Bible Commentaries
Juges 13

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versets 1-25

Chapitres 13 � 16 - Le Nazar�at

Ces chapitres constituent une nouvelle division du livre des Juges. Nous avons vu, du chap. 3 au 12�, une s�rie de d�livrances op�r�es par des instruments suscit�s de Dieu. C�est la p�riode des r�veils. La division qui va nous occuper a un caract�re sp�cial.

Isra�l retombe encore: �Et les fils d�Isra�l firent de nouveau ce qui est mauvais aux yeux de l��ternel, et l��ternel les livra en la main des Philistins pendant 40 ans� (13:1). Dieu ne nous donne aucun d�tail sur cette nouvelle d�cadence, mais nous reconnaissons ce qu�il en pense � la pesanteur de sa verge sur son peuple. Ce ch�timent, ce sont les Philistins; rien ne d�peint mieux l��tat d�Isra�l que ce fait. Jusqu�ici l�asservissement �tait venu soit des ennemis du dehors, soit de Jabin, chef des anciens possesseurs du pays, soit enfin des nations sorties d�Isra�l selon la chair et qui l�attaquaient sur ses confins. Ici, nous trouvons l�ennemi lui-m�me �tabli dans les limites d�Isra�l et le ravageant. Le Philistin domine sur le peuple et l�asservit. Nos jours ne diff�rent gu�re moralement de ce temps-l�. L�infid�lit� de l��glise a produit depuis longtemps cette derni�re manifestation du mal. Ce qui �tait autrefois hors de la maison de Dieu y domine; les hommes d�crits au chap. 1� des Romains en sont devenus les habitants et impriment leur caract�re au peuple de Dieu (cf. Rom. 1; 2 Tim. 3:1-5). Ce m�lange est ce que l�on appelle la chr�tient�.

Or, en un temps pareil, quelle est la ressource du peuple de l��ternel? Un mot r�pond � cette question: le Nazar�at. Ce qui doit nous caract�riser aujourd�hui, c�est une s�paration enti�re et compl�te, une cons�cration r�elle et g�n�rale pour Dieu.

Avant d�aborder l�histoire de Samson, touchons ce point important. Sous la loi, tout �tant ext�rieurement en ordre, le nazar�at �tait temporaire (Nomb. 6); en un temps de ruine, il devient perp�tuel, � commencer par l�exemple que nous avons sous les yeux. Samson est un Nazar�en d�s le ventre de sa m�re. Ce caract�re de perp�tuit� du nazar�at se retrouve en Samuel juge et proph�te (1 Sam. 1:11), puis cesse avec David, type de la gr�ce royale, et Salomon, type de la gloire royale de Christ. Alors vient la ruine du peuple sous la royaut� responsable de l�homme, comme on l�avait eue dans les Juges sous le gouvernement plus direct de Dieu. Cette ruine du peuple et de la royaut� consomm�e, Isra�l est livr� entre les mains des gentils; un r�sidu de Juda est restaur� pour attendre le Messie.

La maison est nettoy�e, sans doute, mais le peuple est sans vie. Jean Baptiste est suscit� avec un nazar�at permanent (Luc 1:15), quand la ruine est pleinement manifest�e, non encore consomm�e par le rejet de Christ, et que le jugement, mais aussi le Sauveur, est � la porte. Annonc� par Jean Baptiste, J�sus para�t, lui, vrai Joseph, Nazar�en entre ses fr�res, mais sans les signes du nazar�at terrestre, parce qu�il est lui-m�me la r�alit� de ce type. Cette qualit� seule proclame hautement la ruine du peuple. � la fin de sa carri�re, le Seigneur entre dans une seconde phase c�leste de son nazar�at. Il se sanctifie lui-m�me pour ses disciples, dans le ciel, vrai Nazar�en, s�par� des p�cheurs et assis � la droite de Dieu, laissant les siens ici-bas pour y repr�senter son nazar�at. Le monde �tant, par la croix, convaincu de p�ch�, ruin� et jug�, les disciples, puis l��glise, deviennent des Nazar�ens c�lestes � perp�tuit� au milieu du monde. Nous verrons, en parcourant l�histoire de Samson, comment l��glise elle-m�me a r�pondu � cette vocation.

