Bible Commentaries
Romains 1

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versets 1-32

Chapitre 1er

La salutation par laquelle l�ap�tre introduit son �p�tre est longue et instructive. Paul se nomme d�abord l�esclave de J�sus Christ; mieux que tout autre, il connaissait la libert� chr�tienne, mais il consid�rait comme un honneur particulier d��tre un esclave de Christ; c�est ainsi qu�il se nomme dans plusieurs occasions, et nous aussi, nous devrions le faire avec joie.

Il n��tait pas seulement �esclave�, mais aussi �ap�tre�, et m�me �ap�tre appel�; les autres ap�tres �taient bien aussi appel�s, mais l�ap�tre Paul l��tait dans un sens particulier. Les douze avaient �t� appel�s et envoy�s par le Messie vivant sur la terre, tandis que lui, il avait re�u cette gr�ce et cet apostolat directement du ciel, du Fils de l�homme glorifi� � la droite de Dieu, et son apostolat avait �t� ensuite confirm� par le Saint Esprit (Actes 9:17; 13:1-4). Il n��tait pas fond� sur une d�cision humaine � �non de la part des hommes, ni par l�homme� (Gal. 1:1) � mais seulement sur Dieu; d�j� mis � part par Dieu d�s le ventre de sa m�re, il avait �t� appel� plus tard par la gr�ce de Dieu (Gal. 1:15).

�Mis � part pour l��vangile de Dieu� (1:1). Dieu a une bonne nouvelle pour le monde entier, pour les Juifs et les pa�ens, une nouvelle qui est exactement le contraire de ce que les hommes connaissent habituellement de lui; car quel est l�homme en effet qui connaisse Dieu, comme Celui qui �donne � tous lib�ralement et... ne fait pas de reproches� (Jacq. 1:5), qui ne prend pas de plaisir � la mort du p�cheur et est pr�t � pardonner? Des milliers d�ann�es, il est vrai, s��taient �coul�es depuis la chute de l�homme avant que Dieu r�v�le son �vangile, mais il ne lui avait pas �t� possible, pendant ces longues ann�es de taire ses voies de gr�ce: Il donna des promesses par ses proph�tes dans les Saintes �critures (v. 2); une lumi�re se l�verait et tous les bouts de la terre verraient son salut; puis, �quand l�accomplissement du temps est venu, Dieu a envoy� son Fils, n� de femme� (Gal. 4,4).

C�est pour cet �vangile que Paul, comme il le dit ici, avait �t� mis � part; le Seigneur l�avait d�sign� comme serviteur et t�moin, en le retirant du milieu du peuple d�Isra�l et des nations, vers lesquelles il voulait l�envoyer, pour ouvrir leurs yeux et leur annoncer la r�mission des p�ch�s (Actes 26:16-18); il devait apporter aux uns la d�livrance du joug de la loi et aux autres la d�livrance de la puissance de Satan: c��tait J�sus, la T�te glorifi�e de son corps, qui l�appelait et l�envoyait; le Seigneur lui avait dit: �Je suis J�sus que tu pers�cutes�. Tout �tait particulier dans son cas: la Personne qui appelait, l�appel et la personne appel�e; c�est pourquoi Paul pouvait nommer l��vangile qui lui avait �t� confi�, �son� �vangile, ou l��vangile de la gloire; ce dernier le pla�ait, lui et ceux qui acceptaient son message, sur un terrain tout nouveau; il les retirait du milieu des Juifs et des pa�ens et les unissait non pas � un Messie vivant, mais au Fils de l�homme ressuscit� dans la gloire, le chef d�une nouvelle cr�ation; aussi, Paul ne connaissait d�sormais personne selon la chair, Christ non plus (2 Cor. 5:16), quoique, dans un autre sens, il le reconnaissait bien comme le Fils de David.

C�est cette Personne merveilleuse qui �tait l�objet de son �vangile; c��tait �l��vangile de Dieu... touchant son Fils n� de la semence de David, selon la chair� (v. 3). Apparu comme tel au milieu de son peuple terrestre pour accomplir les promesses divines, Christ avait �t� rejet�; Isra�l avait ainsi, comme peuple, perdu tous les droits � ces promesses. D�sormais, pour les descendants d�Abraham comme pour les pa�ens, qui �taient sans droit de cit� en Isra�l, sans Dieu et sans esp�rance dans le monde, il n�y avait qu�un seul moyen d��tre sauv�s: la gr�ce inconditionnelle de Dieu.

