Bible Commentaries
Jean 19

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versets 1-42

Pilate fait fouetter J�sus

(v. 1-7) � Pilate, tout en reconnaissant l�innocence de J�sus, le fit fouetter. Livr� � la brutalit� des soldats romains, il devient l�objet de leurs moqueries. Ils tress�rent une couronne d��pines, la mirent sur sa t�te et le rev�tirent par d�rision, d�un v�tement de pourpre, insigne de la royaut�. J�sus re�oit l�hommage ironique des soldats, accompagn� de soufflets. Pilate pensait-il satisfaire la haine des Juifs en livrant J�sus � de tels outrages? On peut le supposer, mais l�essai n�aboutit pas. Il fallait aussi cet acte pour que les gentils eussent leur part de culpabilit� dans la mort de Christ.

En ce moment, cet adorable Sauveur endurait tout particuli�rement ce que l�auteur de l��p�tre aux H�breux appelle �la contradiction des p�cheurs contre lui-m�me� (H�b. 12:3). Tout �tait en contradiction avec la nature et les attributs de cette glorieuse personne. Sacr� Roi sur Sion, par Dieu m�me, il est couronn� d��pines et rev�tu d�un manteau de pourpre par des pa�ens. Celui devant qui tout genou se ploiera re�oit des soufflets et l�hommage moqueur de sa cr�ature ignorante et avilie. Le juge des vivants et des morts est l�accus� qui compara�t devant des p�cheurs qui le condamneront. Nous pouvons, en effet, comme dit l�ap�tre �consid�rer celui qui a endur� une telle contradiction de la part des p�cheurs contre lui-m�me�, afin de n��tre pas d�courag�s lorsque nous �prouvons quelque peine dans le chemin que nous a trac� un Sauveur rejet�.

�Pilate sortit encore et leur dit: Voici, je vous l�am�ne dehors, afin que vous sachiez que je ne trouve en lui aucun crime. J�sus donc sortit dehors, portant la couronne d��pines et le v�tement de pourpre, et il leur dit: Voici l�homme!� (v. 4, 5). La vue de J�sus, qui avait subi le supplice du fouet, son front saignant sous la couronne d��pines, ne toucha pas plus le c�ur des Juifs que la d�claration de Pilate, lorsque, pour la troisi�me fois, il leur dit qu�il ne trouvait aucun crime en lui. Pilate le leur pr�senta en disant: �Voici l�homme�. Au verset 29 du chapitre pr�c�dent, il leur avait demand� quelle accusation ils portaient contre cet homme. Eux r�pondirent: �Si cet homme n��tait pas un malfaiteur, nous ne te l�eussions pas livr�. Cet adorable Sauveur �tait entre leurs mains un homme, mais ha� de tous, charg� de m�pris. Il �tait par gr�ce un homme, fait inf�rieur aux anges � cause de la passion de la mort, homme des conseils de Dieu, qui va repr�senter l�homme perdu, coupable, souill�, sous le jugement divin; et mourir sur la croix pour mettre fin � l�homme en Adam et le placer nouveau dans la pr�sence de Dieu par sa r�surrection et son exaltation. Maintenant c�est dans la gloire que nous voyons le Fils de l�homme couronn� de gloire et d�honneur, en r�ponse � la question: �Qu�est-ce que l�homme que tu te souviennes de lui, ou le fils de l�homme que tu le visites? � (H�b. 2:5-9). �Quand donc les principaux sacrificateurs et les huissiers le virent, ils s��cri�rent, disant: Crucifie, crucifie-le! Pilate leur dit Prenez-le, vous, et le crucifiez; car moi, je ne trouve pas de crime en lui. Les Juifs lui r�pondirent: Nous avons une loi, et selon notre loi il doit mourir, car il s�est fait Fils de Dieu� (v. 6, 7). Pilate recule un moment devant la responsabilit� de la condamnation de J�sus. Il leur offre de le faire eux-m�mes, puisqu�il ne trouvait pas de crime en lui. Cette offre n�est pas accept�e, non pas qu�ils craignissent de faire mourir quelqu�un, mais Dieu voulait que les nations et les fils d�Isra�l accomplissent �toutes les choses� que sa main et son conseil �avaient � l�avance d�termin� devoir �tre faites�; ainsi que Pierre le dit aux Juifs en Actes 4:27, 28.