Il est une autre remarque importante. Ce qui, sous la loi, �tait l�apanage du petit nombre, est la portion de tous sous la gr�ce. La sacrificature qui ne comprenait qu�une seule famille en opposition avec la tribu des L�vites, est devenue le privil�ge universel de tous les enfants de Dieu. (1 Pierre 2:5, 9). Une classe moins nombreuse encore au milieu d�Isra�l, celle des Nazar�ens, compos�e de quelques hommes ou femmes isol�s (sans parler des R�cabites (J�r. 35) aux jours des proph�tes), caract�rise maintenant tous les fid�les. Nous en avons donn� la raison, c�est que la s�paration pour Dieu est n�cessairement la marque des t�moins en contact avec l�homme ruin�, avec le monde � la veille du jugement. Cette v�rit� du nazar�at universel et permanent remplit le Nouveau Testament, et resplendit � chaque page du saint livre pour qui a des yeux pour voir. Elle est d�une immense importance pratique.

Sous la loi, un Nazar�en, homme ou femme, se s�parait pendant un temps d�termin� pour le service de Dieu. Cette s�paration consistait en trois choses (Nomb. 6:1-9) qui touchaient, en figure, aux �l�ments les plus n�cessaires et les plus importants de la vie humaine. La sociabilit� tient � la nature et � l�existence m�me de l�homme. Or le Nazar�en devait s�abstenir de vin et de boisson forte. Il est dit du vin (Juges 9:13), qu�il �r�jouit Dieu et les hommes�. Cette joie des hommes sociables, ils auraient pu la partager en commun avec Dieu, mais le p�ch� �tait entr� par l�homme, et Dieu ne pouvait plus se r�jouir avec lui. Celui qui se consacrait au service de Dieu ne pouvait plus trouver sa joie dans la soci�t� de ses semblables, car Dieu n�a rien de commun avec la joie des p�cheurs. Le serviteur du Seigneur ne peut chercher ses amis dans le monde, s�asseoir � leurs banquets, partager leurs plaisirs, parce que Dieu n�y est pas. Plus la ruine �clate et plus ce fait s�accentue. Les chr�tiens manquent beaucoup en cela. Ils ont des �amis mondains�, cultivent leur soci�t�, non pour leur apporter l��vangile, mais pour jouir de l�agr�ment qu�elle leur procure. H�las! nous ne ressemblons gu�re � Paul, quand il disait: �Je ne connais personne selon la chair�. Sous ce rapport, comme sous tous les autres, le Seigneur �tait un Nazar�en parfait, �tranger � toutes les joies de l�homme sociable. Il dit m�me � ses disciples, en cette rencontre qu�il avait ardemment d�sir�e, lorsque, en face de la mort, il aurait pu go�ter un instant de joie terrestre avec eux: �En v�rit�, je vous dis que je ne boirai plus du fruit de la vigne, jusqu�� ce jour o� je le boirai nouveau dans le royaume de Dieu� (Marc 14:25). Le jour viendra o� le vin qui r�jouit Dieu et les hommes sera bu nouveau dans une sc�ne purifi�e du p�ch�, � laquelle le vrai serviteur pourra s�associer sans restriction. La parole de Dieu insiste sur l�importance de cette s�paration: �Il ne boira ni vinaigre de vin, ni vinaigre de boisson forte, et il ne boira d�aucune liqueur de raisins, et ne mangera point de raisins frais ou secs; ... il ne mangera rien de ce qui est fait de la vigne, depuis les p�pins jusqu�� la peau� (Nomb. 6:3, 4). Observons-nous cela, mes fr�res? Tout ce qui touche, de pr�s ou de loin, � la joie du c�ur de l�homme naturel nous est-il �tranger? Comment r�alisons-nous notre nazar�at? Mais, direz-vous, o� est la possibilit� de le r�aliser d�une mani�re aussi absolue? Cette possibilit�, nous la trouvons dans notre caract�re c�leste. Nous avons un nazar�at c�leste. La s�paration sous le juda�sme �tait une s�paration mat�rielle; sous le christianisme, elle devient spirituelle et c�leste. Le Seigneur auquel nous appartenons est s�par� des p�cheurs et �lev� plus haut que les cieux. Il a deux moyens pour nous s�parer avec lui et comme lui; le premier, la parole de Dieu, nous mettant en rapport avec le P�re dans le ciel, le second, sa propre personne � lui, un Christ sanctifi� pour nous dans le ciel, afin de marquer et d��tablir que nos relations, nos liens, nos affections sont d�sormais c�lestes, au milieu d�un monde jug� qui a rejet� Christ.

