Bible Commentaries
2 Rois 25

La Bible Annotée de NeuchâtelLa Bible Annotée de Neuchâtel

versets 1-30

Verset 1

Prise de J�rusalem (1-7)

Comparez J�r�mie�39.1-7?; J�r�mie�52.4-11?; �z�chiel�24.1-2.

Ce jour a �t� plus tard c�l�br� par un je�ne (Zacharie�8.19). D�apr�s J�r�mie�34.7. N�bucadnetsar, au moment o� il investit J�rusalem, s��tait d�j� empar� du pays. Seules Lakis et Az�ka r�sistaient encore. Au moment m�me de la prise, un peu plus tard, le roi de Babylone �tait � Ribla, mais il se peut qu�il soit venu en personne organiser le si�ge.

Verset 2

Le si�ge dura tout pr�s d�un an et demi, ainsi que cela r�sulte de la comparaison des versets 1 et 3 avec J�r�mie�39.2?; J�r�mie�52.6. Cette longue dur�e du si�ge s�explique non pas seulement par le courage et la t�nacit� des d�fenseurs, mais surtout par le fait que le si�ge fut suspendu pendant un temps, l�arm�e babylonienne ayant �t� � la rencontre de celle d��gypte qui venait au secours de J�rusalem (�z�chiel�30.20, note).

Le peuple du pays. Voir verset 19 et 2�Rois�24.14-16.

Verset 4

Ici il n�est question que du roi et de ses fils. Le chapitre 39 de J�r�mie parle aussi de notables qui partag�rent le sort de S�d�cias. Sur tout ce passage, voir J�r�mie�39.7, note.

Verset 8

Destruction de J�rusalem et derni�re d�portation (8-21)

Verset 9

Toutes les maisons des grands?: sp�cialement les palais, 2�Chroniques�36.19.

Verset 11

Trois classes de d�port�s?: ceux qui avaient �chapp� � la famine ou � l��p�e?; les transfuges qui pendant le si�ge s��taient sauv�s de la ville et r�fugi�s dans le camp chald�en?; ils �taient assez nombreux (J�r�mie�38.19)?; et le reste de la multitude, soit de l�arm�e, soit, d�apr�s J�r�mie�39.9, du peuple en g�n�ral dans ses classes inf�rieures. J�r�mie�52.15 a lu, au lieu de ham�n, multitude, am�n, artisan et y a vu le reste de ceux dont l��lite avait �t� d�port�e d�j� (J�r�mie�29.16).

Verset 13

Pillage du temple (13-17)

Verset 14

L��num�ration de ces objets est plus compl�te dans J�r�mie.

Verset 15

Voir 2�Rois�24.13, note.

Verset 16

J�r�mie mentionne en outre les douze b�ufs sur lesquels reposait la cuve avant qu�Achaz les e�t fait dispara�tre (2�Rois�16.17).

Verset 17

Trois coud�es. J�r�mie�52.22 et 1�Rois�7.16 disent cinq, probablement parce qu�ils r�unissent les deux nombres de la hauteur du treillis et du chapiteau.

Au-dessus. C�est surtout par rapport au lys d�airain (1�Rois�7.16, note), l�ornement le plus remarquable des colonnes, que l�auteur fait ressortir leur parfaite ressemblance.

Verset 18

Capture et massacre de prisonniers (18-21)

Les trois gardiens du seuil. D�apr�s J�r�mie�38.14, le temple semble avoir eu trois portes, � chacune desquelles �tait pr�pos� comme gardien un l�vite de distinction. Sur S�ra�a, voir J�r�mie�52.24, note?; sur Sophonie, idem et 2�Rois�23.4.

Verset 19

Le r�cit passe aux notables la�ques.

Qui �tait pr�pos�?: qui avait �t� pr�pos�, car l�arm�e �tait maintenant d�sorganis�e.

Qui voyaient la face?: qui avaient �t� attach�s de pr�s � sa personne, mais qui cependant ne l�avaient pas suivi dans sa fuite.

Le secr�taire du chef de l�arm�e?: un des attach�s du g�n�ral en chef.

Soixante hommes du peuple de la campagne?: le reste des campagnards qui s��taient r�fugi�s dans la ville. Voir 2�Rois�24.14, note.

Verset 21

Les fit mourir, comme le roi lui-m�me et ses fils, versets 6 et 7.