Condamnation de J�sus par Pilate

(v. 8-16) � Les Juifs font valoir un nouvel argument en faveur de la mort de J�sus, savoir qu�il s�est fait Fils de Dieu. �Quand donc Pilate entendit cette parole, il craignit davantage, et il entra de nouveau dans le pr�toire, et dit � J�sus: D�o� es-tu? Et J�sus ne lui donna pas de r�ponse� (v. 8, 9). L�embarras de Pilate ne fait qu�augmenter en entendant cette nouvelle accusation, car, pour lui il ne s�agit plus seulement de pr�tention � la royaut�, mais � la divinit�. Soit que sa conscience soit atteinte par ce qu�il voit et entend de J�sus, soit � cause de sa superstition de pa�en, s�il se trouve en pr�sence d�une divinit�, Pilate �prouve de l�effroi. Osera-t-il s��lever contre une personne pareille? Pour s��clairer il questionne J�sus sur son origine. D�o� vient un tel homme qui se dit Fils de Dieu? J�sus ne lui r�pond pas. Il avait d�clar� qu�il n��tait pas coupable; cela suffisait. Pilate lui dit: �Ne me parles-tu pas? Ne sais-tu pas que j�ai le pouvoir de te rel�cher, et que j�ai le pouvoir de te crucifier? J�sus r�pondit: Tu n�aurais aucun pouvoir contre moi, s�il ne t��tait donn� d�en haut; c�est pourquoi celui qui m�a livr� � toi a plus de p�ch� (v. 10, 11). Devant le silence de J�sus, Pilate se sent atteint dans sa dignit� de magistrat et croit faire valoir son autorit�. La noble r�ponse du Seigneur �branle, semble-t-il, l�assurance qu�il avait en lui-m�me, en lui faisant sentir la sup�riorit� de l�accus�. Pilate doit se demander s�il n�a pas devant lui un personnage en relation avec la puissance divine, sans laquelle il n�aurait aucun pouvoir. Repr�sentant inconscient de l�autorit� que Dieu avait confi�e aux gentils, Pilate croyait en user � son gr�. Dans ce cas en particulier celui sur lequel il se figurait avoir du pouvoir �tait devant lui volontairement et Pilate allait se servir de son autorit� pr�sum�e pour le condamner, parce qu�il �tait dans les pens�es de Dieu que ce f�t lui, et non les Juifs, qui pronon��t en dernier lieu son arr�t de mort, inique, inqualifiable. Cependant Judas qui avait livr� J�sus avait p�ch� plus gravement que le juge pa�en. Sa responsabilit� �tait en rapport avec les privil�ges dont il avait joui, puisqu�il venait de passer quatre ans environ avec le Seigneur.

Sous l�impression de la calme r�ponse de J�sus, Pilate cherche � le rel�cher; mais, d�s que les Juifs s�en aper�oivent ils avancent un argument qui devait agir s�rement sur le repr�sentant de C�sar: �Si tu rel�ches celui-ci, tu n�es pas ami de C�sar; quiconque se fait roi, s�oppose � C�sar�. En entendant ces paroles, Pilate fait sortir J�sus, monte sur son tribunal et dit aux Juifs: �Voici votre roi! Mais ils cri�rent: �te, �te, crucifie-le! Pilate leur dit: Crucifierai-je votre roi? Les principaux sacrificateurs r�pondirent: Nous n�avons pas d�autre roi que C�sar. Alors donc il le leur livra pour �tre crucifi�; et ils prirent J�sus et l�emmen�rent� (v. 12-16). La v�rit� n�avait pas eu de prise sur Pilate, et il devint malgr� lui, l�agent de la haine des Juifs. Il ne voulait pas leur d�plaire et encore moins para�tre infid�le � C�sar. Quant � sa responsabilit� devant Dieu, il ne s�en pr�occupe pas; il l�ignore. Cependant il savait que les Romains ne condamnaient pas un homme reconnu innocent. En c�dant aux Juifs il accomplit l�acte le plus horrible et le plus injuste qui soit dans l�histoire de l�humanit�.