Une seconde chose caract�risait le Nazar�en: �Pendant tous les jours du v�u de son nazar�at, le rasoir ne passera pas sur sa t�te; jusqu�� l�accomplissement des jours pour lesquels il s�est s�par� pour �tre � l��ternel, il sera saint; il laissera cro�tre les boucles des cheveux de sa t�te�. (Nomb. 6:5). � c�t� de la sociabilit�, il est un second trait qui touche � l�essence m�me de l��tre humain. L�homme est un �tre personnel, � volont� ind�pendante, et pour lequel rien ne saurait �tre plus important que le moi, sa dignit� et tout ce qui s�y rattache. Or les cheveux longs s�parent en figure le Nazar�en de tout cela. Ils sont � la fois le symbole de la d�pendance et du d�shonneur. (1 Cor. 11). La longue chevelure du Nazar�en annon�ait ouvertement qu�il abandonnait sa dignit� et ses droits personnels comme homme pour se vouer au service de Dieu. Ce qui, pour la femme, �tait une gloire, �tait une honte pour lui. Il abdiquait sa personnalit� sous ce voile. Lui, n� pour cette dignit�, la n�gligeait; lui, �tabli pour dominer, se soumettait � l��ternel, comme la femme � son mari. Sans cette d�pendance, ni service pour Dieu, ni puissance dans le service. Ce qui �tait pour le Nazar�en signe de faiblesse, devenait la source de sa force. En outre, son d�vouement pour le Seigneur se traduisait par l�oubli de soi-m�me qui le portait � se n�gliger pour accomplir pleinement son service.

Une troisi�me chose le caract�risait encore: �Pendant tous les jours de sa cons�cration � l��ternel, il ne s�approchera d�aucune personne morte. Il ne se rendra pas impur pour son p�re, ni pour sa m�re, ni pour son fr�re, ni pour sa s�ur, quand ils mourront; car le nazar�at de son Dieu est sur sa t�te� (Nomb. 6:6, 7). Le troisi�me caract�re attach� � l�homme depuis la chute, et inh�rent � son �tre, c�est le p�ch�, prouv� par sa cons�quence, la mort. Voil� ce que le Nazar�en devait �viter � tout prix. Les liens les plus forts, ceux de la famille, ne devaient pas entrer en ligne de compte, quand il s�agissait de se sanctifier pour le service de Dieu. Combien nous comprenons peu cela! Ils sont nombreux, les chr�tiens qui disent: �Permets-moi de m�en aller premi�rement et d�ensevelir mon p�re�. D�autres disent: Je ne puis, mes parents me le d�fendraient. Ceux-l� ne sont pas des Nazar�ens. Mais ce n��taient pas seulement les liens de famille, dont le Nazar�en ne devait tenir aucun compte quand il s�agissait du service, et qu�il devait r�pudier selon l�exemple du Nazar�en parfait: �Qu�y a-t-il entre moi et toi, femme? Mon heure n�est pas encore venue�. �Qui est ma m�re, et qui sont mes fr�res?� (Jean 2:4; Matt. 12:48). Le Nazar�en devait s�abstenir de tout p�ch�, de toute souillure. Nous avons remarqu� ailleurs1 que la loi n�avait aucune ressource pour le p�ch� volontaire, tandis que c�est � lui tout particuli�rement que la gr�ce s�adresse. Un seul p�ch� volontaire, l�abandon du christianisme, est hors des ressources de la gr�ce. (H�b. 10:26). Hormis le p�ch� volontaire, la loi avait des ressources. 1� Dans la vie journali�re de l�Isra�lite, pour le p�ch� par erreur et le d�lit. (L�v. 4:5). 2� Dans sa marche, pour le p�ch� par manque de vigilance ou inadvertance (Nomb. 19). 3� Dans son service, pour le p�ch� par n�gligence et pour le p�ch� impr�vu qu�il semblait impossible � l�homme d��viter. �Et si quelqu�un vient � mourir subitement aupr�s de lui, d�une mani�re impr�vue et qu�il ait rendu impure la t�te de son nazar�at...� (Nomb. 6:9). C��tait un cas involontaire et impossible � pr�voir, et cependant c��tait p�ch�, d�autant plus qu�il s�agissait d�un service particuli�rement important et honor�. Ce fait parle � nos consciences. Notre nazar�at implique la s�paration la plus absolue des souillures de ce monde. Nulle part, dans ce chapitre, Dieu ne suppose que le Nazar�en puisse, de propos d�lib�r�, boire du vin, tailler ses cheveux, ou toucher un mort. Il en est de m�me pour nous. Dieu ne suppose pas que nous devions p�cher, et il agit envers nous sur ce principe.

