Bible Commentaries
Lamentations 3

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versets 1-66

Ce chapitre est le chapitre central des Lamentations. Un homme, J�r�mie, y repr�sente le peuple. C�est lui que nous avons entendu parler dans les premiers chapitres, mais il se pr�sente ici comme portant tout seul dans son �me le jugement de Dieu � la place de J�rusalem. Cela est d�autant plus frappant que les versets 1 � 18 de notre chapitre sont comme le pendant des versets 1 � 10 du chapitre 2 o� J�r�mie annon�ait ce que l��ternel, dans sa col�re, avait fait contre la ville; tandis qu�il montre ici que toute cette col�re est tomb�e sur lui, comme charg� de l�iniquit� de J�rusalem. En lisant ce chapitre, les pens�es se portent n�cessairement sur Christ dont J�r�mie est le type, car ici le proph�te s�identifie avec son peuple et subit, quoiqu�innocent, le jugement de Dieu qui �tait d� � ce dernier. Il reconna�t avoir l��ternel pour adversaire. Il ne parle pas de l�injustice de l�ennemi, lui qui toute sa vie avait eu � subir l�injustice de son peuple et de ses conducteurs. La demande de vengeance ne vient que tout � la fin du chapitre quand la question de la substitution a �t� compl�tement r�solue.

La division de ce chapitre est assez frappante, quoique peut-�tre un peu moins manifeste que dans les chapitres pr�c�dents. Chaque section r�pond au mot initial. 1� �Je suis l�homme� (v. 1-18). 2� �Souviens-toi� (v. 19-39). 3� �Recherchons nos voies� (v. 40-54). 4� �J�ai invoqu� ton nom� (v. 55-63) et 5� �Rends-leur� (v. 64-66); demande de vengeance qui n�a lieu que lorsque tout est r�gl� avec Dieu (voyez Ps. 69:22-28).

Premi�re division � versets 1-18

La parole: �Je suis l�homme� domine cette section et de fait le chapitre tout entier. J�r�mie est l� portant dans son c�ur tout le poids de la col�re de Dieu contre J�rusalem. Ici comme au chapitre 2:1-10, c�est Dieu qui a tout fait; aussi, voyons-nous dans ces deux passages le mot Il revenir constamment, mais avec cette diff�rence que dans le second Dieu fait peser tout le poids de sa col�re sur le juste et non sur les coupables. Aussi J�r�mie devient-il ici le type frappant de Christ. N�est-ce pas de J�sus que Pilate dit, en le pr�sentant aux foules: �Voici l�homme� (Jean 19:5)? N�est-ce pas J�sus qui est �la ris�e de tout son peuple, leur chanson tout le jour� (v. 14)? N�a-t-il pas dit: �Tous ceux qui me voient se moquent de moi� et: �Je sers de chanson aux buveurs� (Ps. 22:7; 69:12)? N�a-t-il pas dit encore: �� cause de ton indignation et de ta col�re, car tu m�as �lev� haut, et tu m�as jet� en bas� (Ps. 102:10)? Cette pens�e: �M�me quand je crie et que j��l�ve ma voix, il ferme l�acc�s � ma pri�re� (v. 8) n�est-elle pas la parole m�me de Christ sur la croix: �Mon Dieu, je crie de jour, mais tu ne r�ponds point� (Ps. 22:2); n�est-elle pas ce �R�ponds-moi� angoiss� du Ps. 69 auquel il n�y a pas de r�ponse (v. 13, 16, 17)? Ainsi, de verset en verset, on suit ici la voie de l�homme de douleurs. Oui, un homme a pris cette place, rempli d�un profond amour pour J�rusalem coupable. Apr�s avoir �t� introduit dans ce monde comme objet sp�cial de toute la faveur de Dieu, il a consenti � �tre trait� comme le peuple infid�le, lui qui m�ritait la premi�re place, et qui l�avait dans les conseils de Dieu, lui, devant qui les �tres les plus purs s�inclinaient dans une ineffable adoration!