On voit la haine des Juifs augmenter ses efforts d�heure en heure. Chaque fois que Pilate essaie de d�livrer J�sus ils s��l�vent plus violemment contre lui.

Au chapitre 18:40, il est dit qu�ils s��cri�rent tous. Au verset 6 de notre chapitre, ils disent: �Crucifie, crucifie-le!� et, au verset 15: ��te, �te, crucifie-le�. Il leur tardait d�en finir, car c��tait la pr�paration du sabbat, appel� �grand� au verset 31. Dans leur aveuglement ils d�siraient le c�l�brer � leur aise. L�h�sitation de Pilate � crucifier J�sus provoque de la part des chefs religieux la rupture finale entre Dieu et le peuple, par leur cri: �Nous n�avons pas d�autre roi que C�sar�. D�s cette heure l�apostasie �tait consomm�e. J�sus sera mis � mort et le peuple rejet� par Dieu. Quarante ans plus tard, le roi qu�ils avaient choisi d�truisit J�rusalem, extermina une partie du peuple et emmena le reste en captivit�.

Le crucifiement

(v. 17-24) � �J�sus sortit portant sa croix, et s�en alla au lieu appel� lieu du cr�ne, qui est appel� en h�breu Golgotha, o� ils le crucifi�rent, et deux autres avec lui, un de chaque c�t�, et J�sus au milieu� (v. 17, 18). Cette partie de la sc�ne douloureuse plac�e devant nous, propre � faire vibrer les fibres les plus profondes de nos c�urs, est pr�sent�e par l�Esprit Saint d�une mani�re digne du Fils de Dieu. Aucun signe de faiblesse; nul besoin de contraindre un homme de porter sa croix. Celui � la voix duquel la troupe meurtri�re tomba et se releva et qui se laissa emmener par elle, accomplira jusqu�au bout l��uvre qu�il a entreprise avec une force et une s�r�nit� divines, tout en sentant profond�ment toutes les douleurs d�une telle heure. Le Fils de Dieu est crucifi�, entre deux autres. Il n�est pas dit ici que c��taient des brigands ou des malfaiteurs. En pr�sence du crime inou� accompli par les Juifs et l�humanit� tout enti�re, les hommes, devant le Fils de Dieu, sont tous au m�me niveau. Ce sont �deux autres�, deux de ces hommes qui font partie d�un monde jug�. Leur crime, bien que jug� justement, p�lit devant celui qu�accomplissaient leurs juges. Pour les hommes, J�sus est plac� au m�me rang. C�est �l�homme� que Pilate leur a pr�sent�. Il est au milieu des p�cheurs qui m�ritent la mort. Il est venu prendre cette place en gr�ce, afin que son �uvre une fois accomplie, il se trouve au milieu d�hommes sauv�s qu�il n�aura pas honte d�appeler ses fr�res. C�est ce que J�sus ressuscit� fit trois jours apr�s: J�sus vint et se tint au milieu d�eux� (chap. 20:19). Le sujet de la condamnation des crucifi�s �tait inscrit sur leur croix. Pilate ne manque pas de le faire pour J�sus; mais guid� par une main invisible, il le fit en rendant t�moignage � ce qu��tait J�sus et en m�me temps � la culpabilit� des Juifs. �Et Pilate fit aussi un �criteau, et le pla�a sur la croix; et il y �tait �crit: J�sus le Nazar�en, le roi des Juifs. Plusieurs des Juifs donc lurent cet �criteau, parce que le lieu o� J�sus fut crucifi� �tait pr�s de la ville; et il �tait �crit en h�breu, en grec, en latin� (v. 19, 20). M�content sans doute d�avoir c�d� � la volont� des Juifs, Pilate chercha � les humilier en publiant en trois langues importantes, alors parl�es, qu�ils avaient mis leur roi au rang des malfaiteurs. Les chefs des Juifs se r�crient et veulent que Pilate modifie � leur gr� l�inscription: �N��cris pas: Le roi des Juifs; mais que lui a dit: Je suis le roi des Juifs. Pilate r�pondit: Ce que j�ai �crit, je l�ai �crit� (v. 21, 22). Le peu de conscience qui pouvait subsister chez les Juifs, mais qu�ils avaient refoul� par leur haine, �tait aveugl� par l��criteau qui t�moignait de leur culpabilit�. Aussi ils voudraient le faire dispara�tre; mais ils se heurtent � la volont� de Pilate, qui, s�il leur avait c�d� pour crucifier J�sus, l�avait fait pour accomplir, inconsciemment sans doute, les desseins de Dieu. Dans ce cas, il ne se pr�occupe plus de leur d�sir.

