Bible Commentaries
Juges 16

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versets 1-31

La d�faite et la restauration

Nous entrons dans une nouvelle p�riode de l�histoire de Samson, caract�ris�e par la perte de son nazar�at et par sa restauration. Le v. 31 de notre chapitre, compar� au v. 20 du chap. 15, marque ext�rieurement cette division. Au chap. 15, Dieu avait pr�serv� son serviteur, malgr� lui, d�un engagement d�finitif avec une femme qui servait d�autres dieux. Mais cela ne redresse pas la pente naturelle de son c�ur, et le v. 1 de ce chapitre nous montre o� cette pente le m�ne. Il avait recherch� le monde idol�tre, il recherche maintenant le monde souill�, et ne craint pas de s�associer momentan�ment avec lui. Une disposition mondaine non jug�e nous conduit n�cessairement � des chutes plus graves. C�est ainsi que, dans l�histoire de l��glise, Pergame conduit � Thyatire. Cette liaison n�est que passag�re et Samson n�y perd point sa force, car le secret subsiste encore entre lui et Dieu. Guett� toute la nuit, � la porte de la ville, par ses mortels ennemis, il se leva de son sommeil, �saisit les battants de la porte... et les deux poteaux, les arracha avec la barre, les mit sur ses �paules, et les porta au sommet de la montagne qui est en face de H�bron� (v. 3). Plus d�une fois, l�histoire de Samson nous rappelle celle de Christ; telle sa victoire sur le lion de Thimna, tel aussi l�exploit des portes de Gaza. Comme Samson, le Seigneur se r�veillant du sommeil de la mort, a r�duit � n�ant les desseins de l�ennemi, en brisant les portes de sa terrible forteresse. Il a emmen� en captivit� ce qui nous retenait captifs et, mont� en haut, il a dress� les troph�es de sa victoire. La mort, la citadelle de Satan, n�ayant pas de portes pour nous retenir, est devenue pour nous un passage; aucun verrou n�a pu y emprisonner Christ, aucune puissance ne peut nous y garder. La �montagne qui est vis-�-vis de H�bron�, le lieu de l�homme ressuscit� qui fait face au lieu de la mort1, nous en est un s�r garant.

1 Nous avons fait remarquer ailleurs que H�bron est sans exception, dans l��criture, le lieu de la mort. (M�ditations sur Josu� de H.R.).

Nous l�avons dit plus d�une fois, il n�est pas un homme de Dieu qui ne soit appel� � reproduire, et ne reproduise, en effet, quelques traits de la personne du Sauveur. Ah! qu�il e�t �t� beau de voir Samson �tre une digne image de Christ dans sa victoire sur la mort, comme il l�avait �t� dans sa victoire sur le lion d�chirant! D�o� sortait cet homme fort avec les portes de Gaza sur ses �paules? Pour qui combattait-il? Qui l�avait donc plac� dans cette extr�mit�? Dans toutes ces choses, son histoire forme le plus absolu contraste avec celle de notre adorable Sauveur.

�coutons un r�cit plus humiliant encore (v. 4-21). Samson, qui n�avait contract� qu�une alliance passag�re avec le mal, va plus loin. La fille des Philistins avait plu � ses yeux; la femme de Gaza l�avait attir� pour un moment dans ses filets; Delila s�empare de ses affections. �Il aima une femme dans la vall�e de Sorek� (v. 4). C�est l� qu�aboutit le chemin de l�enfant de Dieu, qui cultive au lieu de les juger les premiers mouvements de son c�ur naturel. Malgr� tout, Samson avait gard� jusque-l� ses relations intimes et secr�tes avec Dieu. Il poss�dait une chose que le monde ne pouvait comprendre et � la source de laquelle il �tait incapable de remonter. Sa force restait une �nigme pour ses ennemis; sans doute, ils en voyaient les effets, mais dirig�s contre eux, et cela les rendait d�autant plus avides � lui arracher le secret de cette force pour trouver des armes contre le serviteur de l��ternel. Sans doute aussi, sa longue chevelure, livr�e que tous n�avaient pas, �tait une profession publique de s�paration pour Dieu. Mais, � moins que son secret ne f�t trahi, il ne pouvait venir � la pens�e du monde que cette figure de d�pendance et d�oubli de soi f�t pour le Nazar�en une source de force.

Samson aima Delila. Le voil� en communion avec cette femme, et Dieu ne peut s�accommoder d�une communion partag�e. Il est impossible que nous menions de concert nos affections pour le monde et pour Dieu. �Nul serviteur ne peut servir deux ma�tres; car ou il ha�ra l�un et aimera l�autre, ou il s�attachera � l�un et m�prisera l�autre� (Luc 16:13). En aimant Delila, Samson faisait profession de ha�r Dieu et de le m�priser, quand m�me, de fait, il lui appartenait. Cette femme s�empare de lui de plus en plus: �Comment dis-tu: Je t�aime, � et ton c�ur n�est pas avec moi?� (v. 15). D�s lors son c�ur est pris. Il ne tardera pas � lui livrer le dernier mot de son secret. Trois fois les sept cordelettes fra�ches, et les cordes neuves, et le fil � tisser, n�ont pu dompter la puissance de l�Esprit. Dieu soutenait encore son pauvre serviteur infid�le, mais son secret livr�, le signe de sa d�pendance enlev�, le lien de communion qui unissait son �me � Dieu aboli, que lui reste-t-il? Toute sa force s�est �vanouie. Les exp�riences pass�es des d�livrances de Dieu, malgr� ses cha�nes morales, ne servent qu�� le tromper et l�endormir. Trois fois il s��tait d�gag� en des moments critiques. Pourquoi pas une quatri�me? Le c�ur aveugl� se dit: �Je m�en irai comme les autres fois, et je me d�gagerai�. Mais avec la communion perdue, l�intelligence des pens�es de Dieu fait enti�rement d�faut: �Il ne savait pas que l��ternel s��tait retir� de lui� (v. 20).

