Bible Commentaries
Actes 21

La Bible Annotée de NeuchâtelLa Bible Annotée de Neuchâtel

versets 1-40

Plan du commentaire biblique de Actes 21

Paul � Tyr

  1. Navigation de Milet � Tyr. Paul et ses compagnons reprennent la mer, touchent � Cos et � Rhodes, changent de navire � Patara, passent en vue de Chypre, cinglent droit sur la Syrie et arrivent � Tyr, o� le navire laisse son chargement (1-3).
  2. D�part de Tyr. Ils restent sept jours avec les chr�tiens de Tyr, qui, avertis par l�Esprit, conseillaient � Paul de ne pas monter � J�rusalem. Quand les voyageurs se remettent en route, hommes, femmes et enfants s�agenouillent sur le rivage et prient avec eux. Le trajet de Tyr � Ptol�ma�s ach�ve la travers�e. Apr�s avoir pass� un jour avec les fr�res de Ptol�ma�s, les voyageurs se rendent le lendemain � C�sar�e (4-8a).

Paul � C�sar�e

  1. Chez Philippe. Pr�diction d�Agabus. Paul et ses compagnons demeurent chez l��vang�liste Philippe, qui avait quatre filles proph�tesses. Agabus vient de J�rusalem et, par une action symbolique, annonce � Paul le sort qui l�attend (8b-11).
  2. Paul, sollicit� de reculer, se d�clare pr�t � sacrifier sa vie. Ses amis et les chr�tiens de C�sar�e supplient Paul de ne pas monter � J�rusalem. Il les prie de ne pas l�attendrir par leurs pleurs. Il est pr�t � endurer pour le Seigneur J�sus, non seulement les cha�nes, mais la mort. Ses amis, ne pouvant le fl�chir, se soumettent � la volont� de Dieu (12-14).
  3. D�part pour J�rusalem. Quelques disciples accompagnent les voyageurs, qui re�oivent l�hospitalit� chez un chr�tien des premiers temps, un Cypriote, nomm� Mnason (15, 16).

Verset 1

Voyage de Paul de Milet � J�rusalem (1-16)

Le mot dont Luc se sert pour exprimer la s�paration qui eut lieu � Milet signifie se s�parer avec effort, avec peine.

Cos, �le de la mer �g�e, renomm�e pour ses vins, ses �toffes, ses aromates, s�appelle aujourd�hui Stancho.

Rhodes, �le plus consid�rable au sud-est de la mer �g�e, avec une capitale du m�me nom, avait eu un commerce florissant. Elle avait beaucoup souffert dans les derni�res guerres de la r�publique, ayant �t� pill�e par Cassius en 42 avant J�sus-Christ.

Patara ville maritime de la Lycie, au sud de l�Asie Mineure.

Le texte occidental (D, etc.) ajoute?: et � Myra. Myra �tait �galement un port de la c�te de Lycie (Actes�27.5).

Verset 3

Pour naviguer de Patara ou de Myra vers la Ph�nicie, il fallait tendre directement au sud-est.

Les voyageurs passaient ainsi tout pr�s de l��le de Chypre, qu�ils laissaient � leur gauche.

En la voyant, Paul dut se souvenir de son premier voyage de mission et du succ�s qu�il eut � Paphos, ville principale de cette �le (Actes�13.6 et suivants).

Tyr, capitale de la Ph�nicie c�l�bre dans l�antiquit� pour son commerce.

Luc nomme ici la Syrie, parce que la Ph�nicie faisait alors partie de cette Grande province romaine.

Verset 4

Ce mot?: trouv� les disciples, suppose que Paul et ses amis, inform�s de la pr�sence de chr�tiens � Tyr, les avaient cherch�s dans cette grande ville. Luc n�a pas racont� quand l��vangile avait �t� annonc� en Ph�nicie. Ce pays, situ� sur les bords de la M�diterran�e, sur la route de J�rusalem � Antioche, a d� �tre souvent travers� par des chr�tiens, qui y parl�rent de leur Sauveur (Actes�11.19?; Actes�15.3).