1 La G�nisse rousse [de H.R.]

Les trois marques du nazar�at, dont nous venons de parler, n��taient, malgr� leur importance (on pourrait facilement l�oublier), que les caract�res ext�rieurs de cette vocation. Ces marques �taient la cons�quence d�un v�u, d�une cons�cration au service de l��ternel, d�une s�paration int�rieure de l��me pour lui. �Si un homme ou une femme se consacre en faisant v�u de nazar�at, pour se s�parer afin d��tre � l��ternel...� (Nomb. 6:2). J�insiste sur ce point important. Un v�u �tait une d�cision de servir Dieu d�une certaine mani�re; elle �tait sans restriction. On se d�vouait ainsi au service de l��ternel. Ce m�me d�vouement � Dieu et � Christ est � la base du nazar�at chr�tien. S�il n�y est pas, nous nous exposons � quelque chute grave. On peut �tre Nazar�en d�une mani�re presque ext�rieure, poss�der m�me, comme Samson, la grande puissance qui accompagne le nazar�at, et n��tre pas s�par� dans son c�ur. Sans doute, ce c�t�, purement ext�rieur sous la loi, ne l�est plus sous le christianisme. On peut �tre aujourd�hui membre d�une soci�t� de temp�rance sans �tre un Nazar�en. Ce qui correspond � ces signes ext�rieurs, c�est, pour le chr�tien, un t�moignage rendu devant le monde, nous s�parant de ses souillures aussi bien que de ses joies, et nous faisant marcher ouvertement dans un chemin de d�pendance qui prend la parole de Dieu pour r�gle. Or nous pourrions professer ces choses, marcher ext�rieurement dans le chemin du nazar�at, et cependant avoir des c�urs partag�s et non sanctifi�s. Ce chemin aboutit � une d�faite comme celle de Samson, et, s�il n�y aboutit pas, nous y perdons en tout cas beaucoup des b�n�dictions qui d�coulent de l�enti�re cons�cration au service du Seigneur. Au chap. 7 du L�vitique, la f�te du sacrifice de prosp�rit�s durait deux jours pour celui qui avait fait un v�u, un jour seulement quand il s�agissait d�une action de gr�ces pour des b�n�dictions re�ues. L�influence du renoncement � tout ce que le monde pouvait offrir, se montre aussi dans le culte d�Abraham, aux chap. 12 et 13 de la Gen�se. Abraham y dresse trois autels; celui de Sichem, l�autel de l�ob�issance � l��ternel qui lui �tait apparu; celui de B�thel, l�autel du voyageur, au nom de l��ternel; celui d�H�bron, l�autel du renoncement, � l��ternel lui-m�me, et c�est l� que le patriarche r�alise les b�n�dictions divines dans toute leur �tendue.

Revenons au Nazar�en. Il est int�ressant de voir ce qu�il devait faire, lorsqu�il avait �rendu impure la t�te de son nazar�at� (Nomb. 6:9-11). Un de ces actes correspondait � la perte de son nazar�at ext�rieur, l�autre � la perte de son v�u, de sa cons�cration int�rieure. Il devait se raser la t�te. C��tait la reconnaissance publique qu�il avait manqu�, mais aussi l�aveu que la puissance de son nazar�at l�avait quitt�. Le Nazar�en repentant n��tait pas comme Samson qui �ne savait pas que l��ternel s��tait retir� de lui�. Il le reconnaissait, proclamant, pour ainsi dire, qu�il n��tait plus qualifi� pour le service. Ensuite, il devait offrir �deux tourterelles ou deux pigeonneaux�, sacrifice de celui �qui ne pouvait atteindre � un agneau�. C��tait reconna�tre son incapacit�, son n�ant comme serviteur, en m�me temps que la valeur du sang offert pour sa purification. Nous devons prendre note de ces choses; ne pas prendre ext�rieurement une attitude de force spirituelle, quand nous avons perdu la communion avec le Seigneur, et confesser avec humiliation devant Dieu notre p�ch�, quand nous avons manqu� au devoir de notre service.

