Bible Commentaries
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La Bible Annotée de NeuchâtelLa Bible Annotée de Neuchâtel

versets 1-29

Plan du commentaire biblique de Colossiens 1

V�u de l�ap�tre, ses actions de gr�ces, ses pri�res

Signature et adresse�; v�u apostolique (1, 2).

Paul rend gr�ce � Dieu pour la foi et la charit� dont les Colossiens sont anim�s � cause de l�esp�rance que leur a donn�e l��vangile (3-5).

Cet �vangile, destin� au monde entier, est parvenu jusqu�� eux, y porte des fruits, depuis le jour o� ils en ont �t� instruits par Epaphras, qui a donn� � l�ap�tre connaissance de leur charit� (6-8).

C�est pourquoi il ne cesse de prier pour eux, demandant � Dieu qu�ils soient remplis de sagesse et d�intelligence, qu�ils se conduisent d�une mani�re digne du Seigneur, qu�ils abondent en bons fruits, en progr�s, en force (9-11).

Verset 1

Comparer, entre autres passages, Galates�1.1, note.

Comparer 1�Corinthiens�1.1, note. C�est peut-�tre Timoth�e qui �crivit cette lettre sous la dict�e de l�ap�tre (Colossiens�4.18).

Verset 2

Comparer Romains�1.7, note.

Au lieu de Colosses, plusieurs manuscrits lisent Colasses et pour titre de notre �p�tre?: aux Colassiens. On trouve quelquefois ce nom ainsi �crit dans les auteurs profanes.

Le texte re�u ajoute, � la fin du verset, avec quelques anciens manuscrits?: �?et du Seigneur J�sus-Christ?�.

Verset 3

Pour cette expression Dieu et P�re de notre Seigneur, voir �ph�siens�1.3, note.

Ces mots toujours pour vous, se rapportent � la fois aux actions de gr�ces et aux pri�res de Paul.

Sur cette vive reconnaissance au sujet de ses fr�res, voir Romains�1.8?; 1�Corinthiens�1.4?; Philippiens�1.3?; 1�Thessaloniciens�1.2?; 2�Thessaloniciens�1.3?; et sur ses constantes pri�res?: Colossiens�1.3?; Romains�1.10?; �ph�siens�1.16?; Philippiens�1.4-9?; 1�Thessaloniciens�1.2.

Verset 5

Grec?: �?par la parole de la v�rit� de l��vangile?�, c�est-�-dire, v�rit� qui est l��vangile.

Le sujet des actions de gr�ces de Paul, ce sont les vertus fondamentales de toute vie chr�tienne?: la foi et l�amour, qu�il est heureux de retrouver dans les membres de l��glise de Colosses.

J�sus-Christ, le Sauveur, est l�objet de la foi?; il l�est sans doute aussi de l�amour?; mais ici, comme dans �ph�siens�1.15, l�ap�tre d�signe les saints (comparez 1�Corinthiens�1.2) comme l�objet de cet amour, parce que l�affection toute nouvelle que la foi inspire aux croyants pour leurs fr�res est le t�moignage le plus s�r, le signe distinctif d�une vraie conversion (Jean�13.35). Il ajoute?: (verset 5) � cause de l�esp�rance qui vous est r�serv�e dans les cieux?; l�esp�rance est mise ici pour l�objet esp�r�, le salut, la vie �ternelle (Romains�8.24), dont la pleine possession ne nous sera accord�e que dans les cieux.

Jouir de la pr�sence imm�diate de Dieu et du Sauveur, le voir tel qu�il est, lui �tre semblable, telle est l�attente de l�enfant de Dieu (1�Jean�3.1-4)?; il vit sur la terre dans la foi, dans la charit�, � cause de cette esp�rance qui est son but supr�me.

Cette esp�rance, l�homme n�en a connaissance que par la parole de la v�rit� et sp�cialement, il n�en a la certitude que par l��vangile, par la bonne nouvelle du pardon, du salut (verset 5).

Verset 6

Si l�on prend cette expression � la lettre, il faut y voir une hyperbole.

Mais l�ap�tre veut surtout ici d�signer l��vangile comme un tr�sor appartenant � l�humanit� tout enti�re et qui, par cons�quent, devait parvenir aussi aux Colossiens. Il est parvenu jusqu�� vous, aussi bien qu�au monde entier, selon sa destination. La raison pour laquelle saint Paul fait ressortir ici l�universalit� du salut et y revient encore � la fin de ce chapitre (versets 23-27), d�clarant qu�il avertit tout homme et enseigne tout homme, c�est qu�il veut d�s l�abord faire opposition au particularisme des faux docteurs juda�sants, qui pr�tendaient borner au peuple juif les bienfaits de l��vangile. Il ne faut donc pas voir dans ces mots une hyperbole, car l�ap�tre, en les �crivant, savait fort bien que l��vangile n��tait point encore, de fait, universellement r�pandu?; mais il savait aussi que cet �vangile avait d�s ses commencements la destination et la puissance de remplir et de dominer le monde (comparez Matthieu�24.14)?; et c�est dans cette assurance que Paul exprime proph�tiquement cette destination comme d�j� r�alis�e.� Olshausen

Les fruits que porte l��vangile (grec?: �?il fructifie?�), ce sont les caract�res de la vie chr�tienne, la charit� (verset 4), les bonnes �uvres (verset 10) De plus, l��vangile augmente, grandit (le texte re�u omet � tort ce mot), soit ext�rieurement par sa propagation dans le monde, soit dans les �mes qu�il sanctifie. Ce progr�s, signe de toute vie, Paul a le bonheur de le trouver dans les Colossiens depuis le jour o� ils ont connu la gr�ce de Dieu en v�rit� (verset 5, note).

