Bible Commentaries
Luc 18

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versets 1-43

Exhortation � toujours prier

(v. 1-18). � Ces versets se relient � ceux qui pr�c�dent, o� nous avons vu le Fils de l�homme venant du ciel pour d�livrer les siens et juger les m�chants.

Le Seigneur avait donn� � ses disciples des enseignements relatifs � ce temps-l�; ils ne devront pas se laisser tromper par ceux qui pr�tendront les renseigner sur la venue du Christ, et tout abandonner plut�t que de perdre leur vie. Sachant par quelles d�tresses ils passeront, le Seigneur leur enseigne ici � ne pas se lasser de prier durant ces temps effroyables, en attendant la d�livrance; cet enseignement s�adresse aussi � chacun, dans quelque temps que ce soit. Pour les assurer que leurs requ�tes obtiendront leur exaucement, malgr� la dur�e de leur �preuve, J�sus met en contraste la mani�re d�agir d�un juge de la terre, un inique, avec celle du Dieu d�amour plein de sollicitude pour les siens.

�Il y avait dans une ville un certain juge qui ne craignait pas Dieu et qui ne respectait pas les hommes; et dans cette ville-l� il y avait une veuve, et elle alla vers lui, disant: Venge-moi de mon adversaire. Et il ne le voulut pas pour un temps. Mais apr�s cela, il dit en lui-m�me: Quoique je ne craigne pas Dieu et que je ne respecte pas les hommes, n�anmoins, parce que cette veuve m�ennuie, je lui ferai justice, de peur que, revenant sans cesse, elle ne me rompe la t�te� (v. 2-5). Gr�ce � sa pers�v�rance aupr�s du juge inique, la veuve obtint ce qu�elle d�sirait; � plus forte raison, ceux qui s�adressent � Dieu ne sont-ils pas certains d�obtenir une r�ponse, dans quelques circonstances qu�ils se trouvent? Aussi le Seigneur dit: ��coutez ce que dit le juge inique. Et Dieu ne ferait-il point justice � ses �lus, qui crient � lui jour et nuit, et il use de patience avant d�intervenir pour eux? Je vous dis que bient�t il leur fera justice� (v. 6-8). L�enseignement donn� ici est important � retenir dans tous les temps et dans toutes les circonstances. Dieu interviendra certainement en faveur du r�sidu pieux lorsque celui-ci traversera la grande tribulation des derniers jours. Sil ne se h�te pas de r�pondre, il a ses raisons pour user de patience. Quant au r�sidu juif, nous savons que son �preuve doit durer le temps n�cessaire pour produire dans son c�ur la repentance, le purifier et former en lui les caract�res moraux qui conviennent au royaume de Dieu, afin qu�il re�oive ensuite le Seigneur. Dieu n�interviendra pas avant que cette �uvre ne soit accomplie; il ne la veut pas � moiti� faite. Il aimerait retirer les siens du creuset; il a compassion d�eux tout le temps qu�ils y passent; mais, parfait dans toutes ses voies, il ne peut agir selon son amour aux d�pens de sa justice et de sa saintet�; il veut amener ses �lus dans un �tat qui leur permette de jouir en plein de la d�livrance et des b�n�dictions qu�il leur accordera, en les formant � son image. Vouloir obtenir � tout prix la lib�ration au moment o� nous la d�sirons, ce serait aller � fin contraire d�une pleine b�n�diction. Ainsi les fid�les qui traverseront la tribulation de ces jours-l� peuvent compter sur la d�livrance, mais au moment voulu de Dieu pour leur bien; car le �Juge de toute la terre�, comme Abraham l�appelle en Gen�se 18:25, fera justice t�t ou tard; il faut attendre son moment. Le Seigneur ajoute (v. 8): �Mais quand le Fils de l�homme viendra, trouvera-t-il de la foi sur la terre?� Malgr� les cris de d�tresse du r�sidu juif durant sa longue �preuve, sa foi ne sera pas � la hauteur de la d�livrance qu�il obtiendra. C�est ce qu�on voit dans un cas particulier, en Actes 12, lorsque l�assembl�e � J�rusalem faisait monter d�instantes pri�res en faveur de Pierre, emprisonn� par H�rode. Dieu exau�a les requ�tes des siens en envoyant un ange d�livrer Pierre. Lorsque celui-ci frappa � la porte de la maison o� plusieurs �taient r�unis, la servante qui lui ouvrit fut trait�e de folle par ceux qui priaient, lorsqu�elle leur dit que Pierre �tait l�. Dieu r�pond en d�passant de beaucoup la foi qui s�adresse � lui.

