Bible Commentaries
Luc 8

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versets 1-56

J�sus et les siens

(v. 1-3). � Les faits rapport�s dans ces trois versets ne se trouvent que dans l��vangile selon Luc. Nous y voyons J�sus pr�cher et annoncer le royaume de Dieu dans les villes et les villages de la Galil�e, entour� de ses disciples. Fils de l�homme, il r�alisait une d�pendance compl�te vis-�-vis de Dieu dans une humilit� qui touche le c�ur. Il d�pendait de Dieu, non seulement pour accomplir son service, mais pour ses besoins de chaque jour, jusque dans les moindres d�tails. Plusieurs femmes qui, par sa gr�ce, avaient �t� gu�ries et d�livr�es, le suivaient et l�assistaient de leurs biens: Marie Magdeleine, de laquelle �taient sortis sept d�mons � celle que l�on retrouve au tombeau de J�sus en Jean 20, � Jeanne, femme de Chuzas, intendant d�H�rode, une autre femme nomm�e Suzanne, et plusieurs autres. Ces femmes pieuses �prouvaient du bonheur � manifester leur reconnaissance envers J�sus, en le suivant pour �couter ses enseignements, sans doute, et pour le servir. Combien l�abaissement de J�sus met en relief la gr�ce qui l�a fait descendre dans ce monde, lui, Dieu, le Cr�ateur, celui qui soutient toutes choses par la parole de sa puissance, le Roi des rois et le Seigneur des seigneurs, devant lequel, un jour, tout genou se ploiera. Il n�avait ici-bas aucune volont�, sinon celle d�ob�ir � son P�re, dans un abaissement profond, dans une d�pendance absolue de Dieu qui employait quelques femmes pour l�assister de leurs biens, ne se servant jamais de sa puissance divine en sa faveur, mais toujours pour le bien des autres: tout cela, cher lecteur, pour apporter � vous et � moi, comme � tous, la gr�ce dont nous avions besoin, sans laquelle nous p�rissions �ternellement loin de Dieu. Nous avons besoin de m�diter attentivement tous les d�tails de la vie de J�sus; ils nous parlent, de fa�on touchante, de la mani�re dont l�amour de Dieu est venu jusqu�� nous, car nous nous habituons facilement � lire les r�cits des �vangiles en consid�rant le service de J�sus comme une chose naturelle � un homme d�vou�, sans songer � la gloire de sa personne, sans penser qu�il �tait Dieu, toujours conscient de sa gloire quoique an�anti comme tel, pour prendre la forme d�esclave et venir jusqu�� nous afin de nous d�livrer de l�esclavage de Satan et nous ouvrir le ciel en portant le jugement que nous avions m�rit�.

Dans ce r�cit, nous voyons aussi comment Dieu r�pond � la confiance de ceux qui s�attendent � lui. Nous sommes exhort�s � ne pas nous mettre en souci de ce que nous mangerons ou boirons: �Votre P�re sait que vous avez besoin de ces choses�, dit J�sus (chap. 12:29-30). Lui a r�alis� cela d�une mani�re parfaite, s�en remettant � son P�re quant aux moyens par lesquels il subvenait � ses besoins. En g�n�ral, Dieu y pourvoit par le produit de notre travail; mais souvent nous pouvons en �tre priv�s, soit par la maladie, soit par d�autres circonstances. Puis il y a les pauvres dont le Seigneur dit: �Vous avez les pauvres toujours avec vous� (Jean 12:8). Tous doivent se confier en leur P�re c�leste qui est fid�le � ses promesses; mais c�est un grand privil�ge et une source de richesses �ternelles que de mettre, � l�exemple de ces femmes de Galil�e, ses biens � la disposition du Seigneur, d��tre comme sa main pour y puiser afin d�aider � ceux qui sont dans le besoin. C�est le moyen de se faire des tr�sors dans le ciel (Luc 12:33). Il faut, pour cela, que nos c�urs aient �t� touch�s par la gr�ce dont nous sommes les objets de la part du Seigneur; alors nous �prouverons le besoin de lui manifester notre reconnaissance, non seulement par des sacrifices de louanges, mais aussi par la bienfaisance en faisant part de nos biens: �car Dieu prend plaisir � de tels sacrifices� (H�breux 13:15-16). Si nous jouissons de l�amour de Dieu, sachant que tout est gr�ce envers nous, aussi bien les choses mat�rielles que les biens spirituels, nos c�urs seront toujours dispos�s � user de gr�ce envers tous et de toutes mani�res.

