu�il est dans sa bassesse, dans sa haine contre Dieu, qui lui fait commettre l�injustice, le m�pris, la cruaut� au plus haut degr�, mais o� brillent les perfections de l�Homme divin, victime volontaire.

Apr�s la pri�re dont nous avons essay� de dire quelque chose, �J�sus s�en alla au-del� du torrent du C�dron, o� �tait un jardin, dans lequel il entra, lui et ses disciples. Et Judas aussi, qui le livrait, connaissait le lieu; car J�sus s�y �tait souvent assembl� avec ses disciples� (v. 1, 2). C�est l� que Judas trahira son Ma�tre. Connaissant ses habitudes, il s��tait sans doute rendu compte de l�emploi que ferait le Seigneur de son temps depuis qu�il sortit, apr�s avoir mang� le morceau tremp�. Temps que J�sus mit � profit pour encourager et instruire ses disciples, tandis que Judas l�utilisait � pr�parer l�arrestation de son Ma�tre qu�il s��tait engag� � livrer �commod�ment� (Marc 14:11) en pleine nuit, plut�t que de jour � cause de la foule (Luc 22:1-6). Aucun des souvenirs �voqu�s par ces lieux, o� Judas dut entendre tant de pr�cieuses communications, pas plus que le morceau tremp� au dernier repas, ne l�arr�taient dans l�ex�cution de son engagement vis-�-vis des chefs, dans le but d�obtenir trente mis�rables pi�ces d�argent. Il avait la conscience compl�tement endurcie. N�ayant pas r�sist�, en temps utile, aux sollicitations de l�ennemi, il tombait enti�rement sous son pouvoir. Sa conscience ne se r�veillerait que pour l�envoyer � la mort: exemple solennel, propre � nous rendre attentifs quant aux moyens que l�ennemi emploie afin de nous subjuguer enti�rement et de nous rendre incapables de r�sister aux pires convoitises. Pour �viter d�en arriver l�, il faut nous juger constamment, juger nos penchants naturels, afin de ne donner aucune prise � Satan. Ce n�est pas au d�but qu�il entre en Judas; c�est apr�s avoir longuement pr�par� en lui sa demeure. D�s lors, il ne lui fut plus possible de rebrousser chemin.

