Bible Commentaries
Nahum 1

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versets 1-15

Chapitre 1er

Col�re de Dieu contre l�Assyrien. D�livrance de Juda. Le r�gne de paix commence.

Ce chapitre forme un tout complet et va jusqu�� la restauration finale d�Isra�l. Cette restauration est un des grands sujets de la proph�tie, comme nous l�apprend le discours de Pierre au chap. 3 des Actes. L�ap�tre annonce, en effet, que Dieu avait pr�dit par la bouche de tous les proph�tes que son Christ devait souffrir, et qu�il avait parl�, par la bouche de ses saints proph�tes de tout temps, du r�tablissement de toutes choses (Actes 3:18-21). Mais retenons, d�s le d�but, le fait que le livre de Nahum est �l�oracle touchant Ninive� (v. 1). Ce sujet est en apparence restreint, mais repr�sente, en r�alit�, le jugement des nations, devenues les instruments de Dieu pour ch�tier son peuple, mais qui, dans l�accomplissement de leurs fonctions, n�en ont tir� aucun profit pour elles-m�mes. Au lieu de se juger en exer�ant le jugement, elles ont persist� dans l�oubli de Dieu et leur haine contre lui, dans leur criminelle idol�trie, dans la m�chancet�, la violence, l�abus de la force, dans leurs d�bordements impurs. Dieu pourrait-il n�en pas tenir compte? Apr�s maint avertissement, il se d�cide enfin � donner libre cours � sa col�re.

Souvenons-nous que la chute de Ninive fut l�effondrement de tout le syst�me politique, religieux et commercial, de toute la civilisation d�alors, qui fut ensevelie sous les d�combres de la cit�, de telle sorte qu�une arm�e de dix mille hommes pouvait deux cents ans plus tard camper sur les ruines de la grande ville, sans se douter m�me que, sous cette poussi�re, un peuple immense �tait enseveli, avec ses arts, sa culture raffin�e, sa vie intellectuelle, qui d�passaient toutes celles de l�Orient et �galaient m�me celle de l��gypte.

Ce qui s�est pass� autrefois se passera de nouveau dans les temps proph�tiques, encore futurs, mais aujourd�hui si rapproch�s de nous. Une ville symbolique, non plus la Ninive assyrienne, ni la Babylone chald�enne qui subit le m�me sort, mais la grande Babylone, la chr�tient� apostate qui dominera sur les rois de la terre, viendra en m�moire devant Dieu et recevra �la coupe... de la fureur de sa col�re� (Apoc. 16:19). Elle aussi sera pr�cipit�e en une seule heure (Apoc. 18:10, 16, 19) et s�effondrera avec toute sa puissance religieuse blasph�matrice, avec son organisation civile, militaire et commerciale, de mani�re � n��tre �plus trouv�e� (Apoc. 18:21). Cette destruction sera contemporaine de celle de l�empire romain ressuscit�, derni�re forme imp�riale de la Babylone chald�enne. Nous voyons donc que la proph�tie de Nahum est loin d�avoir la port�e restreinte qu�on serait tent� de lui donner � premi�re vue.

Le jugement de Ninive donne lieu, dans les v. 2 � 5, � l�expos� des caract�res de Dieu. Il ne s�agit ici, ni de l�essence de l��tre divin qui est amour et lumi�re, ni de ce dont il jouit en Lui-m�me, car il est le Dieu souverainement �bienheureux�, et ces caract�res demeurent �ternellement vrais et ne changent jamais, mais il s�agit de la mani�re dont il se r�v�le dans son gouvernement. S�il avait jadis r�v�l� les principes de ce gouvernement au peuple qu�il avait choisi, ne les ferait-il pas aussi conna�tre aux nations, lui, le Cr�ateur et le souverain dominateur des hommes? Tous sont responsables devant Lui. Sans doute, leur responsabilit� diff�re selon le degr� de leur connaissance et les privil�ges dont ils jouissent, mais elle n�en subsiste pas moins dans son entier. Donc, touchant Ninive comme touchant Isra�l, �c�est un Dieu jaloux et vengeur que l��ternel; l��ternel est vengeur et plein de furie; l��ternel tire vengeance de ses adversaires et garde sa col�re contre ses ennemis� (v. 2).

