Bible Commentaries
Daniel 5

La Bible Annotée de NeuchâtelLa Bible Annotée de Neuchâtel

versets 1-31

Plan du commentaire biblique de Daniel 5

Le festin de Belsatsar

Comme tous les autres, ce r�cit succ�de sans transition au pr�c�dent. La sc�ne qu�il d�crit, de l�aveu de tous, offre une saisissante grandeur, que la po�sie et la peinture ont essay� maintes fois de reproduire. Jusqu�� ces derni�res ann�es, il soulevait une question difficile et tr�s controvers�e?: quel est celui des rois babyloniens auquel se rapportent les faits racont�s dans ce chapitre?? Aucun des quatre successeurs de N�bucadnetsar que mentionnent B�rose et le Canon de Ptol�m�e (Evilm�rodac, N�riglissor, Lahoresoarcod, Naboned) ne porte ce nom de Belsatsar?; il paraissait donc y avoir contradiction entre Daniel et l�histoire profane. Aussi les commentateurs d�sireux de sauvegarder l�historicit� des r�cits de Daniel avaient-ils cherch� � r�soudre cette contradiction en identifiant Belsatsar, tant�t avec Evilm�rodac, tant�t avec Naboned, ou m�me avec Laborosoarcod, mais ces tentatives �taient sujettes � de s�rieuses objections.

De r�centes d�couvertes sont venues jeter une lumi�re nouvelle sur cette question, en apparence insoluble. L�existence r�elle de Belsatsar a �t� constat�e par une inscription d�chiffr�e en 1854, de laquelle il r�sulte que le fils a�n� de Naboned portait ce nom. Voici cette inscription d�apr�s Lenormant et Schrader. C�est une pri�re de Naboned, au dieu de la lune, Sin?: Quant � moi, Nabou-Nahid (Naboned), dans mon �tat de p�ch� envers la grande divinit�, sauve-moi, accorde-moi g�n�reusement la prolongation de ma vie jusqu�� des jours recul�s?! Et pour ce qui est de Bel-sar-oussour (Belsatsar), mon fils a�n�, le rejeton de mon c�ur, mets dans son c�ur la v�n�ration de ta grande divinit�?; que jamais il ne se laisse aller au p�ch� et ne se plaise � l�infid�lit�?!

Une inscription retrouv�e depuis lors et faisant partie des annales du roi Naboned, nous apprend que la septi�me ann�e du roi (649), le fils du roi (le prince royal, Belsatsar, d�apr�s l�inscription pr�c�dente) se trouvait avec les grands du royaume et l�arm�e � Accad, rev�tu sans doute d�un commandement, peut-�tre du commandement en chef. En revanche, d�apr�s ces m�mes annales, la dix-septi�me ann�e de Naboned, l�ann�e de la catastrophe, au lieu du prince royal, c�est le roi lui-m�me qui commande l�arm�e � S�pharva�m, au nord du royaume, o� il est vaincu par Cyrus. Il est donc vraisemblable qu�� ce moment-l� Belsatsar commandait dans la capitale et rien n�emp�che d�admettre que depuis quelques ann�es son p�re lui avait confi� la vice-royaut� de Babylone. Nous aurions l� un fait analogue � la vice-royaut� de N�bucadnetsar sous son p�re Nabopolassar (voyez note du verset 1).

Si l�on admet ce r�sultat, les donn�es d�H�rodote, B�rose et Abyd�nus, qui ne parlent que de Naboned (que l�auteur de notre chapitre n�avait aucune raison de mentionner), se concilient parfaitement avec le r�cit biblique. Bien plus, le t�moignage de X�nophon vient confirmer d�une mani�re remarquable ce que la Bible nous apprend de Belsatsar. D�apr�s cet auteur, le roi de Babylone, qu�il ne nomme pas, jeune homme d�bauch�, cruel et impie, arriv� depuis peu au gouvernement, p�rit dans la nuit de f�te o� Cyrus s�empara de la ville. Comment ne pas �tre frapp� de la conformit� de tous ces d�tails avec ceux de notre texte??

Verset 1

La profanation des vases sacr�s (1-4)

Belsatsar, en grec Balthasar, en assyro-babylonien, Bel-sar-oussour (Bel prot�ge le roi?!). Ce nom ressemble pour la consonance au nom babylonien de Daniel, Beltsatsar, mais s�en distingue par l�orthographe et par le sens (voyez Daniel�1.7).

