Bible Commentaries
Tite 1

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versets 1-16

Chapitre 1er

V. 1-4

�Paul, esclave de Dieu, et ap�tre de J�sus Christ selon la foi des �lus de Dieu et la connaissance de la v�rit� qui est selon la pi�t�, dans l�esp�rance de la vie �ternelle que Dieu, qui ne peut mentir, a promise avant les temps des si�cles...; mais il a manifest�, au temps propre, sa Parole, dans la pr�dication qui m�a �t� confi�e � moi selon le commandement de notre Dieu Sauveur, � � Tite, mon v�ritable enfant selon la commune foi: Gr�ce et paix, de la part de Dieu le P�re et du Christ J�sus notre Sauveur!�

Tel est le premier passage capital de notre �p�tre. Comme nous l�avons dit, ces quatre versets r�sument et condensent en quelques mots le sujet in�puisable des grandes v�rit�s du christianisme.

Nous apprenons d�abord que la source de ces b�n�dictions se trouve en Dieu lui-m�me. Il nous est pr�sent� en premier lieu dans son caract�re absolu, comme Dieu; puis comme le Dieu vrai qui ne peut mentir; puis comme le Dieu Sauveur, se r�v�lant comme tel � des �tres perdus; enfin comme Dieu le P�re, le Dieu d�amour. Mais c�est en J�sus Christ, notre Sauveur, que nous avons la r�v�lation de tout ce que Dieu est pour nous.

L�ap�tre Paul est l�instrument de cette r�v�lation. Il s�intitule esclave de Dieu. Ce titre ne se rencontre que deux fois dans les �p�tres (ici et en Jacq. 1:1), et quelquefois dans l�Apocalypse, tandis que celui d�esclave de Christ est plus fr�quent. �tre esclave de Dieu suppose une d�pendance absolue, la crainte et le tremblement dans l�exercice de ses fonctions, le respect de chaque parole sortie de la bouche de Dieu, le profond sentiment de notre responsabilit�. En m�me temps, le grand ap�tre des Gentils est plac� par sa qualit� d�esclave dans la position la plus humble et la plus basse. Cette attitude devait �tre en exemple � Tite qui venait d��tre appel� � occuper une place d�honneur: Or si l�ap�tre lui-m�me avait une position si humble et si d�pendante, combien plus vrai encore cela devait-il �tre de son disciple!

Comme esclave de Dieu, Paul ne s�appartient pas � lui-m�me. Ce que Dieu attend de son esclave, c�est une ob�issance sans r�serve, une fid�lit� scrupuleuse � s�acquitter du message que le Ma�tre auquel il appartient lui a confi�. Mais ce message solennel n�a rien d�effrayant et ne contient aucune menace, car celui qui le porte � d�autres est esclave du �Dieu Sauveur�.

C�est pourquoi aussi Paul s�intitule �ap�tre de J�sus Christ�. Si Dieu a mis la v�rit� entre ses mains, Christ l�envoie pour la faire conna�tre et la r�pandre. Cette mission place Paul dans une relation particuli�re avec Christ, comme son ap�tre, envoy� par Lui pour apporter au monde les v�rit�s que Dieu avait en vue de toute �ternit�, v�rit�s qui �taient offertes aux hommes, comme devant �tre leur part en vertu de l��uvre de Christ. Aussi Paul peut-il dire: �le Christ J�sus notre Sauveur�; l�auteur du salut qui faisait partie en tout temps des desseins du Dieu d�amour � notre �gard. Ce salut, Paul en parle comme lui appartenant en propre � lui-m�me. Il peut dire: Christ n�est pas seulement le Sauveur, mais il est le mien et celui de tous ceux qui croient en Lui: notre Sauveur. Le salut nous a �t� acquis par J�sus Christ. Lui-m�me est devenu esclave de Dieu pour nous l�acqu�rir, et notre serviteur pour nous l�appliquer apr�s l�avoir accompli (Phil. 2:6-8).

Consid�rons maintenant en quoi consiste le minist�re de l�ap�tre:

1� Son apostolat n�a rien de commun avec les principes du juda�sme. Il est enti�rement ind�pendant de la loi. Il est selon la FOI des �lus de Dieu.

Il ne s�adresse ni � la chair, ni � la volont� de l�homme, mais � la foi, en contraste avec la loi. En outre, il exclut enti�rement le principe juif d�un peuple �tabli sur le pied d�une descendance charnelle. Sans doute, cette descendance �tait �tablie � l�origine sur la foi du seul Abraham, tout en laissant subsister des relations selon la chair avec le peuple issu de lui. Mais ce peuple dans la chair, appel� � se soumettre � la loi, a perdu par sa d�sob�issance tout droit � �tre reconnu comme le peuple de Dieu et ne retrouvera plus tard ce titre que sur le pied, comme nous, de la foi des �lus.

L�apostolat de Paul s�adressait � la foi individuelle et non pas � un peuple privil�gi�, issu d�une descendance terrestre. Ceux qui recevaient cette foi �taient les �lus de Dieu qu�Il avait en vue de toute �ternit�, comme devant lui appartenir, et qui, sauv�s par la foi, constituaient d�sormais par leur r�union un peuple c�leste.

Ces deux choses, la foi et l��lection, caract�risent, d�une mani�re absolue, le christianisme, en contraste avec le juda�sme. L�une et l�autre d�pendent exclusivement de la gr�ce et non de la loi.

2� Le second sujet de l�apostolat de Paul �tait �la connaissance de la v�rit� qui est selon la pi�t��.

C��tait la v�rit�, la v�rit� tout enti�re, qu�il donnait � conna�tre, rien moins que cela! Qu�est-ce donc que la v�rit�? Elle est, comme nous l�avons fait remarquer autre part, la pleine r�v�lation de ce que Dieu est (de sa nature), de ce qu�Il dit (de sa Parole) et de ce qu�il pense (de son Esprit); en d�autres termes, la r�v�lation du P�re, du Fils et du Saint Esprit.

Ce que Dieu est nous est r�v�l� en Christ dans lequel toute la pl�nitude de la d�it� habite corporellement (Col. 2:9). C�est en Christ que nous connaissons Dieu comme Celui qui est lumi�re et qui est amour.