Dieu l�avait d�clar� dans les m�mes termes � son peuple, lorsqu�il lui donna la loi en Sina�, et cela, d�s les premi�res paroles contenues dans les dix commandements: �Moi, l��ternel, ton Dieu, je suis un Dieu jaloux� (Exode 20:5). Il ne peut supporter l�idol�trie qui a l�audace de venir �riger ses faux dieux � c�t� de lui; il en est indign�; ne tirera-t-il pas vengeance de tous ceux qui la pratiquent? car les nations sont inexcusables, elles qui ont chang� �la gloire du Dieu incorruptible� r�v�l� par sa cr�ation, �en la ressemblance... d�un homme corruptible et d�oiseaux et de quadrup�des et de reptiles� (Rom. 1:20, 22). Sans doute Isra�l, auquel Dieu s��tait r�v�l� comme l��ternel, �tait mille fois plus coupable de faire les m�mes choses que les nations et de se livrer � leur idol�trie (voyez Exode 20:4), mais celles-ci devaient �prouver � leur tour les coups de la vengeance et de la fureur de Dieu, apr�s qu�il se serait servi d�elles (en Nahum, de l�Assyrien) pour r�pandre sa col�re sur son peuple coupable.

Telles sont les voies de Dieu en gouvernement envers tous les hommes. Elles ne changent pas et sont applicables � tous. L�idol�trie attire sa vengeance et nulle d�entre les nations ne pourra arguer de son ignorance quand elle se trouvera devant le jugement de Dieu.

Mais ce passage nous donne un autre caract�re de son gouvernement. Il n�est pas seulement le Dieu jaloux qui garde sa col�re contre ses ennemis: �L��ternel est lent � la col�re et grand en puissance, et il ne tiendra nullement le coupable pour innocent� (v. 3). Ici encore nous trouvons la r�v�lation du caract�re de son gouvernement envers les nations. Cette r�v�lation n�a pas l��tendue de celle qui fut faite � Isra�l, quand, apr�s le veau d�or, Mo�se eut plaid� pour le peuple et que l��ternel se fit conna�tre comme le �Dieu mis�ricordieux et faisant gr�ce, lent � la col�re, et grand en bont� et en v�rit�, gardant la bont� envers des milliers de g�n�rations, pardonnant l�iniquit�, la transgression et le p�ch�, et qui ne tient nullement le coupable pour innocent, qui visite l�iniquit� des p�res sur les fils, et sur les fils des fils, sur la troisi�me et sur la quatri�me g�n�ration� (Exode 34:6, 7). Cependant Nahum montre ici trois caract�res de ce gouvernement tr�s importants pour les nations.

1� �Il est lent � la col�re�. Quel soulagement pour une conscience convaincue de p�ch�! Le Dieu qui garde sa col�re contre ses ennemis est lent � la col�re. Jamais l�homme, quelque provocante que soit son attitude, ne r�ussit � engager Dieu � une action pr�matur�e ou � une explosion de fureur. Ninive pouvait s�en souvenir. Au premier signe de repentance, l��ternel avait suspendu son jugement. Jonas, lui, s�irritait et disait: �Je fais bien de m�irriter jusqu�� la mort�, alors que l��ternel �se repentait du mal qu�il avait parl� de leur faire, et ne le faisait pas�. Oui, il est lent � la col�re et, 2�, �grand en puissance� pour arr�ter d�un mot les jugements d�cr�t�s ou leur donner libre cours. Mais, 3�, jamais son gouvernement �ne tiendra le coupable pour innocent�. Cela reste toujours vrai, car, comme nous l�avons dit, il s�agit ici du caract�re de Dieu dans son gouvernement et de sa saintet� dans ses voies, mais non pas de l��uvre de la gr�ce qui justifie les coupables en vertu du sacrifice. La justice humaine pourrait commettre l�erreur de d�clarer innocent un coupable, Dieu jamais. Il avait dans sa grande patience retenu le cours de sa col�re envers Ninive, mais qu�avaient fait d�s lors ces rois, des Salman�ser, Tiglath-Pil�ser, Sankh�rib, si ce n�est de provoquer Dieu � la col�re par leur orgueil effr�n�, leur haine inassouvie contre l��ternel et contre son peuple, et leurs blasph�mes? En v�rit�, Dieu ne pouvait nullement tenir le coupable pour innocent. Le dernier d�entre tous, Assurbanipal, avait �t� plus m�chant, plus violent, plus abominablement cruel que tous ses pr�d�cesseurs, qu�il surpassait en faste et en puissance, et Nahum proph�tisait sous son r�gne.

