Bible Commentaries
Luc 15

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versets 1-32

La brebis perdue

(v. 1-7). � Si la gr�ce est m�pris�e par les gens religieux, les propres justes, tels que les chefs des Juifs, elle attire les p�cheurs. C�est par ce sujet que commence notre chapitre: �Et tous les publicains et les p�cheurs s�approchaient de lui pour l�entendre. Et les pharisiens et les scribes murmuraient, disant: Celui-ci re�oit des p�cheurs, et mange avec eux� (v. 1-2). Quel contraste entre ces p�cheurs, attir�s par la gr�ce que J�sus manifestait, et les hommes religieux! Les uns �taient accessibles � l�amour d�un Dieu qui, connaissant leur mis�re, s�approchait d�eux pour les sauver; les autres, sans besoins parce qu�ils ignoraient leur propre �tat devant Dieu, repoussaient la gr�ce en m�prisant le Sauveur qui l�apportait � tous; ils l�accusaient de ressembler � ceux qu�ils appelaient �des p�cheurs�. Leurs murmures donnent � J�sus l�occasion d�exposer en trois paraboles le travail de la gr�ce merveilleuse de Dieu qui trouve sa joie � recevoir le p�cheur apr�s l�avoir cherch�.

La premi�re pr�sente l�activit� de la gr�ce dans la personne de J�sus. Un berger avait cent brebis; mais il en laissa quatre-vingt-dix-neuf au d�sert pour aller en chercher une qui �tait perdue, image fid�le de l�homme perdu, sans capacit� pour revenir � Dieu; en effet, la brebis ne poss�de aucune esp�ce d�instinct qui lui permette, une fois �gar�e, de revenir elle-m�me. Au contraire, elle fuit toujours plus si elle aper�oit quelqu�un � sa recherche. Elle ne s�arr�te que sous l�effet des circonstances, lorsqu�elle ne peut aller plus loin. Ainsi tout le mouvement, toute l�activit�, viennent du berger qui tient � sa brebis; elle a du prix pour lui, il veut l�atteindre et la ramener; il fait les frais de tout pour cela et endure toute la peine que son salut exige. Nul sinon J�sus ne conna�t le prix d�une �me et l�incapacit� du p�cheur pour revenir � Dieu; c�est pourquoi il a fait tout ce qu�il fallait pour chercher l�homme perdu. Son amour est infatigable. Il cherche sa brebis �jusqu�� ce qu�il l�ait trouv�e�, est-il dit, �et l�ayant trouv�e, il la met sur ses propres �paules, bien joyeux�. Le passage ne parle que de la joie du berger; il satisfait son c�ur en cherchant sa brebis jusqu�� ce qu�il l�ait trouv�e; son amour suffit � toute la peine qu�il endure dans ses recherches; c�est par excellence �le travail d�amour� qui le caract�rise, comme il doit caract�riser tout le travail du croyant (1 Thessaloniciens 1:3). Dans sa sollicitude pour sa brebis, le berger ne lui fait pas refaire le chemin qu�elle a parcouru pour se perdre. Heureux de l�avoir recouvr�e, il la met sur ses propres �paules et la porte jusqu�� ce qu�il puisse la d�poser au bercail. Les soins du Seigneur sont assur�s au rachet�, jusqu�� ce qu�il arrive dans la maison du P�re. Le bon Berger qui a �mis sa vie pour ses brebis� (Jean 10:11) s�occupe d�elles jusqu�au bout.