Dieu, dont les dons de gr�ce et l�appel sont sans repentir, b�nira dans l�avenir son peuple terrestre et accomplira envers lui toutes ses promesses. Quelle pr�cieuse v�rit�! Aujourd�hui il rassemble un peuple c�leste d�entre les Juifs et les nations: le Saint Esprit est descendu pour glorifier �le Fils� et Lui former une �pouse d�entre tous les peuples de la terre.

Ainsi, ce qui autrefois n��tait qu�une promesse, est devenu une r�alit�: les d�clarations des proph�tes de l�Ancien Testament (qui seules sont vis�es ici) ont �t� accomplies, en tant qu�elles concernaient l�incarnation du Seigneur, sa mort et sa r�surrection, ainsi que les glorieuses cons�quences de son �uvre. Les choses qu�ils administraient autrefois pour nous, nous ont �t� annonc�es par les messagers de l��vangile dans la puissance du Saint Esprit (1 Pierre 1:10-12). Sans doute avons-nous re�u aussi de pr�cieuses promesses relatives � notre marche dans ce monde, mais il ne s�agit pas de cela ici. Les promesses dont il est question dans ce passage concernant l��vangile de Dieu sont accomplies.

Celui dont parle cet �vangile est apparu; il est venu dans ce monde, � deux titres ou sous deux relations diff�rentes: Il est le Fils de David, selon la chair, qu�il a rev�tue en gr�ce, et il est le Fils de Dieu, d�termin� tel, �en puissance, selon l�Esprit de saintet�, par la r�surrection des morts� (v. 4). Comme Fils de David, il n��tait pas seulement l�objet des promesses de Dieu, mais il les accomplissait aussi. Nous avons d�j� dit que le peuple d�Isra�l a perdu, par le rejet de son Messie, tout droit � ces promesses qui pourtant lui appartenaient. Mais justement en vertu de la mort de Christ, Dieu a pu r�v�ler des choses plus grandes et plus glorieuses et accomplir son conseil �ternel. Christ a renonc� � tous ses droits de Fils de David et s�est soumis, dans une parfaite ob�issance, � la mort de la croix; aussi, Dieu l�a ressuscit� et lui a donn� la gloire; c�est ainsi qu�il a �t� �d�termin� Fils de Dieu, en puissance�. Dieu avait manifest� cette puissance d�j� par la r�surrection de Lazare; elle sera manifest�e de nouveau par la r�surrection de tous les saints; mais nous en trouvons la manifestation la plus glorieuse dans la r�surrection du Seigneur J�sus lui-m�me (Jean 12:28; �ph. 1:20). Apr�s avoir �t� charg� de nos p�ch�s et fait p�ch� pour nous et apr�s avoir, comme tel, subi la mort, juste salaire du p�ch�, J�sus est ressuscit� d�entre les morts, triomphant du p�ch�, de la mort et de Satan. La puissance infinie de Dieu s�est manifest�e l� o� la mort �tait entr�e comme cons�quence du p�ch�; Christ est ressuscit�: sa chair n�a pas vu la corruption et son �me n�est pas rest�e en had�s (Ps. 16:10; Actes 2:27).

Que signifie donc l�expression: �selon l�Esprit de saintet�?� Il est dit du proph�te J�r�mie qu�il avait �t� mis � part pour Dieu d�s avant sa naissance (J�r. 1:5) et, de Jean Baptiste, qu�il serait rempli de l�Esprit Saint d�s le ventre de sa m�re (Luc 1:15). Christ, lui, �tait, comme homme, n� du Saint Esprit, et sa vie �tait � tous �gards l�expression des op�rations de cet Esprit. Ses paroles �taient esprit et vie et tous ses actes s�accomplissaient dans la puissance du Saint Esprit. En un mot, il se montra dans toute sa vie comme le Saint de Dieu, innocent, sans souillure, s�par� des p�cheurs et finalement il s�offrit lui-m�me � Dieu sans tache par l�Esprit �ternel (H�b. 7:26; 9:14). Il fut la parfaite offrande de g�teau, de fleur de farine p�trie � l�huile et ointe d�huile. Il a �t� sans cesse l�expression et le reflet de la d�it�, dont la pl�nitude habitait corporellement en Lui (Col. 2:9). �prouv�, jusqu�� la mort de la croix, par le feu le plus ardent, il ne manifesta que perfection et parfum de bonne odeur. Il mourut (et dut mourir), parce qu�il avait pris notre cause en main, mais la mort ne put le retenir. Mis � mort en chair, Il a �t� vivifi� par l�Esprit (1 Pierre 3:18); cela signifie que la merveilleuse puissance du Saint Esprit op�ra sa r�surrection; cela ne change en rien le fait que le P�re devait � sa gloire de ressusciter Celui qui l�avait glorifi� ici-bas, et que le Fils poss�dait la puissance de laisser sa vie et de la reprendre. La r�surrection du Seigneur �tait le t�moignage ind�niable et public de la puissance qui avait op�r� en Lui pendant toute sa vie et qui avait r�v�l� ce qu�il �tait, savoir le Fils de Dieu.