Il faut donc toujours prier et ne pas se lasser. C�est la premi�re chose � retenir des enseignements du Seigneur � ses disciples. Puis, s�il n�agit pas quand nous le voudrions, nous devons nous confier en lui, sachant qu�il a de bonnes raisons pour ne pas intervenir, parce qu�il travaille en vue de notre bonheur �ternel. Les r�sultats de son activit� seront pleinement manifest�s dans la gloire. Paul dit en 2 Corinthiens 4:17: �Car notre l�g�re tribulation d�un moment, op�re pour nous, en mesure surabondante, un poids �ternel de gloire�. Or vouloir �tre instantan�ment d�livr� de l��preuve, ce serait se priver de ses r�sultats �ternels; ce serait �changer des b�n�dictions �ternelles contre des avantages pr�sents et temporaires.

Incapables de comprendre enti�rement pourquoi Dieu permet telle �preuve, souvent si contraire en apparence � notre bien, nous ne savons m�me pas toujours lui exposer nos besoins, c�est pourquoi �l�Esprit lui-m�me interc�de par des soupirs inexprimables; � et celui qui sonde les c�urs sait quelle est la pens�e de l�Esprit, car il interc�de pour les saints, selon Dieu�. Mais nous savons une chose: �Nous savons que toutes choses travaillent ensemble pour le bien de ceux qui aiment Dieu� (Romains 8:26-28). Cependant, lorsque nous avons besoin d�un exaucement prompt, Dieu l�accorde, car il sait ce qu�il nous faut. Puis nous avons � vivre pr�s du Seigneur, � �tre enseign�s de lui pour savoir si nous devons insister aupr�s de lui pour obtenir telle ou telle r�ponse.

Les temps que nous traversons ont quelque analogie avec ceux du r�sidu juif futur. Beaucoup de pri�res s��l�vent � Dieu pour qu�il mette un terme � tant de calamit�s. Nous pouvons dire aussi qu�il use de patience avant d�intervenir. Pendant ce temps, il accomplit son �uvre dans le monde et chez les siens; il compl�te et pr�pare son �glise en vue de la retirer. La d�livrance finale n�aura pas lieu, comme pour le r�sidu juif, par l�ex�cution de ses jugements sur les m�chants, mais le Seigneur viendra retirer son �glise de devant ces jugements, qui atteindront ensuite ceux qui seront laiss�s. En attendant, prions sans tr�ve ni repos et avec l�intelligence que Dieu nous donne des temps actuels, en nous remettant � sa toute-science et � sa toute-sagesse; car il ne se trompe jamais et m�ne tout � bonne fin pour les siens (voir Psaumes 57:2, 3).