Lorsqu�il a trouv� sa brebis, le berger ressent une joie si grande qu�il veut que d�autres s�y associent: �Et, �tant de retour � la maison, il appelle les amis et les voisins, leur disant: R�jouissez-vous avec moi, car j�ai trouv� ma brebis perdue� (v. 6). Certes les pharisiens et les scribes, qui murmuraient en voyant J�sus chercher ses brebis, ne prenaient aucune part � sa joie; ceux-l� seuls qui comprennent l�amour de Dieu et qui en sont les objets, peuvent y entrer, et cela encore faiblement, car rien ne saurait �galer la joie que Dieu �prouve en voyant un p�cheur sauv� du malheur �ternel. J�sus dit: �Je vous dis, qu�ainsi il y aura de la joie au ciel pour un seul p�cheur qui se repent, plus que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n�ont pas besoin de repentance� (v. 7). La joie au ciel est celle de Dieu. Il est bon de s�arr�ter � ce fait merveilleux; cela d�tourne les pens�es de soi-m�me et donne une paix profonde. Quand on est nouvellement converti, on a la tendance � s�occuper de sa joie, et partant de ses sentiments; si cette joie varie, la paix varie aussi. Mais si l�on songe que Dieu a trouv� sa joie � faire gr�ce et qu�au moment o� le p�cheur accepte le Sauveur, il y a de la joie dans le ciel, cette pens�e donne une assurance parfaite. Elle d�tourne de soi; elle �tablit l��me dans la vraie joie qui d�coule de la connaissance de l�amour de Dieu pour elle, et non de ce qui se passe en elle.

La drachme perdue

(v. 8-10). � La parabole de la femme qui cherche une drachme qu�elle a perdue pr�sente encore l�amour de Dieu envers le p�cheur perdu. Ici de nouveau, toute l�activit� vient de celui qui cherche, car une pi�ce de monnaie peut encore moins revenir de son �garement qu�une brebis. Cette femme poss�de dix drachmes, il lui en manque une; elle d�sire poss�der son tr�sor au complet; elle y tient; elle veut trouver celle qui est perdue. Pour cela, elle allume la lampe, balaie la maison, et cherche jusqu�� ce qu�elle l�ait trouv�e. Cette pi�ce inerte, inconsciente de son �tat, est aussi une image de l��tat de l�homme, mort dans ses fautes et dans ses p�ch�s, tel que Paul le pr�sente (�ph�siens 2:1). Pour trouver l�homme dans cet �tat, Dieu doit faire tout ce qui est n�cessaire par la puissance du Saint Esprit dont la femme repr�sente pr�cis�ment l�activit�. L�homme resterait � jamais dans son �tat de perdition dont il est inconscient, si le Saint Esprit n�apportait pas la lumi�re divine pour le lui montrer et ne le cherchait pas dans les balayures de ce monde o� il s�est �gar�. Quand la femme trouve sa drachme, elle �assemble les amies et les voisines, disant: R�jouissez-vous avec moi, car j�ai trouv� la drachme que j�avais perdue� (v. 9) Il s�agit toujours de la joie de celui qui cherche, celle de Dieu et celle de ceux qui sont en communion de pens�es avec lui quant au salut d�une �me. J�sus dit: �Ainsi, je vous dis, il y a de la joie devant les anges de Dieu pour un seul p�cheur qui se repent� (v. 10). Les anges ne comprennent pas la gr�ce dont Dieu use envers le p�cheur. Ils d�sirent �regarder de pr�s� dans le plan de la r�demption (1 Pierre 1:12). Ils ont vu l�homme tomber, s��loigner de Dieu, le d�shonorer, et maintenant ils sont t�moins de la joie de Dieu lorsqu�un de ces �tres �gar�s se repent, tandis que pour eux-m�mes, s�ils tombent, il n�y a pas de salut.

On peut remarquer qu�il n�est pas dit qu�il y a de la joie au ciel pour tous les p�cheurs qui seront sauv�s, ce qui est vrai, mais pour un seul qui se repent. Cela montre la grandeur de l�amour de Dieu, l�importance d�une �me � ses yeux.