L�Esprit d�voilait � ces disciples que Paul aurait beaucoup � souffrir � J�rusalem et eux, dans leur tendre sollicitude pour lui, l�exhortaient � n�y point aller. Mais Paul, qui pr�voyait bien ces souffrances, allait au-devant d�elles, li� par l�Esprit (Actes�20.22-23?; comparez ci-apr�s verset 13).

Cet arr�t de sept jours, malgr� la h�te qu�il avait d��tre � J�rusalem pour la f�te (Actes�20.16), fut impos� � Paul par les circonstances, le navire qu�il montait devant d�charger sa cargaison (verset 3). Peut-�tre aussi l�ap�tre �tait-il moins press�, parce que son voyage jusqu�� Tyr s��tait effectu� plus rapidement qu�il ne comptait.

Verset 6

Quelle sc�ne touchante?!

Partout l��vangile cr�ait entre les �mes chr�tiennes ces tendres et profonds liens.

Verset 7

Achevant la navigation, parce que le parcours de Tyr � Ptol�ma�s �tait le dernier trajet � faire par mer, le reste du voyage avait lieu sur terre ferme.

Ptol�ma�s, ville maritime de Syrie, situ�e entre Tyr et C�sar�e, nomm�e en h�breu Acco, aujourd�hui Saint Jean d�Acre.

L� aussi Paul trouve des fr�res et reste un jour avec eux.

Verset 8

La distance de Ptol�ma�s � C�sar�e est de 62 kilom�tres?: Paul et ses compagnons durent mettre deux jours pour la franchir.

Voir sur C�sar�e et la pr�dication de Philippe, Actes�8.5?; Actes�8.26?; Actes�8.40.

Peut-�tre �tait-il rest� d�s lors dans cette ville. Il avait donc cess� d��tre l�un des sept diacres de l��glise de J�rusalem (Actes�6.5) et il �tait devenu �vang�liste (Actes�8.40), gr�ce � ses dons pour la pr�dication de l��vangile.

On donnait d�j� alors ce titre � des disciples qui, sans �tre ap�tres ou anciens attach�s � une �glise particuli�re, voyageaient en annon�ant la bonne nouvelle du salut. Tels furent Barnabas, Timoth�e, Tite (2�Timoth�e�4.5?; comparez �ph�siens�4.11).

Ces deux passages et le n�tre sont les seuls du Nouveau Testament o� se trouve le nom d��vang�liste.

Verset 9

C�est-�-dire qui avaient le don de proph�tie (Actes�11.27?; Actes�13.1?; comparez 1�Corinthiens�14.2, notes).

Ce don ne s�exer�ait naturellement, comme tous les charismes de l��glise apostolique, que dans les moments o� l�Esprit faisait sentir son action.

Les filles de Philippe ne contrevenaient pas aux prescriptions de l�ap�tre (1�Corinthiens�14.34), car l�expression de Luc ne les pr�sente pas comme enseignant dans les assembl�es.

Leurs proph�ties, pendant le passage de Paul, �taient sans doute semblables � celles des fr�res de Tyr (verset 4) et � celles d�Agabus (versets 10 et 11).

Des interpr�tes catholiques, se fondant sur le fait que les filles de Philippe sont dites vierges (Luc�2.36), ont vu en elles des nonnes, li�es par un v�u de virginit� perp�tuelle?; mais il para�t ressortir de passages de Cl�ment d�Alexandrie et d�Eus�be que ce m�me Philippe s��tablit plus tard � Hi�rapolis en Phrygie et que deux de ses filles s�y mari�rent.

Verset 12

Agabus est le m�me qui a �t� nomm� en Actes�11.28.

Il annonce � Paul ce qui lui arrivera � J�rusalem, par une action symbolique, comme le faisaient fr�quemment les anciens proph�tes (�sa�e�20.2?; J�r�mie�13.1?; J�r�mie�27.2?; �z�chiel�4.1?; �z�chiel�12.5).

L�ap�tre savait lui-m�me qu�il serait li� � J�rusalem (Actes�20.23) et il le fut en effet (verset 33) et livr� aux pa�ens (Actes�25.21).