Verset 22

Gouvernement et meurtre de Gu�dalia, derni�re r�volte et fuite en �gypte (22-26)

Voir J�r�mie chapitres 40 � 42.

Gu�dalia. Fils d�Achikam (2�Rois�22.12), de cet homme de Dieu qui avait sauv� J�r�mie (J�r�mie�26.24), Gu�dalia �tait de ceux qui avaient �coul� les exhortations du proph�te et qui l�avaient prot�g� (J�r�mie�39.14?; J�r�mie�40.6).

Verset 23

Comparez J�r�mie�40.7.

Mitspa?: � 5 km au nord-ouest de J�rusalem, en Benjamin?; centre national au temps des Juges (Juges�20.1?; 1�Samuel�7.5). J�rusalem en ruines, Gu�dalia choisit Mitspa comme r�sidence � cause de sa position �lev�e et plus s�re que tout endroit de la plaine.

Isma�l (comparez J�r�mie�41.1, note)?: de race royale (verset 25), l�auteur de la r�volte contre Gu�dalia.

Johanan. Ces deux hommes sont indiqu�s en premier lieu � cause du r�le qu�ils jou�rent dans la suite, le premier comme instigateur du meurtre du gouverneur, le second comme celui qui travailla � r�primer ce crime (J�r�mie�40.13-16).

Le N�tophathite?: de N�topha, pr�s de Bethl�em, peut-�tre l�actuelle Beit-Nettef. Il y a sans doute ici une lacune dans la liste, car l��pith�te de N�tophathite se rapporte d�apr�s J�r�mie�40.8 � Epha�.

Jaazania� et leurs gens?: c��taient les chefs de bandes arm�es qui avaient �chapp� � la catastrophe.

Verset 24

Ce verset r�sume J�r�mie�40.9-11.

Les serviteurs des Chald�ens?: les garnisons ennemies laiss�es dans le pays et soumises aux ordres de Gu�dalia, comparez J�r�mie�40.9-10.

Verset 25

Ces versets ne sont qu�un p�le sommaire?: l�auteur a h�te d�achever le r�cit d��v�nements d�j� connus par J�r�mie.

Au septi�me mois?: ainsi deux mois seulement apr�s le cinqui�me o� avait commenc� le gouvernement de Gu�dalia (verset 8).

Isma�l� de race royale. Il �tait sans doute pouss� par la jalousie et de plus il �tait excit� et soutenu, d�apr�s le r�cit de J�r�mie�40.14, par le roi des Ammonites. Gu�dalia avait �t� pr�venu par Johanan du complot qui le mena�ait. Il refusa d�y croire et fut victime de sa confiance. Mais Isma�l ne jouit pas longtemps du fruit de son crime. Il se pr�parait � emmener de Mitspa chez les Ammonites tous les Juifs rassembl�s autour de Gu�dalia, quand il fut arr�t� � Gabaon par Johanan et d�autres chefs et ne r�ussit � se sauver qu�avec quelques hommes aupr�s du roi des Ammonites. Johanan et le reste du peuple auraient d�, d�apr�s le conseil de J�r�mie, rester dans le pays, mais ils pr�f�r�rent s�enfuir en �gypte, emmenant avec eux J�r�mie et son secr�taire Baruc?; l� ils tomb�rent bient�t dans l�idol�trie (chapitre 43 de J�r�mie).

Verset 27

D�livrance de J�hojachin (27-29)

Comparez J�r�mie�52.31-34.

Le vingt-septi�me jour?: d�apr�s J�r�mie, le vingt-cinqui�me.

Evil-Merodac?: en assyrien Avil-Marduk, serviteur de M�rodac, le Jupiter des Babyloniens. Il succ�da � son p�re N�bucadnetsar en 561, r�gna deux ans et fut tu� par son beau-fr�re et successeur N�riglissor. B�rose l�appelle injuste et d�bauch�.

Fit gr�ce � J�hojachin, litt�ralement?: releva la t�te de J�hojachin. Voir Gen�se�40.13.

Et le fit sortir de prison?: acte d�amnistie � l�occasion de son av�nement. Peut-�tre avait-on conserv� le souvenir de la conduite de J�hojachin, qui s��tait rendu volontairement, conform�ment aux conseils de J�r�mie. Quoi qu�il en soit, ce rel�vement est la premi�re lueur qui brille pour Isra�l au sein de la captivit� et comme un pr�lude du rel�vement du peuple entier.