Un jour, le r�sidu juif, apr�s de terribles souffrances, reconna�tra ce que portait l��criteau de Pilate. Comme Nathana�l, il dira: �Peut-il venir quelque chose de bon de Nazareth? � Il devra reconna�tre que celui qui leur apportera la d�livrance a �t� le m�pris� et le rejet� des hommes; qu�il a �t� le Nazar�en, celui qui a �t� �mis � part de ses fr�res� (Gen. 49:26). Comme tous ont lu sur l��criteau ce que J�sus �tait, tous aussi le verront lorsqu�il viendra avec les nu�es: �Tout �il le verra, et ceux qui l�ont perc�; et toutes les tribus de la terre se lamenteront � cause de lui (Apoc. 1:7). �Des rois fermeront leur bouche en le voyant� (�sa�e 52:15).

Chaque acteur dans cette sc�ne accomplit, � son insu, ce que les �critures avaient dit. �Les soldats donc, quand ils eurent crucifi� J�sus, prirent ses v�tements et en firent quatre parts, une part pour chaque soldat. Ils prirent aussi la tunique. Or la tunique �tait sans couture, tiss�e tout d�une pi�ce depuis le haut jusqu�en bas. Ils dirent donc entre eux: Ne la d�chirons pas, mais jetons-la au sort, � qui elle sera � afin que l��criture f�t accomplie, qui dit: �Ils ont partag� entre eux mes v�tements, et ils ont jet� le sort sur ma robe� (Ps. 22:19). Les soldats donc firent ces choses� (v. 23, 24). Trait caract�ristique de notre �vangile: il rapporte seul ces d�tails sur la robe de J�sus. Il n�y avait aucune division, aucun d�faut dans la manifestation des perfections de J�sus, dans toute sa marche et dans tout son service. Dans les �critures la robe est l�embl�me de la profession.

Dans tout ce r�cit, nous voyons J�sus s�offrant � Dieu sans tache, avec toutes les perfections que Dieu seul peut appr�cier; nous n�en discernons que l�ext�rieur. Il s�offre lui-m�me, n�oppose aucune r�sistance. Il est la brebis muette, l�agneau qui va � la boucherie. On le frappe, on le m�ne, on le ram�ne; il est v�tu, d�v�tu, couronn� d��pines; il para�t ainsi devant ses cr�atures, il porte sa croix; il se laisse tout faire par amour pour son Dieu et P�re; il s�offre � lui, et nous, mis�rables p�cheurs, qui faisons partie de ces autres qui avaient m�rit� la mort, nous en avons les r�sultats �ternels et glorieux. �Il s�est livr� lui-m�me pour nous, comme offrande et sacrifice � Dieu, en parfum de bonne odeur� (�ph. 5:2).