� l�ou�e de cette proph�tie, tous les disciples qui entouraient Paul se mirent � le supplier de ne point monter � J�rusalem (comparer verset 4, 2e note).

Verset 13

Quelle sensibilit� dans cet homme �nergique qui �tait pr�t au sacrifice de sa vie?!

C�est ainsi qu�il r�pond au tendre int�r�t de ses fr�res.

Mais, d�j� � Milet, il a d�clar� que le sacrifice de sa vie �tait accompli dans son c�ur (Actes�20.24). Dieu l�appelle, il ira?; tel est le vrai h�ro�sme.

Verset 14

Malgr� leur profonde affection pour l�ap�tre, ces fid�les restent convaincus que sa r�solution est conforme � la volont� du Seigneur et ils s�y soumettent.

Dans toutes les grandes crises de la vie en pr�sence des plus douloureux sacrifices, c�est l� non seulement le devoir du chr�tien, mais aussi sa supr�me consolation. Il s��l�ve ainsi jusqu�� l�imitation de son Ma�tre (Matthieu�26.42).

Verset 15

Ces jours-l� sont les jours que Paul et ses amis venaient de passer � C�sar�e, chez Philippe (verset 8).

Maintenant, s��tant pr�par�s au d�part, ils s�en vont � J�rusalem.

Le mot que nous rendons par nous �tant pr�par�s au d�part signifie litt�ralement?: ayant rassembl� nos effets.

Le texte re�u, en changeant une particule du verbe, dit?: ayant d�pos� nos effets, c�est-�-dire qu�ils les auraient laiss�s � C�sar�e ou envoy�s en avant.

Ces pr�paratifs s�expliquent, car les voyageurs avaient � parcourir encore 102 kilom�tres et le transport de la collecte les obligeait � prendre certaines mesures.

Verset 16

Quelques disciples de C�sar�e voulurent aussi accompagner l�ap�tre et ses amis.

Ils les conduisirent cher Mnason, o� les voyageurs devaient loger, d�apr�s des dispositions prises � l�avance.

On ne sait de ce Mnason que ce qu�en dit le texte, c�est-�-dire qu�il �tait de Chypre et ancien disciple, converti peut-�tre depuis la premi�re mission dans sa patrie (Actes 13), ou m�me auparavant (Actes�11.19-20). On suppose qu�il habitait J�rusalem et l�on ajoute qu�il �tait bien pr�cieux pour l�ap�tre d�avoir dans cette ville un ami de toute confiance qui le re��t dans sa maison.

Telle est l�interpr�tation g�n�ralement donn�e, mais on ne peut pas dire qu�elle s�impose comme �vidente.

Il n�est pas dit, dans l�original?: �?les disciples nous conduisirent?�, mais seulement?: les disciples �?vinrent avec nous, conduisant, chez lequel Mnason nous devions loger?�.

Et au verset 17, l�arriv�e � J�rusalem est pr�sent�e comme un fait post�rieur � l�arriv�e chez Mnason.

Aussi Calvin, Th�odore de B�ze et d�autres traduisent-ils?: �?Quelques disciples vinrent aussi de C�sar�e avec nous, amenant avec eux un certain Mnason?�. Ce disciple, qui habitait J�rusalem, se serait donc trouv� alors � C�sar�e et l�on aurait convenu avec lui qu�il logerait les voyageurs.

Le texte occidental (D, versions syriaques) pr�sente ici une adjonction int�ressante, qui donne un sens nouveau � ce passage obscur?: �?Ceux-ci nous conduisirent aupr�s de ceux chez qui nous devions loger?; et �tant arriv�s dans un certain village, nous f�mes chez Mnason, de Chypre, ancien disciple. Et sortant de l�, nous v�nmes � J�rusalem, o� les fr�res nous re�urent avec joie?�.

D�apr�s ce texte, Mnason aurait habit� un village entre C�sar�e et J�rusalem, qui servit d��tape � la caravane.

M�me avec le texte des principaux manuscrits, cette explication nous para�t la plus naturelle.