Verset 28

Au-dessus des rois� Ces rois captifs avaient �t� amen�s � Babylone pour illustrer la cour de leur vainqueur.

Verset 29

Il lui �ta ses v�tements de prison. Peut-�tre faut-il traduire?: Il (J�hojachin) changea ses v�tements et mangea.

Verset 30

Et son entretien. Il s�agit ici de l�entretien de la petite cour dont J�hojachin �tait entour�.

Tous les jours de sa vie. Evil-M�rodac n�ayant r�gn� que deux ans, il para�t que son successeur continua les m�mes faveurs � J�hojachin, si du moins celui-ci a surv�cu � son premier bienfaiteur.

Apr�s les sombres pages qui terminent le livre des Rois, l�auteur a conserv� cette courte notice pour montrer que la b�n�diction divine promise � la post�rit� de David et � son peuple n��tait pas � son terme et comme le gage d�une gr�ce plus grande.

Conclusion

L��ternel avait dit � Abraham (Gen�se�17.6)?: Et m�me des rois sortiront de toi. L��poque des Rois a �t� la r�alisation de cette promesse. Isra�l �tait parvenu en quelque sorte � l��tat d�homme fait. D�s ce moment il se trouve en relation avec les autres nations de l�Orient, constitu�es monarchiquement comme lui. Seulement, entre elles et lui, il y a cette diff�rence fondamentale que le vrai souverain d�Isra�l est l��ternel, dont le roi humain n�est que le repr�sentant et le lieutenant, tandis que les rois des autres nations les gouvernent en vertu de leur autorit� propre.

C�est alors que s�accomplit aussi une autre promesse divine?: Dieu avait annonc� � son peuple, � son entr�e en Canaan, qu�il y aurait un lieu choisi par lui-m�me, o� ils pourraient lui pr�senter leurs holocaustes, leurs sacrifices et leurs d�mes (Deut�ronome�12.11). L�ex�cution de cette seconde promesse r�sulta bient�t de l�accomplissement de la premi�re. David, le v�ritable fondateur de la monarchie isra�lite, fut celui qui, par la conqu�te de J�rusalem et l��l�vation de cette ville au rang de capitale du pays tout entier, posa le fondement de la concentration du culte dans un sanctuaire national. Sans doute, il ne fut pas pratiquement possible de supprimer imm�diatement tous les lieux d�adoration particuliers diss�min�s dans le pays (hauts-lieux). Tout au plus � l�adoration des faux dieux canan�ens sur ces hauteurs consacr�es parvint-on � substituer celle de l��ternel. Jusqu�� Josias les rois m�me les plus pieux ne parvinrent pas � abolir enti�rement ces cultes locaux et secondaires. Mais tout ce qui constituait le culte national isra�lite, les holocaustes r�guliers, l�offrande journali�re du parfum, les solennit�s annuelles, tous les actes de culte institu�s par le L�vitique, se c�l�braient � J�rusalem dans le sanctuaire central b�ti et inaugur� par Salomon sur la colline de Sion, � c�t� de la r�sidence royale. Il en fut ainsi jusqu�au moment o� les rois qui devaient guider le peuple dans la voie de la fid�lit� � l��ternel, s�en d�tourn�rent ouvertement et install�rent eux-m�mes les autels et l�adoration des divinit�s �trang�res dans le sanctuaire �lev� au nom de l��ternel. Ce fut l� le signal de la chute de la royaut� et du rejet de la nation. Isra�l, devenu pa�en, tomba au pouvoir des pa�ens. La royaut� isra�lite avait subsist� pr�s d�un demi-millier d�ann�es.

Une chose manquait essentiellement � cette charge en Isra�l?; c��tait d��tre jointe � la sacrificature. Nous avons vu comment la loi avait rigoureusement s�par� ces deux charges. David, para�t-il, avait d�j� senti douloureusement cette lacune attach�e � sa souverainet�. Il �tait bien le repr�sentant de Dieu aupr�s du peuple?: mais il n��tait pas celui du peuple aupr�s de Dieu. C�est ce sentiment qui lui a inspir� le Psaume 110, que l�on attribue bien � tort � un autre que lui. Il y contemple le Messie, son descendant promis, le vrai roi isra�lite, d�abord �lev� sur le tr�ne de Dieu et associ� � sa souverainet� (verset 1), puis joignant � cette position royale, ainsi que Melchis�dek, la dignit� de sacrificateur. Voil� le roi parfait, tel que le con�oit David (verset 4). Ce fut pr�cis�ment la s�paration de ces deux charges jusqu�� l��poque messianique qui fut l�occasion du p�ch� d�Ozias (2�Rois�15.5, note).