Le sujet de l��vangile de Dieu est donc Christ, venu comme Fils de David pour accomplir les promesses, et Fils de Dieu d�termin� tel en puissance selon l�Esprit de saintet� par la r�surrection des morts. C�est de ce Seigneur, couronn� maintenant de gloire et d�honneur � la droite de Dieu, que Paul avait re�u �gr�ce et apostolat, pour l�ob�issance de la foi parmi toutes les nations, pour son nom� (v. 5). D�s l�instant o� la gr�ce et la lumi�re p�n�tr�rent dans son c�ur t�n�breux, il fut appel� � t�moigner des choses qu�il avait vues et entendues et de celles pour la r�v�lation desquelles le Seigneur lui appara�trait encore (Actes 26:16). Ainsi, d�s le d�but, son service fut plus �tendu que celui des douze; c�est pourquoi il est question ici de l�ob�issance de la foi; cette ob�issance lui fait accepter volontairement le message venu du ciel et destin� non seulement � Isra�l, mais au monde entier.

Qu�en �tait-il des croyants de Rome? Ils n��taient pas des ap�tres appel�s, et cependant ils �taient des appel�s: �Appel�s de J�sus Christ, ... bien-aim�s de Dieu ... saints appel�s� et tout cela par J�sus Christ, leur Seigneur. Certes, c��taient de glorieux titres qui, d�une part, exprimaient les nouvelles relations de ces croyants avec le P�re et le Fils et, d�autre part, indiquaient que ces croyants �taient soumis � l�autorit� de l�ap�tre des nations, bien qu�il n�e�t pas collabor� � la fondation de l�assembl�e � Rome. En sa qualit� d�ap�tre, il pouvait, dans la puissance de l�Esprit, leur �crire et leur adresser sa salutation habituelle, si profond�ment significative.- �Gr�ce et paix � vous, de la part de Dieu notre P�re et du Seigneur J�sus Christ!� (v. 7). Ils �taient enfants de ce Dieu tout-puissant et esclaves de ce Seigneur plein de gr�ce, et le Saint Esprit se plaisait � les reconna�tre comme tels par le moyen de l�ap�tre.

Jamais auparavant des titres pareils n�avaient �t� connus, ni au temps des patriarches, ni sous le r�gne glorieux d�un David et d�un Salomon. Jamais non plus de tels sentiments ou de telles relations n�avaient �t� r�v�l�s, ainsi que nous les trouvons exprim�s dans les versets suivants de notre �p�tre. Certes, Dieu avait manifest� de diverses mani�res sa majest�, sa bont� merveilleuse, sa patience et sa fid�lit�, mais nous chercherions en vain, dans l�Ancien Testament de tels titres ou un pareil langage. Ils n��taient pas possibles avant la venue du Seigneur dans ce monde. M�me durant sa vie ici-bas, ses disciples n�auraient pu avoir les pens�es et les sentiments exprim�s dans les versets 8 � 15. Il fallait pour cela que l��uvre de la croix f�t accomplie. Si nous nous rappelons que l�assembl�e de Rome se composait surtout de croyants tir�s du paganisme, nous serons d�autant plus surpris de constater une affection si intime entre eux et l�ap�tre, dont ils n�avaient pas encore vu le visage.

�Premi�rement, je rends gr�ces � mon Dieu, par J�sus Christ, pour vous tous, de ce que votre foi est publi�e dans le monde entier� (v. 8). L�amour se pla�t � relever et � distinguer ce qu�il y a de bon chez les autres, et en cela Paul �tait un fid�le imitateur de son Ma�tre. Vu la situation et l�importance de la ville de Rome, capitale du plus puissant empire de ce temps, il �tait compr�hensible que la fid�lit� de ces croyants f�t connue du monde entier d�autant plus qu�ils �taient en butte aux pers�cutions du dehors et aux tentations du dedans. Il en �tait de m�me de la foi des Thessaloniciens qui s��tait r�pandue dans la Mac�doine et dans l�Acha�e et en tout lieu, de sorte que l�ap�tre n�avait pas besoin d�en rien dire.