La v�rit� est ensuite ce que Dieu dit, c�est-�-dire sa Parole. �Ta Parole�, dit J�sus, �est la v�rit� (Jean 17:17). Cette Parole nous est apport�e par Christ. Il est donc � la fois ce que Dieu est et ce que Dieu dit. Dans l��vangile de Jean qui le pr�sente comme �Fils de Dieu�, il dit continuellement: �Je suis�. Quand les Juifs lui demandent: �Toi qui es-tu?� il leur r�pond: �Absolument ce qu�aussi je vous dis�. (Jean 8:25). L�identification absolue en Christ de ces deux c�t�s de la v�rit�: ce que Dieu est, et ce qu�Il dit: Sa nature et Sa Parole, nous est pr�sent�e dans ce passage. C�est en Christ (�en Fils�) que Dieu nous a parl�, en contraste avec la mani�re fragmentaire dont il avait parl� autrefois par les proph�tes (H�b. 1:1), pr�sentant par eux une partie de la v�rit�, tandis qu�en Christ qui est la Parole, Dieu la pr�sente maintenant dans sa totalit�. Le christianisme est la supr�me et seule compl�te expression de la v�rit�, parce que la v�rit� nous y parle �en Fils�. Elle est venue par Lui, non par Moise, parce qu�elle est venue dans une personne qui est la v�rit� elle-m�me, telle que la Parole nous la r�v�le.

La v�rit� est enfin la pens�e de Dieu sur toutes choses. Cette pens�e est en Christ, et l�Esprit en rend t�moignage, car �l�Esprit est la v�rit� (1 Jean 5:6). Il rend t�moignage que la vie �ternelle est en Christ et nous est acquise par son sacrifice.

La v�rit� trouve donc sa parfaite expression en Christ, car il est Lui-m�me la v�rit�: �Je suis la v�rit��, dit-il (Jean 14:6). Sous le r�gime de la loi, Dieu ne r�v�lait point toute sa pens�e sur quoi que ce f�t. Il ne se faisait pas conna�tre comme le Dieu d�amour: tout au plus, la r�v�lation que l��ternel donna, quant � Lui-m�me, sous la loi fut-elle accompagn�e de la proclamation de sa mis�ricorde (Ex. 34:6). Sous la loi, Dieu ne r�v�lait pas non plus que l�homme est perdu, car la loi supposait la possibilit� pour l�homme d�obtenir la vie en ob�issant aux commandements de Dieu. L��ternel n�y r�v�lait pas non plus sa pens�e sur le monde, car sous la loi le monde n��tait pas encore pr�sent�, comme d�finitivement asservi � Satan et condamn� � ni sur le ciel, car l�homme �tant p�cheur, le ciel lui �tait ferm� et la loi ne pouvait lui promettre qu�une b�n�diction terrestre. Dieu lui-m�me n��tait pas non plus manifest� sous la loi et restait cach� dans une profonde obscurit� derri�re le voile. Il n��tait pas non plus question, sous la loi, d�un sacrifice qui p�t �ter les p�ch�s et r�concilier, une fois pour toutes, le p�cheur avec Dieu.

En r�sum�, la connaissance de la v�rit� �tait inconnue sous la loi, sauf d�une mani�re partielle. Dans sa pl�nitude, cette connaissance appartient exclusivement au christianisme.

Mais notons ici un second point: cette connaissance de la v�rit� est selon la pi�t�.

La pi�t� est le maintien de relations habituelles entre notre �me et Dieu, maintien puis� dans la connaissance de la v�rit�. Le �myst�re de la pi�t� en 1 Tim. 3:16, n�est pas autre chose; c�est le secret par lequel la pi�t� est produite, par lequel l��me est amen�e � jouir de ses relations avec Dieu et y est maintenue. La v�rit�, comme nous l�avons vu, se r�sume tout enti�re en une seule personne, J�sus, Dieu manifest� en chair. Lui seul nous a fait conna�tre Dieu et nous met en relation avec Lui. C�est pourquoi �le myst�re de la pi�t� qui est grand� se r�sume dans la connaissance de Christ seul: �Dieu a �t� manifest� en chair, a �t� justifi� en Esprit, a �t� vu des anges, a �t� pr�ch� parmi les nations, a �t� cru au monde, a �t� �lev� dans la gloire� (1 Tim. 3:16). La connaissance de la v�rit�, si elle n�avait pas la pi�t� pour r�sultat, conduirait l�homme � sa condamnation �ternelle, car elle ne le mettrait jamais en relation avec Dieu: Au lieu de poss�der la v�rit� qui est selon la pi�t�, on peut �la poss�der tout en vivant dans l�iniquit� (Rom. 1:18), et l�homme qui la poss�de ainsi sera l�objet de la col�re de Dieu au lieu d��tre l�objet de sa faveur.

3� L�apostolat confi� � Paul avait pour base l�esp�rance de la vie �ternelle. Cette esp�rance est une certitude qui n�a rien de vague ni d�incertain comme l�esp�rance humaine, car elle appartient � la foi. La vie �ternelle avait �t� promise par Dieu lui-m�me, avant que les temps des si�cles eussent commenc�; et comment Dieu pourrait-il mentir � sa propre promesse d��ternit�? N�a-t-il pas dit: �Il n�y en a point comme moi, d�clarant d�s le commencement ce qui sera � la fin,... en disant: Mon conseil s�accomplira?� (�s. 46:10). Les ��lus de Dieu� poss�dent d�j� maintenant cette vie, par la foi en un Christ mort (Jean 6:54). �Il est le Dieu v�ritable et la vie �ternelle�. Quiconque croit en Lui a cette vie, non pas la vie humaine p�rissable, mais une vie spirituelle sans fin, la vie de Dieu lui-m�me, une vie capable de conna�tre Dieu, de jouir de Lui, d�avoir communion avec Lui, le P�re, et avec son Fils J�sus Christ. Telle est �la vie �ternelle�. Sans doute, aussi longtemps que le chr�tien sera ici-bas, sa jouissance de cette vie sera imparfaite, mais, cette vie, nous en r�aliserons bient�t toute la valeur dans la gloire, quand nous le verrons, Lui, notre vie, et Lui serons semblables; quand nous conna�trons comme nous avons �t� connus; quand nous jouirons des ineffables d�lices d�une communion parfaite et ininterrompue avec Lui, l�objet de notre esp�rance.