Le pharisien et le publicain

(v. 9-14). � Dans ces versets, le Seigneur montre combien l�orgueil et la confiance en soi s�opposent � l�esprit de gr�ce qui fait le grand sujet de ses enseignements. Dans cette parabole, nous voyons deux hommes qui priaient dans le temple, mais de mani�re fort diff�rente, l�un pharisien, l�autre publicain. L�orgueilleux pharisien pr�sentait � Dieu toute sa propre justice. Se vantant de ce qu�il �tait, de ce qu�il faisait, il rendait gr�ce de ce qu�il ne ressemblait pas aux autres hommes, ni au publicain. Jamais un rayon de la lumi�re divine n�avait �clair� sa conscience; toute sa pri�re �tait en abomination � Dieu qui conna�t le c�ur de l�homme, et ne hait rien tant que l�orgueil, parce qu�il �l�ve la cr�ature d�chue � la hauteur de Dieu, quand il ne la place pas au-dessus. L�Esprit de Dieu ne condamne aucun p�ch� en termes plus forts que celui-l�. La Parole le mentionne presque toujours en premier lieu, parmi ceux que menacent les jugements. �Je hais l�orgueil et la hauteur, et la voie d�iniquit�, et la bouche perverse� (Proverbes 8:13). �L�orgueil va devant la ruine, et l�esprit hautain devant la chute� (Proverbes 16:18). �L��ternel d�molit la maison des orgueilleux� (Proverbes 15:25). �Car il y a un jour de l��ternel� contre tout ce qui s�exalte et s��l�ve, et contre tout ce qui est haut, et ils seront abaiss�s� (�sa�e 2:12, et voir jusqu�au v. 17). �Les yeux hautains de l�homme seront abaiss�s, et la hauteur des hommes sera humili�e, et l��ternel seul sera haut �lev� en ce jour-l� (�sa�e 2:11). Du roi Nebucadnetsar il est dit: �Mais quand son c�ur s��leva et que son esprit s�endurcit jusqu�� l�orgueil, il fut pr�cipit� du tr�ne de son royaume, et sa dignit� lui fut �t�e� (Daniel 5:20). �Dieu r�siste aux orgueilleux, mais il donne la gr�ce aux humbles� (Jacques 4:6 et 1 Pierre 5:5; voir Proverbes 3:34). On pourrait multiplier ces citations, mais nous remarquerons encore que le dernier chapitre de l�Ancien Testament d�bute par ces mots: �Car voici, le jour vient, br�lant comme un four; et tous les orgueilleux, et tous ceux qui pratiquent la m�chancet� seront du chaume, et le jour qui vient les br�lera, dit l��ternel des arm�es, de mani�re � ne leur laisser ni racine, ni branche� (Malachie 4:1).

Le publicain �se tenant loin, ne voulait m�me pas lever les yeux vers le ciel, mais se frappait la poitrine, disant: � Dieu, sois apais� envers moi, p�cheur� (v. 13). Cet homme sentait l�effet de la lumi�re de Dieu qui avait �clair� sa conscience au sujet de son �tat de p�ch�; il n�osait pas m�me �lever ses yeux vers la demeure du Dieu qu�il avait offens�. Il ne connaissait pas encore la gr�ce; mais il esp�rait en la mis�ricorde de Dieu: �Sois apais� envers moi, p�cheur!� Quel contraste entre ces deux hommes! Combien ce dernier �tait agr�able � Dieu dans son humilit� et sa contrition! �Les sacrifices de Dieu sont un esprit bris�. � Dieu! tu ne m�priseras pas un c�ur bris� et humili� (Psaumes 51:19). C��tait l�esprit sans fraude, confessant son p�ch�, dont il est dit: �Bienheureux l�homme � qui l��ternel ne compte pas l�iniquit�, et dans l�esprit duquel il n�y a pas de fraude!� (Psaumes 32:2). En Job 33, o� nous voyons les divers moyens que Dieu emploie pour amener le p�cheur � ce point-l�, il est dit: �Il cache l�orgueil � l�homme� (v. 17); il lui montre ce qu�est �la droiture� (v. 23), le jugement de soi-m�me, afin de pouvoir dire: �D�livre-le pour qu�il ne descende pas dans la fosse: j�ai trouv� une propitiation� (v. 24). Aussi est-il dit du publicain: �Je vous dis que celui-ci descendit en sa maison justifi� plut�t que l�autre; car quiconque s��l�ve, sera abaiss�; et celui qui s�abaisse sera �lev� (v. 14). Quiconque prend sa place devant Dieu comme p�cheur perdu, Dieu lui-m�me l��l�ve � la position qu�il donne au �p�cheur qui se repent�, tandis que celui qui se compla�t dans sa propre justice et s�admire en se comparant aux p�cheurs, au lieu de se placer devant Dieu, sera abaiss� sous le jugement, loin de sa pr�sence. C�est aussi un principe g�n�ral qui caract�rise le gouvernement de Dieu dans ce monde. Dieu r�siste aux orgueilleux et il donne la gr�ce aux humbles. Lorsque le Pharaon dit: �Qui est l��ternel pour que j��coute sa voix?� (Exode 5:2), il prit le chemin des gouffres de la mer Rouge. Quand Nebucadnetsar se fut attribu� la gloire de son royaume, il devint comme une b�te, mangeant l�herbe des champs. Les deux hommes1 qui arriveront � l�apog�e de l�orgueil, l�un ayant pris la place m�me de Dieu dans son temple, et l�autre s��tant pr�sent� comme le Christ, seront jet�s vivants dans l��tang de feu embras� par le soufre (Apoc. 19:20). Mais celui qui, apr�s s��tre an�anti comme Dieu, s�est abaiss� lui-m�me jusqu�� la mort de la croix, a �t� haut �lev� par Dieu qui �lui a donn� un nom au-dessus de tout nom, afin qu�au nom de J�sus se ploie tout genou des �tres c�lestes, terrestres, et infernaux� (Philippiens 2:7-11). Les deux chemins aboutissant � ces deux buts si diam�tralement oppos�s, coexistent dans ce monde encore aujourd�hui. Sur lequel nous trouvons-nous? Le terme est pr�s d��tre atteint; il importe de s�en rendre compte!