Paul rendait gr�ces pour cela � son Dieu et plus il le faisait, en portant sur son c�ur, d�ans un amour ardent et avec des pri�res continuelles, les croyants de Rome, plus aussi il avait le d�sir profond de les voir, afin de leur faire part de quelque don de gr�ce spirituel et de les affermir dans la foi (v. 9-11).

Quel changement dans le c�ur de cet homme! Autrefois, d�fenseur fanatique de la loi, blasph�mateur du nom de J�sus et ardent ennemi de ses disciples � aujourd�hui pr�dicateur infatigable et rempli d�amour, de la gr�ce r�v�l�e en J�sus, homme de foi, esclave de J�sus Christ. Il se d�vouait enti�rement pour d�autres, dans les peines et les combats, dans les souffrances et les afflictions, si m�me en les aimant beaucoup plus il devait �tre moins aim�. Tel �tait l�homme � et combien d�autres choses pourrions-nous dire de lui. Il d�sirait ardemment qu�il lui soit accord� par la volont� de Dieu, de visiter les croyants de Rome (v. 10). Certes, aucun homme ne s�est occup� du bien spirituel du troupeau avec autant de c�ur, le c�ur m�me de J�sus Christ. Involontairement cette pri�re monte � nos l�vres: �Seigneur, accorde-nous d�apprendre de lui! Donne-nous d��tre ses imitateurs, comme il �tait le tien!�

Combien de telles paroles doivent avoir �mu les c�urs des croyants de Rome! Paul pouvait prendre Dieu lui-m�me � t�moin qu�il disait la v�rit�; oui, c�est lui seul qu�il servait dans son esprit �dans l��vangile de son Fils�. Ce service ne proc�dait pas du d�sir d�accomplir un devoir, mais d�une cons�cration int�rieure � Dieu et d�un d�vouement absolu et plein d�amour pour l��vangile de son Fils. Remarquons en passant un changement d�expressions: au premier verset il est parl� de l��vangile de Dieu, mais ici c�est l��vangile de son Fils; c�est le m�me �vangile, mais dans le premier nous avons la source, dans le second le moyen par lequel l�amour de Dieu a op�r� par J�sus pour sauver des �tres perdus.

Le verset 12 est particuli�rement touchant et nous montre l�humilit� de l�ap�tre. Nous avons d�j� vu que Paul d�sirait se rendre � Rome pour faire part aux croyants de quelque don de gr�ce spirituel, pour les affermir, �c�est-�-dire, ajoute-t-il, pour que nous soyons consol�s ensemble au milieu de vous, vous et moi, chacun par la foi qui est dans l�autre�. �tait-ce un simple fr�re qui d�sirait se rendre � Rome, ou �tait-ce le grand ap�tre des nations?

L�assembl�e de Rome devait aussi savoir qu�il y avait d�j� longtemps qu�il d�sirait les visiter: �Je ne veux pas que vous ignoriez, fr�res, que je me suis souvent propos� d�aller vers vous (et que j�en ai �t� emp�ch� jusqu�� pr�sent)�. Paul avait donc eu souvent le dessein de se rendre � Rome, mais Dieu, dans sa sagesse, ne l�avait pas permis. Ce d�sir de Paul de recueillir quelque fruit parmi eux, comme parmi les autres nations, �tait absolument justifi� et agr�able � Dieu; il �tait en effet comme ap�tre des nations, �d�biteur et envers les Grecs et envers les barbares, et envers les sages et envers les inintelligents� (v. 14). Il avait conscience de cette dette: c�est pourquoi, autant qu�il d�pendait de lui, il �tait tout pr�t � leur annoncer l��vangile, � eux aussi qui �taient � Rome (v. 15). La longueur du voyage, les dangers qu�il aurait � affronter dans la grande capitale pa�enne, ou d�autres motifs de ce genre ne pouvaient le retenir. Le Seigneur a accompli son ardent d�sir, mais d�une tout autre mani�re, il est vrai, que celle � laquelle les croyants de Rome et lui-m�me pouvaient penser, savoir comme le prisonnier du Christ J�sus pour eux, les nations (�ph. 3:1).