Parabole du Semeur

(v. 4-18). � Dans cet �vangile, la parabole du semeur est rapport�e dans les m�mes termes que dans celui de Marc, mais elle n�est pas suivie des paraboles du royaume comme en Matthieu. Dans les trois �vangiles, elle pr�sente la mani�re nouvelle dont Dieu agit dans ce monde depuis qu�a �t� d�montr�e l�incapacit� de l�homme de porter du fruit pour Dieu, d�accomplir la loi donn�e � Isra�l et de profiter de la pr�sence de J�sus, qu�il rejeta � sa venue. En pr�sence de cette incapacit�, Dieu agit et, au lieu d�attendre du fruit de sa vigne, il s�me dans les c�urs au moyen de sa Parole qui produira des effets en ceux qui la recevront, savoir les fruits d�une vie nouvelle.

Cette semence, la parole de Dieu, tombe dans quatre terrains divers, images des dispositions de ceux qui l�entendent. Une partie tombe le long du chemin; ce sont ceux qui entendent la Parole d�un c�ur distrait, rempli de pr�occupations qui durcissent la conscience comme un grand chemin. Ne pouvant p�n�trer, la semence est aussit�t enlev�e par le diable. Luc explique les motifs de Satan en disant (v. 12): �Ensuite vient le diable, et il �te de leur c�ur la parole, de peur qu�en croyant, ils ne soient sauv�s�. Satan sait que la foi �est de ce qu�on entend, et ce qu�on entend par la parole de Dieu� (Rom. 10:17). C�est pourquoi il enl�ve la parole avant qu�elle ait produit la foi par un travail de conscience. Ce �meurtrier� souhaite le malheur �ternel des hommes; il les voudrait tous dans le lieu pr�par� pour lui et ses anges; c�est pourquoi il d�ploie une grande activit� pour offrir � tous les choses qui remplissent le c�ur, le distraient et l�endurcissent; il sait occuper le temps qui passe si rapidement, afin de l�gitimer le pr�texte que l�on donne souvent que le loisir manque pour s�occuper de la Parole. Si quelqu�un ne peut faire autrement que de l�entendre, Satan veille � ce que les pens�es, les pr�occupations, les distractions reprennent rapidement leur cours, afin de neutraliser l�effet produit, et d�entra�ner sa victime insouciante dans le malheur �ternel. Satan ne d�sire pas le salut des hommes; mais Dieu �veut que tous les hommes soient sauv�s et viennent � la connaissance de la v�rit� (1 Timoth�e 2:4). Pour cela il fait proclamer sa Parole en tous lieux.

La semence tomb�e sur le roc forme la seconde cat�gorie des auditeurs de la Parole. Ils la re�oivent aussit�t avec joie; elle les a impressionn�s, mais ne les a pas atteints profond�ment; sans cela ils n�eussent pas �prouv� de joie, car lorsque la parole de Dieu commence � agir dans une �me, en vue du salut, elle d�voile la culpabilit�, la souillure du p�ch� en pr�sence de la saintet� et de la justice de Dieu, l�impossibilit� d�y satisfaire, en un mot tout ce qui peut rendre perplexe et angoiss�. Voil� le labourage qui pr�pare la bonne terre que l�on trouve dans la quatri�me cat�gorie. Si, dans ce travail, il y a de la joie � entendre la Parole, c�est que l��me ne s�est pas trouv�e dans la pr�sence de Dieu; il n�y a pas de fondement, pas de racines, et l�on est incapable de soutenir les assauts que l�ennemi livre � ceux qui lui ont �chapp�, car il suscite imm�diatement l�opposition, la pers�cution, d�s qu�il y a le moindre t�moignage rendu au Seigneur. Devant cette opposition, appel�e �tentation�, on se retire (v. 13) quand on voit que la Parole suscite de la peine au lieu de produire de la joie. Il n�y a aucun r�sultat.