1 Le chef de l�empire romain futur et l�Antichrist.

Cette parole nous enseigne aussi que le moyen d��tre justifi� par Dieu, c�est de confesser ses p�ch�s devant lui en reconnaissant le jugement m�rit�. De m�me nous y voyons l�esprit caract�ristique de ceux qui veulent entrer dans le royaume, l�humilit�, et comment on d�bute dans la voie qui y conduit, voie nouvelle pour le Juif, non en se croyant meilleur que le reste des hommes, mais en prenant sa place comme p�cheur devant le Dieu �qui justifie l�impie� (Romains 4:5).

�Laissez venir � moi les petits enfants�

(v. 15-17). � On amenait de petits enfants � J�sus afin qu�il les touch�t; mais ses disciples reprenaient ceux qui le faisaient. �J�sus, les ayant appel�s, dit: Laissez venir � moi les petits enfants, et ne les en emp�chez pas; car � de tels est le royaume de Dieu. En v�rit�, je vous dis: Quiconque ne recevra pas le royaume de Dieu comme un petit enfant, n�y entrera point� (v. 16-17). Le Seigneur veut que les disciples comprennent � quelle condition on peut entrer dans le royaume de Dieu. S�il s�agit de la question du p�ch�, comme dans le cas du publicain, il faut �tre humble pour reconna�tre sa culpabilit� et son indignit�, et s�en remettre � Dieu, puis prendre l�attitude d�un petit enfant sans aucune pr�tention quant � soi-m�me, et accepter en toute simplicit� ce que Dieu dit.

Le Seigneur aimait � pr�senter les enfants comme exemple de ce que tous doivent �tre pour entrer dans le royaume de Dieu. Au milieu de ce monde corrompu, constamment en contact avec des hommes m�chants dont il connaissait toutes les pens�es � son �gard, lors m�me qu�ils pouvaient n�en �mettre aucune, sinon des paroles d�hypocrisie, J�sus voyait les petits enfants, ces �tres les moins �loign�s de l��tat dans lequel il avait cr�� l�homme, perdus eux-m�mes � cause de leur descendance, mais qui ne repoussaient pas le Sauveur venu ici-bas parce qu�ils �taient perdus. Le mal n�avait pas pris assez de d�veloppement chez eux pour s�opposer � Dieu, venu � eux dans la personne de Christ; sa gr�ce les attirait sans difficult� de leur part, comme elle attirait tous ceux qui avaient conscience de leur �tat de p�ch�. Le Seigneur lui-m�me �tait assez humble, d�bonnaire, plein de bont�, pour qu�on e�t la libert� de lui amener ces petits afin qu�il les touch�t. Sans s�en douter, on lui accordait une jouissance qu�il n��prouvait � aucun degr� dans ses rapports avec l�homme pr�tentieux; chez celui-ci il fallait d�molir une propre justice d�plorable, pour le conduire au point o� nous avons vu le publicain et le rendre semblable � un petit enfant.