Telle est la doctrine chr�tienne, l�essence m�me du christianisme. Certes, nous pouvons nous �crier avec l�ap�tre: �O profondeur des richesses et de la sagesse et de la connaissance de Dieu!� Oui, quelles richesses infinies! Quel objet le christianisme nous donne! Quelle assurance! Quelle jouissance actuelle! Quel bonheur et quelle paix dans nos relations avec Dieu! Quelle joie accomplie dans sa communion! Quelle certitude pour l�avenir! Y a-t-il une connaissance qui puisse �tre compar�e � celle que l��vangile nous apporte?

4� Mais il a manifest� au temps propre sa Parole. En contraste avec �les temps des si�cles�, il y a �un temps propre�. Ce temps, nous y sommes; c�est le jour d�aujourd�hui dans lequel Dieu a pleinement manifest� tout le conseil de sa gr�ce, dont nous venons de parler. Ce �temps propre�, Dieu l�avait d�termin� d�avance: il est maintenant apparu. Il a �t� inaugur� par un fait unique dans l�histoire et dont la valeur n�aura pas plus de terme que l��ternit� elle-m�me: nous voulons parler de la croix de Christ et de la r�surrection du Fils de Dieu d�entre les morts. C�est l� que tout le conseil de Dieu � notre �gard a �t� pleinement manifest�. Le voile qui nous s�parait de Dieu est d�chir�, l�acc�s devant Lui ouvert dans la pleine lumi�re, la relation avec Lui, comme notre P�re, �tablie � toujours, l�h�ritage, proclam� comme notre part avec Christ dans la gloire � et tout cela par Lui et en Lui.

Rien de semblable n�avait �t� annonc� ni connu auparavant. La Parole du Dieu qui ne peut mentir est maintenant manifest�e. Les pens�es �ternelles de Dieu existaient jusque-l� dans le myst�re de ses conseils, elles sont maintenant connues, et la pr�dication de cette Parole a �t� confi�e � Paul. Quelle importance immense avait donc son apostolat! D�s lors la Parole de v�rit� est compl�te (Col. 1:25). Sa pr�dication �tait un commandement et nous savons comment l�ap�tre y a ob�i. Mais ce commandement n�avait aucune ressemblance avec la loi, car c��tait, non pas l��ternel, le Dieu du Sina�, mais le Dieu Sauveur qui se r�v�lait au temps convenable dans la parole dont la pr�dication �tait confi�e � l�ap�tre.

Paul adresse son �p�tre � Tite (v. 4). Celui-ci �tait le v�ritable enfant de l�ap�tre. Il avait �t� engendr� selon la v�rit� et avait re�u cette derni�re sur le m�me pied que son p�re spirituel, sur le pied de la foi. Cette foi �tait donc commune � Paul et � Tite (au juif et au gentil), mais Paul avait �t� l�instrument pour la communiquer � ce dernier.

Dieu le P�re et le Christ J�sus notre Sauveur, l�amour divin et la gr�ce divine, s�unissent pour apporter � Tite un heureux message de faveur et de paix comme b�n�dictions actuelles, lesquelles �taient sa part, aussi bien que celle de l�ap�tre qui avait le m�me Sauveur que son disciple.

V. 5-9

�Je t�ai laiss� en Cr�te dans ce but, que tu mettes en bon ordre les choses qui restent � r�gler, et que, dans chaque ville, tu �tablisses des anciens, suivant que moi je t�ai ordonn�: si quelqu�un est irr�prochable, mari d�une seule femme, ayant des enfants fid�les, qui ne soient pas accus�s de dissipation, ou insubordonn�s. Car il faut que le surveillant soit irr�prochable comme administrateur de Dieu, non adonn� � son sens, non col�re, non adonn� au vin, non batteur, non avide d�un gain honteux, mais hospitalier, aimant le bien, sage, juste, pieux, continent, tenant ferme la fid�le Parole selon la doctrine, afin qu�il soit capable, tant d�exhorter par un sain enseignement, que de r�futer les contredisants.�

Nous venons de voir quelles sont les bases du christianisme: La foi des �lus, la v�rit� selon la pi�t�, la vie �ternelle, la Parole de Dieu, enfin la pr�dication qui puise ces choses dans la Parole. Tous ces sujets sont compris dans ce qui est appel� �la sainte doctrine�. Les versets 5 � 9 que nous venons de citer traitent du bon ordre dans l�Assembl�e, mais le bon ordre ne peut avoir lieu sans la saine doctrine et l�enseignement qui la pr�sente. C�est ce que nous avons fait remarquer d�s le d�but de cet �crit.

Cet enseignement est confi� � tous ceux auxquels Dieu a donn� une responsabilit� sp�ciale dans l�assembl�e: � Tite d�abord (2:1), aux anciens (1:9), aux femmes �g�es, dans une mesure, il est vrai, tr�s limit�e (2:3), aux jeunes hommes (2:7). Enfin l�enseignement a son mod�le parfait dans l�enseignement de la gr�ce qui est apparue en J�sus (2:12).

L�administration confi�e � Tite consistait � �tablir, r�gler et maintenir le bon ordre dans les assembl�es de Dieu en Cr�te, tandis que l�administration confi�e � Timoth�e dans l�assembl�e d��ph�se consistait � veiller d�une mani�re sp�ciale sur la doctrine, afin qu�elle ne f�t pas falsifi�e. L�administration confi�e � l�ap�tre Paul �tait infiniment plus �tendue que celle de ses d�l�gu�s: il avait la gestion du myst�re du Christ dans ce monde (�ph. 3:2, 9; 1:10; 1 Cor. 9:17), du myst�re cach� d�s les si�cles et d�s les g�n�rations, mais r�v�l� maintenant par l�Esprit. Ce myst�re �tait l�union en un seul corps de l��glise avec Christ. Paul avait � faire conna�tre � cette derni�re sa position et sa vocation, et la g�rance de ce myst�re �tait ins�parable d�un travail incessant et d�une surveillance continuelle, car l�ap�tre d�sirait pr�senter � Christ son �pouse comme une �vierge chaste�.

Quant � Tite, il s�agissait plut�t, mais non pas exclusivement, de maintenir l�ordre ext�rieur dans les relations individuelles des chr�tiens entre eux. Sous ce rapport, il restait plusieurs choses � r�gler, entre autres d��tablir des anciens.