Qu�il est merveilleux cet amour infatigable, qui cherche dans ce monde, avec diligence et pers�v�rance, un pauvre �tre mis�rable et m�me d�grad�, tomb� parmi ceux que l�on consid�re comme le rebut de la soci�t�, inconscient de son �tat, sans besoin de revenir � Dieu, jusqu�� ce qu�il l�ait trouv�, peut-�tre sur un lit de mort! Pour le monde, la conversion d�un homme pareil est chose insignifiante; sa mort serait une d�livrance pour la soci�t�; mais au ciel, dans la lumi�re inaccessible, dans le domaine de l�amour, il y a de la joie � son sujet. Il a reconnu son �tat; il s�est repenti; le Saint Esprit a fait briller devant lui la lumi�re et l�amour; il est sauv�. Ce mis�rable, dont la terre va �tre d�barrass�e, est propre pour le ciel; il est devenu le sujet de la joie de Dieu, car son amour a obtenu ce qu�il d�sirait. Que le ciel sera beau, alors que tous les rachet�s y seront glorifi�s! Le Seigneur jouira �du travail de son �me, et sera satisfait� (�sa�e 53:11). Dieu, est-il dit, �se r�jouira avec joie � ton sujet: il se reposera dans son amour, il s��gayera en toi avec chant de triomphe� (Sophonie 3:17).

Si nous parlons de la recherche d�un homme d�grad�, c�est afin de faire ressortir la gr�ce de Dieu mais il ne faudrait pas penser que la drachme ou la brebis perdue ne repr�sentent que ceux qui sont tomb�s au plus bas de l��chelle de l�immoralit�. Dans ces deux paraboles, de m�me que dans la suivante, il s�agit de tout homme dans son �tat naturel. Sans l��nergie divine de l�amour par la puissance du Saint Esprit, nul ne sortirait de cet �tat.

L�enfant prodigue

(v. 11-24). � Dans la parabole de l�enfant prodigue nous voyons l�activit� de l�amour du P�re envers le p�cheur qui a suivi son propre chemin, la mani�re dont Dieu, r�v�l� comme P�re, le re�oit, et sa joie � accueillir le p�cheur perdu.

Loin de la maison

�Un homme avait deux fils; et le plus jeune d�entre eux dit � son p�re: P�re, donne-moi la part du bien qui me revient. Et il leur partagea son bien. Et peu de jours apr�s, le plus jeune fils, ayant tout ramass�, s�en alla dehors en un pays �loign�; et l� il dissipa son bien en vivant dans la d�bauche� (v. 11-13). Le jeune fils repr�sente les Gentils, l�a�n� les Juifs; mais en m�me temps il est l�image de tout homme dans son �tat naturel, car ce qui le caract�rise dans cet �tat, c�est qu�il a tourn� le dos � Dieu pour jouir loin de lui, dans le pays �loign� qu�est le monde, de tous les biens que Dieu a mis � sa disposition dans la cr�ation. Tant qu�il peut en profiter, il se passe de Dieu; il ne pense pas � lui. Cependant, apr�s un temps o� le chemin de la propre volont� a paru bien pr�f�rable au r�gime de la maison paternelle, les ressources diminuent et finalement font enti�rement d�faut: �Apr�s qu�il eut tout d�pens�, une grande famine survint dans ce pays-l�; et il commen�a d��tre dans le besoin� (v. 14). Les ressources du monde pour satisfaire le c�ur naturel ne sont pas in�puisables. Tout lasse, tout rassasie et peut dispara�tre en peu de temps. L�homme avait �t� cr�� pour rester en relation avec Dieu. Quoiqu�il se soit d�tourn� de Dieu par le p�ch�, il y a dans son �me des besoins que ne satisfont pas les choses pr�sentes. Il peut jouir sans Dieu pendant le temps que s��puisent ses avantages: jeunesse, sant�, facult�s, richesses, etc., mais une fois � bout de ces ressources, la famine se fait sentir. Cependant elle ne suffit pas pour ramener l�homme � Dieu. Il commence par chercher ailleurs le secours dont il a besoin: �Et il s�en alla et se joignit � l�un des citoyens de ce pays-l�, et celui-ci l�envoya dans ses champs pour pa�tre des pourceaux. Et il d�sirait de remplir son ventre des gousses que les pourceaux mangeaient; et personne ne lui donnait rien� (v. 15-16). Tant que l�on ne revient pas � Dieu, on ne fait que rendre sa condition plus mis�rable encore et l�on constate que le monde ne donne rien. Le diable, le citoyen du pays �loign� de Dieu, peut encore nourrir des pourceaux, mais il ne donne rien � l�homme pour soulager sa mis�re morale; il le laisse dans son triste �tat. Combien c�est affreux d��tre employ� dans les champs du diable, alors qu�il n�y a plus que des gousses! Les fruits ont servi � d�autres, et les gousses au troupeau impur. Satan pousse � d�penser ce que Dieu a donn� � l�homme; il l�emploie � mal faire, et les cons�quences en sont am�res, en attendant le jugement; mais il ne donne rien. Que de multitudes ont fait cette exp�rience! Que de jeunes gens la font encore maintenant! Mais, gr�ces � Dieu, il est encore possible de revenir � Dieu comme � un P�re, � la source d�un bonheur �ternel.