Dans le troisi�me cas: la semence tomb�e dans les �pines, la Parole a p�n�tr� plus profond�ment; elle a produit quelques r�sultats, mais il manque la puissance pour surmonter les d�sirs du c�ur, les soucis, l�amour des richesses, les jouissances de la vie. Toutes ces choses �touffent la Parole; malgr� certains effets manifest�s, il n�y a pas la vie, par cons�quent point de fruit. La vie de Dieu a une �nergie qui lui est propre, que l�ap�tre Pierre appelle �la vertu� (2 Pierre 1:4-5), et qui, sous la d�pendance de Dieu, permet au croyant de surmonter les influences de la vie pr�sente, non que ces influences cessent d�exister, mais, quand la vie de Dieu est active, il n�y a pas de place pour ces pr�occupations.

La semence tomb�e dans une bonne terre repr�sente ceux qui, ayant entendu la Parole, la retiennent avec un c�ur honn�te et bon. Ce n�est pas qu�il y ait des c�urs naturellement meilleurs que d�autres; ces c�urs-l� avaient �t� rendus aptes � recevoir la Parole par une �uvre de Dieu dont il n�est pas parl� ici.

Tout auditoire auquel on annonce l��vangile peut comprendre ces quatre cat�gories de personnes. Le Seigneur d�crit leur �tat � ce moment-l�. Les personnes de la premi�re cat�gorie peuvent �tre atteintes plus tard, s�il y a du temps; celle de la seconde et de la troisi�me peuvent l��tre plus profond�ment ensuite; mais ici il est question de leur �tat � toutes � un moment donn�.

Ceux qui ont re�u la semence dans une bonne terre �portent du fruit avec patience�; Luc seul mentionne cela; Matthieu dit qu�ils portent du fruit, l�un cent, l�autre soixante, l�autre trente; en Marc, c�est: l�un trente, l�autre soixante, l�autre cent. La patience avait manqu� � la seconde et � la troisi�me classe de personnes. Elles n�avaient pas pu supporter avec patience les difficult�s que rencontre le croyant dans son chemin; sans la vie, c�est impossible. Si l�on a la vie, il faut constamment recourir � la gr�ce et � la puissance de Dieu pour pers�v�rer et porter du fruit avec patience jusqu�au bout.

Les v. 16 � 18 s�adressent � la conscience de ceux qui ont re�u la Parole. Dieu a allum� en eux la lumi�re qui doit �clairer la nuit de ce monde. � chacun de nous de veiller � ne pas cacher notre lumi�re qui doit �clairer la nuit de ce monde. � chacun de nous de veiller � ne pas cacher notre lumi�re, car nous ne r�pondrions pas au but pour lequel Dieu nous a fait �tre �lumi�re dans le Seigneur� (�ph�siens 5:8). Il vient un moment o� le jour se fera sur tout ce qui aura emp�ch� la lumi�re de briller; �car il n�y a rien de secret qui ne deviendra manifeste, ni rien de cach� qui ne se conna�tra et ne vienne en �vidence� (v. 17). Il faut donc prendre garde comment l�on entend, car Dieu ne parle pas en vain; il faut que sa Parole porte des fruits, et plus le croyant en portera, plus il recevra: car �� quiconque a, il sera donn�. Pour recevoir de la b�n�diction, il faut pratiquer ce que l�on conna�t. Mais quiconque para�t avoir quelque chose, comme les gens de la seconde et troisi�me cat�gorie, cela leur sera �t�, parce qu�ils n�ont pas la vie. C�est ce qui arrivera � la chr�tient� apr�s l�enl�vement de l��glise: ce qu�elle para�t avoir, ses formes, ses pr�tentions, lui seront �t�es, et on la verra dans son �tat v�ritable, pr�te � recevoir le jugement qui l�atteindra.

Souvenons-nous que le Seigneur dit � chacun �Prenez garde comment vous entendez�, car le jour approche o� tout sera manifest�; alors que personne ne pourra recommencer pour faire mieux.