La question des anciens, soulev�e tant de fois par ceux qui d�fendent le clerg� dans les �glises protestantes, et �clair�e � la lumi�re de la Parole, semble d�sormais r�gl�e pour quiconque est soumis � l�autorit� des �critures, en sorte qu�il para�t inutile d�en faire une nouvelle exposition, aussi nous bornerons-nous � la r�sumer.

Les anciens, nom identique � celui d��v�ques ou surveillants, sont soigneusement distingu�s des dons de l�Esprit ou des dons accord�s par Christ glorifi� � son �glise. L�identification de ces dons avec les charges d��v�ques (ou surveillants) et de diacres (ou serviteurs) est une marque de la ruine de l��glise et a tr�s vite caract�ris� cette derni�re apr�s l�abandon du premier amour. Les anciens, ainsi que les diacres, sont des charges locales (c�est-�-dire ne d�passent pas la circonscription d�une assembl�e locale). Ces charges existaient, non pas officiellement, mais tout aussi r�ellement, dans les assembl�es sorties du Juda�sme, tandis qu�elles �taient �tablies dans les assembl�es des nations par l�ap�tre ou par ses d�l�gu�s. Il pourrait y en avoir eu d�autres, mais deux de ces d�l�gu�s seulement, Timoth�e et Tite, sont mentionn�s dans les �p�tres comme envoy�s par l�ap�tre Paul. En tout cas nous ne sommes autoris�s � reconna�tre que ceux qui sont mentionn�s dans la Parole. Tite est le d�l�gu� dont notre �p�tre nous occupe.

Les dons existeront jusqu�� la fin (�ph. 4:11-14). Jamais cela n�est dit des charges. Leur absence actuelle (car nous ne reconnaissons en aucune mani�re des anciens institu�s en contradiction flagrante avec la parole de Dieu), est une preuve tout aussi palpable de la ruine de l��glise, que leur institution sans la sanction des �critures. O� se trouve, en effet, maintenant l�autorit� pour les �tablir? Sans doute le Seigneur met au c�ur des siens, l� o� ils sont r�unis selon sa Parole, de r�pondre au besoin de surveillance qui se fait sentir au milieu des assembl�es, mais tout �tablissement ou cons�cration d�anciens, d�une autre mani�re que celle qui est enseign�e par la Parole est en contradiction avec la pens�e de l�Esprit de Dieu. Les chr�tiens soumis � la Parole s�en tiendront strictement, sur ce point comme sur tout autre, � l�enseignement qu�elle nous donne.

Le don et la charge locale peuvent exister chez le m�me individu, mais ils ne sont jamais confondus dans l��criture. De mani�re ou d�autre, tous les anciens �taient cens�s pa�tre le troupeau, mais il y avait des anciens qui ne servaient pas dans la Parole. Outre leurs fonctions qui consistaient � surveiller le troupeau et � en prendre soin, les anciens devaient �tre capables d�enseigner, de retenir ferme la Parole selon la doctrine, d�exhorter selon elle et de r�futer les contredisants, mais travailler dans la Parole et dans l�enseignement n��tait pas indispensable � leur charge; de fait, ce n��tait pas leur charge. Voyez 1 Tim. 5:17 o� il est dit: �Sp�cialement ceux qui travaillent dans la Parole et dans l�enseignement�.

Nous trouvons donc, dans les vers. 6-9 les qualit�s requises des anciens pour que Tite p�t les �tablir. Il s�agit en premier lieu (v. 6) de qualit�s que nous appellerons ext�rieures, parce qu�elles peuvent �tre contr�l�es par tous. Elles se manifestent, chez l�ancien, dans la conduite de sa maison et dans la vie de sa famille. Il fallait que, sous ce rapport, l�ancien f�t irr�prochable. Comment aurait-il pu reprendre les autres s�il m�ritait lui-m�me des reproches? Il devait �tre mari� et ne pouvait avoir deux femmes, chose qui n��tait pas selon l�ordre divin �tabli � la Cr�ation, mais chose habituelle parmi les Gentils et commune chez les Juifs qui renvoyaient une femme qui ne leur plaisait pas pour en prendre une autre. L�ancien devait gouverner selon Dieu sa propre famille (pour �tre ancien, il �tait n�cessaire qu�il e�t des enfants) sinon, comment le gouvernement de l�assembl�e pouvait-il lui �tre confi�? Ses enfants devaient �tre fid�les. La fid�lit� suppose la conversion, la foi, la pi�t�. Il ne fallait pas que ses enfants pussent �tre accus�s de dissipation, c�est-�-dire d�abandon de soi-m�me et d�inconduite. Tel avait �t� autrefois le cas des fils d�H�li. Ceux-ci avaient �t� en pi�ge � leur p�re qui n�avait pas s�vi contre eux et les �avait honor�s plus que l��ternel�. Aussi leurs d�bordements avaient attir� un jugement terrible sur eux et sur leur p�re. Les enfants de l�ancien ne devaient pas encourir le reproche d�insubordination, en ne reconnaissant pas l�autorit� de leur p�re sur eux. � ces traits le monde pouvait apprendre qu�un ordre selon Dieu �tait maintenu dans la famille de l�ancien.

Le v. 7 nous pr�sente l�Ancien lui-m�me quant � ses qualit�s int�rieures et personnelles. S�il devait �tre irr�prochable dans sa vie de famille, il devait l��tre aussi comme administrateur de Dieu. Il n��tait responsable, ni envers l�ap�tre qui avait ordonn� son �tablissement, ni envers Tite qui l�avait �tabli, mais envers Dieu qui lui confiait l�administration de sa maison. Nous trouvons donc ici trois degr�s dans l�administration: d�abord l�ap�tre, puis Tite, son d�l�gu�, puis l�ancien, mais tous ayant leur responsabilit� envers Dieu seul. Combien cela est important � maintenir! Quelle que soit la t�che que Dieu nous a confi�e, c�est envers Lui que nous devons nous en acquitter. Les administrations, comme nous l�avons vu, sont tr�s diverses; un ancien ne pouvait empi�ter sur celle de Tite, ni un Tite sur celle de l�ap�tre. En faisant ainsi, l�un ou l�autre aurait fait preuve d�une suffisance et d�une ind�pendance des plus coupables, qui aurait amen� un d�sordre complet dans ces diverses administrations, mais il n�en restait pas moins vrai que la responsabilit� de chacun � ici, celle de l�ancien � �tait compl�te et nullement att�nu�e vis-�-vis de Dieu, parce qu�il se trouvait dans une position subordonn�e. Ici cette administration �tait ext�rieure, sans doute, mais il n�y a rien d�indiff�rent quand il s�agit de la maison de Dieu.