L�ap�tre emploie un verbe qui d�signe une connaissance exacte et il accentue cette nuance en ajoutant en v�rit�?: �?vous l�avez connue telle qu�elle est r�ellement?�. D�autres traduisent?: �?vous l�avez vraiment, sinc�rement connue?�. Le premier sens s�accorde mieux avec la pr�occupation de l�ap�tre de combattre les faux docteurs (verset 16 suivants?; Colossiens�2.8 suivants).

Verset 8

Grec?: �?Votre charit� dans l�Esprit?�.

La charit� (verset 4) est ici attribu�e � l�Esprit (Romains�5.5?; Galates�5.22), parce que, bien diff�rente des affections naturelles, elle est un fruit de la vie nouvelle que l�Esprit de Dieu produit en ceux qu�il a r�g�n�r�s.

Epaphras est d�sign� par l�ap�tre comme le fondateur, ou du moins comme le principal �vang�liste de l��glise de Colosses. Il �tait de cette ville (Colossiens�4.12).

C�est par lui que Paul avait �t� instruit de l��tat actuel des �glises d�Asie (Voyez l�Introduction). Il �tait encore aupr�s de Paul quand celuici �crivait notre lettre. Le beau t�moignage que l�ap�tre lui donne ici et Colossiens�4.12?; Colossiens�4.13, devait le rendre plus cher encore aux chr�tiens de Colosses.

Verset 9

C�est-�-dire parce qu�il a appris des choses si r�jouissantes sur leur �tat spirituel?: (versets 4, 8, 9) il se sent d�autant plus encourag� � prier pour eux et � demander plus encore, jusqu�� leur enti�re perfection. Il va exprimer l�objet pr�cis de ses pri�res.

�tre rempli, dans la langue originale, signifie aussi �tre accompli, parfait et l�on peut traduire aussi?: �?que vous soyez rendus parfaits quant � la connaissance?�. L�ap�tre demande � Dieu tout ce qui pourrait manquer � ses lecteurs pour la pleine connaissance de la volont� de Dieu et il faut entendre sous cette derni�re expression, soit le conseil de Dieu pour leur r�demption par J�sus-Christ (�ph�siens�1.8-10), soit, en g�n�ral, ses desseins � leur �gard, auxquels ils devaient se conformer par une ob�issance filiale de chaque jour. Au reste, ce mot �tre rempli montre assez qu�il s�agit moins d�une connaissance purement intellectuelle que d�un sentiment vivant de la volont� de Dieu, produit dans le chr�tien par le Saint-Esprit (voir la note suivante et comparer?: Colossiens�4.12?; Romains�12.2?; �ph�siens�5.17?; 1�Thessaloniciens�4.3).

Telles sont les deux gr�ces n�cessaires que Paul demande pour ses lecteurs, afin qu�ils connaissent pleinement la volont� de Dieu. En les qualifiant de spirituelles, il montre qu�il les consid�re comme un fruit de l�Esprit de Dieu dans les �mes.

La sagesse, dans le sens du mot original, est surtout le discernement de la v�rit� envisag�e en elle-m�me?; l�intelligence est plus sp�cialement, dans la vie pratique, le discernement de ce qui est moralement bien ou mal (verset 10?: comparez �ph�siens�1.8, note?; Philippiens�1.9?; Philippiens�1.10, note).

Verset 10

D�autres traduisent?: �?croissant par la connaissance de Dieu?�, celle-ci �tant le moyen des progr�s spirituels. Cette traduction est conforme � une variante tr�s appuy�e et �vite une r�p�tition de la pens�e du verset 9.

Tout ce que l�ap�tre demande � Dieu?: connaissance, sagesse, intelligence, se r�sume en cette vie chr�tienne, pratique, sainte, agr�able � Dieu, progressante, pleine de bons fruits.

Dans aucun sens l��vangile n�est un syst�me?; �?les paroles que je vous dis sont esprit et vie?�.

Verset 11

Grec?: �?Fortifi�s en toute force selon la puissance de sa gloire, pour toute patience et toute longanimit�, avec joie?�. Le sentiment toujours pr�sent dans le c�ur du fid�le, qu�il peut tout attendre de Dieu et que la puissance glorieuse de Dieu accomplira finalement tout en lui, lui donne un courage invincible, une longue patience dans l��preuve et le rempli de joie, m�me au sein des douleurs.

Verset 12

Quel sujet d�actions de gr�ces?: poss�der l�h�ritage des saints dans la lumi�re, apr�s avoir �t� d�livr� de la puissance des t�n�bres�; appartenir au royaume du Fils bien-aim� de Dieu, par la r�demption et le pardon qui se trouvent en lui�! (12-14).

Le R�dempteur est, quant � Dieu, son image, le premier-n�; quant � l�univers, toutes choses ont �t� cr��es en lui, par lui et pour lui�; il a pr�exist� � toutes choses et elles subsistent par lui�; quant � l��glise, il en est le Chef, l�ayant fond�e par sa r�surrection?: il est donc le premier en toutes choses, toute pl�nitude habite en lui (15-19).

Par lui, Dieu a r�concili� avec lui-m�me toutes choses, la paix �tant scell�e par le sang de la croix�; et vous qui �tiez �trangers, ennemis, il vous a aussi r�concili�s par sa mort, pour vous rendre saints devant lui, si du moins vous pers�v�rez dans la foi et dans l�esp�rance de l��vangile (20-23).

La r�demption?; divinit� du r�dempteur?; la r�conciliation en lui (12-23)

Les gr�ces pr�cieuses que l�ap�tre vient de demander � Dieu pour ses fr�res, comme les immenses bienfaits qu�il va rappeler (versets 12-14), doivent embraser le c�ur d�une vive reconnaissance pour ce P�re dont le nom seul rappelle au chr�tien tout ce qu�il trouve en lui.