Aux v. 3 � 6 nous trouvons la description des voies de ce Dieu qui gouverne selon sa saintet�, sa justice et sa puissance: �Son chemin est dans le tourbillon et dans la temp�te, et la nue est la poussi�re de ses pieds. Il tance la mer et la dess�che, et fait tarir toutes les rivi�res. Basan et le Carmel languissent, et la fleur du Liban languit. Les montagnes tremblent devant lui, et les collines se fondent; et devant sa face la terre se soul�ve, et le monde et tous ceux qui y habitent. Qui tiendra devant son indignation, et qui subsistera devant l�ardeur de sa col�re? Sa fureur est vers�e comme le feu, et devant lui les rochers sont bris�s� (v. 3-6).

Il ne s�agit plus ici de sa personne, mais des attributs par lesquels il se manifeste quand il donne libre cours � ses jugements. C�est ainsi qu�il s��tait r�v�l� jadis � �lie en Horeb. Il n��tait pas dans le grand vent imp�tueux qui d�chirait les montagnes et brisait les rochers, ni dans le tremblement de terre, ni dans le feu (1 Rois 19:11), mais ces jugements terribles devaient pr�c�der son apparition en gr�ce pour �lie. De m�me ici. Quand il s�agit de se frayer un chemin pour amener ses bien-aim�s face � face devant lui, aucun obstacle ne pr�vaut. La mer m�me et toutes ses rivi�res ne peuvent lui opposer une barri�re. La nu�e ne peut lui cacher ce but auquel il tend, il la foule sous ses pieds et elle ne peut lui d�rober la vue du terme de son chemin. Le monde contient des choses riches et prosp�res, aimables ou �lev�es, tout cela se fl�trit et dispara�t devant le d�ploiement de ses voies. Les puissances les plus fermement �tablies, les autorit�s subalternes tremblent et se fondent. Cela rappelle vivement le livre d�Amos tout entier et le chap. 1:4 du livre de Mich�e. Les royaut�s les plus antiques, � et aucune, sauf celle d��gypte, ne pouvait se vanter de sa dur�e plus que l�Assyrie, � ne peuvent subsister devant l�ardeur de sa col�re. Cinquante ans environ apr�s cette proph�tie, l�effondrement pr�dit eut lieu.

Au v. 7 nous d�couvrons un tout autre point de vue: �L��ternel est bon, un lieu fort au jour de la d�tresse, et il conna�t ceux qui se confient en lui�. Quelle diff�rence d�avec les caract�res pr�c�dents! C�est qu�il s�agit ici de ce qu�Il est pour les siens, au milieu m�me des jugements, de ce qu�Il est pour tous les croyants et particuli�rement pour le R�sidu d�Isra�l, objet de toute la proph�tie de l�Ancien Testament. Il est bon; il n�a jamais chang� de caract�re pour les siens, dans quelque calamit� qu�ils se trouvent. Quand ils sont accabl�s sous le poids des jugements, il les r�conforte en leur d�clarant ce qu�Il est, ce qu�Il a toujours �t�. Lorsque, sortis d�angoisse, ils jouiront enfin de la d�livrance, ils pourront entonner le beau cantique mill�naire: �C�l�brez l��ternel! car il est bon; car sa bont� demeure � toujours!� Tout du long des Psaumes nous entendons cette parole, cent fois r�p�t�e aux oreilles du R�sidu, pour le soutenir au milieu de ses angoisses: �L��ternel est bon!� Il en est de m�me pour nous: dans les douleurs de l�heure pr�sente, l�amour du P�re et du Fils est ce qui soutient le c�ur et l�emp�che de se laisser aller au doute et au d�couragement.

�Un lieu fort au jour de la d�tresse.� L�ennemi triomphe; les fid�les traversent le jour grand et terrible de la tribulation finale appel� la d�tresse, la �tsarah� de Jacob. Il n�y a pas un lieu de refuge dans un monde o� la fureur de Satan poursuit sans rel�che le pauvre R�sidu, mais l��ternel est dans le palais de sa saintet� (Ps. 11:4; Mich�e 1:2; Hab. 2:20); lui-m�me est le �lieu fort�: �Au mauvais jour�, est-il dit, �il me mettra � couvert dans sa loge, il me tiendra cach� dans le secret de sa tente; il m��l�vera sur un rocher� (Ps. 27:5).