Quant aux qualit�s personnelles n�cessaires � l�ancien, l�ap�tre signale d�abord cinq qualit�s n�gatives.

1� non adonn� � son sens. L�absence de cette premi�re qualit� n�gative n�est, h�las! que trop fr�quente chez les enfants de Dieu. On ne r�ussit jamais � faire revenir certains esprits sur leur propre opinion. Ce d�faut recouvre beaucoup de satisfaction de soi-m�me, d�obstination, et au fond beaucoup d��go�sme et d�orgueil avec une propre volont� qui ne veut pas se soumettre aux pens�es des autres, oubliant qu�il est dit: ��tant soumis les uns aux autres dans la crainte de Christ� (�ph. 5:21). � lui seul, ce d�faut rend un chr�tien incapable d��tre un surveillant, c�est-�-dire d�administrer sagement la maison de Dieu; aussi vient-il en premier lieu dans la liste de ce qui disqualifie l�ancien. Une bonne administration ne va pas sans abn�gation de soi-m�me. 2� non col�re. Un homme col�rique n�a pas le sage et tranquille gouvernement de lui-m�me, et comment gouvernerait-il les autres? 3� non adonn� au vin. Il ne s�agit pas ici d�un ivrogne, dont il est dit qu�il �n�h�ritera pas du royaume de Dieu�, mais d�une habitude d�intemp�rance qui s�allie � la col�re et en est souvent la cause, comme 4� �non batteur� en est la suite. 5� ni avide d�un gain honteux1. Il est dit aussi des diacres ou serviteurs en 1 Tim. 3:8: �Non adonn�s � beaucoup de vin, non avides d�un gain honteux�. La m�me expression est employ�e en 1 Pierre 5:2 au sujet des anciens: �surveillant non point par contrainte, mais volontairement, ni pour un gain honteux, mais de bon gr�. Il �tait honteux d�exercer sa charge de surveillant en vue d�en tirer un profit p�cuniaire. Aimer l�argent pour l�argent est d�j� un pi�ge terrible et dispose � en recevoir de toutes mains et de toute origine.

1 Ici la honte ne r�side pas proprement dans l�amour de l�argent, convoitise r�prouv�e chez l�ancien en 1 Tim. 3:3, mais dans l�amour du gain auquel l�amour de l�argent conduit. Ce gain est signal� � juste titre comme honteux, parce que des fonctions saintes qui ne devraient avoir pour mobile qu�un d�vouement enti�rement d�sint�ress� pour la maison de Dieu, sont employ�es et mises � profit pour satisfaire de basses convoitises.

Au vers. 8 nous trouvons sept qualit�s positives de l�ancien. Avant de les �num�rer, je ferai remarquer qu�en 1 Tim. 3:2-4, quatorze qualit�s sont r�clam�es des anciens, m�lang�es, il est vrai, de qualit�s n�gatives. La liste est donc plus compl�te qu�ici (deux fois compl�te, pour ainsi dire), le nombre 7 jouant un r�le immense dans la parole de Dieu au point de vue moral et m�me, comme quelques-uns l�ont remarqu�, dans la structure purement ext�rieure de l��criture sainte. Sept est le nombre complet, le nombre de la pl�nitude en rapport avec l�administration divine. En outre, dans l��p�tre � Timoth�e, la dignit� de la charge des anciens est rehauss�e par le nombre 14, en pr�sence des fonctions des diacres et des diaconesses qui ne comportent que le nombre 7.

Revenons maintenant aux qualit�s positives de l�ancien qui sont �num�r�es dans notre chapitre.

1� hospitalier. L�hospitalit� ne peut jamais s�accorder avec l�avidit� du gain et l�avarice. En H�b. 13:2, cette hospitalit� est recommand�e � tous les saints comme ayant eu parfois pour cons�quence d�h�berger des messagers divins porteurs de b�n�dictions sp�ciales. Ici le surveillant ne doit ni chercher ses aises, ni craindre le d�rangement de ses habitudes. Sa maison doit �tre ouverte � tous; il doit �tre accueillant dans ce petit cercle qui est le mod�le du grand domaine de la maison de Dieu que l�ancien administre localement.

2� aimant le bien. C�est plus que �ha�r le mal�. Dans le dernier cas, le mal occupe les pens�es en vue de s�en s�parer, dans le premier c�est le bien qui les occupe, afin d�en jouir. La cons�quence imm�diate est que l�on s�attache aux gens de bien et que l�on a communion avec eux. 3� et 4� sage, juste. Un homme sage et juste est r�fl�chi, pond�r�, ne se laisse pas aller � la premi�re impression et au premier mouvement et sait peser �quitablement les circonstances dans lesquelles les autres se trouvent. 5� pieux (hosios). �tre pieux c�est �tre saint dans sa conduite et agr�able � Dieu dans ses voies; mener une vie dont Dieu est le centre, une vie r�gl�e et nourrie par lui. 6� continent. De cette mani�re, les passions de la chair n�ont pas l�occasion de se manifester et les convoitises naturelles sont r�prim�es.