�Judas donc, ayant pris la compagnie de soldats, et des huissiers, de la part des principaux sacrificateurs et des pharisiens, vient l�, avec des lanternes et des flambeaux et des armes� (v. 3). Quel contraste saisissant entre cet attirail de guerre, instrument de violence brutale, et le Fils de Dieu qui se livre lui-m�me, qui donne sa vie parce qu�il en a re�u le commandement de son P�re, car il a quitt� la gloire pour cela. Mais il fallait que la responsabilit� des hommes, dans la mort de J�sus, e�t sa part. C�est pourquoi ils jouent leur r�le dans cette sc�ne unique. �J�sus donc, sachant toutes les choses qui devaient lui arriver, s�avan�a et leur dit: Qui cherchez-vous? Ils lui r�pondirent: J�sus le Nazar�en. J�sus leur dit: C�est moi. Et Judas aussi qui le livrait �tait l� avec eux. Quand donc il leur dit: C�est moi, ils recul�rent, et tomb�rent par terre� (v. 4-6). C�est J�sus lui-m�me qui s�avance. Ce J�sus le Nazar�en n��tait autre que le Cr�ateur des cieux et de la terre, celui qui soutient toutes choses par la parole de sa puissance, mais qui est ici le R�dempteur. En entendant prononcer: �C�est moi�, expression de l��ternelle divinit� de J�sus, le �je suis� du chapitre 8:19, ces hommes reculent et tombent � terre. Ils se trouvent en pr�sence de celui dont il �tait �crit au Psaumes 27:2: �Quand les m�chants, mes adversaires et mes ennemis, se sont approch�s de moi pour d�vorer ma chair, ils ont bronch� et sont tomb�s�. Mais venu pour sauver des p�cheurs, il les laisse se relever. Une seconde fois, il leur demande: �Qui cherchez-vous? Et ils dirent: J�sus le Nazar�en. J�sus r�pondit: Je vous ai dit que c�est moi; si donc vous me cherchez, laissez aller ceux-ci � afin que f�t accomplie la parole qu�il avait dite: De ceux que tu m�as donn�s, je n�en ai perdu aucun� (v. 7-9). Le premier c�est moi (v. 5) est en rapport avec la gloire de sa personne devant laquelle nul homme ne peut subsister; � cette voix, tous tombent leurs armes � la main. Le second c�est moi (v. 8), en rapport avec le but de sa venue, d�montre son amour pour ceux que le P�re lui a donn�s. Il est le bon berger qui laisse sa vie pour ses brebis; aucune ne sera perdue. On voit �galement, dans ce second c�est moi, l�autorit� divine; il donne l�ordre de �laisser aller ceux-ci�. Peut-�tre voulait-on mettre les mains sur eux. Il est toujours l�homme divin tout en �tant l�homme ob�issant, victime volontaire. J�sus aurait pu s�en aller, rentrer dans la gloire qu�il avait quitt�e, mais il y serait demeur� seul. Un avec son P�re dans ses conseils �ternels, il �tait venu dans ce monde pour les accomplir. Son P�re voulait avoir des fils dans la gloire, non en les cr�ant, mais en les rachetant. Il �tait dit de lui: �S�il livre son �me en sacrifice pour le p�ch�, il verra une semence� (�sa�e 53:10). Dans ce moment solennel, tout l�accomplissement des conseils de Dieu �tait, pour ainsi dire, entre ses mains. Il laisse se relever ces hommes terrass�s par Sa voix divine et s�offre � eux, pour que les siens �chappent non seulement de leurs mains, mais au jugement qu�il allait subir � leur place, � notre place. Quel amour!

Dans ce moment, on retrouve Simon Pierre sinc�re, z�l�, aimant le Seigneur, mais agissant charnellement, contraste frappant avec son divin Ma�tre qui se livrait volontairement. Il veut intervenir pour le d�fendre: �Ayant une �p�e, il la tira et frappa l�esclave du souverain sacrificateur et lui coupa l�oreille droite� (v. 10). Il veut �tre cons�quent avec ce qu�il a dit au chapitre 13:37: �Je laisserai ma vie pour toi�. N�avait-il pas dit, en entendant J�sus parler de sa mort: �Seigneur, Dieu t�en pr�serve� (Matt. 16:22)? Mais la victoire que le Seigneur allait remporter ne se gagnerait pas avec des armes charnelles et mat�rielles, mais bien en laissant s��puiser toute la puissance de Satan et des hommes; car: �Si quelqu�un tue avec l��p�e, il faut qu�il soit tu� par l��p�e�; J�sus n��tait pas l� pour tuer, mais pour sauver.

L�acte de Pierre donne au Seigneur l�occasion de manifester jusqu�o� va son ob�issance et son d�vouement � son P�re. Il lui dit: �Remets l��p�e dans le fourreau: la coupe que le P�re m�a donn�e, ne la boirai-je pas? (v. 11). Le temps de la gr�ce est celui pendant lequel l��p�e reste dans le fourreau. Ce sera terrible lorsqu�elle en sortira. Pour qu�elle p�t y rester tout le temps de la patience de Dieu, J�sus dut boire la coupe de sa col�re. En Luc, nous trouvons le r�cit de l�intensit� de la souffrance du Sauveur en Geths�man�, o� il dit: �P�re, si tu voulais faire passer cette coupe loin de moi! Toutefois, que ce ne soit pas ma volont� mais la tienne qui soit faite� (chapitre 22:42). Il l�accepte de la main du P�re, et non de l�ennemi qui voulait la lui pr�senter. Elle sera horrible pour son �me! Ce que J�sus endure de la part des hommes, tout affreux et douloureux que ce f�t, p�lit en pr�sence de la coupe de la col�re de Dieu contre nos p�ch�s; mais le Seigneur la prend de la main du P�re, par amour pour lui, pour sa gloire, pour qu�il puisse accomplir ses desseins �ternels d�amour envers les hommes. Ce pr�cieux Sauveur n��tait-il pas � ce moment-l� l�antitype du serviteur h�breu, lorsqu�il disait: �J�aime mon Ma�tre, ma femme et mes enfants, je ne veux pas sortir libre� (Exode 21:5). Personnellement, le Seigneur pouvait sortir libre apr�s avoir pleinement satisfait son Ma�tre dans son service au milieu des hommes; mais son amour pour son P�re et pour nous ne le lui permit pas.