La joie que l�ap�tre �prouvait � la pens�e d�annoncer l��vangile � Rome, le conduit � parler plus en d�tail du caract�re de cet �vangile et � aborder la doctrine de l��p�tre, �car je n�ai pas honte de l��vangile, car il est la puissance de Dieu en salut � quiconque croit, et au Juif premi�rement, et au Grec� (v. 16). L��vangile est la puissance de Dieu, et non pas une simple doctrine, une r�gle de conduite pour l�homme, comme la loi l�avait �t�: c�est pourquoi il est aussi pour �quiconque croit�. Il n�exige rien de l�homme, mais lui apporte un salut, accompli en saintet� et justice, proc�dant directement de Dieu et manifestant la puissance de Dieu; il annonce au p�cheur, sans force, une �uvre absolument parfaite et accomplie une fois pour toutes; c�est pourquoi il n�est que pour la foi. La loi exigeait, l��vangile donne, sans conditions et gratuitement, et cela � quiconque veut l�accepter, soit Juif, soit pa�en. En raison de sa relation ext�rieure avec Dieu, le Juif �tait appel� le premier, au moins aussi longtemps que l�ancien syst�me religieux n�avait pas encore �t� mis enti�rement de c�t�; mais le pa�en n��tait pas, pour autant, exclu de la gr�ce. �La gr�ce de Dieu qui apporte le salut est apparue � tous les hommes� (Tite 2:11).

Dans le verset suivant l�ap�tre explique pourquoi l��vangile est la puissance de Dieu. �Car, dit-il, la justice de Dieu y est r�v�l�e sur le principe de la foi pour la foi�. Ce n�est pas une justice humaine qui nous est communiqu�e sur le principe de la foi, mais la justice m�me de Dieu. Une autre puissance que celle de Dieu n�aurait pu nous donner une telle chose. La loi aurait pu conf�rer une justice humaine � celui qui l�aurait observ�e, mais personne n��tait capable de l�observer; en outre, une justice obtenue sur le fondement de la loi n�aurait pu donner � l�homme que la vie pour cette terre, car, est-il dit, quiconque aura fait ces choses, vivra par elles, c�est-�-dire restera vivant, ne mourra pas; tandis que nous recevons par la foi la justice de Dieu.

Quelle est donc cette justice de Dieu? Cette question para�t bien � sa place, car plusieurs erreurs ont cours sur le sens de cette expression. Une justice obtenue par l�observation de la loi, si elle �tait possible, n�aurait en r�alit� pas de valeur devant Dieu; la justice humaine la plus parfaite ne pourrait �tre assimil�e � la justice de Dieu.

La Parole r�pond � cette question. Que dit-elle? En Jean 16:8-10, nous lisons que le Saint Esprit annonc� par le Seigneur, convaincrait le monde de p�ch�, de justice et de jugement; �de p�ch�, dit le Seigneur, parce qu�ils ne croient pas en moi; de justice, parce que je m�en vais � mon P�re, et que vous ne me voyez plus�. Dieu a montr� sa justice en �levant son Fils � sa droite, parce qu�il l�avait glorifi� (voir Jean 13:31, 32). En d�autres termes, la justice de Dieu consiste en ce que le P�re a �lev� l�homme Christ J�sus dans la gloire qu�il avait avant que le monde f�t (Jean 17:5). Le monde a rejet� Celui que le Dieu juste a glorifi�; ainsi son p�ch� a �t� manifest� d�une mani�re compl�te, et il ne reste rien d�autre pour lui que le jugement.

L��vangile que Paul pr�chait, annon�ait cette justice que Dieu avait manifest�e d�une part en ressuscitant J�sus d�entre les morts et en le couronnant de gloire et d�honneur, et d�autre part en pla�ant tout croyant dans la m�me position que celle que J�sus avait acquise comme homme: ce que Christ a accompli pour la gloire de Dieu, il l�a accompli en m�me temps pour nous, de sorte que l�ap�tre peut dire dans un autre passage: �Celui qui n�a pas connu le p�ch�, il, c�est-�-dire Dieu, l�a fait p�ch� pour nous, afin que nous devinssions justice de Dieu en lui� (2 Cor. 5:21). De m�me que la justice de Dieu est manifest�e d�abord dans la glorification de Christ, de m�me elle est vue maintenant en nous, qui sommes en Christ, et elle sera compl�tement manifest�e quand nous appara�trons avec lui dans la m�me gloire comme le fruit du travail de son �me.

