Bible Commentaries
Ruth 1

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versets 1-22

Chapitre 1er

Les �v�nements du livre de Ruth se d�roulent au milieu des tristes circonstances qui caract�risaient le gouvernement des Juges, et cependant il n�y a rien de commun entre le courant des pens�es de ce r�cit et de celui qui le pr�c�de. Le livre des Juges nous d�crit la ruine d�Isra�l livr� � sa responsabilit�, ruine irr�m�diable, malgr� les tendres soins de la mis�ricorde divine qui cherchait � restaurer le peuple et souvent m�me le restaura partiellement. En contraste avec la s�cheresse et la st�rilit� des voies de l�homme infid�le dans le livre des Juges, celui de Ruth est plein de rafra�chissement. On y trouve les �ruisseaux, les sources et les eaux profondes�, dont parle Mo�se; il est frais comme un lever d�aurore. Tout y respire la gr�ce, et nulle fausse note n�interrompt cette d�licieuse harmonie. C�est une oasis verdoyante dans le d�sert, une idylle pure au milieu de la sombre histoire d�Isra�l. Quand nous m�ditons ce petit livre de quatre chapitres, il prend pour nos �mes des proportions infinies. La sc�ne n�a pas chang�, et pourtant on dirait que les sentiments et les affections du ciel sont venus �lire domicile sur la terre. On a peine � comprendre que ce pays, t�moin de tant de guerres, d�infamies et d�idol�tries abominables, f�t � la m�me �poque le th��tre d��v�nements dont la simplicit� nous reporte aux temps b�nis des patriarches.

Cela s�explique. Depuis la chute, deux histoires se c�toient, celle de la responsabilit� de l�homme avec ses cons�quences, et celle des conseils et des promesses de Dieu, avec la mani�re dont il les accomplira malgr� tout. Or c�est la gr�ce. Il ne peut �tre question que d�elle, quand il s�agit de conseils et de promesses divines, car la responsabilit� de l�homme ne peut les atteindre, sa culpabilit� ne saurait les changer, une sc�ne de ruine est incapable de les entraver, et Dieu tance Satan lui-m�me quand il cherche � s�opposer � leur cours (Zach. 3:12). � mesure que le mal s��tend, l�histoire de la gr�ce se d�veloppe d�une mani�re grandissante et marche irr�sistible, jusqu�� ce qu�elle ait atteint le but qu�elle s�est propos�. Elle a le c�ur de Dieu pour point de d�part, pour centre la personne du Seigneur J�sus. Elle aboutit enfin � la gloire excellente du second homme et aux b�n�dictions que nous partagerons avec lui. Voil� pourquoi le livre de Ruth se termine par la mention proph�tique de Celui qui est la racine et la post�rit� de David, du R�dempteur glorieux, promis � Isra�l.

Mais si Ruth est un livre de gr�ce, il est n�cessairement aussi un livre de foi. La gr�ce ne peut aller sans cette derni�re, car c�est la foi qui la saisit et se l�approprie, qui s�attache aux promesses divines et au peuple des promesses, qui trouve enfin ses d�lices dans Celui qui en est le porteur et l�h�ritier. Tel est le caract�re merveilleux des pages que nous allons consid�rer.

�Et il arriva, dans les jours o� les juges jugeaient, qu�il y eut une famine dans le pays� (v. 1). Ces paroles marquent les circonstances sp�ciales de la sc�ne. Nous sommes aux jours des juges, dans la terre d�Isra�l, mais c�est la famine, un temps o� les voies providentielles de Dieu s�exercent en jugement contre son peuple. �Et un homme s�en alla de Bethl�hem de Juda, pour s�journer aux champs de Moab, lui et sa femme et ses deux fils�. Bethl�hem, la ville qui sera le lieu d�origine terrestre du Messie (Mich�e 5:2) et aura le privil�ge de voir resplendir, � son lever, l�astre attendu d�Isra�l, ne contemple aux jours de Naomi que l�indigence et le d�nuement absolu de l�homme. La main qui avait soutenu le peuple s��tait retir�e, et tout lui manquait. Cette v�rit�, d�velopp�e dans le livre des Juges, celui de Ruth ne fait que la constater, mais en y ajoutant, aux v. 2 � 5, certains faits importants.

