Bible Commentaries
Juges 9

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versets 1-57

Abim�lec, ou l�usurpation de l�autorit�

Ce chapitre nous fait entrer dans une phase si attristante du d�clin qu�elle semble, au premier abord, ne plus contenir m�me un lieu de refuge pour la foi. Nous avons vu, au chap. 8, l�assembl�e d�Isra�l, d�sirant conf�rer l�autorit� � son conducteur; ici, un loup usurpe la place du Berger et s�empare du troupeau pour le d�vorer.

C�est l�autorit� arbitraire du m�chant esclave qui se met � battre, en l�absence du ma�tre, ceux qui sont esclaves avec lui, et qui mange et boit avec les ivrognes (Matt. 24:48-49). Cela rappelle, en un mot, le principe du clerg� dans la maison de Dieu et ses funestes envahissements. Le mis�rable Abim�lec n�est point un juge; il cherche une position plus �lev�e encore: il se fait proclamer roi (v. 6) et prend, au milieu du peuple, le titre des gouverneurs des nations. Se posant ouvertement en dominateur (v. 2), il agit � l�oppos� d�un juge suscit� de Dieu (cf. 8:23). Pour usurper cette place, il met en jeu des ressorts purement humains. Par les fr�res de sa m�re, concubine de G�d�on, il s�duit les hommes de Sichem au nom de la fraternit�. Ceux-ci prennent confiance en ce tra�tre; leur �tat moral est si bas, qu�ils oublient jusqu�au lien qui les unit � tout Isra�l et disent d�Abim�lec: �Il est notre fr�re�. La fraternit� a perdu pour eux son vrai sens et n�est plus qu�un nom destin� � caract�riser un parti.

L�influence de cet homme s��taye du tr�sor tir� de la maison des faux dieux. L�usurpateur fait appel � la bourse du peuple et ne m�prise pas l�origine impure de ses biens. Cet argent sert � accomplir l��uvre du diable. Le tr�sor de Baal a remplac� la force de l��ternel et fournit � l�usurpateur le moyen de pers�cuter et de retrancher la post�rit� de la foi, la famille de Dieu (v. 5). Un seul, Jotham, le plus jeune de tous les fils de G�d�on, pauvre �tre sans cons�quence, s��chappe et r�ussit � se cacher.

Abim�lec a gain de cause; le mauvais esprit triomphe, mais ne sera jamais un esprit de paix entre les hommes. D�chirures intestines, perfidies, luttes d�influence, vendanges qui produisent la joie de l�ivresse, ivresse qui prof�re des mal�dictions, ambition de Gaal, conseils d��bed, astuce de Zebul, violence d�Abim�lec, voil� ce qui s�agite dans le camp d�Isra�l, quand le t�moignage de Dieu l�a quitt�. C�est une sc�ne de deuil, de carnage et de haine. Mais l��ternel, dans sa gr�ce, jette un rayon de lumi�re au milieu de ces t�n�bres. Il ne se laisse pas sans t�moignage; nous pouvons le r�p�ter avec confiance en traversant des temps difficiles. Et quand il ne resterait plus, comme ici, qu�un seul t�moin de Dieu dans ce monde, soyons ce seul t�moin, ce Jotham m�pris�, le dernier de tous, mais qui tient ferme pour Dieu. Pr�serv� par la bont� providentielle de l��ternel, il �se tient sur le sommet de la montagne de Garizim� (v. 7). Mo�se avait ordonn� jadis que six tribus se tinssent sur le mont �bal pour maudire, et six, pour b�nir, sur Garizim. Josu�, lorsque le peuple fut entr� en Canaan, s��tait souvenu de cette ordonnance, mais d�s lors Isra�l avait moralement choisi �bal, l�endroit de la mal�diction. Jotham a choisi Garizim, l�endroit de la b�n�diction, et s�y tient seul. T�moin de Dieu vis-�-vis d�un peuple tout entier, il �l�ve sa voix, prononce son apologue � leurs oreilles, et proclame la b�n�diction de la foi et les suites de l�infid�lit� du peuple. Jotham est, dans sa personne, le repr�sentant des b�n�dictions du vrai Isra�l de Dieu, lui, faible et pers�cut�, mais qui pouvait jouir de la faveur de Dieu et lui rendre t�moignage, en portant du fruit � sa gloire.