Au nombre de mille. Ces festins vraiment monstrueux n��taient pas rares dans l�antiquit�. Le livre d�Esther, chapitre 1, nous parle d�un festin plus consid�rable encore. Quinte-Curce raconte que dix mille convives furent invit�s au banquet de noces d�Alexandre-le-Grand � Babylone. Ces principaux seigneurs �taient probablement, puisque la ville �tait en �tat de si�ge et renfermait une nombreuse arm�e, des g�n�raux et de hauts fonctionnaires de Babylone et de la province occup�e par les troupes de Cyrus. Les assi�g�s se croyaient en parfaite s�ret�. Cette s�curit�, qui peut para�tre extraordinaire, s�explique par les formidables moyens de r�sistance dont Babylone �tait pourvue?; elle est confirm�e par H�rodote et X�nophon. Les fl�ches des archers perses ne pouvaient pas m�me atteindre � la hauteur des murailles de la ville de pr�s de 100 m�tres (Strabon n�indique que 25 m�tres de hauteur. Mais il est probable que cette indication se rapporte � la muraille int�rieure. Comparez J�r�mie�51.58, note). Un assaut �tait impossible. La ville �tait munie de vivres pour vingt ann�es. De plus, Cyrus, pour ex�cuter son plan, s��tait retir� avec une grande partie de son arm�e vers le nord et les Babyloniens pouvaient croire qu�il allait abandonner le si�ge.

En pr�sence des mille, il but. Il faut se repr�senter, selon la coutume orientale, le roi assis � une table sp�ciale, sur un si�ge �lev�, en face de ses convives et donnant le signal de boire. On ne commen�ait � boire le vin qu�� la fin du repas.

Verset 2

N�bucadnetsar son p�re. Belsatsar n��tait pas fils de N�bucadnetsar, mais bien de Naboned, qui lui-m�me n��tait pas fils de N�bucadnetsar, mais un Babylonien que les grands du royaume avaient �lev� sur le tr�ne. Si N�bucadnetsar, fondateur de la puissance de Babylone, est appel� ici p�re de Belsatsar, c�est dans le m�me sens que, dans les inscriptions assyriennes, J�hu, roi d�Isra�l, est appel� fils de Omri, fondateur de Samarie, tandis qu�en r�alit� il �tait fils de Josaphat (2�Rois�9.2). Ce titre de p�re, donn� � N�bucadnetsar, revient tour � tour dans la bouche de l�auteur du r�cit (verset 2), de la m�re du roi (verset 11), de Belsatsar (verset 13) et de Daniel (verset 18) et sert � faire ressortir le lien �troit de solidarit� qui unit le premier grand monarque de Babylone et le dernier. Il se peut fort bien du reste que Naboned e�t pris la pr�caution, fr�quente chez les usurpateurs, d��pouser une personne du sang royal, par exemple une fille de N�bucadnetsar afin d�affermir sa dynastie. Ce qui confirme cette supposition, c�est que, d�apr�s les inscriptions, un fils pu�n� de Naboned s�appelait N�bucadnetsar. Belsatsar aurait �t� ainsi le petit-fils du grand monarque. Les exemples du mot p�re, employ� pour d�signer un anc�tre, sont fr�quents dans la Bible?; ainsi Gen�se�28.13.

Avait enlev�s. Voyez Daniel�1.2.

Ses femmes et ses concubines. Les Babyloniens, contrairement � l�usage des Perses et d�autres nations orientales, admettaient les femmes � leurs banquets, qui devinrent proverbiaux par leur licence.

Verset 3

La profanation est double?: elle consiste d�abord � se servir des vases sacr�s dans une orgie, puis � boire � la louange des faux dieux, dans ces vases consacr�s � J�hova. � l�excitation du vin dut se m�ler dans le c�ur des pr�somptueux assi�g�s la joie insolente de la bravade. Cette conduite �tait d�autant plus outrageante � Dieu que Belsatsar avait appris � le conna�tre (verset 22).

Verset 5

La r�ponse divine (5-9)

� ce moment m�me. La r�ponse ne se fait pas attendre.

Des doigts de main d�homme. L�apparition �tait d�autant plus effrayante que ce bout de main semblait anim� d�une vie propre et n�appartenait � personne.

Vis-�-vis du cand�labre, qui se trouvait sur la table du roi, ou �tait suspendu au milieu de la salle et dont la lumi�re tombait sur cet endroit de la muraille.