Pendant ces jours de ruine, et sous les voies de Dieu en ch�timent, �lim�lec, nom caract�ristique qui signifie �Dieu, le roi�, s�expatrie avec Naomi, �Mes d�lices�, et ses enfants. Sous le gouvernement divin, ils cherchent un refuge parmi les gentils. Au milieu de cette d�solation, Naomi est encore, malgr� tout, li�e � son mari et � ses enfants. Son nom n�a pas chang� et elle le porte encore, malgr� la ruine. Mais �lim�lec, Dieu le roi, meurt, et Naomi reste veuve. Par leur alliance avec la nation idol�tre de Moab, ses fils se profanent et meurent. En apparence, la race d��lim�lec est �teinte sans espoir de post�rit�, et �Mes d�lices� en deuil et d�sormais st�rile, est plong�e dans l�amertume.

�Et Naomi se leva, elle et ses belles-filles, et s�en revint des champs de Moab; car elle avait entendu dire, au pays de Moab, que l��ternel avait visit� son peuple pour leur donner du pain. Et elle partit du lieu o� elle �tait, et ses deux belles-filles avec elle; et elles se mirent en chemin pour retourner dans le pays de Juda� (v. 6, 7). � la nouvelle que l��ternel usait de gr�ce envers son peuple, Naomi se l�ve et se met en route pour rentrer dans son pays. L��tat d�Isra�l n�avait pas chang�, mais Dieu lui-m�me avait mis fin � ces jours de jugement providentiel qui s��taient abattus sur la nation, et cette pauvre veuve, courb�e sous le fardeau de l�affliction, pouvait esp�rer des jours meilleurs. La gr�ce, telle est donc, nous l�avons dit, la note premi�re et dominante du livre de Ruth. Toutes les b�n�dictions qu�il contient d�pendent du fait que Dieu �avait visit� son peuple pour leur donner du pain�. Par cette expression bien connue, l�Ancien Testament caract�rise les bienfaits apport�s � Isra�l par le Messie. �Je b�nirai abondamment ses vivres, je rassasierai de pain ses pauvres� (Ps. 132:15). Ah! si la nation l�e�t voulu, ces biens eussent �t� sa portion permanente, quand le Christ fut venu au milieu d�elle, multipliant les pains aux 5 000 et aux 4 000 hommes!