J�sus et sa m�re

(v. 25-30) � Apr�s avoir vu passer dans ce tableau tous les traits de la haine et de l�injustice des hommes, la trahison de Judas, l�abandon de tous, l��nergie de la m�chancet� des Juifs pour obliger Pilate � c�der � leur volont� haineuse, l�indiff�rence et l�injustice de Pilate lui-m�me, on �prouve du soulagement � trouver pr�s de la croix quelques femmes le c�ur broy� par la souffrance, dans le silence de l�isolement au milieu de cette sc�ne � laquelle elles �taient �trang�res, mais en parfaite sympathie et br�lant d�amour pour l�objet de la haine du monde. �Or, pr�s de la croix de J�sus, se tenaient sa m�re, et la s�ur de sa m�re, Marie, femme de Clopas, et Marie de Magdala� (v. 25). Il y a quelque chose d�intime et d�humain dans la mani�re dont l�ap�tre parle de Marie. Il dit: sa m�re. Le Fils de Dieu avait une m�re; elle assistait, impuissante, au supplice de son divin Fils. Que se passait-il dans son c�ur? J�sus le savait. Les autres femmes aussi, attach�es au Seigneur, pers�v�rent dans leur amour; elles tiennent ferme au milieu de l�orage impuissant � les s�parer de J�sus, tant elles que le disciple que J�sus aimait. Le Seigneur seul peut appr�cier la valeur de leur pr�sence dans un tel moment! Les heures de t�n�bres vont venir. Jean ne les mentionne pas. La face de Dieu brillera � nouveau sur la sainte victime, son Fils bien-aim�; mais ni la grandeur de l��uvre qu�il venait d�accomplir, ni la conscience de sa parfaite divinit� ne pouvaient att�nuer les sentiments humains du Seigneur. �J�sus donc voyant sa m�re, et le disciple qu�il aimait se tenant l�, dit � sa m�re: Femme, voil� ton Fils. Puis il dit au disciple: Voil� ta m�re. Et d�s cette heure-l�, le disciple la prit chez lui� (v. 26, 27). Le Fils de Dieu, homme, allait quitter ce monde; il pense � sa m�re, sans doute veuve, car on n�entend plus parler de Joseph; il sait de quoi le c�ur de cette m�re aura besoin dans sa douleur et son isolement au milieu d�un monde ennemi de son fils et dont elle n�a rien � attendre. Il conna�t aussi le c�ur du disciple qu�il aimait et dont, en retour, il recevait l�amour qui lui donnait la force de le suivre et de s�unir � ces saintes femmes autour de la croix. C�est � lui qu�il recommande sa m�re; leur objet commun les liera l�un � l�autre dans une sainte affection.

Si J�sus disait un jour � sa m�re: �Qu�y a-t-il entre moi et toi, femme, mon heure n�est pas encore venue? � ce n��tait pas manque d�amour pour elle; c��tait par fid�lit� � son Dieu. Les liens naturels humains ne devaient pas intervenir dans l�accomplissement de son service. Maintenant l�heure est venue; elle est m�me pass�e. J�sus peut donner libre cours d�une mani�re touchante � ses sentiments humains parfaits. C�est lui-m�me qui les avait cr��s et, en rev�tant son humanit�, il en r�alise les devoirs d�une mani�re parfaite et exemplaire; il laisse chaque chose � sa place et en son temps. �D�s cette heure-l�, le disciple la prit chez lui�.

Jean aime � se d�signer par �le disciple que J�sus aimait�. � ceux qui pourraient trouver ce mot pr�tentieux de sa part, nous r�pondons que le contraire le serait. L�ap�tre reconna�t ce fait en toute humilit�. Il y aurait de la pr�tention � s�intituler: �celui qui aimait J�sus�. Il ne veut pas faire allusion � son amour pour J�sus, tout grand qu�il f�t. Pierre parlait de son amour pour le Seigneur et cela le conduisit � sa chute. Rien ne d�veloppera mieux notre amour pour le Seigneur que de penser � son amour pour nous.