�Il conna�t ceux qui se confient en lui.� Cela ne nous suffit-il pas? Cela suffisait � Christ quand les hommes l�outrageaient et disaient de lui: �Il s�est confi� en Dieu; qu�il le d�livre maintenant, s�il tient � lui� (Matt. 27:43); mais il arrivera un jour o� les hommes impies qui s��taient moqu�s des saints seront d�truits.

Au v. 8 nous voyons ce qui arrivera � Ninive et � tous les ennemis de l��ternel: �Mais, par une inondation d�bordante, il d�truira enti�rement son lieu, et les t�n�bres poursuivront ses ennemis�. Ce verset contient deux termes h�breux tr�s caract�ristiques: le terme d�border (Shataph, Sheteph) et le mot d�truire enti�rement (Kalah, Killayon) traduits en d�autres passages, consumer, consomption, consomption d�cr�t�e.

Les mots d�border, inondation d�bordante, s�appliquent invariablement � l�Assyrien historique ou proph�tique, ou au �roi du Nord� (nord de la Palestine) qui, comme nous l�avons vu si souvent dans l��tude des proph�tes, est le conducteur, probablement militaire, de la Conf�d�ration assyrienne. Mais il arrivera un moment, comme nous le voyons ici (1:8) et dans d�autres passages, o� celui qui d�borde, l�Assyrien, sera d�bord� � son tour, et o� �son lieu�, Ninive, sera d�truit1. L�inondation d�bordante sera retourn�e contre lui, par l��ternel. Le mot: d�truire enti�rement, consomption d�cr�t�e, est �une expression technique qui sert � d�signer les derniers jugements qui pr�c�dent le r�gne du. Messie�2. La consomption d�cr�t�e a lieu sur J�rusalem, par le d�solateur (l�Assyrien proph�tique), mais elle atteindra � la fin, non seulement lui et son pays (�sa�e 10:22, 23; Nah. 1:8), mais aussi toutes les nations assembl�es contre J�rusalem, et enfin �la terre�, le pays d�Isra�l et le peuple apostat qui l�habite, sur lequel dominera l�Antichrist. Seul, le R�sidu fid�le traversera cette subversion sans �tre enti�rement d�truit, sans que la consomption d�termin�e l�atteigne3.

1 Voir, par exemple, pour ce mot et son application: �sa�e 8:8; 10:22; 28:17; Dan. 9:26; 11:10, 22, 26, 40; Nah. 1:8.

2 Voir version J. N. Darby. Note � �sa�e 10:23; J�r. 4:27; Nah. 1:8.

3 Voir pour l�Assyrien: �sa�e 10:22, 23; Nah. 1:8; pour les nations: J�r. 30:11; 46:28; Nah. 1:8 (ses ennemis); pour le peuple apostat et son pays: Dan. 9:27; �sa�e 28:22; Soph. 1:18; enfin pour le R�sidu, gard� d�une enti�re destruction: J�r. 4:27; 5:10, 18; �z�ch. 11:13.

Nous citons en note tous ces passages pour faire ressortir la v�rit� suivante que l�on pourrait perdre de vue � la lecture du livre de Nahum: S�il s�agit dans ce livre de la destruction historique prochaine de Ninive, l�Esprit de Dieu va bien au-del� de ce fait; il n�agit, du reste, pas autrement pour aucune proph�tie. � propos d�un jugement prochain, il projette sa lumi�re sur les �v�nements de la fin. La chute de Ninive devient l�avant-coureur de l�effondrement futur de la puissance de l�Assyrien proph�tique, en m�me temps que celui de tous les ennemis de l��ternel qui ont eux-m�mes pris part � cette catastrophe: �Les t�n�bres poursuivront ses ennemis�. Ce ne sera pas seulement le pays de Ninive qui sera d�truit, avant la venue du Seigneur comme Messie, mais Ses ennemis, en m�me temps que ceux de Ninive, seront ensevelis dans les t�n�bres. Historiquement cela eut lieu pour Babylone et les M�des; proph�tiquement cela aura lieu pour la B�te romaine et les dix rois, ennemis de l�Assyrien. C�est pour ne s��tre pas enquis de ces choses que les rationalistes modernes nient, avec beaucoup de l�g�ret�, la port�e future d��v�nements proph�tiques qui ont eu leur accomplissement historique dans le pass�.