Il va sans dire que J�r�mie n�est ici qu�un type imparfait de Christ; comme cr�ature, il est oblig� de faire des exp�riences pour lui-m�me; il s�effraie, il craint, il doute; il va jusqu�� dire: �Ma confiance est p�rie et mon esp�rance en l��ternel� (v. 18). Il n�a aucun droit de penser que Dieu changera, � cause de lui, ses voies envers J�rusalem, quoiqu�il ait conscience de son int�grit� personnelle, mais prenant la place de cette cit�, il proclame subir, lui juste, un jugement m�rit�.

D�autre part, si ces versets nous pr�sentent le proph�te, soit comme homme, soit comme type de Christ, ils nous parlent aussi des sentiments du R�sidu juif int�gre de la fin, traversant la �d�tresse de Jacob� et dont le sort de J�rusalem sous Nebucadnetsar, quelque terrible qu�il soit, n�est qu�une faible image. Ce R�sidu sera expos�, comme ici le proph�te, � toute la col�re gouvernementale de son Dieu, jusqu�� voir p�rir son esp�rance en l��ternel, mais il reconna�tra, comme J�r�mie, que toute cette affliction vient de Lui, sans en comprendre tout d�abord le pourquoi et il trouvera dans la suite de ses exp�riences que le Messie a travers� les m�mes afflictions pour le d�livrer, r�le que J�r�mie ne pouvait remplir � l��gard de J�rusalem. Aussi retrouve-t-on dans ce passage beaucoup des exp�riences de Job (voyez, par exemple, Job 19:6-12; 30:21, 30) et souvent avec les m�mes termes que dans notre chap. 2:1-10; seulement Job, n�ayant jamais fait l�exp�rience de lui-m�me, exprime ces choses avec le sentiment de sa justice, qu�il devra abandonner et juger � la fin. J�r�mie ne cherche pas � r�agir contre le jugement, car il ne se pose pas en juste ses sympathies pour son peuple l�y font entrer il �puise la coupe d�amertume sans mettre m�me en question si le jugement qu�il porte est imm�rit�.

Seconde division � versets 19-39

Le pourquoi de l�affliction, � l��tat jusqu�ici d��nigme pour l��me, va lui �tre r�v�l� dans cette division de notre chapitre.

Souviens-toi de mon affliction, et de mon bannissement, de l�absinthe et du fiel� (v. 19).

Devant toute la mis�re exprim�e dans les versets 1 � 18, le proph�te s�adresse � Celui qui le frappe et dans lequel il n�a plus le droit d�esp�rer. Un tel appel est une parole de foi. �Souviens-toi� disait le brigand converti au moment d�expirer sur la croix. �Souviens-toi�, dit ici le proph�te. �Souviens-toi�, diront les justes au milieu des d�tresses de la fin. �Souviens-toi de David�, s��crieront-ils, trouvant que toute leur b�n�diction ils la doivent au vrai David � cause de l�affliction qu�il a endur�e pour eux (Ps. 132:1).

�Mon �me s�en souvient sans cesse, et elle est abattue au-dedans de moi� (v. 20). Si l��me demande � Dieu de se souvenir de son affliction, il n�y a pas un moment o�, plong�e dans l�ab�me de la douleur, elle ne s�en souvienne elle-m�me.