Il ne convient pas de parler de nos �preuves, m�me des plus douloureuses, en pr�sence de la coupe que le Seigneur a prise de la main de son P�re. Cependant il est notre mod�le dans la souffrance, comme en toute circonstance. Comme lui, acceptons les dispensations les plus douloureuses de la main du P�re; elles en seront adoucies et perdront de l�amertume qu�elles auraient si nous leur attribuions une autre origine. Que l�ennemi les pr�sente, en soit la cause secondaire, nous pouvons toujours dire: �C�est mon P�re qui le permet�.

J�sus devant Ca�phe

(v. 12-14, 19-24) � �La compagnie de soldats donc, et le chiliarque, et les huissiers des Juifs, se saisirent de J�sus et le li�rent, et l�amen�rent premi�rement � Anne; car il �tait beau-p�re de Ca�phe, qui �tait souverain sacrificateur cette ann�e-l� (v. 12, 13). Ces hommes, relev�s de terre par la volont� de J�sus, croient le tenir par leur propre puissance. Ils le lient. Quelle force avaient ces liens pour lui, s�il ne se livrait pas lui-m�me? L�, nous voyons l�agneau de Dieu; �la brebis muette devant ceux qui la tondent�. J�sus est conduit premi�rement � Anne, personnage tr�s influent parmi les Juifs, puisqu�il avait �t� lui-m�me souverain sacrificateur. L��vang�liste rappelle que Ca�phe avait dit qu�il �tait avantageux pour le peuple qu�un seul homme p�r�t (chap. 11:40-52). En faisant mourir J�sus il croyait mettre la nation � l�abri de la vengeance des Romains; mais, souverain sacrificateur cette ann�e-l�, il proph�tisait le vrai salut de la nation et l��uvre de la gr�ce en vertu de la mort de J�sus. Toutefois il n�a pu �viter que les Romains vinssent d�truire J�rusalem et la nation, comme jugement de Dieu, pr�cis�ment parce que les Juifs avaient mis � mort le Seigneur leur Roi.

J�sus, envoy� li� par Anne � Ca�phe (v. 24), compara�t dans toute sa dignit�. Il ne reconna�t pas l�autorit� sacerdotale de Ca�phe. � cause du rejet du Messie, Dieu mettait de c�t� le syst�me juda�que, que repr�sentait le souverain sacrificateur. Interrog� sur ses disciples et sa doctrine, J�sus s�en r�f�re � son minist�re public. �Moi j�ai ouvertement parl� au monde�, dit-il; �j�ai toujours enseign� dans la synagogue, et dans le temple o� tous les Juifs s�assemblent, et je n�ai rien dit en secret. Pourquoi m�interroges-tu? Interroge sur ce que je leur ai dit, ceux qui m�ont entendu; voil�, ils savent, eux, ce que moi j�ai dit� (v. 20, 21). J�sus avait pr�ch� en public; il avait rendu un t�moignage complet; ce service-l� termin�, c��tait inutile de recommencer � parler. Il accomplissait maintenant un autre service: il donnait sa vie. En Luc 22:68, lorsqu�on lui demande s�il est le Christ, il r�pond: �Si je vous le disais, vous ne le croiriez point; et si je vous interroge, vous ne me r�pondrez point, ou ne me laisserez point aller�. Le Seigneur r�alisait dans sa perfection qu�il y a �un temps de se taire, et un temps de parler� (Eccl. 3:7). C�est solennel de penser qu�il y a un temps o� Dieu se tait. Comme pour les Juifs alors, le jour approche pour la chr�tient� aujourd�hui, o� la voix de Dieu en gr�ce ne se fera plus entendre.

