Bible Commentaries
Juges 6

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versets 1-40

La parole de Dieu frappant la conscience (v. 1-10)

En d�pit de toutes les b�n�dictions �num�r�es au chap. 5, Isra�l ne tarde pas � retomber dans le mal et � abandonner l��ternel. Comme ch�timent de cette infid�lit�, Dieu le livre entre les mains des Madianites. Le peuple passe � travers toutes les phases des mis�res mat�rielles (morales pour l��glise) qui suivent la recherche du monde et l�abandon de Dieu. Sous Jabin, Isra�l manquait d�armes (5:8), sous le joug de Madian, il est affam�; deux cons�quences de notre infid�lit� que nous subissons toujours, quand nous cherchons notre part avec le monde. Il s�empare de nous et nous enl�ve nos armes; notre force nous abandonne et nous perdons tout moyen de combattre; mais les vivres aussi nous manquent, car le monde n�a jamais nourri personne, et nous le sentons � la s�cheresse qui envahit nos �mes quand, dans notre folie, nous avons abandonn� la moelle et la graisse de la maison de Dieu pour des moissons qui sont un pur mirage du d�sert. Ce fut l�exp�rience d�Isra�l; Madian ne lui �laissait point de vivres�.

Alors, dans sa mis�re, il crie � l��ternel. Celui-ci r�pond et produit un nouveau r�veil, dans lequel il cherche � atteindre, plus profond�ment que par le pass�, la conscience de ce pauvre peuple. Il est int�ressant de voir comment le Seigneur s�y prend pour amener ce r�sultat. �L��ternel envoya aux fils d�Isra�l un proph�te�. Son nom n�est pas mentionn� et n�importe point, car cet homme est simplement le porteur de la parole de Dieu pour placer le peuple en Sa pr�sence. Dieu a un moyen de nous b�nir: sa Parole qui r�pond � tout et doit nous suffire parfaitement. Le Ps. 119 nous pr�sente le r�le merveilleux que la Parole joue dans la vie du fid�le. Ce Psaume d�passe en longueur tous les autres. La parole de Dieu devrait occuper la m�me place dans notre vie. Avons-nous le sentiment de sa valeur? Remplit-elle nos jours et nos nuits, nos pens�es tout au moins, quand le temps nous manque pour nous asseoir et la m�diter?

Dieu applique d�une mani�re pleine de gr�ce (v. 8-10) cette Parole � la conscience des Isra�lites, leur disant tout ce qu�il a fait pour eux, comment il leur donna la sortie, la d�livrance, la victoire et l�entr�e, et apr�s avoir d�ploy� devant eux toute sa bont�, il ajoute une seule parole: �Et vous n�avez pas �cout� ma voix�. Pas un mot du �comment� ils peuvent �tre d�livr�s; il ne leur ouvre pas encore le chemin pour revenir � lui. Le proph�te dispara�t, les laissant sous le poids de leur responsabilit� en pr�sence de la gr�ce. Dieu les avait port�s dans ses bras et sur son c�ur; il avait �t� leur nu�e de feu et d�obscurit�; il avait combattu pour eux. Ai-je manqu�, dit-il, � votre �gard? Qu�avez-vous fait? Bien plus que tous les reproches, ce silence est calcul� pour atteindre la conscience! Elle est frapp�e, sinon atteinte; mais la parole de gr�ce ne donne pas encore au peuple infid�le ce dont il a besoin. Isra�l reste sans force en pr�sence de l�ennemi.

G�d�on form� pour le service (v. 11-40)

Tout le reste de ce chapitre nous montre comment Dieu op�re pour susciter un serviteur en ces temps de ruine, et fa�onner un instrument puissant qui accomplisse son �uvre de d�livrance.

Avant d�aborder ce sujet, insistons sur une v�rit� g�n�rale. Lorsque le peuple de Dieu, comme tel, a perdu toute force, l��me peut trouver individuellement une force aussi grande, aussi merveilleuse, qu�aux temps les plus prosp�res d�Isra�l. Si cela est vrai, combien nos c�urs devraient d�sirer ardemment de poss�der cette force! Sommes-nous de ceux qui s��tablissent dans leur faiblesse, se mettant au niveau de ce qui les entoure, acceptant la mondanit� de la famille de Dieu comme une chose in�vitable ou n�cessaire? Ou bien, avons-nous les oreilles de G�d�on, lorsque Dieu nous dit: J�ai � la disposition une force sans limites?