� c�t� de la royaut� et du sacerdoce, nous voyons fonctionner dans le temps des Rois l�ordre des proph�tes. Ce troisi�me ordre a proprement commenc� avec Samuel. Ces d�l�gu�s imm�diats et temporaires de Dieu avaient pour mission de soutenir les rois et le peuple dans la voie de la fid�lit� envers l��ternel et de les y ramener quand ils s�en �taient �cart�s, puis de compl�ter l��uvre du sacerdoce en travaillant � faire du service ext�rieur c�l�br� par celui-ci une r�alit� spirituelle dans le c�ur du peuple?; enfin de diriger les regards de tous, peuple, rois et sacrificateurs, vers la r�alisation finale du r�gne de Dieu dont la th�ocratie isra�lite n��tait que le germe et la figure.

On a voulu faire r�cemment des proph�tes les fondateurs du monoth�isme en Isra�l. Selon cette mani�re de voir, le peuple aurait �t� � son origine et jusqu�� ce moment polyth�iste et idol�tre comme tous les autres. L�histoire et l��uvre d�un Abraham et d�un Mo�se ne seraient que des l�gendes sans valeur et leur personnalit� m�me serait douteuse. Ce seraient les proph�tes qui auraient tir� Isra�l de l��tat de grossi�re ignorance spirituelle o� il �tait plong� aussi bien que les nations?; et c�est � eux que serait d� le monoth�isme dont il est devenu le propagateur dans le monde entier. Mais cette mani�re de voir se heurte non seulement aux documents, tout pleins de d�tails on ne peut plus vivants et actuels, dans lesquels nous constatons la foi et aussi les chutes d�Abraham et de Mo�se. Elle est de plus incompatible avec les �crits des proph�tes eux-m�mes. En effet, ceux-ci ne manifestent nulle part dans leurs discours la pr�tention d��lever Isra�l � une religion nouvelle?; ils font au contraire envisager l��tat d�idol�trie dans lequel ils le trouvent plong� comme une chute honteuse et criminelle?; ils lui en font un sujet de s�v�res reproches et de terribles menaces qui ne se comprendraient pas si cet �tat avait �t� de tout temps celui du peuple. Comment, lorsque Amos et Os�e fl�trissaient � B�thel le culte du veau d�or comme une infid�lit� envers l��ternel, comment, si ce culte avait �t� d�s les temps anciens son culte national et l�gitime, les proph�tes eussent-ils os� parler au peuple de la sorte?! Comment le peuple ne se f�t-il pas r�cri� contre les novateurs qui pr�tendaient lui imposer une nouvelle croyance et un nouveau culte?! Nous ne constatons rien de pareil dans les �crits des proph�tes. �sa�e, Mich�e, J�r�mie, etc., parlent �galement en Juda comme r�formateurs, nullement comme initiateurs. � la loi et au t�moignage?! s��crie �sa�e. Il en appelle au pass�. C�est sur le monoth�isme mosa�que que repose tout le minist�re des proph�tes?; c�est � lui qu�il rappelle Isra�l �gar�. Sans doute le minist�re proph�tique n�en est pas rest� l�. Il a eu en vue un progr�s en m�me temps qu�un retour. Il ne visait pas � �tablir une religion nouvelle, il est vrai?; mais il s�effor�ait de vivifier l�ancienne. Il travaillait � substituer � un culte de pure observance ext�rieure l�adoration du c�ur et � faire p�n�trer, dans le froid monoth�isme de croyance et de profession, la chaleur du culte en esprit et en v�rit�. C�est l� le sens de ce passage de J�r�mie�7.22, si mal interpr�t� par la critique moderne?: Je n�ai point donn� de commandement � vos p�res touchant les holocaustes et les sacrifices, lorsque je les fis sortir d��gypte?; ce que je leur ai command�, c�est d��couter ma voix. Ce que Dieu voulait en effet de son peuple, c��tait l�ob�issance et non le sacrifice, comme le dit Samuel � Sa�l (1�Samuel�15.22). Dieu n�a pas besoin de la viande des victimes. En instituant les offrandes sanglantes et non sanglantes, il ne voulait en r�alit� obtenir que la fid�lit� du c�ur et l�ob�issance pratique. Voil� l�intelligence spirituelle que les proph�tes travaill�rent � d�velopper en Isra�l. Aussi le peuple n�eut os� protester contre la parole des proph�tes quand ils lui disaient?: Vous savez ce que Mo�se a dit?: J�hova est le seul vrai Dieu. Et nous, nous vous disons�. Toute la construction moderne de l�histoire religieuse isra�lite (Reuss, Renan) nous para�t se heurter � cette attitude constante des proph�tes.