Les disciples ne comprenaient pas encore que, dans son �tat naturel, l�homme, quel qu�il f�t, n�avait aucune valeur aux yeux de Dieu. Il y avait encore en lui, pensaient-ils, des choses que le Seigneur prendrait en consid�ration pour l�agr�er, tandis qu�on occupait inutilement J�sus avec ces petits �tres qui ne s��taient encore acquis aucune valeur, au milieu des hommes. Et pourtant, de ceux-l�, Dieu tirait sa louange (voir Psaumes 8:3), chose capitale � comprendre de nos jours o� l�on cherche, plus que jamais, � donner de l�importance � l�homme par l��panouissement des facult�s dont Dieu l�a dou�. Tant qu�un homme n�aura acquis de valeur que par l�essor de son intelligence, il n�entrera jamais dans le royaume de Dieu; il devra prendre la place d�un petit enfant et reconna�tre, comme le publicain, son indignit� absolue.

Le d�veloppement des facult�s naturelles et la connaissance des sciences dans tout le domaine de la cr�ation n�est pas, en soi, une mauvaise chose; mais ce qui devient mauvais, c�est l�usage qu�on en fait si fr�quemment, relativement � Dieu et � sa Parole. On s�imagine que, parce qu�on a appris � conna�tre quelque peu, bien superficiellement encore, les merveilles de tous genres que Dieu a plac�es dans la nature, on peut s�affranchir de ce que Dieu nous dit par sa Parole; qu�on a le droit d�utiliser les lumi�res tir�es de cette cr�ation pour juger le Cr�ateur et la r�v�lation de ses pens�es �ternelles au sujet de l�homme p�cheur; de rejeter par cons�quent le salut qu�il leur offre. C�est absolument comme si l�on voulait se servir d�une bougie pour �tudier le soleil. Heureusement, parmi les vrais savants, il y en a toujours eu qui ont pris la place de petits enfants devant Dieu et qui ont pu jouir des merveilles de la r�v�lation de Dieu, non � la faveur de leur science, mais � la lumi�re du Saint Esprit par lequel ils ont �t� scell�s comme enfants de Dieu apr�s avoir cru.

Dieu veuille que tous ceux qui ont des pr�tentions fond�es sur la sagesse humaine pour raisonner sur les choses de Dieu, comprennent que, si elles ont quelque valeur pour la vie pr�sente, elles n�en ont aucune pour entrer dans le royaume de Dieu. Qu�ils acceptent donc de prendre la place d�un petit enfant, en se souvenant des paroles de J�sus: �En v�rit�, je vous dis: Quiconque ne recevra pas le royaume de Dieu comme un petit enfant, n�y entrera point�.

Un homme extr�mement riche

(v. 18-30). � Les p�ch�s grossiers et les pr�tentions humaines ne sont pas seuls � priver l�homme du salut que le Seigneur lui offre et � l�emp�cher de le suivre ici-bas. Le r�cit suivant nous fait voir que les biens de la terre, poss�d�s par un homme d�une conduite irr�prochable, constituent un grand obstacle au salut.

Un chef du peuple interrogea J�sus en lui disant: �Bon ma�tre, que faut-il que j�aie fait pour h�riter de la vie �ternelle?� Le Seigneur r�pond en redressant tout d�abord une pens�e erron�e qu�avait ce chef du peuple � l��gard de l�homme et � l��gard de J�sus, en s�adressant � lui comme � un bon ma�tre. J�sus �tait v�ritablement bon; mais il voyait que, dans la pens�e de son interlocuteur, rien ne distinguait le Seigneur d�un autre homme, sauf sa bont�. Par cons�quent lui, bon aussi, pouvait recevoir de sa part des enseignements utiles quant � la vie �ternelle qu�il pensait acqu�rir par ses propres moyens. C�est pourquoi J�sus lui dit: �Pourquoi m�appelles-tu bon? Nul n�est bon, sinon un seul, Dieu� (v. 19). Si J�sus n��tait pas Dieu, s�il n��tait qu�un homme, il ne valait pas mieux qu�un autre quant � sa nature. Ce chef ne voyait donc pas Dieu en lui.