Ce n�est point que Samson f�t bien � l�aise sous le joug de Delila. �Elle le tourmentait par ses paroles tous les jours et le pressait�, et �son �me en fut ennuy�e jusqu�� la mort� (v. 16). Voil� tout ce qu�il avait trouv� dans les choses qui l�attiraient le plus. Il aurait bien voulu refuser, mais il n�en �tait d�j� plus capable. Un homme du monde peut trouver sa joie dans le monde, un croyant jamais. Au fond, le c�ur de Samson �tait dans une mesure avec Dieu et l�Isra�l de Dieu. De l� ce combat, cette lutte, cet ennui, cette mis�re. Notre conscience parle et ne nous laisse pas de repos r�el; notre joie est empoisonn�e. Il fait enfin le dernier pas, et �lui d�clare tout ce qui �tait dans son c�ur� (v. 17). Apr�s cela vient le sommeil: �Elle l�endormit sur ses genoux� (v. 19). L��me perd tout sentiment de ses relations avec Dieu, et tombe dans un lourd sommeil sous l�atmosph�re �paisse de la corruption. Alors l�ennemi embusqu�, �piant ce moment, s�avance, encha�ne, aveugle l�homme puissant et se sert de lui comme du plus mis�rable des esclaves. Sort, h�las! pire que le sommeil! Samson n�est plus qu�un pauvre esclave aveugle, jouet des ennemis de l��ternel. Il ne faut pas s�y tromper; l�ennemi en veut plus encore � Dieu qu�� Samson, car le Nazar�en vaincu devient le t�moin de la victoire apparente du faux dieu Dagon, sur le vrai Dieu. Le manque de r�alit� des chr�tiens est l�arme la plus puissante du monde contre Christ. En m�prisant le croyant infid�le, c�est Lui que le monde trouve moyen de m�priser.

Gr�ces � Dieu, l�histoire du dernier des juges ne se termine pas par cette d�faite. Dieu veut avoir la victoire finale en d�pit de l�infid�lit� de ses t�moins. Samson retrouve son nazar�at dans cette condition d�am�re humiliation. �Et les cheveux de sa t�te commenc�rent � cro�tre, apr�s qu�il eut �t� ras� (v. 22). Samson n��tait pas un homme de pri�re. Dans toute son histoire, on ne l�entend s�adresser � Dieu que deux fois (15:18; 16:28). Ici, tandis que les ennemis f�tent leur triomphe, Samson crie � l��ternel. J�appr�cie chez un homme de Dieu une fin de vie plus brillante que son commencement. Ce n�est pas, sans doute, ce qu�il y a de plus �lev�. Le chemin de Christ, l�homme parfait, �tait un sentier uni d�une �galit� absolue, dans les mille circonstances diverses par lesquelles il eut � passer. C�est ainsi que nous le voyons marcher au Ps. 16 et dans les �vangiles. Et n�anmoins, finir comme Samson, dont la vie pr�senta tant de contrastes, finir comme Jacob, dont la carri�re toute de plans et de ruses humaines, se termine par la vision glorieuse de l�avenir d�Isra�l et par l�adoration qui reconna�t en Joseph le type du Messie promis; finir ainsi, c�est encore meilleur que de clore sa carri�re comme Salomon, dans l�idol�trie, apr�s un r�gne magnifique de sagesse et de puissance. Oui, la fin de Samson fut une victoire �clatante. �Les morts qu�il fit mourir dans sa mort, furent plus nombreux que ceux qu�il avait fait mourir pendant sa vie� (v. 30).

Que cette histoire nous enseigne. Soyons de ceux qui n�ont besoin, pour faire l�exp�rience d�eux-m�mes, ni d�un mauvais commencement, ni d�une mauvaise fin. Paul, un homme sujet aux m�mes infirmit�s que nous, �vita l�un et l�autre, quoique sa marche m�t au jour plus d�une faiblesse. Apprenons � r�gler nos pas sur ceux de notre impeccable mod�le; c��tait la force de l�ap�tre et ce sera la n�tre. Alors Dieu dira de nous: �Ils marchent de force en force, ils paraissent devant Dieu en Sion� (Ps. 84:8).

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bibliography-text="Commentaire sur Judges 16". "Commentaire biblique intermédiaire". https://beta.studylight.org/commentaries/fre/cbi/judges-16.html.