Verset 17

Paul re�u par les anciens

Des chr�tiens de J�rusalem font bon accueil � Paul et � ses compagnons. Le jour qui suit leur arriv�e, les voyageurs se rendent chez Jacques, o� les anciens sont assembl�s. Apr�s la salutation, Paul leur raconte ce que Dieu a fait par son minist�re dans le monde pa�en. Ils en rendent gloire � Dieu (17-20a).

Paul est invit� � entrer dans le temple avec quatre hommes ayant fait un v�u

Les anciens informent Paul que des milliers de Juifs devenus croyants le tiennent pour un contempteur de la loi, qui d�tourne les Isra�lites de son observance et que la foule s�assemblera en apprenant son arriv�e. Ils proposent en cons�quence � Paul de se joindre � quatre hommes qui s��taient li�s par un v�u, de se charger des frais du sacrifice qu�ils avaient � offrir�; tous apprendront ainsi qu�il observe la loi. Il n�a rien � craindre pour les convertis du paganisme?: ils restent sous le r�gime des d�cisions prises � la conf�rence de J�rusalem et qui leur ont �t� communiqu�es. Paul s�associe � ces hommes, se purifie avec eux et entre dans le temple pour annoncer le jour du sacrifice (20b-26).

Emeute provoqu�e par les Juifs d�Asie. Paul, maltrait� par la foule, est arr�t� par le tribun

Le terme fix� pour l�acquittement du v�u allait venir, quand des Juifs d�Asie reconnaissent Paul et soul�vent le peuple contre lui, en l�accusant d�avoir introduit des pa�ens dans le temple. Ils l�avaient vu dans la ville en compagnie de Trophime d�Eph�se. Le peuple afflue de tous c�t�s. On entra�ne Paul hors du temple, dont on ferme les portes. On va le tuer, quand le tribun, inform�, accourt avec des soldats et des centeniers, le fait lier d�une double cha�ne et demande ce qu�il a fait. Le tumulte l�emp�chant de rien apprendre de positif, il ordonne de conduire Paul dans la forteresse. La presse est telle, sur l�escalier, que les soldats sont oblig�s de le porter. La foule suit en prof�rant des cris de mort (27-36).

Arrestation de Paul dans le temple (17-36)

Ces fr�res �taient des membres de l��glise de J�rusalem, parents et amis particuliers de Paul, qui s�empress�rent de le recevoir?; ce n�est que le lendemain qu�il vit les anciens (verset 18). Mais Luc se pla�t � noter cette bonne r�ception qui dut consoler et encourager Paul et ses amis.

Verset 18

Voir sur Jacques, Actes�12.17, 2e note?; Actes�15.13.

On voit par ce texte que les ap�tres n��taient pas � J�rusalem, puisque les anciens seuls se trouv�rent a cette r�union chez Jacques.

Verset 20

Les chr�tiens de la m�tropole juive, Jacques � leur t�te, savaient donc se r�jouir et glorifier Dieu des progr�s de l��vangile parmi les pa�ens, par le minist�re (grec service) de Paul. Ce fait jette une lumi�re favorable sur la proposition qu�ils vont lui faire et qui a �t� souvent mal comprise.

Le mot de myriade, litt�ralement dix mille, para�t une hyperbole. Mais Jacques pensait non seulement aux Juifs devenus chr�tiens de la Jud�e, mais aux milliers qui se trouvaient alors � J�rusalem pour la f�te de Pentec�te.

Du reste dans le langage ordinaire ce terme �tait employ� pour dire une grande multitude (Luc�12.1).

Tous ces Juifs, n�s en Jud�e, �taient z�lateurs de la loi (Galates�1.14) et en pratiquaient encore les rites avec d�votion. Cette circonstance motive la proposition de Jacques � l�ap�tre Paul.

Verset 21

Les coutumes juives �taient les ordonnances de la loi (6.14) ou les r�gles �tablies par la tradition.

Jacques, en formulant cette accusation contre l�ap�tre, n�exprime pas son propre sentiment, mais celui des chr�tiens juda�sants?: ils ont �t� inform�s � ton sujet que tu enseignes � tous les Juifs, dispers�s parmi les pa�ens (grec), l�apostasie � l��gard de Mo�se, leur disant de ne pas circoncire leurs enfants et de ne pas observer les autres coutumes religieuses.

