Bible Commentaries
Nahum 2

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versets 1-13

C�est arr�t�

�Celui qui brise est mont� contre toi: garde la forteresse, surveille le chemin, fortifie tes reins, affermis beaucoup ta puissance� (v. 1).

Apr�s s��tre adress� � Juda pour l�encourager et le consoler, l��ternel se tourne subitement vers le M�chant, vers l�Assyrien roi de Ninive et l�interpelle. Ces interpellations inopin�es sont, comme nous l�avons vu dans l�Avant-propos, un des traits ext�rieurs, caract�ristiques de notre proph�te. Ici nous entrons en plein dans la sc�ne historique.

Les mots �Celui qui brise est mont� contre toi� contrastent �trangement avec la parole de Mich�e: �Celui qui fait la br�che est mont� devant eux� (Mich�e 2:13). L� le Berger faisait la br�che pour briser les obstacles et d�livrer ses brebis; ici, le Vengeur monte pour briser � jamais la puissance hostile dont le joug pesait si lourdement sur Juda, et la retrancher enti�rement. Donc le jugement des nations est aussi certain que la d�livrance du peuple de Dieu.

Les instruments que l��ternel emploie pour d�truire Ninive sont appel�s �ses hommes forts� (v. 3; �s. 13:3). Ce ne sont pas les m�mes hommes forts que l��ternel fait descendre avec lui en Jo�l 3:11, quand il s�assied pour juger toutes les nations et qui ont pour antitypes les hommes forts de David (2 Sam. 23:8-39). Ici Babylone, associ�e aux M�des, est l�instrument dont Dieu se sert pour an�antir Ninive, comme il se servira plus tard des M�des et des Perses pour an�antir Babylone. Toutes ces puissances qui croient agir ind�pendamment et pour elles-m�mes sont des instruments inconscients et aveugles en la main de l��ternel pour accomplir ses desseins. Ce principe est important � retenir dans le jour actuel. Dieu �l�ve aujourd�hui une nation; il l�abaissera demain. Aujourd�hui elle lui sert de verge; demain il suscitera une verge nouvelle qui brisera, puis �crasera la premi�re. L�orgueil de l�Assyrien est abaiss� par l�orgueil de Babylone, par les hommes forts de l��ternel; l�orgueil de Babylone sera �cras� � son tour. Au temps de Nahum, Babylone, fief des rois d�Assyrie, s��tait d�j� r�volt�e � diverses reprises contre le joug de Ninive et avait d� maintes fois subir de sanglantes repr�sailles. Maintenant le cadran marquait l�heure o� l��ternel, quoique lent � la col�re, allait laisser libre cours � cette derni�re. Retranchant la domination � Isra�l infid�le, Dieu avait d�cid� de la confier � Babylone dont il voulait faire la �t�te d�or� des empires gentils. Il fallait donc que les pr�tentions de l�Assyrien � obtenir cette supr�matie fussent an�anties, sans parler de l�iniquit� de Ninive qui �tait arriv�e � son comble. Malgr� ses ambitions, Assur n�avait jamais obtenu l�empire universel. Ce terme ne veut pas dire que l�univers soit soumis � un tel empire, et ne fait pas m�me allusion � l��tendue de son territoire; il signifie plut�t qu�une domination universelle ne rencontre plus de nation qui ne lui soit pas soumise et qu�elle a pour vassaux les rois de ces nations. Il en fut ainsi de Babylone et des autres empires qui lui succ�d�rent. Il en sera de m�me du dernier, de l�empire romain, ressuscit� � la fin des temps sous la forme de la B�te et des dix rois, de cette conf�d�ration qui provoquera l�admiration du monde entier.