Mais voici qu�au verset 21 tout change. L�esp�rance perdue (v. 18) rena�t. �Je rappelle ceci � mon c�ur, c�est pourquoi j�ai esp�rance�; et la premi�re raison pour esp�rer, il la trouve au verset 22: �Ce sont les bont�s de l��ternel que nous ne sommes pas consum�s�. Si Dieu n��tait pas bon, il y a longtemps qu�Isra�l n�existerait plus. Chaque croyant dans chaque nation �prouv�e ne devrait-il pas dire aujourd�hui ces m�mes paroles? Dieu avait fait conna�tre cette v�rit� � Mo�se dans l�aventure miraculeuse du buisson que le feu ne consumait pas (Ex. 3:2). Ce fait se renouvelle chaque jour: �Car ses compassions ne cessent pas; elles sont nouvelles chaque matin�. Cependant l��ternel ne pouvait plus se r�v�ler � Mo�se comme le feu qui ne consume pas, apr�s qu�Isra�l, ayant fait le veau d�or, avait m�rit� que la col�re de Dieu s�embras�t contre lui et le consum�t (Ex. 32:10); mais ensuite, apr�s l�intercession du M�diateur, Dieu se r�v�la de nouveau comme �le Dieu �mis�ricordieux et faisant gr�ce, lent � la col�re et grand en bont� et en v�rit�, gardant la bont� envers des milliers de g�n�rations, pardonnant l�iniquit�, la transgression et le p�ch� (Ex. 34:6, 7). Quelque grands que soient ses jugements, ne l�oublions pas, �grande est sa fid�lit� et jamais il ne r�voque ses promesses. Aussi l��me du croyant s��crie: �L��ternel est ma portion... c�est pourquoi j�esp�rerai en Lui� (v. 24). �Son esp�rance �tait p�rie�, quand il se trouvait en pr�sence des cons�quences terribles de son p�ch�, de la col�re de Dieu; et il �tait bon pour lui de descendre dans ce gouffre; mais cette esp�rance rena�t quand la bont� de l��ternel, essence m�me de son �tre, lui est r�v�l�e. Ayant d�sormais l��ternel pour sa part, son esp�rance continuera � s�attacher � lui.

Versets 25-27: �L��ternel est bon pour ceux qui s�attendent � lui, pour l��me qui le cherche. C�est une chose bonne qu�on attende, et dans le silence, le salut de l��ternel. Il est bon � l�homme de porter le joug dans sa jeunesse�. L��me, plac�e devant la bont� de Dieu, reconna�t que cette bont� se manifeste envers tous ceux qui s�attendent � Lui et le cherchent. Coupable, elle n�a plus, souvenons-nous-en, l�orgueilleuse pr�tention d��tre � l�exclusion des autres, un objet sp�cial de la faveur de Dieu. Quelle actualit� dans cette pens�e!

Elle reconna�t en outre que deux choses sont bonnes pour l��me du croyant: 1� attendre dans le silence le salut de l��ternel. C�est la soumission sans murmure � la volont� de Dieu, la certitude qu�au moment voulu l��ternel donnera la d�livrance, non selon nos pens�es ou conform�ment � nos d�sirs, mais selon Sa volont� qui est bonne, agr�able et parfaite. Combien de progr�s nous pouvons constater ici! Dans les dix-huit premiers versets le proph�te criait, r�pandait en plaintes ses angoisses, parlait de Dieu comme de son ennemi dont il �tait s�par� � toujours, avait enfin perdu tout espoir. Ici, reconnaissant la bont� de Dieu, il estime qu�il y a une chose bonne dans l��preuve, c�est qu�elle exerce la patience, la soumission, l�humble confiance en Lui, et nourrit l�esp�rance dans le c�ur.