Voir, sur la valeur de ces accusations, verset 24, note.

Verset 22

La multitude des croyants s�assemblera, non sur une convocation officielle (Calvin), bien moins encore d�une mani�re tumultueuse, mais par le motif indiqu� dans ces mots?: ils apprendront que tu es arriv�.

B, C, quelques minuscules et la plupart des versions ont ce texte abr�g�, qui est adopt� par Westcott et Hort Weiss, Nestle?: Qu�y a-t-il donc � faire?? S�rement ils apprendront que tu es arriv�.

Verset 24

Quatre membres de l��glise avaient fait le v�u du nazir�at (Nombres�6.1), qui durait trente jours?; ce temps touchait � sa fin (verset 27)?; ils devaient offrir un sacrifice dans le temple et se faire couper les cheveux?; on les laissait cro�tre pendant la dur�e du v�u (Nombres�6.12-21).

Paul, selon le conseil des anciens, devait donc se joindre � ces hommes, se purifier avec eux et, comme il para�t qu�ils �taient pauvres, payer leur part du sacrifice commun, ce qui �tait consid�r� par les Juifs comme une �uvre de pi�t�.

De cette mani�re tomberont les faux bruits r�pandus contre lui et tous conna�tront qu�il ne se faisait lui-m�me aucun scrupule d�observer une c�r�monie juive.

Comment devons-nous appr�cier le conseil donn� � Paul??

Si l�id�e d�favorable que les chr�tiens juda�sants se faisaient de son minist�re avait �t� justifi�e, si l�ap�tre avait r�ellement vou� ses efforts � d�tourner les Juifs de la loi de Mo�se, en leur persuadant qu�elle �tait abolie (verset 21), l�acte par lequel il aurait affirm� son respect pour cette m�me loi e�t �t� entach� d�hypocrisie.

Mais la position que Paul prenait � l��gard de la loi n��tait nullement celle que ses adversaires lui attribuaient.

Il exemptait les pa�ens d�observer la loi, parce qu�il estimait qu�ils �taient pleinement sauv�s en embrassant par la foi l��uvre que Christ avait accomplie pour eux et voulait accomplir en eux.

Quant aux Juifs, il leur laissait toute libert� de se conformer aux commandements de la loi, pourvu qu�ils n�y vissent pas le moyen de leur salut?; il les exhortait m�me � rester dans la condition o� ils se trouvaient quand ils avaient �t� appel�s (1�Corinthiens�7.18-20), il prescrivait � tous les membres des �glises, dans leurs rapports avec �?les faibles?�, qui consid�raient les ordonnances l�gales comme sacr�es, d�observer les plus grands m�nagements et de se soumettre � tous les renoncements dict�s par la charit� (Romains�14.1 et suivants?; 1�Corinthiens�8.1?; 1�Corinthiens�10.23 et suivants)

Lui-m�me avait fait circoncire Timoth�e par condescendance pour les Juifs (Actes�16.3), et, dans sa propre vie spirituelle, il ne craignait pas de recourir encore aux v�ux pratiqu�s par les Juifs (Actes�18.18), il tenait, pour son �dification personnelle, � venir c�l�brer � J�rusalem une des grandes f�tes Isra�lites (Actes�18.21).

Telle �tant l�attitude r�elle de l�ap�tre a l��gard des institutions mosa�ques, comment dissiper les injustes pr�ventions qu�avaient con�ues � son sujet les chr�tiens juda�sants??

Des explications verbales n�auraient pas �t� suffisantes?; elles pouvaient engager des discussions qu�il valait mieux �viter.

Un acte public, attestant d�une mani�re irr�cusable le respect de Paul pour la loi devait atteindre, semblait-il, le but vis�, plus promptement et plus s�rement.

Les anciens pouvaient conseiller � l�ap�tre d�accomplir un tel acte, puisque celui-ci �tait conforme � sa mani�re d�agir habituelle et qu�il ne portait nulle atteinte au principe du salut Gratuit et de la libert� des pa�ens � l��gard de la loi (verset 25, note).