La m�re et les fr�res de J�sus

(v. 19-21). � La m�re et les fr�res de J�sus, selon la chair, sont une figure du peuple Juif avec lequel le Seigneur ne pouvait plus avoir de relation. Dans les versets qui pr�c�dent, J�sus a montr� comment il agissait pour obtenir un peuple qui porte du fruit. Maintenant il ne reconna�t plus pour sa famille que ceux qui �coutent sa Parole et la mettent en pratique. La m�re de J�sus �tait de ce nombre et ses fr�res le devinrent aussi (voir 1 Corinthiens 9:5; Galates 1:19), de m�me que tous ceux qui croient et qui le prouvent en portant du fruit, car c�est ce que Dieu demande.

J�sus dormant pendant l�orage

(v. 22-25). � �J�sus monta dans une nacelle, et ses disciples avec lui. Et il leur dit: Passons � l�autre rive du lac. Et ils prirent le large. Et comme ils voguaient, il s�endormit; et un vent imp�tueux fondit sur le lac, et la nacelle s�emplissait, et ils �taient en p�ril�. Ceux dont le Seigneur s�est entour� dans ce monde, comme tous ceux qui ont cru en lui en recevant sa Parole, ont � rencontrer beaucoup de difficult�s en se rendant � l�autre rive, c�est-�-dire au rivage c�leste et �ternel, but de tout croyant dans ce monde. C�est ce voyage que nous avons en figure dans la travers�e orageuse o� les disciples paraissaient en p�ril. L��glise a connu des temps plus mauvais encore que ceux que nous traversons, lorsqu�elle avait affaire avec le terrible orage des pers�cutions, ce vent de l�opposition du monde que l�ennemi soul�ve contre les fid�les. Mais quelles que soient l�intensit� de la souffrance et la violence de l�orage, J�sus est avec les siens. Il avait dit aux disciples: �Passons � l�autre rive�. Cette parole aurait d� leur suffire et les assurer qu�ils ne p�riraient pas en route. Mais J�sus dormait; il ne manifestait aucune activit� en leur faveur; cependant il �tait l�. Ils auraient d� comprendre que, malgr� son inaction, sa pr�sence les garantissait enti�rement, car il ne pouvait p�rir dans les eaux que lui-m�me avait cr��es. Il manquait aux disciples la foi en lui et la connaissance de la gloire de sa personne, car, pour se confier en quelqu�un, il faut le conna�tre. Il �tait leur Messie, leur Sauveur, le Cr�ateur, Dieu lui-m�me, quoique sous la forme d�un homme, et d�un homme fatigu� au point que l�orage ne l�emp�chait pas de dormir. Dans leur angoisse, ses disciples le r�veill�rent en lui disant: �Ma�tre, ma�tre, nous p�rissons! Et lui, s��tant lev�, reprit le vent et les flots; et ils s�apais�rent, et il se fit un calme. Et il leur dit: O� est votre foi?� Pas de foi en sa parole qui leur avait dit: �Passons�; et pas de foi en sa personne qu�ils connaissaient si imparfaitement; car, saisis de crainte et dans l��tonnement, ils disent: �Qui donc est celui-ci, qui commande m�me aux vents et � l�eau, et ils lui ob�issent?�

Nous avons le privil�ge de conna�tre le Seigneur et toutes ses gloires beaucoup mieux que les disciples. Nous le connaissons comme notre Sauveur et notre Seigneur; nous savons qu�apr�s avoir accompli l��uvre de la croix, par laquelle il a expi� nos p�ch�s, vaincu la mort et vaincu l�ennemi, il est assis � la droite de Dieu, et que toute puissance lui a �t� donn�e dans les cieux et sur la terre. Nous savons aussi que ses yeux ne se retirent jamais de dessus les siens, que rien ne peut les s�parer de son amour, qu�il compatit avec eux dans toutes leurs peines, car il est homme dans le ciel, quoique glorifi�. Cependant, malgr� cette connaissance, nous manquons facilement de foi en ses paroles comme en sa personne. Si nous passons par l��preuve, nous aimerions le voir agir pour modifier nos circonstances et mettre fin � nos difficult�s. Il ne nous suffit pas de savoir que rien ne peut nous s�parer de son amour, qu�il conna�t nos circonstances, qu�il est avec nous pour les traverser, et que, s�il ne les change pas comme nous l�aimerions, il veut les employer pour nous apprendre � le conna�tre toujours mieux, avantage plus grand que celui d��viter les �preuves, car nous savons que toutes choses travaillent ensemble au bien de ceux qui aiment Dieu. Nous sommes donc infiniment plus coupables que les disciples dans la temp�te, lorsque nous manquons de foi dans nos difficult�s, car tout ce qu�est J�sus pour nous, nous a �t� pleinement manifest�, mais ne l�avait pas �t� au m�me degr�, aux disciples, avant la glorification du Seigneur.