J�sus r�pond ensuite � la question relative � la vie �ternelle. Il place son interlocuteur devant la loi: �Tu sais les commandements�, lui dit-il (v. 20-21). �J�ai gard� toutes ces choses d�s ma jeunesse�, r�pond le chef du peuple, c�est-�-dire qu�il n�avait ni commis adult�re, ni tu�, ni vol�; il n�avait pas dit de faux t�moignages; il avait honor� ses parents. Cependant il ne poss�dait pas la vie �ternelle; il le reconnaissait. Puisque l�observation de la loi, telle que J�sus l�a pr�sent�e au verset 20, ne la lui assurait, pas, cet homme se trouvait devant celui qui l�apportait, lui, �le chemin, et la v�rit�, et la vie�, la loi n�ayant donn� � l�homme que la mal�diction. Il s�agissait simplement de l�accepter et de le suivre. J�sus lui r�pondit: �Une chose te manque encore: vends tout ce que tu as, et distribue-le aux pauvres, et tu auras un tr�sor dans les cieux; et viens, suis-moi. Et lui, ayant entendu ces choses, devint fort triste; car il �tait extr�mement riche� (v. 22-23). Tout abandonner et suivre J�sus, c��tait tout autre chose que ce qu�il avait cru. Il ne se faisait aucune id�e de son �tat de perdition, ni, par cons�quent, des ressources de la gr�ce de Dieu pour l�homme dans un tel �tat. Il ne pensait qu�� la terre; il voulait jouir de ses biens et de la vie ici-bas, vie qu�Adam a perdue par le p�ch�; il ne pensait pas que cette terre doit dispara�tre un jour, et, avec elle, tout ce qu�il poss�dait. Le Seigneur lui offrait le moyen d�acqu�rir des richesses meilleures et permanentes, dans le ciel, en le suivant; seul il pouvait le tirer d�un �tat de choses jug� et le conduire au bonheur �ternel. Sa grande fortune l�emp�chait de voir au-del�. J�sus n�offrait aucun attrait pour son c�ur; il pr�f�rait ses richesses � J�sus et � la vie �ternelle; il s�en alla tout triste, avec un certain regret, semble-t-il.

Voyant cela, J�sus dit: �Combien difficilement ceux qui ont des biens entreront-ils dans le royaume de Dieu! Car il est plus facile qu�un chameau entre par un trou d�aiguille, qu�un riche n�entre dans le royaume de Dieu. Et ceux qui entendirent cela, dirent: Et qui peut �tre sauv�? Et il dit: Les choses qui sont impossibles aux hommes, sont possibles � Dieu� (v. 24-27) Les biens attachent � la terre; le c�ur humain, fait pour jouir de ces choses, y tient par-dessus tout, sans penser que le p�ch�, entr� dans ce monde, a compl�tement chang� l��tat de l�homme devant Dieu et a rendu p�rissable tout ce qui se rattache � la premi�re cr�ation. C�est pourquoi Dieu, intervenu en faveur du p�cheur, lui pr�sente J�sus, seul moyen de communiquer la vie �ternelle et les biens qui appartiennent � un monde nouveau. D�s lors, il s�agit de le recevoir et de le suivre, en abandonnant tout ce qui fait partie d�un monde perdu. Ceux qui ne poss�dent rien ici-bas peuvent accepter J�sus plus facilement et le suivre; cependant personne ne re�oit J�sus pour sa part pr�sente et �ternelle, si Dieu n�agit en lui pour cela. C�est pourquoi il est possible que les riches comme les pauvres soient sauv�s, parce que Dieu le peut; voil� pourquoi il a envoy� son propre Fils.

Ceux qui entendirent parler de la difficult� qu�il y a pour un riche d�entrer dans le royaume de Dieu, furent �tonn�s, parce qu�ils nourrissaient toujours les pens�es juives � l��gard des biens de la terre. Ils consid�raient ceux qui les poss�daient comme favoris�s de Dieu et par cons�quent plus s�rs d�entrer dans le royaume que ceux qui en �taient priv�s. C�est pourquoi ils disent: �Et qui peut �tre sauv�?� Qui le sera si ceux-l� ne le sont pas? En effet, si Dieu ne sauvait pas, personne n�obtiendrait le salut. Gr�ces lui soient rendues! Il le peut et il le veut.