2� Une autre chose encore est bonne. Qui le croirait? C�est �de porter le joug dans sa jeunesse�. La d�pendance est bonne. C��tait pour la d�pendance que l�homme avait �t� cr��, par la d�pendance que son bonheur �tait assur�. Le premier matin de sa vie devait �tre caract�ris� par elle. Il n��tait pas n� libre, comme son orgueil l�a toujours pr�tendu et le pr�tend encore aujourd�hui; il �tait n� d�pendant. Ce joug de la soumission � la volont� d�un Dieu bon �tait ais�. Sous l�instigation de Satan, l�homme a voulu �tre ind�pendant et est tomb� dans un malheur sans nom. Ce principe est illustr� dans nos enfants. Dieu leur impose, dans la jeunesse, l�autorit� paternelle. C�est une chose bonne pour eux; c�est une autorit� qui ne cherche que leur bien, qui, par la soumission et l�ob�issance, donne une direction � leur vie; et quand l�autorit� du p�re a termin� son r�le passager envers notre enfant, il reste encore, comme homme, sous l�autorit� du P�re c�leste, souverainement bon, souverainement juste. Cette bont� use de discipline envers nous afin que nous participions � la saintet� de Dieu dans notre marche. Le Seigneur, lui, n�avait pas besoin de discipline, parce qu�il n�avait d�autre volont� que celle de son P�re. Et cependant, d�s le d�but de sa carri�re, il avait �t� opprim� par les hommes qui avaient �trac� leurs longs sillons sur son dos�, et lui n�avait pas ouvert sa bouche. Il pouvait dire: �L�homme m�a acquis comme esclave d�s ma jeunesse�. Ce joug, son amour l�a port�, le porte et le portera �ternellement, car c�est le joug de l�amour, joug dont il est venu se charger, lui, le Cr�ateur. Il a refait l�histoire de l�homme, de son plein gr�, pour nous sauver. Nous avons � r�apprendre cette d�pendance en le suivant.

Versets 28-30: �Il est assis solitaire, et se tait, parce qu�il l�a pris sur lui; il met sa bouche dans la poussi�re: peut-�tre y aura-t-il quelque espoir. Il pr�sente la joue � celui qui le frappe, il est rassasi� d�opprobres�.

Description merveilleuse de ce que Christ fut et de ce qu�il a fait! Portrait de l�homme parfait dans son abaissement! Comme Isra�l dont il est dit: �Il habitera seul� (Nomb. 23:9), ainsi �tait le Christ, le vrai -Isra�l. Il �tait enti�rement s�par� du monde pour Dieu; il fut appel� hors d��gypte pour �tre seul avec l��ternel. Il �tait le vrai L�vite, le vrai Nazar�en, enti�rement sanctifi�. Mais de plus, le monde le laissait seul dans son �uvre de gr�ce (Jean 8:9). Il n�avait que Dieu; il disait: Je veille et je suis comme un passereau solitaire dans le lieu de la pri�re (Ps. 102:7). Il est encore repr�sent� comme �assis solitaire�, �tranger � leur joie parce qu�il ne connaissait que l�all�gresse et la joie de la communion avec son P�re, mais solitaire aussi dans son indignation et le juste jugement du mal qui outrageait son Dieu (J�r. 15:17). Puis arriva le moment o�, pour accomplir son �uvre de gr�ce, Dieu lui-m�me le laissa seul et le rejeta loin de Lui. Lui, le Saint et le Juste, fut atteint du sort du l�preux qui �habite seul et dont l�habitation est hors du camp� (L�v. 13:46); non pas, comme ont os� le dire des hommes profanes, qu�il f�t tenu comme l�preux pendant sa vie, mais il le fut dans la mort. C�est l� qu�il fut seul, absolument seul, personne ne pouvant l�y suivre, charg� de toute la l�pre de son peuple, fait p�ch�, afin de nous sauver!

�Il se tait�, dit notre passage; il prend la place des anciens d�Isra�l sous le jugement (2:10). Il garde le silence � cause du p�ch� du peuple (J�r. 8:14). Il se tait �parce qu�il l�a pris sur lui�: qu�il s�en est charg� (�s. 53:4). De m�me �sa�e 63:9 nous dit qu�il s�est �charg� d�eux�. Il s�agit ici du salut, du rachat sur la croix.

�Il met sa bouche dans la poussi�re: peut-�tre y aura-t-il quelque espoir.� Le voici repr�sentant le peuple, prenant l�attitude de la plus profonde humiliation, sans prononcer une parole. Le seul espoir peut lui venir du Dieu dont il porte le jugement.