Le d�moniaque de Gadara

(v. 26-39) � J�sus et ses disciples abord�rent dans le pays des Gadar�niens, contr�e situ�e sur la rive gauche du Jourdain, au sud du lac de G�n�sareth. Ils y rencontr�rent un d�moniaque qui �tait poss�d� depuis longtemps. Ce malheureux ne portait pas de v�tements et demeurait dans les s�pulcres1. En voyant J�sus il se jeta devant lui en s��criant: �Qu�y a-t-il entre moi et toi, J�sus, Fils du Dieu Tr�s-haut? Je te supplie, ne me tourmente pas. Car J�sus avait command� � l�esprit immonde de sortir de l�homme� (v. 28-29). Mieux que les hommes, qui ne veulent voir en J�sus qu�un de leurs semblables, les d�mons savent qu�il est le Fils de Dieu, le juge qui les condamnera aux tourments �ternels. J�sus demanda au poss�d�: �Quel est ton nom? Et il dit: L�gion2; car beaucoup de d�mons �taient entr�s en lui. Et ils le priaient pour qu�il ne leur command�t pas de s�en aller dans l�ab�me (c�est-�-dire dans les tourments). Et il y avait l� un grand troupeau de pourceaux paissant sur la montagne, et ils le priaient de leur permettre d�entrer en eux; et il le leur permit... Et le troupeau se rua du haut de la c�te dans le lac, et fut �touff�. Et ceux qui le paissaient, voyant ce qui �tait arriv�, s�enfuirent, et le racont�rent dans la ville et dans les campagnes. Et ils sortirent pour voir ce qui �tait arriv�, et vinrent vers J�sus, et trouv�rent assis, v�tu et dans son bon sens, aux pieds de J�sus, l�homme duquel les d�mons �taient sortis� (v. 30-35). Au lieu de se r�jouir et d��tre dans l�admiration, ils eurent peur, et apr�s avoir entendu le r�cit de cette merveilleuse d�livrance, toute la multitude qui �tait accourue, �pria J�sus de s�en aller de chez eux, car ils �taient saisis d�une grande frayeur�. Voyant J�sus partir, l�homme qui �tait gu�ri le supplia de lui permettre de l�accompagner, mais J�sus le renvoya en lui disant: �Retourne dans ta maison et raconte tout ce que Dieu t�a fait. Et il s�en alla, publiant par toute la ville ce que J�sus lui avait fait� (v. 39).

1 On am�nageait souvent des s�pulcres dans des cavernes artificielles, taill�es dans le roc au flanc des montagnes.

2 La l�gion romaine comptait environ 6 000 soldats, au temps o� vivait le Seigneur.

Ce r�cit illustre beaucoup de choses. Le d�moniaque repr�sente l�homme tomb� sous la puissance de Satan. La Parole dit � deux reprises qu�il �tait poss�d� �depuis longtemps� (v. 27, 29). En effet, l�homme se trouve sous le pouvoir de Satan depuis la chute d�Adam; le p�ch� a transform� cette terre, demeure de l�homme, en un vaste cimeti�re, alors que Dieu en avait fait un lieu de d�lices, comme le jardin d��den. �Le p�ch� est entr� dans le monde, et par le p�ch� la mort� (Romains 5:12). Les hommes se rendent peu compte que, semblablement au d�moniaque de Gadara, ils vivent dans le lieu de la mort, o� ils cherchent leurs plaisirs, leurs distractions, car Satan a su embellir ce cimeti�re de mani�re � d�tourner les regards des tombes qui rappellent la fin de tout ici-bas, et le jugement qui doit suivre.