Le retour

�Et �tant revenu � lui-m�me, il dit: Combien de mercenaires de mon p�re ont du pain en abondance, et moi je p�ris ici de faim! Je me l�verai et je m�en irai vers mon p�re, et je lui dirai: P�re, j�ai p�ch� contre le ciel et devant toi; je ne suis plus digne d��tre appel� ton fils; traite-moi comme l�un de tes mercenaires. Et se levant, il vint vers son p�re� (v. 18-19). Le pauvre homme aurait pu �revenir � lui-m�me� plus t�t, c�est-�-dire arriver � la conscience de son �garement et comprendre que tout son mal provenait de ce qu�il avait tourn� le dos � son p�re pour faire sa propre volont�. Il aurait ainsi repris beaucoup plus t�t le chemin de la maison et se serait �pargn� beaucoup de maux. Il n�est pas du tout n�cessaire d�aller si avant dans la voie du p�ch� et de la souffrance pour revenir � Dieu. Dieu n�invite-t-il pas, par sa Parole, � la repentance: �Reviens � l��ternel, ton Dieu, car tu es tomb� par ton iniquit�? (Os�e 14:1). Au chapitre 4 du livre d�Amos l��ternel est oblig� de dire cinq fois � son peuple: �Et vous n��tes pas revenus � moi�, malgr� tous les moyens employ�s pour le ramener. Revenu � lui-m�me, il surgit dans le c�ur de l�enfant prodigue un faible sentiment de la bont� paternelle et cela suffit pour le mettre en chemin. Il pense que son p�re sera assez bon, quoiqu�il l�ait offens� par sa conduite, pour l�accepter comme mercenaire; il comprend bien qu�il a perdu tout droit au titre de fils. Mais il ignore absolument ce qu�est l�amour d�un tel P�re, amour qui ne compte qu�avec lui-m�me, qui ne cherche que sa propre satisfaction en rendant heureux celui qui n�aurait d� conna�tre, pour l��ternit�, que l��loignement qu�il avait choisi. Il ne se rendait �galement pas compte qu�il ne m�ritait pas plus le titre de serviteur que celui de fils. Car, par sa conduite envers Dieu, l�homme a perdu droit � tout, sauf � la condamnation �ternelle; sans la gr�ce parfaite de Dieu, il n�aurait rien. Des trois choses que le prodigue se propose de dire � son p�re, les deux premi�res sont bonnes et absolument n�cessaires chez tout p�cheur qui s�approche de Dieu: la confession: �J�ai p�ch� contre le ciel et devant toi�, et le sentiment de son indignit�: �Je ne suis plus digne d��tre appel� ton fils�, sentiment qui doit remplacer la propre justice chez le p�cheur. Mais il avait encore � progresser dans la conviction de son indignit�, car il pensait avoir au moins la valeur d�un mercenaire. Toutes ses pens�es � l��gard de sa nouvelle condition chez son p�re vont tomber sous l��treinte de l�amour parfait qu�il rencontrera.