Les belles-filles de Naomi l�accompagnent, mues par la pens�e d�aller avec elle vers son peuple (v. 10). Mais cette bonne intention ne suffit pas, car pour se trouver en rapport avec la gr�ce, il ne faut rien moins que la foi. La conduite d�Orpa et de Ruth illustre ce principe. En apparence, elles ne diff�rent en rien l�une de l�autre. Toutes deux partent avec Naomi et marchent avec elle, lui prouvant ainsi leur attachement. L�affection d�Orpa ne manque point de r�alit�: elle pleure, rien qu�� la pens�e de quitter sa belle-m�re; pleine de sympathie, elle verse encore beaucoup de larmes en la quittant. Orpa, la Moabite, aime aussi le peuple de Naomi: �Elles lui dirent: ... nous retournerons avec toi vers ton peuple�. Mais on peut avoir un caract�re tr�s aimable sans la foi. C�est la foi qui creuse un ab�me entre ces deux femmes si semblables sous tant de rapports. Le c�ur naturel, aux prises avec des impossibilit�s, recule, tandis que la foi s�en nourrit et y accro�t ses forces. Orpa renonce � un chemin sans issue. Que pouvait lui offrir Naomi? Ruin�e, frapp�e de Dieu et remplie d�amertume, avait-elle encore des fils dans son sein pour donner des maris � ses belles-filles? Orpa baise sa belle-m�re et retourne vers son peuple et vers ses dieux (v. 15). Voil� enfin le secret du c�ur naturel d�voil�. Il peut s�attacher au peuple de Dieu sans lui appartenir. Une femme comme Naomi est bien digne d��veiller des sympathies, mais ce n�est pas l� le signe de la foi. Celle-ci, tout d�abord, nous s�pare des idoles, nous fait quitter nos dieux, et nous tourne vers le vrai Dieu. Tel avait �t� le premier pas des Thessaloniciens dans le chemin de la foi (1 Thess. 1:9). Orpa, au contraire, se d�tourne de Naomi et du Dieu d�Isra�l, pour retourner � son peuple et � ses dieux. Aux prises avec la difficult�, elle se montre incapable d�en soutenir l��preuve. Elle s�en va pleurant, mais elle s�en va, pareille � ce jeune homme aimable qui partait tout triste, ne pouvant se r�soudre � se s�parer de ses biens pour suivre un Ma�tre pauvre et m�pris�.

Tout autre est le cas de Ruth. Pr�cieuse foi, pleine de certitude, de r�solution, de d�cision! Comme elle voit clairement son but! Aucune objection ne peut l��branler. Elle �coute Naomi, mais sa conviction est faite, car elle ne conna�t qu�un chemin qui, pour elle, est le chemin n�cessaire. Que deviennent les impossibilit�s de la nature, devant les n�cessit�s de la foi? Ruth ne se laisse arr�ter ni par l�impossibilit� d�un mari, ni m�me par la main de l��ternel �tendue contre sa belle-m�re, et ne voit dans les obstacles qui s�accumulent que des raisons nouvelles pour ne pas abandonner son objet. Naomi est tout pour Ruth, et Ruth s�attache � Naomi. �Ne me prie pas de te laisser, pour que je m�en retourne d�avec toi; car o� tu iras, j�irai, et o� tu demeureras, je demeurerai: ton peuple sera mon peuple, et ton Dieu sera mon Dieu. L� o� tu mourras, je mourrai et j�y serai enterr�e. Ainsi me fasse l��ternel, et ainsi il y ajoute, si la mort seule ne me s�pare de toi!� (v. 16, 17). Accompagner Naomi, marcher, demeurer, mourir avec celle qui, pour Ruth, est le seul lien possible avec Dieu et son peuple, tel est le d�sir de cette femme de foi. Mais ses pens�es vont plus loin qu�une simple association: elle s�identifie avec le peuple, quel que soit son �tat, pour appartenir ainsi au Dieu d�Isra�l, au vrai Dieu qui ne change pas: �Ton peuple sera mon peuple, et ton Dieu sera mon Dieu�. Ayant tourn� le dos � Moab et � ses idoles, elle appartient d�sormais � de nouveaux objets. Sans possibilit� de s�paration, elle s�identifie avec eux; que la mort survienne, elle est impuissante � briser de tels liens. Voyez ici Dieu et la foi qui se rencontrent, s�entendent et s�associent. Comme ce r�cit nous fait bien comprendre que la foi est l�unique moyen de mettre l�homme p�cheur en rapport avec Dieu! Semblable � Ruth s�attachant � Naomi, la foi s�attache au M�diateur, objet des conseils de Dieu, qui seul peut lui donner une relation assur�e avec le vrai Dieu, une position in�branlable devant lui.