Continuons ce service sans lassitude et ne le laissons interrompre par rien. Il venait un jour o� le nazar�at cessait. Alors le Nazar�en offrait tous les sacrifices. Ce jour luira pour nous aussi, quand le Seigneur viendra et que son sacrifice aura port� ses supr�mes cons�quences, le p�ch� aboli, la mort an�antie, et Satan bris� pour toujours sous nos pieds. Alors nous raserons la t�te de notre nazar�at (Nomb. 6:18); alors la puissance du Saint Esprit ne sera plus employ�e pour nous communiquer la force qui nous s�pare de tout mal dans notre service; alors nous mettrons �les cheveux de la t�te de notre nazar�at sur le feu qui est sous le sacrifice de prosp�rit�s�, car notre force tout enti�re sera employ�e � la joie d�une communion sans m�lange, et la sc�ne du monde nouveau sera, comme nous-m�mes, parfaitement conforme aux pens�es et au c�ur de Dieu!

Un r�sidu

Le peuple retomb� dans l�infid�lit� est asservi � l�ennemi du dedans, aux Philistins �tablis dans le territoire d�Isra�l. C�est la derni�re p�riode de l�histoire du d�clin. Les fils d�Isra�l ne crient plus � l��ternel; souffrant cette domination, ils ne d�sirent pas m�me en �tre d�livr�s (chap. 15:11), et, pour vivre tranquilles sous cet esclavage, ils cherchent � se d�faire de leur lib�rateur. Nous touchons au temps de leur compl�te apostasie.

Au milieu de cet �tat de choses irr�m�diable, Dieu s�pare un r�sidu pieux et lui adresse ses communications. Manoah et sa femme craignent l��ternel, �coutent sa voix et se parlent l�un � l�autre (conf. Malach. 3:16), type frappant du r�sidu des Marie et des �lisabeth, des Anne, des Zacharie et des Sim�on, attendant le vrai Messie, le Sauveur d�Isra�l; type aussi de ce r�sidu futur qui, traversant la tribulation, suivra les sentiers de justice, attendant la venue de son roi.

Samson, le lib�rateur d�Isra�l, trouve � sa naissance non pas un peuple qui l�acclame, mais ce couple pieux qui croit en sa mission. Le Seigneur, rejet� du peuple d�s son arriv�e sur la sc�ne, ne trouve que quelques �mes fid�les auxquelles il se puisse associer, ces excellents de la terre, mentionn�s au Ps. 16, dans lesquels il trouve ses d�lices. Le temps de la ruine irr�m�diable est donc le temps des r�sidus. Il en est de m�me pour la p�riode actuelle de l��glise. Le souverain proph�te annonce cette p�riode � ses disciples, quand il leur parle d�une assembl�e r�duite � deux ou trois, r�unis autour du vrai centre, autour du nom de Christ, pendant son absence. Cette p�riode est mentionn�e par l�Apocalypse lorsque, en pr�sence de l�idol�trie de Thyatire, de la mort de Sardes et de la ti�deur �c�urante de Laodic�e, l�approbation du Saint et du V�ritable est prononc�e sur le faible r�sidu sanctifi� de Philadelphie.

Ce qui caract�rise le r�sidu en tout temps, c�est le Nazar�at, l�enti�re �s�paration afin d��tre � l��ternel�. L�Ange de l��ternel, apparaissant � la femme de Manoah, lui dit: �Voici, tu es st�rile et tu n�enfantes pas; mais tu concevras, et tu enfanteras un fils. Et maintenant, prends garde, je te prie, et ne bois ni vin ni boisson forte, et ne mange rien d�impur� (v. 3-4). Cette femme avait � se rev�tir du nazar�at, parce qu�elle �tait le vase choisi de Dieu pour pr�senter au peuple le sauveur promis. �Car voici, tu concevras, et tu enfanteras un fils; et le rasoir ne passera pas sur sa t�te, car le jeune gar�on sera nazar�en de Dieu d�s le ventre de sa m�re; et ce sera lui qui commencera � sauver Isra�l de la main des Philistins� (v. 5). Le nazar�at de Samson impliquait celui de sa m�re. Pour faire honneur au sauveur d�Isra�l ses t�moins devaient porter aux yeux de tous les marques de son propre caract�re. Cette v�rit� est de tous les temps. Si nous ne portons pas ici-bas le caract�re de Christ, caract�re d�enti�re s�paration pour Dieu, nous ne sommes pas les t�moins de notre Sauveur. Depuis l�apparition de Christ, le nazar�at permanent doit caract�riser les fid�les, comme il caract�rise le Seigneur. Plus la ruine augmente, plus il est mis en �vidence. La 2� �p�tre � Timoth�e qui nous pr�sente les temps de la fin, est remplie des caract�res du nazar�at. Au chap. 2:19, c�est le Nazar�en se retirant de tout contact avec le p�ch�; au chap. 2:21, sa purification pour Dieu; aux chap. 3:10, 11, et 4:5-7, le serviteur de Dieu marchant dans l�oubli de lui-m�me, dans la d�pendance compl�te du Seigneur. N�est-ce pas le Nazar�en qui parle en 2 Cor. 4:7-12? Aux chap. 6-7:1, de cette m�me �p�tre, nous retrouvons encore le nazar�at sous ses traits principaux; aux v. 4-10, l�opprobre et l�oubli de soi-m�me; aux v. 14-15, la s�paration de toute association avec le monde; au chap. 7:1, la purification de toute souillure de chair et d�esprit. On pourrait multiplier les citations. Ce qu�il importe d��tablir, c�est qu�il n�y a pour nous ni marche, ni t�moignage, ni service, sans le nazar�at, c�est-�-dire sans la cons�cration et la s�paration pour Dieu.