Rendre de pauvres p�cheurs capables d�avoir part � l�h�ritage des saints dans la lumi�re, c�est l� l��uvre du Dieu tout-puissant. Les termes de ce verset sont �videmment emprunt�s � l�Ancien Testament, qui nous repr�sente Canaan comme l�h�ritage du peuple de Dieu (Nombres�26.53-56?; Josu�14.2?; Psaumes�105.11?; H�breux�4.6-11?; 1�Pierre�1.4).

C�est un h�ritage dans lequel chacun des saints a sa part. Mais cet h�ritage est dans la lumi�re, c�est-�-dire en Dieu, qui est lui-m�me appel� lumi�re, parce que la lumi�re est l�image de la parfaite puret� et saintet� (Jean�1.5-7), � l�exclusion de toutes t�n�bres, de toute souillure (comparer Actes�20.32?; Actes�26.18?; �ph�siens�5.5).

Verset 13

Voir sur cette puissance des t�n�bres et sur son chef en qui elle se personnifie, �ph�siens�2.2, note. Contraste absolu avec �?l�h�ritage des saints dans la lumi�re?�.

Ce royaume, qui est la lumi�re, est en opposition directe avec �?la puissance des t�n�bres?�. Les chr�tiens vraiment r�g�n�r�s sont transport�s dans ce royaume au Fils de Dieu par leur r�g�n�ration m�me?; ce r�gne est d�s ici-bas au dedans d�eux (Luc�17.21), et ils le poss�deront tout entier dans la gloire. Jusque-l�, ils ont toujours � combattre contre la puissance des t�n�bres, aussi longtemps qu�ils habitent ce monde qui en est le th��tre.

Le Fils de son amour est une expression qui ne se trouve qu�ici dans les �crits du Nouveau Testament. Ce terme revient � celui de �?Fils unique?� dans saint Jean (Jean�1.18). Christ est Fils de l�amour du P�re, en tant qu�il est engendr� de son essence m�me et qu�il est l�objet de sa dilection ineffable et �ternelle. Il fut encore, comme tel, la manifestation de l�amour de Dieu dans ce monde, d�un amour qui le porta � se donner lui-m�me pour la r�demption des p�cheurs. Paul indique �videmment cette liaison d�id�es au verset suivant.

Telle est l�interpr�tation d�Augustin reprise par Olshausen. La plupart des commentateurs anciens et modernes, se fondant sur le passage parall�le �ph�siens�1.6, o� Paul �crit simplement �?son bien-aim�?�, consid�rent cette expression Fils de son amour comme synonyme de �?Fils bien-aim� ?�?; celui qui est l�objet par excellence de l�amour divin. Quoi qu�il en soit, ce mot profond signifie aussi que ceux qui ont part au royaume du Fils sont avec lui les objets de l�amour du P�re.

Verset 14

Comparer �ph�siens�1.7 o� se trouvent les m�mes paroles et d�o� ont �t� transf�r�s ici les mots par son sang, que les meilleures autorit�s retranchent.

Avoir la r�demption en lui ne signifie pas seulement qu�elle fut accomplie par lui?; nous l�avons permanente en lui jusqu�� la fin des si�cles?; comme M�diateur, il est la source toujours jaillissante de la d�livrance et de la vie et celui-l� seul qui est en lui y a v�ritablement part.� Olshausen

Le mot r�demption signifie rachat par un prix pay� (Matthieu�20.28) et son application personnelle � une �me est avant tout le pardon ou la r�mission des p�ch�s. C�est ainsi que Paul explique versets 12 et 13.

Verset 15

Dans les versets qui pr�c�dent, l�ap�tre avait commenc� � d�velopper les sujets qu�il traite aussi dans l��p�tre aux �ph�siens, savoir l��uvre de la r�demption et son application aux pa�ens. Il y revient bient�t apr�s (verset 20 et suivants).

Mais ici il ins�re quelques paroles de la plus haute importance sur la divinit� du Sauveur, sans doute pour r�futer les id�es erron�es que les faux docteurs s�effor�aient de r�pandre parmi les chr�tiens de Colosses et qui tendaient � substituer au seul M�diateur une s�rie d��tres interm�diaires auxquels Christ �tait subordonn� (voir l�Introduction).

La position unique de J�sus-Christ, son unit� d�essence avec Dieu son P�re, fut en tout temps et sera toujours la pierre d�achoppement de la sagesse de ce monde. Aussi notre passage lui-m�me (versets 15-17) a-t-il subi les interpr�tations les plus diverses, selon que les ex�g�tes admettaient ou non l�ensemble des enseignements de la r�v�lation.

Il faut remarquer d�abord que l�ap�tre envisage ici J�sus-Christ dans ses rapports?:

  1. avec Dieu (verset 15)?;
  2. avec le monde (versets 16 et 17)?;
  3. avec l��glise (verset 18 et suivants).

Ensuite, qu�il est oiseux de discuter, avec les ex�g�tes, la question de savoir si Paul parle du Christ historique, pris dans son apparition sur la terre, ou du Christ glorifi�, ou du Christ Parole �ternelle, envisag� dans sa pr�existence.

Un simple regard sur les versets 14, 17 et 18 prouve que tous ces aspects s�unissent dans la pens�e de l�ap�tre qui dit et r�p�te?: Il est, il est toujours, partout, ce qu�il est en lui-m�me. Ainsi il est l�image du Dieu invisible, parce qu�il est la manifestation r�elle, accessible du Dieu qui, hors de lui, ne saurait �tre ni connu ni contempl�?; car il est �vident qu�il ne faut pas prendre dans un sens physique ces termes visible ou invisible, se rapportant � Dieu.

La pens�e de l�ap�tre trouve son commentaire seul vrai dans les paroles du Sauveur lui-m�me?: Matthieu�11.27?; Jean�8.19?; Jean�14.9?; comparez Jean�1.18?; 1�Jean�4.12?; H�breux�1.3. Toute l��criture proclame cette v�rit�?: Dieu est invisible, inaccessible � l�homme (1�Timoth�e�1.17?; 1�Timoth�e�6.16), et il s�est manifest� en son Fils bien-aim�.