La chronologie des livres des rois

Il n�y a pas, � proprement parler, de chronologie biblique dans le sens moderne de ce mot. Les historiens sacr�s nous fournissent sans doute de nombreuses dates isol�es, mais lorsque nous voulons conna�tre la longueur d�une p�riode un peu consid�rable, nous en sommes r�duits � combiner toute une s�rie de ces dates, au risque de faire fausse route?; car dans un pareil calcul les chances d�erreur sont nombreuses. Remarquons d�abord que les chiffres �taient exprim�s par des lettres ayant une valeur num�rique et qu�ils pouvaient tr�s facilement �tre alt�r�s par les copistes. Puis les Isra�lites ne connaissaient pas d��re?; c�est-�-dire qu�ils ne dataient pas les �v�nements � partir d�une �poque fixe d�o� ils auraient commenc� � compter les ann�es?; ils se bornaient � indiquer � quelle ann�e du r�gne de tel roi tel �v�nement avait eu lieu. Cette mani�re primitive de fixer une date donnait lieu � bien des erreurs?; on pouvait calculer de diff�rentes mani�res le commencement d�un r�gne, selon que l�on attribuait l�ann�e o� le changement de r�gne avait eu lieu soit au r�gne pr�c�dent, soit au r�gne suivant, soit m�me � tous deux � la fois?; les cor�gences du p�re et du fils, les r�gences pendant la minorit� du souverain, les interr�gnes cr�aient de nouvelles difficult�s. En additionnant les nombres indiquant la dur�e de plusieurs r�gnes successifs, on accumule toutes ces chances d�erreur et le r�sultat de ces supputations demeure toujours probl�matique.

Le livre des Rois, il est vrai, fournit un certain moyen de contr�le par le fait qu�il met en relation les r�gnes parall�les des rois de Juda et d�Isra�l, en indiquant pour chaque av�nement quelle est l�ann�e correspondante du r�gne contemporain dans l�autre royaume. Malheureusement cette comparaison m�me des deux chronologies fait na�tre de nouvelles complications. Depuis le schisme jusqu�� l�av�nement de J�hu et d�Athalie, la s�rie des six r�gnes de Juda nous donne une somme de 93 ans, tandis qu�elle est de 98 ans pour les neuf r�gnes contemporains en Isra�l. Mais surtout, les dix derniers rois d�Isra�l depuis J�hu ont r�gn� 143 ans et 7 mois, tandis que depuis Athalie jusqu�� la sixi�me ann�e d��z�chias, date de la ruine de Samarie (d�apr�s 2�Rois�18.10), il se serait �coul� 165 ans.

Les grands �rudits des si�cles pass�s avaient cherch� � r�soudre ces difficult�s par toute une s�rie d�hypoth�ses dans le d�tail desquelles nous ne pouvons entrer?; en g�n�ral ils avaient cherch� � justifier la chronologie donnant les nombres d�ann�es les plus grands et par des calculs tr�s habiles ils �taient arriv�s � �tablir ce qu�on appelle la chronologie biblique, celle qui se trouve reproduite dans les manuels d�histoire sainte et dans quelques Bibles, celle que la Bible annot�e a donn�e elle-m�me � la fin de l�introduction aux livres proph�tiques.

Nous ne pouvons contr�ler l�exactitude de cette chronologie qu�en la comparant avec celle des nations voisines. L��gypte et la Ph�nicie n�ont �t� d�aucun secours sous ce rapport, malgr� l�abondance des documents historiques, parce qu�on ne peut les faire entrer dans un cadre chronologique qui pr�sente quelque garantie d�exactitude.

Mais un nouveau facteur est intervenu dans la discussion de ce probl�me avec la d�couverte et le d�chiffrement des inscriptions cun�iformes de l�Assyrie. En comparant les donn�es historiques ainsi obtenues et celles fournies par la Bible, on arriva � ce r�sultat que les faits mentionn�s par le r�cit biblique �taient confirm�s par les inscriptions, mais que les deux chronologies �taient en d�saccord.