�Qu�imaginez-vous contre l��ternel?� (v. 9). � qui donc s�adressent ces paroles? Aux ennemis actuels de Ninive? Mais Dieu les avait suscit�s contre la capitale de l�Assyrien. Non; le proph�te voit dans l�avenir; il pr�dit que les ennemis de l�Assyrien, aussi bien que l�Assyrien lui-m�me, principalement en vue ici, trament des complots contre Christ. C�est ce que l�on voit tr�s clairement au Ps.2:1-3: �Pourquoi s�agitent les nations, et les peuples m�ditent-ils la vanit�? Les rois de la terre se l�vent, et les princes consultent ensemble contre l��ternel et contre son Oint: Rompons leurs liens, et jetons loin de nous leurs cordes!� Le passage d� Actes 4:25, 26, qui cite ce Psaume nous fournit une des preuves constantes que tel passage de la proph�tie nous est donn� comme renfermant plusieurs accomplissements divers: l�un prochain, l�autre pour les temps de la fin. Voyez aussi Actes 13:41 compar� avec Hab. 1:5.

�Il d�truira enti�rement; la d�tresse ne se l�vera pas deux fois� (v. 9). Ce passage pourrait �tre compris dans le sens que la d�tresse de Ninive n�aura pas l�occasion de se renouveler, puisqu�elle est d�finitive, mais le mot �d�tresse�, si caract�ristique pour la �grande tribulation� des derniers jours, dirige nos pens�es bien au-del� de cet �v�nement prochain et nous porte aux temps de la fin qui pr�c�deront le r�gne de Christ. La d�tresse n�atteindra pas seulement ceux qui, sous l�impulsion de Satan, l�ont provoqu�e, mais elle sera d�finitive et l�on n�en verra pas surgir une seconde. Il en a �t� ainsi de Ninive; il en sera de m�me de l�Assyrien et des nations de la fin. Mais cette parole sera vraie aussi du R�sidu fid�le. La d�tresse ne se l�vera pas deux fois pour les disciples aux derniers temps; seulement ils la traverseront comme la fournaise de Daniel, sans �tre consum�s, ou comme les eaux du jugement, sans �tre submerg�s (�s.43:2), ou comme la destruction d�cr�t�e, sans �tre enti�rement d�truits (J�r. 5:18).

�Quand m�me ils sont comme des ronces entrelac�es, et comme ivres de leur vin, ils seront d�vor�s comme du chaume sec, enti�rement� (v. 10). Ces expressions sont appliqu�es au peuple juif incr�dule dans le chap. 7:4 de Mich�e et � l�Assyrien en �sa�e 10:17. C�est de Ninive et de l�Assyrien qu�il est sp�cialement question dans notre passage, mais les nations et le peuple apostat seront atteints par le m�me jugement final. Il ne se r�p�tera pas, parce que, pareil au feu dans le chaume, il les aura tous consum�s en une fois et d�vor�s enti�rement.

�De toi est sorti celui qui imagine du mal contre l��ternel, un conseiller de B�lial� (v. 11). Cet Assur qui �tait sorti autrefois du pays de Shinhar pour b�tir Ninive (Gen. 10:10, 11), �tait sorti de Ninive, si�ge de la puissance assyrienne, pour imaginer, dans un esprit d�orgueil satanique, du mal contre l��ternel. Tous les rois d�Assyrie, de Pul � Assurbanipal, ont eu ce caract�re, et leur haine orgueilleuse contre Dieu et contre son peuple avait d�j� atteint ses derni�res limites dans la personne de Sankh�rib. C�est de la puissance assyrienne qu�il est exclusivement question dans ce passage. Au v. 9 le proph�te avait dit: �Qu�imaginez-vous contre l��ternel?� comprenant dans ce mot toutes les puissances assembl�es � la fin contre Christ. Un de ces ennemis, celui qui sort de Ninive, sujet principal de la proph�tie de Nahum, est mis en relief ici, anim� des m�mes sentiments que les autres. Il est un �conseiller de B�lial�; la fourberie est son caract�re dominant, fourberie d�j� r�v�l�e aujourd�hui chez tant de nations destin�es � jouer plus tard le r�le de l�Assyrien. Cet homme de la fin est le m�me roi fourbe qui est d�crit au chap. 8 de Daniel (v. 23-25).