Ce d�moniaque ne portait pas de v�tement pour cacher sa nudit� (Gen�se 3:7 et 20), figure de l��tat r�el de l�homme depuis la chute, aux yeux de Dieu, devant lequel �toutes choses sont nues et d�couvertes� (H�breux 4:13). L�homme peut chercher � cacher son �tat � ses propres yeux et aux yeux de ses semblables, mais pas � Dieu. On a cru, par exemple, avoir obtenu un grand changement, de grands progr�s en bien dans le monde, par la civilisation chr�tienne dans le 19� si�cle. Lorsqu�on pr�sentait le tableau que Dieu fait de l�homme en Romains 3:9-20, par exemple, tableau qui se termine par ces mots: �Leurs pieds sont rapides pour verser le sang; la destruction et la mis�re sont dans leurs voies, et ils n�ont point connu la voie de la paix; il n�y a point de crainte de Dieu devant leurs yeux�, � on refusait de reconna�tre l� son portrait, en disant que ces choses se rapportent � l�homme dans le pass� ou aux peuples non civilis�s. Si l�on voulait prouver la chose par les pr�paratifs de guerre qui se faisaient, on r�pondait que c��tait le grand moyen de maintenir la paix. Tout cela n��tait qu�un mince v�tement, bient�t d�chir� par la terrible guerre [de 1914], pour laisser appara�tre, dans toute son horreur, la v�rit� de ce que Dieu dit de l�homme dans sa Parole.

La corruption et la violence ont toujours caract�ris� l��tat de p�ch� de l�homme. On a fait, � vrai dire, des efforts tr�s louables pour lutter contre ces manifestations humiliantes de notre mauvais c�ur, efforts mentionn�s dans notre r�cit, puisqu�on avait voulu lier le poss�d� avec des cha�nes et des fers aux pieds, qui se brisaient sous la puissance du d�mon. Aucune force humaine ne peut r�sister aux efforts de l�ennemi. Malgr� tous les moyens par lesquels on cherche � r�primer les passions et les vices, ceux-ci demeurent et brisent les efforts humains. Le seul moyen d��tre d�livr� de la puissance de Satan qui agit sur la mauvaise nature de l�homme, c�est de recevoir J�sus; mais c�est pr�cis�ment ce que l�on se refuse � faire. J�sus a �t� rejet�; on ne veut pas plus de lui aujourd�hui que les Gadar�niens autrefois, et le monde demeure gouvern� par son prince qui est le diable.

Ce r�cit nous pr�sente aussi l��tat d�Isra�l. J�sus, au milieu de son peuple, d�livre un petit r�sidu, tandis que la nation tout enti�re le rejette et pr�f�re la puissance de Satan � celle de J�sus en gr�ce. Alors, semblable au troupeau de pourceaux envahi par les d�mons, elle se pr�cipite dans la mer des peuples, qui l��touffe. On ne la voit plus distincte des autres nations et privil�gi�e de Dieu. De m�me que l�homme gu�ri, ceux qui re�urent J�sus, au lieu de s�en aller avec lui lorsqu�il quitta ce monde, furent envoy�s vers les leurs et dans le monde entier pour annoncer les merveilles de la gr�ce (voir Luc 24:47 et Actes 1:8). Les disciples �vang�lis�rent le monde lorsque J�sus eut accompli l��uvre de la croix et qu�il fut mont� au ciel.

Quel livre, sinon la Bible, le livre inspir� de Dieu, pourrait donner, dans un simple r�cit, l�illustration fid�le d�une histoire qui fournirait assez de mati�re pour un volume tout entier? Quel privil�ge de poss�der un tel Livre et surtout quel bonheur de recevoir avec foi ce qu�il contient comme �tant la �parole de Dieu�!