Un huissier donne essor � sa haine pour J�sus, en le souffletant sous pr�texte qu�il manque de respect envers le souverain sacrificateur. Dans une calme observation, J�sus fait appel � sa conscience en lui disant: �Si j�ai mal parl�, rends t�moignage du mal; mais si j�ai bien parl�, pourquoi me frappes-tu? (v. 23). L�attitude de J�sus fait voir que, malgr� son humiliation, il est sup�rieur � ceux qui l�interrogent.

Simon Pierre

(v. 15-18, 25-27) � Pendant l�interrogatoire de J�sus, Pierre, au lieu de dominer les circonstances comme son Ma�tre, se laisse dominer par elles; il n�a pas de force pour les traverser. Trop confiant en lui-m�me, il suit J�sus. J�sus lui avait pourtant dit qu�il ne pouvait le faire maintenant, mais qu�il le suivrait plus tard (chap. 13:36, 37). Jean aussi suivit J�sus: �Ce disciple-l� �tait connu du souverain sacrificateur..., mais Pierre se tenait dehors � la porte� (v. 15). Jean entre dans le palais et intervient aupr�s de la porti�re pour introduire Pierre. Jean suivait simplement le Seigneur par amour et sans pr�tention. Il n�y avait en lui rien de charnel � juger � cet endroit-l�; aussi, il n�est pas �prouv� comme Pierre. L�intervention de Jean pour introduire Pierre dans le lieu o� Satan allait le cribler est bien frappante. Rest� dehors, il n�aurait pas eu de rapports avec les personnages dont Satan se servit pour lui faire renier son Ma�tre. On voit comment Dieu dispose tous les d�tails des circonstances pour accomplir ses voies. Il fallait que Pierre f�t l� pour que f�t mis � l��preuve son amour pour le Seigneur qu�il croyait bien sup�rieur � celui des autres disciples lorsqu�il dit: �Si tous �taient scandalis�s en toi, moi, je ne serai jamais scandalis� en toi� (Matt. 26:33; Marc 14:29). La servante qui l�introduisit, premier instrument de Satan, lui dit: �Et toi, n�es-tu pas des disciples de cet homme? Lui dit: Je n�en suis point�. Au lieu de fuir ce terrain dangereux, Pierre s�y aventure de lui-m�me en allant se chauffer aupr�s du feu allum� par les esclaves et les huissiers (v. 18). Il voyait de l� son Ma�tre sans d�fense, livr� � la moquerie, � la haine, � la m�chancet� de ses ennemis. Que devenait, dans ces circonstances la force sur laquelle il comptait pour suivre le Seigneur dans le chemin o� le pouvoir des t�n�bres se faisait sentir? Un seul demeurait ferme, celui qui pouvait dire: �Le chef de ce monde vient, et il n�a rien en moi�. Chez Pierre la chair offrait au contraire une prise facile � l�ennemi. Une femme avait suffi pour le faire trembler et nier toute relation avec le divin accus�. Ne pouvant ni reculer ni avancer, Pierre se tenait avec les huissiers des Juifs, dont l�un venait de donner un soufflet � J�sus. �Ils lui dirent donc: Et toi, n�es-tu pas de ses disciples? Il le nia, et dit: Je n�en suis point. L�un d�entre les esclaves du souverain sacrificateur, parent de celui � qui Pierre avait coup� l�oreille, dit: Ne t�ai-je pas vu, moi, dans le jardin avec lui? Pierre donc nia encore; et aussit�t le coq chanta� (v. 25-27). Si J�sus n�avait pas pri� pour lui afin que sa foi ne d�faill�t pas, Pierre aurait pu �tre livr� au d�sespoir, comme Judas, d�autant plus que, revenu � la conscience de son amour pour J�sus, il pouvait mesurer l�horreur de son p�ch�. Quoique Satan e�t demand� � cribler tous les disciples comme le bl�, J�sus avait pens� � Pierre tout particuli�rement; il lui dit: �J�ai pri� pour toi�. Il savait qu�il en avait besoin plus que les autres disciples, parce qu�avec sa nature ardente et sa confiance en lui-m�me, il �tait plus expos� qu�eux tous.