La r�ception

�Et comme il �tait encore loin, son p�re le vit et fut �mu de compassion, et, courant � lui, se jeta � son cou et le couvrit de baisers. Et le fils lui dit: P�re, j�ai p�ch� contre le ciel et devant toi; je ne suis plus digne d��tre appel� ton fils� (v. 20-21). Malgr� son repentir, et la bont� sur laquelle il comptait, le prodigue pouvait se demander, tout le long du chemin, de quelle mani�re il serait re�u; il ne connaissait pas encore �l�amour parfait qui chasse la crainte�; il ne se doutait pas que son retour r�pondait aux pens�es paternelles. L�amour avait fait sortir le p�re de la maison pour regarder au loin dans la direction du chemin pris par le fils �gar�. Celui-ci n�a donc pas � disposer son p�re en sa faveur; il le voit venir � lui, �mu de compassion, et c�est couvert de baisers, dans les bras paternels, sous l��treinte d�un amour inconnu jusqu�alors, qu�il fait sa confession: �P�re, j�ai p�ch� contre le ciel et devant toi; je ne suis plus digne d��tre appel� ton fils�. Il s�arr�te l�, sentant tr�s bien qu�il ferait injure � l�amour du p�re en lui proposant de le consid�rer comme un mercenaire. Il comprend qu�il n�a qu�� le laisser agir selon son amour qui ne peut �tre satisfait qu�en traitant, comme il l�entend, le fils repentant. �Mais le p�re dit � ses esclaves: Apportez dehors la plus belle robe, et l�en rev�tez; et mettez un anneau � sa main et des sandales � ses pieds; et amenez le veau gras et tuez-le; et mangeons et faisons bonne ch�re; car mon fils que voici �tait mort, et il est revenu � la vie; il �tait perdu, et il est retrouv� (v. 22-24). La mis�rable histoire du fils prodigue est pass�e, ensevelie dans les profondeurs de l�amour du P�re. On va lui enlever ses haillons, derni�res traces qu�il portait encore de son triste pass�. On ne le verra plus que dans la glorieuse position que lui a faite la gr�ce.

En effet, il ne peut entrer dans la maison avec ses haillons! aucune souillure ne doit p�n�trer dans cette demeure que caract�rise la saintet�, la lumi�re, aussi bien que l�amour. C�est au dehors qu�on le rev�t.

Dieu comme P�re est venu du ciel sur la terre dans la personne de J�sus, afin de rencontrer le p�cheur souill� et de le rev�tir l� de la robe de justice divine, acquise par l��uvre de la croix, o� le p�ch� a �t� expi� et la justice de Dieu satisfaite. Il faut porter cette robe de justice pour entrer au ciel, car l� elle ne sera offerte � personne. Les malheureux qui se pr�senteront au jugement devant Dieu sont vus nus, c�est-�-dire non v�tus de Christ, de la justice divine qu�ils auront refus�e sur la terre.

Le festin

Rev�tu de la plus belle robe, celle de fils, l�anneau au doigt, signe de l�alliance, les sandales aux pieds, ce qu�il faut pour la marche, le fils est introduit dans la maison. Dans une joie sans pareille, on mange le veau gras; tous se r�jouissent: �Ils se mirent � faire bonne ch�re�. Ici encore, quoique le fils prenne part � la f�te, ce n�est pas de sa joie qu�il est question, mais de celle du p�re parce qu�il a retrouv� le fils qui ��tait mort�, �tat repr�sent� par la drachme; �il �tait perdu�, comme la brebis, et il est retrouv�. Le p�re, qui seul appr�ciait la perte de son fils, se r�jouit dans son amour lorsqu�il revient � lui, tout en communiquant quelque chose de cette joie � toute sa maison: �Ils se mirent � faire bonne ch�re�.