Quel contraste entre lui et le vrai Roi! Celui qui doit r�gner en Isra�l et porte le sceptre de la domination universelle est sorti, non pas de l�immense Ninive, mais de Bethl�hem �phrata, petite entre les milliers de Juda, lui dont les origines sont d�s les jours d��ternit� et l�Esprit de l��ternel reposera sur lui (Mich�e 5:2; �sa�e 11:2). Celui qui sort de Ninive a couru dans le pass� et courra dans l�avenir au-devant de la destruction; celui qui est sorti de Bethl�hem verra son tr�ne �tabli � perp�tuit� (Ps. 45:7). Celui qui est sorti de Ninive sera �avili�; celui qui est sorti de Bethl�hem sera haut �lev�, aura un nom au-dessus de tout nom et verra tout genou se ployer devant lui (Phil. 2:9).

�Ainsi dit l��ternel: Qu�ils soient intacts, et ainsi nombreux, ils seront retranch�s et ne seront plus� (v. 12). Le peuple de Ninive est encore en son entier, intact et nombreux, en ces jours de Nahum o� d�j� le sort de l�Assyrie se pr�pare dans l�ombre. Babylone, fief de l�Assyrie, toujours en �bullition, ne s�est pas encore r�volt�e d�finitivement; les M�des ne sont pas encore partis en guerre pour assi�ger Ninive. Quelques ann�es se passeront encore avant la destruction de cette capitale du monde. Mais la proph�tie va plus loin: Ce n�est pas Ninive seule, ni son dernier roi, disparaissant dans l�incendie de son palais, c�est la puissance militaire tout enti�re de cette nation, qui ne sera plus. La proph�tie nous apprend qu�avec la d�faite historique de l�Assyrie, le dernier mot de son histoire n�a pas �t� dit. Cette puissance formidable entrera de nouveau en sc�ne � la fin des temps. Elle sera, comme nous l�avons vu, le fl�au qui inonde, mais ce �peuple audacieux� sera subitement an�anti (�sa�e 28:19; 30:31-33). Alors seulement cette parole sera pleinement r�alis�e: �Ils seront retranch�s et ne seront plus

�Et si je t�ai afflig�, je ne t�affligerai plus. Et maintenant je briserai son joug de dessus toi, et je romprai tes liens� (v. 12, 13).

Apr�s avoir pris � partie Ninive, les nations et le peuple juif infid�le, l��ternel se tourne maintenant, d�une mani�re tout aussi subite et inattendue vers le R�sidu afflig�. Si nous nous reportons au r�gne du roi de Juda, sous lequel Nahum proph�tisa, nous y d�couvrons, comme nous l�avons vu dans notre �tude sur Mich�e (1:1), des analogies frappantes avec le contenu de cette proph�tie. Le r�gne de Manass� se divise en deux parts. Dans la premi�re il fait pis que tous ses pr�d�cesseurs. Il r�tablit � J�rusalem l�idol�trie dans toute son horreur, jusqu�� sacrifier ses fils � Moloch; il pratique les enchantements et la magie; il remplit J�rusalem de sang innocent; il place, comble de la profanation, une idole dans le temple de Dieu. Ne reconna�t-on pas, dans ce tableau, tous les traits de l�Antichrist? C�est ainsi que les habitants de J�rusalem sont induits � faire le mal plus que les nations elles-m�mes (2 Chron. 33:1-10; 2 Rois 21).

Cet �tat de choses finit par un jugement sans merci sur le peuple apostat et son roi profane qui, charg� de cha�nes, est emmen� � Babylone par le roi d�Assyrie. Sous la pression de la d�tresse, le caract�re de Manass� change du tout au tout. Il devient � nos yeux le type du R�sidu repentant sorti du peuple r�prouv� et s�en s�parant. La d�tresse lui ouvre les yeux sur son �tat et, le jugeant sans rem�de, il a recours � Dieu et � sa gr�ce: �Quand il fut dans la d�tresse, il implora l��ternel, son Dieu, et s�humilia beaucoup devant le Dieu de ses p�res, et le pria; et Il se laissa fl�chir par lui, et �couta sa supplication, et le ramena � J�rusalem dans son royaume; et Manass� reconnut que c�est l��ternel qui est Dieu� (2 Chron. 33:12, 13). Nous avons ici, disons-nous, une image frappante du R�sidu, ramen� � Dieu par la d�tresse et retrouvant la Restauration finale par le travail de la gr�ce dans sa conscience. Les proph�tes avaient parl� � Manass� lorsqu�il avait abandonn� l��ternel pour se livrer � l�apostasie (2 Rois 21:10-15); maintenant un autre proph�te, Nahum, lui parle de la d�livrance et de la faveur de Dieu, quand il est revenu � l��ternel. Il en sera de m�me du R�sidu, que tous les proph�tes mentionnent et dont ils pr�disent la restauration. La d�tresse ne se l�vera pas deux fois pour lui. L��ternel lui parle, dans la personne de son roi, pour le consoler: �Si je t�ai afflig�, je ne t�affligerai plus!� �Consolez, consolez mon peuple�, dit Dieu, par la bouche d��sa�e. �Parlez au c�ur de J�rusalem, et criez-lui que son temps de d�tresse est accompli, que son iniquit� est acquitt�e, qu�elle a re�u de la main de l��ternel le double pour tous ses p�ch�s� (�sa�e 40:1, 2).