Qu�il est ironique cet appel au roi de Ninive: �Garde la forteresse, surveille le chemin, fortifie tes reins, affermis beaucoup ta puissance!� As-tu pris toutes tes pr�cautions? Surveille tout toi-m�me, forme tes r�serves; que rien ne manque; que nulle part ta pr�voyance ne soit en d�faut! Mes hommes forts pourront-ils quelque chose contre une organisation aussi savante? Mais tu oublies une chose: �L��ternel a ramen� la gloire de Jacob comme la gloire d�Isra�l�. Ce passage a �t� traduit de diverses mani�res, mais je ne doute pas que nous ne devions adopter cette version comme correspondant � l�interpr�tation spirituelle et d�passant le sens historique m�me dans un tableau aussi essentiellement historique que celui-ci. Au moment o� �celui qui brise est mont�, la gloire de Jacob (de l�ensemble du peuple repr�sent� par Juda) et la gloire d�Isra�l (nom donn� fr�quemment aux dix tribus) ont �t� ramen�es. Rien de pareil n�avait eu lieu, si ce n�est partiellement et tr�s incompl�tement sous Josias; l��ternel avait tir� pour un moment Juda de son abaissement profond, quoique le caract�re du peuple ne f�t nullement chang� (Hab. 1:1), mais d�j� la ruine avait repris son cours sous les successeurs de ce roi pieux. Il n�en sera pas de m�me � la fin; la gloire de l�ancien peuple de Dieu sera remise en lumi�re et alors l�Assyrien, Gog, sera d�truit pour toujours. Ainsi le R�sidu sera restaur�, car, est-il dit, �ceux qui d�pouillent� les avaient d�pouill�s et avaient g�t� leurs sarments. Lors de la destruction de Ninive, cet �tat n�avait point chang�, et aujourd�hui m�me Isra�l est aussi abaiss� qu�alors. Il est comme un tronc sans rameaux, et toutes les nations le d�pouillent. Tout changera lorsque la gloire du Messie qu�il avait m�pris� appara�tra et sera reconnue de lui, et qu�en parlant de Christ, il pourra dire: �Ma gloire� (Ps. 3:4; J�r. 2:11). On voit ici qu�Isra�l, tomb� par son p�ch� sous les coups de l�Assyrien, sera ramen� par la chute de son ennemi, celle de Ninive n��tant que l�avant-coureur des terribles jugements de la fin, car la restauration est ins�parable du jugement.

Aux v. 3, 4 nous avons une description magnifique de ces hommes forts de l��ternel, c�est-�-dire de l�arm�e des M�des et des Chald�ens: �Le bouclier de ses hommes forts est teint en rouge, les hommes vaillants sont v�tus d��carlate, l�acier fait �tinceler les chars, au jour o� il se pr�pare, et les lances de cypr�s sont brandies. Les chars s��lancent avec furie dans les rues, ils se pr�cipitent sur les places; leur apparence est comme des torches, ils courent comme des �clairs�. Il s�agit l� des rues et des places de Ninive et non pas des villes d�Assyrie comme le veulent certains commentateurs. Ninive est toujours en vue en premier lieu dans Nahum.

Il pense � ses vaillants hommes: ils tr�buchent dans leur marche, ils se h�tent vers la muraille, et l�abri est pr�par�. Les portes des fleuves sont ouvertes, et le palais s�effondre� (v. 5, 6). L�Assyrien (toujours la m�me mani�re abrupte d�introduire les personnages) pense � opposer ses �vaillants hommes� aux �hommes forts� de l��ternel. En vain! Il faut que la volont� de Dieu s�accomplisse. Ces vaillants hommes se h�tent, sortant peut-�tre de quelque orgie; ils tr�buchent dans leur ivresse (cf. 1:10) pour gagner les abris confi�s � la d�fense, quand d�j� une partie de la cit� est envahie. �Les portes des fleuves sont ouvertes.� Les fleuves qui d�fendaient la ville et lui constituaient une barri�re inattaquable servent maintenant de porte d�entr�e aux assaillants1. Plus tard, ne diff�rant qu�en un point de ceci, le sort de Babylone se d�cidera par le d�tournement de l�Euphrate, dont le lit mis � sec servira de porte d�entr�e � l�ennemi pour s�emparer de la grande cit�. Le palais magnifique, orn� et merveilleusement agrandi par Sankh�rib, s�effondre et n�est plus qu�une ruine.

1 Cette interpr�tation me para�t beaucoup plus simple que celle d�autres commentateurs.

Telle est la sentence prononc�e. �C�est arr�t�� pour n�y plus revenir. Ninive, semblable � une reine d�pouill�e de ses v�tements, sera expos�e aux outrages et emmen�e captive avec ses servantes. La partie f�minine de la ville devient la proie �plor�e du vainqueur. Toute cette sc�ne est annonc�e comme ayant d�j� eu lieu, tant l�arr�t est irr�vocable.

�D�s le jour o� elle exista, Ninive a �t� comme une mare (ou plut�t un �tang, un r�servoir �Berekah�) d�eau� (v. 8)1. Entour�e de fleuves et de canaux, elle �tait d�s le jour de son existence une cit� inexpugnable, aussi bien que prosp�re, fournissant abondamment par ses fleuves de quoi alimenter les peuples. Elle avait augment� le nombre de ses marchands plus que les �toiles des cieux (3:15). � grand peine entretenait-on � J�rusalem les �tangs et les r�servoirs; ceux de Ninive, fournis par la nature, la rendaient inabordable... �Mais ils fuient...� � quoi servent leurs d�fenses quand ils sont saisis de panique? C�est la d�route... �Arr�tez! Arr�tez!� Rien n�y peut; pas un ne se retourne pour faire face � l�ennemi. Alors c�est le pillage; les envahisseurs s�emparent des immenses richesses accumul�es. Ninive est pill�e, vid�e, d�vast�e. Une angoisse indicible s�empare de tous ses habitants.