6 Quant � cet attribut premier-n� de toute cr�ature ou de toute cr�ation (le mot grec a les deux sens), il est compris par les uns dans le sens de la dignit� supr�me de Christ au-dessus de tout ce qui est cr�� et ce sens r�pondrait parfaitement aux derniers mots du verset 18 (comparez aussi ce m�me terme, appliqu� � Christ dans son rapport avec ses rachet�s, Romains�8.29)?; par les autres dans le sens de sa pr�existence avant toute cr�ation.

Ainsi l�ont expliqu� les P�res de l��glise et cette interpr�tation trouve aussi un garant dans notre passage?: (verset 17) �?Il est avant toutes choses?�. L�ensemble de notre passage doit faire pr�f�rer cette interpr�tation.

L�expression premier-n� d�signe en tout cas J�sus-Christ comme le Fils engendr� de Dieu et le distingue nettement de la cr�ation elle-m�me. On comprend, toutefois, que les ariens, les sociniens et tous les adversaires de la divinit� de Christ, aient cru pouvoir s�appuyer de ce passage.

Car il faut avouer, dit Olshausen avec la candeur qui le distingue, que ces mots, dans le sens purement grammatical, peuvent signifier que Christ est lui-m�me mis au rang de la cr�ation. La possibilit� d�entendre ainsi ce terme ressort du verset 18, o� �?premier-n� d�entre les morts?� signifie �videmment que Christ lui-m�me a �t� parmi les morts. Mais l�ensemble de notre passage parle d�une mani�re si d�cisive contre cette interpr�tation, qu�on est n�cessairement conduit � en adopter une directement oppos�e.

En effet, aux versets 16 et 17, l�ap�tre nous montre en Christ celui par qui et pour qui toutes choses ont �t� cr��es, celui par qui elles subsistent (versets 11 et 17), celui qui est alors que rien encore n�existait?; comment donc serait-il lui-m�me simplement un anneau de la cha�ne des �tres cr��s qui lui doivent l�existence??

La raison de ces termes?: premier-n� de la cr�ation suit imm�diatement apr�s?: c�est qu�en lui ont �t� cr��es toutes choses?; et c�est de la m�me mani�re qu�il est appel� le premier-n� d�entre les morts, parce qu�en lui nous ressusciterons tous.� Calvin

En effet, il faut remarquer que la premi�re particule du verset suivant (parce que) indique la raison des termes que l�ap�tre vient d�employer.

Verset 16

En lui ne doit pas �tre confondu avec par lui, comme le font nos versions ordinaires, en se fondant sur un h�bra�sme. L�ap�tre distingue clairement ces deux termes (voir la derni�re note sur ce verset).

Par lui pouvait d�signer simplement la cause instrumentale de la cr�ation?; en lui indique que la puissance cr�atrice repose dans le Fils de Dieu. Dieu l�a d�pos�e en lui, Dieu qui est l�Auteur premier de la cr�ation, mais qui n�op�re que par le Fils, son organe vivant et personnel.

C�est pour cela que l�ap�tre ne dit pas que le Fils a cr�� toutes choses, mais que toutes choses ont �t� cr��es en lui?; et que, d�autre part, il dit que toutes choses ont �t� cr��es non pas seulement par lui, instrument passif, mais en lui, qui concourait librement � cette �uvre cr�atrice.

Comparer cette parole de saint Jean?: �?En lui �tait la vie?� (Jean�1.4) et cette parole de J�sus?: �?Comme le P�re a la vie en lui-m�me, ainsi il a donn� au Fils d�avoir la vie en lui-m�me?� (Jean�5.26).

�tre cr�� en lui exprime la m�me r�alit� intime et vivante qui se retrouve dans la personne de Christ � d�autres �gards?: �tre �lu en lui (�ph�siens�1.4), justifi� en lui (Galates�2.16), vivifi� en lui (1�Corinthiens�15.22), r�concili� en lui (2�Corinthiens�5.19).

Ce terme d�signe partout, � la fois, la m�diation et l�agent, l��uvre et la personne qui l�accomplit, parce que ces deux choses, en Christ, sont ins�parables.

Le ciel et la terre, les choses visibles et les invisibles renferment tout l�univers, tout ce qui est cr��. L�ap�tre insiste sur le monde invisible des intelligences (comme dans �ph�siens�1.21?; comparez Colossiens�2.10?; Colossiens�2.15), non seulement parce qu�il a le plus d�importance � ses yeux, mais probablement par un motif qui convenait � son but actuel.

La pens�e que Dieu aurait choisi un ange pour cr�er le monde et l�homme en particulier, �tait admise par plus d�un th�ologien juif du temps, aussi bien que par les docteurs juda�sants dont Paul tient � r�futer les erreurs. De l� une v�n�ration pour les anges qui pouvait facilement conduire � une sorte de culte idol�tre (Colossiens�2.18).

Mais que le Fils de Dieu soit d�clar� l�agent tout-puissant de la cr�ation, Celui en qui par qui, pour qui ont �t� cr��es toutes choses, les plus sublimes intelligences elles-m�mes, aussit�t sa divinit� est �tablie, ces intelligences redescendent au rang qui leur appartient, une distinction absolue est trac�e entre la cr�ature et le Cr�ateur, que le paganisme naturel au c�ur de l�homme tend sans cesse � confondre. En m�me temps, cette doctrine donne � l�homme, cr�� � l�image de Dieu et rachet� par celui qui l�a cr��, une dignit� infiniment plus �lev�e. Ramen� dans la communion de son Sauveur, il est, par l� m�me, en communion avec le Dieu souverain, Cr�ateur du ciel et de la terre.