La proposition faite � Paul n��tait donc en rien contraire � la v�rit�. Cependant elle �tait dict�e peut-�tre par la prudence humaine plus que par la sagesse d�en haut. Elle aboutit, en fait, � l��meute qui valut � l�ap�tre de longues ann�es de captivit�, apr�s avoir failli lui co�ter la vie.

Verset 25

Le but de ces derni�res paroles est de rassurer Paul sur les cons�quences de l�acte qui lui �tait propos�?: tu n�as aucun scrupule � avoir quant aux pa�ens devenus croyants, objet sp�cial de ton apostolat?: ils restent parfaitement libres selon que nous l�avons d�cid� ensemble et que nous le leur avons �crit (Actes�15.23 et suivants).

Ainsi �tait sauvegard� le principe de l�apostolat de Paul, qui annon�ait le salut par gr�ce par la foi.

Nous avons traduit suivant le texte re�u, qui se fonde sur C, D, majuscules, versions et P�res et qui pr�sente le sens le plus satisfaisant.

D a, de plus, cette adjonction?: Quant aux pa�ens devenus croyants, ils n�ont rien � dire contre toi.

La plupart des �diteurs modernes adoptent le texte de Codex Sinaiticus B, A?: Nous leur avons �crit (ou envoy� dire, B), ayant d�cid�, de se garder

Avec ce texte abr�g�, on ne comprend pas pourquoi le d�cret de J�rusalem est rappel� ici?; et les critiques ont beau jeu pour d�noncer ce verset comme une interpolation maladroite que l�auteur des Actes se serait permis de faire � la source qu�il utilisait.

Verset 26

Paul se joignit donc � ces quatre hommes, se purifia ou se sanctifia par les rites en usage pour s�acquitter d�un v�u?; puis il se rendit avec eux dans le temple et fit savoir (d�clara) aux sacrificateurs en combien de jours s�ach�verait la purification impos�e par le v�u (grec l�accomplissement des jours de la purification).

Et il fit ainsi (ces mots ne sont pas dans le texte), il entra chaque jour dans le temple, suivant d�autres, il s�y �tablit � demeure, jusqu�� ce que l�offrande e�t �t� pr�sent�e pour chacun d�eux (Nombres�6.13-14).

D�autres estiment que ces derniers mots d�terminent le substantif accomplissement de jours et traduisent?: �?annon�ant � quel jour la purification serait achev�e et l�offrande serait pr�sent�e pour chacun?�.

Le temps voulu pour un v�u �tait de trente jours?; les quatre hommes n�avaient plus pour atteindre ce terme que les sept jours � passer (verset 27, note).

L�usage permettait alors � un Isra�lite de s�associer � leur v�u pour le temps qui restait � courir. Paul s�en pr�valut. Il pouvait agir ainsi en toute bonne conscience (comparez verset 24, note), parce que, sans attacher aucun caract�re m�ritoire � cet acte religieux, il n�avait en vue que la paix � conserver entre les deux parties de l��glise dont l�une �tait issue du juda�sme, l�autre du paganisme.

Dans cette occasion, comme toujours, il fut �?avec les Juifs comme Juif, avec ceux qui �taient sous la loi comme sous la loi, faible avec les faibles, afin d�en sauver de toute mani�re quelques-uns?� (1�Corinthiens�9.19-22).

En agissant ainsi, il observait la loi (verset 24) de la mani�re la plus excellente, en pratiquant la charit�, qui est l�accomplissement de la loi (Romains�13.10).

Verset 27

Les sept jours, avec l�article, d�signent une p�riode d�termin�e et bien connue, probablement le temps qui devait s��couler entre le moment o� le terme du nazir�at �tait annonc� dans le temple (verset 26) et celui o� les cheveux �taient coup�s (Meyer, Weiss), apr�s qu�on avait offert les sacrifices d�usage (Nombres�6.13-14).

M. Blass pense que les sept jours sont compt�s simplement depuis l�arriv�e de Paul � J�rusalem?; mais il doit retrancher l�article, ce qui est contraire � la plupart des documents.