7� tenant ferme la fid�le parole selon la doctrine. Le devoir de l�ancien �tait d��tre fermement attach� � la Parole et de la maintenir. Elle �tait la fid�le parole, selon l�enseignement des ap�tres, parole certaine, qui ne trompe pas, sur laquelle on peut absolument compter, parce qu�elle est la parole du Dieu fid�le. Mais l�ancien ne pouvait �tre � l�origine �celui qui enseigne�; il �tait enseign� lui-m�me par la doctrine confi�e aux ap�tres, par les saines paroles qu�ils �taient charg�s de communiquer et ces paroles n��taient pas autre chose que les ��critures avant la lettre�, mises dans la bouche des ap�tres, aussi l�ancien devait-il les tenir ferme. La doctrine n��tait donc autre que la pleine certitude de la Parole, parce qu�elle lui �tait assimil�e. C��tait la Parole, l�enseignement qui la pr�sentait, non pas la doctrine qui en provenait qu�il s�agissait de tenir ferme. � Cet attachement � la Parole rendait l�ancien capable, tant d�exhorter (les fid�les) par un sain enseignement que de r�futer les contredisants (ceux qui s�opposent � la doctrine chr�tienne). La capacit� acquise par l�affection pour la parole de Dieu �tait une des choses n�cessaires � l�ancien. Quand il s�agit de maintenir l�ordre dans la maison de Dieu, les qualit�s morales et de conduite personnelle ne suffisent pas. Sans doute, si elles �taient absentes, il n�y aurait aucune autorit� morale pour l�administration, mais de fait, aucune administration n�est possible si elle n�a pas la Parole pour base et pour r�gle. � Ces choses n��taient pas requises des diacres en 1 Tim. 3:8-10, sauf qu�ils avaient � �garder le myst�re de la foi dans une conscience pure�. Dans ce m�me chapitre on trouve deux myst�res, celui de la foi et celui de la pi�t�. �Le myst�re de la foi� est l�ensemble des v�rit�s, maintenant r�v�l�es, qui appartiennent � la foi. Il fallait donc, pour le simple service d�un diacre, une familiarit� avec les grandes lignes de la Parole, lignes qui devaient avoir atteint la conscience pour y �tre gard�es. Cela donnait une saveur particuli�re au plus humble service, comme servir aux tables, mais cela pr�parait le diacre � �tre �plein de gr�ce et de puissance�, comme �tienne, quand il �tait appel� � rendre un t�moignage public devant le monde.

La responsabilit� de l�ancien est beaucoup plus �tendue que celle des diacres ou serviteurs qui, du reste, ne sont pas en vue dans l��p�tre � Tite, circonstance bien explicable, puisque c��tait l�assembl�e qui choisissait les diacres, �tablis, seulement ensuite, par les ap�tres pour un service particulier (Actes 6:3-5). � Pour surveiller ou maintenir l�ordre, il faut souvent pouvoir exhorter, ou r�futer les contredisants. Or la base de l�exhortation elle-m�me est le sain enseignement et nous avons ici l�occasion de constater ce que nous disions au d�but, que la saintet� pratique et une marche droite et pieuse sont ins�parables de la saine doctrine, et, quoique les hommes en pensent, ne peuvent exister sans elle. C�est aussi par elle que les r�calcitrants peuvent �tre r�duits au silence et emp�ch�s de contaminer l�assembl�e en faisant opposition � la v�rit�.

On voit donc quelle importance est attach�e � la fonction de surveillant, quand m�me la sph�re de son exercice est limit�e � l�assembl�e locale. Cette charge doit �tre par cons�quent adapt�e aux circonstances locales de l�assembl�e o� elle s�exerce. Il en �tait ainsi, comme nous allons le voir, dans les assembl�es de la Cr�te. C�est pourquoi aussi les qualit�s requises des anciens n��taient pas absolument les m�mes quand il s�agissait de l�assembl�e d��ph�se dans la premi�re �p�tre � Timoth�e.

Les anciens n��taient pas des dons du Saint Esprit caract�ris�s par l�universalit� de leur action, mais leur activit� ordinaire �tait le r�sultat pratique d�une vie sainte, pieuse, d�vou�e, fermement attach�e � la Parole. Cependant la charge d�ancien n�excluait pas plus le don, que celle de diacre. C�est ce que nous voyons lors de la merveilleuse pr�dication d��tienne en Actes 7. C�est ce que nous trouvons aussi en 1 Tim. 5:17. On voit dans ce passage que tous les anciens ne travaillaient pas �dans la parole et dans l�enseignement�. Leur travail dans ce domaine est signal� comme une exception excellente et digne d�un double honneur quant � l�aide, de quelque nature qu�elle f�t, qui devait leur �tre donn�e.

V. 10-16

�Car il y a beaucoup d�insubordonn�s vains discoureurs et s�ducteurs, principalement ceux qui sont de la circoncision, auxquels il faut fermer la bouche, qui renversent des maisons enti�res, enseignant ce qui ne convient pas, pour un gain honteux. Quelqu�un d�entre eux, leur propre proph�te, a dit: �Les Cr�tois sont toujours menteurs, de m�chantes b�tes, des ventres paresseux�. Ce t�moignage est vrai; c�est pourquoi reprends-les vertement, afin qu�ils soient sains dans la foi, ne s�attachant pas aux fables juda�ques et aux commandements des hommes qui se d�tournent de la v�rit�. Toutes choses sont pures pour ceux qui sont purs; mais, pour ceux qui sont souill�s et incr�dules, rien n�est pur, mais leur entendement et leur conscience sont souill�s. Ils professent de conna�tre Dieu, mais par leurs �uvres ils le renient, �tant abominables et d�sob�issants, et, � l��gard de toute bonne �uvre, r�prouv�s.�

Les versets 10 � 11 d�crivent les contredisants du vers. 9, v�ritable plaie des assembl�es de la Cr�te. Ils ont trois caract�res: 1� insubordonn�s. Ne souffrant pas d�autorit� �tablie sur eux, ils s�y opposent et s��l�vent contre toute surveillance institu�e par Dieu pour maintenir l�ordre dans sa maison; 2� vains discoureurs. Il suffit souvent d�une certaine faconde qui recouvre et cache la nullit� spirituelle et morale de ces hommes, pour attirer des chr�tiens ignorants, l�gers ou mondains, incapables, de ce fait, de discerner le but de ces discoureurs. 3� s�ducteurs. Ils sont en r�alit� des instruments de Satan, le S�ducteur par excellence, et des organes de l�Ennemi pour ruiner et d�truire l��uvre de Dieu. Ces agents se recrutaient surtout parmi ceux qui sont de la circoncision. Rien ne s�duit davantage le monde religieux qu�un syst�me l�gal bas� sur la capacit� de l�homme pour faire le bien. La doctrine de l�incapacit� absolue de l�homme p�cheur ne peut aller � ces opposants. Il faut leur fermer la bouche, ne pas permettre qu�ils attaquent et d�truisent la doctrine de la gr�ce et de la foi dans l�assembl�e. Leur action renverse des maisons enti�res. On sait combien l�autorit� du chef de famille est dangereuse quand il se laisse entra�ner lui-m�me et c�de, au lieu de r�sister, aux faux docteurs et aux s�ditieux. On a pu voir des familles enti�res abandonner en corps la saine doctrine de l�assembl�e de Dieu, pour retourner � l�enseignement l�gal et devenir ainsi de nouveaux agents de ruine au lieu de contribuer � l��dification du corps de Christ.