Malgr� la diff�rence d�expressions, il existe ainsi, quant � la chose m�me, la plus parfaite harmonie entre la christologie de Jean et celle de Paul. Les termes d�image du Dieu invisible, de premier-n� de la cr�ation, ne se trouvent pas dans saint Jean?; mais c�est lui qui d�clare qu�on peut contempler dans le Fils toute la gloire du Dieu que nul n�a vu, que le Fils est �?l�unique n� du P�re?�. Et de m�me ces paroles de notre verset 16 correspondent parfaitement � celles de Jean?: �?Toutes choses ont �t� faites par elle (la Parole, le Logos) et rien de ce qui a �t� fait n�a �t� fait sans elle?�.� Olshausen

Apr�s avoir dit que toutes choses ont �t� cr��es en lui, Paul ajoute par lui. Le premier de ces termes indique la source toujours existante de la puissance cr�atrice en Christ?; le second exprime son action cr�atrice au dehors et relativement aux cr�atures appel�es � l�existence. Mais il y a plus?: toutes choses ont �t� cr��es pour lui, c�est-�-dire que Christ est, dans son unit� avec Dieu son P�re, le but supr�me de la cr�ation, qui est tout enti�re pour sa gloire (comparer Romains�11.36, note). Aucun terme ne saurait rendre d�une mani�re plus absolue la pens�e que Christ est Dieu, existant de toute �ternit�, un avec le P�re.

Verset 17

L�ap�tre r�it�re ici express�ment son affirmation de la pr�existence de Christ avant toutes choses.

Il aurait pu dire avec saint Jean?: (Jean�1.1) Il �tait avant toutes choses?; mais comme, au lieu de faire, avec cet �vang�liste, l�histoire de la Parole �ternelle, il embrasse du regard la permanence de l��tre en J�sus-Christ, il dit?: il est.

Mais il ajoute ici un attribut divin de la plus haute importance?: �?Non seulement toutes choses�?�, ont �t� cr��es par lui et pour lui, mais elles subsistent en lui. La puissance et l�action cr�atrices dont il est la source sont essentielles � la conservation de l�univers, qui, abandonn� � lui-m�me, rentrerait dans le n�ant. �?Il porte toutes choses par sa parole puissante?� (H�breux�1.3).

Verset 18

Apr�s avoir expos� la nature divine de Christ, son rapport avec Dieu le P�re, puis avec la cr�ation et la conservation de l�univers, l�ap�tre passe � un autre domaine o� le Fils de Dieu occupe �galement le premier rang, c�est l��glise. Il y passe sans transition, bien que sa pens�e suppose les grands faits de l�incarnation et de la mort du Sauveur. Il le proclame d�abord Chef (t�te) de l��glise, probablement avec une intention pol�mique contre ceux qui ne �?retenaient pas le Chef?� (Colossiens�2.19). L��glise est d�sign�e, selon une image que l�ap�tre affectionne, comme le corps de Christ, dont il est la t�te ou le chef (1�Corinthiens�10.17?; 1�Corinthiens�12.12?; 1�Corinthiens�12.27?; �ph�siens�1.22-23?; �ph�siens�4.15-16?; �ph�siens�5.23?; comparez ci-dessous verset 24).

Dans l��glise qui est une cr�ation nouvelle, comme dans l�autre cr�ation, Christ est le commencement?; par lui et en lui a commenc� une humanit� nouvelle, une vie nouvelle dont il est la source, le type premier d�o� tout d�rive.

Cette grande pens�e, exprim�e par un mot encore vague, est pr�cis�e par un autre terme qui nous place au centre m�me de l��uvre de Christ?: c�est par sa r�surrection, c�est comme premier-n� d�entre les morts, comme �?les pr�mices?� (1�Corinthiens�15.20) que Christ a �t� le commencement. Sa r�surrection, victoire sur le p�ch� et la mort, devient la r�surrection et la vie de tous ses fr�res, auxquels il a ainsi fray� le chemin de la mort � la vie.

Le mot premier-n� n�est donc pas employ� ici dans un sens absolument diff�rent du verset 15?; seulement l� Christ est repr�sent� comme l�origine de la cr�ation mat�rielle, ici comme l�origine de la cr�ation nouvelle (comparez Romains�8.28?; H�breux�1.6), en sorte qu�en toutes choses il est le premier (le premier et le dernier)?; c�est en lui que nous devons chercher toutes choses, la vie, le salut et c�est � lui que tout doit �tre soumis.

Verset 19

Ces mots donnent la raison (car) de ce qui pr�c�de et pr�parent ce qui est dit ensuite de la r�conciliation du monde, qui suppose la divinit� du Sauveur.

La pens�e de l�ap�tre, exprim�e dans ce verset, revient plus explicite Colossiens�2.9 (voyez la note)?: la pl�nitude qui habite en Christ est �?la pl�nitude de la divinit�?�, � et par l� m�me la pl�nitude de tous les dons divins n�cessaires pour la r�conciliation du monde (comparer sur ce mot d�une profonde signification �ph�siens�1.23?; �ph�siens�3.19?; Jean�1.16).

Faut-il voir ici d�j�, comme au chapitre suivant, une intention pol�mique contre les fausses doctrines d�un gnosticisme naissant?? Dans ces syst�mes, on entendait par le mot de pl�nitude le r�gne de la lumi�re divine, ab�me d�o� �manaient des forces qui se personnifiaient pendant un temps en certains �tres, pour retourner ensuite dans cet ab�me de la divinit�. Aux yeux des faux docteurs de ce temps-l�, c�est l�une de ces forces divines qui aurait habit� en Christ, erreur � laquelle l�ap�tre opposerait cette d�claration, formul�e plus compl�tement encore Colossiens�2.9.