� l�autre rive du lac

(v. 40-56). � De l�autre c�t� du lac, J�sus fut accueilli par une foule qui l�attendait. Un chef de synagogue, nomm� Ja�rus, vint � lui et se jeta � ses pieds, le suppliant de venir dans sa maison, car sa fille unique, �g�e d�environ douze ans, se mourait. J�sus se rendit aux v�ux de ce p�re afflig� et partit, accompagn� de la foule qui le serrait de tous c�t�s. Au milieu de ceux qui l�entouraient se trouvait une femme afflig�e d�une maladie � laquelle aucun m�decin n�avait pu porter rem�de, quoiqu�elle e�t d�pens� tout son bien � les consulter. La pauvre femme reconnaissait en J�sus celui qui avait le pouvoir de la gu�rir; elle s�approcha de lui par derri�re et toucha le bord de son v�tement. � l�instant m�me elle fut gu�rie. J�sus dit: �Qui est-ce qui m�a touch�? Et comme tous niaient, Pierre dit, et ceux qui �taient avec lui: Ma�tre, les foules te serrent et te pressent, et tu dis: Qui est-ce qui m�a touch�? Et J�sus dit: Quelqu�un m�a touch�, car je sais qu�il est sorti de moi de la puissance. Et la femme, voyant qu�elle n��tait pas cach�e, vint en tremblant, et, se jetant devant lui, d�clara devant tout le peuple pour quelle raison elle l�avait touch�, et comment elle avait �t� gu�rie instantan�ment. Et il lui dit: Aie bon courage, ma fille; ta foi t�a gu�rie; va-t�en en paix� (v. 45-48).

Beaucoup de personnes touchaient J�sus, mais sans se trouver au b�n�fice de la puissance qui se trouvait en lui � la disposition de chacun; seule la foi en profite. Aujourd�hui beaucoup de gens, pareils � la foule qui suivait le Sauveur, sans foi et sans conscience de ses besoins, admettent qu�il est le Sauveur des p�cheurs; ils ne le repoussent pas, mais ne sont pas sauv�s pour cela, parce que, personnellement, ils ne viennent pas � lui avec la conviction de leur �tat de p�ch� pour trouver le salut. Aussi ils ne peuvent pas rendre t�moignage devant tous comme cette femme ou l�aveugle-n� qui disait aux pharisiens: �Je sais une chose, c�est que j��tais aveugle, et que maintenant je vois� (Jean 9:25). Une froide connaissance de J�sus, par l�intelligence seulement, ne sert � rien, sinon � augmenter sa culpabilit�; il faut venir � lui avec foi et avec le d�sir ardent d�obtenir le salut, si l�on veut recevoir certainement cette r�ponse de l�amour parfait qui chasse la crainte: �Aie bon courage, ma fille; ta foi t�a gu�rie: va-t�en en paix�.

Comme J�sus parlait encore, quelqu�un vint dire � Ja�rus: �Ta fille est morte, ne tourmente pas le Ma�tre�. Mais J�sus lui dit: �Ne crains pas, crois seulement, et elle sera sauv�e� (v. 49-50). Arriv� � la maison, J�sus ne permit � personne d�entrer, sinon � Pierre, � Jacques et � Jean, et aux parents de la jeune fille. Voyant pleurer les assistants, il leur dit: �Ne pleurez pas, car elle n�est pas morte, mais elle dort�. Tous se riaient de lui; mais il les mit tous dehors, prit la jeune fille par la main et cria: �Jeune fille, l�ve-toi. Et son esprit retourna en elle, et elle se leva imm�diatement; et il commanda qu�on lui donn�t � manger. Et ses parents �taient hors d�eux; et il leur enjoignit de ne dire � personne ce qui �tait arriv� (v. 54-56).

La gu�rison de la femme et la r�surrection de la fille de Ja�rus nous offrent aussi un tableau de l��uvre de J�sus � l��gard du peuple d�Isra�l. Il �tait venu pour rappeler � la vie ce peuple qui �tait mort pour Dieu; c�est ce qui aura lieu lorsque le Seigneur s�occupera � nouveau de lui. En attendant qu�il le fasse, au moment de sa venue en gloire, tous ceux qui s�adressent � lui avec foi sont sauv�s. C�est ce qui est arriv� � cette femme, aux disciples, et � tous ceux qui croient en J�sus actuellement; car toutes les ressources de sa gr�ce restent � la disposition de la foi, en attendant qu�il tire Isra�l de la mort morale dans laquelle il se trouve depuis qu�il a rejet� J�sus, comme il r�veilla la fille de Ja�rus.

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