Ces gens enseignaient ce qui ne convient pas, en opposition avec le �sain enseignement� des anciens, et avec celui de Tite lui-m�me qui est exhort� (2:1) � annoncer les choses qui conviennent au sain enseignement. �Ce qui ne convient pas� �tait ce qui nuisait n�cessairement � la sant� morale des chr�tiens et les d�tournait de Christ et de la v�rit�. Mais il y avait � discerner leurs motifs: ils enseignaient pour un gain honteux. Voil� pourquoi il �tait si n�cessaire de leur opposer des anciens, choisis selon Dieu et qui n��taient pas �avides d�un gain honteux� (v. 7). Ces hommes savaient que leur marchandise frelat�e serait du go�t de plusieurs; ils en tiraient du profit pour eux-m�mes, de quelque c�t� que leur v�nt l�argent qu�ils convoitaient. Abraham aurait fait un gain honteux s�il avait accept� les dons du roi de Sodome; Pierre aussi, s�il avait re�u l�argent de Simon le magicien.

v. 12-14. Ces discoureurs, et parmi eux les membres du peuple juif, �taient Cr�tois d�origine. Les Cr�tois avaient, eux aussi, comme d�autres nations, leur propre proph�te, po�te et moraliste, qui dans ses �uvres montrait un profond m�pris pour ses concitoyens. C�est ce qui arrive d�habitude, dans le monde, aux moralistes clairvoyants qui se sont donn� pour t�che de conna�tre les hommes. Ils les ont, au bout du compte, en fort petite estime, mais ne vont jamais jusqu�au m�pris d�eux-m�mes, ne s��tant jamais trouv�s devant Dieu pour dire comme Job: �J�ai horreur de moi�. �pim�nide donc, philosophe et homme d��tat, leur propre proph�te, dans le seul fragment qui, sauf erreur, nous reste de lui, jugeait ainsi ses concitoyens, 600 ans avant J�sus Christ

Les Cr�tois sont toujours menteurs, de m�chantes b�tes, des ventres paresseux�. Le mensonge, la m�chancet� bestiale et la gloutonnerie, des app�tits qui cherchent � se satisfaire sans travail et sans peine, tel �tait le portrait des Cr�tois; tels peut-�tre, sont-ils encore. Ce t�moignage est vrai, dit l�ap�tre. Quant au jugement de ses concitoyens, cet homme avait parl� selon Dieu, il �poss�dait la v�rit� (Rom. 1:18); il �tait un t�moin, reconnu de Dieu, de la corruption des Cr�tois. Qu�y avait-il � faire � l��gard de ces hommes? �Reprends-les vertement�, dit l�ap�tre � son fid�le d�l�gu�. Nous trouvons ce m�me mot grec en 2 Cor. 13:10, o� Paul parle d�user �de s�v�rit�, selon l�autorit� que le Seigneur lui a donn�e pour l��dification et non pas pour la destruction�. Il s�agissait donc d�user envers les �s�ducteurs� de s�v�rit�, avec autorit�, fonction qui n��tait pas confi�e aux anciens, mais � Tite, d�sign� par l�ap�tre, lequel lui-m�me avait re�u directement cette autorit� du Seigneur. C��tait aussi ce que Paul avait fait plus d�une fois, m�me � l��gard de Pierre, ap�tre comme lui, quand la foi �tait en danger et la saine doctrine en p�ril. Mais la r�pr�hension m�me, adress�e � ces vains discoureurs et s�ducteurs avait l�amour pour mobile. Son but n��tait pas de rejeter ces hommes encombrants et dangereux, mais de les amener � �tre sains dans la foi. Il fallait ce d�ploiement d�autorit� spirituelle pour leur faire reconna�tre les v�rit�s re�ues par la foi1. Il va sans dire que cette autorit� s�exer�ait par l�usage de la Parole, dans la puissance de l�Esprit.

1 Tel est ici, comme en beaucoup d�autres passages, le sens pr�cis du mot foi tandis qu�il est plus fr�quemment employ�, comme au chap. 1:1, pour d�signer l��tat du c�ur.

v. 14. �Ne s�attachant pas aux fables juda�ques�. Les �fables� sont mentionn�es dans la premi�re �p�tre � Timoth�e (1:4) o� elles sont distinctes des �g�n�alogies interminables�, tout en leur �tant associ�es dans ce passage. Ces �g�n�alogies� n�ont, comme on serait tent� de le supposer, aucun rapport avec les g�n�alogies de l�Ancien Testament, et sont le m�lange avec le christianisme de sp�culations juives spirites et philosophiques, adopt�es ensuite par le paganisme � son d�clin. Les fables juda�ques, qualifi�es en 1 Tim. 4:7 de �fables profanes� qui ne sont que des histoires de vieilles femmes sont le produit de l�imagination orientale qui s�exerce sur les �critures et qui, sous pr�texte d�orner la v�rit�, la d�pare et m�me l�an�antit. L�ap�tre Pierre les appelle �des fables ing�nieusement imagin�es� (2 Pierre 1:16)1.

1 Les g�n�alogies interminables sont des conceptions fabuleuses sur l�origine et l��manation des �tres spirituels. Elles sont le produit de la superstition juive associ�e � la philosophie pa�enne. La Cabale ou tradition juive sur l�interpr�tation de l�Ancien Testament contient beaucoup d�affirmations fabuleuses quant � ces ��manations�. Il y a, selon la Cabale dix �Sephiroth� ou �manations provenant de Dieu. Elles semblent avoir sugg�r� les Eons des Gnostiques. Sur cette th�orie se greffait un syst�me de Magique consistant surtout dans l�usage de mots de l��criture pour produire des effets surnaturels.