Sur la chaux. Les murs de la salle n��taient pas lambriss�s, mais seulement enduits de chaux et peut-�tre orn�s �� et l� de peintures comme l��taient les appartements des palais de Ninive dont les restes ont �t� d�couverts.

Verset 6

Quel tableau que celui de cet homme, qui tout � l�heure bravait et profanait et qui, par l�apparition de cette main, est r�duit � un �tat de d�tresse que tous peuvent constater?!

Verset 7

Non seulement il tremble de tous ses membres, mais il pousse des cris d�effroi et appelle � son secours ses sages. Ils sont sans doute tous compris dans les trois classes mentionn�es ici?: magiciens, Chald�ens, astrologues?; comparez Daniel�1.20 et Daniel�2.2, notes. Daniel ne para�t pas avec les sages?: il semble ressortir de Daniel�8.1, qu�il �tait � ce moment occup� des affaires de l��tat.

Le v�tement de pourpre �tait une distinction princi�re chez les Perses et les M�des (Esther�8.15). Dans l�antiquit�, Babylone �tait c�l�bre, � l��gal de Tyr, par ses �toffes de pourpre (�z�chiel�27.24?; Josu�7.21).

Une cha�ne d�or?: signe de faveur royale (Gen�se�41.42).

En troisi�me. Pourquoi le troisi�me et non le second, comme dans les cas semblables Gen�se�41.40?; Esther�10.3?? Ce trait curieux ne s�explique que par le fait qu�il y avait alors deux souverains dans le royaume, Naboned et Belsatsar.

Verset 8

Alors tous les sages du roi entr�rent. Comme d�apr�s le verset 7, Belsatsar leur avait d�j� parl�, cette tournure particuli�re aux langues orientales doit �tre comprise dans ce sens?: tous les sages �tant donc entr�s, ils ne purent, etc.

Ce qui est �crit. On a suppos� que les mots aram�ens (verset 25) �taient �crits en caract�res ph�niciens ou h�bra�ques. Mais ces caract�res ne devaient pas �tre inconnus aux lettr�s de Babylone. Il faut donc penser plut�t � une �criture id�o-graphique, peignant les pens�es � la mani�re des hi�roglyphes, �trang�re � tout alphabet humain et ind�chiffrable sans une illumination divine (voyez verset 25).

Verset 9

L�insucc�s des sages rend le myst�re d�autant plus effrayant.

Verset 10

Conseil de la reine (10-12)

La reine. Ce ne peut �tre une des femmes du roi, qui assistaient au banquet (verset 2). Elle parle avec une autorit� que n�avaient et que n�ont pas en Orient les �pouses des souverains et qui n�appartient qu�aux reines, veuves d�un souverain d�funt et m�res du souverain r�gnant. C��tait donc soit la m�re de Belsatsar, femme de Naboned et d�apr�s notre supposition (verset 2), fille de N�bucadnetsar, soit m�me la veuve de celui-ci. Un espace de vingt-trois ans seulement s�pare notre �poque de la mort de N�bucadnetsar et l�on sait combien les femmes se marient jeunes en Orient.

Verset 13

Arriv�e et r�ponse de Daniel (13-28)

Verset 17

Que tes dons te demeurent. Daniel sent bien que le message qu�il a � transmettre au roi n�est pas de nature � m�riter une r�compense, aussi la refuse-t-il d�avance. Cet exorde devait pr�parer le roi � ce qu�il allait entendre.

Verset 18

Comparez Daniel�2.37-38.

Verset 19

Comparez Daniel�3.4-7?; Daniel�3.13-15?; Daniel�3.19-23.

Verset 20

Comparez Daniel�4.28-33.

Verset 21

Comparez Daniel�4.34-37.

Verset 22

Bien que tu saches?; litt�ralement?: parce que tu savais. Il y avait en Belsatsar la volont� bien arr�t�e de ne pas glorifier le vrai Dieu. Si Belsatsar �tait le petit-fils de N�bucadnetsar, il n�est pas �tonnant qu�il f�t au courant de l�histoire de son anc�tre.

Verset 23

Les dieux d�argent, etc. Comparez Deut�ronome�4.28?; Psaumes�115.5 et suivants.

Tes voies?: ta destin�e.

Verset 25

Le premier de ces trois termes est d�velopp� par les deux suivants?: Ton compte est fait?: tu as �t� pes� et livr� aux briseurs.