Pierre fait remarquer � J�sus que les disciples avaient tout quitt� pour le suivre. J�sus lui r�pond: �En v�rit�, je vous dis, qu�il n�y a personne qui ait quitt� maison, ou parents, ou fr�res, ou femme, ou enfants, pour l�amour du royaume de Dieu, qui ne re�oive beaucoup plus en ce temps-ci, et, dans le si�cle qui vient, la vie �ternelle� (v. 28-30). La foi seule peut faire abandonner tout ce qui est actuel pour suivre J�sus; ce n�est pas une affaire de calcul. Si l�on vient � lui, si l�on quitte tout pour lui, on trouve qu�il n�y a aucune perte, m�me pour le pr�sent. Dieu tient compte de ce que fait la foi qui seule doit engager dans son chemin; on obtiendra ensuite tout ce que Dieu y a pr�par� en avan�ant vers le ciel o� l�on trouvera la vie �ternelle en gloire.

J�sus annonce ses souffrances et sa mort

(v. 31-34). � Depuis le verset 51 du chapitre 9, nous voyons J�sus en chemin pour J�rusalem. Il en est maintenant bien pr�s; il arrive dans le voisinage de J�richo. Sur la route il prend � part les douze et leur dit: �Voici, nous montons � J�rusalem, et toutes les choses qui sont �crites par les proph�tes touchant le Fils de l�homme seront accomplies: car il sera livr� aux nations; on se moquera de lui, et on l�injuriera, et on crachera contre lui; et, apr�s qu�ils l�auront fouett�, ils le mettront � mort; et le troisi�me jour il ressuscitera� (v. 31-33).

J�sus avait longuement parl� aux disciples du r�gime de la gr�ce et de ce qu�il fallait pour entrer dans le royaume de Dieu. Mais tous ces enseignements auraient �t� inutiles sans sa mort. Sans elle, le temps de la gr�ce ne saurait �tre introduit; aucun p�cheur ne serait justifi�; ni pauvre ni riche n�entrerait dans le royaume de Dieu, pas m�me les petits enfants; par cons�quent rien de ce que les proph�tes avaient pr�dit ne s�accomplirait. Il fallait la mort de Christ pour mettre fin judiciairement � l�homme en Adam, � toute son histoire, et � toutes les cons�quences du p�ch�. L� aussi la haine de l�homme contre Dieu s�est manifest�e � son plus haut degr�, pour se rencontrer avec l�amour de Dieu dans la pl�nitude de son expression, tout cela en un Christ souffrant de la part de Dieu et des hommes. En entendant J�sus parler de ses souffrances, les pauvres disciples ne comprirent rien. Leurs pens�es se rattachaient toujours � un Christ vivant sur la terre et � l�apparition imm�diate de son royaume. Cependant, si leurs pens�es juives � l��gard du Messie les emp�chaient de comprendre, ils auraient d� croire ce que J�sus leur disait. Notre manque d�intelligence n�est souvent que la cons�quence de l�incr�dulit�. Au chap. 24 (v. 25-26), J�sus leur reproche leur incr�dulit�: �� gens sans intelligence et lents de c�ur � croire toutes les choses que les proph�tes ont dites! Ne fallait-il pas que le Christ souffr�t ces choses, et qu�il entr�t dans sa gloire?� Malgr� tout, les disciples auraient aussi d� comprendre, puisque leurs proph�tes avaient annonc� les souffrances de Christ, ces choses qui allaient �tre accomplies et dont J�sus les entretenait. Apr�s avoir re�u le Saint Esprit, ils saisirent toutes les proph�ties. C�est merveilleux de voir, dans le livre des Actes, avec quelle facilit� les ap�tres trouvaient, dans l�Ancien Testament, les passages concernant J�sus, son �uvre et ses r�sultats glorieux.