1 Voir 1 Rois 22:38; 2 Rois 18:17; 20:20; N�h. 2:14; 3:15, 16; Cant. 7:4; �sa�e 7:3; 22:9, 11; 36:2; 2 Sam. 2:13; 4:12; Eccl. 2:6.

Quel tableau graphique de ce d�sastre! On croit assister � cette sc�ne terrible, � cet effondrement! L�histoire nous dira que pendant trois ans Ninive fut assi�g�e, puis prise. La chose est possible, mais ce que Dieu nous montre ici, c�est le jugement subit et final amen� par les instruments pr�par�s par Dieu pour cette destruction.

L�orgueil si connu de l�Assyrien est �cras� du coup. Quand Dieu prononce le terrible: �C�est arr�t�, qui pourrait r�sister, ne f�t-ce qu�un instant? Le sort que l�Assyrien infligeait aux nations, ses attaques brusqu�es, la terreur qu�il r�pandait autour de lui, quand �tous les visages p�lissent� � son approche (Jo�l 2:6), tout cela lui est inflig� maintenant: �Le c�ur se fond, et les genoux sont tremblants, et une poignante douleur est dans tous les reins, et tous les visages p�lissent� (v. 10). Nous le voyons ici, atteint par le sort m�me qu�il avait inflig� � la grande Th�bes d��gypte (chap. 3).

(v. 11 - 13.) � �O� est le repaire des lions, et le lieu o� se repaissaient les lionceaux, o� se promenaient le lion, la lionne, et le petit du lion, sans que personne les effray�t? Le lion d�chirait suffisamment pour ses petits, et �tranglait pour ses lionnes, et remplissait de proie ses antres, et de b�tes d�chir�es ses repaires. Voici, j�en veux � toi, dit l��ternel des arm�es; et je r�duirai tes chars en fum�e; et l��p�e d�vorera tes lionceaux, et je retrancherai de la terre ta proie; et la voix de tes messagers ne s�entendra plus.�

L�image du lion �tait famili�re aux monarques assyriens et leurs monuments en t�moignent. D�s Nimrod, la chasse aux lions �tait l�orgueil et le passe-temps des rois d�Assyrie. La force, l�imp�tuosit�, la cruaut� de cet animal qui d�vore, que rien n�effraye, qui �trangle et d�chire pour se satisfaire lui, sa lionne et ses lionceaux, sa soif de puissance et le butin dont il remplit ses antres, tout cela caract�risait l�Assyrien. Il suffit que l��ternel des arm�es se l�ve pour s�opposer � celui auquel jamais homme n�avait pu r�sister; aussit�t tout l�attirail de guerre avec lequel il s��lan�ait pour conqu�rir le monde est r�duit en fum�e. L��p�e de Dieu an�antit sa prog�niture par laquelle il aurait pu esp�rer reconqu�rir le pouvoir1. Son royaume an�anti, ceux dont il faisait sa proie et qui se r�voltaient constamment contre lui, se soumettent � l�empire nouveau suscit� de Dieu et l��re des carnages est close, sans que pour cela la paix soit jamais r�tablie sur la terre. Elle ne le sera que lorsqu�il sera dit: �Paix sur la terre�, � l�apparition du Seigneur dans son r�gne. �La voix de tes messagers ne s�entendra plus.� Ah! comme elle avait �t� entendue autrefois cette voix mena�ante que les messagers du roi venaient transmettre � �z�chias et � J�rusalem, et qui osait s��lever jusqu�au tr�ne m�me de Dieu! (�sa�e 36:37). Dans un temps futur on n�entendra plus que les voix joyeuses des messagers de bonnes nouvelles qui annoncent la paix! (1:15).

1 Le dernier rejeton des rois d�Assyrie, Assur-edil-ilane, p�rit dans le sac de Ninive.

Les histoires profanes nous ont � peine conserv� une ou deux remarques au sujet de la grandeur de Ninive; les anciens monuments assyriens d�couverts depuis le milieu du si�cle pass�, nous en disent bien davantage et nous initient au luxe sans pr�c�dent, et � l��tonnante prosp�rit� de cette immense cit�. Mais aucun document ne nous parle de sa chute et ne nous d�crit son d�sastre. La Bible seule nous renseigne clairement et divinement sur les origines de Ninive et sur sa destruction, plus soudaine que celle de Babylone, quoique Ninive surpass�t cette derni�re en faste et en importance. Ce qui nous remplit d�admiration pour les �critures, c�est que tous les documents bibliques au sujet de la ruine de Ninive sont proph�tiques. Nahum y occupe la premi�re place.

Informations bibliographiques
bibliography-text="Commentaire sur Nahum 2". "Commentaire biblique intermédiaire". https://beta.studylight.org/commentaries/fre/cbi/nahum-2.html.