�Il pr�sente sa joue � celui qui le frappe, il est rassasi� d�opprobres.� C�est aussi ce qu��sa�e dit du Christ: �J�ai donn� mon dos � ceux qui frappaient et mes joues � ceux qui arrachaient le poil; je n�ai pas cach� ma face � l�opprobre et aux crachats� (�s. 50:6).

Ces versets nous parlent de Christ dont J�r�mie est une faible image, tandis que les dix-huit premiers versets ne nous parlaient que de Dieu dans sa justice. Ils nous montrent comment en Christ le Dieu juste peut avoir compassion. Du moment que le proph�te a parl� de porter le joug d�s sa jeunesse, ses pens�es s�attachent � Celui qui a pris cette place pour l�homme, afin de lui acqu�rir le salut de l��ternel.

Toute cette suite de pens�es est tr�s belle. Nous voyons d�abord la col�re de Dieu (v. 1-18); ensuite le jugement de soi et l�esp�rance en Sa bont�; enfin le moyen par lequel cette bont� a pu s�exercer en notre faveur. La mani�re abrupte dont le Seigneur est pr�sent� ici rappelle Zacharie 13:1-6: �Il dira: je ne suis pas proph�te�, seul rem�de � l��tat d�sesp�r� du peuple quand tous ses proph�tes ont failli.

Versets 31-33: �Car le Seigneur ne rejette pas pour toujours; mais s�il afflige, il a aussi compassion, selon la grandeur de ses bont�s; car ce n�est pas volontiers qu�il afflige et contriste les fils des hommes�.

La personne de Christ ayant �t� pr�sent�e dans la solitude de ses souffrances, dans l�opprobre de la part des hommes, dans l�abandon de la part de Dieu, les versets que nous venons de lire nous montrent que c�est par ce chemin-l� que le Seigneur ouvre aux p�cheurs la porte de sa mis�ricorde et de ses compassions. La grandeur de ses bont�s d�passe la grandeur de ses jugements et s�il afflige cela ne fait que prouver son amour envers les hommes.

D�autre part, versets 34-36: �Qu�on �crase sous les pieds tous les prisonniers de la terre, qu�on fasse fl�chir le droit d�un homme devant la face du Tr�s haut, qu�on fasse tort � un homme dans sa cause, le Seigneur ne le voit-il point?� S�il fait gr�ce, Sa justice n�en est nullement amoindrie. Il voit tout. Combien cela est r�confortant pour le fid�le en des jours tels que les n�tres! Quand notre c�ur s�indigne de voir �craser sous les pieds de pauvres prisonniers, de voir ceux qui se servent du nom du Tr�s haut et pr�tendent agir pour Lui, commettre l�injustice, ne f�t-ce qu�envers un seul homme (peut-�tre envers tout un peuple), condamner, ne f�t-ce qu�un seul homme injustement, ne tenant nul compte de ses droits... Dieu voit tout cela. Le croyant n�a qu�� s�en remettre � Lui.

Versets 37-39. �Qui est-ce qui dit une chose, et elle arrive, quand le Seigneur ne l�a point command�e? N�est-ce pas de la bouche du Tr�s haut que viennent les maux et les biens? Pourquoi Lin homme vivant se plaindrait-il, un homme, � cause de la peine de ses p�ch�s?�

Aucune chose n�arrive, et combien il est important de s�en souvenir sans cesse, aucun dessein de l�homme ne r�ussit, si le Seigneur ne l�a ordonn�. Il parle, et lui seul peut faire arriver les maux ou les biens avec une seule parole. Si le mal atteint l�homme p�cheur, a-t-il le droit de se plaindre? N�y a-t-il pas une r�tribution, m�me ici-bas, selon le gouvernement de Dieu, pour les p�ch�s des hommes?