Ce que le Seigneur a �t� pour Pierre, il l�est pour nous tous, qui avons besoin de son office de sacrificateur et d�avocat. Il sait � quoi nous exposent les divers penchants de notre mauvaise nature. S�il est oblig� de nous laisser constater ce dont nous sommes capables, il y a en lui les ressources pour nous relever et pr�venir de nouvelles chutes. Mais la Parole de Dieu devrait nous suffire, car elle montre ce que nous sommes, sans qu�il soit n�cessaire de faire les douloureuses et humiliantes exp�riences qui d�shonorent le Seigneur, nous font perdre du temps. Nous apprenons aussi, par le reniement de Pierre, qu�il ne faut jamais se placer dans des circonstances o� le Seigneur n�a pas promis de nous garder. J�sus avait dit � Pierre qu�il ne pouvait pas le suivre maintenant; cela devait lui suffire. Dieu ne nous soutient pas dans le chemin de la d�sob�issance. Que de d�shonneur pour le Seigneur, que de douleurs nous �viterions si, avant d�entrer dans une voie quelconque, nous nous assurions de la volont� de Dieu!

Dans cet �vangile, Pierre est laiss� l�; J�sus le retrouvera apr�s sa r�surrection pour le relever et le restaurer enti�rement.

J�sus devant Pilate

(v. 28-40) � �Ils m�nent donc J�sus de chez Ca�phe au pr�toire (or c��tait le matin); et eux-m�mes, ils n�entr�rent pas au pr�toire, afin qu�ils ne fussent pas souill�s; mais qu�ils pussent manger la p�que� (v. 28). Comment J�sus a-t-il pass� cette nuit m�morable? Nous ne pouvons la reconstituer exactement. Dans les trois premiers �vangiles, nous voyons une s�ance du sanh�drin au matin, apr�s celle de la nuit dans laquelle Pierre renia J�sus. En Jean il n�est question que d�une s�ance qui pr�c�de celle du pr�toire, palais du gouverneur romain, qui servait de tribunal. Les Juifs ne veulent pas entrer chez un incirconcis, afin de pouvoir manger la p�que. Une souillure c�r�monielle �tait pour eux plus grave que le fait de mettre � mort le Fils de Dieu, leur Messie. Ils gardent les formes d�une religion donn�e par celui qu�ils rejettent et � laquelle ce crime enl�ve sa raison d��tre. Ils veulent manger la p�que, sans se douter que cette f�te allait avoir son antitype le jour m�me par la mort de l�Agneau de Dieu. Garder les formes d�une religion avec une conscience qui r�siste � la v�rit�, ne fait que s�duire, endurcir, aveugler, fortifier la r�sistance � la v�rit� et permet d�accomplir les p�ch�s les plus graves aux yeux de Dieu. C�est ce qui se passe autour de nous, car nous sommes dans les temps o� l�on a �la forme de la pi�t�, mais en ayant reni� la puissance� (2 Tim. 3:5).