Les fables juda�ques sont distinctes, dans notre passage, des �commandements des hommes�, quoique les unes et les autres proviennent de �ceux qui sont de la circoncision�. Les commandements dont il est question ici ne sont pas les commandements de la loi qui �taient donn�s de Dieu, mais des prescriptions l�gales invent�es par les hommes et pass�es � l��tat de tradition, lesquelles abondent dans le juda�sme. On les rencontre � chaque instant dans les �vangiles, comme par exemple le lavage des coupes et des plats et �beaucoup d�autres choses semblables�. Par ces choses, de tels hommes se d�tournaient de la v�rit�. Ils �taient en opposition compl�te avec l�apostolat de Paul, bas� sur �la connaissance de la v�rit� (1:1).

v. 15. �Toutes choses sont pures pour ceux qui sont purs�. Le chr�tien est pur, non pas en lui-m�me, mais devant Dieu, en vertu de l��uvre de Christ et sous l�action du Saint Esprit. (1 Cor. 6:11). Comme tel il ne peut �tre contamin� par la souillure et c��tait pr�cis�ment ce que niaient ces juda�sants par leurs �commandements d�hommes�, tandis que la parole de Dieu engage le nouvel homme � marcher sur les traces de J�sus. Jamais le Seigneur ne put �tre contamin� par la souillure de la l�pre, ni par aucune autre souillure. Une p�cheresse, une adult�re, pouvaient �tre purifi�es par Lui, jamais lui souill� par elles. En revanche, �les souill�s et les incr�dules� ne sont influenc�s par aucune puret�, car c�est le dedans, c�est-�-dire �leur entendement et leur conscience� qui sont souill�s.

Au v. 16, le caract�re de ces hommes souill�s nous est d�crit: Ils ont pour profession de conna�tre Dieu, tandis que leurs �uvres sont le contraire de leur profession; par elles, ils renient Dieu. Leurs �uvres nous font conna�tre s�ils connaissent Dieu, comme ils le pr�tendent; et si leurs �uvres sont mauvaises, nous sommes fix�s sur cette question. On ne peut attendre d�eux aucune bonne �uvre. Ils sont �r�prouv�s�, enti�rement rejet�s de Dieu � cet �gard; ils sont �abominables et d�sob�issants�.

Cela nous am�ne � consid�rer le caract�re des bonnes �uvres. Elles sont mentionn�es six fois dans cette courte �p�tre (1:16; 2:7, 14; 3:1, 8, 14).

Une doctrine qui ne conduit pas aux bonnes �uvres n�est pas la �saine doctrine� et ce point est de toute importance � consid�rer. Il n�existe pas d�activit� pratique agr�able � Dieu, si elle n�a pas pour base le �sain enseignement� de la Parole. La premi�re �p�tre � Timoth�e, qui nous parle du maintien de la �saine doctrine� dans la maison de Dieu nous parle tout aussi souvent des bonnes �uvres (2:10; 3:1; 5:10, 25; 6:18). Dans un passage capital, la seconde �p�tre � Timoth�e nous montre (2:21) que, se retirer du mal dans la maison de Dieu, c�est �tre �pr�par� pour toute bonne �uvre�. Or cette v�rit� est tr�s peu comprise par les chers enfants de Dieu. Ils parlent � tout propos de bonnes �uvres sans avoir jamais fait ce qui seul peut les y pr�parer: se purifier des vases � d�shonneur. Les bonnes �uvres ont pour caract�re, d��tre le produit de la saintet� et de l�amour. J�sus, le �saint serviteur de Dieu� qui avait �t� �oint de l�Esprit saint�, passait de lieu en lieu faisant du bien (Actes 10:38). Il n�y avait pas une des �bonnes �uvres qu�il faisait voir aux hommes de la part de son P�re� qui ne f�t une �uvre d�amour. Il en �tait de m�me de ses disciples. Dorcas �tait �pleine de ces bonnes �uvres�. L�amour �tait le mobile int�rieur de toute son activit�. En H�b. 10:24, les bonnes �uvres d�coulent de l�amour et en sont ins�parables. De m�me aussi celles des saintes veuves en 1 Tim. 5:10.

En �ph. 2:10, le chr�tien est cr�� dans le Christ J�sus pour les bonnes �uvres, mais non pour les choisir � sa convenance, car Dieu lui-m�me les a �pr�par�es � l�avance pour nous�, et nous n�avons qu�� y marcher. Elles ont pour but, en H�b. 13:21, de faire sa volont� et de lui �tre agr�able.

Ces bonnes �uvres, pr�par�es par Dieu et non par nous, ce qui leur �terait toute valeur, ont pour caract�re d��tre faites au nom de Christ (Actes 4:9-10). Elles ont pour objet d��tre faites envers Christ (Marc 14:6), envers les saints (Actes 9:36) et envers tous les hommes (Gal. 6:10), mais toujours d��tre faites pour Christ.

Le monde ne peut rien comprendre aux bonnes �uvres faites pour Christ, car non seulement il ne conna�t pas le Seigneur, mais il est son ennemi. Le parfum de Marie est folie � ses yeux; l�amour divin qui porte le c�ur du croyant, vers les saints d�un c�t�, vers le monde de l�autre, est lettre morte pour l�homme naturel.

Oppos�es aux bonnes �uvres, les mauvaises �uvres ont le mal pour origine et pour but. Un chr�tien, m�me le plus �minent, est en danger de ce c�t�-l� et a besoin d��tre d�livr� de toute mauvaise �uvre (2 Tim. 4:18). Les mauvaises �uvres caract�risent en g�n�ral les ennemis de Dieu. (Col. 1:21).

Les �uvres mortes sont l�oppos� des �uvres vivantes. Elles n�ont pas pour origine la vie divine. Elles ne sont pas appel�es des �mauvaises �uvres�, mais elles n�ont aucune valeur pour Dieu, et comme elles ont la nature p�cheresse pour point de d�part, il faut qu�on en soit purifi� (H�b. 6:1; 9:14). Aussi bien que les mauvaises �uvres, elles seront l�objet du jugement prononc� sur les hommes devant le grand tr�ne blanc.

Quand il s�agit du bon ordre dans la maison de Dieu, on le reconna�t aux bonnes �uvres de ceux qui font partie de cette maison, et non � leur profession. La profession n�emp�chait pas les personnes mentionn�es au vers. 16 de notre chapitre, d��tre �abominables et r�prouv�es�. Non seulement Dieu ne tenait pas compte de leur profession, mais les rejetait loin de Lui.

Informations bibliographiques
bibliography-text="Commentaire sur Titus 1". "Commentaire biblique intermédiaire". https://beta.studylight.org/commentaries/fre/cbi/titus-1.html.