�Et maintenant je briserai son joug de dessus toi, et je romprai tes liens� (v. 13). C�est ce qui arriva momentan�ment � Manass�, mais seulement dans une mesure, car, de son vivant le joug de l�Assyrien continuait � peser sur lui en tant que tributaire de ce roi. Il n�en fut pas de m�me pour Juda, car il passa imm�diatement du joug de Ninive � celui, bien plus pesant, de Babylone.

Mais, remarquons-le, la proph�tie ne fait qu�entrevoir ici, dans les �v�nements prochains, ceux, bien autrement d�cisifs, de l�avenir.

�Et l��ternel a command� � ton �gard: On ne s�mera plus de semence de ton nom. De la maison de ton dieu je retrancherai l�image taill�e et l�image de fonte, je pr�parerai ton s�pulcre, car tu es vil� (v. 14).

Ici l��ternel se tourne vers l�Assyrien tout aussi inopin�ment qu�il venait de se tourner vers son peuple. Ce passage est en contraste absolu avec la d�livrance annonc�e � Juda. L�Assyrien sera d�truit, sa post�rit� an�antie, ses idoles renvers�es, son s�pulcre pr�par�. Tout cela eut lieu, sans doute, � la chute de Ninive, mais le proph�te �sa�e nous apprend qu�aux temps de la fin, lors de la Restauration d�Isra�l, Topheth (cf. 2 Rois 23:10), pr�par� depuis longtemps pour l�Assyrien, sera embras� pour le consumer d�finitivement et que ce m�me b�cher est pr�par� aussi pour �le Roi� (terme dont la parole proph�tique se sert pour d�signer l�Antichrist; voyez �sa�e 57:9; Dan. 11:36), ainsi que pour le peuple incr�dule (J�r. 7:31-34). La destruction des deux puissances ennemies de la fin aura lieu dans le m�me temps. L�Antichrist, l�homme de p�ch�, le faux Messie, n�a pas encore paru, bien que son esprit soit partout � l��uvre aujourd�hui, et ce personnage ne sera r�v�l� que lorsque l��glise, l��pouse de Christ, aura �t� enlev�e de la sc�ne. Il en sera de m�me de l�empire romain ressuscit� avec ses dix rois, et dont l�Antichrist sera l�alli�; il en sera de m�me encore de l�Assyrien qui, r�apparaissant sous sa forme finale, comme roi du Nord et Gog, rencontrera son jugement pr�par� en Topheth. Nous savons, d�apr�s �z. 39, que, pendant sept ans, tout ce qui restera de lui, apr�s que son arm�e sera tomb�e sur les montagnes d�Isra�l, sera consum� par le feu.

Car tu es vil�, dernier mot de la col�re de l��ternel contre cet homme souverainement orgueilleux qui avait pens� se mesurer avec le Dieu fort et �lever ses idoles, Assur et Ishtar, en face de l��ternel. Tu es vil! Toutes les pr�tentions des plus favoris�s d�entre les hommes, leur nom, qu�ils estiment imp�rissable, leur puissance ambitieuse, leur orgueil indomptable, l�exaltation d�eux-m�mes, tout sera foul� comme la boue des rues sous les pieds du vrai Roi, auquel il ne faudra qu�un geste pour prendre en main la domination universelle et an�antir ses ennemis comme le vil serpent dont l�homme �crase la t�te sous son talon!

�Voici sur les montagnes les pieds de celui qui apporte de bonnes nouvelles, de celui qui annonce la paix! Juda, c�l�bre tes f�tes, acquitte tes v�ux; car le m�chant (ou B�lial) ne passera plus par toi, il est enti�rement retranch� (v. 15).