Toutes ces r�flexions d�coulent ici du fait que l��me, autrefois ignorante du vrai caract�re de Dieu, parce qu�elle ne voyait en Lui qu�un juge, a appris � le conna�tre comme ayant r�v�l�, en Christ, l�harmonie absolue entre sa haine contre le p�ch� et son amour pour le p�cheur.

Troisi�me division � versets 40-54

Ce passage pr�sente le travail de repentance dans les c�urs qui ont vu Christ prenant la place du p�cheur pour le sauver, aussi peut-il �tre assimil� aux paroles du brigand sur la croix: �Nous y sommes justement, parce que nous recevons ce que m�ritent les choses que nous avons commises�.

Versets 40-42. �Recherchons nos voies, et scrutons-les, et retournons jusqu�� l��ternel. �levons nos c�urs avec nos mains vers Dieu dans les cieux. Nous avons d�sob�i et nous avons �t� rebelles; tu n�as pas pardonn�.

�Recherchons nos voies�: C�est une r�solution prise en commun de se juger, non pas superficiellement, mais avec tout le s�rieux que comporte une vraie repentance, avec une conscience scrut�e jusque dans ses replis les plus cach�s. C�est le pr�lude du retour � l��ternel, d�une conversion r�elle. D�s lors le c�ur est libre de s�adresser � Dieu et de le supplier. �lihu pr�sente � Job la m�me v�rit� �Il suppliera Dieu, et Dieu l�aura pour agr�able et il verra sa face avec des chants de triomphe... et dira: J�ai p�ch� et j�ai perverti la droiture, et il ne me l�a pas rendu� (Job 33:26, 27); seulement ici, le �Tu ne me l�as pas rendu� d��lihu manque encore; les croyants humili�s disent an contraire: �Tu n�as pas pardonn��; ils reconnaissent que Dieu est juste et ne pardonnant pas.

Remarquez ici le �tu�. Quelle diff�rence entre les tu de ces versets et les il du commencement du chapitre, prononc�s par le proph�te seul et ne contenant, au verset 17, qu�un seul �tu� (�Tu as rejet� mon �me�), pour montrer que, malgr� le jugement, le seul juste qu�il y e�t alors au milieu du peuple restait en rapport avec Dieu. Quelle diff�rence surtout avec les �il� du peuple coupable auquel l��ternel avait cach� sa face (2:1-10).

Au verset 42, comme aux versets 43-45, le �tu� indique donc la confiance retrouv�e au milieu m�me des jugements:

�Tu t�es envelopp� de col�re et tu nous as poursuivis; tu as tu�, tu n�as point �pargn�. Tu t�es envelopp� d�un nuage, de mani�re � ce que la pri�re ne pass�t point. Tu nous as fait la balayure et le rebut au milieu des peuples.�

Tout en parlant � Dieu de ses voies pass�es, ils ne connaissent pas encore la d�livrance. Ils disent: �Tu t�es envelopp� d�un nuage, de mani�re � ce que la pri�re ne pass�t point�, au moment m�me o� leur pri�re passe et o� leurs c�urs s��l�vent � Dieu dans les cieux. Nous avons remarqu� plus haut ce double nuage, cons�quence du jugement de Dieu, d�abord �tendu sur le peuple pour qu�il f�t aveugl� sous le jugement (2:1), puis Dieu lui-m�me s�en enveloppant pour que la pri�re n�arriv�t point jusqu�� lui. Les nations chr�tiennes ne sont-elles pas aujourd�hui sous un jugement semblable? Ici (versets 42-47), le peuple a reconnu devant Dieu sa d�sob�issance, la col�re qui en est la suite, toutes les afflictions qui en sont la cons�quence.