Passons � l�histoire de cet homme de Dieu. Il �tait personnellement plus faible encore que son peuple: sans assurance devant l�ennemi, car il se cachait pour battre son bl� dans le pressoir (v. 11); sans ressources dans ses relations, car son millier �tait le plus pauvre en Manass�; sans force en lui-m�me, car il �tait le plus petit dans la maison de son p�re (v. 15); c�est un tel homme que Dieu visite et se choisit pour serviteur, un homme ayant la conscience de son manque absolu de force et qui dit: Je n�ai rien, Seigneur �ternel! �Avec quoi sauverai-je Isra�l?� Quand il s�agit de l��uvre de Dieu dans ce monde, nous trouvons donc un premier grand principe, c�est que Dieu ne demande pas ce que l�homme pourrait lui offrir et n�en fait aucun cas. Il prend pour se glorifier des instruments faibles, ayant conscience de leur infirmit�.

Mais il est un autre principe de la derni�re importance: cette �uvre exige que tout soit de Dieu. Avant que l�ange de l��ternel s�ass�t sous le t�r�binthe, G�d�on avait d�j� la foi. Quelque v�rit� qu�il e�t encore � apprendre, il croyait � la parole de Dieu qui lui avait �t� transmise par ses p�res (v. 13); de plus, il prenait parti avec le peuple de Dieu: �Si l��ternel est avec nous�; �l��ternel nous a abandonn�s�, dit-il. Il ne suivait pas le chemin de H�ber, et portait avec les Isra�lites les cons�quences de leur culpabilit�. Le respect pour Sa parole et l�affection pour Son peuple sont deux marques de la vie de Dieu en tout temps et chez tous les fid�les. Cependant G�d�on a beaucoup � apprendre. Sa foi est tr�s faible, car il ignore la bont� de Dieu. Humble, sans doute, mais regardant � lui-m�me, il conclut de ce qu�il est � ce que Dieu doit �tre pour lui. �Maintenant�, dit-il, �l��ternel nous a abandonn�s�. La cons�quence de notre infid�lit�, c�est qu�il n�y a plus d�espoir. Ainsi raisonne G�d�on, mais Dieu raisonne-t-il ainsi? �L��ternel est avec toi, fort et vaillant homme!� Ah! qu�il conna�t encore peu ce qu�il y a dans le c�ur de Dieu, et combien d��mes raisonnent comme lui! De plus, malgr� son humilit�, G�d�on n�a pas encore pass� condamnation sur lui-m�me. Il d�sire offrir quelque chose, �apporter son pr�sent� � l��ternel (v. 18). Ce n�est sans doute pas avec la pens�e de faire quelque grande chose pour Dieu, mais tout ira bien, pense-t-il, si Dieu accepte mon pr�sent. Nous verrons la r�ponse de l��ternel, mais revenons d�abord au principe �nonc� plus haut, que Dieu seul entre en sc�ne dans l��uvre de d�livrance de son peuple. En premier lieu, �l�Ange de l��ternel lui apparut�. Comme � Saul sur le chemin de Damas, c�est Dieu qui commence par se r�v�ler lui-m�me � l��me de tous ses serviteurs dans la personne de J�sus. En second lieu, l��ternel se r�v�le � G�d�on, comme s�associant � lui: �L��ternel est avec toi�; en troisi�me lieu, c�est Lui qui donne un caract�re � G�d�on, � �fort et vaillant homme�, � caract�re que G�d�on lui-m�me, faible et se cachant dans son pressoir, n�e�t jamais r�v� d�obtenir. Quatri�mement, l��ternel le regarde �en gr�ce� pour se r�v�ler, non plus � lui, mais en lui, comme le Dieu de puissance. Si G�d�on n�a pas de force, l��ternel en a pour lui; c�est le secret qu�il lui fait conna�tre, car il lui dit: �Cette force que tu as�. Cinqui�mement, c�est Lui qui l�envoie: �Va avec cette force�, comme Paul, serviteur de Dieu, fut envoy� �non de la part des hommes, ni par l�homme�.