Dans son r�cit, trois arbres refusent d�aller s�agiter pour les autres arbres. Ils repr�sentent, selon la Parole, les divers caract�res d�Isra�l sous la b�n�diction de l��ternel. L�olivier dit: �Laisserais-je ma graisse, par laquelle on honore par moi Dieu et les hommes, et irais-je m�agiter pour les arbres?� (v. 9). L�huile correspond � l�onction et � la puissance de l�Esprit Saint par laquelle Dieu et les hommes sont honor�s. L�Isra�l de Dieu ne pouvait r�aliser cette puissance spirituelle qu�en se s�parant enti�rement des nations et de leurs principes. Ces derni�res �tablissaient des rois sur elles (1 Sam. 8:5), tandis que l��ternel �tait le seul dominateur du peuple fid�le. Le figuier dit: �Laisserais-je ma douceur et mon bon fruit, et irais-je m�agiter pour les arbres?� (v. 11) car Isra�l ne pouvait porter du fruit que dans la s�paration des nations. La vigne dit: �Laisserais-je mon mo�t, qui r�jouit Dieu et les hommes, et irais-je m�agiter pour les arbres?� (v. 13). Le mo�t, c�est la joie qui se trouve dans la communion mutuelle des hommes avec Dieu.

Cette jouissance, la plus haute qui se p�t d�sirer, �tait perdue pour Isra�l, quand il s�accommodait � l�esprit et aux m�urs des nations.

Quelle le�on pour nous, chr�tiens! Le monde, pour l��glise, correspond aux nations d�autrefois. Si nous ob�issons � ses appels, nous abandonnons notre huile, notre fruit, notre mo�t, c�est-�-dire notre puissance spirituelle, les �uvres que Dieu nous a pr�par�es, et la joie de la communion. Oh! puissions-nous r�pondre � toutes les invitations du monde: Laisserais-je ce qui fait mon bonheur et ma force, pour des agitations st�riles, ou pour satisfaire les convoitises et les ambitions du c�ur des hommes? Jotham appr�cie, comme son p�re G�d�on (8:23), ces tr�sors de l�Isra�l de Dieu, et il se met � part sur Garizim. Il garde sa position b�nie; en pr�sence de tout ce peuple apostat, il est le vrai, le dernier rejeton de la foi, le seul t�moin de Dieu. Quel honneur pour le jeune et faible fils de Jerubbaal! Repouss� de tous, son sort est le seul digne d�envie, car seul il glorifie Dieu dans ce triste monde. Soyons comme lui, s�par�s du mal. Nous y go�terons tous les produits des arbres de Dieu. Celui qui a joui de ces choses s��crie: Les laisserais-je?

Le moment arrive o� Jotham, ayant montr� au peuple sa folie et pr�dit son jugement, s��chappe et s�enfuit (v. 21). Il quitte l�assembl�e d�Isra�l et l�abandonne au ch�timent qui d�j� se tient � la porte. Jotham alla � Be�r et y habita. �C�est l� le puits au sujet duquel l��ternel dit � Mo�se: Assemble le peuple, et je leur donnerai de l�eau�, et que c�l�bra le cantique d�Isra�l (Nomb. 21:16-18). C�est ainsi qu�au milieu de la chr�tient� d�j� m�re pour le jugement, les t�moins fid�les se retirent � Be�r, lieu du vrai rassemblement et des sources d�eau vive, lieu des cantiques et des louanges.

Informations bibliographiques
bibliography-text="Commentaire sur Judges 9". "Commentaire biblique intermédiaire". https://beta.studylight.org/commentaries/fre/cbi/judges-9.html.