Si nous avons donc besoin de la justice de Dieu pour pouvoir subsister devant lui, il est �vident que nous n�obtenons cette justice que. moyennant la foi, par la gr�ce. Tout effort de l�homme serait vain. C�est de cette mani�re que la porte a �t� ouverte � tous les hommes; tous, Juifs et Gentils ont part de la m�me mani�re � cette justice sur le principe de la foi: c�est �sur le principe de la foi pour la foi�. La foi est le seul moyen d�obtenir un tel salut et celui-ci est la part de la foi, o� qu�elle se manifeste, ainsi qu�il est �crit: �Le juste vivra par sa foi� (Hab. 2:4). Et comme il en �tait autrefois, il en est ainsi de nos jours: Dieu en soit �ternellement lou�! Dieu manifeste dans le temps actuel sa justice, dans le fait qu�il est juste en justifiant celui qui est de la foi de J�sus (chap. 3:26), et en lui donnant d�s aujourd�hui une place en Christ dans les lieux c�lestes (�ph. 2:6).

Ce que nous venons de consid�rer nous fait comprendre que l�ap�tre n�ait pas eu honte de l��vangile; le messager d�une telle nouvelle de la part de Dieu envers le monde, n�avait certes aucun motif de ne pas l�annoncer. Pareil message n�avait jamais �t� entendu. La justice de Dieu �tait offerte librement et gratuitement � tous les hommes sans distinction, sur le principe de la foi seule et sans �uvre de l�homme.

L�ap�tre en vient maintenant � consid�rer pour quelle raison Dieu a d� d�ployer un tel amour: � cause de la ruine irr�m�diable et de la culpabilit� de tous les hommes, soit Juifs, soit Gentils. Si Dieu voulait t�moigner son amour envers un monde perdu, s�il voulait sauver des hommes, qui � cause de leur �tat de perdition allaient au-devant de la mort �ternelle, il devait trouver le moyen de faire gr�ce, non seulement sans faire tort � sa justice, mais au contraire en se fondant sur elle. Au point o� les choses en �taient, le Dieu saint ne pouvait r�v�ler que sa col�re.

C�est pourquoi nous trouvons ensuite ce verset 18, si important et pourtant souvent si peu compris: �Car la col�re de Dieu est r�v�l�e du ciel contre toute impi�t� et toute iniquit� des hommes qui poss�dent la v�rit� tout en vivant dans l�iniquit�.

Remarquons d�abord les expressions identiques des versets 17 et 18: �la justice de Dieu... est r�v�l�e�, et �la col�re de Dieu est r�v�l�e�. Les deux choses sont actuelles en rapport avec l��vangile: dans le m�me temps o� la justice de Dieu est offerte par l��vangile, la col�re de Dieu est r�v�l�e du ciel. Elle ne s�exerce pas encore, car le temps du jugement n�est pas encore venu, mais elle est r�v�l�e, et cela en m�me temps que la parole de la croix.

Cela peut nous para�tre �trange de prime abord, mais nous comprendrons la chose si nous songeons au changement amen� par la croix de Christ. Autrefois d�j� Dieu avait exerc� � diverses reprises des jugements s�v�res sur les hommes; souvenons-nous du d�luge, de Sodome et de Gomorrhe, de la mer Rouge, de Cor�, etc. Or tous ces jugements �taient des manifestations terrestres de la providence de Dieu, des signes �vidents de son gouvernement, mais non pas une r�v�lation de sa col�re du ciel. Dans ces diff�rents cas, Dieu avait bien manifest� sa justice, sa saintet� et sa haine du p�ch�, mais il n��tait cependant jamais apparu hors de l�obscurit� dont il s�entourait; il demeurait cach� derri�re le voile. Ce n est que lorsque le Fils de Dieu eut accompli son �uvre r�demptrice et eut pos� ainsi le fondement de notre salut, que fut pleinement manifest� ce que Dieu est, mais aussi ce qu�est l�homme et ce qu�est le p�ch�.

La loi et les voies de Dieu sous l�ancienne alliance avaient r�v�l� ses caract�res, mais jamais Il n�avait montr� aussi compl�tement qu�� la croix combien le p�ch� et le mal lui sont odieux; l�, Celui qui n�a pas connu le p�ch�, fut fait p�ch� pour nous et but la coupe de la col�re de Dieu contre le p�ch�. Jamais non plus son amour et sa mis�ricorde ne furent mis autant en �vidence qu�� la croix, o� nous avons � la fois la r�v�lation la plus saisissante de la justice de Dieu et la d�monstration la plus �lev�e de son amour.