Une sc�ne pareille encourage le p�cheur repentant � revenir � Dieu malgr� le poids de culpabilit� qui peut peser sur lui. Il n�a pas � redouter un accueil s�v�re, ni des reproches, qui seraient pourtant justifi�s. Non. Dieu le renseigne par cette parabole, �crite entre autres d�clarations des �critures, pour lui faire conna�tre les dispositions du c�ur divin envers lui, lui montrer que Dieu ne consid�re que l�amour pour recevoir le p�cheur, si celui-ci revient � lui en reconnaissant sa culpabilit� et son indignit�.

Il n�est pas superflu de rappeler que, si Dieu peut recevoir le p�cheur de cette mani�re, sans le condamner, c�est en vertu de l��uvre de Christ � la croix; c�est parce que le Sauveur a port� le jugement que m�ritait le p�cheur repentant; c�est parce que la justice et la saintet� de Dieu ont �t� maintenues et satisfaites et la question du p�ch� r�gl�e selon toutes les exigences du Dieu que nous avions offens�. L��uvre de Christ � la croix a seule rendu possible la r�v�lation de Dieu comme P�re, car si, dans sa vie ici-bas, J�sus a r�v�l� le P�re, par sa mort seulement il a pu introduire le croyant dans cette relation avec Dieu comme tel. Aussi quelle reconnaissance et quelles louanges �ternelles nous devons � l�Agneau de Dieu, immol� pour permettre � l�amour du P�re de parvenir jusqu�� nous! En attendant la gloire o� nous lui adresserons une louange parfaite, nous lui devons notre vie tout enti�re ici-bas.

Les trois paraboles de ce chapitre nous montrent donc l�activit� de la Trinit� tout enti�re: celle du Fils, comme le berger qui cherche sa brebis; celle du Saint Esprit qui fait briller la lumi�re de la Parole dans ce monde pour trouver le p�cheur mort dans ses fautes et ses p�ch�s; et l�amour du P�re, la r�ception que fait cet amour au plus coupable des p�cheurs repentants. Dans les trois cas, la joie appartient � celui qui trouve l�objet de la gr�ce.

Le fils a�n�

(v. 25-32). � Quelqu�un restait en dehors de la sc�ne merveilleuse dont l�amour du P�re seul faisait les frais: le fils a�n�, l�honn�te homme qui s�indignait, avec raison, de la conduite de son fr�re, mais sans aucune communion avec les pens�es de gr�ce et d�amour du p�re. �Or son fils a�n� �tait aux champs; et comme il revenait et qu�il approchait de la maison, il entendit la m�lodie et les danses; et, ayant appel� l�un des serviteurs, il demanda ce que c��tait. Et il lui dit: Ton fr�re est venu, et ton p�re a tu� le veau gras, parce qu�il l�a recouvr� sain et sauf. Et il se mit en col�re et ne voulait pas entrer� (v. 25-28). .

Ce fils a�n� nous pr�sente les Juifs, tout particuli�rement la classe que nous trouvons au verset 2, ceux qui murmurent en voyant J�sus recevoir les p�cheurs venus � lui pour l�entendre. Satisfaits d�eux-m�mes, de leur bonne conduite, de leurs pratiques religieuses, gens � propre justice, ils ne comprennent pas la gr�ce qui pardonne � ceux qu�ils appellent �les p�cheurs�, et encore moins la joie que Dieu �prouve � les recevoir. Toujours ils s�oppos�rent � J�sus et le ha�rent, parce qu�il �tait l�expression de la gr�ce de Dieu.

Aujourd�hui, dans la chr�tient�, le nombre est grand de leurs pareils. Depuis les �honn�tes gens� jusqu�aux plus d�prav�s, on en trouve qui pr�tendent n��tre pas assez coupables, ni assez mauvais pour avoir besoin d�un Sauveur. Une honn�te femme, apr�s avoir lu le r�cit de la conversion d�un criminel, dit: �Si c�est pour �tre avec de telles gens qu�il faut aller au ciel, il n�en vaut pas la peine�. Que ferait au ciel celui qui y entrerait sans �tre un objet de la gr�ce de Dieu? Il ne pourrait que se f�liciter lui-m�me, pendant que ceux qui sont les objets de l�amour de Dieu le loueraient et lui rendraient gr�ce.