Les sept jours s�accomplissaient, lorsque les Juifs d�Asie, qui avaient �t� t�moins des travaux et des succ�s de Paul dans cette province et qui, rest�s incr�dules, le ha�ssaient, suscit�rent contre lui une �meute.

Verset 29

Chaque trait de cette sc�ne d�note l�ardent fanatisme de ces Juifs (voir surtout verset 31)

L�exag�ration de leur accusation contre l�ap�tre, la fausset� de leur all�gation au sujet de Trophime, tout montre l�aveuglement de la haine.

Trophime d��ph�se avait accompagn� Paul, de Corinthe jusqu�en Asie et jusqu�� J�rusalem (Actes�20.4 note).

Les Juifs qui avaient trouv� l�ap�tre dans le parvis, o� les seuls Isra�lites pouvaient entrer, s�imaginent qu�il y avait introduit ce disciple n� pa�en et ils crient qu�il y a conduit des Grecs et profan� le saint lieu?!

Tout cela parce qu�ils avaient vu cet ami de Paul dans la ville?!

Jos�phe rapporte (Guerre des Juifs, V, 5, 2) qu�il y avait, � la porte du parvis des Isra�lites, des �criteaux en interdisant l�entr�e aux �trangers sous peine de mort.

On a retrouv� � J�rusalem une de ces inscriptions provenant du temple d�H�rode et r�dig�e en langue grecque.

Verset 30

Grec?: Il y eut un rassemblement du peuple.

Ils tra�n�rent Paul hors du temple, parce que, d�cid�s � le tuer, ils ne voulaient pas souiller de son sang le sanctuaire.

Puis aussit�t les portes de celui-ci furent ferm�es, non par ces fanatiques, mais par la police du temple, afin que toute nouvelle profanation f�t emp�ch�e.

Verset 32

Ainsi d�j� ils le frappaient, afin de le tuer.

Il ne fut sauv� que par le tribun de la cohorte romaine, qui tenait garnison dans la forteresse Antonia, situ�e � l�angle nord-ouest de la terrasse du temple.

Cet officier sup�rieur (grec commandant mille hommes), Claude Lysias (Actes�23.26), apprenant le tumulte qui venait de se produire, s�empresse d�accourir avec des centeniers (capitaines) et des soldats.

Leur arriv�e emp�cha l�accomplissement des desseins meurtriers de ces Juifs furieux.

Verset 34

Le tribun fit lier Paul de deux cha�nes, parce qu�il ne doutait pas qu�il ne f�t coupable de quelque crime.

Il s�informa sagement de sa personne et de ce qu�il avait fait?; mais ne pouvant rien apprendre au milieu de la foule, o� s��levaient des cris divers, il le fit emmener dans la forteresse.

Verset 36

La foule, un moment contenue par l�arriv�e des soldats, redoubla alors de violence en voyant que sa victime allait lui �chapper.

Des degr�s en pierre conduisaient � la forteresse (Jos�phe, Guerre des Juifs, V, 5, 8)?; c�est l� que la multitude fit encore une tentative pour s�emparer de Paul, en criant?: �te le?! c�est-�-dire tue-le?! (comparer Actes�22.22?; Jean�19.15).

Il fallut donc que les soldats, plus humains que ces fanatiques, le portassent pour l�arracher de leurs mains. Le disciple fut trait� par son peuple comme l�avait �t� son Ma�tre.

Verset 37

Paul autoris� � parler au peuple

Au moment d�entrer dans la forteresse, il prie le tribun de lui permettre une question. Celui-ci, surpris de l�entendre s�exprimer en grec, lui demande s�il n�est donc pas un �gyptien, chef de sicaires. Paul se d�clare citoyen de Tarse et demande l�autorisation de s�adresser � la foule. L�ayant obtenue, il parle en langue h�bra�que, debout sur les degr�s de la forteresse, au milieu d�un grand silence (37-40).

Le discours de l�ap�tre

Il d�bute avec affection et respect, appelant ses auditeurs fr�res et p�res. Le silence devient encore plus profond quand on entend Paul s�exprimer en h�breu (1, 2).