Enfin, Dieu lui donne la preuve de l�int�r�t qu�il lui porte. G�d�on, nous l�avons vu, voudrait offrir quelque chose � l��ternel, mais celui-ci ne peut rien accepter de l�homme comme tel. �Prends�, dit-il, �la chair et les pains sans levain, et pose-les sur ce rocher-l�, et verse le bouillon� (v. 20). La seule offrande que Dieu puisse accepter, c�est Christ. S�il ne re�oit pas telle quelle l�offrande de G�d�on, il accepte ce qui repr�sente Christ dans cette offrande. Cet homme de Dieu a une intelligence bien incompl�te de la valeur des sacrifices que l��ternel avait ordonn�s aux fils d�Isra�l; �la chair bouillie�, �le bouillon dans le pot�, �taient des t�moins de son ignorance, mais Dieu distingue la r�alit� que cette faible foi recouvre et accepte l�offrande, quand G�d�on la pose �sur le rocher�. Le feu du jugement monte du rocher, consumant la chair et les pains sans levain. La preuve de l�int�r�t que Dieu lui porte, est en figure le jugement tomb� sur Christ!

Il faut encore que le serviteur apprenne � conna�tre la valeur de cette �uvre pour lui-m�me. D�abord il est rempli de frayeur: �Ah! Seigneur �ternel, si c�est pour cela que j�ai vu l�Ange de l��ternel face � face�, mais �l��ternel lui dit: Paix te soit; ne crains point, tu ne mourras pas!�. La cons�quence du jugement de l�offrande consum�e, c�est la paix pour G�d�on. Pour �tre un serviteur de Dieu, il faut avoir re�u pour soi-m�me la connaissance de l��uvre de Christ et la paix qui en r�sulte, l�assurance d�une paix accomplie en vertu de ce qui s�est pass� entre Dieu et Christ, la certitude de ce que Dieu, et non pas G�d�on, pense du sacrifice. Telle est la base de tout service chr�tien, (h�las! comme les hommes l�ont oubli�!) car, ne poss�dant pas la paix pour nous-m�mes, comment pourrions-nous aller la proclamer � d�autres?

Le premier r�sultat de ce que G�d�on vient d�apprendre, n�est pas de le pousser dans le service (encore un fait compl�tement oubli� des chr�tiens de nos jours), mais d�en faire un adorateur. �Et G�d�on b�tit l� un autel � l��ternel, et l�appela J�hovah-shalom (l��ternel de paix)�. Il faut, avant de servir, que le croyant soit entr� comme adorateur en la pr�sence de Dieu. La Parole illustre ce fait dans une multitude de cas, celui d�Abraham et de l�aveugle-n�, entre autres. G�d�on loue le Dieu de paix et peut d�sormais offrir sur l�autel de l�adorateur un sacrifice que l��ternel accepte.

C�est seulement apr�s l�autel du culte que Dieu appelle G�d�on comme serviteur � rendre un t�moignage public. Ce dernier commence par la maison paternelle. Il consiste � d�truire �l�autel de Baal et l�idole qui est aupr�s�, et � leur substituer l�autel du t�moignage, l�autel du Dieu connu de G�d�on. Le devoir positif du t�moin de Dieu est avant tout de jeter bas ses idoles. Pourquoi trouve-t-on parmi les chr�tiens si peu de serviteurs v�ritables, marchant dans la puissance du t�moignage pour Christ? C�est qu�ils n�ont pas les deux autels. Et pourquoi n�ont-ils pas le second? C�est qu�ils ne se sont pas munis de bois pour le sacrifice. Ce bois, ce sont les idoles (v. 26). Renversons-les, n�en laissons rien subsister; commen�ons dans le cercle �troit de la famille. Si nous ne le faisons pas, o� sera notre t�moignage? Le renversement des idoles est le secret de la puissance; l�Esprit de l��ternel ne rev�t G�d�on que lorsqu�il a accompli cet acte. Nous n�avons plus comme lui des Baals de pierre et des ash�res de bois, mais nous avons bien d�autres idoles et, peu semblables � lui, nous les pr�f�rons souvent � la puissance d�une marche fid�le avec Dieu. G�d�on ob�it sans h�siter, sans compromis ni restriction. Pour lui, les idoles ne sont rien, compar�es � ce Dieu qu�il conna�t. Ce �fort et vaillant homme� n�avait aucun courage naturel. La peur de l�ennemi (v. 11), la frayeur de Dieu (v. 23), la crainte de la maison de son p�re (v. 27), le caract�risent. Il fait son �uvre de nuit, craignant de la faire le jour; il la fait, n�anmoins, car Dieu le lui a command�. Ce n�est qu�au matin que les gens de la ville s�en aper�oivent. Mais celui qui connaissait le caract�re de G�d�on, ne lui avait pas dit: Fais cette �uvre de jour. Nous aussi, faibles que nous sommes, ah! d�truisons nos idoles en silence, quand nul �il ne nous observe. Ne proclamons pas la chose tr�s haut; accomplissons ce travail difficile avec crainte et tremblement, regardant � Dieu seul dans le silence de la nuit. Le monde s�apercevra bient�t que nous avons un nouvel autel qu�il ne conna�t pas, et que l�ash�re n�a de valeur pour nous que comme bois � br�ler. Alors le monde qui nous avait support�s jusque-l�, nous ha�ra. C�est l�autel du t�moignage qui attire sur G�d�on l�animosit� de tous. Ha�, mais qu�importe? car il re�oit le nom de Jerubbaal (que Baal plaide), et devient, en pr�sence de tous, le repr�sentant personnel de l�inanit� des choses qu�il adorait autrefois.