L�aveugle de J�richo

(v. 35-43). � Comme J�sus arrivait dans le voisinage de J�richo, un aveugle �tait assis sur le bord du chemin et mendiait. Triste tableau de l��tat dans lequel �tait tomb� Isra�l et l�Isra�lite: un descendant d�Abraham, aveugle, mendiait dans le pays jadis ruisselant de lait et de miel, lorsque l��ternel le donna � son peuple. Mais il y avait au milieu de ce peuple tomb� par sa d�sob�issance, infiniment mieux que toute la fertilit� de Canaan et son abondance pass�e: c��tait J�sus le Nazar�en, que la foi discernait comme Fils de David, venu pour accomplir les promesses faites aux p�res. En lui se trouvaient les ressources pour tirer le peuple de sa mis�re. L�aveugle, en entendant passer la foule, demanda ce que c��tait; on lui r�pondit que J�sus le Nazar�en passait. Alors il s��cria: �J�sus, Fils de David, aie piti� de moi!� Mais la foule le reprit pour le faire taire. Cette foule, figure du monde, professant les formes d�une religion, sans aucun besoin, ne peut comprendre celui qui crie � J�sus; elle ne peut aujourd�hui, comme alors, qu�entraver ceux qui cherchent le Seigneur. Conscient de son �tat, l�aveugle cria d�autant plus fort: �Fils de David! aie piti� de moi�. J�sus s�arr�ta, ordonna qu�on le lui amen�t et lui dit: �Que veux-tu que je te fasse? Et il dit: Seigneur, que je recouvre la vue. Et J�sus lui dit: Recouvre la vue, ta foi t�a gu�ri. Et � l�instant il recouvra la vue et le suivit, glorifiant Dieu� (v. 40-43). Quoique le peuple, dans son aveuglement inconcevable, rejet�t J�sus, la foi individuelle le recevait. L�aveugle devint clairvoyant. C��tait le dernier moment pour profiter de la pr�sence du Fils de David; J�sus allait � J�rusalem pour y mourir. Toute la puissance de la gr�ce est � la disposition de la foi pour gu�rir et pour sauver. J�sus ne dit pas: �Je te gu�ris�, mais il dit: �Ta foi t�a gu�ri�, parole qu�il a prononc�e en maint autre cas. L�aveuglement moral tombe d�s que la foi entre en activit�, alors, comme de nos jours, o� nous sommes arriv�s aux extr�mes limites de la patience de Dieu. La porte de la gr�ce se fermera et Dieu s�occupera de nouveau de son peuple terrestre. C�est pourquoi ceux qui n�ont pas encore profit� de ce temps o� dure la patience de Dieu, crient � J�sus comme l�aveugle de J�richo, sans se pr�occuper du monde qui ne sait que d�tourner du Sauveur ceux qui ont besoin de lui.

Tout nous fait voir que le temps de la gr�ce va prendre fin. Tandis qu�on remanie les nationalit�s, la question du r�tablissement des Juifs dans leur pays est � l�ordre du jour. Nul ne peut nier que la main de Dieu n�agisse providentiellement derri�re la sc�ne dans ce but, car quel int�r�t les peuples peuvent-ils avoir � favoriser le retour des Juifs en Palestine?

En un clin d��il l��glise sera enlev�e, et alors, pour ceux qui resteront, il n�y aura plus moyen de sortir de l��tat terrible dans lequel se trouveront les hommes. Aucune issue pour fuir les jugements! On aura beau faire appel aux montagnes et aux coteaux pour se cacher de devant la col�re de l�Agneau; pas un rocher ne bougera; ils assisteront impassibles aux jugements de ceux qui n�ont rien voulu du Sauveur lorsqu�il leur fut pr�sent�.

Comme nous l�avons vu dans notre �tude des deux premiers �vangiles, la gu�rison de l�aveugle de J�richo termine le service public du Seigneur. L�aveugle faisant appel � J�sus comme Fils de David nous montre que, malgr� son rejet qui lui fait prendre le titre du Fils de l�homme, ceux qui individuellement le reconnaissaient comme Fils de David �taient au b�n�fice de sa venue. En suivant J�sus ils se trouv�rent � l�abri des jugements qui atteignirent le peuple et firent partie de l��glise qui, pour un temps qui va prendre fin, a remplac� Isra�l comme t�moignage de Dieu sur la terre.

Informations bibliographiques
bibliography-text="Commentaire sur Luke 18". "Commentaire biblique intermédiaire". https://beta.studylight.org/commentaries/fre/cbi/luke-18.html.