Au v. 6, la femme de Manoah raconte � son mari la visite de l�Ange: �Un homme de Dieu est venu vers moi, et son aspect �tait comme l�aspect d�un ange de Dieu, tr�s terrible; et je ne lui ai pas demand� d�o� il �tait, et il ne m�a pas fait conna�tre son nom�. Cette pauvre femme a peu d�intelligence: elle ne sait ni d�o� l�ange vient, ni qui il est, et ne le lui demande pas, preuve de son peu d�intimit� avec Dieu. Loin de la rassurer, la pr�sence du Dieu des promesses l�effraye, car elle ne voit l�ange que sous son aspect �tr�s terrible�. Manoah lui-m�me, homme d�une pi�t� sinc�re, a peu de connaissance, mais d�sire en avoir davantage. Il veut savoir ce qu�il �doit faire au jeune gar�on� (v. 8), puis ce que �le jeune gar�on devra faire� (v. 12). Au lieu de r�pondre � ses questions, l�Ange de l��ternel lui dit: �La femme se gardera de tout ce que je lui ai dit. Elle ne mangera rien de ce qui sort de la vigne, et elle ne boira ni vin ni boisson forte, et ne mangera rien d�impur. Elle prendra garde � tout ce que je lui ai command� (v. 13, 14). Pourquoi? C�est que Dieu ne demande pas la connaissance en premier lieu. Ni celle-ci, ni m�me une vraie pi�t�, comme celle de Manoah et de sa femme, ne suffisent pour nous garder au milieu de la ruine. Ce qu�il leur fallait avant la connaissance, c��tait la vraie s�paration personnelle pour Dieu, s�paration qui avait pour mod�le et pour mesure le nazar�at de celui qui �tait pr�s de para�tre.

D�autres v�rit�s, partage des t�moins de Christ en un temps de d�clin, nous sont encore r�v�l�es ici. �Manoah dit � l�Ange de l��ternel: Quel est ton nom... Et l�Ange de l��ternel lui dit: Pourquoi demandes-tu mon nom? Il est merveilleux. Et Manoah prit le chevreau et le g�teau, et il les offrit � l��ternel sur le rocher. Et il fit une chose merveilleuse, tandis que Manoah et sa femme regardaient� (v. 17-19). En repassant l�histoire des diff�rentes p�riodes de ce livre, nous trouvons qu�� chaque r�veil correspondent certains principes qui le caract�risent. Les temps d�Othniel, d��hud, de Barak, de G�d�on, de Jephth�, pr�sentent chacun quelque principe nouveau; mais Dieu r�serve aux derniers temps de la ruine des v�rit�s pr�cieuses entre toutes, cach�es jusqu�alors et merveilleuses. Cette mani�re d�agir est digne du Dieu d�amour! Connaissant les difficult�s des siens au milieu de l�infid�lit� grandissante, et voulant arracher leur c�ur � ce milieu t�n�breux, il met en lumi�re et confie � ses t�moins des v�rit�s de plus en plus glorieuses.