Le t�moignage de G�d�on a pour effet de convaincre son p�re du n�ant de Baal. La foi du p�re est moindre que celle du fils. G�d�on d�truit Baal, parce qu�il a connu Dieu; Joas re�oit Dieu, parce qu�il ne reconna�t plus Baal. C�est bien peu, mais c�est quelque chose.

Mes fr�res, sommes-nous, devant le monde, les t�moins de la folie de tout ce qui l�int�resse? Si nous n�avons pas gard� l�autel de Baal, peut-�tre avons-nous n�glig� de d�truire �l�ash�re qui est � c�t�?� Le chemin de la puissance est celui d�une ob�issance sans restriction � la parole de Dieu. � certains moments de nos vies, la puissance a caract�ris� notre service, � d�autres elle nous a manqu�. Demandons-nous alors si nous n�avons pas r��difi� quelque idole d�truite. Il n�est pas d�action publique qui ne commence, pour le chr�tien, par la fid�lit� dans le petit cercle o� il est appel� � vivre.

G�d�on �prouve d�abord l�inimiti� de ceux qui portent le nom de peuple de Dieu, contenue toutefois pour le moment par la sinc�rit� de son t�moignage. Madian et Amalek (v. 33) ne l�entendent pas ainsi. Si, dans leur folie, les gens de la ville cherchent � faire obstacle � leur propre d�livrance, le monde s�efforce d��touffer ce r�veil qui sortirait Isra�l de l�esclavage.

Jusqu�ici, G�d�on ne faisait qu�acte d�ob�issance; maintenant, l�Esprit de l��ternel le rev�t. Son premier acte de puissance est de sonner de la trompette pour r�unir les tribus � sa suite. La force d�Isra�l est dans son rassemblement; c�est ce que Satan et le monde craignent le plus.

Toutefois, G�d�on, malgr� sa force, ne montre pas beaucoup de confiance en Dieu. Il demande des signes pour conna�tre si l��ternel veut sauver le peuple de sa main. Tous les ordres de Dieu � G�d�on sont simples et clairs, mais lorsque G�d�on demande des signes � Dieu, tout devient obscur et compliqu�. Nous avons de la peine � comprendre sa pens�e. Je suppose que la toison repr�sente Isra�l b�ni de Dieu, quand la s�cheresse reste sur les nations, et vice versa, car, ayant �prouv� Dieu, G�d�on le soumet � une contre-�preuve. Pauvre foi, faible confiance en Lui! Mais le Dieu de gr�ce, sans se rebuter, fait ce que son serviteur demande. Il veut d�livrer son peuple, il veut, par tous les moyens, soutenir le faible c�ur de son t�moin, afin de l�engager dans son service et d�en faire un instrument � sa gloire.

Informations bibliographiques
bibliography-text="Commentaire sur Judges 6". "Commentaire biblique intermédiaire". https://beta.studylight.org/commentaries/fre/cbi/judges-6.html.