Pilate se voit oblig� de sortir vers les Juifs pour leur demander quelle accusation ils portent contre J�sus. Les Juifs lui r�pondent: �Si cet homme n��tait pas un malfaiteur, nous ne te l�eussions pas livr�. Pilate donc leur dit: Prenez-le, vous, et jugez-le selon votre loi. Les Juifs donc lui dirent: Il ne nous est pas permis de faire mourir personne; afin que f�t accomplie la parole que J�sus avait dite, indiquant de quelle mort il devait mourir� (v. 30-32). Les Juifs estimaient que Pilate devait condamner J�sus sur leur t�moignage sans autres preuves. Mais les choses ne se passaient pas ainsi chez les Romains. Pilate comprend que ce cas ne rentre pas dans sa comp�tence; il offre aux Juifs de le juger eux-m�mes selon leur loi. Malgr� son autorisation, ils refusent, s�en r�f�rant au code romain qui leur �tait le droit de mort. Ind�pendamment de leur volont�, ce refus a lieu pour accomplir la parole que J�sus avait dite quant � sa mort (chap. 12:32, 33). Il devait �tre crucifi�. Dieu dirige les circonstances dans toute cette sc�ne. Soit Pilate soit les Juifs, ne disent et font que ce qui accomplira la volont� de Dieu. J�sus ne devait pas mourir comme un blasph�mateur isra�lite, mais plac� au rang des malfaiteurs, condamn� par les Romains, repr�sentants des gentils. Un jour il appara�tra � tous avec les mains perc�es. D�autre part nous voyons dans le refus des Juifs, leur volont� bien arr�t�e de faire mourir J�sus, car en leur disant de le juger selon leur loi, Pilate ne disait pas formellement qu�ils devaient le mettre � mort.

Pilate rentre au pr�toire et appelle J�sus. Il lui dit �Toi, tu es le roi des Juifs? J�sus lui r�pondit: Dis-tu ceci de toi-m�me, ou d�autres te l�ont-ils dit de moi? � (v. 33, 34). Si Pilate affirmait de lui-m�me que J�sus �tait roi, il aurait trouv� l� une raison d�ordre politique � faire valoir dans son jugement, du moment que J�sus se serait �lev� contre le pouvoir de Rome. Si d�autres le lui avaient dit, c��tait la haine des Juifs qui le livrait entre ses mains, en faisant valoir un pr�texte qui n�avait pas grande valeur aux yeux du gouverneur. Que J�sus se d�t ou non roi des Juifs, le tr�ne de C�sar ne courait aucun danger. Pilate r�pond � J�sus: �Suis-je Juif, moi? Ta nation et les principaux sacrificateurs t�ont livr� � moi; qu�as-tu fait? � (v. 35). Pilate pose � J�sus la m�me question que Dieu adressa � Ca�n. En Luc, un des brigands donne la r�ponse: �Celui-ci n�a rien fait qui ne se d�t faire�. Cette question donne lieu � la �belle confession� dont Paul parle en 1 Timoth�e 6:13. J�sus r�pond � Pilate: �Mon royaume n�est pas de ce monde. Si mon royaume �tait de ce monde, mes serviteurs auraient combattu, afin que je ne fusse pas livr� aux Juifs; mais maintenant mon royaume n�est pas d�ici. Pilate donc lui dit: Tu es donc roi? J�sus r�pondit: Tu le dis que moi je suis roi. Moi, je suis n� pour ceci, et c�est pour ceci que je suis venu dans le monde, afin de rendre t�moignage � la v�rit�. Quiconque est de la v�rit�, �coute ma voix� (v. 36, 37). En effet J�sus �tait roi, mais d�un royaume qui n��tait pas de ce monde. Un jour il l��tablira et ceux qui l�auront reconnu comme roi combattront selon Mich�e 4:13, Zacharie 12:6 et d�autres passages des proph�tes. �Mais, maintenant�, dit J�sus, �mon royaume n�est pas de ce monde�. Ce n�est pas un royaume terrestre; cependant, plus tard, il l��tablira sur la terre. Le royaume de J�sus est c�leste et universel. Cette r�ponse fait pressentir � Pilate que J�sus est roi, non des Juifs seulement, mais d�un autre royaume. En effet, il �tait n� non seulement pour �tre roi, mais pour rendre t�moignage � la v�rit� dont la royaut� faisait partie. Pilate demande: �Qu�est-ce que la v�rit�? � Le monde est sous la puissance de Satan le p�re du mensonge; le p�ch� a tout d�natur�. L�homme s�par� de Dieu se meut dans l�erreur et les t�n�bres. Dieu ayant �t� exclu, le jugement de l�homme est perverti. C�est dans cet �tat de choses que vint J�sus; Dieu manifest� en chair, expression de la v�rit�, mettant tout en �vidence. Il est la v�rit� (Jean 14:6); la Parole est la v�rit� (Jean 17:17); l�Esprit est la v�rit� (1 Jean 5:6). Pilate n�attendit pas la r�ponse du Seigneur. Aujourd�hui encore la m�me question se pose au sein de la chr�tient�: �Qu�est-ce que la v�rit�? � Mais peu attendent la r�ponse divine; on s�en d�tourne plut�t, on met en doute que la v�rit� existe; on suit l�opinion de celui-ci ou de celui-l�, quitte � l�abandonner pour une autre qui pla�t mieux, mais rarement pour la v�rit�, car elle juge l�homme et ses pens�es.