Ces v�rit�s ont le sacrifice pour point de d�part. Manoah, plus intelligent que G�d�on (conf. 6:19), prend le chevreau et le g�teau et les offre � l��ternel sur le rocher. La croix est le fondement de toute notre connaissance comme enfants de Dieu. Manoah d�sirait conna�tre beaucoup de choses que l��ternel ne peut lui r�v�ler avant le sacrifice. Mais ce fondement pos�, l�Ange fait une chose merveilleuse, r�v�l�e, sans doute, d�une mani�re encore obscure et symbolique aux yeux de ce pauvre r�sidu qui attendait un Sauveur. �Il arriva que, comme la flamme montait de dessus l�autel vers les cieux, l�Ange de l��ternel monta dans la flamme de l�autel, Manoah et sa femme regardant� (v. 20). Ils trouvent dans le feu du sacrifice un chemin nouveau, non fray� jusque-l�, chemin du repr�sentant de l��ternel pour remonter vers lui, et leurs regards, attach�s sur l�Ange, voient une personne glorieuse dont ils connaissent la demeure, maintenant qu�elle a disparu de devant leurs yeux. Alors seulement, �Manoah connut que c��tait l�Ange de l��ternel� (v. 21). Le c�ur, les int�r�ts de ce pauvre r�sidu, sont en ce moment sortis de ce monde et prennent le chemin de l�Ange pour monter avec lui dans les cieux. Ces simples croyants pourront parler d�sormais d�un chemin qui conduit dans le ciel, et d�une personne qui s�y trouve, devenue leur objet, tandis qu�ils sont encore ici-bas.

Dans cet acte merveilleux, une chose encore �tait r�v�l�e, non pour Manoah, mais pour nous: le caract�re futur de ce nazar�at dont l�Ange leur avait parl�. Il est maintenant c�leste, comme nous l�avons dit plus haut. L�Ange en se s�parant d�eux, se s�pare dans le ciel. Le Seigneur J�sus, rejet� du monde, a dit: �Je me sanctifie moi-m�me pour eux, afin qu�eux aussi soient sanctifi�s par la v�rit� (Jean 17:19). S�par� dans les cieux, il nous attire � sa suite, et fixe nos yeux sur lui-m�me, afin que nous reproduisions ici-bas le caract�re c�leste de Celui que le monde a rejet�. Devant cette r�v�lation, � peine entrevue par eux, mais qui nous sert d�instruction, les �poux �tomb�rent sur leurs faces contre terre� (v. 20). Et nous, n�adorerons-nous pas bien plus, au milieu des t�n�bres grandissantes, le Dieu qui nous a r�v�l�, avec un Christ c�leste et glorieux, notre place en lui, et nous l�a donn� comme objet, afin que nous puissions le reproduire dans ce monde? De telles b�n�dictions sont faites pour remplir nos c�urs de joie et de reconnaissance. Que des chr�tiens, cherchant leur place avec le monde, marchent ici-bas la t�te pench�e, en voyant l��tat de choses qui les entoure, qu�ils affligent chaque jour leurs �mes, comme faisait jadis le juste Lot � telle n�est point notre part; nous ne sommes pas appel�s � jouer le r�le de Lot ici-bas. Notre part est avec Abraham, l�ami de Dieu. La ruine n�abattait pas son �me. Comme un Nazar�en, il se tenait sur sa haute montagne, les yeux fix�s non sur Sodome, mais sur la cit� qui a des fondements. J�sus a dit de lui: �Abraham... a tressailli de joie de ce qu�il verrait mon jour; et il l�a vu, et s�est r�joui� (Jean 8:56). Ah! plut�t que de nous d�courager, b�nissons Dieu; rendons-lui gr�ce du tr�sor c�leste qu�il nous a donn� en Christ.

Comme tant de c�urs chr�tiens aujourd�hui, celui de Manoah est rempli de crainte quand il se trouve devant Dieu. �Il dit � sa femme: Nous mourrons certainement, car nous avons vu Dieu� (v. 22). Sa compagne lui est vraiment une aide. Y a-t-il lieu de craindre, dit-elle, quand Dieu a accept� notre offrande? L�amour de Dieu, montr� pour nous � la croix, nous est le s�r garant de tout le reste. �Celui m�me qui n�a pas �pargn� son propre Fils, mais qui l�a livr� pour nous tous, comment ne nous fera-t-il pas don aussi, librement, de toutes choses avec lui?� (Rom. 8:32)

Informations bibliographiques
bibliography-text="Commentaire sur Judges 13". "Commentaire biblique intermédiaire". https://beta.studylight.org/commentaries/fre/cbi/judges-13.html.