Pour J�sus la fin approchait, la fin de cette vie dans laquelle il avait souffert et port� nos p�ch�s sur la croix. �Apr�s cela J�sus, sachant que toutes choses �taient d�j� accomplies, dit, afin que l��criture f�t accomplie: J�ai soif. Il y avait donc l� un vase plein de vinaigre. Et ils emplirent de vinaigre une �ponge, et, l�ayant mise sur de l�hysope, ils la lui pr�sent�rent � la bouche. Quand donc J�sus eut pris le vinaigre, il dit: C�est accompli. Et ayant baiss� la t�te, il remit son esprit� (v. 28-30). J�sus savait que tout ce qu�il avait � faire sur la croix �tait accompli. Il avait aussi pleinement glorifi� Dieu dans son minist�re au milieu des hommes. Il avait satisfait � toutes les exigences de la justice et de la majest� de Dieu quant au p�ch�, il restait encore une parole de l��criture � accomplir. La soif ardente qui d�vorait les crucifi�s n�a pas �t� �pargn�e au Seigneur, mais elle a fourni l�occasion de r�aliser une proph�tie: �Dans ma soif, ils m�ont abreuv� de vinaigre� (Ps. 69:22). Maintenant J�sus peut dire: �C�est accompli�, d�claration propre � dissiper les craintes d�un faible croyant qui aurait encore quelque doute � l��gard de son salut. Apr�s cela, il n��tait plus n�cessaire que J�sus demeur�t sur la croix. Lui seul �tait capable d�accomplir le dernier acte d�ob�issance: la mort (voir chap. 10:18). �Ayant baiss� la t�te, il remit son esprit�. J�sus ne mourut pas comme meurent les hommes, mais par ob�issance. Quelqu�un a dit qu�il d�tacha lui-m�me son esprit de son corps pour le remettre lui-m�me � Dieu son P�re, acte que seul pouvait effectuer un �tre divin; mais devenu homme pour avoir un corps dont l�esprit puisse �tre d�tach�. On voit dans tout cet �vangile les caract�res de �Dieu manifest� en chair�. En Luc, o� le Seigneur est pr�sent� sous les caract�res du Fils de l�homme, il est dit: �P�re, entre tes mains, je remets mon esprit. Et ayant dit cela, il expira� (chap. 23:46). C�est l�homme confiant en son P�re, et qui lui remet son esprit. Maintenant que J�sus a �t� ob�issant jusqu�� la mort pour la gloire de Dieu son P�re, Dieu interviendra pour le sortir de la mort. Il le ressuscitera et le fera asseoir � sa droite, couronn� de gloire et d�honneur. La justice de Dieu �tant satisfaite � l��gard du p�ch�, sa justice envers son Fils lui donnera la place glorieuse qu�il s�est acquise dans son ob�issance. Dans notre �vangile, o� nous avons le c�t� divin de J�sus, il s�est ressuscit� lui-m�me, comme il le dit aux Juifs: �D�truisez ce temple, et en trois jours je le rel�verai... Il parlait du temple de son corps� (chap. 2:19 et 21; de m�me au chap. 10:18).

Les �vangiles rapportent sept paroles que J�sus a prononc�es sur la croix. En Matthieu 27:46 et Marc 15:34: �Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m�as-tu abandonn�? � En Luc 23:34: �P�re, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu�ils font�. Au verset 43: �Aujourd�hui tu seras avec moi dans le paradis�. Au v. 46: �P�re! entre tes mains je remets mon esprit�. En Jean 19:27: �Femme, voil� ton fils� et au disciple: �Voil� ta m�re�; au verset 29: �J�ai soif�, et au verset 30: �C�est accompli�.