Les interpr�tes diff�rent d�opinion sur cette intention pol�mique de l�ap�tre. Qu�on l�affirme ou qu�on la nie, peu importe quant � notre verset. La profession de la divinit� de Christ que Paul fait ici est le fondement du christianisme et elle peut toujours �tre oppos�e aux erreurs qui se renouvellent sous des formes diverses.

En ajoutant qu�il a plu (� Dieu, terme non exprim� dans le texte original, mais clairement sous-entendu comme sujet de la phrase) que la pl�nitude de son essence habit�t en Christ, l�ap�tre fait remonter jusqu�au conseil �ternel de la sagesse et de l�amour de Dieu l�apparition de son Fils dans notre humanit� pour y cr�er une vie nouvelle par la r�conciliation du monde avec Dieu (verset 20).

Verset 20

Voir sur ce grand fait de la r�conciliation le passage correspondant de l��p�tre aux �ph�siens (�ph�siens�2.13-18 notes), o� l�ap�tre d�veloppe plus au long sa pens�e?; et sur ces mots?: toutes choses, celles qui sont au ciel et celles qui sont sur la terre, �ph�siens�1.10, note. L�, au lieu du verbe r�concilier, se trouve celui de r�unir ou r�sumer toutes choses en Christ, mais l�id�e est la m�me au fond. Seulement ici toute cette �uvre de r�conciliation, de restauration est ramen�e au grand sacrifice du Sauveur qui en est la cause efficiente?: Ayant fait la paix par le sang de sa croix. Ces derniers mots expliquent les premiers du verset?: par lui.

Les interpr�tes ne s�accordent pas sur la personne d�sign�e par avec lui?; les uns le rapportent � Christ, les autres � Dieu?; cette derni�re opinion est la plus probable et la plus conforme � l�analogie d�autres passages (Romains�5.10?; 2�Corinthiens�5.18-20).

Les mots par lui, apr�s ceux-ci?: ayant fait la paix, sont omis dans quelques manuscrits, leur r�p�tition ayant paru oiseuse. Paul insiste sur Celui qui est l�auteur et le moyen de la r�conciliation.

Verset 21

Comparer �ph�siens 2. notes.

Verset 22

Le corps de sa chair est le corps humain, faible, mortel, de J�sus, qu�il a livr� pour nous.

Par sa mort, compl�te la pens�e de l�ap�tre et �quivaut � cette autre expression qu�il vient d�employer?: (verset 20) �?par le sang de sa croix?�, ou simplement �?par sa croix?� (�ph�siens�2.16).

Le rapprochement de ces termes si fr�quents, si multipli�s sous la plume des ap�tres et auxquels ils reviennent toutes les fois qu�ils veulent exposer la cause efficace du pardon des p�ch�s ou de la r�conciliation de l�homme avec Dieu, prouve avec la derni�re �vidence qu�ils voyaient cette cause dans l�acte supr�me de la vie du Sauveur, sa mort sanglante sur la croix.

D�s verset 21 (et vous) l�ap�tre fait � ses lecteurs l�application personnelle de cette grande �uvre de r�demption, afin de les porter � la fermet� (verset 23) par la consid�ration de cette gr�ce immense.

Comparer �ph�siens�5.27?; �ph�siens�1.4. Le premier fruit de la mort de J�sus-Christ pour le croyant, c�est sa r�conciliation avec Dieu, le pardon des p�ch�s, en d�autres termes, la justification. Mais ces actes de la gr�ce divine, en introduisant l�homme dans une vie nouvelle, qui r�sulte de sa communion avec Dieu, produisent infailliblement en lui, par degr�s, un autre fruit de l��uvre du Sauveur, la sanctification du c�ur et de la vie tout enti�re.

Ces deux c�t�s de l�action de la gr�ce sont ins�parables et l� o� le dernier ne se r�alise pas, le premier ne peut �tre qu�une illusion. C�est donc � tort que plusieurs ex�g�tes ont cru retrouver dans ces paroles simplement la pens�e d�une justice imput�e au p�cheur, que Paul exprime fr�quemment ailleurs et non la justice et la saintet� inh�rentes � l��me du croyant. Bien que l�ensemble du texte p�t conduire � cette interpr�tation, les termes emportent �videmment toute l��uvre du salut et en d�peignent les deux faces corr�latives.

Les mots?: vous faire para�tre devant lui montrent que l�ap�tre a en vue le jour du jugement, o� seront manifest�s les secrets des c�urs. Par cons�quent devant lui doit s�entendre de Christ, qui sera alors le Juge et qui est d�ailleurs ici le sujet de toute la phrase.

Verset 23

Il y a, entre l�assurance du salut que professe l�ap�tre et cette mani�re conditionnelle de parler, une contradiction que la logique ordinaire ne peut concilier, mais qui trouve sa pleine justification dans le c�ur de l�homme et dans la vie pratique (comparer Philippiens�2.12?; Philippiens�2.13, note).

Quelle que soit l��uvre de la gr�ce, la responsabilit� de l�homme ne peut jamais cesser ni s�affaiblir. Au contraire, plus le salut est tout entier de Dieu, plus cette responsabilit� devient sainte et redoutable. Il y a souvent dans l�homme, m�me dans l�homme r�g�n�r�, un dernier fonds d�indolence et de l�chet� et chez plusieurs une fausse s�curit�, auxquels il faut que la Parole fasse sentir l�aiguillon de la v�rit�, en r�p�tant fr�quemment?: �?Celui qui pers�v�rera jusqu�� la fin sera sauv�?�, ou, comme le fait ici l�ap�tre?: si du moins.

Le mot ne vous laissant point d�tourner (grec?: �?�branler de mani�re � �tre s�par�s?�) montre les effets que l�ap�tre attendait de l�action des faux docteurs. L�esp�rance de l��vangile est celle que cet �vangile seul donne � l�homme p�cheur (Colossiens�1.5?; Colossiens�1.27?; Romains�5.2?; �ph�siens�1.18?; �ph�siens�3.7).