La Bible annot�e a mentionn� au fur et � mesure les renseignements fournis par les inscriptions cun�iformes, qui viennent � l�appui du r�cit sacr�. C�est ainsi que, dans la Bible comme en Assyrie, nous trouvons mentionn�s comme contemporains Achab d�Isra�l et Ben-Hadad de Damas, qui furent m�me alli�s pendant quelque temps (voir la note historique � la fin de 1 Rois)?; J�hu d�Isra�l et Haza�l de Damas (2�Rois�9.2, note)?; Ozias de Juda et M�nahem d�Isra�l (voir 2�Rois�15.19, note)?; Achaz de Juda et P�kach d�Isra�l (voir 2�Rois�15.29, note); d�apr�s les deux sources ce fut Os�e qui succ�da � P�kach et ce fut Salmanasar qui mit le si�ge devant Samarie (voir 2�Rois�17.3-6, note). Mais c�est surtout sur l�exp�dition de Sanch�rib contre J�rusalem que les d�tails abondent et compl�tent ce que nous savons par les livres d��sa�e et des Rois (voir �sa�e note en d�but de chapitre 36). Une seule correction du r�cit biblique para�t s�imposer?: il est probable que les noms de Phul et de Tiglath-Pil�ser, mentionn�s 2�Rois�15.19?; 2�Rois�15.29 (voir note) et 1�Chroniques�5.26, comme s�il s�agissait de deux personnages, ne d�signent qu�un seul et m�me roi d�Assyrie.

Si l�accord entre les deux sources est remarquable au point de vue des faits, la chronologie pr�sente des divergences importantes. Les Assyriens ne comptaient pas non plus d�apr�s une �re, mais ils d�signaient chaque ann�e par le nom d�un grand personnage, ou �ponyme. C��tait en g�n�ral le roi qui appelait de son nom la premi�re ann�e de son r�gne, puis venait le tour des grands officiers de la cour, puis des pr�fets des villes principales. En rapprochant les divers exemplaires de ces listes que l�on a retrouv�es, on a reconstitu� la s�rie de 228 �ponymes?; la mention du nom est accompagn�e, pour 95 ans, d�une br�ve notice indiquant l��v�nement le plus important de l�ann�e, en g�n�ral la campagne militaire entreprise par le roi. Or ces listes se raccordent avec le Canon des rois de Babylone que l�astronome Ptol�m�e avait fix� astronomiquement?; nous apprenons ainsi que Sargon, roi d�Assyrie, est devenu roi de Babylone la treizi�me ann�e de son r�gne et que cette ann�e correspond � l�an 709 avant J�sus-Christ. Il en r�sulte que la s�rie des 228 �ponymes correspond � celle des ann�es 893 � 666 avant J�sus-Christ. Ce r�sultat est confirm� par le fait qu�une �clipse de soleil est mentionn�e sous l��ponymat de Purissagali, correspondant � l�ann�e 763 d�apr�s le rapprochement que nous venons d�indiquer et les astronomes nous apprennent qu�en effet cette ann�e-l� une �clipse de soleil presque totale fut visible dans l�Asie centrale.

Si nous comparons cette chronologie assyrienne avec notre chronologie traditionnelle, nous constatons qu�elles sont d�accord sur un point?: elles fixent toutes deux la date de la prise de Samarie et la ruine du royaume des dix tribus � l�an 722. Pour les ann�es suivantes, une correction des dates bibliques s�impose. D�apr�s 2�Rois�18.10-13, la ruine de Samarie est cens�e avoir eu lieu la sixi�me ann�e du r�gne d��z�chias et l�exp�dition de Sanch�rib huit ans apr�s, la quatorzi�me du m�me r�gne, soit en 714. Or, d�apr�s les inscriptions assyriennes, Sanch�rib monta sur le tr�ne en 705 et il ne fit son exp�dition contre J�rusalem qu�en 701, vingt-deux ans apr�s la prise de Samarie. On r�tablit l�accord en corrigeant l�une ou l�autre des deux dates bibliques?; la Bible annot�e a corrig� la seconde et plac� l�exp�dition de Sanch�rib la vingt-septi�me ann�e d��z�chias (voir �sa�e�36.1, note).