Dernier outrage � J�sus

(v. 31-37) � �Les Juifs donc, afin que les corps ne demeurassent pas sur la croix en un jour de sabbat, puisque c��tait la Pr�paration (car le jour de ce sabbat-l� �tait grand), firent � Pilate la demande qu�on leur romp�t les jambes, et qu�on les �t�t� (v. 31). Les Juifs continuent leurs pratiques rituelles, pur formalisme, car leur religion aurait d� les conduire � accepter J�sus; mais, puisqu�ils l�avaient rejet�, elle perdait toute valeur. Ils agissent comme si tout allait bien pour eux devant Dieu apr�s qu�ils ont crucifi� son Fils. La religion, s�par�e de celui qui en est la source et l�objet, endurcit le c�ur et se pratique sans conscience. Un si grand jour de sabbat ne devait pas voir les supplici�s sur leur croix. Pour satisfaire � ce scrupule, il fallait h�ter leur mort. Mais pour les Juifs, la mort du Fils de Dieu ne nuisait pas � la solennit� de leur f�te. Ce sabbat �tait grand, parce qu�il avait lieu cette ann�e-l�, le lendemain du jour o� l�on sacrifiait l�agneau pascal; il �tait le premier jour de la semaine des pains sans levain. L�expression �la P�que� au v. 14 et au v. 28 du chapitre pr�c�dent comprend la f�te tout enti�re des pains sans levain (voir Luc 22:1, o� la f�te des pains sans levain est appel�e �la P�que�; de m�me Luc 2:41-43). Au moment o� J�sus �tait sur la croix, le sacrifice de la P�que avait eu lieu, le soir du vendredi juif, qui commen�ait � six heures de notre jeudi (voir Exode 12:6 et L�vitique 23:5; Deut. 16:6). Le Seigneur fut mis en croix le vendredi, antitype de la P�que; il passa le sabbat tout entier dans le s�pulcre. Ce jour-l� �tait grand en effet et il ressuscita le premier jour de la semaine, premier dimanche. Ce grand sabbat �tait le dernier. Jusqu�� la conversion du r�sidu futur tous les sabbats qui se c�l�brent n�ont aucune valeur pour Dieu.

Pilate ayant obtemp�r� au d�sir des Juifs, les soldats vinrent rompre les jambes des crucifi�s pour h�ter leur mort. �Mais �tant venus � J�sus, comme ils virent qu�il �tait d�j� mort, ils ne lui rompirent pas les jambes; mais l�un des soldats lui per�a le c�t� avec une lance; et aussit�t il en sortit du sang et de l�eau� (v. 33, 34). Le coup de lance du soldat romain, dernier outrage dont J�sus fut l�objet, eut pour r�ponse que J�sus �tait bien mort, mais mort pour le salut des p�cheurs. Mort dans laquelle l�homme en Adam et ses p�ch�s ont pris fin. Le sang expie les p�ch�s et l�eau purifie le p�cheur. Nous lisons en 1 Jean 5:6 que J�sus le Christ est venu �non seulement dans la puissance de l�eau, mais dans la puissance de l�eau et du sang�. L�eau est un symbole de la Parole de Dieu. Le Seigneur, dans son service, l�avait constamment fait valoir; mais, pour le salut du p�cheur, il fallait non seulement la purification par l�eau, car J�sus dit aux disciples: �Vous, vous �tes d�j� nets � cause de la parole que je vous ai dite�, parce qu�ils croyaient; mais il fallait encore la mort, le sang, qui purifie de tout p�ch�.

L�auteur de l��vangile, t�moin de cette sc�ne, donne son t�moignage: �Et celui qui l�a vu rend t�moignage; et son t�moignage est v�ritable; et lui sait qu�il dit vrai, afin que vous aussi vous croyiez. Car ces choses sont arriv�es afin que l��criture f�t accomplie: �Pas un de ses os ne sera cass� (Exode 12:46; Ps. 34:21). Et encore une autre �criture dit: �Ils regarderont vers celui qu�ils ont perc� (Zach. 12:10). Que ce soit par le moyen des Juifs, de Pilate ou des soldats, tout s�accomplit conform�ment aux �critures.

Jean dit que son t�moignage est vrai; c�est pour la foi: �afin que vous croyiez�. Celui qui croit participe aux r�sultats parfaits de cette mort; il poss�de la vie �ternelle qui ne se trouve qu�en croyant en un Sauveur mort. C�est l�enseignement du chapitre 6:51 et suivants. J�sus dit: �Si vous ne mangez la chair du Fils de l�homme et ne buvez son sang, vous n�avez pas la vie en vous-m�mes� (v. 53). Le sang s�par� de la chair, c�est la mort. Manger la chair et boire le sang, c�est se nourrir par la foi d�un Christ mort; c�est s�approprier cette mort. En 1 Jean 5:6, d�j� cit�, on trouve un triple t�moignage � cette grande v�rit�:

1� L�Esprit de Dieu venu � la suite de la glorification de Christ, Dieu ayant �t� parfaitement glorifi� par la mort de son Fils; 2� l�eau qui purifie; 3� le sang qui expie le p�ch�. Ces trois sont d�accord pour t�moigner que la vie �ternelle ne se trouve que dans le Fils de Dieu mort. Celui qui a le Fils a la vie.