Comparer verset 6, note.

L�ap�tre ajoute ces mots sur son minist�re, soit parce qu�il aime � le rappeler comme le plus grand honneur que puisse avoir un homme p�cheur (�ph�siens�3.7?; �ph�siens�3.8), soit pour faire sentir aux Colossiens, par opposition aux faux docteurs, qu�il est bien un envoy� de Dieu. C�est dans le m�me sens qu�il parle de ses souffrances et insiste sur la saintet� et la grandeur de sa vocation apostolique (verset 24 et suivants).

Il faut observer ces trois motifs de rester fermes dans la foi � l��vangile?: vous l�avez entendu (vous en �tes responsables)?; il est universel?; Paul, le grand ap�tre des gentils, en est le serviteur.

Verset 24

Serviteur de l��vangile (23), l�ap�tre se r�jouit de ses souffrances par lesquelles il accomplit les souffrances de J�sus-Christ pour l��glise�; Dieu lui a confi� cette administration du grand myst�re de mis�ricorde, cach� longtemps, maintenant manifest� et dont la gloire resplendit m�me parmi les pa�ens?: Christ en nous, notre esp�rance (24-27).

C�est lui seul que Paul annonce � tous les hommes pour les pr�senter parfaits au dernier jour�; et c�est � quoi il consacre ses travaux et ses combats, selon la force que Christ lui donne (28, 29).

Paul ministre de l��vangile aupr�s des pa�ens (24-29)

�?Maintenant�?� l�ap�tre est saisi par le contraste entre sa position actuelle de prisonnier et sa fonction de serviteur de l��vangile?; mais cette position m�me ne l�emp�chait pas de remplir cet apostolat aupr�s de ses lecteurs. Ces souffrances qu�il endurait pour eux ne leur offraient-elles pas un puissant motif de demeurer fermes dans la foi?! (verset 23) Comparer �ph�siens�3.1?; �ph�siens�3.13.

Grec?: �?Je remplis enti�rement les manques des afflictions de Christ dans ma chair pour son corps, qui est l��glise?�.

M. Rilliet traduit?: �?Je suppl�e, dans ma chair, � ce qui manque aux souffrances de Christ?�. Ce passage est un des plus profonds qui se trouvent dans les �p�tres de Paul. Il faut d�abord �carter avec soin toutes les interpr�tations superficielles ou fausses, qui seraient en contradiction avec les enseignements les plus clairs de l��criture.

Au nombre des interpr�tations superficielles viennent se ranger celles qui consistent � rendre les afflictions de Christ par ces mots?: �?afflictions endur�es pour l�amour de Christ, pour sa cause ?�?; ou encore?: �?des afflictions semblables � celles de Christ, provenant des m�mes causes et dont il resterait � Paul � remplir une certaine mesure, ce qui manque encore pour avoir achev� sa t�che ?�?; ou enfin?: �?certaines �preuves sp�ciales qui ont manqu� aux afflictions de Christ?�, comme la prison, etc.

Parmi les interpr�tations fausses, il faut signaler?:

  1. celle qui tendrait, de quelque mani�re que ce soit, � conclure de ces paroles de l�ap�tre, qu�il a manqu� quelque chose aux souffrances personnelles de Christ pour notre salut et que l�homme peut y ajouter un compl�ment quelconque?;
  2. celle qui attribuerait aux souffrances du chr�tien un caract�re expiatoire, soit pour lui-m�me, soit pour les autres (On sait, en effet, l�usage que le catholicisme a cru pouvoir faire de ce verset isol� de l�ensemble du Nouveau Testament et mal interpr�t�).

Quel en est donc le sens?? Et d�abord?:

  1. que signifient ici les afflictions de Christ?? Par ses souffrances, Christ a vaincu le p�ch�, le monde, la mort?; par ses souffrances, �?il a �t� consomm�?� (grec), il a atteint la perfection (H�breux�2.10?; H�breux�5.9) pour lui-m�me, comme homme et pour tous ses rachet�s, auxquels il a fray� le chemin de la gloire.Maintenant ceux-ci le suivent dans la voie o� il a march� (Romains�8.17?; 2�Corinthiens�1.5)?; mais cette �?communion de ses souffrances?� (Philippiens�3.10) n�est plus une imitation ext�rieure?; il demeure et vit en eux?; ils sont son corps, dont il est la t�te?; et comme son Esprit lutte, prie, soupire, s�attriste en eux (Romains�8.25?; Romains�8.26?; �ph�siens�4.30), lui-m�me souffre en son corps qui est sur la terre, il est pers�cut� dans ses membres (Actes�9.4?; Actes�9.5)?; ceux-ci portent son opprobre (H�breux�11.26)?; ils sont �?participants de l�affliction et de la patience du Christ ?�? (Apocalypse�1.9)?; bien plus, �?ils sont faits une m�me plante avec lui dans sa mort, ils meurent avec lui ?�? (Romains�6.5-8?; 2�Corinthiens�5.14?; 2�Corinthiens�5.15)?; ils �?portent toujours, partout, en leur corps la mort du Seigneur J�sus?� (2�Corinthiens�4.10). Ainsi les souffrances des fid�les sont bien les afflictions de Christ, mais ses afflictions dans son corps, qui est l��glise.
    J�sus sera en agonie jusqu�� la fin du monde, il ne faut pas dormir pendant ce temps-l�.� Pascal

    Dans ce sens, mais dans ce sens seul, il reste, il manque aux afflictions de Christ quelque chose qui peut �tre accompli, achev�?; c�est tout ce que l��glise doit souffrir jusqu�� ce qu�elle soit consomm�e avec son Chef?: et voil� les souffrances auxquelles Paul eut, durant tout son minist�re, une si large part (1�Corinthiens�4.9 et suivants). Mais?:

  2. comment un chr�tien peut-il souffrir pour l��glise ou pour le corps de Christ?? Cela ne signifie point qu�il souffre � sa place, dans un sens d�expiation?; car Christ et Christ seul a tout accompli?; nul ne peut racheter son fr�re de la mort. Mais il n�en est pas moins vrai que les souffrances, les renoncements, les victoires de chaque membre de l��glise contribuent puissamment au bien de tout le corps, par la communion qui existe entre les membres. Quel affermissement pour la foi de tous dans la constance d�un seul martyr?! Les triomphes que ces g�n�reux confesseurs ont remport�s en d�fendant la v�rit� profitent encore � l��glise apr�s des si�cles. Il en est de m�me de l�influence b�nie du membre le plus obscur de l��glise, souffrant en vrai chr�tien. Combien plus de l��uvre d�un saint Paul?! (comparer 2�Corinthiens�1.6, note.)

Aussi comprenons-nous qu�il se r�jouisse de ses souffrances pour ses fr�res, d�abord parce qu�il aimait ces fr�res et ensuite parce qu�il avait le sentiment qu�il souffrait avec son Sauveur, portant �?les afflictions de Christ?�, lui �tant rendu semblable (voir sur ce passage un discours de Vinet, dans les �tudes �vang�liques).

Verset 25

C�est-�-dire pour annoncer cette Parole dans toute sa pl�nitude, jusqu�� ce qu�elle ait atteint le but en vue duquel Christ l�a confi�e � son ap�tre.

C�est l� l�administration (grec?: �?�conomie?�) que Dieu a donn�e � Paul pour les gentils. Il ne faut pas, avec Calvin et d�autres, entendre ce mot dans le sens beaucoup plus vaste o� il est pris dans �ph�siens�1.10?; mais dans le sens ordinaire d�une administration confi�e � un �conome?; Paul d�signe par ce terme son apostolat (comparer 1�Corinthiens�4.1?; 1�Corinthiens�9.17?; 1�Corinthiens�1.7).

Verset 26

Voir sur ce myst�re cach� aux g�n�rations pr�c�dentes et maintenant manifest� �ph�siens�1.9 et surtout �ph�siens�3.4-9, notes.

Les saints ne sont pas seulement �?les ap�tres et proph�tes?�, comme dans �ph�siens�3.5, mais les chr�tiens en g�n�ral.

Verset 27

Voir �ph�siens�3.16-19, notes.

Ces mots?: qui est Christ en vous, doivent se rapporter � toute la phrase qui pr�c�de?: la richesse de la gloire de ce myst�re, c�est Christ en vous?; Christ, sa personne, son �uvre, c�est l� tout l��vangile.

Les mots rendus par en vous peuvent signifier aussi parmi vous, c�est-�-dire, comme l�ap�tre vient de l�exprimer, parmi les pa�ens. Mais la pens�e est plus compl�te, plus profonde et �vite une r�p�tition en traduisant en vous (comparer �ph�siens�3.17?; Galates�2.20).

D�ailleurs, ce n�est r�ellement que quand Christ vit en nous, qu�il est pour nous l�esp�rance de la gloire (comparer Colossiens�3.3?; Colossiens�3.4).

La condition glorieuse, d�crite par ces paroles, fait avec l��tat pr�c�dent des pa�ens un contraste dont l�ap�tre est saisi?: ils �taient �?sans Christ, n�ayant point d�esp�rance ?�? (�ph�siens�2.12)?; maintenant, Christ en eux est pour eux l�esp�rance de la gloire?! (comparer 1�Timoth�e�1.1?; Romains�5.2)

Verset 28

Ce n�est pas seulement pour combattre le particularisme juif que l�ap�tre insiste tant sur ce mot tout homme?; mais parce qu�il ne croyait pas avoir rempli sa t�che aussi longtemps qu�il n�avait pas instruit et averti chacun de ceux sur qui pouvait s�exercer son minist�re (comparer Actes�20.31).

Au reste, le but de la pr�dication est de conduire tout homme � la perfection. Mais cette perfection est tout enti�re en Christ et quiconque est en Lui sera conduit � ce glorieux but par le seul d�veloppement de la vie de Christ au dedans de lui. C�est l� la sagesse souveraine � laquelle Paul emprunte toute lumi�re, il n�en conna�t point d�autre.

Il faut remarquer encore sur ce verset?:

  1. qu�il y a une intention pol�mique contre les faux docteurs dans ces premiers mots?: lui (et lui seul) que nous, nous annon�ons?;
  2. que ces termes?: �?pr�senter tout homme?� (sous-entendu?: � Dieu) reportent la pens�e au jour du jugement, aussi bien que ces mots?: �?l�esp�rance de la gloire?� (verset 27). Paul pr�sentant � Dieu, en ce jour solennel, une �me immortelle avertie, instruite par lui, c�est une grande pens�e, effac�e par nos versions ordinaires qui traduisent?: �?rendre tout homme parfait?�.

Verset 29

Ce n�est qu�� force de travaux et de combats que Paul pouvait atteindre le but indiqu� (verset 28). Quel argument pour exciter la confiance et le z�le de ses lecteurs?! Voir aussi Colossiens�2.1.

Mais toutes les fois que l�ap�tre parle de lui-m�me et de son �uvre, il se montre saintement jaloux d�attribuer toute sa puissance � Christ � qui il en rend gloire (verset 28). De plus, l��glise de Colosses, en danger d��tre s�duite par de faux docteurs, devait comprendre que cette puissance divine qui agissait en saint Paul �tait un sceau de Dieu, appos� � son apostolat (comparer �ph�siens�3.20).


Informations bibliographiques
bibliography-text="Commentaire sur Colossians 1". "La Bible Annot�e de Neuch�tel". https://beta.studylight.org/commentaries/fre/neu/colossians-1.html.