R�p�tons donc encore que si, d�une part, l��vangile nous r�v�le la justice de Dieu, qui est accord�e gratuitement � tout croyant, d�autre part Dieu nous y montre aussi d�une mani�re positive que Sa col�re doit atteindre �toute impi�t� (de quelque nature qu�elle soit), et non seulement l�impi�t�, mais aussi �toute iniquit� des hommes qui poss�dent la v�rit� tout en vivant dans l�iniquit�. Dieu ne ch�tie plus maintenant les iniquit�s d�un seul peuple, comme il le faisait envers Isra�l (Amos 3:1, 2) qui poss�dait sa Parole: nous n�assistons plus seulement � ses voies gouvernementales envers les hommes et les peuples � cause de leurs actions, mais il juge maintenant tout mal, tout ce qui est en contradiction avec lui, qui est lumi�re. Sa col�re est r�v�l�e du ciel contre tous les hommes sans aucune exception: ils sont tous, � cause de leurs p�ch�s, sous sa col�re et ils y demeureront s�ils n�acceptent pas par la foi le salut qui leur est offert (Jean 3:36). La culpabilit� des individus peut �tre plus ou moins grande, mais ils sont tous coupables, ils sont tous des enfants de col�re: le monde entier s�expose au jugement de Dieu.

L�impi�t� est ce qui caract�rise l��tat des pa�ens; ils sont sans Dieu et sans esp�rance dans le monde, ignorants et endurcis, ayant leur entendement obscurci et �tranger � la vie de Dieu, s��garant toujours plus (�ph. 2:12; 4:18). L�impi�t� caract�rise plus encore l��tat du Juif, qui non seulement poss�dait les promesses de Dieu, mais qui, par la loi, avait connaissance des justes exigences de Dieu envers sa cr�ature. Malgr� cela, tout en connaissant les pens�es de Dieu sur le bien et le mal, il a aim� l�impi�t� et transgress� de mille mani�res les saints commandements de Dieu. Les avantages que le Juif poss�dait sur le pa�en n�ont donc servi qu�� augmenter sa responsabilit� et sa culpabilit�; pareillement de nos jours, la chr�tient� a une �norme culpabilit� en raison de ses privil�ges.

Comme l�assembl�e de Rome se composait avant tout d�anciens pa�ens, on comprend que l�ap�tre s�occupe d�abord (jusqu�au verset 16 du deuxi�me chapitre) de l��tat du monde pa�en, et ne parle qu�ensuite de l�impi�t� des Juifs; il �num�re trois causes de la culpabilit� des pa�ens devant Dieu:

1. Ils poss�dent le t�moignage de la cr�ation. Ce qui se peut conna�tre de Dieu, sa puissance �ternelle et sa divinit�, se discerne, depuis la fondation du monde, par les choses faites par lui (v. 19, 20).
2. Ils ont eu, au commencement, la connaissance de Dieu (v. 21).
3. Ils ont une conscience (m�me si elle est obscurcie), qui rend t�moignage au-dedans d�eux, de sorte que leurs pens�es s�accusent entre elles, ou aussi s�excusent (2:14, 15).
Les pa�ens ont donc une responsabilit� bien plus grande que ce que l�on pense habituellement. Qu�ont-ils fait de ce qui leur a �t� confi�? H�las, ils sont �inexcusables�. Les �uvres et les lois merveilleuses de la cr�ation leur r�v�laient sans cesse la grandeur, la puissance et la sagesse de Dieu, mais ils ne le �glorifi�rent point comme Dieu, ni ne lui rendirent gr�ces�. Leur orgueil et leur pr�somption les ont fait tomber toujours plus bas dans la folie et les t�n�bres de leurs c�urs, et le jugement est venu sur eux. Nous avons trois fois dans notre chapitre la parole s�rieuse: �Dieu les a livr�s�. Cependant, dans sa bont�, il ne s�est pas laiss� sans t�moignage; il leur donna �du ciel des pluies et des saisons fertiles�, remplissant leurs c�urs de nourriture et de joie (Actes 14:15-17), mais ils ne r�pondirent � sa bont� que par de l�ingratitude et du m�pris.