  1. Sa vie dans le juda�sme. N� � Tarse, il a �t� �lev� � J�rusalem et instruit aux pieds de Gamaliel dans toute la rigueur de la loi. Z�l� pour Dieu, autant que ses auditeurs, il a pers�cut� � mort la secte�; le souverain sacrificateur et le sanh�drin en sont t�moins, car ils lui ont donn� un mandat aupr�s des Juifs de Damas pour amener prisonniers les chr�tiens qu�il y trouverait (3-5).
  2. Sa conversion. Il approchait de Damas, quand une lumi�re du ciel brilla autour de lui. La voix de J�sus de Nazareth se fit entendre � celui qui le pers�cutait. Conduit � Damas aveugle, il re�ut la visite d�Anaias, homme fid�le � la loi et estim� de tous les Juifs, qui lui annon�a que Dieu lui avait r�v�l� sa volont� et lui avait fait conna�tre le Juste auquel il devait servir de t�moin devant tous les hommes�; puis Ananias lui administra le bapt�me (6-16).
  3. La mission qu�il re�ut du Seigneur. De retour � J�rusalem et priant dans le temple, il fut en extase. Le Seigneur lui ordonna de quitter J�rusalem, o� son t�moignage ne serait pas re�u. Paul objecta la connaissance que tous les habitants de J�rusalem avaient de son z�le pers�cuteur contre les chr�tiens. Mais le Seigneur lui d�clara qu�il l�enverrait au loin vers les pa�ens (17-21).

Discours de Paul au peuple (21.37 � 22.21)

Verset 38

L�ap�tre demande � l�officier romain la permission de lui dire quelque chose.

Peut-�tre veut-il obtenir l�autorisation de parler au peuple. Il se sert de la langue grecque que comprenaient alors tous les Romains cultiv�s.

Mais le tribun s��tonne que Paul s�t cette langue, parce qu�il le soup�onnait d��tre un faux proph�te �gyptien, probablement un Juif qui avait habit� l��gypte et qui, quelque temps auparavant avait ameut� un grand nombre de rebelles et en avait rassembl� des milliers dans le d�sert, d�o� il voulait les conduire contre J�rusalem, leur promettant qu�arriv�s sur le mont des Oliviers ils verraient tomber les murs de cette ville, s�en empareraient et secoueraient le joug de l�autorit� romaine. Ces faits sont rapport�s par Jos�phe (Guerre des Juifs, II, 13, 5?; Antiquit�s Juda�ques, XX, 8, 6), qui ajoute que cette troupe fut dispers�e par le procurateur F�lix, que la plupart des rebelles furent tu�s et que leur chef �chappa par la fuite.

Le tribun appelle ces rebelles des sicaires, c�est-�-dire des hommes du poignard, c�est le nom qu�on donnait � des fanatiques juifs qui, s�unissant aux plus violents des z�lateurs pharisiens, parcouraient le pays, toujours pr�ts � fomenter toutes les s�ditions.

Verset 39

Cette r�ponse de Paul disait � la fois qu�il n��tait pas le rebelle �gyptien et expliquait comment il savait le grec.

Il parle avec une certaine satisfaction de sa ville de Tarse, qui non seulement n��tait pas sans renom, mais �tait alors une des premi�res villes de l�empire (Actes�9.11, note?; Actes�22.3).

Verset 40

La foule, quelque agit�e qu�elle fut, voyant que le tribun permettait � son prisonnier de parler, ne put que faire silence, Paul, en m�me temps, fit signe de la main qu�il voulait parler.

Au fond, dans cette multitude mobile, il n�y avait que les instigateurs de l��meute (verset 27) qui fussent r�ellement irrit�s contre l�ap�tre.

Profitant de l�autorisation du tribun et du silence qui s��tait �tabli, l�ap�tre commen�a le discours qui va suivre en langue h�bra�que, c�est-�-dire en aram�en, langue nationale, qui devait plaire � son auditoire (Actes�22.2).

Informations bibliographiques
bibliography-text="Commentaire sur Acts 21". "La Bible Annot�e de Neuch�tel". https://beta.studylight.org/commentaries/fre/neu/acts-21.html.