J�sus est avec le riche dans sa mort

(v. 38-42) � L�ensevelissement de J�sus doit encore �tre conforme aux �critures. Le proph�te �sa�e avait dit: �On lui donna son s�pulcre avec les m�chants; mais il a �t� avec le riche dans sa mort� (chap. 53:9). J�sus, plac� au rang des malfaiteurs, aurait d� comme eux, se voir refuser la s�pulture. Dieu ne le permettait pas. Deux disciples de J�sus, demeur�s dans le secret, ne peuvent rester muets au milieu du peuple en pr�sence du d�nouement final de la haine dont J�sus fut l�objet tout le long de son s�jour au milieu des hommes. �Apr�s ces choses, Joseph d�Arimath�e, qui �tait disciple de J�sus, en secret toutefois par crainte des Juifs, fit � Pilate la demande d��ter le corps de J�sus; et Pilate le permit. Il vint donc et �ta le corps de J�sus. Et Nicod�me aussi, celui qui au commencement �tait all� de nuit � J�sus, vint, apportant une mixtion de myrrhe et d�alo�s, d�environ cent livres. Ils prirent donc le corps de J�sus, et l�envelopp�rent de linges, avec les aromates, comme les Juifs ont coutume d�ensevelir� (v. 38-40). Dieu se choisit les instruments pour accomplir sa volont� et les fait entrer en sc�ne au moment voulu. Il se sert des circonstances naturelles pour faire ce qui lui pla�t. Joseph d�Arimath�e, conseiller honorable, dit Marc, mais qui ne s��tait pas joint aux d�cisions du sanh�drin (Luc 23:51), �tait l�instrument pr�par� pour intervenir aupr�s de Pilate, chose qu�un pauvre Galil�en n�aurait os� faire. Il fallait aussi qu�il f�t riche (Matt. 27:57-60) pour avoir un s�pulcre neuf � proximit� de Golgotha, afin que J�sus f�t avec le riche dans sa mort. Dieu se sert des personnes et des circonstances en faveur des siens, lorsque ceux-ci se sont remis enti�rement � ses soins et accomplissent sa volont�. Mais lorsque nous voulons arranger les choses nous-m�mes, sans d�pendre enti�rement de Dieu, rien ne r�ussit, car, si notre volont� agit, nous nous trouvons en conflit avec Dieu, et au lieu de l�avoir pour nous, nous l�avons contre nous. On est heureux de voir Nicod�me sortir de son silence et t�moigner de son respect pour J�sus mort, alors qu�il n�avait rien fait durant sa vie, sinon de venir � lui de nuit. L�un et l�autre de ces disciples secrets �taient pr�par�s pour une �uvre digne de celui qui en �tait l�objet.

�Or il y avait, au lieu o� il avait �t� crucifi�, un jardin, et dans le jardin un s�pulcre neuf, dans lequel personne n�avait jamais �t� mis. Ils mirent donc J�sus l�, � cause de la Pr�paration des Juifs, parce que le s�pulcre �tait proche� (v. 41, 42). Tout �tait pr�par� pour une s�pulture honorable; Dieu veillait sur la saintet� du corps mort de son Fils bien-aim�. Si son saint ne devait pas voir la corruption, selon le Psaumes 16:10, il ne devait pas non plus �tre en contact avec un lieu souill� par un cadavre (Nomb. 19:16). Un s�pulcre neuf, dans lequel on n�avait jamais d�pos� personne, avait �t� taill� dans le roc tout expr�s, Dieu se servant pour cela de Joseph d�Arimath�e. On d�pose en h�te et honorablement ce corps saint, quoique mort, dans le s�pulcre, vu l�approche du grand jour de sabbat, en attendant non pas son embaumement, mais sa r�surrection.

Informations bibliographiques
bibliography-text="Commentaire sur John 19". "Commentaire biblique intermédiaire". https://beta.studylight.org/commentaries/fre/cbi/john-19.html.