Aux versets 48-51, J�r�mie reprend la parole:

�Des ruisseaux d�eau coulent de mes yeux � cause de la ruine de la fille de mon peuple. Mon �il se fond en eau; il ne cesse pas et n�a point de rel�che, jusqu�� ce que l��ternel regarde et voie des cieux. Mon �il afflige mon �me � cause de toutes les filles de ma ville�. Le proph�te qui seul avait sond� jusqu�au fond le p�ch� de J�rusalem et la col�re de Dieu contre cette ville rebelle, est capable aussi de sonder la profondeur de son affliction. Ses larmes coulent sans r�pit comme elles le faisaient d�j� en 2:11; mais ainsi qu�il l�a dit plus haut (v. 21) il a esp�rance, et il n�aura pas de rel�che dans sa douleur jusqu�� ce que l��ternel, vers lequel le peuple �l�ve maintenant son c�ur et ses mains, ait jet� des cieux un regard de compassion sur les afflig�s. Cette esp�rance est fond�e sur ce que le proph�te, l�homme saint et int�gre, qui interc�de en faveur du peuple a subi les m�mes angoisses que les coupables.

Il fait, aux versets 52-54, la description de ce qu�il a endur� et l� encore nous rencontrons Celui dont J�r�mie n�est que le repr�sentant imparfait et qui a subi la col�re de Dieu sans autre motif que l�amour divin qui le faisait prendre la place des coupables pour les d�livrer:

�Ceux qui sont mes ennemis sans cause m�ont donn� la chasse comme � l�oiseau. Ils m�ont �t� la vie dans une fosse, et ont jet� des pierres sur moi. Les eaux ont coul� par-dessus ma t�te; j�ai dit: Je suis retranch�. Nous retrouvons ici toutes les douleurs de Christ expos�es si souvent dans les Psaumes: �Ceux qui me ha�ssent sans cause sont plus nombreux que les cheveux de ma t�te� (Ps. 69:4). �Ils ont pr�par� un filet pour mes pas, mon �me se courbait; ils ont creus� devant moi une fosse� (Ps. 57:6). �Toutes tes vagues et tes flots ont pass� sur moi� (Ps. 42:7). �Tu m�as jet� dans l�ab�me, dans le c�ur des mers, et le courant m�a entour�... les eaux m�ont environn� jusqu�� l��me� (Jon. 2:4, 6). �Je disais dans mon agitation: Je suis retranch� de devant tes yeux� (Ps. 31:22) et enfin, derni�re parole: �� cause de la transgression de mon peuple, Lui a �t� frapp� (�s. 53:8).

Quatri�me division � versets 55-63

Ici nous trouvons de nouveau J�r�mie, type de Christ qui s�adresse � Dieu dont, � l�exception des heures de t�n�bres, il a toujours go�t� la communion. Aussi peut-il lui dire tu bien mieux et bien plus compl�tement que le R�sidu, convaincu de p�ch�, mais voyant se d�chirer le voile, ne pouvait le faire aux versets 42-45. Il passe de la terrible constatation: �Je suis retranch� � l�heureux cantique de la d�livrance. Dieu a r�pondu � la supplication des coupables: Lui qui n�avait pas pardonn�, pardonne maintenant � cause de Christ. L�encha�nement des pens�es dans ce chapitre est merveilleux: on y voit d�abord le proph�te r�alisant dans son �me le jugement du peuple et reconnaissant que ce jugement est juste, puis remplac� par un plus juste que lui, car J�r�mie, quelque int�gre qu�il f�t, ne pouvait obtenir la d�livrance pour d�autres. Ensuite on y entend la confession des p�ch�s, fruit de l��uvre produite dans le c�ur et la conscience du R�sidu; celui-ci crie � Dieu, mais sans avoir encore re�u le pardon. Enfin on trouve Christ, subissant le jugement afin d��tre exauc� et de pouvoir dire pour les coupables, comme il le fait au Psaume 22: �Tu m�as r�pondu d�entre les cornes des buffles�.