Pr�cieux, touchant voyage que celui de ces deux femmes afflig�es remontant � Bethl�hem! Naomi s�en �tait all�e riche et combl�e, et s�en revenait � vide. Y avait-il une d�solation comparable � la sienne? Priv�e de son mari et de ses deux fils, trop vieille pour �tre � un mari, sans espoir humain d�h�ritier, vraie image d�Isra�l, tout �tait fini pour elle du c�t� de la nature et de la loi. Bien plus, la main de l��ternel �tait �tendue contre elle, et le Tout-Puissant lui-m�me, qui paraissait devoir �tre le soutien de sa foi, la remplissait d�amertume sous le poids de son ch�timent. Elle avait �chang� son nom �Mes d�lices�, contre celui de �Mara�, parce que le Dieu d�Isra�l l�avait abattue et que le Dieu d�Abraham l�avait afflig�e. Ruth, sa compagne, comme elle veuve et sans enfants, mais qui n�avait jamais enfant�, et de plus une �trang�re, fille d�un peuple maudit, n�avait point connu les b�n�dictions pass�es d�Isra�l et ne poss�dait aucun droit � ses promesses. Elles vont ensemble, l�une reconnaissant pleinement son �tat et la main qui s�appesantit sur elle, l�autre n�ayant d�autres liens avec Dieu que sa foi et Naomi. Leur chemin est h�riss� de difficult�s, mais elles voient resplendir une �toile qui les guide. La gr�ce a lui; Dieu a visit� son peuple pour leur donner du pain. Elles rentrent ensemble � Bethl�hem au commencement de la moisson des orges, arrivant ainsi sur le lieu de la b�n�diction au moment m�me o� elle est dispens�e. C�est l� qu�elles vont trouver Boaz!

Les lecteurs, quelque peu familiers avec la proph�tie, ne peuvent manquer de voir dans toute cette sc�ne un tableau de l�histoire pass�e d�Isra�l et des voies futures de l��ternel envers lui. Bien qu�il e�t �t� chass� parmi les gentils pour son infid�lit�, certains liens pouvaient subsister encore entre le peuple et Dieu. L��ternel n�avait-il pas dit par leur proph�te: �Bien que je les aie �loign�s parmi les nations, et bien que je les aie dispers�s par les pays, toutefois je leur serai comme un petit sanctuaire dans les pays o� ils sont venus� (�z�ch. 11:16). Mais leur �lim�lec est mort; le seul chef de la famille d�Isra�l, Christ, le Messie, a �t� retranch�; alors la nation est devenue comme une veuve priv�e d�enfants et st�rile au milieu des gentils. Mais quand il reconna�t et accepte le jugement de Dieu sur lui et boit dans l�humiliation cette coupe d�amertume, voici que l�aube d�un jour nouveau se l�ve pour ce pauvre peuple. L�ancien Isra�l de Dieu, objet, dans sa �vieillesse toute blanche�, des voies de l��ternel � l��tranger, se met en route dans l�amertume de son �me pour retrouver les b�n�dictions de la gr�ce. Avec lui se l�ve un Isra�l nouveau, un Lo-Ammi qui n��tait �pas son peuple�, mais qui, trouvant son germe en Ruth, revient, pauvre r�sidu, des champs de Moab pour redevenir le �peuple de Dieu�. Il nous est montr� sous la figure d�une �trang�re, parce que, sur le pied de la loi, il n�a aucun droit aux promesses, et que de nouveaux principes, la gr�ce et la foi, le mettent en rapport avec l��ternel. Sur ce pied-l�, Dieu le reconna�t comme son peuple et lui donne une place d�honneur supr�me en l�associant � la gloire de David et du Messie. Du terrain st�rile est sortie une source rafra�chissante qui n�attendait, pour se montrer, que le moment o� tout espoir humain �tait perdu. Cette fontaine devient une eau courante, un fleuve large et profond, le fleuve de la gr�ce divine, qui porte Isra�l jusqu�� l�Oc�an des b�n�dictions messianiques et mill�naires!

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bibliography-text="Commentaire sur Ruth 1". "Commentaire biblique intermédiaire". https://beta.studylight.org/commentaries/fre/cbi/ruth-1.html.