On peut remarquer que J�sus s�entretient avec Pilate, tandis qu�il ne r�pond pas au souverain sacrificateur; Pilate �tait en dehors du cercle juif dans lequel le Seigneur a accompli son minist�re. Les chefs des Juifs �taient cens�s conna�tre son enseignement. Ils portaient une responsabilit� que le gouverneur romain n�avait pas. Pilate sort encore vers les Juifs et leur dit: �Moi, je ne trouve aucun crime en lui; mais vous avez une coutume, que je vous rel�che quelqu�un � la P�que; voulez-vous donc que je vous rel�che le roi des Juifs? Ils s��cri�rent donc tous encore, disant: Non pas celui-ci, mais Barabbas. Or, Barabbas �tait un brigand� (v. 39, 40). On voit Pilate fort embarrass� en pr�sence d�un tel accus�; on comprend l�effet produit sur sa conscience naturelle quand il entendit pour la premi�re fois les paroles de l�homme divin, dont il �prouvait la sup�riorit�, incompr�hensible pour lui. La v�rit� s�imposait � sa conscience et le mettait mal � l�aise. Il cherche � la soulager, mais non � l��clairer, en remettant aux Juifs la responsabilit� de la condamnation de J�sus ou de sa lib�ration. Il croit profiter d�une coutume qui le sortirait d�embarras, mais se heurte � la haine des conducteurs du peuple et � leur volont� bien arr�t�e de faire mourir J�sus. Ils demandent l��largissement du brigand Barabbas (nom qui signifie: fils de son p�re), afin de pouvoir mettre � mort le Fils de Dieu. Quoi d��tonnant si les Juifs et le monde subissent d�s lors les cons�quences d�avoir pr�f�r� un brigand au Fils de Dieu?

Derri�re la sc�ne, comme nous l�avons d�j� remarqu�, la main de Dieu dirigeait chaque d�tail en vue de l�accomplissement de ses conseils �ternels. Il laissa se d�velopper jusqu�� son point culminant la haine de l�homme contre lui-m�me, contre son Fils, car les hommes, Juifs et gentils, sont les auteurs responsables de la mort du Seigneur. Mais si Dieu permet que la m�chancet� de l�homme arrive � son apog�e, c�est afin de faire ressortir � ce moment-l� son amour infini. � la croix, l�amour de Dieu triompha pour le salut du p�cheur, quand le p�ch� atteignit sa mesure parfaite. C�est l� que �la justice et la paix se sont entre-bais�es� (Ps. 85:11). Mais jusqu�au jour o� le Fils de l�homme prendra en main sa grande puissance pour faire r�gner la justice et la paix, les Juifs et le monde porteront les cons�quences de leur crime.

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