Quant � la p�riode ant�rieure � la prise de Samarie, la chronologie traditionnelle semble devoir �tre aussi modifi�e. Elle fixait � l�an 897 la mort d�Achab tandis que d�apr�s les inscriptions le roi Salmanasar II aurait battu en 854 pr�s de Karkar les rois de Syrie et Achab d�Isra�l, leur alli�. Cette diff�rence de 46 ans est la plus consid�rable que nous ayons � constater. J�hu, qui serait mort en 856 d�apr�s notre chronologie, est mentionn� encore en 842 parmi les tributaires du m�me roi Salmanasar II. P�kach d�Isra�l est vaincu par Tiglath-Pil�ser en 734, tandis que notre chronologie le fait dispara�tre de la sc�ne en 739. On voit que l��cart entre les dates de la Bible et celles des inscriptions assyriennes diminue de plus en plus � mesure que nous nous rapprochons de l�an 722 o� il dispara�t.

Nous n�avons aucune donn�e pr�cise qui nous permette de poursuivre notre enqu�te au-del� de l�ann�e 854. L�inscription de M�sa sur laquelle on s�est appuy� ne para�t pas donner des renseignements positifs et nous sommes dans l�incertitude sur la date qu�il faudrait assigner au schisme des deux royaumes de Juda et d�Isra�l que l�on fixait d�ordinaire � l�an 975 avant J�sus-Christ (voir 1�Rois�14.20, note). De trois savants qui ont �crit sur ce sujet en 1894 et qui comme nous admettent l�exactitude de cette date de 854, Wellhausen place le schisme en 950, Bsethgen en 938 et Kautzsch en 933). Si nous admettons l�an 854 comme �tant celui de la mort d�Achab et que nous ajoutions � cette date les 79 ou 80 ans que le livre des Rois assigne au r�gne d�Achab et de ses pr�d�cesseurs (Achab a r�gn� vingt-deux ans?; il est devenu roi la trente-huiti�me ann�e d�Asa?; Abijam a r�gn� trois ans et Roboam dix-sept ans), nous en concluerions que le schisme a eu lieu vers 933. C�est une hypoth�se sans doute que de nouvelles d�couvertes ou de nouveaux calculs pourront modifier?; cependant, si l�on veut tenir compte des r�sultats des d�couvertes assyriennes, nous pensons que la table suivante est celle qui combinerait de la mani�re la plus probable ces r�sultats avec les donn�es bibliques?; nous l�avons extraite du suppl�ment � la traduction de l�Ancien Testament, publi�e sous la direction du professeur E. Kautzsch en 1894. En la comparant avec celle que nous avons donn�e � la fin de l�introduction aux Proph�tes, nos lecteurs se rendront compte que les corrections de d�tail sont nombreuses?; nous les donnons sous toutes r�serves.

Royaume de JudaDates avant J�sus-ChristRoyaume d�Isra�l
Roboam933J�roboam I
Abijam916
Asa913
912Nadab
911Ba�sa
888Ela
887Zimri
887Tibni et Omri
876Achab
Josaphat873
854Achazia854. Achab battu � Karkar par Salmanasar II
853Joram
Joram849
Achazia842
Athalie842J�hu842. J�hu paye tribut � Salmanassar II
Joas836
814Joachaz
798Joas
Amatsia797
783J�roboam II
Ozias (Azaria)779
Jotham740745-728. Tiglath-Pil�ser (Phul)
743Zacharie, Sallum, M�nahem738. M�nahem lui paye tribut
737P�kachia
Achaz736P�kach734. P�kach est vaincu
730Os�e732. Prise de Damas, mort de Retsin, tribut d�Achaz
�z�chias727727-723. Salmanasar IV (commence le si�ge de Samarie)
722Fin du royaume722-706. Sargon, prend Samarie en 722
Manass�698705-681. Sanch�rib
Amon643681-668. Asarhaddon
Josias640668-626. Assurbanipal
Joachaz609
J�hojakim608606. Destruction de Ninive
J�hojachin597605. Pharaon N�co battu par N�bucadnetsar � Cark�mis
S�d�cias597604-562. N�bucadnetsar
Prise de J�rusalem586

Informations bibliographiques
bibliography-text="Commentaire sur 2 Kings 25". "La Bible Annot�e de Neuch�tel". https://beta.studylight.org/commentaries/fre/neu/2-kings-25.html.