Par une singuli�re inintelligence de la parole proph�tique on a attribu� ce passage � la chute de Ninive, lorsqu�elle fut annonc�e � J�rusalem. O� en est la preuve? Ninive fut d�truite au commencement du r�gne de Jeho�akim (610-599 A. C.) et probablement deux ans apr�s son d�but. Trouvons-nous, dans l�histoire de ce roi, aucune allusion � cet �v�nement? Jeho�akim fut �tabli par le Pharaon Neco � la place de Joakhaz, soumis � un joug s�v�re et oblig� de payer un lourd tribut. Puis il tomba pendant trois ans sous la domination de Nebucadnetsar, roi de Babylone, et s��tant r�volt� fut pill� par les bandes des Chald�ens, des Syriens, des Moabites et des Ammonites. Il n�aurait donc pu que se r�jouir de voir Ninive subsister et l�empire assyrien avoir le dessus (J�r. 2:18). Au bout de onze ans de r�gne, Nebucadnetsar le prit, le lia avec des cha�nes d�airain, et l�emmena � Babylone (2 Chron. 36:6). Donc rien ne pouvait �tre politiquement plus fatal � ce roi, ainsi qu�� J�rusalem et � Juda, que la ruine de Ninive. D�autre part, rien n�est plus clair que ce passage, appliqu� aux �v�nements proph�tiques. Le R�sidu coupable mais repentant ne sera plus afflig� dans un jour futur. Juda sera d�livr� du joug de l�Assyrien quand cet ennemi du peuple de Dieu sera an�anti sur les montagnes d�Isra�l. C�est de cet �v�nement proph�tique et non pas de la chute historique de Ninive, que nous parle le chap. 52 d��sa�e, dont les termes correspondent si exactement � notre verset 15. L� aussi il est question de l�Assyrien qui a opprim� Isra�l sans cause. Mais � ce moment du jour futur, le Seigneur se r�v�le et dit � son peuple: �Me voici!� (v. 4, 6). Aussit�t la bonne nouvelle du royaume est proclam�e; la guerre est termin�e, le r�gne de paix commence: �Combien sont beaux sur les montagnes les pieds de celui qui apporte de bonnes nouvelles, qui annonce la paix, qui apporte des nouvelles de bonheur, qui annonce le salut, qui dit � Sion: Ton Dieu r�gne!� (v. 7). C�est le moment o� Dieu restaure Sion et console son peuple. De m�me, en Mich�e 5:5, la paix est �tablie par l�apparition de Christ et la d�faite de l�Assyrien.

En Nahum, la chute de Ninive est comme un tableau anticip� de ce qui arrivera � la fin des jours. Les bonnes nouvelles ne sont, pas plus qu�en �sa�e, la chute de cette capitale, mais la venue du Messie ou Sauveur d�Isra�l, du vainqueur de ses ennemis. Sous son r�gne de paix, Juda pourra c�l�brer ses grandes f�tes et avant tout celle des tabernacles qui suivra le jugement des adversaires la �moisson� et la �vendange� (Zach. 14:16-19; �z�ch. 45:21-25). D�sormais, rien ne viendra troubler ces solennit�s joyeuses. Le m�chant, B�lial, cette cr�ature de Satan, ne passera plus sur le territoire d�Isra�l comme �une inondation d�bordante�, ainsi qu�il l�avait fait dans le pass�, et le fera dans l�avenir.

Il se pourrait que le proph�te fasse allusion, typiquement, au r�gne de Josias, sous lequel Juda put de nouveau c�l�brer la P�que et la f�te des pains sans levain (2 Chron. 35), mais ce r�gne avait pris fin avant la chute de Ninive. Tout ce que nous venons de dire reporte donc nos pens�es, sans h�sitation, au temps de la fin.

Quels seront les porteurs des bonnes nouvelles dont il est question ici? La parole nous enseigne que ce t�moignage sera rendu par des disciples juifs. Ce sont ceux qui, aux jours o� le Seigneur �tait sur la terre, furent envoy�s en mission dans les villes d�Isra�l, mais dont le t�moignage se continuera � la fin des temps. Ce sont eux qui pr�cheront aux nations l��vangile du royaume pendant la p�riode de la grande tribulation. Ce sont eux enfin qui seront, sur les montagnes d�Isra�l, les messagers, vus et entendus de tous, de ce grand fait: l�inauguration du r�gne glorieux du Messie!

Informations bibliographiques
bibliography-text="Commentaire sur Nahum 1". "Commentaire biblique intermédiaire". https://beta.studylight.org/commentaries/fre/cbi/nahum-1.html.