Men�. Forme du participe passif du verbe mena?: compter. Ce terme est r�p�t� pour indiquer que le compte est bien r�gl�?; et de mani�re � former par sa r�p�tition le premier h�mistiche du vers dont les deux autres mots forment le second.

Tek�l. Forme irr�guli�re du participe passif de tekal?: peser, avec allusion � kalal, �tre l�ger.

Le mot, oupharsin, est compos� de la copule ou (et) et de pharsin, participe actif du verbe peras, au pluriel, les briseurs, avec allusion au nom paras, le Perse.

Verset 26

Ton r�gne?; c�est-�-dire les jours de ton r�gne.

Verset 27

Comparez Job�31.4-6.

Verset 28

Dans l�explication, au lieu de pharsin il y a per�s, forme du verbe peras semblable � tek�l. Cette substitution de per�spharsin nous para�t venir � l�appui de notre hypoth�se (verset 8, note). Si en effet cette �criture �tait id�ographique, Daniel a d�chiffr� d�abord un caract�re repr�sentant l�id�e de compter, puis un second repr�sentant l�id�e de peser, enfin un troisi�me celle de briser, qu�il rend d�abord par le participe actif les briseurs, verset 25 et ensuite par le passif, verset 28, afin d�obtenir l�assonance de per�s (bris�) avec paras (le Perse).

Ta royaut� a �t� bris�e et non ton royaume a �t� divis� et donn� aux M�des et aux Perses, comme si les deux nations devaient se partager entre elles l�empire chald�en.

Verset 29

R�compense de Daniel et chute de l�empire (29-30)

Belsatsar esp�re sans doute qu�en tenant sa promesse au serviteur de Dieu, il pourra obtenir de cette divinit� puissante le retrait de la sentence. Et comme Belsatsar ne trouve pas dans le contenu sinistre du message une raison de retirer ses dons, Daniel peut les accepter sans scrupules?; comparez verset 17. Il le fait sans doute en vue de l�influence qu�il est appel� � exercer encore sur les vainqueurs de la Chald�e.

On publia. Cette proclamation peut n�avoir eu lieu que dans le palais m�me et devant les grands rassembl�s.

Verset 30

Nous empruntons le r�cit de la prise de Babylone par Cyrus et de ses pr�paratifs, � un auteur moderne, racontant d�apr�s H�rodote et X�nophon?: Laissant un corps d�observation sous les murs de Babylone, Cyrus s�alla porter � quelques lieues plus haut et ex�cuta sur les bords de l�Euphrate les travaux de d�rivation qui lui avaient si bien r�ussi sur les bords du Gynd�s. Il �tablit des barrages, remit en �tat et agrandit la r�seau des canaux qui faisaient communiquer la rivi�re avec les r�servoirs � moiti� vides, dont la l�gende populaire pla�ait la construction au compte de la reine Nitocris et se m�nagea la facult� de mettre � sec, en quelques heures, la partie du fleuve qui traverse la ville. Les travaux termin�s, il attendit pour faire �couler l�eau le moment o� les Babyloniens c�l�braient une de leurs grandes f�tes, engagea son arm�e dans le lit � moiti� vide et se glissa le long des quais � la tomb�e de la nuit. Si les assi�g�s avaient veill� tant soit peu, ils pouvaient prendre l�arm�e perse d�un coup de filet et la d�truire sans qu�il en �chapp�t un seul homme?: Cyrus avait compt� sur leur n�gligence et l��v�nement donna raison � sa t�m�rit�. Il trouva les murs d�serts, les portes ouvertes et sans gardes?: les sentinelles avaient abandonn� leur poste pour se joindre � la f�te. Le cri de guerre des Perses �clata soudain au milieu des chants de f�te?; la foule affol�e se laissa massacrer sans se d�fendre, Bel-sar-oussour p�rit dans la bagarre, le palais royal prit feu. Au point, du jour, Cyrus �tait ma�tre de la ville (Masp�ro, Histoire ancienne de l�Orient, page 549).

Verset 31

Ce verset, d�apr�s le texte aram�en, appartient au chapitre suivant, dont il forme l�introduction.

Informations bibliographiques
bibliography-text="Commentaire sur Daniel 5". "La Bible Annot�e de Neuch�tel". https://beta.studylight.org/commentaries/fre/neu/daniel-5.html.