Or, les hommes ont non seulement eu la possibilit� de discerner Dieu par la cr�ation, mais au commencement ils l�ont r�ellement connu (v. 21). Nous n�entendons pas parler d�idol�trie avant le d�luge, et quoique la m�chancet� dans ce temps-l� f�t grande, toutefois depuis la cr�ation d�Adam jusqu�� No� (plus de 1600 ans), Dieu ne s�est pas laiss� sans t�moignage. Puis, quand l�histoire de l�homme recommen�a sur la terre purifi�e par le jugement, il y eut dans la famille de No�, qui poss�dait la connaissance de Dieu, un nouveau t�moignage pour la g�n�ration suivante. Mais l�homme, au lieu de pr�ter attention � ce t�moignage et de laisser luire la lumi�re divine dans son c�ur et sur son chemin, se d�tourna de Dieu, oublia peu � peu qu�il n�y a qu�un seul Dieu, et tomba dans la folie. �Se disant sages, ils sont devenus fous, et ils ont chang� la gloire du Dieu incorruptible en la ressemblance de l�image d�un homme corruptible et d�oiseaux et de quadrup�des et de reptiles� (v. 22, 23).

En quelques traits, l�ap�tre d�peint ici la corruption vari�e, dans laquelle l�homme est tomb� du point de vue religieux apr�s le d�luge; il d�crit ensuite la terrible d�pravation morale qui est la cons�quence in�vitable de l��loignement de Dieu et de l�idol�trie. �C�est pourquoi Dieu les a aussi livr�s, dans les convoitises de leurs c�urs, � l�impuret�, en sorte que leurs corps soient d�shonor�s entre eux-m�mes: eux qui ont chang� la v�rit� de Dieu en mensonge, et ont honor� et servi la cr�ature plut�t que celui qui l�a cr��e� (v. 24, 25).

Ayant chang� la v�rit� de Dieu en mensonge, les hommes ont donn� plus d�honneur � la cr�ature qu�au Cr�ateur. Quand l�homme sort de la position de cr�ature d�pendante, la seule qui lui convienne, il devient la proie de ses passions et de ses convoitises, un jouet de Satan, le p�re du mensonge, et il tombe rapidement � la fin plus bas que la b�te. Les choses qui sont nomm�es dans les versets 26 et 27 ne peuvent que nous remplir d�horreur et de d�go�t; et combien s�rieuse est la pens�e qu�elles se retrouvent trait pour trait de nos jours dans le monde soi-disant chr�tien! Le tableau proph�tique des �derniers jours� de la chr�tient� d�peint en 2 Timoth�e 3, versets 2-8 ressemble exactement � celui du monde pa�en d�crit dans les versets 28-31: il n�y manque rien. Combien terrible sera le jugement qui s�exercera bient�t sur une telle corruption!

Les hommes �n�ont pas eu de sens moral pour garder la connaissance de Dieu�, telle est la conclusion de l�Esprit de Dieu (v. 28).

C�est pourquoi �Dieu les a livr�s � un esprit r�prouv�, pour pratiquer des choses qui ne conviennent pas�, et alors suit cette longue et sombre liste, qui commence par les mots l�injustice et la m�chancet�, et se termine par �ne tenant pas ce qu�ils ont promis, sans affection naturelle, sans mis�ricorde�. Nous y trouvons toutes les actions que le Dieu saint a vues sur la terre durant les si�cles pass�s et tout ce qu�il y voit encore de nos jours!

L�homme, devenu idol�tre, �gar�, sous la puissance funeste du p�ch�, a re�u la r�compense due � son �garement et a �t� livr� � un esprit r�prouv�, pour pratiquer avec avidit� toutes les infamies, et non seulement cela, mais il trouve son plaisir en ceux qui commettent de telles choses; oui, il aime � attirer d�autres �tres, rest�s relativement purs, dans sa propre corruption. Il conna�t �la juste sentence de Dieu, que ceux qui commettent de telles choses sont dignes de mort�, mais malgr� cela, non seulement il les pratique, mais encore il trouve son plaisir en ceux qui les commettent (v. 32).

La cr�ature, cr��e autrefois � l�image de Dieu, pourrait-elle tomber encore plus bas? Certainement sa culpabilit� (non seulement son p�ch�) a �t� d�montr�e de la fa�on la plus �vidente, et Dieu est juste en jugeant le coupable selon Sa saintet�.

Informations bibliographiques
bibliography-text="Commentaire sur Romans 1". "Commentaire biblique intermédiaire". https://beta.studylight.org/commentaries/fre/cbi/romans-1.html.