Versets 55-58. �J�ai invoqu� ton nom, � �ternel! de la fosse des ab�mes. Tu as entendu ma voix; ne cache point ton oreille � mon soupir, � mon cri. Tu t�es approch� au jour que je t�ai invoqu�; tu as dit: Ne crains pas. Seigneur, tu as pris en main la cause de mon �me, tu as rachet� ma vie�,

Quelle concordance frappante avec la pri�re de Jonas! Celui dans lequel s�op�re le travail de repentance et de restauration voit ici la mani�re dont son Substitut a �t� exauc�. �Je t�ai invoqu� des lieux profonds� (Ps. 130:1), disait le R�sidu afflig�, mais il entend Christ qui a pris sa place sous le jugement de Dieu, dire les m�mes paroles afin de le d�livrer: �J�ai invoqu� ton nom, � �ternel! de la fosse des ab�mes� (v. 55). �J�ai cri� � l��ternel, dit Jonas, du fond de ma d�tresse, et il m�a r�pondu. Du sein du sh�ol j�ai cri�; tu as entendu ma voix� (Jonas 2:3). Christ a �t� entendu, son Dieu s�est approch� de Lui, a �t� toute crainte de son c�ur, a pris en main sa cause, a rachet� sa vie hors du pouvoir de la mort! Quelle assurance cela donne � la cit� plong�e dans la d�tresse, et au c�ur du proph�te lui-m�me qui en avait partag� les douleurs! Un homme a invoqu� l��ternel et celui-ci a entendu ses supplications!

Maintenant, jug� et restaur�, le R�sidu peut remettre sa juste cause entre les mains de l��ternel: �Tu as vu toute leur vengeance, toutes leurs machinations contre moi. Tu as entendu leurs outrages, � �ternel! toutes leurs machinations contre moi, les l�vres de ceux qui s��l�vent contre moi, et ce qu�ils se proposent contre moi tout le jour� (v. 59-62). Si Dieu a effac� par l��uvre de Christ toutes les iniquit�s de J�rusalem, il n�oublie pas la haine des ennemis contre elle. �C�est une chose juste devant Dieu�, qu�il rende la tribulation � ceux qui ont fait subir la tribulation � son peuple (2 Thess. 1:6), et, comme le dit notre proph�te: �L��ternel, le Dieu des r�tributions, rend certainement ce qui est d�� (J�r. 51:56). Aussi le croyant, certain d�j� que l��ternel regarde des cieux (v. 50), peut lui dire maintenant une derni�re fois: �Regarde quand ils s�asseyent et quand ils se l�vent: je suis leur chanson� (v. 63). Jusqu�ici il r�p�tait en vain: �Regarde mon affliction�, �Regarde ma d�tresse�, �Regarde � qui tu as fait ainsi� (� ton peuple, aux femmes, aux enfants, aux vieillards); sans obtenir de r�ponse. Maintenant la r�ponse a �t� donn�e � Celui qui est entr� dans la mort par amour pour son peuple. Elle est devenue la part de tous ceux qui ont cru, mais cette r�ponse s��tend aussi au jugement des m�chants.

Cinqui�me division � versets 64-66

Au chapitre premier, verset 22, J�rusalem criait � Dieu: �Fais-leur comme tu m�as fait�, mais le ciel �tait sourd � sa plainte; maintenant elle sait que la r�tribution est proche: �Rends-leur une r�compense, � �ternel! selon l�ouvrage de leurs mains. Donne-leur un c�ur cuirass�; ta mal�diction soit sur eux! Poursuis-les dans ta col�re et d�truis-les de dessous les cieux de l��ternel� (v. 64-66). � Cela est juste. Aussi voyons-nous le Messie souffrant prononcer de telles paroles (Ps. 40:14, 15; Ps. 69:22-28). C�est la question de la R�tribution, si famili�re au proph�te J�r�mie et si importante dans les voies gouvernementales de Dieu, mais qui ne modifie nullement les conseils �ternels de Sa gr�ce.

Informations bibliographiques
bibliography-text="Commentaire sur Lamentations 3". "Commentaire biblique intermédiaire". https://beta.studylight.org/commentaries/fre/cbi/lamentations-3.html.