Cependant la gr�ce appartient aussi aux gens de la classe du fils a�n�. Tous sont invit�s � entrer: �Et son p�re �tant sorti, le pria�. C�est ce que Dieu fit pour les Juifs par la pr�dication des ap�tres apr�s la mort de J�sus, comme nous le voyons dans le livre des Actes. Ils s�adressaient toujours aux Juifs premi�rement; mais ceux-ci refus�rent leur message, n�acceptant pas d��tre plac�s sur le m�me pied que les Gentils pour recevoir la m�me gr�ce qu�eux. En pr�sence de leur refus, Paul et Barnabas leur dirent: �C��tait � vous premi�rement qu�il fallait annoncer la parole de Dieu; mais puisque vous la rejetez, et que vous vous jugez vous-m�mes indignes de la vie �ternelle, voici, nous nous tournons vers les nations� (Actes 13:46).

H�las! en vain aussi le p�re pria le fils de participer au festin de son amour. Celui-ci lui r�pondit: �Voici tant d�ann�es que je te sers, et jamais je n�ai transgress� ton commandement; et tu ne m�as jamais donn� un chevreau pour faire bonne ch�re avec mes amis; mais quand celui-ci, ton fils, qui a mang� ton bien avec des prostitu�es, est venu, tu as tu� pour lui le veau gras� (v. 29-30).

Une mentalit� pareille n�accorde aucune place � la gr�ce; au contraire, le fils a�n� trouve en d�faut son p�re: il ne l�a jamais r�compens�, tandis qu�il tue le veau gras pour le prodigue. Sur le terrain de la propre justice, impossible de se comprendre. Il manquait au fr�re a�n�, comme � tous ceux qui appartiennent � cette classe, d�accepter la gr�ce et la v�rit� venues par J�sus Christ, la v�rit� pour apprendre � conna�tre son �tat dans la pr�sence de la lumi�re et de la saintet� de Dieu, et la gr�ce qui pardonne � celui qui reconna�t son �tat devant Dieu.

Si le p�re n�avait pas donn� de chevreau � son fils pour faire bonne ch�re avec ses amis, c��tait parce que, comme Juif, il jouissait de tous les biens que Dieu avait donn�s � son peuple terrestre. Il n�avait qu�� se servir; mais, sous le r�gime de la loi, on ne re�oit que ce qu�elle accorde � celui qui l�observe, et rien de plus. Le p�re lui r�pond: �Mon enfant, tu es toujours avec moi, et tout ce qui est � moi est � toi; mais il fallait faire bonne ch�re et se r�jouir; car celui-ci, ton fr�re, �tait mort, et il est revenu � la vie; il �tait perdu, et il est retrouv� (v. 31-32). Le p�re ne met pas ici en question la fid�lit� du fils a�n�; mais son c�ur d�bordait de la joie d�avoir retrouv� son fils perdu. Il agissait envers lui selon son amour; il aurait voulu que son a�n� partage cette joie, mais l��go�sme et la propre justice de ce dernier l�en emp�chait. Il se prive volontairement des joies du ciel, comme le disaient Paul et Barnabas dans le passage cit� plus haut: il se jugeait lui-m�me indigne de la vie �ternelle.

Au ciel il n�y aura que des p�cheurs pardonn�s pour c�l�brer �ternellement la gr�ce � laquelle ils doivent tout, gr�ce venue ici-bas, dans la personne de J�sus, chercher les p�cheurs, et dont les trois paraboles de notre chapitre pr�sentent si merveilleusement l�activit� et la joie. Ceux qui auront �t� trop bons ou trop justes pour accepter cette gr�ce qui les aurait fait entrer par la m�me porte que les malfaiteurs, seront, pour l��ternit�, l� o� il y a des pleurs et des grincements de dents. � qui en sera la faute?

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